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[La touche de bon sens] Michelin : un guide, des étoiles, du débat, et un goût de la France

Dans quel autre endroit que chez nous la publication d’un guide gastronomique peut-elle provoquer des discussions passionnelles ? Voilà qu’à la veille de la nouvelle mouture du guide rouge craint des chefs et chéri des gastronomes, l’on apprend que l’un des plus grands chefs français, Guy Savoy, se voit rétrogradé.

Titulaire de trois macarons depuis 2002, celui qui règne à la Monnaie de Paris sur ce majestueux restaurant en bord de Seine, ne pourra cette année en afficher que deux. Un crime pour ceux qui fréquentent son établissement — nous n’avons pas eu cette chance —, qui vous racontent, les pupilles dilatées et les papilles encore choquées, sa soupe d’artichaut, son utilisation du beurre double-crème, et l’excellence d’une cuisine ponctuée d’un chariot de gourmandises à se défenestrer Quai Conti. Qui plus est, Guy Savoy fait partie des rares chefs présents, préférant donner physiquement de sa personne pour que son luxueux restaurant garde l’âme d’une auberge plutôt que de céder à la tentation du chef conférencier et/ou globe-trotter.

Christopher Coutanceau : consécration, confinement, humiliation

Un plus jeune chef rochelais très prometteur, Christopher Coutanceau, ayant développé une relation sacrée au poisson (respect des saisons, respect du produit de la chair à l’arête), a perdu lui aussi sa troisième étoile. Cette fois glanée en 2020. On imagine en trois ans l’ascenseur émotionnel vécu, aussi cruel qu’un mauvais repas de mariage: consécration, confinement, humiliation.

Même le médiatique et truculent Michel Sarran, juré de Top Chef, a été puni par Bibendum à Toulouse, où il perd une étoile sur deux. Il a depuis raconté la manière assez lâche, ou à tout le moins faussement courtoise, dont il avait appris par téléphone l’information : « Michel, je voulais vous dire que le guide Michelin continuera la promotion de votre restaurant dans le guide, avec l’étoile que vous avez. » Au chef de déduire qu’il en avait perdu une en route. On a connu plus élégant.

Notre spécialiste ès gastronomie Véronique André l’a rappelé dans un article paru sur le site de Valeurs actuelles, la bonne foi du guide interpelle: « On peut s’interroger sur la stratégie développée par Gwendal Poullenec (le directeur du guide, NDLR), et ses équipes qui, à quelques jours du verdict, ont laissé fuiter ces informations bien avant l’heure attendue. Et se demander pour quelles raisons un chef comme Guy Savoy, au summum de son talent, reconnu dans le monde entier comme un cuisinier hors pair, qui dans son hôtel de la Monnaie, fait le plein de réservations, soit ainsi mis en cause ? »

Le suicide de Bernard Loiseau, traumatisme fondateur de la critique gastronomique

De même qu’il existe en droit la notion de jurisprudence, la critique gastronomique vit avec un traumatisme fondateur : le suicide de Bernard Loiseau. A Saulieu, le 24 février 2003, le grand chef propriétaire de la Côte-d’Or se suicide avec son fusil de chasse. Michelin vient de nouveau de lui accorder trois étoiles, mais le Gault et Millau a rétrogradé sa note de 19 à 17 sur 20. Peut-on pour autant accuser ce guide de l’avoir tué ? Quelles étaient les blessures intimes et immuables de Bernard Loiseau ? Quoi qu’il en soit, la France découvre à partir de cette date que la très, très, très grande gastronomie est un monde de sacrifices insensés. Où règne une pression absolument hors norme. Comme si l’intensité absolue de l’exigence y trouvait son paroxysme. Le guide Michelin sortira essoré de ce drame: aujourd’hui encore, nombreuses sont les personnes qui pensent que Loiseau s’est suicidé après avoir perdu une troisième étoile.

Un guide qui marche sur des oeufs, même s’il le fait parfois avec une démarche d’éléphant. Au sujet des rétrogradés 2023, Gwendal Poullenec, le patron du Rouge depuis 2018, a timidement rappelé ceci auprès de l’Agence France Presse: « Ce sont des restaurants exceptionnels, donc vous vous doutez bien que ce sont des décisions qui sont mûrement réfléchies, étayées par de nombreuses visites de nos inspectrices et inspecteurs tout au long de l’année. »

Dans une société d’“influenceurs food” et autres juges de la cuisine shootés aux réseaux sociaux, le Michelin tente de ne pas tenir compte du côté “instagramable” d’un plat.

Les méthodes du Michelin sont peut-être opaques et ringardes, mais personne ne peut nier que ses inspecteurs connaissent quelque chose à la cuisine. Mieux : dans une société des “foodistas”, “influenceurs food”, et autres juges de la cuisine shootés aux réseaux sociaux, Michelin tente lui de ne pas tenir compte du côté “instagramable” d’un plat. Ce ne sont pas les tatouages détonnants d’un chef, ou sa barbe de hipster, qui intéressent les inspecteurs, mais l’expérience gastronomique vécue par le client. Que la sanction touchant Guy Savoy soit injuste, tous les spécialistes semblent s’en accorder. Mais cela ne doit pas obérer le formidable rôle d’aménageur du territoire que joue le Guide depuis un siècle, réveillant des bouts entiers mais perdus du Périgord ou du Berry grâce à la consécration d’une table. Il suffit pour s’en convaincre de lire l’excellent livre paru chez Grasset de Gautier Battistella. Intitulé Chef, il raconte la vie d’un génie de la cuisine installé au bord du lac d’Annecy, au destin similaire à celui de Loiseau; et, à travers lui, la grande fresque de la haute cuisine française. Le Michelin est un personnage à part entière du livre. Avec ses facettes sombres, mais aussi sa grandeur.

Aussi injuste, voire arbitraire, que soit une rétrogradation, le guide Michelin vient nous rappeler chaque année une vieille tautologie: sans critique possible, il n’y a pas de critique véritable. A titre personnel, nous avions été ainsi quelque peu sonné par un article de Stéphane Durand-Souffland paru dans Le Figaro en septembre 2022. Consacré à l’Arpège, un trois étoiles situé rue de Varenne, à deux pas de Matignon, le texte déshabillait son chef dès le titre: « Où est passé le génie d’Alain Passard ? » Il se trouve que l’Arpège est le seul restaurant trois étoiles où j’ai déjà eu la chance de manger — avec l’Astrance. Et que l’on se souvient toute sa vie de la soupe de tomate qu’on y déguste, de tous les légumes qui sont ici magnifiés. On imagine Alain Passard, après une vie de labeur, lisant ces lignes: « Ce soir-là, Passard était poussif. Zéro énergie. Routine sans âme. Était-il seulement présent? »

Sans critique possible, il n’y a pas de critique véritable.

Un ami oenologue racontait récemment le panurgisme de ceux qui ont le privilège d’être reçus dans les grands domaines bourguignons pour une dégustation: les places y sont, au sens propre comme figuré, tellement chères, que personne n’ose rien dire. Tout serait bon et formidable. Lui s’est risqué à faire remarquer à un vigneron star que l’une de ses cuvées présentait un défaut. Stupéfaction dans l’assemblée de visiteurs. Silence bruyant. Quelques jours plus tard, pourtant, le vigneron écrivait au critique pour le remercier de sa remarque.

Si nous voulons une élite, il faut des professeurs intraitables. La citation de Beaumarchais ne vaut pas que pour la littérature ou la politique: sans la liberté de blâmer un chef, il n’est pas d’éloge flatteur pour sa cuisine.

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Guide Michelin, la course au buzz

Pour la première fois dans l’histoire du guide rouge, deux chefs trois étoiles se sont découverts dégradés une semaine avant l’annonce officielle du palmarès 2023. Guy Savoy et son restaurant de l’hôtel de la Monnaie et Christopher Coutanceau, à La Rochelle, passent donc de trois à deux étoiles.

« Ce sont pourtant deux restaurants exceptionnels, donc vous vous doutez bien que ce sont des décisions qui sont mûrement réfléchie, étayées par de nombreuses visites de nos inspecteurs tout au long de l’année », a justifié lundi à l’AFP Gwendal Poullenec, le patron du guide Michelin. Les chefs le savaient-ils ? Serait-ce une histoire de buzz pour essayer d’intéresser une clientèle qui n’achète plus le guide rouge ?

Pourtant, Guy Savoy fut élu meilleur chef du monde pour la 6e fois encore en novembre dernier, et ces trois étoiles qui lui furent décernées par le même guide depuis 2002 étaient totalement justifiées. Christopher Coutanceau quant à lui, avait obtenu sa troisième étoile avant le Covid. L’un a de la bouteille et le second est jeune, et précisons que tous les deux sont dans leur cuisine du matin au soir, ce qui n’est pas toujours le cas.

Le guide rouge, qui aimerait encore faire chaque année la pluie et le beau temps dans le milieu de la gastronomie, n’avait pas annoncé de perte de 3e étoile depuis 2020 (sauf pour les fermetures). Cependant, on peut s’interroger sur la stratégie développée par Gwendal Poullenec, et ses équipes qui, à quelques jours du verdict, ont laissé fuiter ces informations bien avant l’heure attendue. Et se demander pour quelles raisons un chef comme Guy Savoy, au summum de son talent, reconnu dans le monde entier comme un cuisinier hors pair, qui dans son hôtel de la Monnaie, fait le plein de réservations, soit ainsi mis en cause ?

Il est à souligner que malgré la déception, la réaction de Guy Savoy comme celle de Christopher Coutanceau est extrêmement digne, à la hauteur de leur talent et ce n’est pas donné à tout le monde. Les connaissant bien tous les deux, je suis certaine qu’ils ne vont pas se laisser miner par une telle décision, mais qu’ils vont vite rebondir. Aux vues de tous les téléphones de sympathie et d’incompréhension d’une clientèle très fidèle j’en suis certaine.

Le Michelin ne fait plus recette

C’est d’ailleurs ce qu’a déclaré aussi une amie du chef, Roselyne Bachelot, hier sur RTL : « Guy Savoy est un maître, il retrouvera son étoile, ça va lui mettre un peu l’épée dans les reins, c’est excellent car il s’est peut-être habitué à sa gloire – et je dis cela très gentiment car je le connais. » En moins nuancé, Marc Veyrat, rétrogradé lui aussi en 2019, s’est exclamé devant nos confrères du Dauphiné libéré : « C’est complètement stupéfiant. C’est n’importe quoi. Guy Savoy, c’est mon ami, c’est un très grand, il ne mérite pas ça. »   

Au-delà de ces décisions qui paraîtront injustes, disons-le tout net aux habitués des tables étoilées : faites votre opinion vous-mêmes.

N’oubliez jamais que contrairement aux critères du Michelin qui codifie tout, l’assiette reste une histoire d’émotions, de perception, de sensation personnelle, un instant T subjectif et propre à chacun. Que la générosité ne s’achète pas avec des notes, que l’émotion va bien au-delà des étoiles.

Il est loin le temps des récompenses discrètes apportées par le guide dans les cuisines de chaque chef. Aujourd’hui, le guide rouge a changé, il s’expatrie, et les réceptions opulentes de remise des prix sont sponsorisées par les régions, les villes et les produits luxueux.

Revient une fois de plus la question cruciale : est-ce que les guides gastronomiques font encore la loi à l’heure d’internet et des réseaux sociaux ? En tout cas, on peut dire que le Michelin, réputé et envié dans le monde entier, ne fait plus recette. Seule l’image compte. Et cette annonce médiatique en est la preuve, reprise par tous les médias comme une actualité chaude dans un climat relativement dépressif, en France et dans le monde.

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🔴 Live: White House says Russian missile barrage on Ukraine 'brutal, unjustified'

Issued on: 09/03/2023 - 05:20Modified: 09/03/2023 - 16:47

FRANCE 24 Follow

The White House on Thursday called the latest barrage of Russian missile attacks targeting civilian infrastructure in Ukraine "brutal" and "unjustified." The attacks, which included use of state-of-the-art Kinzhal hypersonic missiles, killed at least nine people, knocked out electricity for many Ukrainians and disrupted power at the Zaporizhzhia nuclear plant. Follow our live blog for all the latest developments on the war in Ukraine. All times are Paris time (GMT+1).   

7:10pm: White House says Russian missile barrage on Ukraine 'brutal, unjustified'

The White House on Thursday called the latest barrage of Russian missile attacks targeting civilian infrastructure in Ukraine "brutal" and "unjustified."

It is "devastating to see these brutal, unjustified attacks on civilian infrastructure across Ukraine," Principal Deputy Press Secretary Olivia Dalton told reporters aboard Air Force One. The attacks, which included use of state-of-the-art Kinzhal hypersonic missiles, have killed at least nine people, knocked out electricity for many Ukrainians and disrupted power at the Zaporizhzhia nuclear plant.

6:21pm: Turkey, Sweden, Finland agree to more talks on NATO bids

Representatives from Turkey, Sweden and Finland agreed at a meeting Thursday to hold more talks on the stalled bids by the Nordic countries to join NATO, the alliance said.

Turkey and Hungary are the only NATO countries still to ratify the applications, which must be accepted by all 30 existing members of the military organisation. Ankara has held up the process and is pushing a list of demands, including that Sweden expel dozens of mostly Kurdish residents it suspects of ties to separatist militants.

A statement from NATO said that "participants welcomed the progress that has been made" on a three-way deal struck last year aimed at satisfying Turkey's complaints. "They further agreed that rapid ratifications for both Finland and Sweden would be in everyone's interest, and that their membership will strengthen the alliance," NATO said after the talks chaired by Secretary General Jens Stoltenberg.

6:12pm: Russia has resources for two more years of war, Lithuania says

Lithuania's military intelligence service on Thursday said it estimated that Russia had enough resources to wage two more years of war in Ukraine.

"Russia had been accumulating weapons and equipment over the long years of the Cold War," military intelligence chief Elegijus Paulavicius told reporters.

"We estimate that (its) resources would last for another two years of a war of the same intensity as today," he added.

He noted that the assessment depended on the perspective that no foreign country would provide military aid to Moscow.

6:07pm: Putin not ready to negotiate on Ukraine, Scholz says

German Chancellor Olaf Scholz can detect no willingness on the part of Russian President Vladimir Putin to negotiate an end to the war in Ukraine, he told the NBR group of German newspapers.

"Unfortunately, I see no willingness at the moment," Scholz was quoted by NBR as saying, adding Ukraine must decide what conditions it is ready to accept for peace.

5pm: 'Worst long-range rocket and drone attack' on Ukraine in weeks

"This Thursday morning has seen the worst long-range rocket and drone attack on Ukraine for several weeks, with [an] air alert that lasted for five hours overnight and nine regions of Ukraine affected," FRANCE 24 correspondent Gulliver Cragg reported.

"In at least two regions it's been deadly," Cragg continued. "In Lviv region in the west of the country, five people are reported killed; that's according to the regional governor. He says that it was by a rocket that fell; it's not clear whether that means it was intercepted and unfortunately fell in a place where there were some people, which does occasionally happen, or whether it hit a target. There's also one person reported killed in Dnipropetrovsk region, and in Kyiv too people have been hospitalised."

 

 

 

4:35pm: EU tells member states to cut gas use further amid Ukraine war

The European Commission will tell EU member states to continue to reduce their gas consumption next winter after meeting a previous energy-saving target, a senior EU official said on Thursday.

Faced with sky-high energy bills after Russia invaded Ukraine last year, the 27-member bloc agreed in July to cut gas usage between August 2022 and March 2023 by 15 percent compared to the average of the previous five years.

The drop in usage actually exceeded the "voluntary" target because of warmer-than-expected weather and high costs that pushed consumers to use less energy.

EU statistics agency Eurostat said gas consumption in the EU fell by 19.3 percent between August and January, compared to the same period between 2017 and 2022, but now Brussels wants to do more.

4:29pm: Russian strikes near Zaporizhzhia plant 'serious breach' of nuclear safety, EU says

The EU's top diplomat said Thursday that the Russian strikes in Ukraine, which caused the disconnection of the Zaporizhzhia atomic power plant from the grid, was a "serious breach" of nuclear safety.

The interruption of the power supply, which was restored by midday on Thursday, meant that emergency diesel generators had to be used to cool the plant, had "significantly" increased the risk of a nuclear accident, EU foreign policy chief Josep Borrell said.

4:27pm: Ukraine to jointly buy gas with EU countries

Ukraine will take part in the EU scheme to jointly buy gas in global markets, to procure 2 billion cubic metres of the fuel ahead of next winter, the EU energy policy chief said on Thursday.

EU countries plan to pool demand and sign their first joint gas contracts in the coming months, to help fill storage caverns ahead of peak winter demand as Europe replaces Russian gas.

"Ukraine has indicated that on top of their own domestic production, they might need, for a secure winter, another 2 billion cubic metres," EU energy commissioner Kadri Simson told a news conference on Thursday.

European Commission Vice President Maros Sefcovic, who leads the EU's joint gas-buying, held a video call with international gas suppliers on Wednesday.

3:43pm: Russia says to discuss Ukraine grain deal renewal with UN on Monday

Russia's foreign ministry spokeswoman Maria Zakharova said Thursday that delegates planned to discuss the renewal of the Ukraine grain deal in Geneva on Monday, after Moscow cast doubt over its extension.

"The next rounds of consultations are scheduled for March 13 in Geneva. The Russian interdepartmental delegation will take part [...] The deal will be discussed," Zakharova told reporters during a regularly scheduled briefing.

3:41pm: Russia says Brussels ignoring talks on inquiry into Nord Stream blasts

Russian foreign ministry spokeswoman Maria Zakharova said on Thursday that the EU is completely ignoring any talks on the need to carry out an investigation of the Nord Stream gas pipeline blasts.

Russia has repeatedly asked to be allowed to join the investigations into the blasts, which ruptured three of the four pipelines of the Nord Stream 1 and 2 gas links that connect Russia to Germany under the Baltic Sea.

2:14pm: Ukraine says power restored to Zaporizhzhia nuclear plant

Ukraine's national energy provider said Thursday it had restored power to the Zaporizhzhia nuclear plant, which was disconnected earlier during a wave of Russian strikes across the country.

"Ukrenergo specialists have restored energy supplies to the Zaporizhzhia nuclear power plant, which was interrupted by today's missile strikes," the company said in a statement on social media.

1:19pm: Ukraine denies involvement in planned attack in Moldova, slams Kremlin 'provocation'

Ukraine's SBU security service on Thursday denied involvement in an alleged attack being planned in Moldova's breakaway Transnistria region, which borders Ukraine, that pro-Moscow separatist authorities said was organised by Kyiv.

"Any statements by representatives ... of the fake 'People's Republic of Transnistria' regarding the participation of the SBU in the preparation of a terrorist attack should be considered exclusively as a provocation orchestrated by the Kremlin," the SBU said in a statement.

1:12pm: Ukraine nuclear plant outages an 'unacceptable risk', France says 

France on Thursday warned of the "unacceptable risk for nuclear security" from power cuts at Ukraine's Zaporizhzhia power plant, after a Russian missile strike left it running on diesel generators.

"France has taken note and is concerned over information of a new disconnection (from the grid) at the Zaporizhzhia plant," foreign ministry spokeswoman Anne-Claire Legendre said.

12:31pm: Russia says Ukraine strikes 'retaliation' for border incursion

Russia confirmed Thursday a fresh wave of strikes against Ukraine, claiming the attacks including with its "Kinzhal" hypersonic missile had come in response to a border incursion earlier this month. 

"In response to the March 2 terrorist actions organised by the Kyiv regime in the Bryansk region, Russia's Armed Forces dealt a massive retaliatory strike," the defence ministry said in a statement.

12:11pm: Russian Defence Ministry says it hit Ukraine with "massive" strike in retaliation for 'terrorist attack'

Russia's Defence Ministry said on Thursday that its forces had carried out a "massive retaliatory strike" on Ukrainian infrastructure after what it called a terrorist attack in Russia's Bryansk region, which borders Ukraine, last week.

11:37am: Poland says latest 10 Leopard tanks delivered to Ukraine

Poland on Thursday said it had delivered to Ukraine the additional 10 Leopard 2A4 tanks it had promised, while allies would send theirs shortly.

"We're talking about a battalion of heavy tanks, which in the case of Poland's share have already been delivered, and in the case of our allies, they will be delivered to Ukraine very soon," Defence Minister Mariusz Blaszczak told reporters. 

11:14am: UN nuclear chief raises alarm over power outages at Ukraine plant

The UN nuclear agency's chief warned on Thursday of the danger of repeated power outages at the Zaporizhzhia power plant, after a fresh missile strike left it running on diesel generators.

"Each time we are rolling a dice," said IAEA atomic agency chief Rafael Grossi. "And if we allow this to continue time after time then one day our luck will run out."

10:59am: EU says Ukraine to join bloc's plan to jointly buy gas

Ukraine will take part in European Union countries' scheme to jointly buy gas, the bloc's energy policy chief said on Thursday.

"We have integrated Ukraine in the gas joint purchasing platform with a view to help secure 2 billion cubic meters of additional gas," EU energy commissioner Kadri Simson told a meeting of EU lawmakers.

EU countries plan to sign their first contracts to jointly buy gas by this summer.

10:50am: Kremlin doubts Nord Stream attacks could have happened without state support

The Kremlin said on Thursday it doubted the attacks on the Nord Stream pipelines could have been carried out without state support, after the New York Times reported that a pro-Ukrainian non-government group might have been responsible for the blasts.

Kremlin spokesman Dmitry Peskov said it was vital to identify who was behind the attacks which ruptured the multi-billion dollar pipelines last September. He added that it was incomprehensible that Russia would blow up its own infrastructure.

10:44am: Kremlin says there are still questions over Black Sea grain deal

The Kremlin said on Thursday that there were still "a lot of questions" remaining over the Black Sea grain deal, and that there were currently no plans for a meeting with United Nations Secretary-General Antonio Guterres.

The Black Sea Grain Initiative, which allows grain to be safely exported from Ukrainian ports, expires on March 18 but cannot be extended if Russia objects. Moscow has already signalled it is unhappy with aspects of the deal.

10:43am: Ukraine's Zaporizhzhia nuclear plant down to diesel power, IAEA confirms

The Russian-held Zaporizhzhia nuclear power plant in Ukraine has lost all external power supply and is relying on diesel generators, a last line of defence to prevent meltdown from overheating reactor fuel, the UN atomic watchdog confirmed.

"This morning at around 5am local time Zaporizhzhia Nuclear Power Plant lost all off-site power when its last remaining 750 kilovolt line was disconnected, its only remaining back up 330 kilovolt line having been damaged a few days ago and under repair," the International Atomic Energy Agency said in a statement on Thursday.

10:31am: Pro-Russian separatists in Moldova say foiled Ukraine attack

Pro-Moscow authorities in Moldova's separatist region of Transnistria, which borders Ukraine, said Thursday they had prevented a terror attack organised by Kyiv targeting separatist officials.

Separatist security officials said in a statement they had halted "a terror attack ... directed by Ukrainian security services, being prepared against a number of officials. The suspects have been detained. They have given confessions."

9:16am: Zelensky slams Russia's 'miserable tactics' after deadly missile barrage

President Volodymyr Zelensky on Thursday lashed out at Russia after the largest barrage of missiles across Ukraine in weeks hit at least 10 of the country's 27 regions. 

"The enemy fired 81 missiles in an attempt to intimidate Ukrainians again, returning to their miserable tactics. The occupiers can only terrorise civilians," Zelensky said in a statement online, listing regions across Ukraine hit by the strikes.

8:52am: Ukraine's Kharkiv without power, water, heating after missile barrage, mayor says

Ukraine's second-largest city Kharkiv was left without power, water or heating on Thursday after Russia launched more than 80 cruise missiles at energy facilities across the country.

"There is no electricity in the whole city. We have switched to generators at critical infrastructure. Electric-powered transport is not working. There is no heating and water supply, due to the lack of voltage in the electricity network," Kharkiv mayor Igor Terekhov said on local television.

08:25am: Ukraine military says Russia fired 81 missiles, eight drones in morning strikes

Russia fired 81 missiles, including six Kinzhal hypersonic missiles, and eight drones at Ukraine in early-morning strikes on Thursday, the Ukrainian air force said.

Ukraine destroyed 34 cruise missiles and four Shahed suicide drones, and eight drones and guided missiles were also prevented from reaching their targets, it said in a statement. The Ukrainian military cannot intercept the Kinzhal missile.

8:07am: 40% of Kyiv residents lack heating after strikes, authorities say

Forty percent of Kyiv residents lacked heating Thursday after Russian strikes overnight, the capital's military administration said on Telegram messenger.

"Emergency power outages currently prevent 40% of Kyiv consumers from being provided with heating," the military administration said. 

7:45am: At least 5 dead in Ukraine after Russian missile barrage

Russia unleashed a massive missile barrage targeting energy infrastructure across Ukraine early Thursday, hitting residential buildings and killing at least five people in the largest scale such attack in three weeks, officials said.

Four people were killed in the Lviv region after a missile struck a residential area, Lviv Gov. Maksym Kozytskyi said. Three buildings were destroyed by fire after the strike and rescue workers were combing through rubble looking for more possible victims, he said.

A fifth person was killed and two others wounded in multiple strikes in the Dnipropetrovsk region that targeted its energy infrastructure and industrial facilities, Gov. Serhii Lysak said. 

6:46am: Ukrainian nuclear plant without power after Russian strike, operator says

Ukraine's Zaporizhzhia nuclear power plant has been left without electricity supply following a Russian strike and is currently running on diesel generators, the country's nuclear energy operator said on Thursday.

"The last line of communication between the occupied Zaporizhzhia NPP and the Ukrainian power system was cut off as a result of rocket attacks," Energoatom said in a statement.

6:42am: Kyiv mayor reports another explosion, two injured

Kyiv mayor Vitali Klitschko said two people had been injured in an explosion in the west of the Ukrainian capital on Thursday amid a wave of Russian strikes across the country.

"Two people were injured" by an explosion in the Svyatoshynsky district, he wrote on social media, after earlier reporting "explosions" in a southern part of the city.

5:58am: Kyiv mayor reports explosions in wave of strikes on Ukraine

Kyiv mayor Vitali Klitschko reported explosions in the Ukrainian capital on Thursday, amid a wave of strikes across different parts of the country.

"Explosions in the Holosiivskyi district of the capital. All services are heading to the spot," Klitschko said on social media, referring to a southern area of the city.

3:56am: Russian missiles target cities across Ukraine, officials say

Air raid sirens wailed all over Ukraine on Thursday morning as Russia launched air strikes on multiple cities.

The governor of the northeastern Kharkiv region, Oleh Syniehubov, reported more than 15 strikes on Kharkiv, Ukraine’s second largest city.

 

“Objects of critical infrastructure is again in the crosshairs of the occupants,” he said in a Telegram post.

The governor of the southern Odesa region, Maksym Marchenko, also reported strikes on Odesa, saying that energy facilities and residential buildings were hit.

Explosions were also reported in cities in Dnieper, Lutsk and Rivne.

 

© France Médias Monde graphic studio

(FRANCE 24 with AFP, AP & Reuters)

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France24 - Monde

En France, l'inscription de l'IVG dans la Constitution loin d'être acquise

Publié le : 09/03/2023 - 18:47

Romain BRUNET Suivre

Le président de la République a annoncé mercredi son intention de présenter un projet de loi permettant d’inscrire dans la Constitution la liberté pour les femmes de recourir à l’interruption volontaire de grossesse. Pour autant, les modalités de cette inscription laissent présager une révision constitutionnelle très hypothétique.

Emmanuel Macron voulait sans doute marquer les esprits pour faire un peu oublier la contestation contre sa réforme des retraites. Le président de la République a annoncé, mercredi 8 mars, à l'occasion de la Journée internationale des droits des femmes et d'un hommage rendu à l'avocate féministe Gisèle Halimi, son intention d’inscrire l’interruption volontaire de grossesse (IVG) dans la Constitution française.

"Les avancées issues des débats parlementaires (...) permettront, je le souhaite, d'inscrire dans notre texte fondamental cette liberté dans le cadre du projet de loi portant révision de notre Constitution qui sera préparé dans les prochains mois", a déclaré Emmanuel Macron au palais de justice de Paris.

La nouvelle, qui surfe sur une proposition de loi constitutionnelle votée en novembre à l’Assemblée nationale et en février au Sénat – mais en des termes différents –, a été applaudie par les associations féministes, qui y ont vu une "victoire". Mais l’inscription de l’IVG dans la Constitution est en réalité loin d’être acquise.

>> À lire aussi : "Hommage à Gisèle Halimi : Macron annonce un projet de loi pour inscrire l'IVG dans la Constitution"

Un projet de loi gouvernemental plutôt qu’une proposition de loi émanant des parlementaires a l’avantage de pouvoir être voté par le Parlement réuni en Congrès, à la majorité des trois cinquièmes, plutôt qu’en passant par un référendum jugé davantage périlleux.

En revanche, contrairement aux parlementaires, le chef de l’État n’entend pas proposer un projet de loi spécifique à l’IVG, mais une réforme plus large des institutions, qui pourrait aller d’un redécoupage des régions à une redéfinition des mandats électoraux, selon l’entourage présidentiel. Emmanuel Macron, lui-même, avait évoqué, dans un entretien avec le magazine Le Point en avril 2022, la possibilité de revenir au septennat avec des élections de mi-mandat pour découpler les élections présidentielle et législatives.

Les conditions pour modifier la Constitution "jamais aussi peu réunies depuis 1962"

Mais cette façon de faire, qui consiste à noyer la constitutionnalisation de l’IVG au milieu de nombreuses autres mesures, pourrait être mal vécue par l’opposition, qui aurait le sentiment qu’on lui force la main.

"Emmanuel Macron fait un premier pas et c’est une bonne chose. Mais s’il veut essayer de nous faire accepter des choses avec lesquelles nous ne sommes pas d’accord, comme le retour au septennat ou une simple dose de proportionnelle, c’est l’assurance de l’échec et il en sera personnellement responsable", prévient la députée insoumise Mathilde Panot, qui a porté à l’Assemblée nationale la proposition de loi constitutionnelle sur l’IVG.

Il apparaît en effet aujourd’hui comme une gageure d’imaginer Emmanuel Macron parvenir à une réforme constitutionnelle rassemblant les trois cinquièmes du Parlement avec un Palais Bourbon sans majorité absolue et aussi divisé.

>> À lire aussi : "L’inscription du droit à l'IVG dans la Constitution française, un parcours semé d’embûches"

"Ça semble totalement hypothétique, juge même Benjamin Morel, professeur en droit public à l’université Paris-Panthéon-Assas. Les conditions pour modifier la Constitution n’ont jamais été aussi peu réunies depuis 1962. Le Sénat et l’Assemblée nationale n’ont pas la même couleur politique et le parti présidentiel n’a même pas de majorité absolue à l’Assemblée. Quand Nicolas Sarkozy réforme la Constitution de manière importante en 2008, il a derrière lui une majorité assez large au Sénat et à l’Assemblée nationale, et pourtant, ça passe à une voix près."

Emmanuel Macron s’était lui-même cassé les dents avec un projet de révision de la Constitution présenté en 2018, lors de son premier quinquennat. Cette réforme devait notamment introduire une dose de proportionnelle aux élections législatives, réduire de 30 % le nombre de parlementaires, limiter le cumul des mandats dans le temps et supprimer la Cour de justice de la République. L’affaire Benalla, à l’été 2018, stoppa net la réforme. Celle-ci fut réintroduite en 2019, avant d’être définitivement enterrée par la crise du Covid-19.

Le chef de l’État a-t-il retenu la leçon ? Emmanuel Macron a reçu début février ses prédécesseurs, François Hollande et Nicolas Sarkozy, pour évoquer le sujet. Il ambitionne, selon nos informations, de mettre sur pied une commission transpartisane. Déjà évoquée pendant la campagne présidentielle, cette commission aurait pour but "une recherche de consensus, à l’image de celui existant déjà sur la question de l’IVG", indique l’Élysée.

"Liberté" plutôt que "droit" à l’IVG

Une méthode qui laisse l’opposition dubitative, d’autant que, même sur l’IVG, les voix de la gauche ne sont pas acquises. Le Sénat à majorité de droite a voté en faveur de l'inscription dans la Constitution de la "liberté de la femme" de recourir à l'IVG, une formulation qui abandonne la notion de "droit" à l’IVG privilégiée par la gauche à l'Assemblée nationale. Or, c’est bien la version sénatoriale qu’Emmanuel Macron a reprise à son compte mercredi après-midi.

Derrière la sémantique, l’enjeu n’est pas anodin. Il y a chez Emmanuel Macron la volonté de contenter les sénateurs Les Républicains, mais le remplacement de "droit" par "liberté" a des conséquences juridiques, estime Mathilde Panot.

>> À voir : "Inscription du droit à l'IVG dans la Constitution : l'Assemblée nationale vote 'pour'"

"C’est dommage et dangereux qu’Emmanuel Macron se base sur la version du Sénat, regrette-t-elle. Il y avait à l’Assemblée nationale un attachement très fort à réaffirmer que l’IVG est un droit fondamental des femmes. Avec le mot 'liberté', on fragilise le texte."

Un avis que ne partage pas Benjamin Morel, pour qui l’accès à l’IVG serait garanti avec les deux formulations. "La différence entre 'droit' et 'liberté', c’est que la version du Sénat précise bien que les modalités de l’IVG dépendent du Parlement, alors que le 'droit' à l’IVG tel qu’inscrit dans le texte de l’Assemblée nationale donnerait au Conseil constitutionnel le pouvoir d’intervenir sur les conditions d’accès à l’IVG", explique-t-il.

Un débat et une réforme constitutionnelle qui pourraient finalement relever de la tactique politicienne, compte tenu du peu de chances de voir la Constitution effectivement révisée. Contacté, l’Élysée reste peu disert sur le contenu de la réforme constitutionnelle envisagée, tout comme sur le calendrier et la façon dont serait composée la commission transpartisane.

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Hommage à Gisèle Halimi : Macron annonce un projet de loi pour inscrire l'IVG dans la Constitution

Feu vert du Sénat pour inscrire la "liberté" de recourir à l'IVG dans la Constitution

L'Assemblée vote en faveur de l'inscription du droit à l'avortement dans la Constitution

France24 - Monde

Joe Biden dévoile un budget aux allures de programme de campagne présidentielle

Publié le : 09/03/2023 - 19:57

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Le budget 2024 du président américain Joe Biden, présenté jeudi, prévoit de réduire le déficit de près de 3 000 milliards sur dix ans en introduisant un impôt minimum pour les milliardaires et en relevant le taux d'imposition minimal des grosses entreprises. Le démocrate, qui a "l'intention" de se représenter en 2024, exposera en début d'après-midi son plan à Philadelphie, en Pennsylvanie.

Promesses sociales et taxes sur les riches : Joe Biden a présenté, jeudi 9 mars, un projet de budget aux allures de programme de campagne dans la perspective de 2024, dont les mesures les plus fortes n'ont toutefois aucune chance ou presque de passer la barrière du Congrès.

Le budget 2024 prévoit de réduire le déficit de près de 3 000 milliards sur dix ans, a annoncé la Maison Blanche.

Pour cela, le président américain veut introduire un impôt minimum de 25 % pour les milliardaires, soit les 0,01 % d'Américains les plus riches.

Le démocrate souhaite aussi relever le taux d'imposition des entreprises à 28 %, contre 21 % aujourd'hui, un taux qui resterait toujours inférieur cependant aux 35 % qui étaient en vigueur avant la réforme de l'ancien président Donald Trump en 2017.

Dans le même temps, Joe Biden entend réduire certaines dépenses jugées "inutiles", ciblant notamment "Big Pharma", c'est-à-dire le secteur pharmaceutique, et "Big Oil", l'industrie pétrolière.

"Mon budget demandera aux riches de payer leur juste part afin que les millions de travailleurs qui ont contribué à bâtir cette richesse puissent prendre leur retraite avec l'assurance-maladie pour laquelle ils ont cotisé", avait-il indiqué sur Twitter mercredi soir.

When Medicare was passed, the wealthiest 1% didn’t have more than 5x the wealth of the bottom 50% combined. Let’s ask the wealthiest to pay their fair share so the millions of workers who helped them build that wealth can retire with dignity and the Medicare they paid into.

March 8, 2023

Dans cet exercice austère au possible qu'est la présentation du budget, le président américain espère trouver un élan politique supplémentaire.

Financer le "Medicare"

Le démocrate de 80 ans – qui officiellement n'a que "l'intention" de se représenter en 2024, mais semble déjà en campagne – exposera en début d'après-midi son plan à Philadelphie, en Pennsylvanie, un État stratégique du point de vue électoral.

Il ne se fait toutefois pas d'illusions sur sa capacité à concrétiser ses propositions : depuis le début de l'année, il ne contrôle plus que le Sénat. L'autre chambre du Congrès (celle des représentants) est désormais dominée par les républicains, bien décidés à ne laisser passer aucune hausse d'impôt.

Avec ce surcroît de revenus, Joe Biden estime qu'il peut, comme il l'a promis mercredi, assurer pour 25 années supplémentaires le financement d'un régime d'assurance-santé bénéficiant aux Américains de plus de 65 ans, le "Medicare", et ce sans toucher aux prestations.

Mais aussi augmenter les salaires des fonctionnaires fédéraux de plus de 5 %, affirme le Washington Post.

Le tout, comme la Maison Blanche l'a assuré jeudi, en réduisant le déficit fédéral de "près de 3 000 milliards de dollars sur les dix prochaines années", alors que les républicains accusent régulièrement le président de laisser filer les dépenses.

"Un budget, c'est le reflet de nos valeurs", a tweeté Joe Biden mercredi.

C'est aussi, en l'occurrence, une arme politique.

Le démocrate tente, avec ses propositions, de mettre dans l'embarras le Parti républicain, qui réclame plus de rigueur budgétaire mais n'a jusqu'ici pas exposé exactement dans quelles dépenses il entendait tailler.

Joe Biden se fait donc un plaisir d'accuser constamment la droite de vouloir saper les régimes sociaux tels que Medicare – ce dont les conservateurs se défendent.

Bras de fer sur le plafond de la dette

Cette présentation de budget intervient sur fond de bras de fer entre démocrates et républicains sur un autre sujet financier, plus pressant que l'élection de 2024 : ce que l'on appelle le "relèvement du plafond de la dette".

Les États-Unis, seule puissance industrialisée dans ce cas, doivent régulièrement augmenter, par un vote du Congrès, la capacité d'endettement du gouvernement.

Or ce vote, qui a longtemps été une formalité, est de plus en plus politisé. Le patron de la Chambre des représentants, le républicain Kevin McCarthy, assure que ses troupes ne voteront pas pour relever le plafond de la dette tant que Joe Biden ne bridera pas la dépense publique.

Le président démocrate, lui, refuse jusqu'ici de négocier, faisant valoir que la dette accumulée au cours des ans par le pays est une responsabilité partagée.

L'enjeu n'est pas mince : si le bras de fer se prolonge trop, les États-Unis seront sous la menace d'un défaut de paiement, du jamais-vu, à partir de juillet.

La dette de la première économie du monde a atteint le 19 janvier 31 400 milliards de dollars, soit le plafond au-delà duquel le pays ne peut plus émettre de nouveaux emprunts pour se financer, et ne peut donc plus honorer ses paiements. Des mesures d'urgence temporaires ont été prises pour pouvoir continuer à payer.

Avec AFP

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.cls-6{fill:#fff;stroke:#fff;stroke-miterlimit:10;stroke-width:.2px} décryptage

Discours sur l’état de l’Union : face à un Congrès divisé, Joe Biden rêve de compromis

Frontières

Aux États-Unis, le jeu d'équilibriste de Joe Biden sur l'immigration

MIDTERMS 2022

États-Unis : les démocrates gardent le contrôle du Sénat après une victoire cruciale dans le Nevada

BBC

Covid-19 origin debate 'squashed', ex-CDC chief Dr Robert Redfield claims

The former head of the US Centers for Disease Control and Prevention has said he was "sidelined" over his views on the origins of the Covid-19 pandemic.

Dr Robert Redfield was the key witness in a US congressional committee's first public hearing as it investigates how the coronavirus emerged.

He said he was cut out of early discussions on where the virus came from because he suspected a lab leak.

The accusation was dismissed by Dr Anthony Fauci as "completely untrue".

Many scientists point out there is no evidence that Covid leaked from a lab.

The White House has said there is no consensus across the US government on the virus's origins.

Some studies suggest the virus made the leap from animals to humans in Wuhan, China, possibly at the city's seafood and wildlife market.

The market is near the Wuhan Institute of Virology, a world-leading virus laboratory that conducted research into coronaviruses.

Dr Redfield, who led the US Centers for Disease Control and Prevention when the outbreak began in 2020, was an early proponent of the lab leak theory.

He told the House select subcommittee, formed by the new Republican majority in the US House of Representatives, it was "not scientifically plausible" to him that the virus had natural origins.

He claimed he was "sidelined" at the beginning of the pandemic and excluded from meetings as his views were not in line with other major scientists like Dr Fauci, the de-facto face of the US pandemic response.

"It was told to me that they wanted a single narrative, and that I obviously had a different point of view," he said. "Science has debate and they squashed any debate."

Dr Fauci, who was not present at the hearing, denied Dr Redfield's accusation.

"No one excluded anyone," he told US news outlet Politico after the hearing.

"And the idea of saying that he was not wanted there because he had a different opinion … there were several people on the call who had the opinion that it might have been an engineered virus," said Dr Fauci, who retired from his government roles in December.

During his testimony, Dr Redfield also spoke of his opposition to so-called gain of function research, in which viruses are manipulated to become more infectious in lab environments.

He said that US agencies had likely funded such research at the Wuhan institute.

Divisive subject

The House panel, which consists of nine Republicans and seven Democrats, has said it aims to stay above the fray of partisan politics.

But that may prove difficult given the divisive subject matter.

On the panel is Republican congresswoman Marjorie Taylor Greene, who used Wednesday's hearing to air her concerns about decisions made by federal agencies during the pandemic.

At the outset of the hearing, Democrat Raul Ruiz protested the inclusion of witness Nicholas Wade, the author of a controversial book on race and genetics that has been endorsed by a former Ku Klux Klan leader.

Mr Ruiz argued Mr Wade had written a dangerous book and his testimony could not be relied upon, but Mr Wade defended his book and remained at the hearing.

The spectre of Donald Trump also hung over the proceedings, with Democrat Jamie Raskin suggesting the former president had been sycophantic and fawning in his approach to Chinese President Xi Jinping.

The House probe comes a week after FBI Director Christopher Wray said an unintentional lab incident was "most likely" how Covid originated.

A few days before that, the US Department of Energy said it had found the virus was most likely the result of a lab leak in Wuhan, but could only reach that conclusion with "low confidence".

In response to that, many scientists who have studied the virus said that there was no new scientific evidence pointing to a lab leak.

A natural origin is still the more likely theory, said Professor David Robertson, head of viral genomics and bioinformatics at the University of Glasgow.

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Covid origin likely China lab incident - FBI chief

Известия (RUS)

Толкнувший подростка под поезд в метро мужчина отказался говорить с журналистами

Мужчина, толкнувший 9 марта под поезд подростка в московском метро, отказался говорить с журналистами.

Сотрудники СМИ ждали мужчину у отделения полиции.

Двое сотрудников правоохранительные органов вывели его, но тот не стал давать никаких комментариев.

Инцидент произошел ранее в этот день на станции «Киевская» Кольцевой линии метро Москвы. Мужчина 1961 года рождения толкнул 15-летнего подростка прямо под поезд. Юноша остался жив.

Позже Ольга Васильева, жена мужчины, рассказал «Известиями» о супруге. По ее словам, он наблюдался в психоневрологическом диспансере, но сегодня его выпустили одного, без родственников. Кроме того, она сообщила, что в больницу муж попал после того, как пытался ее задушить.

France24 - Monde

Retraites : transports perturbés au troisième jour de grève, blocages dans des lycées et universités

Publié le : 09/03/2023 - 16:29Modifié le : 09/03/2023 - 17:34

FRANCE 24 Suivre

La situation reste tendue jeudi dans les transports publics, sauf à Paris où elle s'est nettement améliorée dans le métro, au troisième jour de la grève reconductible contre la réforme des retraites, tandis que l'inquiétude pointe sur la fourniture du gaz. Des blocages, souvent partiels, ont également eu lieu dans plusieurs lycées et universités, à l'occasion d'une "journée d'action et de mobilisation de la jeunesse".

Au troisième jour de la grève reconductible contre la réforme des retraites, le mouvement a été levé, jeudi 9 mars, dans une raffinerie de Normandie qui a repris les expéditions de carburant, mais les transports restent perturbés et le courant a été coupé sur le chantier du village olympique à Saint-Denis, en banlieue parisienne.

  • Transports : nouvelle journée de galère, amélioration à Paris

La SNCF est en mesure de faire rouler un tiers de ses TGV, comme mercredi, et 40 % des trains régionaux, contre un tiers la veille. Dans le transport ferroviaire, de nombreux témoignages sur les réseaux sociaux décrivent des trains bondés et peu nombreux. Les lignes les plus perturbées sont le RER D et la ligne R du Transilien, en Île-de-France, avec 80 % de trains en moins par rapport à d'habitude.

Dans le métro parisien, la situation s'améliore nettement avec un trafic normal ou quasi normal sur la moitié des lignes.

Pour vendredi, la SNCF a annoncé un trafic toujours "fortement perturbé" avec la moitié de ses TGV Inoui et Ouigo supprimés ainsi que 60 % de ses TER, et un niveau de service qui devrait rester équivalent tout au long du week-end.

Le groupe public appelle donc les voyageurs à "annuler ou reporter leurs déplacements le 10 mars et le week-end", alors qu'une grève reconductible a été lancée mardi à l'appel de tous les syndicats de cheminots contre la réforme des retraites.

Le trafic grande vitesse sera notamment très diminué sur les axes Nord et Atlantique avec 60 % de trains supprimés tandis que sur les axes Est, Sud-Est et sur le Ouigo, on comptera un train sur deux. Comme les jours précédents, les liaisons de province à province seront presque inexistantes avec 90 % des TGV supprimés.

Seuls 25 % des trains Intercités rouleront. À l'international, deux tiers des Eurostar sont maintenus, tout comme 60 % des Thalys (Benelux), des Lyria (Suisse) et des liaisons vers l'Allemagne. Seul un tiers des trains prévus vers l'Italie rouleront et un quart de ceux vers l'Espagne.

En région parisienne, la circulation des trains de banlieue restera fortement dégradée. Ce sera surtout le cas pour le RER D et la ligne R du Transilien avec seulement 20 % des trains en circulation et de nombreuses stations non desservies aux heures de pointe sur le D.

Un tiers du service habituel sera assuré sur le RER C et la moitié sur les RER B et E et les lignes de Transilien J, K, L, N et P. Les lignes H et U verront deux trains sur trois rouler et le service sera normal pour les lignes T4 et T11 du tramway.

Dans le ciel, comme depuis mardi et jusqu'à vendredi, la Direction générale de l'aviation civile (DGAC) a demandé aux compagnies aériennes de renoncer à 20 à 30 % de leurs vols au départ et à l'arrivée des grands aéroports du territoire français.

Transavia, la filiale low-cost d'Air France-KLM qui exploite des lignes court et moyen-courriers, a supprimé près de 60 vols jeudi.

  • Blocages dans les lycées et universités

Le syndicat étudiant L'Alternative a compté dans la matinée des blocages dans une vingtaine d'établissements, dont les universités de Montpellier, Besançon, Le Havre, Nanterre, Rouen et Grenoble, les Instituts d'études politiques de Bordeaux et Strasbourg et un des deux campus de l'École normale supérieure (ENS) de Lyon.

Du côté des lycées, le ministère de l'Éducation a fait état de 15 établissements bloqués et sept partiellement, et le syndicat La Voix lycéenne de 200 lycées bloqués.

Ces mobilisations ont eu lieu à l'occasion d'une "journée d'action et de mobilisation de la jeunesse", à l'initiative de plusieurs organisations de jeunesse, dont des syndicats étudiants (Unef, L'Alternative et Fage) et La Voix Lycéenne.

Une manifestation a lieu jeudi après-midi à Paris entre la gare Saint-Lazare et la place de la République.

  • Raffineries : blocage levé à Port-Jérôme-Gravenchon

La grève a été levée et les expéditions de carburants ont repris à la raffinerie d'Esso-ExxonMobil de Port-Jérôme-Gravenchon (Normandie), l'une des deux grandes raffineries près du Havre, et la première à reprendre le travail.

Partout ailleurs, le mouvement se poursuit avec blocage des expéditions dans les raffineries TotalEnergies de La Mède, de Donges, de Normandie, de Feyzin ainsi qu'au dépôt des Flandres. La grève a aussi été reconduite pour 24 heures dans les raffineries de Fos-sur-Mer (Esso-ExxonMobil) et Lavera (Petroineos).

Sur 200 dépôts de carburants, cinq étaient bloqués mercredi soir, selon Olivier Gantois, président de l'Ufip Énergies et Mobilités, qui représente les entreprises du secteur pétrolier. "Il n'y a pas de problème d'approvisionnement et la situation est en train de s'améliorer."

Selon des données publiques analysées par l'AFP, 4,78 % des stations manquaient jeudi à midi d'au moins un type de carburant (essence ou diesel), en légère amélioration par rapport à la veille (5,78 %).

Les pénuries touchaient surtout les stations de l'ouest de la France avec entre 20 et 25 % des stations manquant d'un type de carburant en Mayenne, dans la Sarthe ou le Calvados.

  • Électricité : baisses de production notables

Les baisses de production d'électricité s'élevaient à 8 700 mégawatts (MW) jeudi à 8 h, d'après EDF, soit l'équivalent de huit réacteurs nucléaires.

RTE (Réseau de transport d'électricité) a envoyé une demande d'arrêt des réductions de production, "pour passer la pointe (de consommation, NDLR) du matin", a indiqué le gestionnaire du transport d'électricité.

Des agents du secteur du gaz et de l'électricité ont également affirmé avoir coupé le courant sur le chantier du village olympique à Saint-Denis en banlieue parisienne lors d'une opération avec pas moins de 300 personnes.

  • Gaz : le réseau tourne au ralenti

Les quatre terminaux méthaniers français qui reçoivent les importations de gaz naturel liquéfié (GNL) sont à l'arrêt.

Concernant les sites de stockage, 13 sur 14 – mais le dernier est un petit site sans salarié – sont bloqués. "Hormis le peu d'importation et le biogaz, il n'y a plus d'entrants sur le réseau de gaz", a indiqué à l'AFP Fabrice Coudour, secrétaire fédéral du syndicat FNME-CGT.

"Petit à petit, le réseau de gaz est en train de s'affaiblir", a-t-il précisé, n'excluant pas une "possible pénurie de gaz" d'ici quelques jours. "La détermination est d'autant plus intacte que ce passage de l'article 7 au Sénat renforce un peu la colère", assure Fabrice Coudour.

Avec AFP

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.cls-6{fill:#fff;stroke:#fff;stroke-miterlimit:10;stroke-width:.2px} MOUVEMENT SOCIAL

Forte mobilisation contre la réforme des retraites, l'intersyndicale veut voir Macron en "urgence"

Reportage

Réforme des retraites : à Paris, des manifestants décidés à "mettre la France à l'arrêt"

COUACS EN SÉRIE

Réforme des retraites : une communication gouvernementale souvent épinglée

Valeurs Actuelles

Turreau, criminel oublié

Il avait promis une « promenade militaire » ; ce fut une campagne d’infamie. En prenant, à 37 ans, le commandement en chef de l’armée de l’Ouest, le 30 décembre 1793, le général Louis-Marie Turreau écrira l’une des pages les plus sombres de l’histoire de France. À la tête de ses “colonnes infernales”, ce Normand va détruire le pays vendéen.

Signe de l’embarras que suscite ce héros de la jeune République, aucune biographie ne lui avait été consacrée jusqu’à ce qu’une maison d’édition basée à Cholet édite, l’automne dernier, un ouvrage rédigé par un avocat, Tanneguy Lehideux, le Procès du général Turreau. Grâce à un travail de recherche dans les archives, l’auteur retrace avec des informations inédites l’itinéraire et la responsabilité d’un des criminels de guerre de la période révolutionnaire.

La nomination de Turreau, fin octobre 1793, est d’abord politique. En guerre contre l’Europe des rois, la Convention veut mater, une fois pour toutes, les révoltes dans l’ouest de la France : « détruire l’armée des brigands » , disent deux décrets pris le 1er août et le 1er octobre 1793. Car la Vendée, déjà choquée par l’exécution de Louis XVI, le 21 janvier 1793, horrifiée par ces prêtres nommés par le pouvoir qu’on veut lui imposer, surchargée d’impôts nouveaux, refuse le décret de levée en masse adopté par Paris.

« La Vendée sera dépeuplée mais la République sera vengée et tranquille. »

Pour écraser la rébellion, le pouvoir choisit un homme de confiance. Quoique issu d’un père procureur du roi anobli à la veille de la Révolution et bien qu’il ait servi comme lieutenant dans la garde du comte d’Artois, Louis-Marie Turreau a rallié les révolutionnaires. Garde national en 1789, il s’enrôle comme volontaire en août 1792. En quelques mois, le voici général de division, puis commandant en chef de l’armée des Pyrénées orientales avant de recevoir son affectation dans l’ouest du pays.

Ses appuis politiques (il soutient la tendance hébertiste à l’extrême gauche) sont aussi familiaux : son cousin Louis Turreau siège comme député à la Convention. Dans l’Ouest, le premier fait d’armes auquel assiste Turreau est la prise de l’île de Noirmoutier, le 3 janvier 1794. À Barbâtre, tous les hommes, vieillards compris, sont massacrés : le bourg est pillé et incendié. La ville de Noirmoutier se rend : elle a obtenu du général Haxo une promesse de vie sauve pour ses combattants. Pourtant, les trois conventionnels présents (dont le cousin Turreau) font fusiller 1 500 hommes !

Dans le mois qui suit, les massacres s’amplifient. À Angers, où s’est établi le député Francastel, par groupes de 200 à 300, 2 000 hommes et femmes prisonniers sont abattus devant des fosses communes tout juste creusées. Dans une lettre à ses amis jacobins, le 28 décembre, Francastel avait prévenu : « La Vendée sera dépeuplée mais la République sera vengée et tranquille. »

Alors même que la grande armée catholique et royale est déjà largement défaite, la pression de Paris s’accentue. Le 13 janvier 1794, le Comité de salut public écrit au général Turreau : « Hâte-toi du moins d’exterminer le dernier des brigands ! » Plus tard, Turreau tentera de se justifier en rejetant la responsabilité des atrocités sur ce pouvoir politique radicalisé : « L’échafaud t’attend, me disait-on, si la Vendée se prolonge encore. »

« Tous les brigands qui seront trouvés les armes à la main seront passés au fil de la baïonnette »

L’homme semble hésiter à endosser de nouvelles horreurs. Le 16 janvier, il écrit aux députés Turreau et Bourbotte et leur demande des instructions détaillées, ne serait-ce que pour se couvrir : « J’ai voulu que vous déterminiez d’une manière précise la conduite que je devais tenir dans la Vendée à l’égard des personnes et des propriétés. Mon intention est bien de tout incendier […] mais cette grande mesure doit être prescrite par vous ; je ne suis que l’agent passif des volontés du corps législatif que vous pouvez représenter dans cette partie. »

Il poursuit : « Vous devez également prononcer d’avance sur le sort des femmes et enfants que je rencontrerai dans ce pays révolté. S’il faut les passer tous au fil de l’épée, je ne puis exécuter une pareille mesure sans un arrêté qui mette à couvert ma responsabilité. »

Des mots effroyables où transparaît davantage la lâcheté d’un fonctionnaire craintif pour sa carrière que le sincère effroi d’une morale légitimement révulsée.

Turreau lance son expédition le 21 janvier. Son plan de campagne a été exposé par de nombreux témoins. Douze colonnes de soldats ont pour ordre de « tout incendier sur le territoire de la Vendée » et de « casser la tête » de ses habitants, à coups de crosse, « par motif d’économie à ne plus user notre poudre à de pareils moineaux ».

Sans pitié, ces “colonnes infernales” massacrent toute âme sur leur passage, comme l’illustrent de nombreux vitraux de Vendée ( la Mémoire du vitrail, de Jean-Louis Sarrazin et Nicolas Delahaye, Éditions Pays et Terroirs). Dans une lettre au général Haxo, Turreau confirme ses ordres : « Tous les brigands qui seront trouvés les armes à la main ou convaincus de les avoir prises pour se révolter contre leur patrie seront passés au fil de la baïonnette. On en agira de même avec les filles, femmes et enfants qui seront dans ce cas. »

“Ennemis de la patrie”

Parmi les principaux subordonnés de Turreau, seul le général Bard tente d’épargner son secteur. Turreau le relève aussitôt de ses fonctions. Car la Convention a adopté un décret disposant que « les généraux qui ne mettraient pas dans cette expédition [de Vendée] toute l’activité possible seront dénoncés comme ennemis de la patrie ».

Dans cette guerre atroce, faire preuve d’humanité devient un crime. Le 24 janvier, Turreau réclame à nouveau un blanc-seing aux députés du Comité de salut public : « Si mes intentions sont bien secondées, écrit-il, il n’existera plus dans la Vendée, sous quinze jours, ni maisons, ni subsistances, ni armes, ni habitants que ceux qui, cachés dans le fond des forêts, auront échappé aux plus scrupuleuses perquisitions. »

Le 6 février, Lazare Carnot entérine formellement cette politique de destruction systématique : « Tu te plains, citoyen général, de n’avoir pas reçu du Comité une approbation formelle de tes mesures. Elles lui paraissent bonnes et tes intentions pures. Extermine les brigands jusqu’au dernier, voilà ton devoir. »

Dans les semaines qui suivent, les conventionnels s’irritent que l’affaire ne soit pas déjà achevée. Le 13 mai, le Comité de salut public destitue Turreau de son commandement. En disgrâce, il est nommé gouverneur de Belle-Île. Mais ses ennuis ne font que commencer.

Le 29 septembre 1794, un obscur député, Louis-Prosper Lofficial, exige des comptes de la part de ces généraux qui « ne songeaient qu’à perpétuer la guerre » en Vendée : « Le temps de tout dire est venu. » C’est qu’entre-temps, fin juillet, Robespierre a été arrêté et guillotiné. Les modérés reprennent le pouvoir et veulent tourner la page. Mais il faut des boucs émissaires pour les crimes perpétrés dans l’Ouest. À la tribune, Carnot ose prétendre qu’en Vendée, il a toujours voulu « employer l’arme de la persuasion et ramener les esprits par la douceur » ! Même le cousin Turreau se défausse sur le général. Dénoncé comme criminel, le militaire est arrêté avec les généraux Grignon et Huché.

Son nom est inscrit avec ceux d’autres tortionnaires de la Vendée sur l’Arc de triomphe à Paris.

En prison, le général Turreau rédige des Mémoires pour servir à l’histoire de la guerre de la Vendée. Inquiets de voir leur responsabilité mise au jour, les élus font traîner l’instruction du procès. Lorsque celui-ci s’ouvre, à l’été 1795, Turreau plaide « qu’il n’a agi que d’après les ordres supérieurs, et qu’il y allait de sa tête, s’il ne les avait pas exécutés ». Cent cinquante ans plus tard, à Nuremberg, les accusés se défendront de la même manière.

Prudente, le 26 octobre 1795, la Convention vote une loi d’autoamnistie. Turreau, lui, passe devant un conseil de guerre qui l’acquitte en décembre. Les pièces de son procès vont disparaître : trop compromettantes pour trop de monde ! Réintégré, le général sera nommé par Napoléon ambassadeur aux États-Unis en 1803 et fait baron d’Empire en 1812. Son nom est inscrit avec ceux d’autres tortionnaires de la Vendée sur l’Arc de triomphe à Paris.

“Le Procès du général Turreau”, de Tanneguy Lehideux, Éditions Pays et Terroirs, 416 pages, 30 €.

“Mémoires pour servir à l’histoire de la guerre de la Vendée”, de Louis-Marie Turreau, Éditions Pays et Terroirs, 192 pages, 22,50 €.

Valeurs actuelles Hors Série : Ressusciter le patrimoine français

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France24 - Monde

Biden dévoile un budget aux allures de programme de campagne

Publié le : 09/03/2023 - 22:40Modifié le : 09/03/2023 - 22:38

Philadelphie (Etats-Unis) (AFP) – Promesses sociales, taxes sur les riches: Joe Biden a présenté jeudi un projet de budget qui a peu de chances d'être adopté au Congrès, mais a des allures de programme de campagne pour 2024, ciblant le camp républicain de Donald Trump.

"Mon projet est centré sur l'investissement aux Etats-Unis (...), y compris (pour) les endroits et les gens qui ont été oubliés", a lancé le président démocrate.

Lors d'un discours dans des locaux syndicaux à Philadelphie, dans une Pennsylvanie stratégique pour les élections, Joe Biden, qui officiellement n'a que "l'intention" de se représenter en 2024, semblait déjà en campagne.

Le démocrate de 80 ans a multiplié les appels du pied aux électeurs de Donald Trump, au slogan "Make America great again" ("Rendre à l'Amérique sa grandeur"), ou "MAGA". Et a tenté de montrer à la classe moyenne américaine que les mesures qui lui sont favorables viennent du camp démocrate, et non républicain.

Il assure pouvoir réduire le déficit de près de 3.000 milliards sur 10 ans, un pied de nez à l'opposition républicaine, qui lui reproche régulièrement des dépenses inconsidérées.

Les mesures les plus fortes de son projet n'ont toutefois aucune chance ou presque de passer la barrière du Congrès, car, depuis le début de l'année, les démocrates ne contrôlent plus que le Sénat, l'autre chambre, celle des représentants, étant désormais dominée par les républicains.

Le président républicain de la Chambre des représentants, Kevin McCarthy, a qualifié ce budget de "proposition imprudente qui reproduit les mêmes politiques de dépenses d'extrême gauche qui ont conduit à une inflation record et à notre crise actuelle de la dette".

Joe Biden s'est dit "prêt à le rencontrer à n'importe quel moment demain".

"Juste part"

Les républicains sont bien décidés à ne laisser passer aucune hausse d'impôt.

Or, pour financer son budget, le président américain veut relever le taux d'imposition des entreprises à 28%, contre 21% aujourd'hui, et 35% avant que Donald Trump ne l'abaisse en 2017.

"Je veux réduire les impôts, ils veulent réduire les impôts pour les riches et les grandes entreprises", a taclé Joe Biden.

Autre source supplémentaire de revenus envisagée par le démocrate, l'introduction d'un impôt minimum de 25% pour les milliardaires, soit les 0,01% d'Américains les plus riches.

"Nous devons demander aux plus riches et plus grandes entreprises de commencer à payer leur juste part", a-t-il dit.

Cela doit permettre de financer la mesure phare du projet: assurer pour 25 années supplémentaires le financement d'un régime d'assurance-santé bénéficiant aux Américains de plus de 65 ans, le "Medicare", sans toucher aux prestations.

"Si les républicains MAGA au Congrès essaient d'abroger la loi (...), je ne les laisserai pas faire", a promis Joe Biden.

"Big Pharma" et "Big Oil"

Il a également joué sur la corde sensible de la sécurité pour tenter de séduire l'électorat républicain: "mon budget prévoit des investissements solides dans notre armée et notre défense. Voyons ce que proposent les Républicains MAGA", nom donné à ceux réputés proches de Donald Trump.

Côté dépenses, il entend en réduire certaines jugées "inutiles", ciblant notamment "Big Pharma", c'est-à-dire le secteur pharmaceutique, et "Big Oil", l'industrie pétrolière, à laquelle il reproche régulièrement des profits excessifs.

Cette présentation de budget intervient sur fond de bras de fer sur un autre sujet financier, autrement plus urgent: le "relèvement du plafond de la dette".

Les Etats-Unis, seule puissance industrialisée dans ce cas, doivent régulièrement augmenter, via un vote du Congrès, la capacité d'endettement du gouvernement.

Or ce vote, qui a longtemps été une formalité, est de plus en plus politisé.

Kevin McCarthy, assure que ses troupes ne voteront pas pour relever le plafond de la dette tant que Joe Biden ne bridera pas la dépense publique. Le démocrate, lui, refuse jusqu'ici de négocier, faisant valoir que la dette accumulée au cours des ans par le pays est une responsabilité partagée.

"Il a fallu 200 ans pour accumuler cette dette. (...) Et d'ailleurs, le président Trump, quand il était président, a augmenté la dette nationale de 25%, en quatre ans seulement", a souligné Joe Biden.

L'enjeu n'est pas mince: si le bras de fer se prolonge trop, les Etats-Unis seraient sous la menace d'un défaut de paiement, du jamais-vu, à partir de juillet.

© 2023 AFP

BBC

Ukraine war: Russia fires hypersonic missiles in new barrage

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Watch: Wave of Russian strikes leaves destruction across Ukraine

At least nine people have died in a new wave of strikes across Ukraine in which Russia used powerful weapons, including rare hypersonic missiles.

Russia had reportedly not fired Kinzhal hypersonic missiles - which can evade air defences - since the early months of the conflict.

The latest barrage was the most severe to hit Ukraine for weeks.

It cut power to the Zaporizhzhia nuclear plant - Europe's biggest - although it was later restored.

On Thursday Russian defence ministry spokesman Igor Konashenkov said: "High-precision long-range air, sea and land-based weapons, including the Kinzhal hypersonic missile system, hit key elements of Ukraine's military infrastructure."

It was the biggest day of Russian strikes on Ukraine since the end of January,

The Ukrainian military claimed it had successfully shot down 34 cruise missiles and four Iranian-made Shahed drones.

But it also said it had been unable to intercept the six Kinzhal ballistic missiles - nor was it able to destroy older weapons, such as Kh-22 anti-ship missiles and S-300 anti-aircraft missiles.

"This was a major attack and for the first time with so many different types of missiles," the Reuters news agency quoted a Ukrainian air force spokesperson as saying. "It was like never before."

President Vladimir Putin has highlighted Russia's investment in ballistic hypersonic missiles, which can travel at more than five times the speed of sound.

Nuclear energy operator Energoatom said the strike at the Zaporizhzhia plant had cut off the link between the facility and the Ukrainian power system.

For the sixth time since it was taken over by Russia a year ago, the facility operated on diesel generators until the link was restored later on Thursday.

Electricity is needed for cooling radioactive material present at the plant.

"Today's loss of all external power once again demonstrated how fragile and dangerous the situation is for the Zaporizhzhya Nuclear Power Plant," said Rafael Grossi, the head of the International Atomic Energy Agency (IAEA).

Earlier on Thursday he had called for an international commitment to protect the plant, following a series of strikes since the invasion began.

"Each time we are rolling a dice. And if we allow this to continue time after time then one day our luck will run out," Mr Grossi said.

In the capital Kyiv, emergency services attended the scenes of blasts in western and southern districts.

A missile also hit an energy facility in the port city of Odesa, triggering power cuts, its governor Maksym Marchenko said. Residential areas were also hit but no casualties were reported.

Elsewhere, Ukraine's military says it has pushed back intense Russian attacks on the embattled eastern city of Bakhmut despite Russian forces claiming to have taken control of its eastern half.

Moscow has been trying to take Bakhmut for months, as both sides suffer heavy losses in a grinding war of attrition.

"The enemy continued its attacks and has shown no sign of a let-up in storming the city of Bakhmut," the general staff of the Ukrainian armed forces said. "Our defenders repelled attacks on Bakhmut and on surrounding communities."

Between 20,000 and 30,000 Russian troops have been killed or wounded in the battle for the Ukrainian city of Bakhmut since it began last summer, Western officials say. The figures cannot be verified independently.

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США отвергли использование замороженных активов РФ для экономической помощи Украине

В американском бюджете на 2024 финансовый год экономическая помощь Украине запланирована в размере $469 млн. При этом финансироваться она будет не за счет замороженных активов России, заявил на брифинге 9 марта замгоссекретаря США по вопросам менеджмента и ресурсов Джон Басс.

«Ресурсы, о которых мы сегодня говорим, выделяются из бюджета США. Что-либо касающееся российских активов было бы отдельным разговором», — сказал он.

Басс предложил журналистам задать этот вопрос его более осведомленным в теме коллегам.

Ранее в этот день Белый дом и Госдепартамент опубликовали проект бюджета, который предполагает выделение более $70 млрд на внешнеполитическую деятельность. Бюджет, как сказано в документе, предусматривает целевые инвестиции в американский народ, которые будут способствовать большему процветанию и экономическому росту на десятилетия вперед.

«На помощь Украине предусмотрено выделение $1,7 млрд, которые заложат основу для реформ и восстановления, а также помогут другим партнерам, пострадавшим от конфликта, стабилизировать свои экономики и начать восстановление», — сказано в документе.

Кроме того, проектом бюджета предполагается выделение $10,5 млрд на гуманитарную помощь по всему миру, из которых $469 млн адресованы Украине.

Замедленные в действии: как наши артиллеристы разбивают земляные укрепления ВСУ Украинские потери в январе превысили 11 тыс. боевиков

Проект бюджета США на оборону в 2024 финансовом году предполагает расходы на 3,2% больше, чем в 2023-м. Всего было запрошено $842 млрд.

6 марта стало известно о намерении Еврокомиссии выделить €1 млрд на совместную закупку оружия и боеприпасов для Киева в рамках чрезвычайного пакета поддержки.

13 февраля заместитель директора Института стратегических исследований и прогнозов РУДН, член Общественной палаты РФ Никита Данюк заявил «Известиям», что конгресс США может принять рекордный оборонный бюджет в 2024 году, несмотря на антипатию по отношению к президенту страны Джо Байдену.

В Москве неоднократно осуждали западные поставки оружия на Украину и обучение украинских военных на Западе, отмечая, что это ведет к эскалации конфликта и делает страны НАТО его участником.

Страны Запада усилили военную и финансовую поддержку Киева на фоне спецоперации РФ по защите Донбасса, решение о которой принято на фоне обострения в регионе из-за обстрелов со стороны украинских военных.

France24 - Monde

Catastrophe ferroviaire en Grèce : des poursuites contre trois autres employés des chemins de fer

Publié le : 09/03/2023 - 22:21

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La justice grecque a ouvert jeudi des poursuites pénales contre trois autres employés des chemins de fer, après l'inculpation du chef de gare pour la catastrophe ferroviaire en Grèce ayant fait 57 morts le 28 février. Les trois personnes sont poursuivies notamment pour homicide involontaire par négligence, selon une source judiciaire.

La justice grecque a lancé, jeudi 9 mars, des poursuites pénales contre d'autres responsables présumés de la catastrophe ferroviaire qui a fait 57 morts le 28 février dans le centre de la Grèce, alors que le Premier ministre, bousculé par la colère qui gronde dans le pays, a promis la "transparence absolue" dans l'enquête.

Près de neuf jours après cette collision de trains, des familles et amis de victimes se sont recueillis sur les lieux de l'accident, à Tempé, à l'occasion d'une cérémonie religieuse orthodoxe. Elles ont déposé des photos de leurs proches et des bougies près de la voie ferrée.

Après le chef de la gare de Larissa, la ville la plus proche des lieux de la collision, placé en détention provisoire dimanche, trois autres employés des chemins de fer sont désormais poursuivis, notamment pour homicide involontaire par négligence, selon une source judiciaire.

Deux de ces trois employés sont incriminés pour avoir quitté leur poste de travail plus tôt que prévu le soir du 28 février avant la collision frontale entre un train de passagers reliant Athènes à la deuxième ville du pays, Thessalonique (Nord), et un convoi de marchandises à quelque 350 km au nord d'Athènes.

Le chef de la gare de Larissa, Vassilis Samaras, s'était retrouvé seul aux commandes ce soir-là alors que, selon la presse grecque, il ne disposait que d'une expérience de quelques mois à ce poste.

Tous risquent des peines allant de dix ans de prison à la perpétuité, selon les médias.

Mais outre l'erreur humaine, ce sont les graves lacunes dans le système de sécurité et la vétusté des chemins de fer qui ont été désignés pour expliquer cet accident sur une ligne alors très fréquentée en raison des retours d'un week-end prolongé en Grèce.

Ces défaillances sur fond de déliquescence des services publics dont se plaignent de nombreux Grecs ont fait descendre dans la rue des dizaines de milliers de personnes depuis huit jours.

"Remuer ciel et terre"

Au cri d'"Assassins !", elles réclament des comptes aux dirigeants accusés d'incurie. Dans les cortèges qui ont envahi les rues des grandes villes du pays mercredi, les appels à la démission du gouvernement ont fleuri.

Alors que des élections générales se profilent, le Premier ministre Kyriakos Mitsotakis tente de répondre au courroux d'une population qui a largement perdu confiance dans les institutions depuis la crise financière de 2008-2018.

Durant un conseil des ministres, le conservateur a promis "la transparence absolue" dans l'enquête afin de "déceler les failles" dans le système des transports.

Une promesse en forme de tentative d'apaisement alors que, ces dernières années, la justice grecque a été accusée de partialité dans plusieurs scandales retentissants.

Le Premier ministre, au pouvoir depuis 2019, s'est également engagé à prendre "des actions immédiates pour améliorer la situation problématique dans le transport ferroviaire". Et il a juré de "remuer ciel et terre" pour s'assurer que des améliorations seraient apportées aux systèmes de sécurité sur les lignes de train.

Sans qu'aucune alerte ne soit déclenchée, les deux trains ont circulé sur plusieurs kilomètres sur la même voie avant de se percuter frontalement.

Le mouvement de protestation a culminé mercredi quand quelque 65 000 personnes ont manifesté à travers le pays, dont plus de 40 000 à Athènes.

Certains rassemblements ont été marqués par de violents heurts entre policiers et manifestants.

Le chef du gouvernement, qui doit affronter les urnes d'ici l'été, est étrillé pour avoir tardé à reconnaître les dysfonctionnements dans le réseau ferré, imputant dans un premier temps cet accident à "une tragique erreur humaine".

Jeudi, il a pour la deuxième fois demandé pardon aux familles des victimes, assurant qu'il ne fallait pas "se cacher derrière une série d'erreurs humaines".

"Nous sommes tous responsables, nous devons avoir le courage de l'admettre", a poursuivi Kyriakos Mitsotakis.

Avec AFP

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Известия (RUS)

Сенатора США Макконнелла госпитализировали с сотрясением мозга после падения в отеле

Лидера республиканцев в сенате США Митча Макконнелла госпитализировали с сотрясением мозга после того, как он споткнулся и упал в отеле. Об этом стало известно в четверг, 9 марта.

«Лидер Макконнелл споткнулся во время ужина в среду вечером, был госпитализирован и лечится от сотрясения мозга», — прокомментировал директор по связям с общественностью Макконнелла Дэвид Попп.

В больнице он пробудет еще несколько дней. Пожелания выздоровления ему передали коллеги, а также президент США Джо Байден, сообщил канал NBC News.

Уточняется, что травму Макконнелл получил после мероприятия для Фонда лидерства сената в отеле Waldorf Astoria в Вашингтоне.

17 февраля Митч Макконнелл заявил, что цель США заключается в победе над русскими. По его словам, если украинцы добьются успеха на поле боя, то это сэкономит огромное количество денег в будущем.

16 ноября 2022 года Макконнелл был переизбран лидером республиканцев. Он неизменно возглавляет фракцию в сенате с 2007 года. В ближайшие два года 81-летний политик будет лидером меньшинства.

Известия (RUS)

В результате стрельбы в Гамбурге шесть человек погибли

В районе Альстердорф Гамбурга произошла стрельба, в результате чего шесть человек погибли, несколько пострадали. Двое, по данным телеканала RTL, получили тяжелые ранения, о чем стало известно в четверг, 9 марта.

Как пишет газета Hamburger Morgenpost, количество пострадавших составило 17 человек, девять из них, по ее сведениям, получили тяжелые ранения. Первые сообщения о выстрелах поступили около 21 по местному времени (23 мск). Они раздались в церкви организации «Свидетели Иеговы» (запрещенная в РФ экстремистская организация), передает Az-online.de.

На месте происшествия работают медики и правоохранители, а также пожарные. По некоторой информации, злоумышленникам удалось скрыться.

Жителям города рекомендовали оставаться дома, передает Focus.Ранее этим же днем в Тель-Авиве неизвестный открыл огонь по прохожим на оживленной улице Дизенгоф, в результате чего трое человек было ранено. Полиция расценила происшествие как теракт.

Известия (RUS)

Уголовное дело возбуждено в отношении толкнувшего подростка под поезд в метро мужчины

В отношении Владимира К., который толкнул 15-летнего подростка под прибывающий поезд на станции московского метро «Киевская», возбуждено уголовное дело. Об этом в четверг, 9 марта, сообщила пресс-служба столичной прокуратуры.

«Прокуратура московского метрополитена контролирует расследование обстоятельств произошедшего, а также ход и результаты расследования уголовного дела, возбужденного по факту покушения на убийство», — заявила руководитель пресс-службы ведомства Людмила Нефедова.

Пострадавший подросток выжил после падения на пути, его жизни и здоровью ничто не угрожает. Следственный комитет возбудил уголовное дело по подозрению в покушении на убийство.

Источник «Известий» сообщил о том, что Владимир проходил лечение в психоневрологическом диспансере.

Задержанный не смог пояснить мотивы своего поступка — никакой конфликтной ситуации между ним и пострадавшим не было. При этом мужчина осознавал, что делает, и понимал, что это может привести к смерти подростка.

Его жена Ольга рассказала о том, что ее супруга отправили в дневной стационар на 2-ю Филевскую, откуда его отпустили. Женщина отметила, что ей не сказали в больнице, чем болен муж. По ее словам, супруг лечился только от длительной депрессии.

Известия (RUS)

Рэпер Птаха объяснил длительное молчание нежеланием расстраивать украинскую сторону

Рэпер Птаха (Давид Нуриев) записал 9 марта видеообращение к поклонникам после вброса информации о его попадании под обстрел в прифронтовой зоне на территории Донецкой Народной Республики (ДНР). Эти видео были сняты на полигоне и должны были стать частью видеоотчета артиста.

«Любимые мои подписчики! Так получилось, что два кусочка видео, которые были присланы нашим друзьям, были отправлены кем-то из них — они никогда не признаются — в СМИ или выложены в сеть», — начал он.

Рэпер рассказал, что два фрагмента — части одного видео, которое снимали для отчета в соцсетях о поездке в Донбасс. По его словам, он с коллективом не спали почти двое суток, из них 17 часов провели за рулем.

«Мы приехали, легли спать и выключили телефоны. Приехали мы днем, а кто-то начал форсить (быстро и активно продвигать. — Ред.) это [видео] ближе к вечеру, я так понимаю. Я не стал никого расстраивать, особенно украинскую сторону, потому что люди там так радовались моей смерти», — пояснил он.

Птаха добавил, что после этой утечки кто-то слил номер телефона менеджера и студийный номер в интернет. Эту ситуацию он может охарактеризовать только нецензурными репликами.

«Те, кто переживал, извините. А те, кто радовался, — ну, извините, что я вас обломал», — заключил он.

«Покажите мне артиста, чья карьера на 100% успешна после отъезда» Певица Люся Чеботина — о покинувших страну коллегах, своих винирах и «гелике» за 25 млн

Накануне вечером, 8 марта, Птаха перестал выходить на связь, в сети появились видео о якобы попавшем под обстрел в Донбассе музыканте. После этого появились кадры, на которых запечатлен Птаха. На первых секундах записи появляется сам артист. Затем камера падает из его рук под раздающиеся звуки выстрелов.

Днем 9 марта PR-директор рэпера Марина Евстифеева заявила, что Птаха инсценировал свое попадание под обстрел в ДНР и исчезновение. Музыкант собирался потроллить украинских артистов, которые делают селфи с фронта, но «шутка вышла из-под контроля».

Специальная операция по защите Донбасса, о начале которой президент России Владимир Путин объявил 24 февраля 2022 года, продолжается. Решение было принято на фоне обострения ситуации в регионе из-за обстрелов со стороны украинских военных.

Известия (RUS)

Сенатора США Макконнелла госпитализировали с сотрясением мозга после падения в отеле

Лидера республиканцев в сенате США Митча Макконнелла госпитализировали с сотрясением мозга после того, как он споткнулся и упал в отеле. Об этом стало известно в четверг, 9 марта.

«Лидер Макконнелл споткнулся во время ужина в среду вечером, был госпитализирован и лечится от сотрясения мозга», — прокомментировал директор по связям с общественностью Макконнелла Дэвид Попп.

В больнице он пробудет еще несколько дней. Пожелания выздоровления ему передали коллеги, а также президент США Джо Байден, сообщил канал NBC News.

Уточняется, что травму Макконнелл получил после мероприятия для Фонда лидерства сената в отеле Waldorf Astoria в Вашингтоне.

17 февраля Митч Макконнелл заявил, что цель США заключается в победе над русскими. По его словам, если украинцы добьются успеха на поле боя, то это сэкономит огромное количество денег в будущем.

16 ноября 2022 года Макконнелл был переизбран лидером республиканцев. Он неизменно возглавляет фракцию в сенате с 2007 года. В ближайшие два года 81-летний политик будет лидером меньшинства.

BBC

Afghanistan blast: Taliban governor killed in his office

The Taliban governor of Afghanistan's northern Balkh province has been killed in a suicide attack claimed by the Islamic State (IS) group.

Mohammad Dawood Muzammil was killed in his office in the provincial capital, Mazar-e Sharif, on Thursday.

He is the most senior Taliban official to be killed since the militants returned to power in 2021.

Violence has since decreased sharply, but pro-Taliban figures have been targeted by IS.

Taliban spokesman Zabihullah Mujahid said on Twitter that the governor had been "martyred in an explosion by the enemies of Islam".

Muzammil had led the fight against IS in his previous posting as governor of the eastern province of Nangarhar. He was moved to Balkh last October.

Balkh police spokesperson Mohammed Asif Waziri said the explosion occurred on Thursday morning on the second floor of the governor's office.

"There was a bang. I fell on the ground," Khairuddin, who was wounded in the blast, told AFP news agency. He said he had seen a friend lose a hand in the explosion.

Later on Thursday, IS said one of its soldiers had managed to enter the building and detonate his suicide belt. Some security guards were also killed in the blast, the statement added.

A day earlier provincial Taliban authorities said they had killed eight "rebels and kidnappers" in Mazar-e Sharif.

The Taliban were ousted as Afghanistan's rulers in 2001 - the militant Islamist group swept back to power in August 2021 after US-led forces pulled out.

A string of deadly bomb blasts since then has mainly targeted mosques and minority communities, many claimed by the regional affiliate of the militant Islamic State (IS-K) group, who are bitter rivals of the Taliban.

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Дипломаты оценили данные о пострадавших в результате стрельбы в Тель-Авиве россиянах

Российские дипломаты не располагают сведениями о пострадавших в результате стрельбы в израильском Тель-Авиве россиянах. Об этом в четверг, 9 марта, сообщили в пресс-службе посольства России в Израиле.

При этом консульский отдел дипломатической миссии продолжает следить за ситуацией.

«Обращений от конкретных лиц в посольство России в Израиле не поступало», — цитирует сообщение пресс-службы посольства ТАСС.

Об инциденте стало известно ранее этим же днем, 9 марта. Неизвестный открыл стрельбу на центральной оживленной улице Дизенгоф, в результате чего пострадали три человека. Нападающий был нейтрализован.

По данным The Jerusalim Post, злоумышленников было двое. Полиция расценила происшествие как теракт.

Известия (RUS)

Уголовное дело возбуждено в отношении толкнувшего подростка под поезд в метро мужчины

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«Прокуратура московского метрополитена контролирует расследование обстоятельств произошедшего, а также ход и результаты расследования уголовного дела, возбужденного по факту покушения на убийство», — заявила руководитель пресс-службы ведомства Людмила Нефедова.

Пострадавший подросток выжил после падения на пути, его жизни и здоровью ничто не угрожает. Следственный комитет возбудил уголовное дело по подозрению в покушении на убийство.

Источник «Известий» сообщил о том, что Владимир проходил лечение в психоневрологическом диспансере.

Задержанный не смог пояснить мотивы своего поступка — никакой конфликтной ситуации между ним и пострадавшим не было. При этом мужчина осознавал, что делает, и понимал, что это может привести к смерти подростка.

Его жена Ольга рассказала о том, что ее супруга отправили в дневной стационар на 2-ю Филевскую, откуда его отпустили. Женщина отметила, что ей не сказали в больнице, чем болен муж. По ее словам, супруг лечился только от длительной депрессии.

Известия (RUS)

В Чите выплатят до 400 тыс. рублей пострадавшим от взрыва газа в жилом доме

Пострадавшие от взрыва газа в доме в поселке Антипиха получат до 400 тыс. рублей. Об этом заявил глава минсоцзащиты Забайкалья Дмитрий Семенов в четверг, 9 марта.

Как говорится в заявлении, гражданам, получившим тяжкий вред здоровью, будет оказана помощь в 400 тыс. рублей, легкий вред — 200 тыс. рублей, по 100 тыс. рублей на каждого члена семьи выплатят жильцам, которые полностью лишились имущества. За частичную утрату имущества выделят 50 тыс. рублей, по 10 тыс. рублей получат жильцы, которых эвакуировали из квартир.

Сотрудники минсоцзащиты за выходные дни подготовят списки граждан на выплаты, которые начнутся уже на следующей неделе.

Воздухообман: что приводит к взрывам газа в жилых домах Трагедия в Ступино стала седьмой с начала года

Взрыв произошел в четверг утром в жилом доме на улице Боровой в пригородном поселке Антипиха. В результате происшествия пострадали два последних этажа здания — четвертый и пятый. Повреждения получили не менее пяти квартир. В экстренных службах сообщали, что причиной ЧП могла стать разгерметизация газового баллона.

Для устранения последствий аварии было привлечено 35 человек и девять единиц техники. В настоящее время аварийно-спасательные работы на месте взрыва завершены.

Из-под завалов были спасены 12 человек, в том числе три ребенка, эвакуировано из здания 117 человек. По словам заместителя главного врача краевой детской клинической больницы Диляры Туктаровой, состояние одного из пострадавших детей — семилетнего мальчика — остается тяжелым.

Следственный комитет России (СК РФ) возбудил два уголовных дела: об оказании услуг ненадлежащего качества (ч. 2 ст. 238 УК РФ) и о халатности (ч. 1 ст. 293 УК РФ). Ущерб от взрыва газа в жилом доме в Чите оценивается приблизительно в 12 млн рублей.

Известия (RUS)

Попавший под поезд на Павелецком направлении мужчина скончался

Мужчина, которого сбила электричка возле платформы Чертаново, скончался. Об этом стало известно в четверг, 9 марта.

«Сегодня около 18:35 перед платформой Чертаново Павелецкого направления электропоездом был смертельно травмирован человек. Транспортная полиция и следователи устанавливают обстоятельства произошедшего», — сообщили в пресс-службе управления на транспорте МВД России по ЦФО.

Из-за случившегося происшествия на Павелецком направлении задержались несколько поездов в сторону Москвы. По сведениям корреспондента «Известий», обстановка на Павелецком вокзале была спокойной, без заметных очередей.

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6 марта стало известно о намерении Еврокомиссии выделить €1 млрд на совместную закупку оружия и боеприпасов для Киева в рамках чрезвычайного пакета поддержки.

13 февраля заместитель директора Института стратегических исследований и прогнозов РУДН, член Общественной палаты РФ Никита Данюк заявил «Известиям», что конгресс США может принять рекордный оборонный бюджет в 2024 году, несмотря на антипатию по отношению к президенту страны Джо Байдену.

В Москве неоднократно осуждали западные поставки оружия на Украину и обучение украинских военных на Западе, отмечая, что это ведет к эскалации конфликта и делает страны НАТО его участником.

Страны Запада усилили военную и финансовую поддержку Киева на фоне спецоперации РФ по защите Донбасса, решение о которой принято на фоне обострения в регионе из-за обстрелов со стороны украинских военных.

Известия (RUS)

Рэпер Птаха объяснил длительное молчание нежеланием расстраивать украинскую сторону

Рэпер Птаха (Давид Нуриев) записал 9 марта видеообращение к поклонникам после вброса информации о его попадании под обстрел в прифронтовой зоне на территории Донецкой Народной Республики (ДНР). Эти видео были сняты на полигоне и должны были стать частью видеоотчета артиста.

«Любимые мои подписчики! Так получилось, что два кусочка видео, которые были присланы нашим друзьям, были отправлены кем-то из них — они никогда не признаются — в СМИ или выложены в сеть», — начал он.

Рэпер рассказал, что два фрагмента — части одного видео, которое снимали для отчета в соцсетях о поездке в Донбасс. По его словам, он с коллективом не спали почти двое суток, из них 17 часов провели за рулем.

«Мы приехали, легли спать и выключили телефоны. Приехали мы днем, а кто-то начал форсить (быстро и активно продвигать. — Ред.) это [видео] ближе к вечеру, я так понимаю. Я не стал никого расстраивать, особенно украинскую сторону, потому что люди там так радовались моей смерти», — пояснил он.

Птаха добавил, что после этой утечки кто-то слил номер телефона менеджера и студийный номер в интернет. Эту ситуацию он может охарактеризовать только нецензурными репликами.

«Те, кто переживал, извините. А те, кто радовался, — ну, извините, что я вас обломал», — заключил он.

«Покажите мне артиста, чья карьера на 100% успешна после отъезда» Певица Люся Чеботина — о покинувших страну коллегах, своих винирах и «гелике» за 25 млн

Накануне вечером, 8 марта, Птаха перестал выходить на связь, в сети появились видео о якобы попавшем под обстрел в Донбассе музыканте. После этого появились кадры, на которых запечатлен Птаха. На первых секундах записи появляется сам артист. Затем камера падает из его рук под раздающиеся звуки выстрелов.

Днем 9 марта PR-директор рэпера Марина Евстифеева заявила, что Птаха инсценировал свое попадание под обстрел в ДНР и исчезновение. Музыкант собирался потроллить украинских артистов, которые делают селфи с фронта, но «шутка вышла из-под контроля».

Специальная операция по защите Донбасса, о начале которой президент России Владимир Путин объявил 24 февраля 2022 года, продолжается. Решение было принято на фоне обострения ситуации в регионе из-за обстрелов со стороны украинских военных.

Известия (RUS)

Опубликован допрос толкнувшего подростка под поезд в метро Москвы мужчины

Появилось видео с допросом Владимира К., толкнувшего 15-летнего мальчика под прибывающий поезд на станции метро «Киевская». В четверг, 9 марта, видео опубликовало МВД России.

Задержанный не смог пояснить мотивы своего поступка — никакой конфликтной ситуации между ним и пострадавшим не было. При этом мужчина осознавал, что делает, и понимал, что это может привести к смерти подростка.

Также задержанный на видео раскаялся в содеянном.

Ранее в этот день источник «Известий» сообщил о том, что Владимир проходил лечение в психоневрологическом диспансере.

Его жена Ольга рассказала о том, что ее супруга отправили в дневной стационар на 2-ю Филевскую, откуда его отпустили. Женщина отметила, что ей не сказали в больнице, чем болен муж. По ее словам, супруг лечился только от длительной депрессии.

Пострадавший подросток выжил после падения на пути, его жизни и здоровью ничто не угрожает. Следственный комитет возбудил уголовное дело по подозрению в покушении на убийство.

Valeurs Actuelles

Ode à la Résistance en Paca

Les réseaux de la liberté, c’est le nom de la bande dessinée à paraître le 8 mars prochain aux éditions Plein Vent. Au cœur de l’intrigue : les réseaux de la Résistance destinés à sauver des juifs à partir de 1942, alors que les persécutions à leur encontre s’installent. La brutalité des mesures antisémites réveille la bravoure spontanée de centaines de Français de milieux différents. Ils seront des “Justes parmi les nations”, la plus haute distinction civile accordée aux non-juifs par Israël. Le projet des auteurs, Yvon Bertorello, Serge Scotto et Éric Stoffel : honorer leur mémoire.

Le récit s’appuie notamment sur les sources historiques de Yad Vashem, dont le soutien était une condition sine qua non au lancement du projet. L’institution dédiée à la mémoire des victimes de la Shoah dispose d’une importante base de données constituée d’archives et de témoignages. Elle décerne après une enquête scrupuleuse le titre de Juste à ceux pour qui un descendant de rescapé en a fait la demande.

David Sztabholz, délégué général de Yad Vashem France, s’emploie à entretenir cette mémoire et à la transmettre. Un véritable défi, selon lui, alors que les Justes survivants sont « presque tous centenaires ». Animé d’un enthousiasme non feint, il salue le défi ambitieux au « résultat très fidèle d’un fantastique récit avec du suspense », qui « aborde l’histoire d’une manière simple et complète. Tout ce qui peut permettre de rappeler l’histoire de la Shoah est important », il y voit déjà une ressource pour l’enseignement. Selon lui, les Justes incarnent les valeurs républicaines et « montrent que tout le monde pouvait sauver des juifs ».

Les Alpes-Maritimes, théâtre de la résistance des Justes

Yvon Bertorello, ravi de mettre en avant « le destin extraordinaire de personnes ordinaires », bénéficie d’une formation d’historien. « L’histoire des Justes est trop peu connue, je voulais mettre en avant le courage de ces gens qui sont bien plus nombreux qu’on ne le croit », confie-t-il à Valeurs actuelles. « J’ai découvert des histoires et témoignages émouvants, rencontré des descendants d’enfants sauvés qui témoignent d’une reconnaissance intacte, se transmettant depuis trois générations », ajoute le scénariste. Il rappelle le rôle fondamental de l’Église catholique, « première contributrice des sauvetages », regrettant le silence occultant cette réalité. Mais selon lui, « l’Église peut marcher la tête haute ». Elle est la première institution internationale à mettre en garde contre le nazisme. Dès 1937, l’encyclique Mit brennender Sorge (Avec une brûlante inquiétude) de Pie XI, à destination de l’Église d’Allemagne, condamne fermement cette idéologie.

En première page de la BD figure la lettre pastorale de l’archevêque de Toulouse, d’août 1942, lue dans les églises de son diocèse. Invoquant une « France chevaleresque et respectueuse », il s’oppose publiquement aux déportations. Ce document historique marque un tournant dans l’attitude de l’Église de France.

Les trois premiers tomes de la BD font évoluer les personnages dans les Alpes-Maritimes. Un choix évident selon Yvon Bertorello : « Il était logique de s’intéresser d’abord à notre propre région. » Sur les 330 Justes de Paca, 141 sont maralpins. Dans plusieurs couvents comme à Peille, les sœurs ont caché des enfants juifs parmi des catholiques. « Ils suivaient la messe comme tous les autres. Pendant des années, tout le monde savait, personne n’a parlé », abonde l’auteur. Dans les Bouches-du-Rhône, à Marseille, un moine capucin a sauvé plus de 2 000 enfants à lui seul. C’est aussi dans la région qu’étaient implantés deux importants réseaux : celui de Pierre Merli, du nom d’un fonctionnaire de Vichy jouant double jeu, et le réseau Marcel. Ce dernier est dirigé par un couple de juifs réfugiés qui s’appuie sur le clergé local, dont l’évêque de Nice : 527 enfants ont été placés, l’évêque attribuant les faux papiers et répartissant les enfants au sein d’institutions religieuses ou dans des familles de fidèles. Tous ont été sauvés. C’est l’histoire que raconte ce premier album, dans le décor niçois.

Les informations que collecte Yvon Bertorello, c’est Serge Scotto et son “binôme habituel”, Éric Stoffel, qui les traduisent en BD. À l’instar du récit, le dessin de chaque planche répond à l’exigence d’épouser le réel. Les environnements, dont Frédéric Allali est spécialiste, témoignent d’une rigueur minutieuse. « On ne voulait pas faire d’erreurs », précise Éric Stoffel. « S’il y avait le moindre doute, Yvon retournait sur les lieux rien que pour les photographier », s’amuse l’artiste, qui revendique un travail plein « de respect et de sérieux », avec Michel Espinosa, l’autre dessinateur.

Convaincu de « l’importance de souligner la beauté de la volonté et des bons sentiments face au rouleau compresseur de l’horreur », contrebalançant le pessimisme de la banalisation du mal, Éric Stoff el propose d’adopter le regard de l’enfant. Le personnage principal de la BD, seul protagoniste fi ctif mettant chaque récit en relation, reste dans l’incompréhension. « J’étais touché par cette perspective. C’est lui qui a raison de ne pas comprendre. » L’ingénuité de ce petit garçon, c’est celle que proposent avec sobriété les Réseaux de la liberté et les tomes suivants pour revivre ces pages de l’Histoire.

Valeurs actuelles Hors Série : Ressusciter le patrimoine français

Valeurs actuelles Grands Débats : Wokisme, la nouvelle tyrannie

Valeurs actuelles Hors-série : Les moines

Известия (RUS)

Три человека пострадали в результате стрельбы в Тель-Авиве

Неизвестный открыл огонь по прохожим на оживленной улице Дизенгоф в Тель-Авиве, в результате чего трое человек было ранено. Об этом сообщает в четверг, 9 марта, Ynet.

«Трое раненых были эвакуированы в городскую больницу «Ихилов»: один в критическом состоянии, один в тяжелом состоянии и еще один в состоянии средней тяжести», — говорится в материале.

Как пишет Jewish News Syndicate, полиция расценила происшествие как теракт. Нападающий был нейтрализован. При этом, по данным The Jerusalem Post, злоумышленников было двое. Второй, предположительно, скрылся, его разыскивают правоохранители.

Сообщается, что под обстрел попали молодые люди в возрасте 20 лет. Очевидец, который живет недалеко от места произошедшего, рассказал, что услышал около восьми выстрелов.

Спусковой урок: почему в России повторяются трагедии со стрельбой И спасет ли от этого постоянная передача правоохранителям информации о психическом здоровье владельцев оружия

Ранее в этот день мужчина в Нижневартовске открыл стрельбу с балкона девятого этажа по прохожим и прибывшим на место происшествия спасателям. Он также угрожал убить сына, которого взял в заложники, и требовал переговоров с руководством Следственного комитета РФ. Сотрудники полиции смогли убедить захватчика сдаться и освободить ребенка.

На стрелка завели два уголовных дела: о незаконном лишении свободы (ст. 127 УК РФ) и о посягательстве на жизнь сотрудника правоохранительного органа (ст. 317 УК РФ).

Известия (RUS)

Жена рассказала о попытке толкнувшего под поезд подростка в метро Москвы задушить ее

Жена мужчины, который толкнул подростка под поезд в метро Москвы, рассказала, что, до того как напасть на молодого человека, ее муж в начале февраля пытался задушить ее саму. Как сообщила Ольга Васильева 9 марта, мужчина пытался напасть на нее дома.

Она также предположила, что супруг мог принять за нее пострадавшего молодого человека, скорее всего, юноша был похож на Васильеву.

«Первый раз и единственный 7 февраля он пытался меня задушить дома, поэтому он и оказался в больнице. 100% он мальчика не знал. Скорее всего, подросток моего роста и выглядит, как я. На месте подростка, вероятнее всего, должна была быть я», — рассказала она.

Также, по ее словам, в больнице, где находился ее муж, врачи не сообщили ей, чем он болен. Она отметила, что супруг лечился только от длительной депрессии.

«Его сегодня выпихнули без родни, без всего из ПНД (психоневрологический диспансер — Ред.). Из психбольницы имени Алексеева его отправили в дневной стационар на 2-ю Филевскую, а там ординатор отпустила его до моего приезда», — пожаловалась она.

Неконтролируемый приступ: как можно угодить в психбольницу Почему ряд экспертов выступает против принятия нового закона о психиатрической помощи

Инцидент произошел ранее в этот день на станции «Киевская» кольцевой линии. Мужчина 1961 года рождения толкнул 15-летнего подростка прямо под поезд. Как уточнили в столичной прокуратуре, пострадавшему юноше ничего не угрожает, он жив.

Напавший на него нарушитель был задержан пассажирами, которые передали его полицейским. Следственный комитет возбудил уголовное дело по подозрению в покушении на убийство. Мужчина состоит на учете в психоневрологическом диспансере.

Известия (RUS)

Радиус поражения в случае успеха теракта в Тирасполе составил бы 400 м

Радиус поражения в Тирасполе в Приднестровской Молдавской Республике (ПМР) в случае, если бы террористы добились успеха, составил бы 400 м. Об этом говорится в опубликованном 9 марта видеосюжете, который подготовил Первый приднестровский телеканал по материалам министерства госбезопасности.

«В случае реализации плана… радиус поражения взрывного устройства составил бы до 400 м», — говорится в комментарии спецслужб.

Также, по словам прокурора республики Анатолия Гурецкого, состав взрывного устройства говорит о том, что готовился крупный теракт.

В качестве организатора назван Вячеслав Кисничан, которому Служба безопасности Украины, предположительно, должна была выплатить $2,5 тыс.

«Мы будем обращаться к Украине с требованием дать разъяснение» Глава МИД Приднестровья Виталий Игнатьев — о попытке теракта в Тирасполе и причастности к этому разных стран

Ранее в этот же день министерство госбезопасности ПМР сообщило о том, что в Приднестровье предотвращено покушение на ряд должностных лиц республики. Глава МИДа республики Виталий Игнатьев заявил, что покушение готовилось в том числе на президента республики Вадима Красносельского.

Также сообщалось, что Красносельский был предупрежден о том, что в республике готовится террористический акт.

Игнатьев в разговоре с «Известиями» назвал целью планировавшегося теракта подрыв системы госуправления.

Вместе с тем Гурецкий полагает, что целью готовившегося в Приднестровье теракта была дискредитация Российской Федерации и российских миротворцев.

Известия (RUS)

Протестующие в Грузии требуют отставки правительства

Протестующие в Грузии выдвинули новый ультиматум властям. Об этом в четверг, 9 марта, сообщает корреспондент «Известий» Александр Сафиулин с места событий.

Огромное количество митингующих в центре Тбилиси требует от правительства уйти в отставку. На сцене выступает один из представителей оппозиции и организаторов протеста.

«Он периодически выкрикивает антироссийские лозунги и призывает бороться с Россией», — передает корреспондент.

По словам Сафиулина, толпа радостно скандирует после каждого заявления.

Улица против мечты: к чему приведут новые акции протеста в Грузии Правящая партия отозвала скандальный закон, но оппозиция не думает расходиться

Ранее в этот день сообщалось, что протестующие в касках и респираторах собрались в центре Тбилиси.

7 и 8 марта в Тбилиси прошли масштабные акции протеста после принятия парламентом страны в первом чтении законопроекта «О прозрачности иностранного влияния». Документ предполагает создание реестра неправительственных организаций и СМИ, получающих зарубежное финансирование. 9 марта волнения продолжились.

Однако днем 9 марта правящая партия Грузии «Грузинская мечта» отозвала оба законопроекта об иноагентах. Тем не менее представитель партии «Гирчи — больше свободы!» Цотнэ Коберидзе заявил, что протесты в Тбилиси продолжатся.

В свою очередь, президент Грузии Саломе Зурабишвили назвала отзыв законопроекта об иноагентах победой общества.

Известия (RUS)

Врач предупредила об опасности красного мяса для здоровья

Врач-гастроэнтеролог «Теледоктор24» Екатерина Есакова рассказала, чем опасно красное мясо для здоровья человека. Специалист объяснила в четверг, 9 марта, что частое употребление в пищу говядины, свинины и баранины может повышать уровень холестерина и артериального давления.

По словам гастроэнтеролога, существуют исследования, доказывающие связь повышенного употребления этих видов мяса и риска развития онкологии толстого кишечника.

Специалист рекомендует ограничить употребление в пищу этих видов красного мяса людям, для которых существует риск по сердечно-сосудистым заболеваниям и онкозаболеваниям кишечника.

По мнению гастроэнтеролога, не стоит забывать о питательных веществах, которые содержатся в говядине, свинине и баранине — например, витаминах группы В, железе, цинке, селене.

Полный фарш: почему врачи выступают против отказа от мяса Эксперты рассказали о пользе конины и крольчатины

«Если человек решает отказаться от мяса, ему следует разнообразить свой рацион продуктами растительного происхождения, содержащими достаточное количество нутриентов», — цитирует специалиста «Газета.Ru».

Ранее, 4 марта, эксперт, врач-диетолог клиник «Атлас» Анастасия Ефимова рассказала, что в красном мясе содержится цинк, который полезен для здоровья глаз. По ее словам, он может снизить риск развития у человека катаракты.

France24 - Monde

Assistants d'eurodéputés MoDem: un procès pour Bayrou et dix autres cadres centristes

Publié le : 09/03/2023 - 21:28Modifié le : 09/03/2023 - 22:03

Paris (AFP) – Nouveau caillou de taille dans la chaussure de la majorité: deux juges d'instruction parisiennes ont ordonné jeudi un procès en correctionnelle visant François Bayrou et dix autres personnes dans l'affaire de l'emploi irrégulier d'assistants d'eurodéputés du MoDem.

Dans leur ordonnance de renvoi, consultée par l'AFP, les magistrates sont catégoriques: "des assistants parlementaires ont travaillé au profit du parti centriste alors qu'ils étaient rémunérés par le Parlement européen".

Si ces délits présumés n'ont pas causé "d'enrichissement personnel des députés ou des cadres du parti", ils ont "bénéficié" à l'ex-UDF et à son successeur le Modem en allégeant leur masse salariale, estiment les deux magistrates.

Les onze cadres centristes de l'époque, parmi lesquels figurent aussi l'ancien garde des Sceaux Michel Mercier ou l'ex-eurodéputé Jean-Luc Bennahmias, mais aussi l'ex-UDF et le MoDem en tant que personnes morales, seront donc prochainement jugés par le tribunal correctionnel de Paris, principalement pour "détournement de fonds publics", complicité ou recel de ce délit.

Selon l'ordonnance, François Bayrou, actuel Haut-commissaire au Plan et proche allié d'Emmanuel Macron, "apparaît comme le décideur et le responsable de la mise en place et du fonctionnement du système frauduleux" mis en cause.

Il sera jugé pour "complicité par instigation de détournements de fonds publics commis entre juin 2005 et janvier 2017, en qualité de président du parti UDF puis Modem".

Début février, M. Bayrou avait récusé tout emploi fictif et autres "procédés" de détournement de fonds publics au sein de son parti.

Non-lieu pour Goulard

Pour les juges pourtant, "au regard du mode de fonctionnement des partis (...) et du poids de ses deux têtes, François Bayrou et Marielle de Sarnez", décédée en janvier 2021 et qui ne fait donc plus l'objet de poursuites, "il apparaissait clairement que les arbitrages et instructions données avaient été de leur fait".

"Les détournements des fonds européens ont été organisés par les partis politiques UDF et (son successeur) MoDem dont la responsabilité est engagée et plusieurs personnes, membres de la gouvernance des partis en mettant en place les rouages nécessaires au système frauduleux, ont été identifiées comme complices des détournements", analysent les magistrates.

Les députés européens mis en cause ont, eux, "été les vecteurs de ces détournements par l'emploi fictif d'assistants parlementaires au profit exclusif du parti politique".

Malgré les demandes contraires du parquet, un non-lieu a été ordonné pour Sylvie Goulard, qui avait démissionné du ministère des Armées après les révélations sur ces faits, ainsi que pour l'ex-eurodéputée Nathalie Griesbeck.

Les juges considèrent Mme Goulard comme "étrangère aux détournements réalisés" et pensent qu'"aucun élément ne permet d'attester qu'elle ait eu conscience d'employer" un assistant parlementaire travaillant un court temps pour le parti centriste, même si "elle a pu être négligente".

Pas de procès non plus pour l'actuelle députée MoDem Maud Gatel, assistante parlementaire de Marielle de Sarnez jusqu'en 2009, conformément aux demandes du ministère public.

Démissions

"Six années d'enquête et d'instruction, pour que, année après année, la plupart des accusations disparaissent. Nathalie Griesbeck, Robert Rochefort, Mme Goulard, Maud Gatel et deux ans après sa mort Marielle de Sarnez sont lavés du soupçon de détournement", a réagi sur Twitter François Bayrou.

"Ne restent mis en cause que quatre ou cinq contrats (à temps partiel) datant d'il y a quinze ans", soit "moins de 2% de la masse salariale" de l'UDF puis du MoDem, a-t-il souligné.

L'enquête avait débuté en mars 2017 après la dénonciation d'une ancienne élue Front national, Sophie Montel, sur des emplois fictifs de collaborateurs de dix-neuf de ses collègues de tous bords.

Puis un ancien collaborateur du MoDem, Matthieu Lamarre, avait affirmé avoir été en partie rémunéré en 2011 comme assistant de M. Bennahmias alors qu'il travaillait pour le parti à Paris.

Ces révélations avaient fragilisé le MoDem, principal allié du président Macron, et entraîné la démission de François Bayrou, alors garde des Sceaux, Marielle de Sarnez (Affaires européennes) et Sylvie Goulard, un mois après leur entrée au gouvernement en 2017.

Les investigations ont essentiellement visé la législature européenne 2009-2014 mais aussi, dans une moindre mesure, les législatures antérieure et postérieure.

Le préjudice du Parlement européen est évalué à 1,4 million d'euros. Selon M. Bayrou, "il ne reste aujourd'hui que quelque 300.000 € (...) que nous contesterons de toutes nos forces".

Des enquêtes comparables visent le Rassemblement national (RN), dont le dossier est en cours de clôture, et La France insoumise (LFI).

© 2023 AFP

Известия (RUS)

Глава ЦРУ назвал следующие полгода самыми критичными для конфликта на Украине

Последующие полгода будут самыми критичными для конфликта на Украине. Об этом 9 марта заявил директор Центрального разведывательного управления (ЦРУ) США Уильям Бернс.

«В контексте разведданных следующие несколько месяцев, четыре, пять, шесть, станут критичными на поле боя на Украине», — указал он во время слушаний в комитете конгресса.

По данным американской разведки, российские военные за это время смогут добиться тактических успехов, которые в то же время глава ЦРУ заведомо счел незначительными.

«Осталось немножко, маленький рубеж, и войдем в Авдеевку» Как экипажи САУ «Гвоздика» поддерживают наступление российских войск в донецкой агломерации

Ранее 9 марта офицер разведки морской пехоты США в отставке Скотт Риттер предположил, что Россия может вскоре лишить Украину выхода к Черному морю, создав сухопутный мост.

3 марта американский госсекретарь Энтони Блинкен объявил о выделении Украине нового пакета военной помощи на сумму $400 млн. Как уточняется, помощь будет включать боеприпасы для реактивных систем залпового огня HIMARS, боекомплекты для БМП Bradley, а также понтонные переправы.

2 марта председатель комитета Совета Федерации по международным делам Григорий Карасин допустил, что если Вашингтон и страны НАТО перестанут усиленно вооружать современными видами оружия киевский режим, тогда можно допустить, что конфликт может быстро окончиться.

Специальная операция по защите Донбасса, о начале которой президент РФ Владимир Путин объявил 24 февраля 2022 года, продолжается. Решение было принято на фоне обострения ситуации в регионе из-за обстрелов со стороны украинских военных.

France24 - Monde

Israël : trois blessés par balles à Tel-Aviv, l'auteur de l'attaque abattu par la police

Publié le : 09/03/2023 - 20:23

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Trois personnes ont été blessées par balles jeudi soir en plein centre de Tel-Aviv, dans une attaque qualifiée de "grave attentat"  par le ministre de la Sécurité intérieure Itamar Ben Gvir. Ce dernier a précisé que la police "a éliminé le terroriste odieux et a sauvé de nombreuses vies".

Trois personnes ont été blessées lors d'une fusillade à Tel-Aviv, en Israël, jeudi 9 mars, dans un "attentat terroriste" dont l'auteur a été abattu, selon les autorités israéliennes.

Les tirs ont eu lieu sur l'avenue Dizengoff, prisée des noctambules, en plein centre de Tel-Aviv --où un attentat palestinien avait fait trois morts en avril 2022-- alors que des opposants au projet de réforme judiciaire du gouvernement manifestaient ailleurs dans la ville.

"Nous avons évacué trois blessés par balles, un dans un état critique, un blessé grave, et un léger", a indiqué plus tôt Eli Bin, directeur du Magen David Adom (Mada), l'équivalent israélien de la Croix-Rouge, sur Kan, la chaîne de télévision publique.

"Grave attentat à Tel-Aviv [...] je félicite le policier qui, dans un acte courageux, a éliminé le terroriste odieux et a sauvé de nombreuses vies", a déclaré ensuite le ministre de la Sécurité intérieure Itamar Ben Gvir, selon un communiqué publié par son bureau.

Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu en visite officielle à Rome a souhaité "un prompt rétablissement aux blessés", dans une brève intervention télévisée. La police n'a pas publié l'identité de l'auteur des tirs.

Sans revendiquer l'attentat, le Jihad islamique palestinien a publié un communiqué voyant dans l'"opération de Tel-Aviv [...] une réponse naturelle aux crimes de l'occupation".

Joint au téléphone par l'AFP à Nilin, ville palestinienne près de Ramallah, en Cisjordanie occupée, Salah Khawaja a dit avoir appris par les réseaux sociaux que son fils Motaz Khawajah, 23 ans, connu comme un sympathisant du Hamas, était l'auteur de l'attentat. Une cérémonie de condoléances a débuté dans cette ville, selon un voisin.

Interrogé sur ce qu'il ressentait, Salah Khawajah a déclaré : "Je pense que c'est une réaction normale pour tout jeune qui voit chaque jour l'injustice et les meurtres commis par l'armée israélienne". Il a précisé que son fils était célibataire et gérant de boutique à Nilin.

Un climat de regain marqué des violences

L'attentat survient dans un climat de fortes tensions et de regain marqué des violences liées au conflit israélo-palestinien depuis l'entrée en fonctions fin décembre d'un des gouvernements les plus à droite de l'histoire d'Israël, sous la conduite de Benjamin Netanyahu.

Trois Palestiniens armés parmi lesquels deux combattants du Jihad islamique ont été tués jeudi matin lors d'une opération militaire israélienne dans le nord de la Cisjordanie occupée. Le Jihad islamique et le Hamas, autre mouvement islamiste palestinien, ont promis de venger leurs morts.

Mardi déjà, plusieurs groupes armés palestiniens avaient appelé à venger la mort de six Palestiniens (parmi lesquels l'auteur d'une attaque fatale à deux Israéliens fin février, et au moins trois autres combattants) tués lors d'un raid de l'armée israélienne dans le nord de la Cisjordanie.  

Au cours d'une brève visite à Tel-Aviv jeudi, le ministre de la Défense américain Lloyd Austin, a plaidé pour une "désescalade" alors que les appels au calme à répétition de l'ONU retentissent dans le désert.

Depuis le début de l'année, le conflit israélo-palestinien a coûté la vie à 76 Palestiniens (parmi lesquels des membres de groupes armés et des civils, dont des mineurs), 12 civils (dont trois mineurs) et un policier israéliens, ainsi qu'une Ukrainienne, selon un décompte de l'AFP réalisé à partir de sources officielles israéliennes et palestiniennes.

Avec AFP

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Trois Palestiniens tués par les forces israéliennes en Cisjordanie occupée

Conflit israélo-palestinien

Choqué par "le pogrom" à Huwara, un Israélien recueille 460 000 euros pour les Palestiniens

En Israël, répression violente d'une manifestation d'opposants à la réforme judicaire

Opex 360

La construction des locaux du Commandement de l’Espace va débuter, pour 80 millions d’euros

par Laurent Lagneau · 9 mars 2023

Créé en septembre 2019, le Commandement de l’Espace [CdE] est actuellement hébergé par le Centre national des études spatiales [CNES], à Toulouse. Mais cette solution n’est que provisoire… puisqu’il a rapidement été question de construire des locaux adaptés pour accueillir, d’ici 2025 le Centre militaire d’observation par satellites [CMOS] 1/92 Bourgogne et le Centre opérationnel de surveillance militaire des objets spatiaux [COSMOS].

« Ce sera un projet ambitieux qui implique la création de nouvelles infrastructures ainsi que le développement de moyens techniques modernes tels que le traitement massif de données, l’aide à la décision par l’intelligence artificielle, la réalité augmentée, la connectivité, etc », avait ainsi expliqué le général Michel Friedling, alors à la tête du CDE.

Aussi, en octobre dernier, un « bail à construction », d’une durée de quarante ans, a été signé pour permettre d’installer le bâtiment du CDE mais aussi celui du Centre d’excellence Otan [COE] dédié à l’espace sur une parcelle appartenant au CNES. C’est à dire « au coeur spatial français et européen » afin de, selon l’armée de l’Air & de l’Espace [AAE] de « maximiser les synergies avec ce dernier. »

Depuis, le Service d’Infrastructure de la Défense [SID] a pris la main sur ce dossier. En effet, ce 9 mars, le ministère des Armées a indiqué que celui-ci venait de notifier à Bouygues Centre Sud-Ouest le contrat de construction des futurs locaux du CdE et du COE.

Cette notification « fait suite à la signature du bail à construire liant le Centre national d’études spatiales [CNES] au ministère des Armées », est-il rappelé dans le texte. Celui-ci précise que ce chantier, « sous la maîtrise d’ouvrage du SID », coûtera 80 millions d’euros.

Il s’agira pour Bouygues Centre Sud-Ouest de constreure un premier bâtiment d’une superficie de 11’000 mètres carrés, pouvant accueillir jusqu’à 500 personnes. Il sera dédié à quatre fonctions principales : soutien aux capacités spatiales, appui spatial aux opérations interarmées, connaissance de la situation spatiale et action dans l’espace.

Le bâtiment destiné au Centre d’excellence de l’Otan sera plus modeste, avec une capacité d’accueil d’une cinquantaine de permanents [français et étrangers]. « La parcelle fera l’objet d’un aménagement et d’une sécurisation avec création d’un poste d’accueil et de filtrage », souligne le ministère des Armées.

Ce projet prendra évidemment en compte les impératifs de « résilience » et de « continuité de service », tout en s’inscrivant dans une démarche de « développement durable », avec le recours à une « architecture bio-climatique », à des « matériaux bio-sourcés » et aux énergies renouvelables [via des panneaux photovoltaïques].

« Ces futurs locaux marquent une nouvelle étape dans le déploiement et la montée en puissance du CDE en lien étroit avec le CNES. Au niveau local, le nouveau bâtiment du CDE incarnera le symbole du spatial militaire français, inscrivant Toulouse et sa région comme centre spatial de défense dynamique », a conclu le ministère des Armées.

France24 - Monde

Andreï Medvedev, ex-mercenaire du groupe Wagner : "Je demande pardon au peuple ukrainien"

Publié le : 07/03/2023 - 10:31

Marc PERELMAN

Déserteur russe du groupe Wagner, Andreï Medvedev a fui en Norvège. Cet ex-mercenaire de 26 ans est entré illégalement dans le pays dans la nuit du 12 au 13 janvier pour y demander l’asile. Depuis Oslo, il répond aux questions de Marc Perelman sur le groupe paramilitaire. Il explique avoir combattu pour le groupe paramilitaire Wagner en Ukraine et avoir été témoin "d’un grand nombre de choses". Il assure cependant ne pas pouvoir en parler, réservant ces informations aux enquêteurs norvégiens.

Andreï Medvedev, qui a combattu entre juillet et novembre 2022 pour le groupe paramilitaire Wagner en Ukraine, a trouvé refuge en Norvège. Il affirme l’avoir fait en raison des méthodes et des ordres des commandants de Wagner. Selon l'ex-mercenaire, les hommes étaient envoyés au combat comme de la chair à canon et les déserteurs de Wagner ont subi des "conséquences terrifiantes", comme l'exécution à l’aide d’une masse de l’un d’entre eux, une scène horrible filmée et diffusée par Wagner. 

Andreï Medvedev dit avoir été témoin "d’un grand nombre de choses" mais avoue ne pas pouvoir en parler. Il nie le fait que les troupes régulières de Wagner aient commis des exactions contre des civils mais affirme que les commandants de Wagner ont, eux, des choses à se reprocher. Il refuse de donner maintenant plus de précisions sur ces crimes et ajoute réserver ces informations aux enquêteurs norvégiens.

Prigojine, un "malade" qui "finira liquidé par ses hommes"

En ce qui concerne Evguéni Prigojine, le patron de Wagner, Andreï Medvedev dit l’avoir vu dans un centre de formation en train d'encourager ses hommes, en affirmant que la ville de Bakhmout avait déjà été quasiment conquise. L'ex-mercenaire explique avoir exprimé son désaccord et avoir été enfermé dans un container pendant plusieurs jours. Prigojine est, selon lui, un "malade" qui a l’impression de pouvoir faire ce qu'il veut. Il pense qui finira "liquidé par ses propres hommes". Il ajoute toutefois qu’il continue à obéir au président russe Poutine, auquel cas il ne serait plus là. Mais Andreï Medvedev se dit surpris de voir les récentes apparitions publiques de Prigojine, qui a notamment dénoncé le manque de soutien logistique et de munitions. Il dit ne pas comprendre comment ces "insultes contre l'armée russe" sont tolérées alors que toute critique de la guerre est interdite en Russie.

Andreï Medvedev demande pardon au peuple ukrainien, dont il loue le courage et la résistance. Il insiste sur le fait qu’il ne faut pas faire l'amalgame entre le peuple de la Russie, victime de la propagande du pouvoir, et les dirigeants russes qui ont décidé cette guerre. Il espère obtenir l’asile en Norvège. S’il est renvoyé en Russie, il affirme qu’il y retournera "avec la vérité qu’il a apprise" et qu’il acceptera alors son sort.      

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.cls-6{fill:#fff;stroke:#fff;stroke-miterlimit:10;stroke-width:.2px} LE FIL DU 4 MARS

À Bakhmout, l'étau se resserre autour des troupes ukrainiennes

Guerre en Ukraine : un ex-commandant russe de Wagner demande l'asile à la Norvège

Ukraine, un an après

"D'escadrons de la mort" à "chair à canon", l'année sanglante des mercenaires du groupe Wagner

Известия (RUS)

Прокурор Приднестровья назвал дискредитацию РФ целью попытки теракта

Целью готовившегося в Приднестровье теракта была дискредитация России и российских миротворцев. Об этом 9 марта заявил прокурор Приднестровской Молдавской Республики (ПМР) Анатолий Гурецкий.

«Спецслужбы Украины сориентированы на то, чтобы любым способом дискредитировать подразделения российской армии», — заметил Гурецкий в комментарии телеканалу «Первый приднестровский».

По его словам, спецслужбы соседней страны интересуются находящейся в Приднестровье оперативной группой войск РФ, которая помогает проводить миротворческую операцию и охраняет склады с устаревшими боеприпасами в селе Колбасна. Он также отметил, что состав обнаруженного взрывного устройства говорит о том, что готовился крупный теракт.

Согласно материалам министерства госбезопасности ПМР, организатор теракта в Тирасполе должен был получить $2,5 тыс. от Службы безопасности Украины (СБУ) за его исполнение. В качестве организатора назван Вячеслав Кисничан. Кроме того, отмечается, что если бы террористы добились успеха, то радиус поражения от взрыва составил бы 400 м.

Плющит и Колбасна: для чего Киев стянул войска к Приднестровью Очевидцы говорят, что бойцы ВСУ переодеваются в российскую военную форму

9 марта министерство госбезопасности ПМР сообщило о том, что в Приднестровье предотвращено покушение на ряд должностных лиц республики. Сообщалось, что покушение готовилось в том числе на президента республики Вадима Красносельского.

В комментарии «Известиям» глава МИДа республики Виталий Игнатьев заявил, что планировавшийся теракт в Приднестровской Молдавской Республике был направлен на подрыв системы госуправления ПМР.

По версии Следственного комитета ПМР, целью теракта было убийство должностных лиц из числа государственной власти республики. Предполагалось, что террористический акт произойдет на одной из оживленных автодорог центральной части столицы ПМР — Тирасполя. Однако начиненный взрывчаткой автомобиль успели обезвредить.

Известно, что двое подозреваемых в подготовке теракта уже задержаны. Они были участниками организованной группы и действовали под руководством представителей СБУ.

Также сообщалось, что Красносельский был предупрежден о том, что в республике готовится террористический акт.

До этого, 23 февраля, Минобороны России сообщило, что киевский режим активизировал подготовку к вторжению в Приднестровье: у границ республики заметили значительное скопление личного состава и военной техники националистов.

На фоне этих сообщений пресс-секретарь президента России Дмитрий Песков указал, что киевский режим и Запад способны на различного рода провокации в регионе. Также Москва предостерегла США, страны НАТО и власти Украины от авантюрных шагов в отношении Приднестровья.

Российские миротворцы были введены в зону боевых действий 29 июля 1992 года в соответствии с соглашением о принципах мирного урегулирования вооруженного конфликта в Приднестровье. Документ был подписан 21 июля 1992 года президентами России и Молдавии в присутствии лидера непризнанной республики.

Opex 360

Pour commencer, l’Australie pourrait disposer d’au moins trois sous-marins nucléaires d’attaque de type Virginia

par Laurent Lagneau · 9 mars 2023

Dix-huit mois après la signature du pacte entre l’Australie, le Royaume-Uni et les États-Unis, les détails sur la fourniture de huit sous-marins nucléaires d’attaque [SNA] à la Royal Australian Navy [RAN] devraient être dévoilés, à l’occasion d’une réunion entre les responsables de ses trois pays à San Diego [Californie], le 13 mars.

Pour rappel, le pacte AUKUS s’était traduit par l’annulation de l’achat de douze sous-marins à propulsion classique Shortfin Barracuda auprès du français Naval Group… et donc par une brouille diplomatique entre Canberra et Paris, celle-ci ayant pris fin après la victoire de l’opposition australienne en mai 2022.

Cela étant, beaucoup d’interrogations n’ont toujours pas été levées… À commencer par la capacité des industriels américains et britanniques à répondre aux besoins de l’Australie, qui, par ailleurs, part de zéro en matière de sous-marins à propulsion nucléaire.

Ainsi, mené pour le compte de l’US Navy, le programme de SNA « Virginia » connaît des difficultés, en raison d’une pénurie de main d’oeuvre qualifié et d’une hausse des coûts associée à des pénuries de certains composants. Et cela alors que, dans le même temps, l’industrie navale américaine aura à mener de front le programme Columbia, qui vise à remplacer les sous-marins nucléaires lanceurs d’engins [SNLE] de la classe Ohio. Et, compte-tenu du contexte sécuritaire actuel, il fait partie des priorités du Pentagone.

La situation n’est pas exactement la même au Royaume-Uni… Mais la construction des sept SNA de type Astute s’achève… Et celle des SNLE de classe Dreadnought occupera l’industrie navale britannique dans les prochaines années.

Cependant, les États-Unis et le Royaume-Uni planchent déjà sur des SNA de nouvelle génération, respectivement avec les programmes SSN[X] et SSNR. Mais l’un et l’autre n’en sont encore qu’à leurs balbutiements… Et ils ne devraient pas se concrétiser avant une bonne quinzaine d’années.

Or, dans le même temps, les six sous-marins de type Collins qu’exploite actuellement la Royal Australian Navy arriveront au bout de leur potentiel. Même modernisés, ils devraient être retirés du service à l’horizon 2035. D’où les spéculations sur l’acquisition, par Canberra, d’une capacité « interimaire » censée éviter toute rupture capacitaire.

Dans ces conditions, la voie est étroite… Mais d’après l’agence Reuters, qui a recueilli les confidences de quatre responsables américains, l’Australie serait être autorisée à acquérir trois SNA de type Virginia… mais dans les années 2030. Deux autres pourrait être éventuellement acquis par la suite.

Parallèlement, des SNA de l’US Navy se déploieraient régulièrement en Australie tandis que des techniciens et des ouvriers australiens iraient travailler dans les chantiers navales américains pour « observer et s’entraîner ». Selon un des reponsables cités par Reuters, « cette formation profitera directement à la production de sous-marins américains car il y a actuellement une pénurie de main d’oeuvre ».

Par la suite, l’Australie disposerait d’une nouvelle classe de SNA. D’après Reuters, celle-ci serait de conception britannique, mais avec ces technologies américaines. En clair, ce serait un mélange des programme SSNR et SSN[X]…

Quoi qu’il en soit, si un tel scénario se confirme, il resterait à voir dans quelle mesure le plans de l’US Navy seraient affectée étant donné que ceux-ci prévoient de faire passer le nombre de SNA de type Virginia en service de 60 à 69 d’ici 2052… Et que General Dynamics Corp, qui les produit, en a actuellement 17 dans son carnet de commandes.

Par ailleurs, un autre aspect de ce dossier susceptible de poser problème tient au combustible utilisé par les chaufferies nucléaires des sous-marins de la Royal Navy et de l’US Navy. En effet, ces derniers fonctionnent avec de l’uranium hautement enrichi [de qualité militaire], contrairement aux SNA français. Et cela ne sera pas sans conséquence sur le régime de non-prolifération, auquel l’Australie est attachée.

Известия (RUS)

В Пентагоне заявили о беспрецедентном соглашении России с Ираном

Министр обороны США Ллойд Остин 9 марта на совместной пресс-конференции с израильским коллегой Йоавом Галантом заявил, что Россия пошла на беспрецедентное соглашение с Ираном за помощь в специальной военной операции (СВО).

«За последний год военное сотрудничество России с Ираном углубилось», — отметил Остин, назвав это вызовом.

По его словам, Иран якобы передавал России беспилотники, которые применяются в зоне СВО.

Кроме того, по мнению Остина, Иран «получает важный боевой опыт» на Украине, который передаст подконтрольным силам на Ближнем Востоке.

Также за то, что Тегеран якобы поддержал Москву, Россия предложила Ирану беспрецедентное сотрудничество, в том числе по предоставлению ракет и систем противовоздушной обороны.

Москва и Тегеран неоднократно отвергали утверждения Запада о поставках России иранских беспилотников для их использования на Украине.

Заокеанский гость: на Ближний Восток прилетел глава Пентагона Главная тема визита — сдерживание Ирана

В конце декабря министр иностранных дел Российской Федерации Сергей Лавров назвал бездоказательными заявления Запада о том, что у России якобы имеются иранские беспилотные летательные аппараты.

В свою очередь, постоянный представитель России при международной организации Василий Небензя заявил, что ООН не следует идти на поводу у провокаторов, запрашивающих расследование в связи с якобы использованием Россией иранских беспилотников на Украине.

В начале марта 2023 года глава МИД Ирана Хосейн Амир Абдоллахиан отметил, что Киев до сих пор не предоставил никаких документов касательно использования иранских беспилотников Россией во время украинского конфликта.

Специальная операция по защите Донбасса, о начале которой президент России Владимир Путин объявил 24 февраля 2022 года, продолжается. Решение было принято на фоне обострения ситуации в регионе из-за обстрелов со стороны украинских военных.

Opex 360

Le ministère des Armées a reçu le premier des vingt nouveaux remorqueurs portuaires destinés à la Marine

par Laurent Lagneau · 9 mars 2023

Si, et c’est bien normal, les nouveaux navires de combat prennent la lumière [médiatique], il ne faut pas oublier l’importance des embarcations dites de servitude, sans lesquelles il serait compliquer de mener à bien des opérations.

Leur renouvellement débuta en 2017, avec la notification à la société des établissements [SEE] Merré, associée aux Constructions mécaniques de Normandie [CMN], d’un contrat portant sur la construction de 29 nouveaux remorqueurs-pousseurs de classe 10 tonnes. Puis le chantier naval GLEHEN reçut ensuite la commande de 7 pousseurs de classe 6 tonnes. Ne restait plus alors qu’à remplacer les 22 remorqueurs RP12 et remorqueurs RCSV.

D’où le contrat attribué en 2020 au chantier naval Piriou par la Direction générale de l’armement [DGA] pour la construction de 15 remorqueurs portuaires de type RP30 et de 5 remorqueurs portuaires côtiers [RPC30] de classe 30 tonnes. Si le montant de la commande n’avait pas été précisé, à l’époque, le ministère des Armées fit savoir que celle-ci allait se traduire par une activité d’environ 40’000 heures de travail par unité, « soit une charge annuelle d’environ 100 personnes en équivalent temps plein pour produire quatre remorqueurs par an entre 2021 et 2027 ».

Le premier RP30 aurait dû être livré en 2022. Du moins, c’est ce qu’avait laissé entendre le ministère des Armées au moment de l’annonce de la notification du contrat. Finalement, il a été réceptionné par la DGA le 28 février dernier.

« La réception de ce premier bâtiment par la DGA fait suite aux phases d’essais et de formation menées à Concarneau et à Toulon en lien avec les équipages de la Marine nationale », a précisé le ministère des Armées, via un communiqué. Ce RP30, appelé Céladon, sera affecté à la base navale de Toulon.

Par ailleurs, le premier des cinq RPC-30 commandés – le « Zinzolin » – sera livré « dans les prochaines semaines ». Devant être affecté à Brest, il « permettra une navigation internationale jusqu’à 200 nautiques des côtes pendant cinq jours ».

Les RP-30 et les RPC-30 mesurent 26 mètres de long pour 9 mètres de large. Affichant un déplacement d’environ 300 tonnes, ils sont mis en oeuvre par un équipage de quatre à neuf marins selon les missions. « Ils sont adaptés aux besoins spécifiques de la Marine nationale et aux évolutions des nouveaux navires de la flotte [tonnage, formes de coque] », précise le ministère des Armées. Ainsi, ils disposent d’une puissance de traction accrue afin de leur permettre d’intervenir sur des navires plus imposants. En outre, leur architecture – leur passerelle est plus étroite – les autorise à manoeuvrer le long des coques forme de ‘V’.

Известия (RUS)

Протестующие приехали в касках и респираторах в центр Тбилиси

Корреспондент «Известий» Александр Сафиулин рассказал об обстановке в Тбилиси, где вечером 9 марта намечается продолжение массовых протестов.

Журналист указал, что, несмотря на то что депутаты отозвали законопроект об иноагентах, протестующие не собираются останавливаться.

«Вот так сейчас выглядит проспект Руставели. Мы можем наблюдать, что люди собираются. <...> Сегодня даже флаги продают на месте. Кто-то начал даже зарабатывать», — отметил Сафиулин.

По его словам, многие люди приходят в центр города уже подготовленными: в касках и респираторах. Некоторые в очках и банданах.

Улица против мечты: к чему приведут новые акции протеста в Грузии Правящая партия отозвала скандальный закон, но оппозиция не думает расходиться

7 и 8 марта в Тбилиси прошли масштабные акции протеста после принятия парламентом страны в первом чтении законопроекта «О прозрачности иностранного влияния». Документ предполагает создание реестра неправительственных организаций и СМИ, получающих зарубежное финансирование. 9 марта волнения продолжились. В Сети появились кадры столкновения митингующих со спецназом в Тбилиси.

Однако днем 9 марта правящая партия Грузии «Грузинская мечта» отозвала оба законопроекта об иноагентах. Тем не менее представитель партии «Гирчи — больше свободы!» Цотнэ Коберидзе заявил, что протесты в Тбилиси продолжатся.

В свою очередь, президент Грузии Саломе Зурабишвили назвала отзыв законопроекта об иноагентах победой общества.

Известия (RUS)

Иммиграционная служба не позволила Михаилу Шацу выступить на Бали

Телеведущий Михаил Шац (настоящий материал касается физического лица, выполняющего функции иностранного агента Михаила Шаца) был задержан правоохранительными органами на индонезийском острове Бали. Как стало известно 9 марта, шоумену не позволили выступить с концертом, посвященным Международному женскому дню.

По словам организаторов, российский телеведущий должен был выступить в комплексе Riverside Convention Center на Бали, однако шоу остановили сотрудники иммиграционной службы.

«Вчера всё пошло не по плану. На наш концерт направили иммиграционный рейд, который остановил концерт. Сотрудники иммиграционной службы не хотели даже нас слушать, несмотря на наличие документов для проведения концерта», — отметили организаторы в Instagram (принадлежит организации Meta, которая признана экстремистской и запрещена в РФ).

Уточняется, что с российским шоуменом всё в порядке и он уже сел на обратный рейс в Тель-Авив.

В свою очередь сам Шац подтвердил, что доверился организаторам, которые сделали всё, что могли, но провести концерт все-таки не удалось. При этом он пообещал зрителям вернуть деньги, которые они потратили на билеты.

Уходя, не бери: в ГД обсуждают лишение релокантов доходов с их авторских прав Могут ли дискредитирующие РФ артисты и писатели потерять деньги с интеллектуальной собственности

Министерство юстиции России включило Михаила Шаца в реестр иноагентов 2 сентября 2022 года. По данным ведомства, он занимается политической деятельностью, финансируемой Украиной. В прошлом году артист эмигрировал из России в Израиль и сейчас активно дает концерты за границей. Известно, что этой весной у него также запланировано выступление в США.

3 сентября 2022 года также сообщалось, что сервис продажи билетов Biletebi.ge заявил об отмене концертов в Тбилиси российских артистов Максима Галкина (материал касается физического лица, выполняющего функции иноагента Максима Галкина), Валерия Меладзе, а также группы «Машина времени» с ее лидером Андреем Макаревичем (материал касается физического лица, выполняющего функции иноагента Андрея Макаревича). Концерты должны были состояться во Дворце спорта, в качестве причины отмены выступлений назвали начало ремонтных работ в зале.

14 июля 2022 года президент России Владимир Путин подписал закон, регламентирующий деятельность иностранных агентов. Документ опубликован на официальном портале правовой информации.

Известия (RUS)

МВД Грузии заявило об освобождении задержанных на протестах в Тбилиси

Все задержанные за административные нарушение на акциях протеста в Тбилиси отпущены. Об этом 9 марта сообщило МВД Грузии.

«Все лица, задержанные в соответствии с кодексом об административных правонарушениях, были освобождены. Часть задержанных предстала перед судом, а остальные были освобождены в связи с истечением срока пребывания в следственном изоляторе», — говорится в заявлении.

При этом продолжаются оперативно-разыскные мероприятия с целью выявления и задержания лиц, причастных к нападению на полицейских и другим насильственным действиям во время акций протеста возле здания парламента.

Улица против мечты: к чему приведут новые акции протеста в Грузии Правящая партия отозвала скандальный закон, но оппозиция не думает расходиться

Протесты в грузинской столице начались 7 марта, из-за того что парламент страны большинством голосов принял в первом чтении законопроект «О прозрачности иностранного влияния». Документ предполагает создание реестра неправительственных организаций и СМИ, получающих зарубежное финансирование.

7 и 8 марта в Тбилиси прошли массовые митинги. Несколько десятков протестующих были задержаны полицией. Для разгона толпы силовики пустили в ход слезоточивый газ и водометы. В ответ митингующие закидали полицию бутылками с зажигательной смесью.

9 марта волнения продолжились. В Сети появились кадры столкновения митингующих со спецназом в Тбилиси. Протестующие бросали в спецназ различные предметы, после чего полиция начала применять водометы и слезоточивый газ. Позже силовики вытеснили демонстрантов с проспекта Руставели, где располагается парламент Грузии.

Официальный представитель Кремля Дмитрий Песков, отвечая на вопрос «Известий», отметил, что положение дел в Грузии не может не вызывать беспокойства у российской стороны, так как это соседнее с РФ государство. Однако, по его словам, Москва не желает вмешиваться в происходящее.

Известия (RUS)

В Москве остановили автомобиль со львенком в салоне

В Москве правоохранители остановили каршеринговый автомобиль, в салоне которого обнаружили львенка. Об этом в четверг, 9 марта, сообщает межрайонная природоохранная прокуратура города в своем Telegram-канале.

Машину под управлением 35-летнего мужчины остановили на улице Герасимова. В салоне обнаружили маленького самца азиатского льва. У мужчины не оказалось документов, которые могли бы подтвердить, что он является законным владельцем животного.

Со слов водителя, он купил животное в другом субъекте РФ и перевез в Москву. Какое-то время львенок жил с ним в квартире.

Азиатский лев находится под угрозой исчезновения. Этот вид животных занесен в перечень, на который распространяется действие Конвенции о международной торговле видами дикой фауны и флоры (СИТЕС).

Львенка передали в центр реабилитации диких животных. Он будет там содержаться после обследования.

Без жизни собачьей: лишь один из пяти живодеров получает наказание Почему редко возбуждаются и трудно расследуются дела о жестоком обращении с животными

Ранее, 31 января, сообщалось, что в Брянской области сотрудники таможни не дали незаконно вывезти в Белоруссию трех белых павлинов. Птиц обнаружили в багажнике легкового автомобиля мужчины в пункте контроля «Красный Камень». Сопроводительных документов на перевозку птиц у гражданина Белоруссии не было.

Известия (RUS)

Белый дом запросил на оборону в 2024 году $842 млрд

Проект бюджета США на оборону в 2024 финансовом году предполагает расходы на 3,2% больше, чем в 2023-м. Как отмечено 9 марта в документе Белого дома, всего было запрошено $842 млрд.

«Бюджет требует $842 млрд на 2024 год, что на $26 млрд, или на 3,2%, больше по сравнению с уровнем 2023 года», — говорится в разделе, посвященном расходам американского минобороны.

В частности, на модернизацию ядерного арсенала требуется выделить в 2024 финансовом году $37,7 млрд. Отмечается, что средства нужны «на поддержание уверенного ядерного сдерживания» в качестве основополагающего аспекта для безопасности населения и союзников США.

Еще $9,1 млрд из указанной суммы отводится на сдерживание Китая, а $6 млрд — на поддержку Украины.

Добрым словом и пистолетом: оружейное лобби США выбило у конгресса новые привилегии Американский ВПК получает сверхприбыли на Украине и преференции в Белом доме

6 марта издание The Wall Street Journal писало, что, несмотря на то что оборонный бюджет США вырос до $800 млрд в год, страна не готова к ведению конфликта с «великими державами», в частности с Россией и Китаем. Как указывалось, у Соединенных Штатов есть ряд серьезных препятствий для успешного соперничества с КНР и РФ.

Днем ранее американский ветеран Ноктис Дрейвен заявил, что США проиграли бы большую войну против России из-за экономической зависимости от Китая и Индии. Он считает, что жители США живут с ложным чувством безопасности.

13 февраля заместитель директора Института стратегических исследований и прогнозов РУДН, член Общественной палаты РФ Никита Данюк заявил «Известиям», что конгресс США может принять рекордный оборонный бюджет в 2024 году, несмотря на антипатию по отношению к президенту страны Джо Байдену.

Известия (RUS)

Путин обсудил с президентом Египта поставки сельхозпродукции

Президент России Владимир Путин и его египетский коллега Абдул-Фаттах Халил Ас-Сиси в четверг, 9 марта, провели телефонные переговоры. Об этом сообщила пресс-служба Кремля.

Отмечается, что разговор состоялся по инициативе египетской стороны. Лидеры обсудили, в частности, вопросы поставок сельхозпродукции и реализацию проектов в сферах энергетики и промышленности.

Кроме того, стороны договорились продолжить координацию усилий по урегулированию кризисных ситуаций в регионе Ближнего Востока и Северной Африки.

«Все эти вопросы в ближайшие дни будут обсуждены в ходе заседания в Каире двусторонней Межправительственной комиссии», — отметила пресс-служба Кремля.

«Наши недруги сильно давят на Египет» Глава Российско-египетского делового совета Михаил Орлов — о поставках пшеницы в республику на фоне кризиса и о ее зависимости от США и ЕС

В декабре прошлого года министр иностранных дел России Сергей Лавров обсуждал в телефонном разговоре со своим египетским коллегой Самехом Шукри взаимодействие в области энергетики и сельского хозяйства, а также реализацию совместных масштабных проектов.

Opex 360

Le Japon va commander cinq avions de guet aérien E-2D Advanced Hawyeke supplémentaires

par Laurent Lagneau · 9 mars 2023

En septembre 1976, un pilote soviétique fit défection après avoir réussi à poser son MiG-25 « Foxbat » sur l’une des pistes de l’aéroport de Hakodate [Japon]. Seulement, cet épisode mit en lumière l’incapacité de la défense aérienne nippone à détecter et à suivre des aéronefs volant à basse altitude. D’où la décision de Tokyo de se procurer des avions d’alerte avancée. À l’époque, l’achat de Boeing E-3 Sentry étant compliqué, le ministère japonais de la Défense opta pour le E-2C Hawkeye, un appareil conçu pour opérer depuis un porte-avions. Les treize exemplaires acquis furent mis en service en 1987, sur la base aérienne de Misawa.

En 2014, et alors qu’elle avait acquis quatre avions radar Boeing E-767 au début des années 2000, la force aérienne d’autodéfense japonaise décidèrent de moderniser cette capacité d’alerte avancée avec un premier achat de 4 E-2D Advanced Hawkeye auprès de l’américain Northrop Grumman. Puis, quatre ans plus tard, l’administration américaine autorisa le Japon à commander jusqu’à neuf appareils suppplémentaires, pour un montant alors évalué à 3,135 milliards de dollars.

Pour rappel, par rapport à son prédécesseur, l’E-2D Advanced Hawkeye affiche des capacités de détection et de suivi nettement améliorées, grâce notamment au au radar à balayage mécanique et électronique AN/APY-9 de Lockheed-Martin, lequel est en mesure de de suivre simultanément un plus grand nombre de pistes [aériennes et navales] à 360° et sur de plus longues distances. Doté d’une suite de guerre électronique AN/ALQ-217, il peut être ravitaillé en vol.

Alors que sa défense aérienne est fortement sollicité par l’activité des avions militaires chinois [le nombre d’aéronefs intercepté à bondi de 60% entre 2021 et 2022, ndlr] et russes, le Japon a visiblement l’intention de renforcer ses capacités d’alerte avancée. Ainsi, selon un avis publié le 7 mars par la Denfese Security Cooperation Agency [DSCA], chargée des exportations d’équipements militaires américains, le ministère japonais de la Défense a demandé l’autorisation de se procurer cinq E-2D Avanced Hawkeye supplémentaires.

D’après la DSCA, la valeur de cette nouvelle commande est estimée à 1,381 milliard de dollars, cette comprenant des « équipements annexes » ainsi que des pièces de rechange.

« La vente proposée améliorera la capacité du Japon à assurer efficacement la défense du territoire en utilisant une capacité d’alerte avancée et de commandement aéroporté. Il utilisera l’avion E-2D AHE pour fournir une connaissance de la situation de l’activité aérienne et navale dans la région du Pacifique et pour augmenter sa flotte E-2C Hawkeye existante. Le Japon n’aura aucune difficulté à absorber ces équipements dans ses forces armées », a fait valoir la DSCA.

France24 - Monde

Ukraine : reportage à Kiev avec les habitants privés d'électricité

Publié le : 04/01/2023 - 19:24Modifié le : 08/03/2023 - 12:33

Mélina HUET Luke SHRAGO

Depuis le début de la guerre, l'Ukraine se retrouve régulièrement face à de longues coupures d'électricité, de chauffage et d'eau. Nos envoyés spéciaux, Mélina Huet, Luke Shrago et Daryna Viter sont partis à la rencontre d'habitants de Kiev privés d'électricité.

Opex 360

Otan : L’armée de Terre envoie des blindés « Griffon » en Estonie

par Laurent Lagneau · 8 mars 2023

Actuellement, le sous-groupement tactique interarmes [S/GTIA] déployé en Estonie au sein du bataillon multinational dirigé par la Royaume-Uni dans le cadre de l’Otan [eFP BG Estonia] est armé par des unités du 13e Bataillon de Chasseurs Alpins [BCA], appuyées par des éléments du 2e Régiment Étranger du Génie [REG] et du 93e Régiment d’Artillerie de Montagne [RAM].

Ce détachement issu de la 27e Brigade d’Infanterie de Montagne [BIM] est équipé de 14 Véhicules de haute mobilité VHM], de 12 Véhicules de l’avant blindé [VAB], de 5 Véhicules blindés légers [VBL], de 4 Petits véhicules protégés [PVP] et de deux Engins du génie rapide de protection [EGRAP].

Cela étant, son mandat – le quinzième pour la mission « Lynx » – arrive à son terme. Et ce sera la 6e Brigade légère blindée [BLB] qui prendre le relai de la 27e BIM. Cette relève donnera lieu à une nouveauté : le premier déploiement « européen » du Véhicule blindé multi-rôles [VBMR] Griffon, mis en oeuvre par les légionnaires de la Demi-brigade de la Légion étrangère.

En effet, plusieurs Griffon ont été placés sur des trains depuis La Rochelle et La Valbonne pour être acheminée au camp de Tapa [Estonie]. Le nombre de véhicules concernés n’a pas été précisé par l’armée de Terre… Mais celle-ci a parlé d’une « quarantaine de véhicules tactiques », parmis lesquels on compte des chars légers AMX-10RC.

Ce qui suggère qu’un peloton de l’arme-blindée cavalerie sera déployé au côté de la 13e DBLE. Sur, ce point, et dans son avis budgétaire sur les crédits de l’armée de Terre, publié en octobre dernier, le député François Cormier-Bouligeon avait évoqué l’hypothèse d’un déploiement d’un peloton de chars Leclerc afin de répondre à la « demande estonienne de renforcement du nombre d’équipements mobilisés ». Visiblement, il faudra donc se contenter de quelques AMX-10RC.

À noter que, Politique d’emploi et de gestion des parcs [PEGP] oblige, tous les Griffon ne viennent pas de la 13e DBLE, qui a pourtant commencé à en mettre en oeuvre il y a maintenant près de deux ans. À La Rochelle, certains portaient en effet la marque du 126e Régiment d’Infanterie de Brive [un « bison » au niveau du capot]. En outre, tous les blindés envoyés en Estonie seront, a priori, équipé de leur tourelleau téléopéré.

« Ce mouvement logistique a été coordonné par le Poste de commandement du Contingent national Terre – Europe continentale [PC NCC – EC National Contingent Command] basé à Lille. Il est responsable de la Coordination du mouvement logistique assurant ainsi une autonomie de projection de bout en bout en Europe », a par ailleurs expliqué l’armée de Terre, pour qui l’envoi de Griffon à Tapa « démontre la solidarité stratégique de la France auprès de ses partenaires de l’Otan ».

Ce déploiement opérationnel ne sera pas le premier pour le Griffon étant que ce blindé a connu son baptème du feu au Sahel, dans le cadre de l’opération Barkhane. Associé au Système d’information du combat – Scorpion [SIC-S], il avait donné pleinement satisfaction aux marsouins du 3e Régiment d’Infanterie de Marine [RIMa]. Les manoeuvres avaient notamment été « plus fluides », avec une compréhension de la situation améliorée et une meilleure coordination entre les unités, les ordres étant transmis plus rapidement.

Après avoir démontré ses capacités au Sahel, le véhicule blindé multi-rôles #Griffon est déployé en Estonie pour renforcer le dispositif Lynx. L’@armeedeterre mobilise ses équipements les plus modernes pour marquer la solidarité stratégique avec ses alliés Européens. #Scorpion pic.twitter.com/9XVNmYKq3Z

— Chef d'état-major de l'armée de Terre (@CEMAT_FR) March 7, 2023

Cela étant, il aurait été intéressant de déployer en Estonie le Griffon et… le Jaguar, le successeur de l’AMX-10RC, qui entre progressivement en dotation au sein du 1e Régiment Étranger de Cavalerie [REC]. C’est d’ailleurs ce qu’avait souligné M. Cormier-Bouligeon dans son avis budgétaire.

« Dans l’objectif de renforcer notre niveau d’interopérabilité avec nos alliés dans un cadre multilatéral, il pourrait être intéressant de réfléchir à l’opportunité de déployer un équipement ‘tout Scorpion’ d’ici la fin 2023 [comprenant au-delà des Griffons, des matériels Jaguars et le système SICS] afin de faire de l’Estonie un ‘laboratoire opérationnel' », avait en effet estimé le parlementaire.

Photo : Cédric Bordères / armée de Terre

France24 - Monde

Guerre en Ukraine : des chars Léopard détruits par les Russes ?

Publié le : 02/03/2023 - 22:46

Thibaut FRANCESCHET

Depuis l'invasion russe de l'Ukraine lancée voilà un an, de nombreuses fausses informations circulent sur les réseaux sociaux. Beaucoup d’images censées avoir été tournées en Ukraine sont diffusées et des propos sont prêtés à certains dirigeants, parfois à tort. À l'instar de ces photos qui prétendent montrer des chars Léopard détruits en Ukraine ou bien de ces propos du président Volodymyr Zelensky qui, sortis de leur contexte, font polémique.

Une semaine dans le monde

Livraison de chars américains et allemands en Ukraine : un tournant ?

Info ou intox

Des chars américains Abrams déjà en Pologne ? Attention vidéo trompeuse !

Info ou intox

Volodymyr Zelensky n'a pas demandé des frappes nucléaires préventives contre la Russie

France24 - Monde

🔴 En direct : les frappes russes en Ukraine "brutales" et "injustifiées", dit la Maison Blanche

Publié le : 09/03/2023 - 05:39Modifié le : 09/03/2023 - 19:11

FRANCE 24 Suivre

Des frappes russes ont visé plusieurs régions ukrainiennes tôt jeudi matin, notamment Odessa, dans le sud de l'Ukraine, et Kharkiv, dans l'est du pays, faisant plusieurs morts et provoquant des coupures d'électricité. Des explosions ont également été signalées à Kiev. Suivez en direct les derniers développements de la guerre en Ukraine.

  • 19 h : les frappes russes massives en Ukraine "brutales" et "injustifiées", dit la Maison Blanche

Les frappes russes massives de missiles et de drones, qui ont fait au moins neuf morts jeudi en Ukraine, sont "brutales" et "injustifiées", a dénoncé la Maison Blanche.

Il est "accablant de voir ces attaques brutales, injustifiées, sur des infrastructures civiles à travers l'Ukraine", a déclaré à des journalistes Olivia Dalton, une porte-parole de l'exécutif. Les attaques ont privé de courant une partie de la population, ainsi que, temporairement, la centrale nucléaire de Zaporijjia.

  • 18 h 40 : la Lituanie estime que Moscou a les moyens de poursuivre la guerre en Ukraine pendant deux ans

Les renseignements militaires lituaniens estiment que la Russie dispose de suffisamment de ressources pour poursuivre son offensive en Ukraine au rythme actuel pendant deux ans.

"La Russie a accumulé des armes et des équipements pendant les longues années de la Guerre froide", a déclaré à la presse le chef du renseignement militaire, Elegijus Paulavicius.

"Nous estimons que ses ressources lui permettent de poursuivre la guerre avec la même intensité qu'aujourd'hui pendant deux ans", a-t-il ajouté, à condition qu'aucun pays étranger ne fournisse d'aide militaire à Moscou.

  • 18 h 38 : la Turquie, la Suède et la Finlande vont poursuivre leurs discussions sur l'adhésion des deux pays nordiques à l'Otan

Les représentants de la Turquie, de la Suède et de la Finlande sont tombés d'accord jeudi pour poursuivre leurs échanges sur l'adhésion des deux pays nordiques à l'Otan, a indiqué l'Alliance.

Sur les 30 membres de l'Alliance, seules la Turquie et la Hongrie doivent encore ratifier les deux nouvelles entrées.

À la suite d'une crise diplomatique provoquée par l'autodafé d'un Coran par un extrémiste de droite anti-islam à Stockholm début janvier, Ankara avait suspendu les négociations, déjà compliquées. Les discussions ont finalement repris jeudi à Bruxelles.

Le communiqué précise que les trois pays sont tombés d'accord pour se retrouver dans le même format avant le sommet de l'Otan prévu en juillet à Vilnius.

  • 15 h 52 : Moscou a commis une "violation grave" de la sécurité nucléaire, dénonce l'UE

La Russie a commis jeudi une "violation grave de la sécurité nucléaire" en entraînant la coupure du réseau de la centrale nucléaire ukrainienne de Zaporijjia à la suite d'une frappe, a dénoncé le chef de la diplomatie européenne.

L'interruption de l'alimentation électrique, rétablie jeudi à la mi-journée, a nécessité d'avoir recours aux générateurs diesel de secours pour refroidir la centrale, "ce qui a beaucoup augmenté le risque d'un accident nucléaire au cours des dernières heures", a déploré Josep Borell en marge d'une réunion européenne à Stockholm.

  • 15 h 28 : réunion lundi à Genève entre la Russie et l'ONU sur l'accord céréalier

La Russie a annoncé la tenue lundi d'une réunion à Genève avec l'ONU sur l'accord sur les exportations de céréales ukrainiennes, qui expire le 18 mars et dont les négociations visant à le prolonger ont été jugées jeudi "compliquées" par Moscou.

"Les prochaines séries de consultations sont prévues le 13 mars à Genève, auxquelles participera la délégation interministérielle russe" avec "des représentants de l'ONU", a déclaré la porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères, Maria Zakharova, lors d'un point-presse.

  • 15 h 01 : la France condamne avec "la plus grande fermeté" les nouvelles frappes russes en Ukraine

La diplomatie française a condamné jeudi les nouvelles frappes menées par l'armée russe sur un grand nombre de régions d’Ukraine. "Un tel ciblage systématique souligne la volonté claire de la Russie de poursuivre l’escalade dans sa guerre d’agression en Ukraine, une nouvelle fois condamnée à une très large majorité par la communauté internationale à l’Assemblée générale des Nations unies le 23 février", indique le Quai d'Orsay dans un communiqué.

#Ukraine | La France condamne avec la plus grande fermeté les nouvelles frappes intensives menées cette nuit par la Russie sur un grand nombre de régions d’Ukraine, qui ont causé des victimes civiles selon les 1ers rapports des autorités ukrainiennes.➡️ https://t.co/PyynmMgEau pic.twitter.com/V29V2SclWS

March 9, 2023

 

  • 14 h 43 : l'alimentation électrique est "rétablie" à la centrale nucléaire de Zaporijjia

L'alimentation électrique a été "rétablie" à la centrale nucléaire ukrainienne de Zaporijjia, occupée par les troupes de Moscou et qui avait été coupée du réseau plus tôt jeudi après une frappe russe, a annoncé l'opérateur électrique ukrainien.

"Les spécialistes d'Ukrenergo ont rétabli l'alimentation électrique à la centrale nucléaire de Zaporijjia, interrompue par les frappes de missiles d'aujourd'hui", a indiqué Ukrenergo dans un communiqué publié sur Telegram.

  • 11 h 53 : Moscou juge "compliqué" les négociations sur les exportations de céréales ukrainiennes

 Le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov a qualifié de "compliquées" les négociations visant à prolonger un accord ayant permis de reprendre les exportations de céréales ukrainiennes malgré l'offensive de Moscou en l'Ukraine.

Affirmant que les clauses du pacte devant profiter à la Russie n'étaient "pas du tout" appliquées, Sergueï Lavrov a déclaré que "si l'accord est appliqué à moitié, alors la question de son extension devient plutôt compliquée". Cet accord céréalier, vital pour l'approvisionnement alimentaire mondial, expire le 18 mars prochain.

  • 11 h 36 : la Pologne a "déjà" livré à l'Ukraine les 10 chars Leopard promis

Le ministre polonais de la Défense, Mariusz Blaszczak, a annoncé que son pays avait "déjà" livré à l'Ukraine les 10 chars Leopard 2A4 supplémentaires qui avait été promis.

"Nous parlons d'un bataillon de chars lourds qui, dans le cas de la Pologne, ont déjà été livrés, et dans le cas de nos alliés, seront livrés à l'Ukraine très bientôt", a déclaré Mariusz Blaszczak aux journalistes.

  • 11 h : avec la centrale de Zaporijjia "on joue avec le feu", alerte le chef de l'AIEA

Le directeur général de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) Rafael Grossi a tiré une nouvelle fois la sonnette d'alarme après une frappe russe sur la centrale nucléaire ukrainienne de Zaporijjia (sud), qui fonctionne désormais aux générateurs de secours.

"À chaque fois on joue avec le feu et si nous permettons à cette situation de se prolonger, un jour notre chance va tourner", a-t-il averti devant le Conseil des gouverneurs de l'instance onusienne à Vienne, appelant "chacun à s'engager à protéger la sécurité" du site, via la création d'une zone spéciale.

  • 10 h 08 :  trois morts dans un bombardement russe à Kherson

Trois personnes ont été tuées dans un bombardement russe sur la ville de Kherson (sud), a indiqué le chef de l'administration présidentielle Andriï Iermak sur Telegram.

"Les terroristes russes ont à nouveau bombardé Kherson ce matin, touchant notamment un arrêt de transports en commun", a affirmé Andriï Iermak, ajoutant que "trois personnes ont été tuées".

  • 9 h 13 : 10 régions frappées par les "misérables tactiques" de la Russie, dénonce Zelensky

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a dénoncé jeudi les "misérables tactiques" russes après une nouvelle vague de frappes massives qui ont visé la capitale et neuf régions de son pays.

"L'ennemi a lancé 81 missile en tentant à nouveau d'intimider les Ukrainiens, utilisant à nouveau ses misérables tactiques", a lancé le président sur Telegram. Les attaques ont visé Kiev et neuf régions dans le centre, le sud et l'ouest du pays, a-t-il ajouté.

  • 8 h 51 : Kharkiv privée d'électricité, d'eau et de chauffage

La ville de Kharkiv dans l'est de l'Ukraine s'est retrouvée sans électricité, eau ni chauffage après les frappes russes massives ayant touché des infrastructures essentielles, a annoncé son maire Igor Terekhov. 

"Il n'y a plus d'électricité dans toute la ville", a-t-il déclaré à la télévision: "Les transports électriques ne fonctionnent pas. Il n'y a pas de chauffage et d'approvisionnement en eau, en raison du manque de tension dans le réseau électrique". 

  • 8 h 25 : 34 missiles abattus sur 81, selon Kiev

L'Ukraine a abattu 34 missiles sur 81 et quatre drones lancés par la Russie lors d'une nouvelle vague de frappes massives contre ses "infrastructures essentielles", a annoncé le commandant en chef des forces armées ukrainiennes.

La défense anti-aérienne ukrainienne a réussi à abattre "34 missiles" sur 81 ainsi que quatre drones explosifs Shahed de fabrication iranienne sur huit, a indiqué le général Valery Zaloujny sur Telegram. 

  • 8 h 08 : 40 % des usagers à Kiev privés de chauffage 

Quarante pour cent des usagers à Kiev sont privés de chauffage à la suite de frappes massives russes sur l'Ukraine, a indiqué l'administration militaire de la capitale. 

"Des coupures d'électricité d'urgence ne permettent pas d'assurer le chauffage de 40 % des consommateurs de Kiev", a annoncé l'administration sur Telegram. 

  • 7 h 44 : au moins quatre morts dans la région de Lviv

Une frappe russe a tué au moins quatre civils - deux hommes et deux femmes - dans la région ukrainienne de Lviv (ouest) tôt jeudi matin, a annoncé le gouverneur régional, en pleine nouvelle vague de bombardements à travers l'Ukraine. 

Un missile russe est tombé sur un quartier résidentiel dans le district de Zolotchiv, détruisant trois maisons, a précisé le gouverneur, Maksym Kozytsky, sur Telegram. "Les débris sont en train d'être déblayés, d'autres personnes peuvent être en-dessous", a-t-il ajouté. 

  • 6 h 40 : la centrale nucléaire de Zaporijjia "sans électricité" après une frappe

La centrale nucléaire de Zaporijjia, qui est sous contrôle russe, a perdu son alimentation électrique à la suite d'une attaque de missiles russes, a déclaré la société d'État Energoatom dans un communiqué.

L'opérateur a indiqué que les cinquième et sixième réacteurs ont été arrêtés et que l'électricité nécessaire au fonctionnement de la centrale est fournie par 18 générateurs diesel qui disposent de suffisamment de carburant pour 10 jours. 

  • 6 h 42 : une nouvelle explosion fait au moins deux blessés à Kiev

Le maire de Kiev, Vitali Klitschko, a déclaré que deux personnes avaient été blessées par une explosion dans l'ouest de la capitale ukrainienne, dans le contexte d'une vague de frappes russes à travers le pays.

"Deux personnes ont été blessées par une explosion dans le quartier de Svyatoshynsky, a-t-il écrit sur les réseaux sociaux, après avoir signalé plus tôt des "explosions" dans une partie du sud de la ville.

  • 5 h 43 : explosions à Kiev, selon son maire

Des explosions ont retenti sur Kiev jeudi matin, a rapporté le maire de la capitale ukrainienne Vitali Klitschko, à la suite d'une vague de frappes massives à travers le pays. "Explosions dans le quartier Holosiivskyi de la capitale. Tous les services se rendent sur place", a déclaré Vitali Klitschko sur les réseaux sociaux, en faisant référence à un quartier du sud de la ville.

  • 3 h 49 : frappes russes massives à travers l'Ukraine

Des frappes massives ont ciblé les régions de Kharkiv et Odessa, dans l'Est, le Sud mais aussi l'Ouest de l'Ukraine, ont annoncé jeudi 9 mars les autorités locales.

"L'ennemi a effectué une quinzaine de frappes sur la ville et la région" de Kharkiv, a déclaré le gouverneur régional Oleg Synegubov, sur les réseaux sociaux. "Les occupants ciblent une fois encore des installations essentielles", a-t-il ajouté. "Selon les premières informations, un immeuble résidentiel privé de la région de Kharkiv a été touché", a-t-il ajouté, annonçant des précisions "claires" sur d'éventuelles victimes et l'ampleur des dégâts.

À Kharkiv, la principale ville de la région, le maire Igor Terekhov a rapporté que "l'infrastructure énergétique" avait été visée et qu'il y avait des "problèmes" d'électricité dans certaines parties de la ville.

Dans la région d'Odessa, dans le Sud du pays, le gouverneur Maksym Marchneko a rapporté que "des missiles ont frappé l'infrastructure énergétique régionale et endommagé des bâtiments résidentiels", parlant d'une "frappe massive de missiles". "Heureusement, il n'y a pas eu de victimes", a-t-il déclaré, ajoutant que des "restrictions d'approvisionnement en électricité" avaient été mises en place.

La défense aérienne fonctionnait dans la région de Kiev, selon l'administration militaire locale. 

Dans l'Ouest, le gouverneur de la région de Khmelnytskyi, Segiy Gamaliy, a exhorté les habitants à "rester dans les abris", car "l'ennemi frappe les infrastructures essentielles du pays".

Avec AFP et Reuters

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.cls-6{fill:#fff;stroke:#fff;stroke-miterlimit:10;stroke-width:.2px} "Le Verdun ukrainien"

La bataille de Bakhmout, enjeu symbolique ou stratégique ?

Le fil du 3 mars

En Ukraine, les Russes pilonnent les dernières routes d'accès à Bakhmout

LE FIL DU 6 MARS

Guerre en Ukraine : Zelensky demande à l'armée de "trouver les forces" pour défendre Bakhmout

France24 - Monde

La bataille de Bakhmout, enjeu symbolique ou stratégique ?

Publié le : 09/03/2023 - 07:26Modifié le : 09/03/2023 - 16:28

Marc DAOU Suivre

Les combats font rage depuis plusieurs mois entre l’armée ukrainienne et les mercenaires de l’organisation paramilitaire Wagner pour prendre contrôle de Bakhmout, dans l'est de l'Ukraine. Selon l'OTAN, la ville semble en passe de tomber entre les mains des Russes. Retour sur les enjeux de cette bataille sanglante.

"Les unités Wagner ont pris toute la partie orientale de Bakhmout, tout ce qui est à l'est de la rivière Bakhmoutka" traversant la cité devenue épicentre des combats dans le Donbass, s'est félicité mercredi le chef de l'organisation paramilitaire russe Evguéni Prigojine.

Malgré la défense acharnée des Ukrainiens depuis le début de la bataille, en août, cette ville de l'est est menacée d'encerclement après un "retrait contrôlé" des forces ukrainiennes. Le Secrétaire général de l'Otan Jens Stoltenberg a dit, mercredi 8 mars, ne pas "exclure que Bakhmout tombe finalement dans les prochains jours". "Cela ne reflète pas nécessairement un quelconque tournant de la guerre", a-t-il précisé. "Mais cela souligne que nous ne devons pas sous-estimer la Russie. Nous devons continuer à soutenir l'Ukraine".

Selon Moscou, la capture de la ville permettrait "de nouvelles opérations offensives en profondeur".

Ces dernières semaines, l’armée ukrainienne s’est retrouvée en difficulté après des gains territoriaux russes autour de Bakhmout. Soledar est tombée en janvier, puis Krasna Gora en février et, enfin, début mars, Iaguidné, située aux portes de la ville.

"Bakhmout, le Verdun ukrainien"

Depuis le déclenchement de l'offensive russe en février 2022, la bataille de Bakhmout est la plus longue et la plus meurtrière, au vu des lourdes pertes subies par les deux camps dans cette ville en grande partie détruite. Les mercenaires de Wagner sont en première ligne pour mener cette attaque. Et ce, au prix d'un bilan humain considérable, de l'aveu même d'Evguéni Prigojine.

Mi-février, ce dernier avait déclaré que "Bakhmout ne sera pas prise demain, parce qu'il y a une forte résistance, un pilonnage, le hachoir à viande est en action".

Début mars, le président ukrainien Volodymyr Zelensky a accusé à demi-mot Moscou d’envoyer ses hommes à une mort certaine. "La Russie ne compte pas du tout ses hommes, les envoyant constamment à l'assaut de nos positions", avait-il déclaré.

 

 

Certains experts n’hésitent pas à comparer cette féroce bataille à celle de Verdun, qui a décimé les troupes françaises et allemandes entre février et décembre 1916 dans l'est de la France. Ces combats de tranchées furent les plus meurtriers de la Première Guerre mondiale.

"On parle de Verdun d'abord parce que les Russes, essentiellement l’infanterie mal formée de Wagner, sont là-bas pour saigner l’armée ukrainienne. En réponse, les Ukrainiens font la même chose", selon le général Dominique Trinquand, ancien chef de la mission militaire française aux Nations unies.

"Il s’agit d’une bataille sanglante pour les deux côtés, explique Scott Lucas, professeur de politique internationale à l'Université de Dublin. Ne disposant pas de divisions mécanisées, Wagner envoie des vagues humaines pour essayer de briser la résistance ukrainienne en infligeant de nombreuses pertes aux deux côtés".

Un responsable militaire de l'OTAN cité cette semaine par CNN a confié que les troupes russes ont perdu au moins cinq militaires pour chaque soldat ukrainien tué en défendant Bakhmout. Il a précisé que cette estimation repose sur les indications des différents services de renseignements des pays de l'alliance.

Un enjeu symbolique ?

Pour les experts, l’enjeu de cette bataille est principalement symbolique – cette ville de 70 000 habitants n’aurait pas une haute valeur stratégique d’un point de vue militaire.

Volodymyr Zelensky, qui s'était rendu sur place en décembre 2022, avait juré de défendre cette ville-forteresse "aussi longtemps que possible".

"Il y a une dimension symbolique pour les deux camps, soit à conquérir, soit à préserver Bakhmout, qui est une ville martyre, estime Guillaume Lasconjarias, historien militaire et professeur à Paris-Sorbonne. Les deux camps font des sacrifices alors même qu’il y a une interrogation sur l’utilité stratégique de la ville".

Selon Guillaume Lasconjarias, "il y a une nécessité pour les uns et des autres d’obtenir un effet". Pour les Ukrainiens par exemple, il s’agit de "garantir la continuité du soutien de leur propre opinion publique et des opinions publiques occidentales en montrant que ce sont les armes occidentales qui aident à faire la différence, mais que celle-ci ne tient qu’au courage et à la résistance des soldats ukrainiens. C’est tout le message de Volodymyr Zelensky".

Alors que les rumeurs d'un retrait allaient bon train la semaine dernière, le président ukrainien a ordonné le 6 mars à l'armée ukrainienne de renforcer la défense de la ville. L'Institute for the Study of War, un think thank basé à Washington, a récemment estimé dans une note que la défense de Bakhmout restait en fait "stratégiquement sensée", car elle "continue d'épuiser les effectifs et les équipements russes".

"Bakhmout, c’est la guerre de Prigojine"

Côté russe, il s’agit de clamer victoire, quel qu’en soit le prix, alors que la bataille a mis en lumière les tensions entre l’armée russe et le chef de la milice Wagner. Evguéni Prigojine a accusé à plusieurs reprises la hiérarchie de l’armée russe de ne pas livrer suffisamment de munitions à ses hommes. S’agit-il d’une stratégie orchestrée par le Kremlin pour garder à distance et contrecarrer les plans d’un chef, dont la milice a pris trop d’envergure, tout en infligeant des pertes aux Ukrainiens ?

>>> À voir : pour Andreï Medvedev, ex-mercenaire du groupe Wagner, Prigojine est "un malade"

"Bakhmout, c’est la guerre de Prigojine qui veut démontrer qu’il fait mieux que l’armée russe qui n’a enregistré aucune victoire depuis l’été", expliquait récemment le général Dominique Trinquand.

"En apparence, il s’agira d’une victoire, mais après avoir investi énormément de ressources et d’hommes sur une ville qui n’est pas vraiment stratégique pour la suite du conflit, constate Scott Lucas. La prise de la ville sera symbolique pour eux car ils n’ont pas enregistré de victoire significative depuis le mois de juillet et la prise de la province de Louhansk. Ils ont même perdu des territoires après des contre-offensives ukrainiennes dans le sud et l’est".

Scott Lucas souligne que les Russes voulaient à tout prix une victoire pour marquer le premier anniversaire de l'invasion russe, le 24 février. " Celle-ci devait s'appeler Bakhmout, mais cela n’est jamais arrivé".

Quelles conséquences aurait la chute de Bakhmout ?

La chute de Bakhmout laisserait "la voie libre" à l'armée russe dans l'est de l'Ukraine, selon Volodymyr Zelensky.

Après Bakhmout, les Russes "pourraient aller plus loin. Ils pourraient aller à Kramatorsk, ils pourraient aller à Sloviansk, la voie serait libre" pour eux "vers d'autres villes d'Ukraine", a-t-il averti dans un entretien à la chaîne américaine CNN diffusée le 8 mars. Une perspective à laquelle les Ukrainiens semblent préparés.

Le conseiller le plus proche du président ukranien, Mykhaïlo Podoliak, a déclaré lundi qu'il y avait "un consensus parmi les militaires sur la nécessité de continuer à défendre la ville et à épuiser les forces ennemies, tout en construisant de nouvelles lignes de défense en parallèle au cas où la situation changerait". Ce qui laisse entendre que ce point de fixation sur le front n’a pas empêché l’armée ukrainienne d’avancer ses pions ailleurs.

Mykhaïlo Podoliak a même précisé que "la défense de Bakhmout a atteint ses objectifs" en épuisant les forces russes et en donnant du temps à l'armée ukrainienne pour former "des dizaines de milliers de soldats pour préparer une contre-offensive". Une manière de relativiser un éventuel retrait tactique limité dans les prochains jours.

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.cls-6{fill:#fff;stroke:#fff;stroke-miterlimit:10;stroke-width:.2px} LE FIL DU 4 MARS

À Bakhmout, l'étau se resserre autour des troupes ukrainiennes

LE FIL DU 6 MARS

Guerre en Ukraine : Zelensky demande à l'armée de "trouver les forces" pour défendre Bakhmout

Reportage

Ukraine : à Bakhmout, la survie sous les bombes

France24 - Monde

Ces trois vidéos n’ont rien à voir avec la situation des migrants subsahariens en Tunisie

Publié le : 09/03/2023 - 17:05

Alexandre Capron Suivre

Les Africains subsahariens ont été victimes d’une vague de violence fin février et début mars, notamment à la suite de propos tenus par le président tunisien Kaïs Saïed mardi 21 février. Si de nombreuses images réelles attestent de ces violences, au moins trois vidéos qui circulent, reçues ou repérées par la rédaction des Observateurs de France 24, n’ont rien à voir avec ce contexte.

La vérification en bref :

  • Une vidéo montrant un homme agressé au couteau a été filmée en France en mai 2021 et non pas en Tunisie.
  • Des hommes entassés au sol et visibles dans une vidéo n’ont pas été arrêtés en Tunisie mais dans l’enclave espagnole de Melilla, en juin 2022.
  • La vidéo illustrant l’affirmation que la Guinée aurait décidé d’expulser les ressortissants tunisiens vivant dans le pays montre en réalité l’arrestation d’un baron de la drogue espagnol en Côte d’Ivoire en avril 2022.

Ces trois contenus circulent en marge des violences, bien réelles, contre des ressortissants d’Afrique subsaharienne vivant en Tunisie, et dont nous avons documenté plusieurs cas depuis fin février.

Ces trois vidéos n’ont pourtant rien à voir avec cette situation, et nous détaillons ci-dessous l’origine des vidéos.

Première vidéo : l'agression d’un Sénégalo-Gambien à Saint-Étienne en France

"Voici à quoi les Noirs sont confrontés en Tunisie", affirme une légende visible majoritairement sur WhatsApp et dont la rédaction des Observateurs de France 24 a reçu des captures d’écran. Elle est accompagnée d’une vidéo où on voit un homme noir se bagarrer avec plusieurs autres personnes blanches qui semblent lui mettre des coups de couteau.

Fortement blessé, le premier s’allonge au sol et saigne abondamment pendant qu’il reçoit de nouveaux coups de pied.

 

Une recherche de la vidéo avec l’outil InVid WeVerify (voir ici comment procéder) permet d’en retrouver l’origine : il s’agit d’un meurtre ayant eu lieu à Saint-Étienne (France) le 26 mai 2021.

La scène s’est passée devant une barre d’immeuble HLM dans le quartier de Métare, selon plusieurs articles ayant documenté la scène ou des internautes ayant relayé la vidéo début juin 2021. Une visualisation sur Google Street View permet de géolocaliser la scène devant les immeubles de la rue Colette à Saint-Étienne et d’en reconnaître les principales caractéristiques, comme des escaliers (rectangle bleu), une petite plateforme marron (en jaune) et un parterre de pierre (en rouge).

 

 

Un homme d’origine sénégalo-gambienne avait été poignardé à mort par une horde d’individus pour des motifs "futiles" et par des individus "sous l’effet de l’alcool", expliquait Le Figaro, citant une source policière. Des associations avaient dénoncé un meurtre à caractère raciste.

Selon France 3 Auvergne-Rhône-Alpes, "trois suspects d'origine arménienne" avaient été arrêtés et "la justice [n'avait] cependant pas retenu de caractère raciste à ce meurtre".

Deuxième vidéo : des arrestations dans l’enclave de Melilla au Maroc

Cette vidéo a été envoyée à trois reprises à notre rédaction et présentée comme montrant des arrestations de migrants d’Afrique subsaharienne en Tunisie. De très nombreux hommes noirs sont allongés sur le sol.

La même technique de recherche par images inversées permet de tomber notamment sur un article du média espagnol "La Sexta" dans lequel on retrouve cette vidéo dans un reportage plus long. L’article, daté de novembre 2022, fait des révélations sur des événements qui se sont déroulés le 24 juin 2022 dans l’enclave espagnole de Melilla au Maroc, le jour où une tentative de passage à la frontière entre le Maroc et l'enclave espagnole de Melilla a coûté la vie à au moins 23 migrants.

On retrouve des vidéos documentant les mêmes scènes sur la page Facebook de l’Association marocaine des droits de l’Homme de Nador en juin 2022, où on reconnaît les mêmes lieux et les mêmes barrières bleues que dans la première vidéo.

 

Troisième vidéo : l’arrestation d’un baron de la drogue en Côte d’Ivoire

Une dernière vidéo a été repérée par la rédaction des Observateurs de France 24. Elle circule sur Twitter et Facebook, et affirme montrer la réaction des autorités guinéennes après les violences en Tunisie. Les autorités auraient ainsi procédé au "rapatriement immédiat de tous les Tunisiens". Pour preuve : une vidéo dans laquelle on voit un homme arrêté par des policiers et emmené dans un fourgon.

Reçu sur WhatsApp il y a tout juste quelques minutes.Il s'agirait là de la réponse de la Guinée aux événements provoqués récemment par Kaïs Saïed en Tunisie.Info ou intox? pic.twitter.com/rXig65edw8

March 5, 2023

Là encore, la même technique de vérification de la vidéo avec l’outil InVid WeVerify permet de retrouver des vidéos sur YouTube publiées par des médias ivoiriens le 28 avril 2022.

 

 

Après la découverte d’une importante cargaison de drogue dans les villes ivoiriennes de Koumassi et San Pedro, les autorités avaient pu retrouver les responsables d’un réseau international, parmi lesquels des Espagnols et un Colombien. L’homme visible dans les premières secondes de la vidéo est l’Espagnol Miguel Angel Devesa Mera, dont on retrouve des photos dans d’autres médias, comme ici.

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Un groupe « pro-Ukraine » pourrait être l’auteur du sabotage des gazoducs NordStream 1 et NordStream 2

par Laurent Lagneau · 8 mars 2023

Depuis qu’il est avéré que les gazoducs NordStream 1 et NordStream 2, chargé d’acheminer du gaz naturel russe en Europe occidentale via la Baltique, ont été sabotés, les enquêtes menées par les pays concernés – à savoir le Danemark, la Suède et l’Allemagne – n’ont pas permis, pour le moment, de mettre un nom sur le [ou les] coupable[s].

Et si des soupçons pèsent sur la Russie – alors qu’il n’était pas forcément dans l’intérêt de cette dernière de neutraliser les deux gazoducs – aucune preuve n’est venue les étayer. En outre, pour Moscou, ce sabotage ne pourrait avoir été commis que par un pays de l’Otan, notamment le Royaume-Uni et/ou les États-Unis.

En février, le journaliste américain Seymour Hersch est allé dans le sens des autorités russes en affirmant – sans en apporter la moindre preuve – que NordStream 1 et NordStream 2 avaient été sabotés par l’US Navy, avec le concours des forces norvégiennes.

Cela étant, quelques faits sont troublants… Comme la présence d’un avion de patrouille maritime américain P-8A Poseidon sur les lieux quelques temps avant les explosions ayant affecté les deux gazoducs. Signalée par l’agence Reuters, celle-ci a ensuite été confirmée par l’US Navy, qui n’avait manifestement pas d’intérêt à la cacher.

L’appareil en question effectuait un « vol de reconnaissance de routine dans la région, sans rapport avec les fuites des gazoducs Nord Stream », a assuré un porte-parole de la marine américaine. Quant à savoir si des renseignements susceptibles d’être utiles à l’enquête avaient pu être collectés par le P-8A Poseidon, celui-ci a botté en touche. « Nous n’avons pas d’informations supplémentaires à fournir pour le moment », a-t-il dit à Reuters.

Un autre élément a été mis en lumière par l’entreprise américaine SpaceKnow, spécialisée dans l’analyse des données satellitaires. Son Pdg, Jerry Javornicky, a en effet confié au magazine Wired que 25 navires naviguaient dans le secteur au moment des faits… et que deux d’entre-eux, mesurant environ 95 et 130 mètres de long, avaient éteint leur système d’idenfication automatique [AIS], obligatoire pour tout bateau civil, a fortiori dans un endroit aussi fréquenté que la mer Baltique.

« Ils avaient leurs balises éteintes, ce qui signifie qu’il n’y avait aucune information sur leur présence et qu’ils essayaient de dissimuler leurs informations de localisation », a expliqué M. Javornicky, avant de préciser que ces informations avaient été transmises à l’Otan.

Un autre navire était-il présent sur les lieux du sabotage ou bien fait-il partie des deux signalés par SpaceKnow? Toujours est-il que plusieurs médias allemands, dont l’hebdomadaire Die Zeit et les chaînes publiques SWR et ARD, ont affirmé que les enquêteurs avaient identifié un yacht qui aurait probablement été utilisé pour saboter les deux gazoducs. Ce bateau – qui n’a pas été nommé – a été loué par une société établie en Pologne et « appartenant apparemment à deux Ukrainiens ».

Selon l’enquête, six personnes [cinq hommes et une femme, dont des plongeurs] ont pris place à nord. Leur nationalité n’a pas formellement été établie, d’autant plus que des faux passeports ont été utilisés pour louer le yacht. Celui-ci a appareillé de Rostock [Allemagne] le 6 septembre. Puis il a été localisé près de l’île danoise de Christiansø [son AIS était-il allumé à ce moment là?]. En tout cas, le bateau a été ensuite restitué « non nettoyé »… ce qui a permis de trouver des traces d’explosifs dans l’une de ses cabines, écrit Die Zeit.

« Même si des pistes mènent à l’Ukraine, les enquêteurs ne sont pas encore parvenus à déterminer qui a mandaté » l’opération, conclu l’hebdomadaire allemand. Le hasard faisant bien les choses, le même jour, le New York Times a fait état de « nouveaux renseignements » examinés par les autorités américaines…

Et celles-ci suggèrent qu’un groupe « pro-ukrainien », composé « d’opposants à Vladimir Poutine », pourrait être derrière le sabotage des deux gazoducs. Seulement, et sans préciser l’origine de leurs informations, elles ont admis ignorer « beaucoup de choses sur les auteurs du sabotage et leur affiliation » et n’avoir « aucune preuve » sur une implication directe de Kiev.

Si le sabotage des deux gazoducs a été une opération relativement « simple » [NordStream 1 et NordStream 2 reposent à 80/100 mètres de profondeur], il n’en reste pas moins qu’une action de ce genre ne s’improvise pas et qu’elle exige des moyens. Qui les a fourni?

En tout cas, le gouvernement ukrainien a démenti toute participation à ce sabotage. « Bien que j’aime collecter d’amusantes théories du complot sur le gouvernement ukrainien, je dois dire que l’Ukraine n’a rien à voir avec l’accident de la mer Baltique et n’a aucune information sur des groupes de sabotage pro-ukrainiens », a réagi Mykhaïlo Podoliak, un conseiller du président Volodymyr Zelensky, via Twitter.

« Cela ne vient pas de notre action », a assuré Oleksiï Reznikov, le ministre ukrainien de la Défense, en marge d’une réunion avec ss homologues de l’Union européenne à Stockholm… où le Premier ministre suédois, Ulf Kristersson, n’a pas souhaité faire le moindre commentaire sur cette affaire. « Je conseille de ne pas tirer de conclusions hâtives », a, de son côté, affirmé Boris Pistorius, le ministre allemand de la Défense.

France24 - Monde

Ligue Europa Conférence : l'OGC Nice s'impose dans la difficulté en Moldavie, prend une option

Publié le : 09/03/2023 - 22:07

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L'OGC Nice a assuré l'essentiel en s'imposant sur la pelouse du Sheriff Tiraspol (1-0), jeudi à Chisinau, en huitième de finale aller de Ligue Europa Conférence. Le dernier club français en course dans une Coupe d'Europe cette saison est en ballotage favorable avant le match retour dans une semaine à l'Allianz Riviera.

Dernier représentant français en Coupes d'Europe cette saison, Nice s'est imposé à Chisinau, capitale de Moldavie, contre le Sheriff Tiraspol (1-0) grâce à un but chanceux du jeune Ayoub Amraoui, en huitième de finale aller de Ligue Europa Conférence.

Dans des conditions compliquées, les hommes de Didier Digard, toujours invaincu comme entraîneur principal du club, prennent une option pour la qualification avant le match retour dans une semaine à l'Allianz Riviera.

Rien n'est cependant acquis : au tour précédent, le Sheriff, symbole de la Transnistrie, bande de terre orientale, prorusse, ayant fait sécession de la Moldavie au début des années 1990, s'était en effet incliné en barrage aller à Chisinau contre le Partizan Belgrade (1-0), avant de se qualifier 3-1 en Serbie.

Nice, qui, au retour, sera privé de son capitaine Dante suspendu, n'a, de plus, pas montré une réelle supériorité, malgré un jeu collectif parfois supérieur.

Mission 1 sur 2 accomplie, bravo messieurs ❤️🖤#OGCNice #UECL #FCSOGCN pic.twitter.com/9wJKrUNz39

March 9, 2023

La première période a été indigne d'une rencontre européenne. Disputée sur une piètre pelouse, elle a opposé une formation niçoise sans intention de prendre des risques démesurés, et une formation moldave, dont l'unique objectif était de contrer.

Dans un 3-5-2 avec le jeune Franco-Marocain Ayoub Amraoui, 18 ans, et Jordan Lotomba comme joueurs de couloir offensifs, Nice n'a pas offert assez de mouvements pour déstabiliser son adversaire.

La chance du débutant

À l'image de la très chère recrue hivernale Terem Moffi, qui n'a jamais été trouvée, l'équipe de Digard a manqué de spontanéité. La première frappe, contrée, est d'ailleurs venue très tardivement (38e). Elle a été l'œuvre de Pablo Rosario, le moins offensif des milieux...

Heureusement pour eux, les Aiglons ont pu compter sur la réussite. Celle du débutant Amraoui. Pour sa troisième titularisation consécutive en pro, le Varois international marocain U20 arrivé à 15 ans à Nice a vu son centre se transformer en lob parfait sur le gardien ukrainien du Sheriff, Maxym Koval (0-1, 45e+3).

Une seule frappe cadrée et un but juste avant la pause : les Niçois n'auraient pu prétendre à mieux au moment de rentrer aux vestiaires. D'autant que, quelques instants auparavant, Dante avait offert un bon coup franc à ses adversaires, après une faute sévère sur Abdoul Tapsoba. Mais Mouhamed Diop a frappé dans les gants de Kasper Schmeichel (45e).

Côté moldave, c'est le latéral droit du Sheriff, Armel Zohouri, ex-Niçois qui a signé en Transnistrie en début de saison, qui a sonné la révolte du Sheriff, devenu dominateur. Son centre a ricoché sur la barre transversale de Schmeichel (72e). Auparavant, le remuant Tapsoba s'était joué du duo Dante-Todibo mais n'avait pas cadré sa volée (59e).

En face, la seule séquence collective niçoise de qualité a abouti à une frappe ratée de Lotomba (67e). Et sur corner, Dante a touché le poteau sans que Rosario ne puisse doubler la mise (81e).

Le match retour s'annonce plus ouvert qu'espéré par les Niçois.

Avec AFP

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Football : José Mourinho offre à la Roma la première Ligue Europa Conférence

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La Pologne se dit prête à assurer la maintenance des chars Leopard 2 livrés à l’armée ukrainienne

par Laurent Lagneau · 7 mars 2023

Au 26 février, l’Ukraine avait reçu la promesse de recevoir un total de 67 chars Leopard 2 [sous différentes versions], avec des cessions annoncées par l’Allemagne [18 exemplaires], la Pologne [14], la Suède [10], le Canada [8], le Portugal [3], l’Espagne [6] et la Norvège [8]. Cela étant, la question est désormais de savoir quand l’armée ukrainienne pourra se les approprier…

Déjà, la Pologne a indiqué avoir livré à Kiev les quatre premiers Leopard 2 sur les 14 qu’elle a promis. Et les dix autres devraient suivre dans les prochains jours. C’est en effet ce qu’a annoncé Mariusz Blaszczak, le ministre polonais de la Défense, peu avant de s’envoler vers la Suède où il doit participer à une réunion avec ses homologues de l’Union européenne [UE], ce 7 mars.

Cela étant, ces promesses de dons ne règlent pas tout… dans la mesure où la question du maintien en condition opérationnelle [MCO] de ces chars Leopard 2 n’a, pour le moment, pas obtenu de réponse. Or, sur ce point, et comme l’avait souligné le président polonais, Andrzej Duda, lors d’un entretien accordé à la chaîne de télévision CNN, l’approvisionnement en pièces détachées auprès de l’industrie allemande, pose encore de « sérieux problèmes ». Les « Allemands peinent à fournir des pièces de rechanges. Nous ne comprenons pas cette situation, mais c’est ainsi », avait-il dit.

Avant de retrouver ses homologues européens en Suède, M. Blaszczak a remis ce sujet sur la table. « La question fondamentale que nous allons aborder est la faible dispobibilité des pièces détachées pour les chars Leopard », a-t-il dit. Et d’ajouter : « Je compte sur le ministre [allemand de la Défense] Pistorius pour qu’il use de son influence sur l’industrie allemanda afin que les pièces détachées pour les Leopard soient livrées ».

Une solution que M. Blaszczak entend proposer de confier à l’industrie polonaise le soin de produire de telles pièces… ainsi que l’entretien des chars livrés à l’armée ukrainienne. « Le plus important est de sortir de l’impasse », a-t-il insisté, évoquant l’installation, en Pologne, d’un « centre de services dédié uniquement à l’entretien des Leopard 2 livrés à l’armée ukrainienne. Centre qui pourrait voir le jour dans une usine de l’industriel Bumar-Łabędy [filiale du groupe PGZ], en Haute-Silésie. Par le passé, celui-ci s’était occupé de la modernisation des Leopard 2 des forces polonaises.

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Grand Nord : Les Royal Marines britanniques ont ouvert une base en Norvège

par Laurent Lagneau · 8 mars 2023

À l’occasion d’une stratégie dévoilé en septembre 2018, le Royaume-Uni fit savoir qu’il entendait placer le Grand Nord au « centre » de sa sécurité, ce qui supposait alors la multiplication d’exercices militaires par temps froid et la hausse des moyens dédiés à la lutte anti-sous-marine. Pour cela, il souhaitait s’appuyer sur la Force expéditionnaire commune [Joint Expeditionary Force – JEF], créée avec le concours du Danemark, des Pays-Bas, de la Norvège, de la Suède, de la Finlande et des trois États baltes.

Puis, cette stratégie fit l’objet d’une mise à jour, en mars 2022. Le Grand Nord « est important pour nos communications, notre commerce, nos voyages et nos libertés », avait alors justifié Ben Wallace, le ministre britannique de la Défense, depuis la base norvégienne de Bardufoss, alors que l’exercice Cold Response 22 allait vers sa fin. Et cela d’autant plus que cette région est une priorité pour la Russie… et qu’elle intéresse également la Chine, en raison des effets du changement climatique.

Ainsi, en plus de la JEF et du développement de l’interopérabilité avec ses partenaires, facilitées par la mise en oeuvre d’équipements communs [comme le chasseur-bombardier F-35 et l’avion de patrouille maritime P-8A Poseidon], Londres envisageait la création d’une « force d’intervention permanente », devant reposer sur « Groupe Littoral d’Intervention » [LRG – Littoral Response Group], comprendant deux navires d’assaut amphibe et au moins une compagnie de Royal Marines.

Évoquant par ailleurs l’envoi plus fréquent de sous-marins nucléaires d’attaque [SNA], le document évoquait le maintien d’une « présence périodique de la Royal Navy dans le Grand Nord, aux côtés de nos alliés et partenaires, afin de démontrer notre engagement envers la liberté d’accès et de navigation dans la région ».

Cette stratégie a pris un nouvel élan, ce 8 mars, avec l’annonce par la Royal Navy de l’ouverture de Camp Viking, une base militaire britannique implantée une soixantaine de kilomètres de Tromsø [nord de la Norvège], précisément dans les environs du village d’Øverbygd. La construction de cette emprise se justifie par la « réémergence du Grand Nord comme théâtre clé d’opérations », ce qui nécessite de « nouvelles installations pour l’ère moderne ».

Pendant dix ans, ce camp militaire « servira de plaque tournante pour les Royal Marines Commandos », lesquels « s’appuient sur leur expérience de la guerre arctique héritée de la Seconde Guerre Mondiale », a expliqué la Royal Navy, via un communiqué.

Situé à un peu plus de 300 km, à vol d’oiseau, de la frontière russe, le « Camp Viking » pourra accueillir « tout le personnel du Groupe littoral d’intervention », a-t-elle ajouté, précisant qu’il est idéalement situé, près de la base de Bardufoss, « où opère la Commando Helicopter Force ». Il permettra au Royaume-Uni de « dissuader les menaces dans la région » et de « réagir rapidement si nécessaire pour protéger le flanc nord de l’Otan et son proche allié, la Norvège », a-t-elle souligné.

Durant la Guerre Froide, les Royal Marines avaient la mission de renforcer les positions les plus septentrionales de l’Otan… en Norvège. À cette fin, la 3 Commando Brigade s’y entraînait régulièrement, tout en disposant d’équipements prépositionnés.

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Après l’Allemagne, la République tchèque fait part de son intérêt pour les chars Leopard 2 de l’armée suisse

par Laurent Lagneau · 7 mars 2023

La semaine passée, le Département fédéral suisse de la Défense, de la protection de la population et des sports a confirmé que l’Allemagne lui avait demandé de revendre une partie de ses 96 chars Leopard 2 [ou 87Leo selon la nomenclature suisse, ndlr] à Rheinmetall afin de pouvoir « reconstituer les stocks d’armements au sein des pays membres de l’Union européenne et de l’Otan ».

Compte tenu de sa neutralité et de sa loi fédérale sur le matériel de guerre, la Suisse s’interdit d’exporter [ou de revendre] des équipements militaires vers des pays en guerre. Et l’Ukraine n’échappe pas à cette règle. D’où la demande de Berlin, laquelle vise à remplacer les Leopard 2 que certains pays ont l’intention de fournir à l’armée ukrainienne.

Cela étant, les Leopard 2 mis en réserve par l’armée suisse – 96 sur un total de 230 – suscite bien des convoitises. L’an passé, la Pologne s’y était intéressée, alors qu’elle cherchait à remplacer les chars T-72 de conception soviétique qu’elle venait de livrer à l’Ukraine. Et, à l’époque, Berne avait refusé de donner une suite favorable à cette demande… pour des raisons législatives.

« Étant donné que l’aliénation de chars désaffectés à un autre État suppose en amont une mise hors service de ces systèmes, étape soumise à l’approbation du Parlement dans le cadre de messages sur l’armée, le DDPS estime que, dans les circonstances actuelles, l’aliénation de chars désaffectés à la Pologne ne peut pas être réalisée dans un délai utile », firent en effet valoir les autorités suisses.

Quelle suite sera donnée à la requête allemande? Et… à celle que vient d’adresser la République tchèque, qui serait intéressée par la reprise de quelques « 87 Leo »? C’est en effet ce qu’a indiqué Viola Amherd, la cheffe du DDPS… « Nous avions une demande de l’Allemagne et depuis lors, nous avons aussi une demande de la République tchèque », a-t-elle en effet déclaré à la télévision publique SRF, le 6 mars.

À Prague, on a donné une version différente des faits. « Nous n’avons pas discuté de l’achat de chars à la Suisse, mais si la Suisse voulait nous donner ses Leopard 2 comme récompense pour notre aide à l’Ukraine nous ne serions certainement pas contre », a en effet dit David Jares, le porte-parole du ministère tchèque de la Défense, selon l’AFP.

Selon le commandant de corps Thomas Süssli [chef de l’armée suisse], la demande allemande porterait sur une douzaine de Leopard 2A4. Quant à celle faite par Prague, aucune précision n’a été donnée son sujet.

Pour rappel, l’armée tchèque doit recevoir un total de 15 Leopard 2A4, fournis par l’Allemagne dans le cadre de l’initiative Ringtausch, lancée par Berlin pour faciliter le don à l’Ukraine d’équipements militaires d’origine soviétique par certains pays de l’Otan. Et il est question de compléter cette dotation par 50 Leopard 2A7+ neufs.

Cela étant, l’armée suisse n’est pas forcément d’accord pour se séparer des chars mis en réserve. En janvier, une initiative parlementaire avait été lancée pour autoriser la cession d’une trentaine de Leopard 2 à l’Allemagne. Mais elle s’était heurtée à l’opposition des commissions de la politique de sécurité des chambres du Parlement suisse [Conseil national et Conseil des États]. Et il est problable que ces nouvelles demandes fassent l’objet du même traitement.

« Les Leopard mis hors service gardent leur importance, soit pour être revalorisé soit sous forme de pièces de rechange », a ainis souligné le DDPS, selon la presse d’outre-Léman.

Photo : DDPS

France24 - Monde

France 24 exprime sa vive inquiétude suite au réquisitoire prononcé contre ses anciens correspondant et réalisateur en Algérie

Publié le : 08/03/2023 - 22:01Modifié le : 08/03/2023 - 22:02

FRANCE 24 Suivre

Dans un communiqué, mercredi 8 mars, la direction de France 24 exprime "sa vive inquiétude" après un réquisitoire demandant trois ans de prison ferme à l'encontre de ses anciens correspondants en Algérie Moncef Aït Kaci et du réalisateur Ramdane Rahmouni.

Le journaliste et ancien correspondant de France 24 en Algérie, Moncef Aït Kaci, était jugé ce mercredi à Alger pour "financement reçu de l'étranger et publication d'informations nuisant à l'intérêt national", selon le procureur.

Moncef Aït Kaci avait été arrêté le 28 juillet 2020 et placé en détention provisoire, avant d'être remis en liberté et officiellement accrédité par les autorités algériennes.

Aujourd'hui, une lourde peine de 3 ans de prison ferme a été requise à l'encontre de Moncef Aït Kaci et du journaliste-réalisateur Ramdane Rahmouni, qui ont toujours exercé leur métier avec professionnalisme et rigueur, en toute transparence.

Dans l'attente du délibéré prévu le 22 mars, la direction de France 24 exprime sa vive inquiétude face à ce réquisitoire, mais a confiance en la justice. Elle apporte tout son soutien à ses anciennes équipes accréditées en Algérie.

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France24 - Monde

Violences sexistes : la plateforme "Save You" s'empare du cauchemar des Françaises expatriées

Publié le : 08/03/2023 - 07:03

Sophian AUBIN

À l'occasion de la journée internationale des droits des femmes, France 24 s'est intéressée à une plateforme dédiée aux violences que subissent les femmes françaises établies hors de l'Hexagone. Laissant la victime seule aux mains de son agresseur, l’expatriation est un facteur aggravant la détresse. Lancée en octobre, "Save You" a permis à plus d’une centaine de personnes de briser le silence. Elles racontent une vie brisée par la violence.

"Je ne t’ai pas assez frappée la dernière fois. J’ai l’impression que tu en redemandes", hurle un homme massif. Le colosse turc finit par claquer la porte. Nour (son nom a été modifié) est gagnée par l’angoisse. Cette semaine-là, à Mersin, dans le sud de la Turquie où elle vit séquestrée depuis plus d’un an, la terre a tremblé par deux fois. Quelques jours plus tard, c’est la vie de Nour qui vacille. "Il faut absolument m’extraire du domicile ce soir, il est armé, je sens que je vais mourir à son retour", murmure-t-elle par téléphone à Caroline.

Présidente de l’association Cœurs de guerrières, Caroline est aussi la coordinatrice de la plateforme Save You. Une voix apaisante, que Nour a pu contacter via un numéro de téléphone, et que les Françaises expatriées victimes de violences peuvent composer gratuitement, où qu’elles se trouvent dans le monde,  24h/24, 7 jours/7. À l’autre bout du fil, des personnes s’efforcent de dénouer les situations les plus complexes, ou même "d’éviter le pire", comme ce soir-là, avec Nour.

Première du genre, lancée en octobre 2022, Save You est une initiative de la Sorority Foundation, une association française, mère de l'application "The Sorority", à laquelle se connectent des femmes de tous les pays de la planète. Dédiée aux Françaises expatriées et leurs enfants, la plateforme Save You se met à l’écoute de femmes (de quelques hommes aussi) victimes de violences variées. En tête de liste, les violences psychologiques (43% des cas), suivies des violences physiques (19%). 

Prises au piège

Ces deux poisons avaient conjointement contaminé la vie d’Alice (son nom a été modifié), le jour où, en pleurs, elle appelle Caroline. Il y a un peu plus plus d'un an, Alice prenait la décision de quitter la France pour Manchester, avec son compagnon, lui anglais. En septembre dernier, ils mettaient au monde une petite fille. Mais aujourd'hui, l’homme qu'elle aimait lui interdit d’aimer leur propre fille : dès les premiers mois qui suivent sa naissance, le Britannique commence à arracher le nourrisson des bras de sa mère. Les coups de pied assénés par le Britannique se mêlent aux menaces et aux insultes : "Laisse la petite ici et retourne en France, on n'a plus besoin de toi. Espèce de sorcière, va", confie Alice à France 24 par téléphone.

Sans emploi, handicapée par une langue qu’elle parle mal, esseulée dans un microcosme appartenant à Monsieur, économiquement et juridiquement ultra-dépendante, et séparée de siens par des milliers de kilomètres : voilà les leviers du piège dans lequel Alice est paralysée.

Ce piège correspond point pour point à celui qui retenait Nour captive. Et à celui des 124 personnes suivies par Save You, abonde Caroline. Certaines des femmes avec qui elle est en contact sont séquestrées depuis quinze ans. Leur situation se trouve aggravée dans les cas où l’expatriation s’est faite contre l’assentiment et en rupture avec la famille, poursuit la militante : la transformation violente d'un homme pour lequel elles ont tout quitté plonge alors les victimes dans une infinie solitude émotionnelle. 

Elément déclencheur 

Cette "explosion" de brutalité, rien n’aurait pu la laisser présager chez son ex-compagnon, assure Alice. Jusque dans les dernières semaines de la grossesse, le père de son enfant avait fait preuve d’un irréprochable soutien. Comment la violence a-t-elle pu le gagner, au point qu’intervienne la police britannique ? "Je ne comprends toujours pas", soupire la quadragénaire. 

Fréquentes, soudaines, ces brutales "métamorphoses" ont souvent l’accouchement pour déclencheur, explique Caroline. Comme si, aux yeux du père, la mère lui devenait acquise selon la logique suivante  : "de toute façon, tu ne pourras plus jamais partir puisqu’il y a l’enfant. Et si tu pars, je vais le garder". C’est en somme ce que martelait son homme à Alice, insistant sur le fait qu'elle n'avait aucun droit en Angleterre. Ces paroles trouvent dans la réalité un écho amer. Car, si en dépit de son combat, Alice n'obtient pas de passeport français pour son bébé, elle ne pourra  jamais légalement quitter le Royaume-Uni avec son enfant. 

Celui qu'élevait Nour au cours de sa longue séquestration en Turquie est issu d’un mariage antérieur. Secourue par des gendarmes turcs alertés par Save You, la jeune femme a échappé in extremis à son ancien compagnon, parvenant depuis Mersin à l’aéroport d’Adana. Elle y passera de nouvelles heures d’angoisse : le chaos semé par le séisme avait eu raison de tout vol vers Paris. Sans argent, au terme de multiples escales, Nour a finalement atterri à l'aéroport de Roissy. Là où elle avait naguère embarqué pour un weekend, que le sort a mué en dix-huit mois mois de captivité. Épuisée, considérablement amaigrie, sans ressources, Nour a tout perdu. "Il m’a ôté toute confiance en moi". La jeune femme explose en sanglots.

Sur plus d’un million d’expatriées, combien vivent actuellement cet enfer, sans même pouvoir espérer s’en réveiller ? Cet angle mort des violences sexistes échappent aux radars de toute statistique officielle. Débordée par le flot d’appels au secours, Caroline est gagnée par l’indignation. Selon elle, les autorités françaises devraient elles aussi s'emparer de ce fléau à bras le corps. 

La contrainte des lois locales

Le Quai d'Orsay s'est doté d'une cellule dédiée, mais elle pâtit d’un cruel manque de personnel, regrette Amélia Lakrafi, députée des français de l’étranger (10e circonscription). "Pour répondre efficacement à un problème, il faudrait déjà en avoir une pleine conscience", analyse cette franco-marocaine". Or, "en métropole, l’imaginaire collectif perçoit les Français de l’étranger comme des nantis, jouissant d’excellentes situations, qui seraient très heureux". Par delà ce fantasme exotique, un autre écueil : la difficile exportation des politiques publiques françaises sous d’autres latitudes. "Nos représentations nationales ne font pas ce qu’elles veulent. Et nous demeurons tous extrêmement contraint par les lois locales", poursuit la députée (LREM).

Amélia Lakrafi, qui alertait depuis des années les décideurs publics face à cet angle mort des violences sexistes, fut conquise par la plateforme dès ses balbutiements. Save You est "vraiment l’outil qu’on attendait", se félicite-t-elle. D’autant que les porteurs de projets associatifs comme ceux de The Sorority Fondation disposent selon elle d’une liberté plus grande que celle de l’administration, alourdie par les procédures qui lui sont propres. "Pour autant, Save You ne montera en puissance qu’en travaillant de concert avec le réseau institutionnel français à l’étranger, le Quai d’Orsay, et le ministère de l’Intérieur", nuance la députée. 

Les prémisses de cette symbiose semblent avoir déjà pris forme. "Le Quai d’Orsay nous permet souvent d’avancer plus vite, heureusement qu’ils sont avec nous", se réjouit Priscillia Routier-Trillard, fondatrice de The Sorority Foundation. En quelques mois, les sites tels que celui du Ministère des Affaires Étrangères ont affiché un lien vers la plateforme. Une décision salutaire pour des femmes telles que Nour ou Alice, qui n’auraient pas pris connaissance de Save You sans ces relais officiels.

Savoir que l’on est pas seul.e

Alice n’a certes pas encore abattu le mur d’obstacles juridiques qui la sépare d’une vie paisible. Mais l’efficacité de ses interlocutrices l’aide à croire en des lendemains meilleurs. Des barrières qui lui semblaient insurmontables tombent. Alice a ainsi pu s'installer dans un nouveau domicile, dans un lieu qu'elle ne peut divulguer, craignant de voir son ex-compagnon resurgir pour lui enlever sa fille. 

Dès son lancement, avocats, médecins, travailleurs sociaux et autres professionnels-clés ont proposé leurs services à Save You dans divers pays du monde, lui offrant-là une des clés de son succès : un réseau grandissant, auquel la plateforme connecte toujours plus de femmes. "Parfois, nous servons simplement de lien vers une solution locale que la victime cherchait désespérément depuis des mois, sans succès", explique la coordinatrice de la plateforme.

Mais en lui prêtant une oreille attentive, Caroline a offert à Alice un cadeau de nature immatérielle : "Elle m’a écoutée. Depuis le trou noir où j’étais, c’est comme si j’apercevais une sortie", confie Alice.

Comme Alice et Nour et comme des centaines de milliers de Françaises chaque année, Priscillia Routier-Trillard et Caroline ont elles aussi jadis subi les coups d’un homme. Longtemps, elles se sont murées dans cette paradoxale culpabilité. Dans ce silence. 

Aujourd’hui, "ce qui me porte, c’est de devenir cette main que j’aurais aimé qu’on me tende", confie Caroline. Nous "sommes des êtres sociaux", poursuit Priscillia. "Savoir que l'on n'est pas seul.e : rien au monde n’est plus puissant".

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Violences contre les femmes : l'appli française "The Sorority" fait ses débuts au Maroc

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Droits des femmes : la journée du 8 mars, un coup de projecteur sur la lutte pour l'égalité

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L’appel d’offres pour des hélicoptères légers destinés aux forces spéciales australiennes a été annulé

par Laurent Lagneau · 7 mars 2023

En octobre 2018, dans le cadre de son projet Land 2097 Phase 4, le ministère australien de la Défense lança un appel d’offres en vue de se procurer 16 hélicoptères légers pour en équiper le 6e Régiment d’aviation de l’Australian Army. Plus précisément, ces appareils, de la classe 4 tonnes, devaient permettre à de petites équipes de commandos de mener des assauts aériens et disposer de moyens ISR [renseignement, surveillance, reconnaissance] ainsi que d’une capacité d’appui-feu.

Cela étant, ce marché n’a pas visiblement pas suscité une foule de candidatures. Seulement deux appareils ont été soumis à cette procédure, dont le H145M d’Airbus Helicopters et le Bell 429, qui a fait l’objet de deux candidatures distinctes, l’une portée par Babcock, l’autre par Jet Australia. Pourtant pressentis, Boeing [avec le AH-6i], Leonardo Helicopters et MD Helicopters [avec le MD530G] ont finalement décliné toute participation.

Évidemment, étant déjà utilisé par les forces spéciales allemandes, le H145M semblait avoir toutes les [bonnes] cartes en main pour remporter cet appel d’offres. D’autant plus qu’Airbus avait pris soin de nouer des partenariats avec l’industrie locale [dont Safran Australia, Qinetiq Australia, HeliMods, Toll Helicopters, Helicopter Logistics, Sigma Bravo et Thales Australian etc] afin de mettre le plus de chances de son côté.

Seulement, cette procédure a été finalement annulée. C’est en effet ce qu’a indiqué le général Stephen Jobson, le « patron » de l’aviation de l’Autralian Army, lors du salon aéronautique international Avalon 2023, la semaine passée.

Ainsi, ce programme a fait les frais du retrait – prématuré – des hélicoptères MRH90 Taipan… Pour rappel, ceux-ci doivent être bientôt remplacés par des UH-60 Black Hawk, commandés auprès de Sikorsky [filiale de Lockheed-Martin]. Même chose pour les hélicoptère Tigre [d’Airbus Helicopters], qui laisseront la place à des AH-64E Guardian. En outre, l’Australie va également augmenter sa flotte d’hélicoptères de transport lourd [HTL] CH-47F Chinook. Ce qui fait beaucoup… en peu de temps.

Or, comme les 16 hélicoptères légers devaient compléter les MRH-90 Taïpan, leur achat de se justifie plus. C’est ce qu’a laissé entendre le général Jobson. « L’UH-60M entre en service en tant qu’aéronef qui fournira un soutien dédié aux forces spéciales », a-t-il expliqué.

Pourtant, l’achat de 16 hélicoptères légers pour les forces spéciales faisait partie des priorités du livre blanc australien sur la défense…

Photo : H145M d’Airbus Helicopters

Opex 360

Taïwan va moderniser ses chars M60A3 TTS « Patton »

par Laurent Lagneau · 8 mars 2023

En Ukraine, les armements les plus récents côtoient plus anciens… Cela vaut notamment pour les chars… Ainsi, côté russe, les T-72 et T-80 [de conception soviétique] ont été plus sollicités que les T-90M, qui sont pourtant parmi les derniers à avoir été mis en service. Et plutôt que les récents T-14 Armata, Moscou a préféré destocker ses T-64 et autres T-62…

Même chose pour les forces ukrainiennes, qui n’ont pu compter, du moins dans un premier temps, que sur des T-72 fournis par des pays membres de l’Otan qui en possédaient encore, ainsi que sur des M55S slovènes, dérivés du T-55. Et si elles doivent bientôt recevoir 67 chars Leopard 2 plus récents, elles devront surtout composer avec des Leopard 1, produits dans les années 1960.

Aussi, quand il s’agit de donner la priorité à la masse, l’âge du char importe peu. Du moins, c’est ce que l’on serait tenté de penser. En tout cas, à Taïwan, on fait le même type de calcul… Alors que Taipei a commandé 108 M1A2T Abrams auprès des États-Unis, il n’est pour autant pas question pour ses forces terrestres de se séparer de leurs 460 exemplaires du M60A3 TTS « Patton », un char qui fut le fer de lance de l’US Army dans les années 1960.

En effet, en novembre 2021, il fut rapporté que ces M60A3 TTS Patton allaient être modernisés… Et qu’il pourrait en être fait autant avec les 450 CM-11 « Brave Tiger » qui, assemblés entre 1988 et 1994, associent une tourelle de M-48 à un châssis de M-60, le tout avec le système de contrôle de tir du M1A1 Abrams.

Deux ans plus tard, cette modernisation des M60A3 TTS Patton a été confirmée par Taipei. Mais celle-ci portera sur le groupe motopropulseur de ces chars. En effet, Renk America s’est vu attribuer un contrat de 236 millions de dollars pour les doter d’une motorisation plus puissante, celle-ci devant passer de 750 à 1000 chevaux. Ce travail devra être terminé en 2028.

Il n’est pas clair si le ministère taïwanais de la Défense poussera ce chantier plus loin. L’an passé, selon Janes, un contrat avait été attribué au National Chung-Shan Institute of Science and Technology [NCSIST] pour mettre à niveau le système de contrôle de tir des M60A3 TTS. Et il était aussi question de remplacer leur canon de 105 mm par un calibre de 120 mm, d’installer un système de chargement automatique ainsi qu’un nouvel ordinateur balistique. Or, pour le moment, ces améliorations n’ont pas été évoquées de nouveau.

France24 - Monde

Le chef d'Aqmi Abou Obeida Youssef al-Annabi répond à 17 questions de France 24

Publié le : 06/03/2023 - 15:11Modifié le : 06/03/2023 - 15:58

Wassim NASR Wassim NASR

Après un an d'intenses tractations, Wassim Nasr, le spécialiste des mouvements jihadistes à France 24, est parvenu en exclusivité à envoyer ses questions à l'émir d'Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi), Abou Obeida Youssef al-Annabi. Départ de Barkhane, menace terroriste sur la France, stratégie d'expansion vers le Golfe de Guinée... notre chroniqueur décrypte et met en contexte les réponses du chef de l'organisation terroriste.

C'est une intervention rarissime. L'émir d'Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi), Abou Obeida Youssef al-Annabi, a accepté de répondre aux questions de Wassim Nasr, le spécialiste des mouvements jihadistes à France 24, après près d'un an de tractations.

Vétéran du jihad, l'Algérien est l'un des fondateurs de l’ancêtre d'Aqmi, le GSPC (Groupe salafiste pour la prédication et le combat). Haut cadre de l'organisation et personnalité médiatique, il a succédé en 2020 à Abdelmalek Droukdel, son chef historique, tué par l'armée française au nord du Mali lors d'une opération héliportée.

Au cours de cet échange exclusif, le chef terroriste s'est plus particulièrement attardé sur son pays natal, considéré comme une cible par Aqmi. "Il est ici dans le déni de la situation très grave d'Aqmi en Algérie, qui est sous pression", analyse Wassim Nasr, qui rappelle que de nombreux cadres de l'organisation ont été tués ou arrêtés par les autorités. "Ce qui explique aussi le choix de descendre plus au Sud, vers le Mali".

Concernant les menaces qui pourraient peser sur le territoire français, Abou Obeida Youssef al-Annabi a assuré que les objectifs d'Aqmi et du Jnim étaient "locaux" mais s'est montré plus évasif sur les attaques qui viseraient des expatriés français.

Selon le chef d'Aqmi, le départ de l'opération Barkhane est "une victoire" pour son organisation. "Cependant, on sait que ce départ est surtout lié à l'arrivée des mercenaires de Wagner et aux tensions avec les autorités maliennes", décrypte Wassim Nasr. "Pour lui, la France et la Russie sont dans le même sac et le combat contre les forces qu'il qualifie de 'coloniales' sera le même".

Confirmation de la détention d'Olivier Dubois

Le chef d'Aqmi a également confirmé officiellement détenir le journaliste Olivier Dubois, enlevé dans le nord du Mali en avril 2021. "C'est la première confirmation officielle de la tête d'Aqmi", note Wassim Nasr. L'émir assure toutefois "ne pas avoir cherché à piéger le journaliste" qui voulait interviewer un cadre du Jnim (Groupe de soutien à l'islam et aux musulmans). Selon lui, la porte est ouverte à des négociations et désormais "la balle est dans le camp des autorités françaises".  

Abou Obeida Youssef al-Annabi a également vanté sa stratégie de recrutement au Sahel et revendiqué des gains territoriaux vers le Sud et le Golfe de Guinée. "Selon lui, il n'y a pas de limites à l'expansion. La stratégie consiste à s'insérer dans les conflits locaux et gagner les cœurs et les esprits", détaille Wassim Nasr, qui rappelle le contexte de rivalité sanglante avec l'Organisation État islamique.

 

Interrogé sur le massacre de Solhan au Burkina Faso en 2021, dans lequel est impliqué une unité d'Al-Qaïda et au cours duquel 160 personnes au moins ont perdu la vie, le chef terroriste a démenti toute implication de ses hommes dans la tuerie. 

À propos d'éventuelles négociations avec des États africains, "des canaux restent ouverts". "On sait que ces canaux existent avec la Mauritanie, le Niger, pendant un moment aussi avec le Burkina Faso", explique Wassim Nasr. "Chaque canal est différent selon le pays concerné. [Abou Obeida Youssef al-Annabi] explique qu'Aqmi adapte sa politique de négociation ou d'implantation aux conditions historiques de chaque pays".

Enfin, l'émir a préféré botter en touche lorsque la question de son rôle au sein du Comité "Hattin" des dirigeants d'Al-Qaïda a été abordée. "Sans nier l'existence d'un tel organe de direction, [Abou Obeida Youssef al-Annabi]  a simplement répondu qu'il n'était qu'un soldat de l'islam", détaille Wassim Nasr. "Il n'a pas du tout répondu sur les arcanes de la construction d'Al-Qaïda" même s'il a reconnu dans une autre réponse une architecture "très décentralisée". "Les chefs locaux ont une grande liberté tant qu'ils suivent la grande stratégie tracée par le groupe", conclut le journaliste.

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La France annonce avoir tué Yahia Djouadi, haut cadre d’Al-Qaïda au Mali

AQMI désigne son nouveau chef pour remplacer Abdelmalek Droukdel

On va plus loin

Sahel: l'après-Barkhane

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Airbus Helicopters s’allie avec Boeing pour remplacer les hélicoptères Puma des forces britanniques

par Laurent Lagneau · 6 mars 2023

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En mai 2022, le ministère britannique de la Défense [MoD] a lancé un appel d’offres afin d’acquérir 44 nouveaux hélicoptères multi-rôles de transport destinés à remplacer les Puma HC2 et trois Bell Griffin HAR2 [ou Bell 412] de la Royal Air Force ainsi que cinq Bell 212 et six Dauphin II de l’Army Air Corps.

Quelques semaines plus tard, et après un premier examen des offres reçues, le MoD a indiqué avoir retenu quatre candidats potentiels, à savoir Airbus Helicopters [H175M], Boeing [MH-139 Grey Wolf], Leonardo [AW149] et Sikorsky [S-70M Black Hawk]. Seulement, l’un d’eux va se retirer de la compétition.

En effet, et contre toute attente [quand l’on sait la rivalité qui les oppose… sur le marché de l’aviation civile], Airbus Helicopters et Boeing se sont mis d’accord pour faire cause commune pour cet appel d’offres britannique.

« Boeing [Defence UK] est la dernière entreprise de défense et d’aérospatiale à rejoindre le groupe de travail H175M pour répondre aux exigences du Royaume-Uni en matière de nouveaux hélicoptères moyens », a en effet annoncé Airbus, la maison-mère d’Airbus Helicopters, ce 6 mars.

Selon le communiqué, Boeing Denfece UK aura à assurer la formation du personnel naviguant ainsi que celle des techniciens. Sous réserve, évidemment, d’un choix en faveur du H175M par le MoD.

« Boeing Defence UK est respecté à juste titre dans ce pays pour son soutien de longue date aux flottes britanniques Chinook et Apache », a fait valoir Lenny Brown, le directeur général d’Airbus Helicopters UK.

« Nous sommes ravis de collaborer avec Airbus. […] Notre équipe locale soutient les forces armées britanniques depuis des décennies, avec des centaines d’emplois dans le pays dans les domaines de la formation. En tant que membre du groupe de travail H175M, nous sommes impatients de tirer parti de notre expertise actuelle pour assurer la disponibilité et la préparation des futures flottes d’hélicoptères du Royaume-Uni », a commenté Steve Burnell, directeur général de Boeing Defence UK.

Si l’offre d’Airbus Helicopters est retenue par le MoD, alors les 44 H175M seront assemblées à Brouhgton [Pays-de-Galles]. outre Boeing Defence UK, le groupe de travail réuni par l’industriel compte Martin Baker, Spirit Aerosystems, Babcock [pour le soutien] et Pratt & Whitney Canada [pour les turbines PT6C-67E].

Airbus Helicopters s’allie avec Boeing pour remplacer les hélicoptères Puma des forces britanniques

par Laurent Lagneau · 6 mars 2023

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En mai 2022, le ministère britannique de la Défense [MoD] a lancé un appel d’offres afin d’acquérir 44 nouveaux hélicoptères multi-rôles de transport destinés à remplacer les Puma HC2 et trois Bell Griffin HAR2 [ou Bell 412] de la Royal Air Force ainsi que cinq Bell 212 et six Dauphin II de l’Army Air Corps.

Quelques semaines plus tard, et après un premier examen des offres reçues, le MoD a indiqué avoir retenu quatre candidats potentiels, à savoir Airbus Helicopters [H175M], Boeing [MH-139 Grey Wolf], Leonardo [AW149] et Sikorsky [S-70M Black Hawk]. Seulement, l’un d’eux va se retirer de la compétition.

En effet, et contre toute attente [quand l’on sait la rivalité qui les oppose… sur le marché de l’aviation civile], Airbus Helicopters et Boeing se sont mis d’accord pour faire cause commune pour cet appel d’offres britannique.

« Boeing [Defence UK] est la dernière entreprise de défense et d’aérospatiale à rejoindre le groupe de travail H175M pour répondre aux exigences du Royaume-Uni en matière de nouveaux hélicoptères moyens », a en effet annoncé Airbus, la maison-mère d’Airbus Helicopters, ce 6 mars.

Selon le communiqué, Boeing Denfece UK aura à assurer la formation du personnel naviguant ainsi que celle des techniciens. Sous réserve, évidemment, d’un choix en faveur du H175M par le MoD.

« Boeing Defence UK est respecté à juste titre dans ce pays pour son soutien de longue date aux flottes britanniques Chinook et Apache », a fait valoir Lenny Brown, le directeur général d’Airbus Helicopters UK.

« Nous sommes ravis de collaborer avec Airbus. […] Notre équipe locale soutient les forces armées britanniques depuis des décennies, avec des centaines d’emplois dans le pays dans les domaines de la formation. En tant que membre du groupe de travail H175M, nous sommes impatients de tirer parti de notre expertise actuelle pour assurer la disponibilité et la préparation des futures flottes d’hélicoptères du Royaume-Uni », a commenté Steve Burnell, directeur général de Boeing Defence UK.

Si l’offre d’Airbus Helicopters est retenue par le MoD, alors les 44 H175M seront assemblées à Brouhgton [Pays-de-Galles]. outre Boeing Defence UK, le groupe de travail réuni par l’industriel compte Martin Baker, Spirit Aerosystems, Babcock [pour le soutien] et Pratt & Whitney Canada [pour les turbines PT6C-67E].

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En mai 2022, le ministère britannique de la Défense [MoD] a lancé un appel d’offres afin d’acquérir 44 nouveaux hélicoptères multi-rôles de transport destinés à remplacer les Puma HC2 et trois Bell Griffin HAR2 [ou Bell 412] de la Royal Air Force ainsi que cinq Bell 212 et six Dauphin II de l’Army Air Corps.

Quelques semaines plus tard, et après un premier examen des offres reçues, le MoD a indiqué avoir retenu quatre candidats potentiels, à savoir Airbus Helicopters [H175M], Boeing [MH-139 Grey Wolf], Leonardo [AW149] et Sikorsky [S-70M Black Hawk]. Seulement, l’un d’eux va se retirer de la compétition.

En effet, et contre toute attente [quand l’on sait la rivalité qui les oppose… sur le marché de l’aviation civile], Airbus Helicopters et Boeing se sont mis d’accord pour faire cause commune pour cet appel d’offres britannique.

« Boeing [Defence UK] est la dernière entreprise de défense et d’aérospatiale à rejoindre le groupe de travail H175M pour répondre aux exigences du Royaume-Uni en matière de nouveaux hélicoptères moyens », a en effet annoncé Airbus, la maison-mère d’Airbus Helicopters, ce 6 mars.

Selon le communiqué, Boeing Denfece UK aura à assurer la formation du personnel naviguant ainsi que celle des techniciens. Sous réserve, évidemment, d’un choix en faveur du H175M par le MoD.

« Boeing Defence UK est respecté à juste titre dans ce pays pour son soutien de longue date aux flottes britanniques Chinook et Apache », a fait valoir Lenny Brown, le directeur général d’Airbus Helicopters UK.

« Nous sommes ravis de collaborer avec Airbus. […] Notre équipe locale soutient les forces armées britanniques depuis des décennies, avec des centaines d’emplois dans le pays dans les domaines de la formation. En tant que membre du groupe de travail H175M, nous sommes impatients de tirer parti de notre expertise actuelle pour assurer la disponibilité et la préparation des futures flottes d’hélicoptères du Royaume-Uni », a commenté Steve Burnell, directeur général de Boeing Defence UK.

Si l’offre d’Airbus Helicopters est retenue par le MoD, alors les 44 H175M seront assemblées à Brouhgton [Pays-de-Galles]. outre Boeing Defence UK, le groupe de travail réuni par l’industriel compte Martin Baker, Spirit Aerosystems, Babcock [pour le soutien] et Pratt & Whitney Canada [pour les turbines PT6C-67E].

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En mai 2022, le ministère britannique de la Défense [MoD] a lancé un appel d’offres afin d’acquérir 44 nouveaux hélicoptères multi-rôles de transport destinés à remplacer les Puma HC2 et trois Bell Griffin HAR2 [ou Bell 412] de la Royal Air Force ainsi que cinq Bell 212 et six Dauphin II de l’Army Air Corps.

Quelques semaines plus tard, et après un premier examen des offres reçues, le MoD a indiqué avoir retenu quatre candidats potentiels, à savoir Airbus Helicopters [H175M], Boeing [MH-139 Grey Wolf], Leonardo [AW149] et Sikorsky [S-70M Black Hawk]. Seulement, l’un d’eux va se retirer de la compétition.

En effet, et contre toute attente [quand l’on sait la rivalité qui les oppose… sur le marché de l’aviation civile], Airbus Helicopters et Boeing se sont mis d’accord pour faire cause commune pour cet appel d’offres britannique.

« Boeing [Defence UK] est la dernière entreprise de défense et d’aérospatiale à rejoindre le groupe de travail H175M pour répondre aux exigences du Royaume-Uni en matière de nouveaux hélicoptères moyens », a en effet annoncé Airbus, la maison-mère d’Airbus Helicopters, ce 6 mars.

Selon le communiqué, Boeing Denfece UK aura à assurer la formation du personnel naviguant ainsi que celle des techniciens. Sous réserve, évidemment, d’un choix en faveur du H175M par le MoD.

« Boeing Defence UK est respecté à juste titre dans ce pays pour son soutien de longue date aux flottes britanniques Chinook et Apache », a fait valoir Lenny Brown, le directeur général d’Airbus Helicopters UK.

« Nous sommes ravis de collaborer avec Airbus. […] Notre équipe locale soutient les forces armées britanniques depuis des décennies, avec des centaines d’emplois dans le pays dans les domaines de la formation. En tant que membre du groupe de travail H175M, nous sommes impatients de tirer parti de notre expertise actuelle pour assurer la disponibilité et la préparation des futures flottes d’hélicoptères du Royaume-Uni », a commenté Steve Burnell, directeur général de Boeing Defence UK.

Si l’offre d’Airbus Helicopters est retenue par le MoD, alors les 44 H175M seront assemblées à Brouhgton [Pays-de-Galles]. outre Boeing Defence UK, le groupe de travail réuni par l’industriel compte Martin Baker, Spirit Aerosystems, Babcock [pour le soutien] et Pratt & Whitney Canada [pour les turbines PT6C-67E].

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La Roumanie veut se procurer un bataillon de chars M1A2 Abrams auprès des États-Unis

par Laurent Lagneau · 7 mars 2023

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Le 1er décembre dernier, lors du défilé militaire organisé à l’occasion de la fête nationale du pays, le porte-parole du ministère roumain de la Défense, le général Constantin Spinu, avait indiqué que le processus d’acquisition de nouveaux chars de combats, destinés à remplacer les T-85M1 Bizonul [une évolution, pour résumer, du T-55 soviétique] allait être mis sur les rails.

« La guerre en Ukraine nous a montré l’importance de l’artillerie, des chars, de la défense aérienne, de la logistique et de la capacité à projeter des forces pendant de longues périodes et de les soutenir au contact de l’ennemi », avait expliqué le général Spinu. D’où, avait-il continué, le lancement d’un « programme d’approvisionnement en chars à moyen et long terme ». Cependant, il s’était refusé à donner plus de détails.

S’appuyant sur des sources industrielles, le site spécialisé roumain Defense Romania avait avancé que deux modèles étaient en balance, à savoir le M1A2 Abrams américain et le Leopard 2A7+ allemand. Mais la candidature du K-2 « Black Panther » sud-coréen ne pouvait pas non plus être exclue en raison du rapprochement de Bucarest et de Séoul en matière de défense, ce qui s’est récemment traduit par la signature d’un protocole d’accord entre la société publique roumaine ROMARM avec Hanwha Aeropace, en vue d’établir un « partenariat global » concernant les obusiers K-9 Thunder et les véhicules de combat d’infanterie [VCI] K-21 « Redback ».

Finalement, le choix du futur char de l’armée roumaine a été annoncé par le général Teodor Incicaș, le chef de la direction générale de l’armement locale.

« Ces jours-ci, nous enverrons au Parlement, en vue d’une approbation préalable, des demandes concernant l’achat d’obusiers automoteurs chenillés, de véhicule de combat d’infanterie, de systèmes de défense aérienne à courte et très courte portée et de deux types de missiles pour nos avions F-16. Dans le même temps, notre demande pour l’achat d’un bataillon de chars Abrams est en passe d’être approuvée », a en effet déclaré le général Incicaș, dans une vidéo publiée par le ministère roumain de la Défense.

Dans l’armée roumaine, un bataillon compte 54 chars de combat.

Le choix de l’Abrams « appartient à l’état-major général des forces terrestres. Il a été fait à la suite d’une évaluation », a ensuite précisé le général Incicaș. Les chars seront acquis via une procédure de gré à gré [ou de « gouvernement à gouvernement]. En clair, cet achat se fera selon le dispositif dit des « Foreign Military Sales » [FMS].

Le montant de l’investissement que s’apprête à faire le ministère roumain de la Défense n’a pas été précisé. Cela étant, l’administration américaine avait approuvé la vente de 250 M1A2 SEPv3 Abrams – porduits par General Dynamics Land Systems – pour une somme évaluée à environ cinq milliards d’euros. Le contrat prévoyait la fourniture de pièces de rechange et de munitions ainsi que la formation des militaires polonais et un soutien logistique.

La Roumanie veut se procurer un bataillon de chars M1A2 Abrams auprès des États-Unis

par Laurent Lagneau · 7 mars 2023

Laurent LagneauPartagezTweetezPartagezEnregistrer

Le 1er décembre dernier, lors du défilé militaire organisé à l’occasion de la fête nationale du pays, le porte-parole du ministère roumain de la Défense, le général Constantin Spinu, avait indiqué que le processus d’acquisition de nouveaux chars de combats, destinés à remplacer les T-85M1 Bizonul [une évolution, pour résumer, du T-55 soviétique] allait être mis sur les rails.

« La guerre en Ukraine nous a montré l’importance de l’artillerie, des chars, de la défense aérienne, de la logistique et de la capacité à projeter des forces pendant de longues périodes et de les soutenir au contact de l’ennemi », avait expliqué le général Spinu. D’où, avait-il continué, le lancement d’un « programme d’approvisionnement en chars à moyen et long terme ». Cependant, il s’était refusé à donner plus de détails.

S’appuyant sur des sources industrielles, le site spécialisé roumain Defense Romania avait avancé que deux modèles étaient en balance, à savoir le M1A2 Abrams américain et le Leopard 2A7+ allemand. Mais la candidature du K-2 « Black Panther » sud-coréen ne pouvait pas non plus être exclue en raison du rapprochement de Bucarest et de Séoul en matière de défense, ce qui s’est récemment traduit par la signature d’un protocole d’accord entre la société publique roumaine ROMARM avec Hanwha Aeropace, en vue d’établir un « partenariat global » concernant les obusiers K-9 Thunder et les véhicules de combat d’infanterie [VCI] K-21 « Redback ».

Finalement, le choix du futur char de l’armée roumaine a été annoncé par le général Teodor Incicaș, le chef de la direction générale de l’armement locale.

« Ces jours-ci, nous enverrons au Parlement, en vue d’une approbation préalable, des demandes concernant l’achat d’obusiers automoteurs chenillés, de véhicule de combat d’infanterie, de systèmes de défense aérienne à courte et très courte portée et de deux types de missiles pour nos avions F-16. Dans le même temps, notre demande pour l’achat d’un bataillon de chars Abrams est en passe d’être approuvée », a en effet déclaré le général Incicaș, dans une vidéo publiée par le ministère roumain de la Défense.

Dans l’armée roumaine, un bataillon compte 54 chars de combat.

Le choix de l’Abrams « appartient à l’état-major général des forces terrestres. Il a été fait à la suite d’une évaluation », a ensuite précisé le général Incicaș. Les chars seront acquis via une procédure de gré à gré [ou de « gouvernement à gouvernement]. En clair, cet achat se fera selon le dispositif dit des « Foreign Military Sales » [FMS].

Le montant de l’investissement que s’apprête à faire le ministère roumain de la Défense n’a pas été précisé. Cela étant, l’administration américaine avait approuvé la vente de 250 M1A2 SEPv3 Abrams – porduits par General Dynamics Land Systems – pour une somme évaluée à environ cinq milliards d’euros. Le contrat prévoyait la fourniture de pièces de rechange et de munitions ainsi que la formation des militaires polonais et un soutien logistique.

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Le 1er décembre dernier, lors du défilé militaire organisé à l’occasion de la fête nationale du pays, le porte-parole du ministère roumain de la Défense, le général Constantin Spinu, avait indiqué que le processus d’acquisition de nouveaux chars de combats, destinés à remplacer les T-85M1 Bizonul [une évolution, pour résumer, du T-55 soviétique] allait être mis sur les rails.

« La guerre en Ukraine nous a montré l’importance de l’artillerie, des chars, de la défense aérienne, de la logistique et de la capacité à projeter des forces pendant de longues périodes et de les soutenir au contact de l’ennemi », avait expliqué le général Spinu. D’où, avait-il continué, le lancement d’un « programme d’approvisionnement en chars à moyen et long terme ». Cependant, il s’était refusé à donner plus de détails.

S’appuyant sur des sources industrielles, le site spécialisé roumain Defense Romania avait avancé que deux modèles étaient en balance, à savoir le M1A2 Abrams américain et le Leopard 2A7+ allemand. Mais la candidature du K-2 « Black Panther » sud-coréen ne pouvait pas non plus être exclue en raison du rapprochement de Bucarest et de Séoul en matière de défense, ce qui s’est récemment traduit par la signature d’un protocole d’accord entre la société publique roumaine ROMARM avec Hanwha Aeropace, en vue d’établir un « partenariat global » concernant les obusiers K-9 Thunder et les véhicules de combat d’infanterie [VCI] K-21 « Redback ».

Finalement, le choix du futur char de l’armée roumaine a été annoncé par le général Teodor Incicaș, le chef de la direction générale de l’armement locale.

« Ces jours-ci, nous enverrons au Parlement, en vue d’une approbation préalable, des demandes concernant l’achat d’obusiers automoteurs chenillés, de véhicule de combat d’infanterie, de systèmes de défense aérienne à courte et très courte portée et de deux types de missiles pour nos avions F-16. Dans le même temps, notre demande pour l’achat d’un bataillon de chars Abrams est en passe d’être approuvée », a en effet déclaré le général Incicaș, dans une vidéo publiée par le ministère roumain de la Défense.

Dans l’armée roumaine, un bataillon compte 54 chars de combat.

Le choix de l’Abrams « appartient à l’état-major général des forces terrestres. Il a été fait à la suite d’une évaluation », a ensuite précisé le général Incicaș. Les chars seront acquis via une procédure de gré à gré [ou de « gouvernement à gouvernement]. En clair, cet achat se fera selon le dispositif dit des « Foreign Military Sales » [FMS].

Le montant de l’investissement que s’apprête à faire le ministère roumain de la Défense n’a pas été précisé. Cela étant, l’administration américaine avait approuvé la vente de 250 M1A2 SEPv3 Abrams – porduits par General Dynamics Land Systems – pour une somme évaluée à environ cinq milliards d’euros. Le contrat prévoyait la fourniture de pièces de rechange et de munitions ainsi que la formation des militaires polonais et un soutien logistique.

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Le 1er décembre dernier, lors du défilé militaire organisé à l’occasion de la fête nationale du pays, le porte-parole du ministère roumain de la Défense, le général Constantin Spinu, avait indiqué que le processus d’acquisition de nouveaux chars de combats, destinés à remplacer les T-85M1 Bizonul [une évolution, pour résumer, du T-55 soviétique] allait être mis sur les rails.

« La guerre en Ukraine nous a montré l’importance de l’artillerie, des chars, de la défense aérienne, de la logistique et de la capacité à projeter des forces pendant de longues périodes et de les soutenir au contact de l’ennemi », avait expliqué le général Spinu. D’où, avait-il continué, le lancement d’un « programme d’approvisionnement en chars à moyen et long terme ». Cependant, il s’était refusé à donner plus de détails.

S’appuyant sur des sources industrielles, le site spécialisé roumain Defense Romania avait avancé que deux modèles étaient en balance, à savoir le M1A2 Abrams américain et le Leopard 2A7+ allemand. Mais la candidature du K-2 « Black Panther » sud-coréen ne pouvait pas non plus être exclue en raison du rapprochement de Bucarest et de Séoul en matière de défense, ce qui s’est récemment traduit par la signature d’un protocole d’accord entre la société publique roumaine ROMARM avec Hanwha Aeropace, en vue d’établir un « partenariat global » concernant les obusiers K-9 Thunder et les véhicules de combat d’infanterie [VCI] K-21 « Redback ».

Finalement, le choix du futur char de l’armée roumaine a été annoncé par le général Teodor Incicaș, le chef de la direction générale de l’armement locale.

« Ces jours-ci, nous enverrons au Parlement, en vue d’une approbation préalable, des demandes concernant l’achat d’obusiers automoteurs chenillés, de véhicule de combat d’infanterie, de systèmes de défense aérienne à courte et très courte portée et de deux types de missiles pour nos avions F-16. Dans le même temps, notre demande pour l’achat d’un bataillon de chars Abrams est en passe d’être approuvée », a en effet déclaré le général Incicaș, dans une vidéo publiée par le ministère roumain de la Défense.

Dans l’armée roumaine, un bataillon compte 54 chars de combat.

Le choix de l’Abrams « appartient à l’état-major général des forces terrestres. Il a été fait à la suite d’une évaluation », a ensuite précisé le général Incicaș. Les chars seront acquis via une procédure de gré à gré [ou de « gouvernement à gouvernement]. En clair, cet achat se fera selon le dispositif dit des « Foreign Military Sales » [FMS].

Le montant de l’investissement que s’apprête à faire le ministère roumain de la Défense n’a pas été précisé. Cela étant, l’administration américaine avait approuvé la vente de 250 M1A2 SEPv3 Abrams – porduits par General Dynamics Land Systems – pour une somme évaluée à environ cinq milliards d’euros. Le contrat prévoyait la fourniture de pièces de rechange et de munitions ainsi que la formation des militaires polonais et un soutien logistique.

France24 - Monde

En Indonésie, la justice condamne deux responsables après une bousculade meurtrière dans un stade

Publié le : 09/03/2023 - 10:35Modifié le : 09/03/2023 - 10:42

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Jeudi, un tribunal indonésien a condamné à de la prison pour négligences deux responsables d'un match de football à l'issue duquel une bousculade a fait 135 morts en octobre 2022, l'une des pires catastrophes de l'histoire du sport.

Un procès en Indonésie pour l'une des pires catastrophes de l'histoire du sport. Un tribunal a condamné, jeudi 9 mars, à de la prison pour négligences deux responsables d'un match de football à l'issue duquel une bousculade a fait 135 morts, en octobre 2022.

Abdul Haris, un organisateur du match, a été condamné à 18 mois de prison. Le parquet avait requis six ans et huit mois d'emprisonnement. "Je condamne l'accusé à un an et demi de prison", a déclaré le président de la cour de Surabaya, Abu Achmad Sidqi Amsya, dans le premier jugement rendu en Indonésie sur cette tragédie. 

Le tribunal a aussi condamné le responsable de la sécurité du match, Suko Sutrisno, à un an de prison pour négligences. "L'accusé n'a pas anticipé le chaos parce qu'il n'avait pas rencontré de situation d'urgence précédemment. L'accusé n'a pas bien compris sa fonction de responsable de la sécurité", a déclaré le juge.

Les deux hommes disposent de sept jours pour faire appel de leur condamnation.

Trois policiers ont également été inculpés pour négligences après le drame et attendent leur jugement. Un sixième suspect, ancien directeur de la compagnie qui gère l'organisation de la première ligue de football indonésien, fait encore l'objet d'une enquête.

Usage disproportionné de la force par la police

Le 1er octobre 2022, après la fin d'un match dans le stade Kanjuruhan à Malang, une bousculade provoquée par des tirs de gaz lacrymogènes de la police avait fait 135 morts, dont plus de 40 enfants.

Des centaines de spectateurs paniqués s'étaient précipités vers des portes de sortie étroites, déclenchant une bousculade meurtrière qui a étouffé ou écrasé de nombreuses victimes.

La police a décrit l'envahissement du terrain par les supporters comme une émeute et a déploré la mort de deux policiers, mais les survivants de la catastrophe ont dénoncé un usage disproportionné de la force par la police. La police nationale a limogé les responsables de la police de la ville de Malang et de la province après la catastrophe.

Le président indonésien, Joko Widodo, a ordonné une enquête et promis de démolir le stade Kanjuruhan et de le reconstruire aux normes de sécurité de la Fédération internationale de football (Fifa).

Mais la recommandation d'une enquête préliminaire d'une démission du chef de la fédération nationale de football ainsi que de son comité directeur n'a pas été suivie d'effet.

Avec AFP

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Indonésie : le chef de la police locale limogé après la bousculade meurtrière dans un stade

Au moins 125 morts lors de violences pendant un match de football en Indonésie

Opex 360

Le prochain arrêt technique du porte-avions Charles de Gaulle va durer environ huit mois

par Laurent Lagneau · 6 mars 2023

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Quand elle a commencé, le 15 novembre 2022, la mission Antarès devait avoir un profil « imprévisible », le parcours du groupe aéronaval [GAN] formé autour du porte-avions Charles de Gaulle, n’ayant pas été préalablement communiqué, contrairement aux déploiements précédents.

Cela étant, cette mission, qui vient de se terminer dans une relative discrétion, n’aura pas recelé d’énormes surprises, si ce n’est la projection inédite de trois Rafale Marine à Singapour, alors que le GAN naviguait dans le nord de l’océan Indien. Lors de cette mission, appelée « Rastaban », les chasseurs-bombardiers du groupe aérien embarqué ont parcouru 4000 km [avec le soutien d’un avion-ravitailleur A330 MRTT de l’armée de l’Air & de l’Espace] pour participer à des exercices avec la force aérienne singapourienne.

Au total, durant Antarès, le GAN a parcouru 28’000 nautiques et assuré plus de 2000 catapultages d’aéronefs, ce qui lui a permis, souligne la Marine nationale, d’affirmer « partout l’attachement de la France au respect du droit international et à la liberté de navigation en mer », de compléter « l’appréciation autonome de situation des armées dans l’ensemble des zones traversées » et de réaliser de « nombreuses coopérations opérationnelles avec les forces armées de 23 nations ».

La mission Antarès s’est donc terminée après 110 jours de mer… et une participation du GAN à l’exercice interarmées Orion. Dans les semaines à venir, le porte-avions Charles de Gaulle devrait de nouveau être sollicité pour une campagne de qualification à l’appontage de jeunes pilotes. Puis il sera ensuite immobilisé pour un arrêt technique qui s’annonce long… puisqu’il doit durer jusqu’en décembre prochain.

En effet, outre les travaux de routine et le contrôle des chaufferies nucléaires, cet arrêt technique se concentrera sur la coque du navire ainsi que sur ses lignes d’arbres. C’est en effet ce qu’a confié son commandant en second au quotidien Var Matin.

Ces travaux sur les lignes d’arbres seront d’autant plus importants que le porte-avions britanniques HMS Prince of Wales est immobilisé depuis maintenant plusieurs mois en raison justement d’une avarie à ce niveau [une rupture d’un accouplement SKF, ndlr]. Or, par le passé, le Charles de Gaulle a connu une mésaventure du même ordre. En 2009, il était en effet apparu que deux pièces d’accouplement reliant deux des quatre turbines à leurs lignes d’arbres s’étaient révélées anormalement usées.

Par ailleurs, toujours d’après la même source, l’hôpital du porte-avions va être rénové de « A à Z », de même que de nombreux locaux de vie. Enfin, le navire recevra de nouvelles capacités, avec l’installation d’une station navale Syracuse 4 qui, plus puissante et mieux sécurisée, permettra de profiter du débit offert par les satellites de la constellation Syracuse 4 [de l’ordre de 3 à 4 Gb/s, en bande X et en bande Ka, ndlr].

Cette immobilisation du Charles de Gaulle, qui s’annonce longue, malgré le contexte sécuritaire actuel, plaide pour un format à deux porte-avions. Rapporteur pour avis sur les crédits de la Marine nationale, le député Yannick Chenevard l’avait souligné dans son dernier rapport, alors que les études sur le PA NG [porte-avions de nouvelle génération] sont en cours.

« Disposer d’un seul porte-avions signifie, en pratique, ne pouvoir l’utiliser qu’entre 65 et 70 % du temps compte tenu de ses opérations régulières de maintenance [arrêt technique majeur de deux ans, arrêts intermédiaires de six mois…]. […] Un seul porte-avions n’est pas suffisant et notre pays, comme l’Italie ou le Royaume-Uni, se doit de retrouver la capacité qui était la sienne jusqu’au début des années 2000, c’est-à-dire deux porte-avions », fit valoir M. Chenevard.

Et d’ajouter : « La décision de se doter d’un deuxième porte-avions, […] n’est pas urgente, les études du PA-NG commençant à peine. Toutefois, elle ne doit pas non plus être repoussée au-delà de 2027 pour des raisons financières et industrielles. Plus la commande du deuxième PA-NG sera proche de celle du premier, plus il sera possible de faire des économies d’échelle et, par conséquent, de réduire son prix mais également le coût du MCO [maintien en condition opérationnelle] »

Photo : Marine nationale

Le prochain arrêt technique du porte-avions Charles de Gaulle va durer environ huit mois

par Laurent Lagneau · 6 mars 2023

Laurent LagneauPartagezTweetezPartagezEnregistrer

Quand elle a commencé, le 15 novembre 2022, la mission Antarès devait avoir un profil « imprévisible », le parcours du groupe aéronaval [GAN] formé autour du porte-avions Charles de Gaulle, n’ayant pas été préalablement communiqué, contrairement aux déploiements précédents.

Cela étant, cette mission, qui vient de se terminer dans une relative discrétion, n’aura pas recelé d’énormes surprises, si ce n’est la projection inédite de trois Rafale Marine à Singapour, alors que le GAN naviguait dans le nord de l’océan Indien. Lors de cette mission, appelée « Rastaban », les chasseurs-bombardiers du groupe aérien embarqué ont parcouru 4000 km [avec le soutien d’un avion-ravitailleur A330 MRTT de l’armée de l’Air & de l’Espace] pour participer à des exercices avec la force aérienne singapourienne.

Au total, durant Antarès, le GAN a parcouru 28’000 nautiques et assuré plus de 2000 catapultages d’aéronefs, ce qui lui a permis, souligne la Marine nationale, d’affirmer « partout l’attachement de la France au respect du droit international et à la liberté de navigation en mer », de compléter « l’appréciation autonome de situation des armées dans l’ensemble des zones traversées » et de réaliser de « nombreuses coopérations opérationnelles avec les forces armées de 23 nations ».

La mission Antarès s’est donc terminée après 110 jours de mer… et une participation du GAN à l’exercice interarmées Orion. Dans les semaines à venir, le porte-avions Charles de Gaulle devrait de nouveau être sollicité pour une campagne de qualification à l’appontage de jeunes pilotes. Puis il sera ensuite immobilisé pour un arrêt technique qui s’annonce long… puisqu’il doit durer jusqu’en décembre prochain.

En effet, outre les travaux de routine et le contrôle des chaufferies nucléaires, cet arrêt technique se concentrera sur la coque du navire ainsi que sur ses lignes d’arbres. C’est en effet ce qu’a confié son commandant en second au quotidien Var Matin.

Ces travaux sur les lignes d’arbres seront d’autant plus importants que le porte-avions britanniques HMS Prince of Wales est immobilisé depuis maintenant plusieurs mois en raison justement d’une avarie à ce niveau [une rupture d’un accouplement SKF, ndlr]. Or, par le passé, le Charles de Gaulle a connu une mésaventure du même ordre. En 2009, il était en effet apparu que deux pièces d’accouplement reliant deux des quatre turbines à leurs lignes d’arbres s’étaient révélées anormalement usées.

Par ailleurs, toujours d’après la même source, l’hôpital du porte-avions va être rénové de « A à Z », de même que de nombreux locaux de vie. Enfin, le navire recevra de nouvelles capacités, avec l’installation d’une station navale Syracuse 4 qui, plus puissante et mieux sécurisée, permettra de profiter du débit offert par les satellites de la constellation Syracuse 4 [de l’ordre de 3 à 4 Gb/s, en bande X et en bande Ka, ndlr].

Cette immobilisation du Charles de Gaulle, qui s’annonce longue, malgré le contexte sécuritaire actuel, plaide pour un format à deux porte-avions. Rapporteur pour avis sur les crédits de la Marine nationale, le député Yannick Chenevard l’avait souligné dans son dernier rapport, alors que les études sur le PA NG [porte-avions de nouvelle génération] sont en cours.

« Disposer d’un seul porte-avions signifie, en pratique, ne pouvoir l’utiliser qu’entre 65 et 70 % du temps compte tenu de ses opérations régulières de maintenance [arrêt technique majeur de deux ans, arrêts intermédiaires de six mois…]. […] Un seul porte-avions n’est pas suffisant et notre pays, comme l’Italie ou le Royaume-Uni, se doit de retrouver la capacité qui était la sienne jusqu’au début des années 2000, c’est-à-dire deux porte-avions », fit valoir M. Chenevard.

Et d’ajouter : « La décision de se doter d’un deuxième porte-avions, […] n’est pas urgente, les études du PA-NG commençant à peine. Toutefois, elle ne doit pas non plus être repoussée au-delà de 2027 pour des raisons financières et industrielles. Plus la commande du deuxième PA-NG sera proche de celle du premier, plus il sera possible de faire des économies d’échelle et, par conséquent, de réduire son prix mais également le coût du MCO [maintien en condition opérationnelle] »

Photo : Marine nationale

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Quand elle a commencé, le 15 novembre 2022, la mission Antarès devait avoir un profil « imprévisible », le parcours du groupe aéronaval [GAN] formé autour du porte-avions Charles de Gaulle, n’ayant pas été préalablement communiqué, contrairement aux déploiements précédents.

Cela étant, cette mission, qui vient de se terminer dans une relative discrétion, n’aura pas recelé d’énormes surprises, si ce n’est la projection inédite de trois Rafale Marine à Singapour, alors que le GAN naviguait dans le nord de l’océan Indien. Lors de cette mission, appelée « Rastaban », les chasseurs-bombardiers du groupe aérien embarqué ont parcouru 4000 km [avec le soutien d’un avion-ravitailleur A330 MRTT de l’armée de l’Air & de l’Espace] pour participer à des exercices avec la force aérienne singapourienne.

Au total, durant Antarès, le GAN a parcouru 28’000 nautiques et assuré plus de 2000 catapultages d’aéronefs, ce qui lui a permis, souligne la Marine nationale, d’affirmer « partout l’attachement de la France au respect du droit international et à la liberté de navigation en mer », de compléter « l’appréciation autonome de situation des armées dans l’ensemble des zones traversées » et de réaliser de « nombreuses coopérations opérationnelles avec les forces armées de 23 nations ».

La mission Antarès s’est donc terminée après 110 jours de mer… et une participation du GAN à l’exercice interarmées Orion. Dans les semaines à venir, le porte-avions Charles de Gaulle devrait de nouveau être sollicité pour une campagne de qualification à l’appontage de jeunes pilotes. Puis il sera ensuite immobilisé pour un arrêt technique qui s’annonce long… puisqu’il doit durer jusqu’en décembre prochain.

En effet, outre les travaux de routine et le contrôle des chaufferies nucléaires, cet arrêt technique se concentrera sur la coque du navire ainsi que sur ses lignes d’arbres. C’est en effet ce qu’a confié son commandant en second au quotidien Var Matin.

Ces travaux sur les lignes d’arbres seront d’autant plus importants que le porte-avions britanniques HMS Prince of Wales est immobilisé depuis maintenant plusieurs mois en raison justement d’une avarie à ce niveau [une rupture d’un accouplement SKF, ndlr]. Or, par le passé, le Charles de Gaulle a connu une mésaventure du même ordre. En 2009, il était en effet apparu que deux pièces d’accouplement reliant deux des quatre turbines à leurs lignes d’arbres s’étaient révélées anormalement usées.

Par ailleurs, toujours d’après la même source, l’hôpital du porte-avions va être rénové de « A à Z », de même que de nombreux locaux de vie. Enfin, le navire recevra de nouvelles capacités, avec l’installation d’une station navale Syracuse 4 qui, plus puissante et mieux sécurisée, permettra de profiter du débit offert par les satellites de la constellation Syracuse 4 [de l’ordre de 3 à 4 Gb/s, en bande X et en bande Ka, ndlr].

Cette immobilisation du Charles de Gaulle, qui s’annonce longue, malgré le contexte sécuritaire actuel, plaide pour un format à deux porte-avions. Rapporteur pour avis sur les crédits de la Marine nationale, le député Yannick Chenevard l’avait souligné dans son dernier rapport, alors que les études sur le PA NG [porte-avions de nouvelle génération] sont en cours.

« Disposer d’un seul porte-avions signifie, en pratique, ne pouvoir l’utiliser qu’entre 65 et 70 % du temps compte tenu de ses opérations régulières de maintenance [arrêt technique majeur de deux ans, arrêts intermédiaires de six mois…]. […] Un seul porte-avions n’est pas suffisant et notre pays, comme l’Italie ou le Royaume-Uni, se doit de retrouver la capacité qui était la sienne jusqu’au début des années 2000, c’est-à-dire deux porte-avions », fit valoir M. Chenevard.

Et d’ajouter : « La décision de se doter d’un deuxième porte-avions, […] n’est pas urgente, les études du PA-NG commençant à peine. Toutefois, elle ne doit pas non plus être repoussée au-delà de 2027 pour des raisons financières et industrielles. Plus la commande du deuxième PA-NG sera proche de celle du premier, plus il sera possible de faire des économies d’échelle et, par conséquent, de réduire son prix mais également le coût du MCO [maintien en condition opérationnelle] »

Photo : Marine nationale

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Quand elle a commencé, le 15 novembre 2022, la mission Antarès devait avoir un profil « imprévisible », le parcours du groupe aéronaval [GAN] formé autour du porte-avions Charles de Gaulle, n’ayant pas été préalablement communiqué, contrairement aux déploiements précédents.

Cela étant, cette mission, qui vient de se terminer dans une relative discrétion, n’aura pas recelé d’énormes surprises, si ce n’est la projection inédite de trois Rafale Marine à Singapour, alors que le GAN naviguait dans le nord de l’océan Indien. Lors de cette mission, appelée « Rastaban », les chasseurs-bombardiers du groupe aérien embarqué ont parcouru 4000 km [avec le soutien d’un avion-ravitailleur A330 MRTT de l’armée de l’Air & de l’Espace] pour participer à des exercices avec la force aérienne singapourienne.

Au total, durant Antarès, le GAN a parcouru 28’000 nautiques et assuré plus de 2000 catapultages d’aéronefs, ce qui lui a permis, souligne la Marine nationale, d’affirmer « partout l’attachement de la France au respect du droit international et à la liberté de navigation en mer », de compléter « l’appréciation autonome de situation des armées dans l’ensemble des zones traversées » et de réaliser de « nombreuses coopérations opérationnelles avec les forces armées de 23 nations ».

La mission Antarès s’est donc terminée après 110 jours de mer… et une participation du GAN à l’exercice interarmées Orion. Dans les semaines à venir, le porte-avions Charles de Gaulle devrait de nouveau être sollicité pour une campagne de qualification à l’appontage de jeunes pilotes. Puis il sera ensuite immobilisé pour un arrêt technique qui s’annonce long… puisqu’il doit durer jusqu’en décembre prochain.

En effet, outre les travaux de routine et le contrôle des chaufferies nucléaires, cet arrêt technique se concentrera sur la coque du navire ainsi que sur ses lignes d’arbres. C’est en effet ce qu’a confié son commandant en second au quotidien Var Matin.

au quotidien Var Matin

Ces travaux sur les lignes d’arbres seront d’autant plus importants que le porte-avions britanniques HMS Prince of Wales est immobilisé depuis maintenant plusieurs mois en raison justement d’une avarie à ce niveau [une rupture d’un accouplement SKF, ndlr]. Or, par le passé, le Charles de Gaulle a connu une mésaventure du même ordre. En 2009, il était en effet apparu que deux pièces d’accouplement reliant deux des quatre turbines à leurs lignes d’arbres s’étaient révélées anormalement usées.

Par ailleurs, toujours d’après la même source, l’hôpital du porte-avions va être rénové de « A à Z », de même que de nombreux locaux de vie. Enfin, le navire recevra de nouvelles capacités, avec l’installation d’une station navale Syracuse 4 qui, plus puissante et mieux sécurisée, permettra de profiter du débit offert par les satellites de la constellation Syracuse 4 [de l’ordre de 3 à 4 Gb/s, en bande X et en bande Ka, ndlr].

Cette immobilisation du Charles de Gaulle, qui s’annonce longue, malgré le contexte sécuritaire actuel, plaide pour un format à deux porte-avions. Rapporteur pour avis sur les crédits de la Marine nationale, le député Yannick Chenevard l’avait souligné dans son dernier rapport, alors que les études sur le PA NG [porte-avions de nouvelle génération] sont en cours.

« Disposer d’un seul porte-avions signifie, en pratique, ne pouvoir l’utiliser qu’entre 65 et 70 % du temps compte tenu de ses opérations régulières de maintenance [arrêt technique majeur de deux ans, arrêts intermédiaires de six mois…]. […] Un seul porte-avions n’est pas suffisant et notre pays, comme l’Italie ou le Royaume-Uni, se doit de retrouver la capacité qui était la sienne jusqu’au début des années 2000, c’est-à-dire deux porte-avions », fit valoir M. Chenevard.

Et d’ajouter : « La décision de se doter d’un deuxième porte-avions, […] n’est pas urgente, les études du PA-NG commençant à peine. Toutefois, elle ne doit pas non plus être repoussée au-delà de 2027 pour des raisons financières et industrielles. Plus la commande du deuxième PA-NG sera proche de celle du premier, plus il sera possible de faire des économies d’échelle et, par conséquent, de réduire son prix mais également le coût du MCO [maintien en condition opérationnelle] »

Photo : Marine nationale

France24 - Monde

Trois Palestiniens tués par les forces israéliennes en Cisjordanie occupée

Publié le : 09/03/2023 - 08:10

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Trois Palestiniens ont été tués, jeudi, par les forces israéliennes dans le nord de la Cisjordanie occupée, a annoncé le ministère palestinien de la Santé. Les autorités israéliennes, qui affirme que deux des trois hommes abattus appartenaient au mouvement palestinien du Jihad islamique, les accusent d'avoir "ouvert le feu".

Regain de tension en Cisjordanie occupée. Trois Palestiniens ont été tués, jeudi 9 mars, par les forces israéliennes, a annoncé le ministère palestinien de la Santé.

Les trois hommes sont tombés "en martyr", abattus par les forces israéliennes à Jaba, petite ville au sud de Jénine, selon un communiqué du ministère palestinien de la Santé, précisant qu'ils étaient âgés de 22, 25 et 26 ans.

Le ministre israélien de la Sécurité nationale, Itamar Ben Gvir, a salué pour sa part l'action des forces de police, qui ont "éliminé d'odieux terroristes ayant ouvert le feu contre nos défenseurs", d'après un communiqué de ses services.

Selon la police israélienne, des forces spéciales "infiltrées" accompagnaient des soldats intervenant à Jaba pour arrêter des personnes suspectées d'avoir commis des attaques contre l'armée dans cette zone de la Cisjordanie, territoire occupé par Israël depuis 1967.

Deux des trois hommes abattus appartenaient au mouvement palestinien du Jihad islamique, a-t-elle précisé dans un communiqué.

>> À voir aussi, notre Focus : en Cisjordanie, de nouvelles milices attirent une jeunesse palestinienne désabusée

"Au cours de l'opération, des tirs provenant de la voiture des hommes recherchés ont visé les agents infiltrés de la police des frontières", a affirmé la police israélienne. Et elle ajoute que ces derniers ont "répondu en tirant et ont tué les trois hommes dans la voiture. Un certain nombre d'armes et engins explosifs ont été trouvés dans leur véhicule".

Le Jihad islamique a dénoncé un "assassinat ignoble", selon un communiqué

Avec AFP

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.cls-6{fill:#fff;stroke:#fff;stroke-miterlimit:10;stroke-width:.2px} Conflit israélo-palestinien

Choqué par "le pogrom" à Huwara, un Israélien recueille 460 000 euros pour les Palestiniens

Cisjordanie : nouvelles violences à Huwara après une attaque menée par des colons israéliens

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Rima Hassan, juriste : "Les réfugiés palestiniens sont aujourd'hui des quasi-apatrides"

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Les forces russes auraient utilisé une nouvelle munition de 1500 kg en Ukraine

par Laurent Lagneau · 6 mars 2023

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Comme l’a en encore souligné le général Thierry Burkhard, le chef d’état-major des armées [CEMA] lors d’une récente audition parlementaire, le missile aérobalistique hypersonique russe Kinjal, porté par le MiG-31K, n’a pas démontré son efficacité opérationnelle en Ukraine, alors qu’un tel engin a été utilisé pour la première fois environ trois semaines après le début de la guerre.

Or, pour le CEMA, l’intérêt d’une arme hypersonique comme le Kinjal [décrite comme « invicible » par Vladimir Poutine, le chef du Kremlin, en mars 2018] réside dans sa capacité de pénétration des systèmes de défense, et donc par la menace qu’il fait peser sur les « centres de pouvoir et de décision » de l’adversaire. Or, le Kinjal n’a pas été utilisé à cette fin par les forces russes. « Ce n’est pas ce que l’on a vu pour l’instant, mais c’est une menace en développement », a résumé le général Burkhard.

Cela étant, d’autres armes ont été plus efficaces, comme le missile de croisière mer-sol Kalibr. Et peut-être que la bombe guidée KAB-1500B-E [ou UPAB-1500B] risque de poser des problèmes aux Ukrainiens. Dévoilée en 2019 par la Société des missiles tactiques [KTRV ou JSC Tactical Missiles Corporation], cette munition n’avait été pas encore été utilisée par les forces aérospatiales russes [VKS], alors que celles-ci ont tiré des missiles de conception ancienne [quand ils n’avaient pas été officiellement retirés du services, comme le Tochka-U] ou destinés à un autre usage [comme les missiles de défense aérienne S-300].

Quoi qu’il en soit, et selon des informations du site spécialisé ukrainien Defense Express, une première utilisation par les VKS d’une bombe UPAB-1500B aurait été documentée dans la région de Tchernihiv [nord de Kiev], il y a « quelques semaines ».

D’une masse de 1500 kg [dont 1000 kg de charge militaire], l’UPAB-1500B est une bombe « planante » conçue pour détruire les cibles militaires hautement protégées. Ayant un système de guidage par satellite [la constellation « Glonass », en l’occurrence], elle doit être larguée par un avion porteur – Su-34 Fullback ou Su-24 Fencer – à une altitude d’environ 45’000 pieds, à 40/50 km de distance de l’objectif. Sa trajectoire peut être modifiée quelques instants avant d’atteindre sa cible.

D’après Defense Express, l’utilisation de cette bombe UPAB-1500B dans la région de Tchernihiv serait un « cas isolé ». Mais ce n’est pas ce que disent les Russes, qui affirment que plusieurs exemplaires ont récemment été largués sur des positions fortifiées tenues par les forces armées ukrainiennes dans le secteur d’Avdiivka [oblast de Donetsk, Donbass].

Les forces russes auraient utilisé une nouvelle munition de 1500 kg en Ukraine

par Laurent Lagneau · 6 mars 2023

Laurent LagneauPartagezTweetezPartagezEnregistrer

Comme l’a en encore souligné le général Thierry Burkhard, le chef d’état-major des armées [CEMA] lors d’une récente audition parlementaire, le missile aérobalistique hypersonique russe Kinjal, porté par le MiG-31K, n’a pas démontré son efficacité opérationnelle en Ukraine, alors qu’un tel engin a été utilisé pour la première fois environ trois semaines après le début de la guerre.

Or, pour le CEMA, l’intérêt d’une arme hypersonique comme le Kinjal [décrite comme « invicible » par Vladimir Poutine, le chef du Kremlin, en mars 2018] réside dans sa capacité de pénétration des systèmes de défense, et donc par la menace qu’il fait peser sur les « centres de pouvoir et de décision » de l’adversaire. Or, le Kinjal n’a pas été utilisé à cette fin par les forces russes. « Ce n’est pas ce que l’on a vu pour l’instant, mais c’est une menace en développement », a résumé le général Burkhard.

Cela étant, d’autres armes ont été plus efficaces, comme le missile de croisière mer-sol Kalibr. Et peut-être que la bombe guidée KAB-1500B-E [ou UPAB-1500B] risque de poser des problèmes aux Ukrainiens. Dévoilée en 2019 par la Société des missiles tactiques [KTRV ou JSC Tactical Missiles Corporation], cette munition n’avait été pas encore été utilisée par les forces aérospatiales russes [VKS], alors que celles-ci ont tiré des missiles de conception ancienne [quand ils n’avaient pas été officiellement retirés du services, comme le Tochka-U] ou destinés à un autre usage [comme les missiles de défense aérienne S-300].

Quoi qu’il en soit, et selon des informations du site spécialisé ukrainien Defense Express, une première utilisation par les VKS d’une bombe UPAB-1500B aurait été documentée dans la région de Tchernihiv [nord de Kiev], il y a « quelques semaines ».

D’une masse de 1500 kg [dont 1000 kg de charge militaire], l’UPAB-1500B est une bombe « planante » conçue pour détruire les cibles militaires hautement protégées. Ayant un système de guidage par satellite [la constellation « Glonass », en l’occurrence], elle doit être larguée par un avion porteur – Su-34 Fullback ou Su-24 Fencer – à une altitude d’environ 45’000 pieds, à 40/50 km de distance de l’objectif. Sa trajectoire peut être modifiée quelques instants avant d’atteindre sa cible.

D’après Defense Express, l’utilisation de cette bombe UPAB-1500B dans la région de Tchernihiv serait un « cas isolé ». Mais ce n’est pas ce que disent les Russes, qui affirment que plusieurs exemplaires ont récemment été largués sur des positions fortifiées tenues par les forces armées ukrainiennes dans le secteur d’Avdiivka [oblast de Donetsk, Donbass].

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Comme l’a en encore souligné le général Thierry Burkhard, le chef d’état-major des armées [CEMA] lors d’une récente audition parlementaire, le missile aérobalistique hypersonique russe Kinjal, porté par le MiG-31K, n’a pas démontré son efficacité opérationnelle en Ukraine, alors qu’un tel engin a été utilisé pour la première fois environ trois semaines après le début de la guerre.

Or, pour le CEMA, l’intérêt d’une arme hypersonique comme le Kinjal [décrite comme « invicible » par Vladimir Poutine, le chef du Kremlin, en mars 2018] réside dans sa capacité de pénétration des systèmes de défense, et donc par la menace qu’il fait peser sur les « centres de pouvoir et de décision » de l’adversaire. Or, le Kinjal n’a pas été utilisé à cette fin par les forces russes. « Ce n’est pas ce que l’on a vu pour l’instant, mais c’est une menace en développement », a résumé le général Burkhard.

Cela étant, d’autres armes ont été plus efficaces, comme le missile de croisière mer-sol Kalibr. Et peut-être que la bombe guidée KAB-1500B-E [ou UPAB-1500B] risque de poser des problèmes aux Ukrainiens. Dévoilée en 2019 par la Société des missiles tactiques [KTRV ou JSC Tactical Missiles Corporation], cette munition n’avait été pas encore été utilisée par les forces aérospatiales russes [VKS], alors que celles-ci ont tiré des missiles de conception ancienne [quand ils n’avaient pas été officiellement retirés du services, comme le Tochka-U] ou destinés à un autre usage [comme les missiles de défense aérienne S-300].

Quoi qu’il en soit, et selon des informations du site spécialisé ukrainien Defense Express, une première utilisation par les VKS d’une bombe UPAB-1500B aurait été documentée dans la région de Tchernihiv [nord de Kiev], il y a « quelques semaines ».

D’une masse de 1500 kg [dont 1000 kg de charge militaire], l’UPAB-1500B est une bombe « planante » conçue pour détruire les cibles militaires hautement protégées. Ayant un système de guidage par satellite [la constellation « Glonass », en l’occurrence], elle doit être larguée par un avion porteur – Su-34 Fullback ou Su-24 Fencer – à une altitude d’environ 45’000 pieds, à 40/50 km de distance de l’objectif. Sa trajectoire peut être modifiée quelques instants avant d’atteindre sa cible.

D’après Defense Express, l’utilisation de cette bombe UPAB-1500B dans la région de Tchernihiv serait un « cas isolé ». Mais ce n’est pas ce que disent les Russes, qui affirment que plusieurs exemplaires ont récemment été largués sur des positions fortifiées tenues par les forces armées ukrainiennes dans le secteur d’Avdiivka [oblast de Donetsk, Donbass].

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Comme l’a en encore souligné le général Thierry Burkhard, le chef d’état-major des armées [CEMA] lors d’une récente audition parlementaire, le missile aérobalistique hypersonique russe Kinjal, porté par le MiG-31K, n’a pas démontré son efficacité opérationnelle en Ukraine, alors qu’un tel engin a été utilisé pour la première fois environ trois semaines après le début de la guerre.

Or, pour le CEMA, l’intérêt d’une arme hypersonique comme le Kinjal [décrite comme « invicible » par Vladimir Poutine, le chef du Kremlin, en mars 2018] réside dans sa capacité de pénétration des systèmes de défense, et donc par la menace qu’il fait peser sur les « centres de pouvoir et de décision » de l’adversaire. Or, le Kinjal n’a pas été utilisé à cette fin par les forces russes. « Ce n’est pas ce que l’on a vu pour l’instant, mais c’est une menace en développement », a résumé le général Burkhard.

Cela étant, d’autres armes ont été plus efficaces, comme le missile de croisière mer-sol Kalibr. Et peut-être que la bombe guidée KAB-1500B-E [ou UPAB-1500B] risque de poser des problèmes aux Ukrainiens. Dévoilée en 2019 par la Société des missiles tactiques [KTRV ou JSC Tactical Missiles Corporation], cette munition n’avait été pas encore été utilisée par les forces aérospatiales russes [VKS], alors que celles-ci ont tiré des missiles de conception ancienne [quand ils n’avaient pas été officiellement retirés du services, comme le Tochka-U] ou destinés à un autre usage [comme les missiles de défense aérienne S-300].

Quoi qu’il en soit, et selon des informations du site spécialisé ukrainien Defense Express, une première utilisation par les VKS d’une bombe UPAB-1500B aurait été documentée dans la région de Tchernihiv [nord de Kiev], il y a « quelques semaines ».

D’une masse de 1500 kg [dont 1000 kg de charge militaire], l’UPAB-1500B est une bombe « planante » conçue pour détruire les cibles militaires hautement protégées. Ayant un système de guidage par satellite [la constellation « Glonass », en l’occurrence], elle doit être larguée par un avion porteur – Su-34 Fullback ou Su-24 Fencer – à une altitude d’environ 45’000 pieds, à 40/50 km de distance de l’objectif. Sa trajectoire peut être modifiée quelques instants avant d’atteindre sa cible.

D’après Defense Express, l’utilisation de cette bombe UPAB-1500B dans la région de Tchernihiv serait un « cas isolé ». Mais ce n’est pas ce que disent les Russes, qui affirment que plusieurs exemplaires ont récemment été largués sur des positions fortifiées tenues par les forces armées ukrainiennes dans le secteur d’Avdiivka [oblast de Donetsk, Donbass].

France24 - Monde

Réforme des retraites : le Sénat approuve l'article sur le recul de l'âge de départ à 64 ans

Publié le : 09/03/2023 - 00:28Modifié le : 09/03/2023 - 06:53

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Le Sénat dominé par la droite a adopté mercredi soir, au terme d'une vive bataille de procédure avec la gauche, l'article clé du projet de réforme des retraites portant de 62 à 64 ans l'âge légal de départ en retraite en France.

C'est une mesure-phare, rejetée par une large majorité de Français, selon tous les sondages d'opinion. Le Sénat, dominé par la droite, a approuvé dans la nuit du mercredi au jeudi 9 mars l'article 7 du projet de réforme des retraites qui prévoit de reculer l'âge légal de départ à la retraite de 62 ans à 64 ans.

L'article 7 du projet de loi de financement rectificative de la Sécurité sociale a été adopté avec 201 voix pour et 115 contre, sur 345 votants. "Je me réjouis que les débats aient permis de parvenir à ce vote", a tweeté la Première ministre Élisabeth Borne.

Silencieuse depuis le début de l'examen du texte, jeudi dernier, la majorité sénatoriale a sorti sur cet article depuis la nuit dernière l'artillerie lourde du règlement pour accélérer les débats face à "l'obstruction" de la gauche. Celle-ci s'est indignée d'un "coup de force".

"Vous bâclez le débat", "la prétendue sagesse du Sénat en a pris un coup", a critiqué la cheffe des sénateurs communistes Éliane Assassi. "Jamais nous n'accepterons que vous mélenchonisiez le Sénat", a rétorqué son homologue des Républicains, Bruno Retailleau.

Les débats à la chambre haute reprennent jeudi matin à 10 h 30 autour d'un amendement polémique de Bruno Retailleau qui plaide pour que l'extinction progressive des régimes spéciaux, votée à l'article 2, s'applique aux salariés déjà en poste.

Porte close d'Emmanuel Macron aux syndicats

De son côté, l'intersyndicale, qui veut continuer à mettre la pression avec une nouvelle mobilisation samedi et la multiplication des actions, a demandé à être reçue "en urgence" par le chef de l'État "pour qu'il retire sa réforme".

"La porte du ministre du Travail, Olivier Dussopt, reste toujours ouverte", leur a répondu mercredi la Première ministre au Sénat, assurant que "le gouvernement est toujours prêt et ouvert au dialogue", et que c'est "dans la concertation et dans le dialogue que ce texte a été construit".

Plus tôt, le porte-parole du gouvernement Olivier Véran avait expliqué que le président de la République "respectait les institutions (...) aujourd'hui, c'est le temps parlementaire qui a cours". "Ce serait une erreur si le président recevait" les syndicats, qui "veulent repersonnaliser le débat autour de 'pour ou contre le président'", a estimé une source gouvernementale. "Le président n'a pas à entrer là-dedans."

>> À lire - Retraites : la réforme est-elle "indispensable", comme l'affirme le gouvernement ?

Emmanuel Macron, qui avait fait de la réforme un pilier de son programme présidentiel, est resté en retrait depuis sa présentation début janvier, laissant la Première ministre et son gouvernement en première ligne.

Élisabeth Borne compte sur un vote des Républicains pour éviter d'utiliser le 49.3 (adoption d'un texte sans vote), qui serait perçu comme un passage en force. D'autant que, de l'aveu même d'Olivier Véran, le projet "n'emporte pas l'adhésion d'une majorité de Français".

C'est pourquoi Emmanuel Macron devra "reformuler un projet pour le pays" et ainsi "ouvrir une page nouvelle" du quinquennat à l'issue de la réforme des retraites, a jugé mercredi le président du MoDem François Bayrou.

La majorité saura-t-elle se montrer unie ? Ne pas voter la réforme serait "déloyal", a prévenu sur Franceinfo la présidente de l'Assemblée nationale, Yaël Braun-Pivet, à l'intention des élus macronistes récalcitrants.

L'exécutif veut aller vite et parie sur un essoufflement du mouvement social

Le gouvernement espère ainsi obtenir rapidement une première victoire avec le vote par la chambre haute de l'ensemble du texte d'ici la date butoir de dimanche. Devrait alors s'ensuivre une commission mixte paritaire réunissant plusieurs sénateurs et députés. S'ils s'accordent sur un texte, l'adoption définitive de la réforme pourrait intervenir le 16 mars.

Faute d'accord, l'Assemblée nationale aura le dernier mot avec le risque de devoir mettre en œuvre sa réforme contestée par ordonnances en l'absence de validation par les députés.

L'exécutif parie aussi sur un essoufflement du mouvement social. "La France n'est pas à l'arrêt" comme promis par les syndicats et "on est très loin du record" que les syndicats "revendiquent", relativisait-on de source gouvernementale.

Les syndicats ont fait descendre dans la rue, mardi, 1,28 million de manifestants selon la police, 3,5 millions d'après la CGT. Mais les taux de grévistes sont restés en-deçà des records, tandis que la circulation des trains et métro parisiens s'améliorait mercredi. La circulation des trains restera encore "fortement perturbée" jeudi, selon la SNCF, mais celle des transports parisiens s'améliorera, selon la RATP.

>> À lire - 8 mars : à Paris, les manifestantes appellent à l'égalité "au travail comme dans la vie"

Mercredi, des manifestations de moindre ampleur ont eu lieu en lien avec la Journée internationale des droits des femmes. Selon les secteurs, des blocages étaient en cours dans plusieurs grands ports d'après la CGT. Des routes ont été bloquées et, partiellement, plusieurs établissements d'enseignement à travers le pays.

La CGT-Chimie a affirmé que les expéditions de carburants étaient toujours bloquées à la sortie des raffineries, où le ministre des Transports, Clément Beaune, a menacé de faire intervenir les forces de l'ordre.

Avec AFP

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Réforme des retraites : une communication gouvernementale souvent épinglée

La réforme des retraites entame une semaine décisive au Sénat et face à la rue

Retraites : le Sénat vote l'extinction de plusieurs régimes spéciaux

France24 - Monde

TikTok, dans le viseur des Européens, en offensive de charme auprès des autorités

Publié le : 09/03/2023 - 11:07

Christophe DANSETTE

Les autorités européennes viennent d'interdire TikTok sur les portables des officiels. Le réseau est pointé du doigt par les services de renseignements américains et européens comme un possible outil d'espionnage. Face à de telles accusations, les dirigeants du groupe veulent faire preuve de bonne volonté. Ils annoncent vouloir stocker les données des utilisateurs européens dans des centres de stockages sur le continent européen.

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L’armée de l’Air et de l’Espace a reçu son premier Rafale au standard F4.1

par Laurent Lagneau · 5 mars 2023

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En janvier 2019, le ministère des Armées notifia à Dassault Aviation un contrat de développement et d’intégration du standard F4 du Rafale, d’une valeur de 2 milliards d’euros. Cette nouvelle version devait reposer sur quatre piliers : la connectivité, l’engagement, la diponibilité ainsi que la détection et la lutte contre les menaces, avait-il été expliqué à l’époque.

« Ce standard F4 est un saut technologique, un saut industriel, un saut stratégique. Il constituera une première étape pour le combat collaboratif connecté multiplateformes et donc vers le système de combat aérien du futur [SCAF] », avait résumé Florence Parly, alors ministre des Armées.

Quatre ans plus tard, le premier Rafale porté au standard F4.1 – un Rafale B – a été livré à l’armée de l’Air & de l’Espace [AAE], plus précisément au Centre d’expertise aérienne militaire, installé sur la base aérienne [BA] 118 de Mont-de-Marsan. Il reviendra ainsi à l’Escadron de chasse et d’expérimentation 1/30 Côte d’Argent de prononcer la première capacité opérationnelle [PCO] puis la mise en service opérationnelle de cette nouvelle version, attendue en octobre prochain.

Ce premier Rafale F4.1 « fait partie des F3R que l’on a envoyé au Centre d’essais en vol de la Direction générale de l’armement, à Istres, pour leur transformation logicielle », a expliqué le lieutenant-colonel Guillaume, le commandant en second de l’ECE 1/30 Côte d’Argent, sur le site de l’AAE. « D’autres avions tous neufs sortiront directement des chaînes de production Dassault, et viendront compléter le parc de chasseurs envoyés progressivement à Istres pour leur passage du standard F3R au F4.1 », a-t-il précisé.

Un second Rafale F4.1 sera livré très prochainement au CEAM, ce qui permettra d’enchaîner les vols en vue de « l’adoption » de ce nouveau standard. « L’objectif est de prononcer cette dernière afin que les aéronefs puissent être utilisés par les pilotes de la 30ème Escadre de chasse, dans le délai le plus court possible », a soutenu le lieutenant-colonel Guillaume.

Pour rappel, les apports du standard F4 du Rafale sont nombreux. Doté d’une passerelle multiniveaux [E-SNA pour Extension du Système de Navigation et d’Armement] de nouvelle génération, de la radio CONTACT et d’une solution de transmission par satellites [SATCOM] via Syracuse IV, il permettra d’utiliser le viseur de casque SCORPION.

En outre, son Système de Protection et d’Évitement des Conduites de Tir du RAfale [SPECTRA] sera amélioré, de même que son radar à antenne active AESA] RBE-2, lequel disposera de nouvelles fonctionnalités, comme le mode GMTI [Ground Moving Target Indicator] pour la détection et la poursuite de cibles au sol. Enfin, il pourra emporter l’Armement Air-Sol Modulaire [AASM] adapté à un corps de bombe de 1000 kg [AASM 1000].

L’armée de l’Air et de l’Espace a reçu son premier Rafale au standard F4.1

par Laurent Lagneau · 5 mars 2023

Laurent LagneauPartagezTweetezPartagezEnregistrer

En janvier 2019, le ministère des Armées notifia à Dassault Aviation un contrat de développement et d’intégration du standard F4 du Rafale, d’une valeur de 2 milliards d’euros. Cette nouvelle version devait reposer sur quatre piliers : la connectivité, l’engagement, la diponibilité ainsi que la détection et la lutte contre les menaces, avait-il été expliqué à l’époque.

« Ce standard F4 est un saut technologique, un saut industriel, un saut stratégique. Il constituera une première étape pour le combat collaboratif connecté multiplateformes et donc vers le système de combat aérien du futur [SCAF] », avait résumé Florence Parly, alors ministre des Armées.

Quatre ans plus tard, le premier Rafale porté au standard F4.1 – un Rafale B – a été livré à l’armée de l’Air & de l’Espace [AAE], plus précisément au Centre d’expertise aérienne militaire, installé sur la base aérienne [BA] 118 de Mont-de-Marsan. Il reviendra ainsi à l’Escadron de chasse et d’expérimentation 1/30 Côte d’Argent de prononcer la première capacité opérationnelle [PCO] puis la mise en service opérationnelle de cette nouvelle version, attendue en octobre prochain.

Ce premier Rafale F4.1 « fait partie des F3R que l’on a envoyé au Centre d’essais en vol de la Direction générale de l’armement, à Istres, pour leur transformation logicielle », a expliqué le lieutenant-colonel Guillaume, le commandant en second de l’ECE 1/30 Côte d’Argent, sur le site de l’AAE. « D’autres avions tous neufs sortiront directement des chaînes de production Dassault, et viendront compléter le parc de chasseurs envoyés progressivement à Istres pour leur passage du standard F3R au F4.1 », a-t-il précisé.

Un second Rafale F4.1 sera livré très prochainement au CEAM, ce qui permettra d’enchaîner les vols en vue de « l’adoption » de ce nouveau standard. « L’objectif est de prononcer cette dernière afin que les aéronefs puissent être utilisés par les pilotes de la 30ème Escadre de chasse, dans le délai le plus court possible », a soutenu le lieutenant-colonel Guillaume.

Pour rappel, les apports du standard F4 du Rafale sont nombreux. Doté d’une passerelle multiniveaux [E-SNA pour Extension du Système de Navigation et d’Armement] de nouvelle génération, de la radio CONTACT et d’une solution de transmission par satellites [SATCOM] via Syracuse IV, il permettra d’utiliser le viseur de casque SCORPION.

En outre, son Système de Protection et d’Évitement des Conduites de Tir du RAfale [SPECTRA] sera amélioré, de même que son radar à antenne active AESA] RBE-2, lequel disposera de nouvelles fonctionnalités, comme le mode GMTI [Ground Moving Target Indicator] pour la détection et la poursuite de cibles au sol. Enfin, il pourra emporter l’Armement Air-Sol Modulaire [AASM] adapté à un corps de bombe de 1000 kg [AASM 1000].

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En janvier 2019, le ministère des Armées notifia à Dassault Aviation un contrat de développement et d’intégration du standard F4 du Rafale, d’une valeur de 2 milliards d’euros. Cette nouvelle version devait reposer sur quatre piliers : la connectivité, l’engagement, la diponibilité ainsi que la détection et la lutte contre les menaces, avait-il été expliqué à l’époque.

« Ce standard F4 est un saut technologique, un saut industriel, un saut stratégique. Il constituera une première étape pour le combat collaboratif connecté multiplateformes et donc vers le système de combat aérien du futur [SCAF] », avait résumé Florence Parly, alors ministre des Armées.

Quatre ans plus tard, le premier Rafale porté au standard F4.1 – un Rafale B – a été livré à l’armée de l’Air & de l’Espace [AAE], plus précisément au Centre d’expertise aérienne militaire, installé sur la base aérienne [BA] 118 de Mont-de-Marsan. Il reviendra ainsi à l’Escadron de chasse et d’expérimentation 1/30 Côte d’Argent de prononcer la première capacité opérationnelle [PCO] puis la mise en service opérationnelle de cette nouvelle version, attendue en octobre prochain.

Ce premier Rafale F4.1 « fait partie des F3R que l’on a envoyé au Centre d’essais en vol de la Direction générale de l’armement, à Istres, pour leur transformation logicielle », a expliqué le lieutenant-colonel Guillaume, le commandant en second de l’ECE 1/30 Côte d’Argent, sur le site de l’AAE. « D’autres avions tous neufs sortiront directement des chaînes de production Dassault, et viendront compléter le parc de chasseurs envoyés progressivement à Istres pour leur passage du standard F3R au F4.1 », a-t-il précisé.

Un second Rafale F4.1 sera livré très prochainement au CEAM, ce qui permettra d’enchaîner les vols en vue de « l’adoption » de ce nouveau standard. « L’objectif est de prononcer cette dernière afin que les aéronefs puissent être utilisés par les pilotes de la 30ème Escadre de chasse, dans le délai le plus court possible », a soutenu le lieutenant-colonel Guillaume.

Pour rappel, les apports du standard F4 du Rafale sont nombreux. Doté d’une passerelle multiniveaux [E-SNA pour Extension du Système de Navigation et d’Armement] de nouvelle génération, de la radio CONTACT et d’une solution de transmission par satellites [SATCOM] via Syracuse IV, il permettra d’utiliser le viseur de casque SCORPION.

En outre, son Système de Protection et d’Évitement des Conduites de Tir du RAfale [SPECTRA] sera amélioré, de même que son radar à antenne active AESA] RBE-2, lequel disposera de nouvelles fonctionnalités, comme le mode GMTI [Ground Moving Target Indicator] pour la détection et la poursuite de cibles au sol. Enfin, il pourra emporter l’Armement Air-Sol Modulaire [AASM] adapté à un corps de bombe de 1000 kg [AASM 1000].

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En janvier 2019, le ministère des Armées notifia à Dassault Aviation un contrat de développement et d’intégration du standard F4 du Rafale, d’une valeur de 2 milliards d’euros. Cette nouvelle version devait reposer sur quatre piliers : la connectivité, l’engagement, la diponibilité ainsi que la détection et la lutte contre les menaces, avait-il été expliqué à l’époque.

« Ce standard F4 est un saut technologique, un saut industriel, un saut stratégique. Il constituera une première étape pour le combat collaboratif connecté multiplateformes et donc vers le système de combat aérien du futur [SCAF] », avait résumé Florence Parly, alors ministre des Armées.

Quatre ans plus tard, le premier Rafale porté au standard F4.1 – un Rafale B – a été livré à l’armée de l’Air & de l’Espace [AAE], plus précisément au Centre d’expertise aérienne militaire, installé sur la base aérienne [BA] 118 de Mont-de-Marsan. Il reviendra ainsi à l’Escadron de chasse et d’expérimentation 1/30 Côte d’Argent de prononcer la première capacité opérationnelle [PCO] puis la mise en service opérationnelle de cette nouvelle version, attendue en octobre prochain.

Ce premier Rafale F4.1 « fait partie des F3R que l’on a envoyé au Centre d’essais en vol de la Direction générale de l’armement, à Istres, pour leur transformation logicielle », a expliqué le lieutenant-colonel Guillaume, le commandant en second de l’ECE 1/30 Côte d’Argent, sur le site de l’AAE. « D’autres avions tous neufs sortiront directement des chaînes de production Dassault, et viendront compléter le parc de chasseurs envoyés progressivement à Istres pour leur passage du standard F3R au F4.1 », a-t-il précisé.

Un second Rafale F4.1 sera livré très prochainement au CEAM, ce qui permettra d’enchaîner les vols en vue de « l’adoption » de ce nouveau standard. « L’objectif est de prononcer cette dernière afin que les aéronefs puissent être utilisés par les pilotes de la 30ème Escadre de chasse, dans le délai le plus court possible », a soutenu le lieutenant-colonel Guillaume.

Pour rappel, les apports du standard F4 du Rafale sont nombreux. Doté d’une passerelle multiniveaux [E-SNA pour Extension du Système de Navigation et d’Armement] de nouvelle génération, de la radio CONTACT et d’une solution de transmission par satellites [SATCOM] via Syracuse IV, il permettra d’utiliser le viseur de casque SCORPION.

En outre, son Système de Protection et d’Évitement des Conduites de Tir du RAfale [SPECTRA] sera amélioré, de même que son radar à antenne active AESA] RBE-2, lequel disposera de nouvelles fonctionnalités, comme le mode GMTI [Ground Moving Target Indicator] pour la détection et la poursuite de cibles au sol. Enfin, il pourra emporter l’Armement Air-Sol Modulaire [AASM] adapté à un corps de bombe de 1000 kg [AASM 1000].

France24 - Monde

Au Danemark, près de 10 000 cerveaux humains conservés pour l’étude des maladies mentales

Publié le : 09/03/2023 - 17:55

Laura MOUSSET Suivre

Dans le sous-sol de l'université danoise d'Odense se trouve une collection un peu particulière. Elle compte près de 10 000 cerveaux humains conservés dans du formol. Ces organes ont été prélevés lors d'autopsies de malades mentaux morts dans des hôpitaux psychiatriques du pays entre 1945 et 1982. Ils sont aujourd'hui utilisés pour la recherche médicale, bien qu'ils aient été prélevés à l'époque sans l'accord des patients ou de leur famille.

France24 - Monde

Au Nigeria, 20 millions d'enfants ne vont pas à l'école

Publié le : 08/03/2023 - 22:25

Selon l'UNICEF, environ 20 millions d'enfants nigérians ne vont pas à l'école, ce qui représente l'un des plus grands nombres d'enfants non scolarisés au monde. Les craintes liées à la sécurité, le manque d'écoles publiques et l'extrême pauvreté sont autant de facteurs qui empêchent les enfants d'aller à l'école. Pour certains, comme Joy, 14 ans, qui a été abandonnée sous un pont par sa mère, le fait de ne plus aller à l'école s'accompagne d'un grave traumatisme.

France24 - Monde

Crise énergétique en Afrique du Sud : à Johannesburg, des SDF font la circulation

Publié le : 08/03/2023 - 15:40

Laura MOUSSET Suivre

Johannesburg, comme l’ensemble de l’Afrique du Sud, est frappée par des coupures de courant à répétition depuis plusieurs mois. Conséquence : sur la route, les feux de signalisation sont très souvent défaillants ou éteints. Dans la capitale, de jeunes hommes en gilet jaune s'invitent quotidiennement au milieu des plus gros carrefours, agitant les bras pour diriger la circulation. La plupart sont SDF et sans-emploi.

France24 - Monde

8 mars : à Paris, les manifestantes appellent à l'égalité "au travail comme dans la vie"

Publié le : 08/03/2023 - 19:54

Cyrielle CABOT

De notre envoyée spéciale dans le cortège parisien – Des milliers de personnes sont descendues dans les rues de Paris, mercredi, à l'occasion de la Journée internationale des droits des femmes. Au lendemain d'une "mobilisation historique" contre la réforme des retraites, les manifestants ont donné de la voix pour dénoncer un projet dont elles sont présentées comme les grandes perdantes, tout en dénonçant un système qui continue "à les maltraiter". 

"En 2023, la fin du patriarcat !" Des milliers de personnes ont manifesté mercredi 8 mars à Paris, pour la Journée internationale des droits des femmes. Une mobilisation fortement imprégnée par la contestation du projet de réforme des retraites, sans éclipser d'autres combats pour l'égalité et la justice sociale.

"C'était l'occasion parfaite pour appeler à l'égalité au travail comme dans la vie", explique Caroline, 33 ans, membre du syndicat Solidaires, à l'initiative, avec la FSU et la CGT, de cette "grève féministe". "Nous sommes dans la rue pour dire non à la réforme des retraites et dénoncer les inégalités économiques entre hommes et femmes, mais aussi pour en finir avec les violences sexistes et sexuelles, défendre le droit à l'avortement ou encore soutenir les femmes du monde entier", poursuit-elle. "Car tous ces combats sont liés. À la fin, il s'agit de défendre les droits de la moitié de la population."

"Cette réforme nous touche en priorité"

Le cortège, majoritairement féminin, s'est élancé sous la pluie, peu après 14 heures, de la place de la République en direction de la place de la Nation. "Même la pluie est sexiste !", crie en riant une jeune femme au porte-voix. 

Parmi les manifestants, certains ont déjà battu le pavé le 7 mars, sixième journée de grève intersyndicale, à la participation "historique", selon les syndicats, contre la réforme des retraites. Parmi eux, Jasmine, 66 ans. Cette ancienne ouvrière est venue de Bourgogne pour faire entendre sa voix. "J'étais là hier, je suis là aujourd'hui, et je serai encore là aussi longtemps qu'il faudra", assure-t-elle. "Mais manifester aujourd'hui, symboliquement, c'est presque encore plus important car cette réforme, elle nous touche, nous les femmes, en priorité." 

"Avec ma retraite, je ne gagne que 824 euros par mois. Une fois les charges payées, il me reste 27 euros pour vivre… Après avoir passé ma vie à l'usine, je suis maintenant obligée de faire des ménages pour arrondir mes fins de mois", témoigne-t-elle. "Et on voudrait encore empirer la situation de celles qui vont me suivre ?"

"Cette réforme, c'est le symbole même de toutes les inégalités que les femmes vivent au quotidien", abonde, quelques mètres plus loin, Chantal, 63 ans. Cette fonctionnaire a aussi manifesté lors des précédentes journées de mobilisation, mais elle tenait particulièrement à être présente pour cette journée du 8 mars. "Cette fois, je me bats pour bien plus que ma retraite. Je suis là pour tous nos droits sociaux – nos salaires, notre santé, le droit à l'avortement… Les droits des femmes sont toujours très fragiles, trop fragiles." 

Dans sa main, sa pancarte illustre son engagement. Au recto est notée une citation de Gisèle Halimi, figure du féminisme : "Tout ce qui fait avancer les femmes fait avancer la société". Au verso sont collés des slogans contre la réforme des retraites – "Nous ne battrons pas en retraite", "La retraite avant l'arthrite"... 

"Hé meuf, t'es au courant ? Tu vas te faire avoir"

Depuis le début des mobilisations, les femmes sont présentées comme les grandes perdantes du projet de réforme des retraites. Un constat qui passe d'autant plus mal qu'à l'heure actuelle, les inégalités de pension sont déjà conséquentes : fin 2020, les femmes avaient en moyenne une retraite de 40 % inférieure à celle des hommes, différence ramenée à 28 % en cas de réversion. En cause, des carrières souvent plus complètes que celles des hommes, avec davantage de temps partiels et des salaires plus faibles. 

>> À lire aussi : Réforme des retraites : à Paris, des manifestantes révoltées et déterminées

Symbole de cette inégalité au travail qui se répercutera à la retraite : à 15 h 40 sonnantes, depuis leur char, les Rosies, un collectif féministe, prennent la parole. Affublées d'un bleue de travail, elles rappellent que c'est à cette heure-ci que, chaque jour, les femmes commencent symboliquement à "travailler gratuitement". 

S'ensuit une chanson et une danse à la chorégraphie bien rodée : "Hé meuf, t’es au courant ? Tu vas te faire avoir. Tes périodes à mi-temps, ce sera pour ta poire. Si tu veux des enfants, tu partiras plus tard. Car le gouvernement raconte que des bobards", entonne la foule, sur l'air de la chanson Freed from Desire, de Gala.

Faire cesser "toutes les formes de violences"

Mais à côté des nombreux slogans liés à la retraite et aux inégalités au travail, d'autres ont préféré mettre en avant d'autres combats. "Le consentement, partout, tout le temps", "Ensemble contre les violences sexistes et sexuelles", affiche ainsi Vassilia Mattei. Cette femme de 30 ans est cheffe de projet de HandsAway, une association qui fait de la prévention contre les violences sexistes et sexuelles en milieu scolaire.

"Nous sommes là parce qu'il faut éduquer et sensibiliser, tout le temps, tous les jours, contre toutes les violences et toutes les discriminations que les femmes et minorités de genre subissent", témoigne-t-elle. "En prenant en compte toutes les catégories – les racisées, les LGBT+, celles en situation de handicap… D'ailleurs, c'est elles, souvent contraintes à des métiers précaires et physiques, qui seront donc les premières impactées par la réforme des retraites."

"Nous sommes là pour nous battre pour l'égalité et réclamer les droits de tous et toutes", résume-t-elle.

Camille, de son côté, a préféré montrer son soutien aux Iraniennes, presque six mois après la mort en détention de Mahsa Amini. "J'ai déjà manifesté hier pour les retraites. Aujourd'hui, j'ai voulu rappeler que dans le monde, notamment en Iran, des femmes pourraient mourir pour être descendues dans la rue comme nous sommes en train de le faire", raconte cette enseignante de 48 ans. "Défendre nos droits est primordial, mais il ne faut pas oublier les autres : il faut faire cesser toutes les formes de violences."

"De toute façon, on en a gros de tout !", s'exclament en fin de cortège Tiffany et Raphaël. "On a l'impression de ne pas être écoutés par ce gouvernement, et qu'on doit se battre pour tout."

Ces deux amis expliquent quant à eux avoir privilégié la journée du 8 mars pour manifester pour "la portée symbolique de la date" mais être venus principalement pour crier "leur ras-le-bol" face à la politique du gouvernement. "J'aimerais simplement qu'il soit plus bienveillant avec les gens et avec notre planète plutôt que de toujours favoriser les plus riches et penser au profit…", explique Tiffany.  

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.cls-6{fill:#fff;stroke:#fff;stroke-miterlimit:10;stroke-width:.2px} Reportage

Réforme des retraites : à Paris, des manifestants décidés à "mettre la France à l'arrêt"

8 MARS

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France24 - Monde

Géorgie : nouvelle manifestation contre le pouvoir malgré le retrait d'un projet de loi répressif

Publié le : 09/03/2023 - 08:50Modifié le : 09/03/2023 - 19:26

FRANCE 24 Suivre

Brandissant des drapeaux géorgiens, ukrainiens et de l'UE, des milliers de personnes étaient rassemblées jeudi soir dans la capitale de la Géorgie pour dénoncer un projet de loi controversé auquel le gouvernement a renoncé dans la journée, après d'importantes manifestations. De son côté, le ministère de l'Intérieur a annoncé la libération de manifestants arrêtés depuis mardi.

Des milliers de personnes étaient rassemblées à Tbilissi, jeudi 9 mars, après deux jours de protestations et de heurts avec la police pour dénoncer un projet de loi répressif, auquel le gouvernement a renoncé plus tôt dans la journée.

La présidente Salomé Zourabichvili, une pro-occidentale critique du gouvernement de son pays mais dont les pouvoirs sont limités, a de son côté salué la "victoire" des manifestants.

"Je veux féliciter la société pour sa première victoire, je suis fière de ce peuple qui a fait entendre sa voix", a-t-elle dit dans une allocution télévisée depuis New York.

Dans la foulée, le ministère de l'Intérieur a annoncé la "libération" de manifestants arrêtés depuis mardi, répondant ainsi à une des demandes de l'opposition.

"Des enquêtes sont en cours afin de déterminer, d'identifier et d'arrêter ceux qui ont attaqué la police", a toutefois indiqué le ministère dans un communiqué.

Parmi la foule réunie jeudi dans le centre-ville de Tbilissi, nombre de manifestants dénonçaient la politique du pouvoir en place.

"Notre gouvernement est notre seul obstacle à l'adhésion à l'UE", déplore Eka Kamkamidzé, une mathématicienne de 39 ans. "Soit ils démissionnent et la Géorgie rejoint l'Europe, soit ils restent au pouvoir et nous sommes la proie de Poutine."

>> À lire aussi : "Comment Moscou utilise le statut d’'agent étranger' pour harceler les opposants"

Mamuka Kiria, une peintre de 30 ans, dit "vouloir des élections anticipées" pour "se débarrasser" des dirigeants actuels.

Les manifestants répondaient à l'appel de plusieurs partis d'opposition, malgré le retrait plus tôt jeudi, par le parti au pouvoir Rêve géorgien, d'un projet de loi jugé répressif par ses détracteurs, après deux jours d'importantes manifestations.

Retrait sans condition

"En tant que parti de gouvernement responsable envers chaque membre de la société, nous avons décidé de retirer de façon inconditionnelle ce projet de loi que nous soutenions", avait déclaré la formation politique.

Le gouvernement géorgien est accusé d'avoir voulu introduire une législation inspirée du modèle russe pour classer comme "agents de l'étranger" les ONG et médias recevant plus de 20 % de leur financement de l'étranger, sous peine d'amende.

Ex-république soviétique du Caucase d'environ quatre millions d'habitants, la Géorgie est secouée depuis des années par une crise politique symptomatique de son tiraillement entre l'Europe et la Russie. Moscou et Tbilissi se sont affrontés en 2008 dans une courte guerre remportée par l'armée russe.

Près du Parlement, le recul du gouvernement a été accueilli avec un mélange de fierté et de méfiance.

"Le gouvernement retire sa loi parce qu'il a vu notre détermination, la force du peuple", dit à l'AFP Chota Kikaleïchvili, un étudiant de 19 ans. "Ils ont raison d'avoir peur : nous allons les écarter du pouvoir", lance-t-il, bravache.

Face aux troubles qui agitent ce pays voisin, le Kremlin s'est dit jeudi "préoccupé", tout en niant tout lien avec le projet de loi sur les "agents de l'étranger".

"Le Kremlin n'a absolument rien à voir avec cela", a déclaré son porte-parole Dmitri Peskov, alors que les manifestants comparent le projet géorgien avec la loi en vigueur en Russie servant à réprimer toute voix critique.

La délégation de l'Union européenne en Géorgie a salué l'annonce du retrait du texte, exhortant le gouvernement à "reprendre les réformes proeuropéennes".

Dans son communiqué, le Rêve géorgien estime que le projet de loi a été "présenté sous un mauvais jour de façon trompeuse", ajoutant qu'il va lancer des consultations publiques pour "mieux expliquer" le but de ce texte.

"Une démocratie en difficulté"

Ces manifestations s'inscrivent dans un contexte plus large de crise politique.

Tbilissi ambitionne officiellement de rejoindre l'UE et l'Otan, une orientation prise après la "révolution des Roses" de 2003 qui avait amené au pouvoir le pro-occidental Mikheïl Saakachvili, désormais opposant et emprisonné.

Mais plusieurs mesures récentes du gouvernement actuel, comme le projet de loi sur les "agents de l'étranger", ont jeté le doute sur le maintien des aspirations pro-occidentales, l'opposition l'accusant de soutenir Moscou.

Pour Thomas de Waal, spécialiste du Caucase au centre de recherche Carnegie Europe, la façon dont la Géorgie sort de la crise actuelle pourrait être déterminante pour son avenir.

"C'est un moment important pour la Géorgie, qui est encore une démocratie, mais une démocratie en difficulté", estime-t-il.

Signe de l'inquiétude grandissante en Occident, Bruxelles avait condamné mercredi le texte, le jugeant "incompatible" avec les valeurs de l'UE.

Avec AFP

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Géorgie : nouveaux rassemblements à Tbilissi, la police fait usage de gaz lacrymogènes

En Géorgie, des milliers de personnes manifestent contre une loi sur les "agents de l'étranger"

Focus

La Géorgie, nouvelle terre d’exil des Russes

France24 - Monde

Ligue des champions : le Bayern Munich annihile les rêves d'exploit de Mbappé et du PSG

Publié le : 08/03/2023 - 22:53Modifié le : 08/03/2023 - 23:09

Romain HOUEIX Suivre

Le Camerounais Choupo-Moting et l'Allemand Gnabry ont offert la victoire au Bayern Munich face au PSG, mercredi, en huitième de finale de Ligue des champions. Rien n'est allé dans le sens du PSG qui a perdu son capitaine Marquinhos sur blessure dès la première mi-temps.

Encore une élimination piteuse de Ligue des champions pour le PSG. Malgré les harangues de Mbappé, Paris a de nouveau concédé la défaite sur le score de 2 à 0 face au Bayern Munich. Le Camerounais Eric Maxim Choupo-Moting a inscrit le premier but de la rencontre face à ses anciens partenaires tandis que Serge Gnabry a parachevé la victoire dans les dernières minutes.

Les hommes de la capitale sortent à ce stade de la compétition pour la deuxième saison consécutive.

Considérés comme les deux meilleurs joueurs du monde, Kylian Mbappé et Lionel Messi ne sont pas parvenus à trouver la faille pour le PSG dans une défense munichoise très bien en place. Attendus comme sauveurs d'un Paris SG battu à l'aller dans son Parc des Princes (1-0), ni Kylian Mbappé, ni Lionel Messi n'ont réussi à briller mercredi soir pour tenter d'arracher la qualification pour les quarts dans la compétition reine du football européen.

La confiance affichée par Kylian Mbappé au diapason de ses coéquipiers dans les jours qui ont précédé le match retour à Munich n'a donc pas été suivie de fait sur le terrain. Sur la pelouse de l'Allianz Arena rendue glissante par plusieurs averses en première période, les Parisiens ont multiplié les balles dans la profondeur sans jamais parfaitement trouver l'international français.

Mbappé ne s'est créé qu'une seule grosse occasion, dès la deuxième minute : pour son premier duel avec le jeune Croate Josip Stanisic (22 ans), il s'est un peu trop excentré sur son côté gauche pour espérer tromper la vigilance de Yann Sommer, presque parfait sur sa ligne.

Ensuite, la plupart des balles envoyées vers Mbappé sont arrivées dans les gants de l'international suisse, anticipant parfaitement ses sorties.

Lors des 45 premières minutes, le champion du monde 2018 n'a touché qu'une petite dizaine de ballons, insuffisant pour espérer renverser le Bayern, qui n'a encaissé que deux buts cette saison en Ligue des champions (sur la pelouse des Tchèques du Viktoria Plzen).

Messi invisible

En seconde période, alors que le Bayern avait ouvert le score par un ancien de la maison parisienne, Eric Maxim Choupo-Moting, peu après l'heure de jeu (61e), Mbappé, qui avait hérité du brassard de capitaine après la sortie de Marquinhos, a une nouvelle fois échoué, cette fois-ci face à son coéquipier en équipe de France, Dayot Upamecano.

Fort de sa connaissance fine de Mbappé accumulée lors des rassemblements des Bleus, "Upa" a formé avec le Néerlandais Matthijs De Ligt une défense centrale imperméable du côté du Bayern.

Si la meilleure occasion parisienne est venue de Vitinha (38e) - dont le tir a été repoussé juste devant la ligne par De Ligt -, Messi a eu aussi la possibilité d'ouvrir le score pour les Parisiens quelques minutes plus tôt.

Sur un centre de Vitinha, le tir du champion du monde argentin a toutefois a été contré au dernier moment par Alphonso Davies, menace permanente sur son côté gauche dans le rôle de piston, et Sommer s'en est sorti pour capter la balle.

Le match de Messi c’est à montrer dans toutes les écoles de cache cache

March 8, 2023

 

L'Argentin de 35 ans, septuple Ballon d'or, a clairement manqué de jus, à l'image d'un duel perdu face au milieu défensif allemand du Bayern, Leon Goretzka, annihilant un contre parisien.

Le duo phare du Paris SG a été à peine plus visible en seconde période, et c'est le défenseur central espagnol du PSG Sergio Ramos, qui s'est créé les meilleures occasions sur coup franc.

Comme un symbole de l'impuissance de Mbappé contre le Bayern, sur un centre de Warren Zaïre-Emery dans les cinq dernières minutes de la rencontre, le tir a une nouvelle fois trouvé Davies pour contrer. Et l'international français est resté quelques secondes sur la pelouse, comprenant que le match avait échappé aux Parisiens.

Avec AFP

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Ligue des champions : le PSG éliminé dès les huitièmes de finale par le Bayern Munich

FOOTBALL

Ligue des champions : le PSG vise l’exploit face au Bayern Munich avec Mbappé en fer de lance

Chaos au Stade de France : l'UEFA va rembourser tous les supporters de Liverpool

France24 - Monde

"Je travaille ici depuis que j'ai 8 ans", le travail des enfants en Irak

Publié le : 02/03/2023 - 16:58

Samia METHENI Suivre

"Je travaille depuis que j'ai huit ans, et j'ai maintenant 13 ans", confie le jeune irakien Haydar Karar, employé dans un atelier de tamis à Bagdad, ce qui l'a privé d'une enfance insouciante, dans un Irak où pauvreté et conflits ont favorisé le travail des mineurs.

France24 - Monde

"Ma mission n'est pas encore terminée" : Jair Bolsonaro sème le doute sur son retour en politique

Publié le : 09/03/2023 - 13:28

Elisabeth ALLAIN Zilan COKYIGIT Sonia BARITELLO Suivre

Jair Bolsonaro rentrera t-il prochainement au Brésil ? C'est ce qu'a déclaré cette semaine l'un de ses fils sur Twitter avant de se rétracter. L'ancien président brésilien, pointé du doigt dans son pays pour une affaire de diamant saoudiens non déclarés, vit en tout cas des moments plutôt étonnants outre-Atlantique. Invité d'honneur de la convention annuelle des ultra-conservateurs le week-end dernier, il a littéralement été accueilli en rock star. L'occasion sur scène de se confier et d'admettre qu'il n'en a peut être pas fini avec la politique.

Également au sommaire de cette édition : 

C’est le dernier épisode d’une escalade des tensions autour du projet "Cop City" à Atlanta. Ce projet de méga centre de formation à destination des policiers est depuis son annonce en 2021, rejeté avec force par une partie de la ville. Ce week-end le site a été le théâtre de violents affrontements avec les forces de l'ordre. 35 personnes ont été arrêtées, dont 23 ont ensuite été inculpées pour "terrorisme intérieur".

Dans le cadre de la semaine ou sont célébrés les droits des femmes, nous prenons la direction du Venezuela ou un groupe de femmes déjoue aujourd'hui les codes de la société. Dans le but d'accéder a la propriété, des vénézuéliennes ont à construire elles même leur propre logement. Une initiative menée par le gouvernement et qui rencontre son lot de difficultés.

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France24 - Monde

Ligue des champions : l'AC Milan tient face à Tottenham et revient en quarts de finale 10 ans après

Publié le : 08/03/2023 - 23:30

FRANCE 24 Suivre

L'AC Milan a fait le dos rond à Londres et tenu le match nul face à Tottenham (0-0) mercredi. Un résultat qui, conjugué à sa victoire lors du match aller, le qualifie pour les quarts de finale de la Ligue des champions pour la première fois depuis 2012.

Solide derrière et toujours en contrôle, l'AC Milan a rejoint les quarts de finale de la Ligue des champions pour la première fois depuis 2012, mercredi 8 mars (1-0, 0-0) face à Tottenham, particulièrement apathique pour un match d'un tel enjeu.

La troisième minute du temps additionnel de la seconde période a été la seule vraiment passionnante, avec une tête de Harry Kane magnifiquement repoussée au ras du sol par Mike Maignan, pour son retour dans les cages milanaises, alors qu'à l'issue du contre, Divock Origi a trouvé le poteau.

Mais avant cela, Milan a pu goûter à une soirée typique des fins d'hiver à Londres avec sa bruine, sa température tout juste supérieure à zéro et ses bouchons qui ont empêché les équipes d'arriver au stade à temps, retardant de dix minutes le coup d'envoi, comme la veille pour Chelsea-Dortmund.

Au sortir du match aller, les Spurs pouvaient se satisfaire d'avoir à remonter un avantage qui semblait minime (1-0). Mais face à un club italien, c'est déjà une petite montagne à gravir.

Maignan et Giroud au niveau

Surtout quand il s'agit du champion d'Italie, qui avait gardé sa cage inviolée lors de quatre de ses cinq matches précédents, alors que les Londoniens ont perdu quatre de leurs six dernières rencontres.

Tottenham espérait que le retour sur le banc d'Antonio Conte, après son opération à la vésicule biliaire, et le fervent soutien des 61 000 spectateurs du Tottenham Hotspur Stadium électriseraient ses joueurs.

Champions League quarter-finalists, how good does that sound?! 🙌#TOTACM #UCL #SempreMilan pic.twitter.com/hVfWr0VIhp

March 8, 2023

 

Il n'en a rien été. Lors du temps réglementaire, Maignan a été bon avec un arrêt après un centre dévié de Kane qui aurait pu le prendre à contre-pied (35e), ou une frappe de Pierre-Emile Hojbjerg en angle fermé qu'il a bien déviée au-dessus de sa barre (64e).

Le duel à distance entre les deux avants-centres, Kane et Olivier Giroud, buteur lors du quart de finale du Mondial au Qatar entre la France et l'Angleterre (2-1), s'est aussi soldé par un match nul et vierge.

Kane, hormis son action finale et son centre dévié, n'a été inquiétant que par une tête plongeante assez loin du cadre (68e), alors qu'"Olive", de retour dans une ville où il a brillé avec Arsenal puis Chelsea, a surtout apporté par son pressing et son jeu de déviation.

Soupe à la grimace pour Tottenham

Côté italien, le danger était avant tout venu du très mobile Brahim Diaz, buteur à l'aller et qui a forcé Fraser Foster, le remplaçant d'Hugo Lloris, à une belle parade de près (51e).

Dans les vingt dernières minutes, Conte a lancé Richarlison à la place d'un piston, Emerson Royal, espérant que le physique et le jeu aérien du Brésilien feraient la différence.

Mais le corner direct tenté par Son Heung-min, transparent dans ce match, à la 75e, avait déjà des airs d'aveux d'impuissance.

Les choses ont encore empiré quand Cristian Romero a reçu un deuxième carton jaune de Clément Turpin pour une intervention en retard sur Théo Hernandez (78e).

Et ce sont donc les Lombards, septuples champions d'Europe, qui verront les quarts de finale au printemps, alors qu'en championnat ils ne peuvent, a priori, espérer mieux que la deuxième place derrière Naples.

Pour Tottenham, les huées à la fin match laissent présager que la soupe à la grimace risque fort d'être au menu pour les prochaines semaines.

Le club a été éliminé de la Coupe d'Angleterre par une équipe de deuxième division récemment, puis rejoint par Liverpool dans la lutte à la qualification en C1, alors que l'avenir de Conte et de Kane est en suspens... la pluie londonienne n'a pas fini de tomber sur les Spurs.

Avec AFP

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Ligue des champions : le Bayern Munich annihile les rêves d'exploit de Mbappé et du PSG

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Ligue des champions : le PSG éliminé dès les huitièmes de finale par le Bayern Munich

France24 - Monde

"Reconstruire une vie digne et pérenne" : sortir de la prostitution grâce à l’emploi

Publié le : 08/03/2023 - 13:04

Aurélia ABDELBOST

À l'occasion de la journée internationale des droits des femmes, France 24 met en lumière l’initiative de l’association Solenciel. Fondée à Grenoble, elle aide des femmes à s’extraire des réseaux de prostitution en leur offrant un emploi pérenne et les accompagne vers de nouveaux projets. 

"C'était une mauvaise expérience, un cauchemar même. Je ne le souhaite à personne", résume Sarah*, 25 ans, qui s'exprime en anglais. Cette jeune Nigériane, qui a immigré en Italie en août 2016, a vécu l'enfer de la prostitution durant quatre ans. Depuis, l'association Solenciel l'a aidée à récupérer le contrôle de sa vie et de son corps.

#JourneeDesDroitsDesFemmes - L'association @solenciel aide des #femmes à s’extraire des réseaux de #prostitution en leur offrant un emploi. "C’était un cauchemar" : Sarah, bénéficiaire de l’association, a vécu l’enfer de la prostitution. Elle témoigne ⤵️@a_abdelbost #IWD2023 pic.twitter.com/GLLoDZkiyd

March 8, 2023

"Notre projet, c'est de pouvoir aider un maximum de personnes à quitter la prostitution et reconstruire une vie digne et pérenne", déclare Pauline Loriot, ancienne directrice et coach au sein de la structure. Fondée à Grenoble en 2017, l'association Solenciel propose un emploi d'agent d'entretien à ses bénéficiaires. Une quarantaine de personnes sont aujourd'hui employées à Grenoble.

Une formation d'au moins une semaine est proposée sur place aux arrivantes, même si elles ne maitrisent pas encore le français. Elles sont ensuite embauchées en CDI par Solenciel, en tant qu'agent d'entretien, et travaillent notamment dans des hôtels grenoblois. 

 

Réseaux de prostitution nigérians

Comme Sarah, la plupart des salariées sont originaires du Nigeria. "Les réseaux nigérians sont vraiment les plus gros réseaux de prostitution aujourd'hui en Europe", précise Pauline Loriot. En France, 72 % des victimes de la traite des êtres humains pour une exploitation sexuelle sont originaires de ce pays, selon les données publiées par le gouvernement en 2022.

L'idée à l'origine de Solenciel est d'ailleurs née après qu'un groupe de femmes nigérianes a demandé aux bénévoles d'une association iséroise effectuant des maraudes, Magdalena38, de les aider à trouver un travail pour pouvoir s'extraire des réseaux de prostitution. C'est souvent le même schéma qui se reproduit : "Quand ces femmes arrivent en Europe, elles arrivent dans des camps pour migrants. Puis, notamment en Italie, un réseau mafieux les en extrait et les remet aux réseaux de prostitution nigérians", explique l'ancienne directrice.

Ces migrantes sont alors placées entre les mains de femmes proxénètes qu'on appelle les "Madames". "Ce sont souvent d'anciennes prostituées qui, pour ne plus avoir à se prostituer, vont prostituer d'autres femmes", ajoute Pauline Loriot. Une somme de plusieurs dizaines de milliers d'euros est alors demandée à ces jeunes femmes pour rembourser la dette de leur migration à leur passeur.

Une dette qui n'en finit pas

En réalité, cette dette n'en finit jamais : "Quand j'ai eu fini de payer ma dette à ma 'Madame', je suis allée la voir pour le lui dire. Et elle m'a dit que c'était faux, parce que je devais encore rembourser le logement, la nourriture et l'argent qu'elle disait utiliser pour m'obtenir des papiers. Rien que des mensonges. Elle disait aussi qu'elle envoyait de l'argent à ma famille, mais je savais que c'était faux".

Ce soir-là, Sarah, qui se trouve toujours en Italie, a une violente dispute avec sa "Madame", mais sa décision est prise. Quelques heures auparavant, elle vivait une expérience traumatisante. "Quatre hommes m'ont payée et quand je suis partie avec eux, ils m'ont emmenée loin derrière un buisson. Ils m'ont humiliée, ils ont couché avec moi puis ils m'ont tabassée, ils ont pris mon argent. Ils m'ont violée et ont pointé un pistolet sur ma tête. Après cela, j'ai décidé de ne jamais retourner à la rue."

"Montrer qu'elles n'ont plus peur"

Avec le soutien d'un ami, Sarah s'enfuit et se rend à Grenoble, en France. La jeune femme connaissait l'existence de Solenciel grâce à une amie et savait qu'elle serait en sécurité auprès de l'association. Toutefois, certaines bénéficiaires peuvent encore subir des pressions de la part des réseaux de prostitution, qui leur demandent encore de rembourser la dette de leur passage en Europe.

"Souvent, avec le temps, les réseaux cessent de leur mettre la pression et de leur demander cet argent, notamment parce qu'ils nous assimilent à l'État, à la police. Les personnes que l'on accompagne vont aussi faire des dépôts de plainte circonstanciés et vont ainsi montrer qu'elles n'ont plus peur, qu'elles sont accompagnées et soutenues", fait remarquer Pauline Loriot, qui assure rester toutefois vigilante.

"Rêver plus grand"

Solenciel offre un travail à ces jeunes femmes, mais les aide aussi à s'intégrer dans la société. Par exemple en leur apprenant à se déplacer à vélo dans la métropole iséroise, ou en proposant des sorties en montagne. Des cours de français sont également dispensés au sein de la structure, la grande majorité des bénéficiaires étant anglophone.

L'équipe compte également une chargée d'insertion professionnelle, qui les encourage à "rêver plus grand". "On a des personnes qui sont parties en CAP Petite Enfance ou en CAP Cuisine. On a aussi des femmes qui partent avec le projet de construire une famille donc c'est assez diversifié", détaille Pauline Loriot.

Avec l'aide fournie pour les démarches administratives, un tiers des salariées a pu se lancer sur de nouveaux projets depuis 2017. "Le but, c'est qu'elles puissent obtenir l'asile en France en tant que victimes de trafic d'être humain", souligne Pauline Loriot. C'est chose faite pour Sarah, qui se sent désormais en sécurité et fière de son travail d'agent d'entretien. Forte de son succès, l'association a ouvert des antennes à Lyon, à Toulouse et d'autres vont bientôt voir le jour.

*Le prénom a été modifié.

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.cls-6{fill:#fff;stroke:#fff;stroke-miterlimit:10;stroke-width:.2px} DEMAIN A LA UNE

Droits des femmes : la journée du 8 mars, un coup de projecteur sur la lutte pour l'égalité

C'EST EN FRANCE

Retraites des femmes : une vie d'inégalités

ActuElles

Quels progrès pour les droits des femmes en France ?

France24 - Monde

Conflit en Syrie : l'émissaire de l'ONU appelle Damas et les rebelles à faire des "compromis"

Publié le : 08/03/2023 - 18:59

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L'émissaire de l'ONU pour la Syrie a demandé aux acteurs du conflit, qui déchire le pays depuis 2011, de faire des "compromis" en s'inspirant des mesures humanitaires mises en place après les séismes ayant ravagé plusieurs régions du pays et de la Turquie voisine.  

L'émissaire de l'ONU pour la Syrie a appelé, mercredi 8 mars, les acteurs clefs du conflit à observer sur le plan politique la même logique de "compromis" adoptée après les séismes.

"Si tous, et je dis bien tous, peuvent envisager un compromis par rapport à leurs positions antérieures, tout le monde sera gagnant", a déclaré Geir Pedersen, en conférence de presse à Genève. 

"Au lendemain des tremblements de terre, nous avons vu des mesures humanitaires prises par toutes les parties qui ont dépassé les positions antérieures, même si ce n'est que temporairement", a dit le diplomate norvégien.

Le 6 février, la catastrophe a fait dans les deux pays, la Syrie et la Turquie, plus de 50 000 morts.

Depuis, les États-Unis et l'Union européenne ont allégé les sanctions imposées à la Syrie, tandis que Damas a accepté d'autoriser l'ONU à ouvrir deux autres passages frontaliers pour aider à acheminer plus d'aide, alors qu'il n'y en avait qu'un seul avant les séismes.

Il y a un mois encore, a souligné Geir Pedersen, "il n'était pas envisageable d'ouvrir de nouveaux points de passage frontaliers ni d'assouplir les sanctions", et pourtant "il y a eu des avancées sur ces deux points". 

"Nous avons besoin que la même logique qui a été appliquée sur le front humanitaire soit maintenant appliquée au niveau politique", a-t-il souligné.

Une impasse aggravée par le conflit en Ukraine

Plusieurs cycles de pourparlers parrainés par l'ONU se sont déroulés depuis le début du conflit syrien en 2011, mais les parties ne sont parvenues à aucune avancée majeure.

La guerre en Ukraine a accentué l'impasse des discussions qui étaient en cours depuis plusieurs années à Genève pour mettre sur pied une nouvelle constitution syrienne. La Russie, proche alliée du président syrien Bachar al-Assad, ne veut plus venir à Genève pour négocier, Moscou estimant que la Suisse n'est plus neutre depuis qu'elle a imposé des sanctions contre des responsables russes à la suite de l'invasion de Ukraine

"Tant que les Russes ne voudront pas venir à Genève, le gouvernement syrien ne voudra pas venir à Genève. J'ai eu des mois de discussions à ce sujet avec les Russes et le gouvernement (syrien)", a indiqué Geir Pedersen, qui espère malgré tout des progrès.

"Soyons francs : la guerre en Ukraine et son impact ne nous aident pas à faciliter la recherche d'une solution. Mais comme je l'ai dit, le statu quo n'est pas acceptable. Nous devons aller de l'avant", a-t-il ajouté. Mais "il faut que toutes les parties soient prêtes à faire des compromis".

Avec AFP

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France24 - Monde

Équipe de France : sur la sellette, Corinne Diacre dénonce une "campagne de dénigrement"

Publié le : 08/03/2023 - 18:10

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À 24 heures du comité exécutif de la FFF qui pourrait sceller son destin à la tête des Bleues, la sélectionneuse Corinne Diacre est sortie du silence. Quatre joueuses de l'équipe dont Wendie Renard, Kadidiatou Diani et Marie-Antoinette Katoto ont annoncé leur mise en retrait de l'équipe de France, en contestant notamment ses méthodes de management. 

Une tentative désespérée de sauver son poste avant le couperet ? Lâchée par plusieurs joueuses et proche de l'éviction, Corinne Diacre est sortie du silence mercredi 8 mars. La sélectionneuse refuse de laisser la main, à la veille d'une réunion décisive sur son avenir à la Fédération française de football et à quatre mois et demi du Mondial de football

Le comité exécutif de la FFF se réunit jeudi à 9 h 30, avec à l'ordre du jour la situation de l'équipe de France féminine, plongée dans une crise historique depuis la mise en retrait de Wendie Renard, Kadidiatou Diani et Marie-Antoinette Katoto, les trois joueuses emblématiques de l'effectif. 

Principale cible de cette fronde, Diacre vit peut-être ses derniers jours à la tête des Bleues, tant la pression est forte autour des méthodes et du management mis en place depuis son arrivée en 2017.

>> À lire aussi : Tempête au sein des Bleues : une crise qui ne date pas d'hier

"Je suis pleinement déterminée à mener ma mission à bien"

Mais la sélectionneuse de 48 ans, restée silencieuse depuis les annonces de ses joueuses, ne compte pas quitter ses fonctions et l'a fait savoir mercredi, dans un communiqué transmis à l'AFP par son avocat, Christophe Ayela.

"Au regard du déchaînement médiatique honteux de ces derniers jours, je souhaite néanmoins réaffirmer publiquement (...) que je suis pleinement déterminée à mener ma mission à bien et, surtout, à faire honneur à la France lors de la prochaine Coupe du monde" cet été en Australie (20 juillet – 20 août), affirme la patronne des Bleues. 

🗣️ Corinne Diacre sort du silence à la veille du Comex de la FFF où son avenir sera discuté.« Je suis pleinement déterminée à mener ma mission à bien. Et surtout, à faire honneur à la France lors de la prochaine Coupe du monde. » pic.twitter.com/AojFjzLi2J

March 8, 2023

 

Sous contrat jusqu'à l'été 2024, l'ancienne entraîneuse de Clermont, en Ligue 2, dénonce "une opération de déstabilisation" et "une campagne de dénigrement qui stupéfie par sa violence et sa malhonnêteté". "Mes détracteurs n'hésitent pas – sans s'embarrasser de la vérité – à s'attaquer à mon intégrité personnelle et professionnelle", explique-t-elle dans le communiqué.

Le message est clair pour la FFF et son président par intérim Philippe Diallo : l'ancienne défenseure ne démissionnera pas.

Jeudi matin, la fédération fait donc face à sa première décision majeure depuis la démission, annoncée mardi dernier, de l'ex-président Noël Le Graët. Le "Comex", où Diacre n'est pas conviée, entendra d'abord les recommandations d'une commission spéciale constituée depuis huit jours pour "dresser un constat de la situation actuelle". Quatre membres du "gouvernement" de la FFF la composent – Jean-Michel Aulas, Laura Georges, Aline Riera et Marc Keller. Ils ont mené ces derniers jours des auditions, sollicitant notamment plusieurs joueuses de la sélection.

"On va prendre nos responsabilités"

Auditionnée mardi pendant près de deux heures selon son avocat, Diacre a-t-elle convaincu ses interlocuteurs ? Ces derniers jours, toutes les sources fédérales interrogées allaient dans le sens d'une éviction.

Cette hypothèse paraissait d'ailleurs renforcée par les propos de Jean-Michel Aulas, président de l'OL et proche de Wendie Renard, qui ne cachait plus son souhait de voir Diacre partir.

"À partir du moment où les gens s'expriment de manière pondérée, avec des arguments, il faut les écouter. On va prendre nos responsabilités", avait avancé le dirigeant après le dernier Comex.

Mais Diacre a affirmé mercredi dans son communiqué qu'Aulas lui avait "assuré qu'il était prêt à revenir sur ses propos publics en considérant désormais la situation avec objectivité et impartialité".

La situation semble en tout cas insoluble : une mise à l'écart pourrait donner l'impression que les joueuses ont le pouvoir, tandis qu'un maintien en poste obligerait la France à disputer une Coupe du monde sans ses trois principaux atouts.

Par ailleurs, les statuts de la FFF ne précisent pas qui du comité exécutif ou du président dispose du pouvoir de nommer ou révoquer les sélectionneurs des équipes de France. Noël Le Gräet, lui, ne s'en était pas embarrassé : il avait géré seul la prolongation de Diacre jusqu'aux JO-2024, l'été dernier. 

L'hypothèse d'un licenciement de Diacre ouvrirait la quête d'un successeur à la tête des Bleues. Plusieurs profils se distinguent : les noms de Gérard Prêcheur (PSG), Sonia Bompastor (Lyon), Sandrine Soubeyrand (Paris FC), Eric Blahic (ex-adjoint de Diacre) ou encore Hervé Renard, l'actuel sélectionneur de l'Arabie saoudite, ont été évoqués en interne ou par la presse ces derniers jours.

Avec AFP

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Fronde des Bleues : le sort de la sélectionneuse Corinne Diacre tranché "sous quinze jours"

DECRYPTAGE

Tempête au sein des Bleues : une crise qui ne date pas d'hier

Équipe de France : la capitaine Wendie Renard et deux stars claquent la porte avant le Mondial

France24 - Monde

Centrafrique : la "guerre de la bière" ou la prédation économique du groupe Wagner

Publié le : 08/03/2023 - 17:59

Cyril PAYEN

Dans la nuit du 5 au 6 mars, l’entrepôt d’une brasserie française situé en banlieue de Bangui, la capitale centrafricaine, était ravagé par les flammes. Cet incendie est le dernier exemple en date d’une guerre économique que mènerait le groupe Wagner en Centrafrique. France 24 a pu se procurer les vidéosurveillances de la société Mocaf-Castel.

Un grave incendie a ravagé, dans la nuit du 5 au 6 mars 2023, l’entrepôt de la brasserie Mocaf-Castel, géant français de la production d’alcool en République centrafricaine. Un incendie criminel aussitôt dénoncé par Serge Ghislain Djorie, porte-parole du gouvernement, assurant qu’une "enquête serait ouverte pour en connaître l'origine." Cet entrepôt est situé dans la localité de Bimbo, au sud de Bangui.

Le groupe Wagner derrière l'incendie ?

Sitôt dit, sitôt fait : une opération conjointe militaire et police a conduit à l’arrestation, dans les heures qui ont suivi l’incendie, de sept suspects dans un motel des environs de l’entrepôt. La photo de ces hommes d’allure frêle encerclés par des militaires a été diffusée par le gouvernement centrafricain. Cependant, les images de vidéo surveillance de l’entrepôt obtenues par France 24  offrent une version divergente, sous différents angles et à plusieurs moments, peu avant 1 h  du matin, sur la nature de l’incendie et des assaillants. On y voit très clairement deux groupes de deux incendiaires, grands, athlétiques et en tenue paramilitaire et attitude maîtrisée, pistolet mitrailleur en bandoulière, en train de jeter des cocktails Molotov par-dessus la barrière de l’entrepôt. Si leur visage est caché, il est difficile de ne pas faire le lien avec les mercenaires du groupe Wagner, dans un contexte d’extrême tension à Bangui, sur fond de campagnes anti-françaises dont la dernière cible est le groupe Castel.

Deux paramilitaires, pistolet mitrailleur en bandoulière, lancent les premiers cocktails molotov par-dessus la grille de l'entrepôt :

 

Deux paramilitaires quittent la zone en courant :

 

Un gardien de l'entrepôt arrive et constate les dégâts :

 

 

La "guerre de la bière"

Selon une enquête de Jeune Afrique, le groupe Wagner a déclenché une "guerre de la bière" pour supplanter le groupe français en Centrafrique au profit de sa propre marque, "Africa Ti l’Or", des bouteilles en plastique d’un litre produites dans leur brasserie du Quatrième arrondissement à Bangui. Vitali Perfilev, le représentant de Wagner à Bangui, a mis en branle sa cellule de propagande pour discréditer la firme française. "À chaque achat de Castel, tu finances la guerre et tu te tues", "Castel = terrorisme." Des tracts sans équivoque sont apparus dans les rues de la capitale, rapidement repris sur les réseaux sociaux... Cela révèle la stratégie de conquête et de prédation économique de Wagner en République centrafricaine qui entend dominer dans tous les domaines : alcool, mines, bois, diamants, bétail... L’incendie de l’entrepôt Mocaf-Castel est le dernier épisode de la logique financière d’Evguéni Prigojine.

C’est d’ailleurs le sentiment d’être progressivement pris en otage de cette montée en puissance russe qui aurait poussé le président Faustin-Archange Touadéra, chef de l’État laboratoire de l’influence de Moscou en Afrique francophone, à engager des discussions avec l’administration américaine fin février. C’est pour la même raison que le président Touadéra a demandé à rencontrer Emmanuel Macron, le 2 mars à Libreville, en marge du One Forest Summit afin de "retisser des liens de confiance", selon un diplomate centrafricain. Un entretien de "pure formalité", selon une source diplomatique, dans le contexte du retrait des derniers soldats français à Bangui et des campagnes répétées contre Paris. 

Trois jours plus tard, le même Faustin-Archange Touadéra dénonçait à la tribune du sommet des "Pays les moins avancés" (PMA) à Doha le fait que "la Centrafrique était soumise, depuis son indépendance, à un pillage systématique facilité par l’instabilité politique entretenue par certains pays occidentaux ou leurs compagnies, qui financent des groupes armés terroristes dont les principaux leaders sont des mercenaires étrangers..."

Le groupe Castel a acquis en 1993 la Mocaf, présente en Centrafrique depuis 1953. Cette filiale est l'un des plus gros producteurs et employeurs du pays. La firme, qui emploie trois cents personnes, est la première ressource en taxes du pays. En 2022, une enquête a été ouverte à Paris pour complicité de crimes contre l’humanité et de crimes de guerre après un rapport accusant le géant français d’avoir soutenu financièrement des rebelles en Centrafrique. 

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L’UE annonce de nouvelles sanctions contre le groupe russe Wagner en Afrique

Moscou convoque l'ambassadeur français après une attaque contre un Russe en Centrafrique

Centrafrique : les derniers militaires français présents sur place ont quitté le pays

France24 - Monde

Hommage à Gisèle Halimi : Macron annonce un projet de loi pour inscrire l'IVG dans la Constitution

Publié le : 08/03/2023 - 16:52Modifié le : 08/03/2023 - 18:14

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À l'occasion d'un hommage rendu à l'avocate et militante féministe Gisèle Halimi, Emmanuel Macron a annoncé mercredi la présentation d'un projet de loi "dans les prochains mois" pour inscrire l'interruption volontaire de grossesse (IVG) dans la Constitution.

Emmanuel Macron a annoncé, mercredi 8 mars, la présentation d'un projet de loi "dans les prochains mois" pour inscrire l'interruption volontaire de grossesse (IVG) dans la Constitution. Le chef de l'État rendait hommage au Palais de justice de Paris à l'avocate et féministe Gisèle Halimi, combattante acharnée du droit à l'IVG en France, lors de la Journée internationale des droits des femmes .

"Les avancées issues des débats parlementaires, à l'initiative de l'Assemblée nationale puis éclairées par le Sénat, permettront, je le souhaite, d'inscrire dans notre texte fondamental cette liberté dans le cadre du projet de loi portant révision de notre Constitution qui sera préparé dans les prochains mois", a déclaré le président de la République.

Les deux chambres du Parlement se sont récemment prononcées pour l'inscription de l'IVG dans la Constitution, en des termes différents.

>> À lire sur France24.com : l’inscription du droit à l'IVG dans la Constitution française, un parcours semé d’embûches

Le Sénat prévoit d'ajouter un alinéa à l'article 34 : "La loi détermine les conditions dans lesquelles s'exerce la liberté de la femme de mettre fin à sa grossesse."

Le texte précédemment voté par les députés allait plus loin, en mentionnant le "droit" à l'IVG via l'introduction d'un article stipulant que "la loi garantit l'effectivité et l'égal accès au droit à l'interruption volontaire de grossesse."

Des associations féministes saluent une "victoire"

Dans un communiqué, la Fondation des Femmes salue une "victoire pour les associations féministes qui demandaient la constitutionnalisation de l'IVG depuis des années".

Elle y voit "un signal fort pour toutes les femmes dans le monde", qui "montre que nous soutenons le combat des militantes partout dans le monde".

Le Planning familial a salué dans un tweet "une victoire des associations féministes en France". "Les féministes du monde entier regardent la France", affirme le mouvement pro-IVG.

Alyssa Ahrabare, porte-parole d'Osez le Féminisme, salue dans un tweet une "victoire féministe qui consacre un droit humain capital pour les #femmes" et qui "est le fruit de mobilisations féministes collectives depuis des mois, des années, des générations !"

💪 @EmmanuelMacron annonce un projet de loi pour la constitutionnalisation du droit à l’#IVG est lancé! Cette victoire féministe qui consacre un droit human capital pour les #femmes est le fruit de mobilisations féministes collectives depuis des mois, des années, des générations!

March 8, 2023

La Fédération nationale des Centres d'Information sur les Droits des Femmes et des Familles (FNDICFF) se réjouit, également dans un tweet, d'"une réelle avancée pour les droits des femmes".

À l'inverse, l'association anti-IVG Alliance Vita a "dénoncé l'instrumentalisation grossière et indécente de la douloureuse question de l'avortement". 

"Inscrire le droit à l'avortement dans la constitution serait la dernière étape vers la banalisation d'un acte qui met plusieurs vies en jeu" et empêcherait "la mise en place d'une véritable prévention de l'avortement", souligne le communiqué de l'association.

Avec Reuters et AFP

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L'Assemblée vote en faveur de l'inscription du droit à l'avortement dans la Constitution

Droit à l'avortement

L’inscription du droit à l'IVG dans la Constitution française, un parcours semé d’embûches

DEMAIN A LA UNE

Constitutionnalisation de l'IVG en France : une bataille loin d'être gagnée ?

France24 - Monde

Violences faites aux femmes : ces invisibles qui échappent à la mort mais restent blessées à vie

Publié le : 08/03/2023 - 11:06

Bahar MAKOOI Suivre

En France, de nombreuses femmes restent lourdement blessées ou handicapées à vie après avoir subi des violences conjugales. Faute de données sur ces victimes, ce que déplorent de nombreuses associations, elles sont devenues invisibles. Une ex-infirmière en neurochirurgie raconte la prise en charge de ces victimes.

L'an dernier en France, tous les trois jours, une femme est morte sous les coups de son conjoint ou ex-partenaire, soit 102 au total, d'après les chiffres du collectif Féminicides par compagnons ou ex. Si le décompte des féminicides a gagné en précision depuis quelques années, celui des femmes restées gravement blessées après avoir reçu des coups dans le cadre conjugal reste lacunaire. Ni l'Observatoire des violences faites aux femmes, ni les associations de défense des droits des femmes n'ont de données chiffrées. Et pourtant le phénomène existe bel et bien. 

"Il y a Lola, tabassée il y a 10 ans par son conjoint, hémiplégique, le regard vide, figé, vouée à passer sa vie entre alitement et 'fauteuil confort'", raconte Caroline Couppey. Cette infirmière et illustratrice a travaillé entre 2014 et 2021 dans un service de neurochirurgie en Île-de-France. "En sept années, je peux dire qu'au moins une dizaine de cas de violences conjugales ont donné lieu à des handicaps graves avec de profonds trauma crâniens. Rien que pour un service comme le mien qui comptait 35 lits. Je trouve cela énorme".  

Lorsque les femmes arrivaient en neurochirurgie à la suite de violences conjugales, le personnel soignant était informé "soit par la famille, soit par les pompiers", se rappelle Caroline Couppey. "On prenait soin d'elles pendant des mois voire des années, c'était très dur". 

"Emprisonnée dans ce corps" 

De ces années, l'ex-infirmière en neurochirurgie a tiré une série de dessins, couchés sur le papier pour exorciser et redonner une visibilité à ces femmes abîmées : Sophia, Lola, Emilie, Pascale, Monique, Louise. "Aucune de ces histoires n'est tirée de mon imagination, j'ai mis bout à bout chaque témoignage de mes collègues et des patientes que j'ai suivies moi-même", dit-elle.  

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"L'une de celles qui m'a le plus marquée est Louise", se remémore Caroline Couppey. "Cette femme avait tellement de lésions cérébrales qu'elle ne pouvait plus parler. Elle était immobile et crispée, comme un fœtus. Autrefois, Louise aimait danser, elle faisait du ballet. On savait qu'une procédure était en cours contre son mari. Sa famille était révoltée de le savoir, lui, encore libre, et elle, emprisonnée dans ce corps".

Certaines de ces patientes sont décédées, comme Emilie, morte d'une méningite bactérienne liée aux multiples chirurgies pratiquées. "C'est dramatique, car c'est à cause des violences que ces femmes meurent. Mais la raison du décès invoqué est 'complications'".   

Dans ses dessins, Caroline Couppey rend aussi hommage à Monique, presque entièrement paralysée. Cette septuagénaire s'est retrouvée dans cet état après avoir chuté dans les escaliers. "Elle avait été victime de violences conjugales mais n'avait jamais porté plainte, nous a confié un jour sa fille, qui lui rendait régulièrement visite". Dans le service, les infirmières sont mal à l'aise. Monique, qui n'arrive plus à parler de façon claire, pleure tout le temps. Son mari lui rend visite tous les jours. "C'était sans doute lui l'agresseur, mais c'est aussi lui qui s'occupait d'elle. C'était terrible à gérer au niveau des visites".  

Handicapée et dépendante de son conjoint 

Une situation problématique explique Claire Desaint, vice-présidente de l'association d'aide aux femmes handicapées Femmes pour le Dire, Femmes pour Agir. "Une fois handicapée, la femme sera d'autant plus dépendante de son conjoint. Et des études récentes montrent que lorsque des femmes ont un handicap, cela aggrave encore le risque de subir des violences". 

Cette association, qui dispose d'une ligne d'écoute plusieurs jours par semaine, reçoit aussi des appels de femmes handicapées à la suite de coups portés par le conjoint. "Il y a des femmes qui deviennent sourdes après des coups au visage parce que ça heurte le tympan, ou aveugles si elles tombent sur le nerf optique ou reçoivent un coup dans l'œil", énumère Claire Desaint. 

"Au bout du fil, on nous raconte des choses de plus en plus dures : les chutes dans les escaliers, les coups dans le ventre pour des femmes enceintes." La vice-présidente de l'association se souvient d'une rencontre récente avec une femme "frappée au visage avec un fer à repasser". 

Lancer une grande enquête nationale 

"Il faut lancer une enquête nationale sur le sujet", préconise Claire Desaint, "sans compter l'impact psycho-traumatique pas pris en charge de façon adaptée. Or, cela peut entraîner des handicaps psychologiques, parfois des addictions, avec la même importance que pour des personnes victimes d'attentat". 

D'autres associations de défense des droits des femmes sont du même avis. "C'est frustrant et inquiétant. Plusieurs études sur les violences faites aux femmes parlent dans leurs limites de l'absence de données sur les tentatives de féminicides", relève Fabienne El-Khoury, du collectif Osez le féminisme.  

Plusieurs freins empêchent de mesurer l'étendue de ces violences. En France, huit femmes victimes de violence sur dix ne portent pas plainte, d'après l'Observatoire national des violences faites aux femmes. "Les victimes sévèrement handicapées seront encore moins à même de le faire si elles dépendent de leur conjoint", estime la militante.  

"Nous devons nous pencher du côté de l'hôpital pour faire un recensement des victimes, notamment les urgences, où la situation de femmes battues peut-être découverte lors d'un passage dans ce service", suggère Fabienne El-Khoury. "J'espère qu'un jour ce sera possible, sachant que les services hospitaliers, on le sait, sont débordés".  

Pour Pauline Baron, de Nous toutes, l'absence de statistiques est encore trop fréquent dans le domaine des violences faites aux femmes. "C'est aussi une façon de maintenir dans le flou", estime la militante, "pour éviter de rendre compte de l'ampleur de ces violences et ne pas avoir à débloquer des fonds pour intervenir". 

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.cls-6{fill:#fff;stroke:#fff;stroke-miterlimit:10;stroke-width:.2px} 8 MARS

Violences sexistes : la plateforme "Save You" s'empare du cauchemar des Françaises expatriées

Cinéma français : les César sacrent "La Nuit du 12", un film sur un féminicide

Reportage

Guerre en Ukraine : des psychologues face à des vies brisées par des crimes sexuels

France24 - Monde

RD Congo : une nouvelle attaque armée attribuée aux ADF fait des dizaines de morts

Publié le : 09/03/2023 - 11:11

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Plus de quarante personnes sont mortes dans la nuit de mercredi à jeudi dans une nouvelle attaque attribuée aux Forces démocratiques alliées dans l'est de la RD Congo, a-t-on appris auprès des autorités locales.

Nouvelle attaque armée en RD Congo. Plus de 40 personnes sont mortes, dans la nuit du mercredi 8 au jeudi 9 mars, dans une nouvelle attaque attribuée aux Forces démocratiques alliées (ADF) – affiliés à l'organisation État islamique.

"Le bilan qui est toujours provisoire est de 38 personnes tuées à Mukondi et huit à Mausa", deux villages proches l'un de l'autre dans le territoire de Beni, dans la province du Nord-Kivu, a déclaré à l'AFP Kalunga Meso, le chef du groupement (ensemble de villages) local. Ce notable ajoute que "les ADF ont rassemblé les gens pour ensuite les exécuter".

Ce bilan est confirmé par Arsène Mumbere, président de la société civile locale, qui ajoute que les assaillants "sont entrés dans le village Mukondi sans bruit" et ont tué la plupart des victimes "par armes blanches".

"Dans la nuit du 8 au 9 mars, des miliciens venus de la vallée de Mwalika ont incendié le village de Mukondi" et "ont tué au moins 36 personnes à l'arme blanche", a publié jeudi matin sur son compte Twitter le Baromètre sécuritaire du Kivu (KST), un réseau d'analystes basés dans l'est de la RD Congo.

Les autorités provinciales n'ont pas encore communiqué sur cette attaque.

Près de 150 personnes tuées par les ADF depuis le début de l'année

Le groupe rebelle islamiste ADF est à l'origine composé de rebelles ougandais majoritairement musulmans qui ont fait souche depuis le milieu des années 1990 dans l'est de la RD Congo, où ils sont accusés d'avoir massacré des milliers de civils.

En 2021, des attentats sur le sol ougandais leur ont aussi été attribués et une opération militaire conjointe entre les armées congolaise et ougandaise a été lancée pour les traquer dans le Nord-Kivu et dans la province voisine de l'Ituri. 

Les États-Unis ont offert la semaine dernière une récompense pouvant aller jusqu'à 5 millions de dollars pour toute information susceptible de mener à leur chef, un Ougandais d'une quarantaine d'années nommé Musa Baluku.

>> À lire aussi : quels sont les principaux groupes armés actifs dans l’est de la RD Congo ?

D'après le KST, les ADF ont tué près de 150 personnes depuis le début de l'année, en incluant cette dernière attaque.

Plus au sud, la province du Nord-Kivu est également depuis plus d'un an le théâtre de combats entre l'armée congolaise et les rebelles du M23, soutenus par le Rwanda selon Kinshasa et des experts de l'ONU.

Après plusieurs annonces d'arrêt des hostilités restées sans effet ces derniers mois, un cessez-le-feu était censé entrer en vigueur mardi. Mais les armes ne se sont pas tues et le M23 a continué d'étendre son territoire.

Une délégation du Conseil de sécurité est attendue jeudi soir à Kinshasa, pour une visite de travail de trois jours qui doit aussi la mener à Goma, le chef-lieu du Nord-Kivu, ville de plus d'un million d'habitants coincée entre le Rwanda à l'est, le lac Kivu au sud et les rebelles du M23 au nord et à l'ouest.

Les représentants du Conseil comptent "apprécier la situation sécuritaire et humanitaire dans le Nord-Kivu", a indiqué dans un communiqué la Mission de l'ONU dans le pays (Monusco), et "évaluer le contexte dans lequel évolue" cette force.

Avec AFP

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RD Congo : les combats continuent dans l'Est malgré l'annonce d'un cessez-le-feu

le pape françois en afrique

En RD Congo, le "colonialisme économique" devenu pillage généralisé

CONFLIT

Quels sont les principaux groupes armés actifs dans l’est de la RD Congo ?

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Le Rafale F5 sera un « avion très différent », selon le chef d’état-major de l’armée de l’Air et de l’Espace

par Laurent Lagneau · 5 mars 2023

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Étant donné le retard pris dans le programme SCAF [Système de combat aérien du futur] et les aléas qu’il est susceptible de connaître d’ici sa mise en service [à l’horizon 2040, si l’on est très optimiste], la France devra developper un nouveau standard du Rafale afin de garantir la continuité de la composante aéroportée de sa dissuasion nucléaire, laquelle reposera sur le missile à superstatoréacteur hypersonique ASN4G au cours de la prochaine décennie.

L’ASN4G sera « intégré sur le NGF [avion de combat de nouvelle génération du SCAF, nldr] dix à quinze ans après sa mise en service opérationnel sous le standard F5 du Rafale, ce qui nous oblige à faire preuve pour cet appareil d’une certaine exigence en matière d’ambition, pour que sa capacité de pénétration reste crédible, au moins jusqu’en 2060 », a ainsi récemment expliqué Emmanuel Chiva, le Délégué général pour l’armement [DGA].

En effet, l’horizon 2035, et comme l’avait expliqué le général Laurent Rataud, sous-chef d’état-major plans-programmes [SCPP] de l’état-major de l’Armée de l’Air & de l’Espace, cité dans un rapport parlementaire publié en 2021, le Rafale « devra alors faire face à des systèmes de défense sol-air des plus performants […] et évoluer dans des environnements extrêmement brouillés, ce qui supposera de le doter de moyens de guerre électronique et de guerre de navigation, ainsi qu’éventuellement de moyens de suppressions des défenses aériennes adverses performants ».

À court terme, l’AAE et l’Aéronautique navale disposeront de Rafale F4, ce standard constituant la « première génération de connectivité ». Et le Rafale F5 incarnera la seconde.

« Concernant l’évolution des standards du Rafale, […] elle permet de développer la connectivité, c’est-à-dire l’échange de données entre les appareils – chasseurs, mais aussi avions d’accompagnement. Le standard F4 constituera la première génération de connectivité et le F5 donnera naissance à la deuxième génération, qui assurera une connectivité plus sécurisée », a en effet expliqué le général Stéphane Mille, le chef d’état-major de l’AAE, lors d’une récente audition parlementaire dédiée à la dissuasion nucléaire.

Or, cela supposera d’apporter des modifications importantes au Rafale. « Quand le standard F5 sortira, l’avion sera très différent », a confié le CEMAAE. « Le radar, les contre-mesures électroniques et le calculateur nécessaire à la connectivité auront été modifiés. Or les capacités de calcul permettant de traiter des centaines de milliers d’informations nécessitent un câblage que le Rafale tel que nous le connaissons aujourd’hui n’est pas capable de supporter », a-t-il ajouté.

Aussi, a-t-il continué, « plusieurs standards coexisteront donc, et cela ne sera pas gênant » car « la complémentarité des moyens fait notre force, chaque appareil ayant ses avantages ».

Par ailleurs, l’ASN4G devrait être beaucoup plus imposant que l’actuel ASMP-A [Air-Sol Moyenne Portée / Amélioré] mis en oeuvre par les Rafale B des Forces aériennes stratégiques [FAS] et les Rafale M de la Force aéronavale nucléaire [FANu]. C’est « un gros missile », a en effet souligné le général Mille. Reste à voir les conséquences que cela aura sur le standard F5 du Rafale… lequel sera, avait expliqué le général Frédéric Parisot, le n°2 de l’AAE, « doté d’un nombre impressionnant de capacités, dont certaines que nous n’imaginons pas encore ».

Le Rafale F5 sera un « avion très différent », selon le chef d’état-major de l’armée de l’Air et de l’Espace

par Laurent Lagneau · 5 mars 2023

Laurent LagneauPartagezTweetezPartagezEnregistrer1

Étant donné le retard pris dans le programme SCAF [Système de combat aérien du futur] et les aléas qu’il est susceptible de connaître d’ici sa mise en service [à l’horizon 2040, si l’on est très optimiste], la France devra developper un nouveau standard du Rafale afin de garantir la continuité de la composante aéroportée de sa dissuasion nucléaire, laquelle reposera sur le missile à superstatoréacteur hypersonique ASN4G au cours de la prochaine décennie.

L’ASN4G sera « intégré sur le NGF [avion de combat de nouvelle génération du SCAF, nldr] dix à quinze ans après sa mise en service opérationnel sous le standard F5 du Rafale, ce qui nous oblige à faire preuve pour cet appareil d’une certaine exigence en matière d’ambition, pour que sa capacité de pénétration reste crédible, au moins jusqu’en 2060 », a ainsi récemment expliqué Emmanuel Chiva, le Délégué général pour l’armement [DGA].

En effet, l’horizon 2035, et comme l’avait expliqué le général Laurent Rataud, sous-chef d’état-major plans-programmes [SCPP] de l’état-major de l’Armée de l’Air & de l’Espace, cité dans un rapport parlementaire publié en 2021, le Rafale « devra alors faire face à des systèmes de défense sol-air des plus performants […] et évoluer dans des environnements extrêmement brouillés, ce qui supposera de le doter de moyens de guerre électronique et de guerre de navigation, ainsi qu’éventuellement de moyens de suppressions des défenses aériennes adverses performants ».

À court terme, l’AAE et l’Aéronautique navale disposeront de Rafale F4, ce standard constituant la « première génération de connectivité ». Et le Rafale F5 incarnera la seconde.

« Concernant l’évolution des standards du Rafale, […] elle permet de développer la connectivité, c’est-à-dire l’échange de données entre les appareils – chasseurs, mais aussi avions d’accompagnement. Le standard F4 constituera la première génération de connectivité et le F5 donnera naissance à la deuxième génération, qui assurera une connectivité plus sécurisée », a en effet expliqué le général Stéphane Mille, le chef d’état-major de l’AAE, lors d’une récente audition parlementaire dédiée à la dissuasion nucléaire.

Or, cela supposera d’apporter des modifications importantes au Rafale. « Quand le standard F5 sortira, l’avion sera très différent », a confié le CEMAAE. « Le radar, les contre-mesures électroniques et le calculateur nécessaire à la connectivité auront été modifiés. Or les capacités de calcul permettant de traiter des centaines de milliers d’informations nécessitent un câblage que le Rafale tel que nous le connaissons aujourd’hui n’est pas capable de supporter », a-t-il ajouté.

Aussi, a-t-il continué, « plusieurs standards coexisteront donc, et cela ne sera pas gênant » car « la complémentarité des moyens fait notre force, chaque appareil ayant ses avantages ».

Par ailleurs, l’ASN4G devrait être beaucoup plus imposant que l’actuel ASMP-A [Air-Sol Moyenne Portée / Amélioré] mis en oeuvre par les Rafale B des Forces aériennes stratégiques [FAS] et les Rafale M de la Force aéronavale nucléaire [FANu]. C’est « un gros missile », a en effet souligné le général Mille. Reste à voir les conséquences que cela aura sur le standard F5 du Rafale… lequel sera, avait expliqué le général Frédéric Parisot, le n°2 de l’AAE, « doté d’un nombre impressionnant de capacités, dont certaines que nous n’imaginons pas encore ».

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Étant donné le retard pris dans le programme SCAF [Système de combat aérien du futur] et les aléas qu’il est susceptible de connaître d’ici sa mise en service [à l’horizon 2040, si l’on est très optimiste], la France devra developper un nouveau standard du Rafale afin de garantir la continuité de la composante aéroportée de sa dissuasion nucléaire, laquelle reposera sur le missile à superstatoréacteur hypersonique ASN4G au cours de la prochaine décennie.

L’ASN4G sera « intégré sur le NGF [avion de combat de nouvelle génération du SCAF, nldr] dix à quinze ans après sa mise en service opérationnel sous le standard F5 du Rafale, ce qui nous oblige à faire preuve pour cet appareil d’une certaine exigence en matière d’ambition, pour que sa capacité de pénétration reste crédible, au moins jusqu’en 2060 », a ainsi récemment expliqué Emmanuel Chiva, le Délégué général pour l’armement [DGA].

En effet, l’horizon 2035, et comme l’avait expliqué le général Laurent Rataud, sous-chef d’état-major plans-programmes [SCPP] de l’état-major de l’Armée de l’Air & de l’Espace, cité dans un rapport parlementaire publié en 2021, le Rafale « devra alors faire face à des systèmes de défense sol-air des plus performants […] et évoluer dans des environnements extrêmement brouillés, ce qui supposera de le doter de moyens de guerre électronique et de guerre de navigation, ainsi qu’éventuellement de moyens de suppressions des défenses aériennes adverses performants ».

À court terme, l’AAE et l’Aéronautique navale disposeront de Rafale F4, ce standard constituant la « première génération de connectivité ». Et le Rafale F5 incarnera la seconde.

« Concernant l’évolution des standards du Rafale, […] elle permet de développer la connectivité, c’est-à-dire l’échange de données entre les appareils – chasseurs, mais aussi avions d’accompagnement. Le standard F4 constituera la première génération de connectivité et le F5 donnera naissance à la deuxième génération, qui assurera une connectivité plus sécurisée », a en effet expliqué le général Stéphane Mille, le chef d’état-major de l’AAE, lors d’une récente audition parlementaire dédiée à la dissuasion nucléaire.

Or, cela supposera d’apporter des modifications importantes au Rafale. « Quand le standard F5 sortira, l’avion sera très différent », a confié le CEMAAE. « Le radar, les contre-mesures électroniques et le calculateur nécessaire à la connectivité auront été modifiés. Or les capacités de calcul permettant de traiter des centaines de milliers d’informations nécessitent un câblage que le Rafale tel que nous le connaissons aujourd’hui n’est pas capable de supporter », a-t-il ajouté.

Aussi, a-t-il continué, « plusieurs standards coexisteront donc, et cela ne sera pas gênant » car « la complémentarité des moyens fait notre force, chaque appareil ayant ses avantages ».

Par ailleurs, l’ASN4G devrait être beaucoup plus imposant que l’actuel ASMP-A [Air-Sol Moyenne Portée / Amélioré] mis en oeuvre par les Rafale B des Forces aériennes stratégiques [FAS] et les Rafale M de la Force aéronavale nucléaire [FANu]. C’est « un gros missile », a en effet souligné le général Mille. Reste à voir les conséquences que cela aura sur le standard F5 du Rafale… lequel sera, avait expliqué le général Frédéric Parisot, le n°2 de l’AAE, « doté d’un nombre impressionnant de capacités, dont certaines que nous n’imaginons pas encore ».

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Étant donné le retard pris dans le programme SCAF [Système de combat aérien du futur] et les aléas qu’il est susceptible de connaître d’ici sa mise en service [à l’horizon 2040, si l’on est très optimiste], la France devra developper un nouveau standard du Rafale afin de garantir la continuité de la composante aéroportée de sa dissuasion nucléaire, laquelle reposera sur le missile à superstatoréacteur hypersonique ASN4G au cours de la prochaine décennie.

L’ASN4G sera « intégré sur le NGF [avion de combat de nouvelle génération du SCAF, nldr] dix à quinze ans après sa mise en service opérationnel sous le standard F5 du Rafale, ce qui nous oblige à faire preuve pour cet appareil d’une certaine exigence en matière d’ambition, pour que sa capacité de pénétration reste crédible, au moins jusqu’en 2060 », a ainsi récemment expliqué Emmanuel Chiva, le Délégué général pour l’armement [DGA].

En effet, l’horizon 2035, et comme l’avait expliqué le général Laurent Rataud, sous-chef d’état-major plans-programmes [SCPP] de l’état-major de l’Armée de l’Air & de l’Espace, cité dans un rapport parlementaire publié en 2021, le Rafale « devra alors faire face à des systèmes de défense sol-air des plus performants […] et évoluer dans des environnements extrêmement brouillés, ce qui supposera de le doter de moyens de guerre électronique et de guerre de navigation, ainsi qu’éventuellement de moyens de suppressions des défenses aériennes adverses performants ».

À court terme, l’AAE et l’Aéronautique navale disposeront de Rafale F4, ce standard constituant la « première génération de connectivité ». Et le Rafale F5 incarnera la seconde.

« Concernant l’évolution des standards du Rafale, […] elle permet de développer la connectivité, c’est-à-dire l’échange de données entre les appareils – chasseurs, mais aussi avions d’accompagnement. Le standard F4 constituera la première génération de connectivité et le F5 donnera naissance à la deuxième génération, qui assurera une connectivité plus sécurisée », a en effet expliqué le général Stéphane Mille, le chef d’état-major de l’AAE, lors d’une récente audition parlementaire dédiée à la dissuasion nucléaire.

Or, cela supposera d’apporter des modifications importantes au Rafale. « Quand le standard F5 sortira, l’avion sera très différent », a confié le CEMAAE. « Le radar, les contre-mesures électroniques et le calculateur nécessaire à la connectivité auront été modifiés. Or les capacités de calcul permettant de traiter des centaines de milliers d’informations nécessitent un câblage que le Rafale tel que nous le connaissons aujourd’hui n’est pas capable de supporter », a-t-il ajouté.

Aussi, a-t-il continué, « plusieurs standards coexisteront donc, et cela ne sera pas gênant » car « la complémentarité des moyens fait notre force, chaque appareil ayant ses avantages ».

Par ailleurs, l’ASN4G devrait être beaucoup plus imposant que l’actuel ASMP-A [Air-Sol Moyenne Portée / Amélioré] mis en oeuvre par les Rafale B des Forces aériennes stratégiques [FAS] et les Rafale M de la Force aéronavale nucléaire [FANu]. C’est « un gros missile », a en effet souligné le général Mille. Reste à voir les conséquences que cela aura sur le standard F5 du Rafale… lequel sera, avait expliqué le général Frédéric Parisot, le n°2 de l’AAE, « doté d’un nombre impressionnant de capacités, dont certaines que nous n’imaginons pas encore ».

France24 - Monde

Enquête sur les mafias nigérianes : "Les 'cults' sont présents sur tous les continents"

Publié le : 09/03/2023 - 12:06

Damien COQUET

Qui sont les "cults" ? Ces organisations criminelles nées et pilotées depuis le Nigeria sévissent en Europe et notamment à Marseille. Trafic d’êtres humains, prostitution, drogue, ultra-violence mais aussi mysticisme sont leur quotidien. Les journalistes Célia Lebur et Joan Tilouine publient une enquête passionnante : "Mafia Africa" (Flammarion). 

France24 - Monde

Un "citoyen modèle" islandais licencié de Twitter, le faux pas de trop pour Elon Musk ?

Publié le : 08/03/2023 - 17:49

Sébastian SEIBT Suivre

Le patron de Twitter Elon Musk a dû présenter ses excuses, mardi, à un employé de Twitter qu’il venait de licencier et humilier publiquement. Il ne pouvait pas choisir pire cible que Haraldur Thorleifsson, un entrepreneur islandais adulé dans son pays et suractif, malgré une maladie dégénérative incurable. 

"Elon Musk mérite peut-être déjà le titre de pire être humain de l’année". Cette affirmation a été prononcée mardi 7 mars par Ethan Zuckerman, un célèbre activiste d’Internet américain, consterné. L’ancien directeur du Media Civic Center du Massachusetts Institute for Technology (MIT) réagissait à l’incroyable échange public entre le controversé patron de Tesla, Twitter et SpaceX, et l’un de ses (ex-)employés. Cet Islandais handicapé ne savait plus s’il travaillait encore ou non pour Twitter.

Dans l’ouragan de licenciements, remaniements, coups d’éclat médiatiques déclenchés par Elon Musk depuis son rachat de Twitter – en octobre 2022, pour 44 milliards de dollars –, le sort et le traitement réservé à Haraldur Thorleifsson occupent une place à part. À tel point qu’Elon Musk s’est même fendu, mardi 7 mars, d’un tweet public d’excuses. Un aveu d’erreur rarissime pour ce multimilliardaire qui ne s’était pas donné cette peine même après avoir traité de pédophile, sans raison apparente, l’un des sauveteurs ayant secouru une équipe de jeunes footballeurs bloqués dans les eaux d’une grotte en Thaïlande, en 2018.

Elon Musk, DRH brutal

Dans le cas de Haraldur Thorleifsson, Elon Musk a tweeté qu’il "s’excus(ait) et avai(t) mal compris sa situation". Le roi des licenciements chez Twitter a même proposé de le réinstaller à son poste.

Tout a commencé par un cri de détresse lancé le 6 mars par Haraldur Thorleifsson sur Twitter. Il ne pouvait plus se connecter à son poste de travail à distance depuis neuf jours et avait contacté les ressources humaines pour comprendre s'il n'avait pas été licencié sans en avoir été informé. Reflet du chaos managérial régnant au sein du réseau social, son interlocuteur n’avait aucune idée de son statut à l'intérieur de la structure.

"Peut-être que si un nombre suffisant retweete mon message, vous [Elon Musk] pourrez me répondre directement ici", avait écrit Haraldur Thorleifsson. Et tel le génie qui apparaît après avoir suffisamment frotté la lampe, le patron de Twitter a alors répondu.

Dear @elonmusk 👋9 days ago the access to my work computer was cut, along with about 200 other Twitter employees.However your head of HR is not able to confirm if I am an employee or not. You've not answered my emails.Maybe if enough people retweet you'll answer me here?

March 6, 2023

Après un bref entretien préalable au licenciement très public, Elon Musk lui a alors confirmé qu’il faisait bien partie des salariés remerciés. Mais en des termes très peu diplomatiques. Non seulement Elon Musk a signifié à son interlocuteur qu’il ne comprenait pas très bien l'utilité de son poste, mais il a ensuite insinué que Haraldur Thorleifsson se cachait derrière son handicap pour en faire le moins possible. "C’est ce qu’il y a de pire", concluait brutalement Elon Musk dans un tweet qu’il a depuis effacé. 

Personnalité de l'année en Islande

"C’est une nouvelle illustration d’un mouvement vers un nouveau style de management – auquel adhère Elon Musk – qui séduit de plus en plus de dirigeants désireux d’être plus authentiques, présents sur les réseaux sociaux et qui ne veulent plus se cacher derrière une communication institutionnelle très aseptisée", résume Hamza Mudassir, cofondateur du cabinet britannique de conseils pour start-up Platypodes.eu et professeur de stratégie entrepreneurial à l'université de Cambridge.

Mais dans le cas du patron de Twitter, ce désir d’authenticité se heurte à la brutalité du personnage et à sa manie de tweeter sans réfléchir. "Il est à l’avant-garde de ce mouvement, et sa personnalité fait qu’il flirte souvent avec l’inacceptable", estime Hamza Mudassir. Et surtout, Elon Musk s’expose à de sérieux retours de flamme.

Car Haraldur Thorleifsson était la mauvaise personne à humilier sur Twitter. Cet Islandais de 45 ans est l’un des entrepreneurs les plus riches et les plus appréciés de son pays. En 2022, il a même été élu personnalité de l’année par les quatre principaux médias islandais. 

Il a bâti sa fortune en créant une entreprise de design et de marketing, Ueno, qu’il a revendue à Twitter en 2021 pour une somme gardée secrète. Le gratin des sociétés tech – Airbnb, Google, Apple, PayPal, Facebook – faisait partie des clients de cette agence qui se vantait de créer des "expériences utilisateurs uniques".

Lors de son rachat par Twitter et son embauche comme responsable de design pour le réseau social, Haraldur Thorleifsson a négocié pour que son bonus lui soit versé sous forme de salaire, afin qu’il puisse être taxé plus fortement en Islande et ainsi…. "contribuer à garantir le système de sécurité sociale nationale, explique-t-il sur son site. Un geste qui lui avait déjà valu une reconnaissance nationale.

Me and @PresidentISL not being awkward together. pic.twitter.com/X2kgn9Wsl9

January 13, 2022

Mais il ne s’est pas arrêté là. Il a construit avec sa femme un restaurant-cinéma qui doit ouvrir ses portes cette année, mais aussi une résidence pour artistes censée accueillir ses premiers occupants en 2025. En parallèle, Haraldur Thorleifsson a financé la construction de 150 rampes d’accès pour fauteuils roulants à Reykjavik afin de rendre la capitale islandaise plus accessible aux handicapés.

Atteint de dystrophie musculaire

Une cause qui le touche personnellement puisque l'homme est condamné à se déplacer en fauteuil roulant depuis plus de 20 ans – il est atteint de dystrophie musculaire, une maladie dégénérative incurable qui le prive progressivement de l’usage de ses muscles. 

"Il est clair qu’Elon Musk n’avait pas fait le strict minimum de recherches sur le CV de la personne qu’il a décidé d’attaquer publiquement sur Twitter", observe Hamza Mudassir.

Jusqu’à présent, la brutalité des mesures mises en place par Elon Musk pour transformer Twitter lui avait valu de vives critiques, mais sans provoquer davantage. D’autant qu’il les avait présentées comme le seul moyen de remettre le réseau social à flot. Aux grands maux, les grands moyens, en somme. 

À aussi sur France 24 : Twitter : "Jouer à l’abruti, Elon Musk, ça lui a toujours beaucoup servi"

Mais sa manière de traiter Haraldur Thorleifsson pourrait marquer un tournant. "L’un des atouts les plus précieux pour un employeur dans les secteurs intellectuels et créatifs est sa capacité à attirer les talents. Et on peut se demander si cet épisode ne va pas affecter l’attractivité de Twitter si n’importe qui, même une personne avec un CV comme Haraldur Thorleifsson, peut être ainsi humilié publiquement", suppose Hamza Mudassir. 

Pour ce spécialiste du management entrepreneurial, "on savait qu’Elon Musk était génial pour bâtir des entreprises à succès à partir d’une simple idée. Mais jusqu’à présent, on ne l’avait encore jamais vu à l’œuvre pour transformer une société déjà bien établie". Sauver Twitter est une tout autre histoire, et les faux-pas et décisions controversées prises par Elon Musk dans cette nouvelle aventure "montrent peut-être ses limites en tant qu’entrepreneur".

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Elon Musk déclaré non coupable de fraude pour ses tweets ayant fait fluctuer l'action Tesla

Interview

Twitter : "Jouer à l’abruti, Elon Musk, ça lui a toujours beaucoup servi"

France24 - Monde

L'extraordinaire épopée du réseau TikTok, adoré par Metallica et  interdit à la Maison Blanche

Publié le : 03/03/2023 - 19:50

Guillaume GRALLET Suivre

TikTok : accusé, levez-vous ! Après la Commission Européenne, c'est au tour de la Maison Blanche et du gouvernement canadien de recommander à leurs représentants la désinstallation de l'application de partage de vidéos. Si TikTok, qui compte plus d'un milliard d'utilisateurs, promet de ne pas agir sur les ordres de Pékin, la méfiance grandit.

Après la Commission Européenne, la Maison Blanche et Canberra prennent leur distance avec le réseau social chinois TikTok. L'application, utilisée aussi bien par Metallica que Will Smith et Madonna, poserait de sérieuses questions de cybersécurité, si ce n'est de manipulation des esprits. Si l'affaire prend un tour diplomatique, TikTok se défend de son côté de toute ingérence.

>> À voir aussi : Soupçons d'espionnage, la pression monte autour de TikTok

Quelle que soit l'issue réservée à ce cyber-bras-de-fer, il sera de plus en plus difficile de se passer de la technologie chinoise. Une étude publiée par l'Australian Strategic Policy Institue, un think tank australien, explique que la Chine a une "avance stupéfiante" dans 37 des 44 technologies critiques et émergentes. Certes, les États-Unis gardent une avancée dans le calcul haute performance et le lancement de satellites, mais Pékin creuse l'écart dans la 5G, la biologie synthétique et les batteries électriques.

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Les États-Unis envisagent une interdiction totale de l'application TikTok

Aux États-Unis, les employés des agences fédérales priés de bannir TikTok de leurs appareils

La Commission européenne bannit TikTok des appareils professionnels de ses employés

France24 - Monde

Soubeyrand, Prêcheur, Bompastor… Qui pour succéder à Corinne Diacre à la tête des Bleues ?

Publié le : 09/03/2023 - 16:05

Romain HOUEIX Suivre

Avec la mise à l'écart de Corinne Diacre, la Fédération française de football doit désormais trouver un nouveau sélectionneur ou une nouvelle sélectionneuse pour prendre la tête de l'équipe de France féminine. Gérard Prêcheur, Sonia Bompastor, Sandrine Soubeyrand, Éric Blahic et Hervé Renard font partie des noms considérés.

La Fédération française de football (FFF) a finalement tranché, jeudi 9 mars, et démis Corinne Diacre, la sélectionneuse des Bleues, de ses fonctions. En poste depuis 2017, celle-ci était dans la tourmente depuis la mise en retrait de Wendie Renard, Marie-Antoinette Katoto et Kadidiatou Diani, des cadres qui critiquaient le manque de professionnalisme de l'équipe de France féminine. Reste à la FFF de nommer quelqu'un pour lui succéder.

Le temps presse car la Coupe du monde en Australie et en Nouvelle-Zélande débute le 10 juillet et le prochain match des Bleues, contre la Colombie en amical, se tient dans à peine un mois à Clermont.

Dans cette optique, Philippe Diallo, président par intérim de la FFF, a demandé aux quatre membres d'une commission spéciale de "procéder, dans les huit à dix jours, aux auditions des candidats qui seraient intéressés par cette mission".

Gérard Prêcheur, Sonia Bompastor, Sandrine Soubeyrand, Éric Blahic et Hervé Renard sont les noms qui reviennent avec le plus d'insistance.

Gérard Prêcheur, entraîneur du PSG féminin

Selon Canal +, il est en pole position pour succéder à Corinne Diacre. Gérard Prêcheur, entraîneur de l'équipe féminine du PSG depuis août 2022, pourrait prendre les commandes de l'équipe de France, au moins jusqu'à la Coupe du monde.

Avant le PSG, il a entraîné l'OL (2014-2017) et a tout gagné avec l'équipe. Il a notamment à son actif deux triplés lors des saisons 2015-2016 et 2016-2017 en remportant le Championnat de France, la Ligue des champions et la Coupe de France.

Sonia Bompastor, entraîneuse de l'OL

Si la solution ne vient pas du PSG, elle pourrait venir de l'OL. Le nom de Sonia Bompastor, actuelle entraîneuse des Lyonnaises, circule également parmi les noms possibles pour remplacer Corinne Diacre.

L’ancienne défenseuse de l’équipe de France (156 sélections) a été la première femme à entraîner le septuple champion d’Europe. Ancienne capitaine du club, puis directrice de l’académie, elle incarne "l’ADN OL" et a, à ce titre, les faveurs de Jean-Michel Aulas, président du club et membre du Comité exécutif (Comex) de la FFF.

Sandrine Soubeyrand, entraîneuse du Paris FC

Avant d'être sélectionneuse des Bleues, Corinne Diacre avait porté à 69 reprises le brassard de capitaine. Une seule femme la devance dans ce classement : Sandrine Soubeyrand, qui est également citée pour lui succéder. Avec 198 capes, elle possède le record de sélections avec le maillot bleu, femmes et hommes confondus (avec "seulement" 145 capes, Hugo Lloris peut aller se rhabiller).

Cette expérience des Bleues et son statut de légende plaident pour elle. La quadragénaire est pour le moment en poste au Paris FC, troisième de première division derrière les inamovibles OL et PSG.

Éric Blahic, ex-adjoint de Corinne Diacre

Ex-adjoint de nombreuses équipes (Guingamp, Sochaux, PSG, Bordeaux) et surtout de Corinne Diacre chez les Bleues (2020-2021), il était parti de l’équipe de France à la suite de désaccords avec la sélectionneuse.

Actuellement libre puisqu’il a quitté en août 2022 son poste à la direction technique nationale – il était en charge de la formation des entraîneurs –, Blahic serait intéressé par la mission. Son manque d'expérience à ce poste pourrait cependant jouer contre lui, même s'il aurait les faveurs du vestiaire.

Hervé Renard, sélectionneur de l'Arabie saoudite

De la liste, c'est le seul sans expérience en matière de football féminin. Le technicien de 54 ans est lié pour le moment avec la sélection masculine d’Arabie saoudite jusqu’en 2027, mais une clause dans son contrat lui permettrait de quitter son poste sous certaines conditions.

>> À lire aussi : Mondial-2022 : Hervé Renard, le "sorcier blanc" qui préside à la destinée de l'Arabie saoudite

Hervé Renard a pour lui son expérience en matière de football international. Dans sa carrière de technicien, il a déjà remporté deux Coupes d’Afrique : avec la Zambie (2012) et la Côte d’Ivoire (2015). La victoire retentissante de l’Arabie saoudite contre l’Argentine, lors du dernier Mondial au Qatar, a également marqué les esprits.

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Tempête au sein des Bleues : une crise qui ne date pas d'hier

Équipe de France : sur la sellette, Corinne Diacre dénonce une "campagne de dénigrement"

FIN DE RÈGNE

Équipe de France : la sélectionneuse Corinne Diacre démise de ses fonctions par la FFF

France24 - Monde

Silvergate, vie et mort d’une banque accro aux cryptos

Publié le : 09/03/2023 - 16:47

Sébastian SEIBT Suivre

La banque Silvergate a annoncé, mercredi, qu’elle se préparait à la liquidation de ses activités. Ce serait la première faillite d’un établissement financier traditionnel liée aux soubresauts des cryptomonnaies depuis la création du bitcoin en 2008. 

C’est l’histoire d’un patron de banque, fervent catholique et grand-père de 21 petits-enfants, qui a tout misé sur les bitcoins. Alan Lane dirige une petite banque régionale américaine qui, telle la grenouille de la fable de La Fontaine, a voulu devenir le bœuf de l’univers des crypto. Et qui vient de s’effondrer.

La banque californienne Silvergate a annoncé, mercredi 8 mars, son intention de réduire ses activités en vue d’une faillite qui semble être “l’issue la plus réaliste”, d’après un communiqué.

Une banque qui a tout misé sur les cryptomonnaies

Silvergate devient ainsi la première banque traditionnelle à succomber à la crise des cryptomonnaies qui sévit depuis la faillite retentissante de la plateforme d’échanges FTX en novembre 2022. Un phénomène inédit qui pourrait faire craindre un début de contagion des affres du secteur des cryptomonnaies au système financier traditionnel.

Sauf qu’en l’occurence “Silvergate reste un cas particulier puisqu’il s’agit d’une banque qui a décidé très tôt d’adopter une stratégie quasi-exclusivement axée sur les cryptomonnaies et qui en paie le prix aujourd’hui”, résume Nathalie Janson, économiste et spécialiste des cryptomonnaies à la Neoma Business School.

Les principales autorités américaines de régulation financière, tels que la SEC (Security and Exchange commission, l’autorité de réglementation des marchés financiers) ne se sont d’ailleurs pas ruées au chevet de Silvergate “alors qu’elles font tout pour trouver un repreneur lorsqu’une institution financière systémique menace de s’effondrer”.

En réalité, Silvergate, qui existe depuis 30 ans, a tout fait au fil des années pour devenir la “banque de crypto”. Pour elle, la “révolution” des bitcoins et autres monnaies dématérialisées “était le moyen de passer du statut de petite banque régionale à institution financière d’ampleur”, souligne le Financial Times

Au début des années 2010, elle est encore une petite banque spécialisée dans les prêts immobiliers, l’une des rares aux États-Unis à avoir réussi à survivre à la crise des subprimes de 2008 sans trop de dommage. Surfant sur ce succès, Silvergate commence à vouloir appâter de nouveaux clients. Mais où en trouver ?

Alan Lane, à côté d’une vie paroissiale très active, s’intéressait aussi à l'époque à une nouvelle mode monétaire sur Internet : le bitcoin. En 2013, il effectue son premier achat. 

Victime collatérale de FTX

Le PDG de Silvergate a alors une révélation : tous les acteurs de ce nouveau secteur en pleine croissance doivent bien avoir besoin d’une banque ? Renseignement pris, les Kraken, Gemini, Paxos - parmi les start-up les plus en vue du monde des crypto à l’époque - ont du mal à trouver des banquiers qui acceptent des dépôts en bitcoin ou de leur accorder des prêts, raconte CNBC, qui avait consacré un article à Alan Lane en 2018. Il faut dire qu’à l’époque, le bitcoin est essentiellement associé au monde du cybercrime… pour les rares banquiers qui en ont entendu parler.

Alan Lane y voit une opportunité. Silvergate entame alors un virage stratégique qui se traduit par une baisse des activités bancaires traditionnelles et une réaffectation des salariés pour satisfaire aux besoins de ces nouveaux clients 2.0. “Silvergate se vantait même sur son site d’être la banque qui faisait des affaires avec ceux qui avaient été snobés par les autres institutions financières”, souligne Alexandre Baradez, analyste financier pour IG France qui travaille sur le secteur des cryptomonnaies.

>> Scandale FTX : le Who’s who de l’incroyable débâcle au royaume des cryptomonnaies

Une transformation en profondeur qui a longtemps semblé réussir à cette banque. Elle passe d’une vingtaine de clients venus du monde des blockchain, bitcoins ou encore ethereum à plus de 1 000 en 2022. L’argent commence à affluer. En 2020, Silvergate engristre des dépôts de deux milliards de dollars liés aux cryptomonnaies, contre 16 milliards de dollars en septembre 2022. 

Silvergate réussit son pari : devenir le banquier des stars de cette nouvelle économie, tels que Coinbase… ou FTX. Au moment de l’effondrement de cette plateforme, “plus de 90 % de tous les dépôts sur les comptes de Silvergate étaient liés aux cryptomonnaies”, souligne Nathalie Janson.

Au final, “Silvergate a été une victime collatérale de FTX”, note Alexandre Baradez. L’onde de choc de la faillite de l’empire de Sam Bankman-Fried, le PDG de FTX, entraîne des retraits massifs d’argent des comptes de Silvergate. Entre septembre et décembre 2022, les fonds disponibles ont été divisés par deux et la banque a annoncé un milliard de dollars de pertes au quatrième trimestre.

Fin d’une ère ?

Cette probable faillite risque de rendre la vie plus dure à tous les acteurs du secteur. Vers qui les start-up vont-elles se tourner pour leur prêter de l’argent et gérer leur compte ? “Tout dépend de comment cette histoire va finir. Si lors de la liquidation, certaines parties de l’activité de Silvergate sont reprises, il peut y avoir une transition en douceur. Mais si la banque disparaît purement et simplement, c’est sûr qu’il va y avoir un vide pendant un temps”, estime Nathalie Janson.

Mais l’importance de la disparition annoncée de Silvergate est “avant tout symbolique”, assure Alexandre Baradez. “Après la faillite de la principale plateforme d’échange du monde des cryptos, c’est sa principale banque qui menace de disparaître. Deux piliers de cet écosystème s’effondrent."

Pour lui, c’est le signe qu’un chapitre de l’histoire des cryptomonnaies se clôt. Le temps du far west des cryptomonnaies - un monde sans shérif ou régulation - toucherait à sa fin. “Les investisseurs vont dorénavant demander beaucoup plus de garanties, et les banques ne vont plus miser aussi gros sur ce secteur sans assurer leurs arrières”, prédit Alexandre Baradez. Il juge que la fin de Silvergate est un mal à court terme, pour un bien à plus long terme. Ce serait peut-être l'avènement d’un monde des cryptomonnaies débarrassé de ces mauvaises herbes, chassées des terres crypto par des régulateurs plus actifs dans ce secteur. En attendant qu'une nouvelle crypto-grenouille gonfle au point d'exploser.

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Scandale FTX : le Who’s who de l’incroyable débâcle au royaume des cryptomonnaies

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Faillite de FTX : faut-il réguler le secteur des cryptos ?

chute libre

Cryptomonnaies en berne : des investisseurs au bord de la crise de nerfs

France24 - Monde

Le football anglais deviendrait-il écolo ?

Publié le : 09/03/2023 - 12:41

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Arsenal se fournit à 100 % en énergie renouvelable, Liverpool récupère l’eau de pluie pour arroser la pelouse, Brentford a gardé le même maillot deux années de suite… Y aurait-il comme un vent de changement en Premier League ? 

 

Si la planète se réchauffe de 2,7 degrés depuis l’ère préindustrielle, et c’est la trajectoire que l’on prend actuellement selon l’ONU, le football aussi sera concerné. Les matches pourraient ne plus se tenir à cause de la chaleur, de la sécheresse ou de stades carrément inondés. Or, d’après l’ONG Carbon Market Watch, la dernière Coupe du monde de football au Qatar aurait généré autant d’émissions de CO2 que la République démocratique du Congo en un an. Le monde du ballon rond semble donc loin de la prise de conscience. 

Et pourtant, la planète football commence à bouger et ce petit vent nous arrive de l’autre côté de la Manche. Certains clubs de Premier League, comme Liverpool et Arsenal, ont par exemple installé des panneaux solaires et récupèrent l’eau de pluie pour arroser les pelouses.

En fait, depuis 2019 en Angleterre, l’ONG Sport Positive Leagues classe les clubs de première division en fonction de 11 critères de durabilité. Avec un certain succès. “Il y a trois ans, personne n'en parlait, explique Caroline Carlin, responsable du développement durable du Southampton FC. Nous ne réalisions pas que nous ne faisions rien, jusqu'à ce que les projecteurs soient braqués sur nous.” Le classement a depuis été étendu aux clubs de la Bundesliga et de la Ligue 1.

Cette prise de conscience est essentielle, car d’après Barney Weston, directeur de l’ONG Football for Future, “calculer son empreinte carbone est la première étape pour les clubs qui souhaitent réduire leur impact sur l’environnement”. Pourtant, pour le moment, ni la Premier League ni l'Association britannique de football n'obligent les clubs à respecter des normes environnementales ou même à publier leur empreinte carbone.

📲 ENTR, c'est quoi ?

🇪🇺 C'est un projet européen dédié à la jeunesse, 100 % sur les réseaux sociaux. ENTR existe en 6 langues : en français, en anglais, en allemand, en roumain, en portugais et polonais.

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France24 - Monde

Au Nigeria, l'élection des gouverneurs prévue samedi est repoussée d'une semaine

Publié le : 09/03/2023 - 01:26Modifié le : 09/03/2023 - 01:28

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La Commission électorale du Nigeria a annoncé mercredi soir sa décision de reprogrammer au samedi 18 mars les élections des gouverneurs et députés locaux prévues le 11 mars. Un délai nécessaire, selon la Commission, pour achever la reconfiguration des machines utilisées lors de la présidentielle.

L'élection des gouverneurs et des députés locaux prévue samedi au Nigeria est repoussée d'une semaine en raison d'une décision de justice jugée tardive, a annoncé mercredi 8 mars la Commission électorale (Inec). "La Commission a pris la décision difficile mais nécessaire de reprogrammer les élections des gouverneurs et des assemblées locales, qui auront désormais lieu le samedi 18 mars 2023", a-t-elle indiqué.

Un tribunal nigérian a autorisé mercredi les autorités électorales à reconfigurer les machines utilisées lors de la présidentielle, une décision trop tardive "pour que la reconfiguration puisse être achevée" à temps, a déclaré l'Inec dans un communiqué.

La Commission a également affirmé souhaiter "avoir suffisamment de temps" pour sauvegarder les données stockées sur les machines BVAS, utilisées pendant l'élection présidentielle du 25 février, entachée par des accusations de "fraudes massives" par l'opposition.

>> À voir - Nigeria : Bola Tinubu élu président mais contesté par l'opposition

Bola Tinubu, ancien gouverneur de Lagos, a obtenu 8,8 millions de voix dans la course à la succession du président Muhammadu Buhari, contre 6,9 millions pour Atiku Abubakar, du principal parti d'opposition (PDP), et 6,1 millions pour Peter Obi, du parti travailliste, candidat surprise de la jeunesse urbaine et connectée.

Défaillances techniques

Le scrutin a été marqué par de graves défaillances techniques et de nombreux retards dans la transmission électronique des résultats, provoquant l'ire d'une partie des électeurs. Les deux adversaires de Bola Tinubu ont contesté les résultats, dénonçant des "manipulations".

Mercredi plus tôt dans la journée, la justice avait rejeté la demande de Peter Obi et son équipe d'inspecter les machines BVAS avant leur reconfiguration. Dans son communiqué, la Commission a toutefois déclaré ne pas "être opposée à ce que les parties au litige inspectent le matériel électoral". "Elle continuera d'accorder à tous les plaideurs l'accès au matériel (...) pour poursuivre leurs affaires devant les tribunaux", a-t-elle poursuivi.

>> À voir - Nigeria : "L'élection de Bola Tinubu est une déception pour la jeunesse"

Pendant la présidentielle, de nombreux Nigérians s'attendaient à suivre la publication progressive des résultats en ligne, mais le portail en ligne a été très lent à s'actualiser. Cette lenteur a semé la confusion et la colère, bien que la loi n'exige pas que les résultats électroniques soient publiés avant la proclamation des résultats officiels.

Par le passé, les élections nigérianes ont souvent été entachées de soupçons de fraudes et d'achats de voix.

>> À lire - Présidentielle au Nigeria : Bola Tinubu, le "faiseur de roi" désormais couronné

Avec AFP

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.cls-6{fill:#fff;stroke:#fff;stroke-miterlimit:10;stroke-width:.2px} Portrait

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Le football anglais deviendrait-il écolo ?

Publié le : 09/03/2023 - 12:06

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Arsenal se fournit à 100 % en énergie renouvelable, Liverpool récupère l’eau de pluie pour arroser la pelouse, Brentford a gardé le même maillot deux années de suite… Y aurait-il comme un vent de changement sur la Premier League ? 

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Équipe de France : la sélectionneuse Corinne Diacre démise de ses fonctions par la FFF

Publié le : 09/03/2023 - 12:51Modifié le : 09/03/2023 - 14:31

Romain HOUEIX Suivre

Le comité exécutif (Comex) de la Fédération française de football (FFF) a annoncé, jeudi, démettre de ses fonctions Corinne Diacre, sélectionneuse des Bleues depuis 2017. Elle faisait face à une fronde de plusieurs de ses joueuses, dont les emblématiques Wendie Renard et Marie-Antoinette Katoto, depuis le 24 février.

À six mois du Mondial-2023, l'équipe de France féminine aura une nouvelle personne à la barre : la sélectionneuse Corinne Diacre, en poste depuis 2017, a été démise de ses fonctions, jeudi 9 mars, à la suite d'un comité exécutif (Comex) de la Fédération française de football (FFF).

"Si la FFF reconnait l’implication et le sérieux de Corinne Diacre et son staff dans l’exercice de leur mission, il apparait que les dysfonctionnements constatés semblent, dans ce contexte, irréversibles. Au regard de ces éléments, il a été décidé de mettre un terme à la mission de Corinne Diacre à la tête de l’Equipe de France féminine", a indiqué la FFF dans un communiqué.

La crise, longtemps souterraine, a éclaté au grand jour le 24 février avec l'annonce par Wendie Renard (142 sélections) de sa mise en retrait de l'équipe de France, expliquant qu'elle ne pouvait "plus cautionner le système actuel" trop éloigné, selon elle, du haut niveau.

>> Tempête au sein des Bleues : une crise qui ne date pas d'hier

Marie-Antoinette Katoto et Kadidiatou Diani, vedettes des Bleues et du Paris SG, ont embrayé et taclé le "manque de professionnalisme" de l'encadrement tricolore, sans nommer la sélectionneuse directement. Les Lyonnaises Griedge Mbock (blessée) et Perle Morroni (non sélectionnée) ont aussi rejoint la fronde.

Sur ce sujet, le Comex a indiqué "que la manière utilisée par les joueuses pour exprimer leurs critiques n’était plus acceptable dans l’avenir". 

Plusieurs candidats au poste

Soucieuse de prendre le problème à bras le corps, la FFF a monté une commission spéciale, avec à son bord Jean-Michel Aulas, Laura Georges, Aline Riera et Marc Keller, tous membres du "Comex".

Le quatuor a procédé à l'audition de plusieurs joueuses alors que certaines "taulières" ont décliné et que d'autres n'ont pas été sollicitées, selon leur entourage.

Diacre elle-même a pu s'exprimer mardi durant près de deux heures, selon son avocat Christophe Ayela. Celui-ci a décrit auprès de l'AFP un échange "constructif et concret", alors que la technicienne s'est dite, dans un communiqué à l'AFP, "pleinement déterminée à mener (s)a mission à bien et, surtout, à faire honneur à la France lors de la prochaine Coupe du monde" en Australie et en Nouvelle-Zélande (20 juillet-20 août), tout en dénonçant une "campagne de dénigrement".

Mais la pression était devenue trop forte, d'autant que Jean-Michel Aulas, président de l'OL et proche de Wendie Renard, ne cachait plus son souhait de voir Diacre partir.

Ce limogeage oblige désormais la FFF à trouver un successeur dans des délais serrés. Le prochain match des Bleues, contre la Colombie en amical, se tient dans à peine un mois à Clermont. Un groupe de travail va être mis en place pour auditionner les candidats au poste.

Le nom de Gérard Prêcheur, actuel entraîneur du PSG féminin, revient avec insistance. Ces dernières heures, l'ancien formateur de l'INF Clairefontaine et ex-coach de l'OL féminin (2014-2017) assurait cependant n'avoir pas été contacté par la FFF.

D'autres profils se distinguent, comme ceux de Sonia Bompastor (Lyon), Sandrine Soubeyrand (Paris FC) et Éric Blahic (ex-adjoint de Diacre). 

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.cls-6{fill:#fff;stroke:#fff;stroke-miterlimit:10;stroke-width:.2px} Le Débat de France 24

Le président de la Fédération française de football démissionne : la fin d'une époque ?

Fronde des Bleues : le sort de la sélectionneuse Corinne Diacre tranché "sous quinze jours"

DECRYPTAGE

Tempête au sein des Bleues : une crise qui ne date pas d'hier

BBC

Berlin to allow women to go topless in public swimming pools

Women will soon be allowed to swim topless in Berlin's public pools, after a ruling by the city's authorities.

It comes after a woman who was thrown out of an open-air pool for sunbathing topless took legal action.

A second woman said she was told to cover up while at an indoor pool in December.

Authorities agreed they had been victims of discrimination and said that all visitors to Berlin's pools were now entitled to go topless.

The decision will be welcomed by those here who champion what's known as Freikörperkultur - free body culture.

Foreign visitors to Germany are often surprised - and sometimes downright disconcerted - by the sight of naked Germans frolicking in its lakes, snoring in its parks, or sweating in its saunas.

But this is a country which considers public nudity in some settings to be both appropriate and healthy.

The issue of whether, and to what degree, that is permissible at municipal swimming pools has plagued many a local authority.

Last summer, Göttingen in Lower Saxony and Siegen in North Rhine Westphalia allowed women to swim topless.

Berlin's swimming pool operator, the Berliner Bäderbetriebe (BBB), has not actually changed its rules, which insist that a bathing costume covers the genitals.

The BBB merely clarified that this applies to every visitor, irrespective of their gender.

Why Germans love getting naked in public

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France24 - Monde

L’insécurité alimentaire en Afrique de l’Ouest nécessite une réponse adaptée au climat dans un contexte de crises

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Publié le : 05/09/2022 - 11:10

Banque mondiale

Alors que les crises se multiplient et le conflit dévastateur en Ukraine se prolonge, les impacts se font cruellement ressentir au Sahel et en Afrique de l'Ouest. Plus de 38 millions de personnes se trouvent déjà confrontées à une insécurité alimentaire aiguë et les conséquences de la guerre menacent 7 à 10 millions de personnes supplémentaires dans la sous-région.

Face à ces crises, la Banque mondiale déploie des interventions à court et à long terme pour renforcer la sécurité alimentaire et nutritionnelle, réduire les risques et consolider les systèmes alimentaires.

Ces actions s'inscrivent dans le cadre d'une réponse globale à la crise actuelle de la sécurité alimentaire. Jusqu’à 30 milliards de dollars sont mobilisés afin de renforcer des initiatives, existantes et en créer de nouvelles dans différents secteurs clés : agriculture, nutrition, protection sociale ou encore eau et irrigation. Ces financements visent à stimuler la production d'aliments et d'engrais, améliorer les systèmes alimentaires, faciliter l'accroissement des échanges et soutenir les ménages et les producteurs vulnérables.

La flambée des prix

L’onde de choc déclenchée par le conflit et ces crises multiples aura des répercussions complexes et durables à travers le monde entier. L’Afrique n’a pas été épargnée. Selon les prévisions, les prix mondiaux resteront à des niveaux historiquement élevés jusqu'à fin 2024. La crise modifie la structure du commerce et de la production mondiale, ce qui aggravera l'insécurité alimentaire et l'inflation. Ces secousses surviennent après deux années perturbées par la pandémie de COVID-19, portant à nouveau atteinte à un système alimentaire mondial déjà fragile et aux prises avec des défis climatiques sans précèdent.

« Aujourd’hui avec l’inflation galopante, beaucoup de populations malheureusement en Afrique ont du mal à avoir accès à l’essentiel, c’est-à-dire des produits alimentaires », souligne Ousmane Diagana, vice-président de la Banque mondiale pour l’Afrique de l’Ouest et centrale.

Sur les marchés du Sahel et d'Afrique de l'Ouest les prix du pétrole, du riz, du blé et d’autres produits de base connaissent des hausses brutales reflétant les cours internationaux. Ces hausses impactent de façon significative les ménages les plus pauvres qui doivent dépenser une plus grande part de leurs revenus à l’alimentation, par rapport aux ménages les plus aisés. Selon les données de la Banque mondiale, le prix du blé a augmenté de 60 % entre janvier 2021 et début juin 2022.

Le prix des engrais, essentiels à une agriculture productive, a également drastiquement augmenté depuis le début du conflit en février dernier. Il est aujourd'hui presque trois fois plus élevé qu'il y a un an. La production alimentaire devrait donc baisser au cours des prochaines années, la flambée des prix obligeant de nombreux agriculteurs à utiliser moins d'engrais.

S'attaquer aux causes profondes

La Banque mondiale se mobilise pour intervenir en urgence au Sahel et en Afrique de l'Ouest et centrale afin de soutenir les pays menacés par l'insécurité alimentaire à réagir plus rapidement. Elle travaille également avec ses partenaires humanitaires pour surveiller l'insécurité alimentaire régionale et élaborer des politiques de sécurité alimentaire.

Renforcer la sécurité alimentaire et nutritionnelle de la région exige également des réponses à long terme. Et comme de nombreuses causes et conséquences de l'insécurité alimentaire dépassent les frontières nationales, des approches régionales sont adoptées pour renforcer la résilience des systèmes alimentaires dans les pays de l'Afrique de l'Ouest et centrale et répondre à ce défi pressant.

Le programme de Résilience du système alimentaire (FSRP), doté de 716 millions de dollars, est l'une de ces approches. Il vise à accompagner plus de quatre millions de personnes en Afrique de l'Ouest en augmentant la productivité agricole grâce à une agriculture intelligente, adaptée au changement climatique, afin de promouvoir les chaînes de valeur au sein de la région et mieux gérer les risques au niveau régional.

La Grande muraille verte

Alors que les systèmes alimentaires du Sahel et de l'Afrique de l'Ouest et centrale sont soumis à un stress exceptionnel, la demande d'investissements climato-intelligents augmente pour soutenir les pays où les communautés sont confrontées aux effets combinés du changement climatique, des conflits et d'une dégradation environnementale sans précédent.

La Grande muraille verte, un projet initié et porté par le continent africain, est une initiative régionale majeure qui promet des solutions innovantes sur le plan climatique pour transformer les économies et les écosystèmes de la région. Elle vise à restaurer d’ici 2030 quelque 100 millions d'hectares de terres dégradées et à créer 10 millions d'emplois dans les zones rurales, en soutenant la capacité des populations à répondre et à s'adapter aux risques climatiques. La Banque mondiale s'est engagée à y investir 5,6 milliards de dollars entre 2020 et 2025 dans 11 pays participants. Plus de 60 projets ciblent la transformation des moyens de subsistance tout au long de la Grande muraille verte, à travers la restauration des paysages, l'amélioration des systèmes alimentaires et l'accès à des infrastructures résilientes au climat.

Des résultats tangibles

« Auparavant, je répandais chaque année de l’engrais chimique et je pouvais utiliser 20 ou 30 sacs d'engrais », explique Nama Boureima, agriculteur à Sapouy au Burkina Faso. Comme des centaines d’agriculteurs à travers le pays, il a bénéficié de l’installation d’un biodigesteur.

En ajoutant un mélange de fumier de vache et d'eau aux biodigesteurs, les agriculteurs peuvent générer du biogaz renouvelable pour cuisiner et des engrais bios pour cultiver leurs champs. Cet équipement permet de réduire les émissions de CO2 en captant le méthane émis par le fumier, tout en diminuant la pression sur les ressources forestières qui étaient auparavant utilisées comme combustible domestique.

« Aujourd’hui, je ne m'inquiète plus du problème des engrais », constate Boureima.

Sa ferme illustre certains des changements radicaux en cours dans le cadre de la Grande muraille verte. Au Burkina Faso, 270 000 hectares de terres ont ainsi été placés sous gestion durable ; plus de 2 500 microprojets ont été financés ; 1,5 million de personnes ont vu leurs bénéfices issus de produits forestiers augmenter ; et 10 millions de tonnes de CO2 ont pu être économisées.

Au Nigéria, le projet de lutte contre l’érosion et la préservation des bassins versant (NEWMAP) bénéficie à près de 12.5 millions de personnes. Ce projet, financé à hauteur de 900 millions de dollars, a permis de renforcer la capacité du pays à lutter contre l'érosion et les catastrophes naturelles Il a également créé 20 000 emplois directs et 32 ​​000 emplois indirects grâce aux obligations vertes souveraines – une première en Afrique.

Au Niger, les rendements des communautés agro-sylvo-pastorales ont connu une forte progression, allant jusqu'à 58 %, grâce à la formation sur les stratégies intelligentes face au climat.

Un avenir vert

À l'heure où les défis mondiaux en matière de sécurité alimentaire se multiplient, il apparaît essentiel de tirer parti de ces investissements climato-intelligents ambitieux pour rendre l'économie de la région plus résiliente, atteindre une croissance inclusive et lutter contre l'insécurité alimentaire.

« Lorsque ces éléments sont réunis, cela permet non seulement de transformer l’économie, mais aussi de créer des emplois. Pour les jeunes Africains, ces perspectives permettent de rester en Afrique et de gagner leur vie en travaillant sur le continent », explique Ousmane Diagana de la Banque mondiale.

Pour en savoir davantage sur les projets et les actions de la Banque mondiale : www.banquemondiale.org/fr/region/afr/western-and-central-africa

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France24 - Monde

Au Burundi, la crise climatique prive des milliers d’enfants d’école

Proposé par

Publié le : 15/12/2022 - 13:47Modifié le : 15/12/2022 - 13:50

Unicef

Le réchauffement climatique touche de plein fouet le Burundi, pays d’Afrique de l’Est et l’un des plus pauvres du monde. Sécheresses, vents violents et inondations provoquent des destructions d’écoles et des déplacements de populations, lourds de conséquences sur l’éducation des enfants.

“La crise climatique est une crise des droits de l’enfant”. C’est à l’aide de chiffres concrets que l’UNICEF illustre ce constat accablant. Au total, plus de 1000 salles de classes ont été affectées par des catastrophes naturelles ces deux dernières années au Burundi, privant une centaine de milliers d’élèves d’instruction. En cause : le réchauffement climatique, qui provoque des vents violents et inondations à l’origine de nombreuses destructions, dont les écoles.

Alors que le Burundi est le pays avec les plus faibles émissions de gaz à effet de serre du monde, il pâtit de ses conséquences. “Au Burundi, les effets du changement climatique, notamment les inondations, les glissements de terrain, la sécheresse, ont provoqué le déplacement 75 000 personnes, dont environ la moitié sont des enfants en 2022”, affirme John Agbor, représentant pays de l’UNICEF.

Relogés dans des camps et habitats de fortune, les enfants ont des difficultés pour poursuivre leur scolarité dans des conditions adéquates. “Les élèves dont les écoles ont été détruites doivent aller dans d’autres structures. Nous avons alors des classes surchargées, qui accueillent jusque 100 élèves pour une capacité de 50 !”, déplore le représentant de l’UNICEF.

C’est le cas des écoles Mushasha I et II, envahies par les eaux lors de la dernière saison des pluies. “Les inondations ont été lourdes de conséquences sur la scolarité des élèves. Plusieurs salles de classe étaient impraticables pendant trois mois et les élèves ont dû rejoindre d’autres écoles pour finir l’année. Le nombre d’heures de cours a donc été fortement réduit, sans parler de leur matériel scolaire, qui a aussi été détruit”, témoigne Clarisse Barikaco, Directrice de l’école fondamentale Mushasha I.

Les enfants, premières victimes du réchauffement climatique

Sur le terrain, le Fonds onusien pour l’enfance tente d’appliquer des plans d’urgence, notamment en fournissant du matériel scolaire, en réparant les écoles détruites ou en proposant des tentes de remplacement dans les camps.

Mais à long terme, des solutions plus pérennes sont nécessaires, notamment la construction de bâtiments scolaires solides et résilients capables de résister aux intempéries. Problème : le Burundi peine à attirer les fonds des bailleurs internationaux pour mener à bien ces chantiers, car, selon le fonds pour l’enfance, les chiffres des populations atteintes restent “faibles”, comparés à d’autres pays bien plus peuplés et la priorité est donc ailleurs.

L’appel de l’UNICEF est donc urgent : la communauté internationale doit reconnaître que les enfants, qui constituent la frange de la population la plus vulnérable, sont les premières victimes de ce réchauffement mondial, que ce soit en termes de santé, de protection, d’accès à l’eau et à l’hygiène, à une bonne nutrition, mais aussi à l’éducation. Au-delà d’attirer les fonds pour la construction d’écoles, la seule solution pérenne est déjà connue des décideurs du monde entier, rappelle John Agbor. “Lors de la COP 27, les enfants et les jeunes ont intensifié le plaidoyer afin que des mesures soient prises contre les changements climatiques ; aux dirigeants mondiaux de tenir compte des appels lancés par les enfants et les jeunes pour renforcer les actions visant à réduire les émissions et à fournir un financement adéquat pour le climat. Nous devons sauver la planète, pour sauver nos enfants ”.

Pour en savoir davantage sur les actions de l'Unicef au Burundi : https://www.unicef.org/burundi/

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France24 - Monde

L'impact écologique du lithium : une niche stratégique pour la RD Congo

Publié le : 07/03/2023 - 16:42

Ali LAIDI

La guerre du lithium fait rage, car la transition écologique ne peut se passer de ce précieux métal. En République démocratique du Congo, les entreprises étrangères se déchirent pour mettre la main sur le gisement de Manono, l'une des plus grandes mines inexploitées au monde. Pour parler de ces enjeux, Ali Laïdi reçoit Marius Mihigo, homme d’affaire congolais et conseiller de l’entreprise australienne AVZ, qui avait décroché une licence d'exploitation de la mine de Manono avant de la perdre.

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.cls-6{fill:#fff;stroke:#fff;stroke-miterlimit:10;stroke-width:.2px} La chronique de l’éco

La course aux métaux stratégiques : la France mise sur le lithium pour sa transition énergétique

L'une des plus grandes mines de lithium d'Europe sera exploitée en France d'ici 2027

MADE IN EUROPE

En Europe, la course au lithium, enjeu majeur de la transition énergétique

France24 - Monde

Résilience climatique et transition énergétique équitable : deux enjeux majeurs pour le continent africain

Proposé par

Publié le : 16/06/2022 - 17:32Modifié le : 16/06/2022 - 17:46

Banque Africaine de Développement

L’Afrique est le continent le plus touché par la hausse des températures. Dans le même temps, 600 millions d’Africains n’ont pas accès à l’électricité. Deux immenses défis à relever.

La Banque africaine de développement a tenu ses Assemblées annuelles du 23 au 27 mai dernier à Accra, au Ghana, autour de deux thèmes majeurs : la résilience climatique et une transition énergétique juste et équitable en Afrique. Un choix d’actualité qui intervient entre la COP26, l’an dernier à Glasgow, en Écosse, et la COP27, en novembre prochain à Charm el-Cheikh, en Égypte.

Les gouverneurs de la Banque ont pu échanger leurs expériences sur les défis du changement climatique et de la transition énergétique auxquels leurs pays sont confrontés. Ils ont également détaillé les mesures qu’ils emploient pour y faire face. État des lieux et solutions.

L’Afrique n’émet que 3% des gaz à effet de serre, MAIS :

  • Le continent africain est le plus touché par la hausse des températures. Une augmentation de 2 degrés Celsius à l’échelle mondiale pourrait se traduire par une hausse de 3,6 degrés dans certaines parties de l’Afrique.
  • L’élévation du niveau de la mer est une menace , particulièrement pour les pays côtiers d’Afrique de l’Ouest..
  • 35 des 45 pays les plus vulnérables au changement climatique dans le monde se trouvent en Afrique sub-saharienne.
  • De 2020 à 2030, les besoins du continent africain en matière d’adaptation au changement climatique pourraient se chiffrer à 331 milliards de dollars.
  • L’Afrique ne perçoit que 3 % du total des flux mondiaux de financement de l’action climatique.

L’Afrique doit réussir sa transition énergétique, CAR :

  • Le continent, qui abrite 20 % de la population mondiale, ne représente que 6 % de la demande énergétique globale.
  • 600 millions d’Africains n’ont toujours pas accès à l’électricité.
  • 600 000 décès par an sont dus à la pollution atmosphérique domestique, notamment aux combustibles de mauvaise qualité utilisés pour se chauffer ou cuisiner.
  • L’équivalent de 2 à 4 % du PIB de l’Afrique est amputé chaque année, en raison des problèmes d’approvisionnement du secteur de l’énergie et des coupures d’électricité récurrentes.
  • Pour satisfaire ses aspirations au développement, le continent doit doubler ses capacités de production énergétique entre 2020 et 2040.

Justice climatique

Les Assemblées 2022 du Groupe de la Banque africaine de développement ont réuni pendant cinq jours dans la capitale ghanéenne – et pour la première fois en présentiel depuis 2019 – quelque 3 000 délégués, venus de ses 54 États membres africains et de ses 27 pays membres extérieurs au continent. Le Nigérian Akinwumi Adesina, président de la Banque, a souligné que celle-ci avait doublé son budget dédié à la lutte contre le changement climatique, pour le porter à 25 milliards de dollars d’ici à 2025. La Banque africaine, qui a également renoncé à financer l’exploitation du charbon depuis l’an dernier, s’est engagée à contribuer à réduire les émissions de gaz à effet de serre sur le continent. Akinwumi Adesina a ensuite insisté sur la justice climatique qui doit régner entre pays du Nord et pays africains. Kenneth Ofori-Atta, ministre ghanéen des Finances a conclu pour sa part : « Ayons le courage de faire avancer le cadre sur le changement climatique et de soutenir les pays dans les stratégies relatives au climat pour une croissance verte et inclusive. » En attendant la prochaine édition des Assemblées annuelles du Groupe de la Banque africaine de développement, prévue en mai 2023 à Charm el-Cheikh, en Égypte, voici quelques exemples des initiatives en cours.  

BAD, un rôle pionner

La Banque africaine de développement n’a pas attendu le grand rassemblement d’Accra pour agir. Voici trois exemples des grands projets qu’elle a entrepris.

Concernant la résilience climatique : 100 millions d’hectares de terres dégradées vont être réhabilités sur un couloir de 8 000 km de long et 15 km de large à travers le continent africain. De quoi supprimer 250 millions de tonnes de dioxyde de carbone et créer 10 millions d’emplois verts d’ici à 2030.

Parmi les priorités de la Banque africaine, il y a aussi le programme « YouthADAPT » (« La jeunesse s’adapte »), doté d’un budget de 1 million de dollars. Il s’agit d’un concours destiné aux jeunes entrepreneurs, une initiative qui récompense le développement de solutions innovantes pour s’adapter au changement climatique et créer des emplois verts. Côté transition énergétique, 20 milliards de dollars ont été investis dans la production de 10 000 mégawatts d’énergie solaire, dont profiteront 250 millions de personnes dans la région du Sahel, du Sénégal à l’Éthiopie.  

Le Ghana s’enflamme pour le solaire

En marge des Assemblées annuelles, le gouvernement du Ghana a signé un accord de don avec le Fonds africain de développement et un prêt avec le gouvernement suisse en faveur d’un projet de mini-réseaux et de comptage net de l’énergie solaire photovoltaïque. Le comptage net, c’est la différence entre l’énergie que vous produisez, dont vous ne vous servez pas mais qui est utilisée par votre fournisseur, et votre propre consommation.

Le financement accordé par le gouvernement suisse servira spécifiquement à soutenir l’extension du programme de comptage net existant au Ghana et à déployer un total de 12 000 unités de systèmes solaires photovoltaïques pour les PME et les ménages. Le projet, qui devait coûter 85,88 millions de dollars, va permettre de réduire les émissions de gaz à effet de serre de 0,779 million de tonnes d’équivalent CO2 par an, outre créer jusqu’à 2 865 emplois pendant la phase de construction, dont 30 % seront réservés aux femmes et aux jeunes.

Rien que de l’eau

D’ici à la fin 2024, le Mozambique devrait boucler le montage financier de la construction du barrage de Mphanda Nkuwa, dans la province de Tete, une région qui manque cruellement d’électricité. Cette centrale hydroélectrique de 1 500 mégawatts sera alimentée par le tumultueux fleuve Zambèze. Une installation qui sera complétée par 1 300 km de lignes à haute tension. Le montant du projet s’élève à 4,5 milliards de dollars. Mise en service prévue en 2031.

Les chaussures qui jamais ne s’usent

La résilience climatique passe aussi par des initiatives individuelles et privées. La Nigériane Yewande Adebowale a ainsi créé une entreprise de production de chaussures à partir de déchets plastiques. La marque s’appelle « Salubata », ce qui veut dire « chaussures qui ne s’usent jamais » en langue yoruba.  Chaque chaussure « Salubata » achetée contribue à l'élimination de plus de 12,6 kg de CO2 de l'environnement.

Énergies renouvelables :  le potentiel de l’Afrique en chiffres-clésSolaire : 10 000 gigawattsHydroélectrique : 350 gigawattsÉolien : 110 gigawattsGéothermique : 15 gigawatts

 

Pour en savoir plus sur les activités de la Banque Africaine de Développement :https://www.afdb.org/fr

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France24 - Monde

Le président tunisien annonce la dissolution prochaine des conseils municipaux

Publié le : 09/03/2023 - 11:55

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Le président tunisien, qui s’est octroyé tous les pouvoirs depuis juillet 2021, a décidé jeudi la dissolution prochaine des conseils municipaux, formés en 2018 et considérés comme un acquis important de la jeune démocratie tunisienne après la Révolution de 2011.

Une nouvelle étape vers le régime hyperprésidentiel de Kaïs Saïed. Le dirigeant tunisien a annoncé, jeudi 9 mars, son intention de dissoudre les conseils municipaux, formés en 2018 et considérés comme un acquis important de la jeune démocratie tunisienne après la Révolution de 2011. 

Kaïs Saïed, dans une vidéo diffusée en pleine nuit, a annoncé l'examen à venir d'une loi sur "la dissolution de tous les conseils communaux et leur remplacement par des délégations spéciales".

Les mandats des 350 maires et conseillers municipaux, actuellement en place, doivent expirer fin avril, et des élections étaient théoriquement prévues dans la foulée.

Ces conseils municipaux sont issus pour la majorité du scrutin législatif de 2018 qui avait été marqué par la victoire de listes indépendantes, suivies du parti d'inspiration islamiste Ennahda, la bête noire de Kaïs Saïed, et du parti libéral Nida Tounes.

>> À lire aussi : Les arrestations d'opposants au président Kaïs Saïed continuent en Tunisie

De nombreux conseils municipaux avaient ensuite plongé dans d'importants conflits internes, ce qui avait abouti à de nouveaux scrutins ces cinq dernières années.

Kaïs Saïed a annoncé deux projets de loi concernant ces conseils : l'un "concernant la révision de la loi sur l'élection des conseils communaux" et l'autre "concernant la loi pour l'élection des membres" de la future Assemblée des régions.

Cette décision intervient dans un contexte de fortes tensions politiques et économiques en Tunisie et alors que le président est accusé de racisme, suite à un discours incendiaire contre l'immigration clandestine.

Parlement diminué

Ce dernier dispositif complètera le système bicaméral qu'il veut instaurer, sur la base d'une nouvelle Constitution votée par référendum à l'été 2022.

Le Parlement - dont les prérogatives sont très diminuées - sera constitué de deux chambres : l'Assemblée des représentants du peuple et l'Assemblée des régions.

Kaïs Saïed s'est octroyé tous les pouvoirs le 25 juillet 2021, en limogeant son Premier ministre et gelant le Parlement, dissous par la suite, faisant ainsi vaciller la démocratie ayant émergé de la première révolte du Printemps arabe.

>> À lire aussi : Enlisée dans une crise économique, la Tunisie au bord du défaut de paiement

Organisées en décembre et janvier, les élections législatives pour désigner les députés ont été marquées aux deux tours par une très forte abstention (près de 90 % des votants) et qualifiées par l'opposition comme "illégitimes".

"Nous continuerons à marcher tous ensemble vers la victoire", a clamé Kaïs Saïed dans sa vidéo, avant de s'en prendre à ses opposants politiques. "Aujourd'hui, ils manifestent librement et prétendent qu'il y a de la tyrannie alors qu'ils défilent sous la protection de la police." "Ils veulent jouer les victimes", a-t-il ajouté.

Abrogée par Kaïs Saïed, la Constitution de 2014 avait consacré le principe de la décentralisation de l'État, considéré comme un acquis très important par la société civile et les multiples partis politiques nés après la chute du dictateur Zine El Abidine Ben Ali il y a 12 ans.

Avec AFP

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Attaques antimigrants en Tunisie : la Banque mondiale suspend son principal programme

ENTRETIEN

Discours antimigrants en Tunisie : "Une façon de faire oublier les problèmes du pays"

Des centaines de Subsahariens évacués de Tunisie après une flambée de violences racistes

L'Humanité

Femmes, écologie, travailleuses, même combat ?

Agoras

ENGAGEMENT Menées conjointement, les luttes sociales, féministes, antiracistes et pour l’environnement mettent en lumière les liens systémiques entre capitalisme et patriarcat.

Latifa Madani

Les mouvements féministes ont depuis longtemps contribué à apporter une lecture nouvelle des rapports de domination. Dans les années 1980, partout dans le monde, les femmes ont porté des revendications et mené des actions contre diverses formes de violences et pour l’égalité, la paix et la protection de l’environnement. Elles ont encerclé le Pentagone, dans un contexte de guerre froide, pour dénoncer à la fois la guerre, la pauvreté, les risques du nucléaire et l’oppression des femmes. Elles se sont opposées à des opérations de déforestation et d’accaparement de terres qui allaient déséquilibrer les écosystèmes et plonger des millions de personnes dans la pauvreté et dans la violence. Aujourd’hui, l’engagement des féministes dans la bataille contre la réforme des retraites, sur la question des violences sexuelles et sexistes et dans la lutte pour l’environnement démontre la nécessité de combats communs contre le capitalisme et le patriarcat.

Pour débattre de la question

  • Catherine Larrère, philosophe
  • Charlotte Soulary, militante féministe et écologiste, membre de la direction d’EELV, ancienne porte-parole d’Osez le féminisme
  • Marie Christina Kolo, écoféministe, cofondatrice du Réseau Climat océan Indien, animatrice de Genre et Justice climatique Madagascar

Pourquoi parle-t-on de dominations croisées, voire d’oppressions croisées lorsqu’on aborde la condition des femmes ?

Catherine Larrère La connexion entre la domination des femmes et la domination de la nature est caractéristique de la réflexion écoféministe. Cette connexion est d’abord historique. Elle a particulièrement été étudiée dans les rapports de production capitaliste. Ensuite, on la retrouve dans les représentations et dans le langage. Dans toutes les langues européennes où il y a des genres, la nature est au féminin. La comparaison entre nature et femme est extrêmement courante, l’une et l’autre étant considérée être à disposition. Dans différentes cultures, on retrouve cette association, ancienne, entre le traitement de la nature et le traitement des femmes. C’est en ce sens que l’on parle de dominations croisées. Elles mettent en lumière la notion d’un continuum de violence organisé par le capitalisme et le système patriarcal.

Charlotte Soulary Dans dominations croisées il y a une approche intersectionnelle qui inclut bien sûr la domination de classe. On le voit dans les inégalités sociales qui sont au cœur des luttes actuelles sur le travail et les retraites. La domination est le principe de fonctionnement à la fois du capitalisme et du patriarcat. Les deux s’entendent à merveille. Ils engendrent une exploitation qui fait que l’on dépasse aujourd’hui les limites qui rendent la planète vivable pour l’humanité. Être aveugle au patriarcat, c’est lutter contre un seul aspect du problème et donc ne jamais le régler. On ne peut pas se contenter de dire qu’il y a une domination des femmes par les hommes. Les dominations se cumulent : être une femme noire ce n’est pas pareil qu’être une femme blanche, être une femme précaire ce n’est pas pareil qu’une femme bourgeoise, et tout cela se croise avec les vulnérabilités face aux impacts du changement climatique et des pollutions. Il y a aussi la domination coloniale sur laquelle l’Europe notamment, dont la France, a fondé l’ensemble de ses activités économiques.

Marie Christina Kolo Madagascar est l’un des dix pays les plus vulnérables aux impacts du changement climatique. Ce changement n’est pas un concept, c’est une réalité vécue au quotidien. Chaque année nous avons des cyclones, des sécheresses, des inondations de plus en plus fréquentes et de plus en plus intenses. Dire que les femmes sont les premières victimes n’est pas de la langue de bois. Dans mon pays, 90 % de la population vit en dessous du seuil de pauvreté et ce sont les femmes les premières touchées. Je suis fière de me définir comme féministe, mais beaucoup m’opposent que c’est un concept occidental. Je vis dans un pays où on appelle les femmes « fanaka malemy », ce qui veut dire meuble fragile. C’est donc moins qu’un animal. Nous vivons des formes de violences croisées : sur les femmes, sur la nature, sur les travailleuses. En plus d’être écoféministe et militante pour la justice climatique, je suis une survivante de violences. Pendant longtemps j’ai senti que mon corps ne m’appartenait pas. Il appartenait à mon agresseur, il appartenait à cette société qui m’imposait de me taire. On agresse de la même manière la nature en pensant qu’elle n’est qu’un objet. Dans notre monde ultracapitaliste, on arrache les entrailles des femmes comme on le fait pour la planète en arrachant les arbres et en détruisant les terres. La même matrice idéologique a conduit à la domination des hommes sur les femmes et au saccage de la nature. C’est ainsi que je ressens cette domination qui appelle une lutte commune contre le patriarcat et contre le capitalisme.

Peut-on dire que la réforme des retraites est une des expressions de ces dominations croisées ?

Charlotte Soulary Il y a des relations de pouvoir dans la relation de travail. C’est le fondement du capitalisme. La réforme est plus problématique pour les femmes du fait de carrières hachées, des inégalités salariales, mais aussi d’une faible valorisation – tant matérielle que culturelle – des métiers féminisés, notamment les métiers du soin, qui sont pourtant essentiels. Nous ne sommes pas dans des sociétés du soin. Nous sommes dans des sociétés d’appropriation, de destruction de la nature et de la force de travail. Il est assez logique que les femmes qui ont été précarisées toute leur vie par l’effet des dominations croisées auront une retraite précaire.

De quelle façon l’urgence climatique et le mouvement #MeToo sont-ils en train de changer – ou de marquer – la pensée et l’action féministes ?

Catherine Larrère Il y a des mouvements de femmes qui ont conjugué objectifs écologiques et objectifs féministes bien avant #MeToo et avant que l’on parle d’urgence climatique. Je pense aux luttes pour la paix et le désarmement nucléaire, aux mobilisations pour la justice environnementale, contre les pollutions, aux luttes dans des quartiers pour défendre des milieux de vie. En Amérique latine, les militantes, souvent issues de communautés autochtones, jouent un rôle essentiel dans les luttes contre les violences sexuelles et contre les pollutions liées à l’extractivisme et à l’agro-industrie.

Charlotte Soulary Le slogan des opposantes à un projet d’autoroute en Amazonie est : « Ni les femmes ni la terre ne sont des territoires à conquérir ! » On peut le rapprocher de celui de Notre-Dame-des-Landes : « Nous ne défendons pas la nature, nous sommes la nature qui se défend », un slogan que les écoféministes peuvent s’approprier.

Marie Christina Kolo À Madagascar, il y a encore tant à faire pour les droits des femmes. L’avortement n’est pas autorisé, ni thérapeutique, ni en cas de viol et d’inceste. Nous n’avons pas connu le mouvement #MeToo, il y a une culture du silence, mais la parole commence à se libérer. Dans le mouvement que j’anime, Women Break the Silence, luttant contre les violences sexuelles et la culture du viol, je pense à cette grand-mère qui me disait qu’elle en avait marre des mariages polygames et qu’elle ne souhaitait pas cela à sa petite-fille. Je pense aussi à ces fillettes qui refusent d’être mariées à l’âge de 10 ans. De telles voix qui s’élèvent s’expriment de plus en plus.

Dans les pays du Sud on parle même d’un « féminisme de subsistance »…

Marie Christina Kolo Le « féminisme de subsistance » pourrait vraiment correspondre à ce que l’on vit au quotidien. La femme est chargée de collecter l’eau. Elle doit faire des kilomètres pour aller en chercher, les sécheresses sont de plus en plus sévères. Une fois revenue chez elle, c’est l’homme en premier qui disposera de cette eau, ensuite l’animal. Ce sont elles aussi qui sont chargées de trouver la nourriture. Elles doivent s’occuper de la terre sans pour autant la posséder, elles n’y ont pas droit. Dans les pays du Sud, la pensée et les mouvements féministes, incarnés par Vandana Shiva notamment, montrent comment l’environnement et les femmes souffrent de l’héritage de la domination coloniale et des économies extractivistes. Le Mouvement de la ceinture verte initié par la Nobel de la paix Wangari Maathai propose aux femmes de planter des arbres autour des villages pour stopper l’érosion du sol liée à la déforestation et à la plantation massive de caféiers pour du café destiné à l’exportation.

Peut-on dire, comme Michelle Perrot, que « les féministes d’aujourd’hui sont plus radicales que dans les années 1970 » ? Si oui pour quelles raisons ? N’est-ce pas une question « générationnelle » ?

Charlotte Soulary Pour ce qui est de la France, je ne suis pas d’accord avec l’idée que les féministes d’aujourd’hui seraient plus radicales que celles des années 1970. Je ne crois pas que cela soit générationnel. Je crois plutôt que l’on a affaire à un mouvement de pendulier. Dans les années 1970, c’est grâce aux mobilisations d’un mouvement radical que l’on a obtenu d’immenses victoires. Ensuite, peut-être, ce mouvement a-t-il perdu de sa radicalité parce qu’échaudé par la lenteur, voire l’absence de politiques publiques permettant l’institutionnalisation de l’égalité entre les femmes et les hommes. J’observe un renouveau du féminisme depuis les années 2000, celui que je connais. J’ai commencé à militer en 2009 avec la création d’Osez le féminisme ! Aujourd’hui, je suis peut-être un peu pessimiste, il y a une minorité de personnes qui se disent écoféministes en France alors qu’il est, je pense, le mouvement le plus radical parce qu’il remet en cause des systèmes entiers de domination. Nous sommes bien loin d’être comprises et d’avoir gain de cause. Nous faisons encore beaucoup rire, malheureusement.

Catherine Larrère Je fais partie de la génération qui s’est battue dans les années 1970 pour la contraception, puis pour l’avortement : « un enfant quand je veux si je veux ». Il n’y a pas une progression continue qui ferait qu’on irait vers de plus en plus de radicalité. Il y a une grande diversité de situations et c’est très important que Marie Christina nous rappelle que, dans les pays du Sud, on est encore loin de ce qui nous paraît acquis. Chez nous aussi rien n’est acquis. On a vu le retour en arrière sur le droit à l’avortement aux États-Unis. Cela dit, il est vrai qu’il y a une évolution. Il y a des choses que les jeunes femmes ne supportent plus et que nous, on n’entendait plus. Écoutez une chanson de Brassens, vous allez, certaines d’entre vous, la trouver insupportable. On aime toutes Brassens, ce n’est pas la question, mais on se rend compte que l’état d’esprit général a changé. C’est peut-être cela que veut dire Michelle Perrot.

Certains voient dans la conjonction – ou la convergence – des luttes écologiques, féministes et sociales un risque de dilution, de dispersion, voire de diversion. Qu’en pensez-vous ?

Charlotte Soulary Les personnes qui disent cela ne comprennent pas que ce ne sont pas des combats séparés. Il faut vraiment comprendre qu’il y a un continuum entre les différentes formes de domination. Ces luttes féministes, sociales, écologistes sont, fondamentalement, une seule et même lutte. Il faut avoir en tête que tant que certains en exploitent d’autres, ils ne seront pas limités dans la destruction des écosystèmes. On peut essayer de fonder une société écologique non féministe, on n’y arrivera jamais. Seule une transition juste peut nous faire éviter la catastrophe climatique, j’en suis convaincue. Cela veut dire en finir avec les systèmes de domination pour mettre en place des fondements différents dans une nouvelle société. C’est vraiment, pour moi, une seule et même lutte.

Catherine Larrère J’ajoute que si l’on veut essayer de fonder une société d’égalité homme-femme mais qui continue à exploiter la nature, cela n’ira pas non plus. Par ailleurs, en articulant des phénomènes et des luttes jusqu’alors pensés séparément, on est dans une démarche inclusive.

Marie Christina Kolo J’ai souvent entendu que nous, écoféministes, étions jugées parmi les plus radicales. Pourtant c’est ce qui, pour moi, fait le plus sens dans le monde aujourd’hui, un monde qui va mal. Être écoféministe, ce n’est pas considérer qu’il est primordial de voir une femme accéder à un poste de décision et être satisfait parce que c’est une femme et qu’elle a du pouvoir. Une femme à la tête d’une multinationale comme TotalEnergies ou Shell reproduit, à son poste, des violences de classe qui vont impacter d’autres femmes, notamment des pays du Sud, et qui impacteront l’environnement. Ne pas conjuguer les différents combats c’est passer à côté du vrai combat : de classe, antiraciste, contre toutes formes de domination et de violences, que ce soit sur les hommes, les femmes, les LGBTQIA+, sur la nature. Je ressens cela juste comme une nécessité. Ce n’est pas qu’un combat de féministes du Nord, c’est encore plus vrai, j’allais dire, dans des pays comme le mien. 

Penser et agir avec la naturel’Écoféminisme Féminisme pour sauver la planète !Féminisme
L'Humanité

Marcel Amont, le dernier roi du music-hall, a lâché la rampe

Actu

Disparition L’artiste prolifique aura choyé son public jusqu’au bout. Décédé jeudi 9 mars, à l’âge de 93 ans, il a marqué sept décennies de chanson française.

Grégory Marin

L’une des dernières étoiles du music-hall s’est éteinte. Marcel Amont a tiré sa révérence dans la nuit de mercredi à jeudi, à son domicile de Saint-Cloud (Hauts-de-Seine), à quelques jours de son 94e anniversaire. Il laisse plusieurs succès  (Bleu, blanc, blond, le Mexicain…) mais surtout l’image d’un chanteur comique, qui a un peu éclipsé une carrière aussi longue que prolifique : plus de 350 chansons interprétées en soixante-quinze ans !

Marcel Amont, né Miramon le 1er avril 1929, est originaire du Béarn, de parents paysans. De son père communiste, il gardera toute sa vie le rouge au cœur. Longtemps abonné à l’Humanité, il a aussi prêté sa voix à la tournée d’été du quotidien régional la Marseillaise. Pourtant, lorsqu’il a voulu « jouer le chanteur engagé, (s)on public (lui) a fait comprendre que ce n’était pas pour (lui) » , avait-il un jour confié à Sud-Ouest. «  Je suis un saltimbanque, pas un porte-parole. » Dans les années 1970, il défendait tout de même les droits des artistes, et jusqu’à récemment, il s’intéressait « à ce que font les jeunes ». « J’aime défendre ma profession, aider les débutants dans ce métier très difficile », expliquait-il, alors qu’il présidait le prix Moustaki en 2020, à la Croix. Cette écoute, cette bienveillance, c’est de sa mère, catholique, qu’il la tient. Pour mesuré qu’il fut, son engagement a un temps fermé à Marcel les portes de la télévision – lui qui avait présenté­ la première émission en couleurs de l’ORTF ! En 1981, alors qu’Amont avait écrit Une rose rouge à ton poing, pour François Mitterrand, le voilà blacklisté. Seul Michel Drucker ose encore l’inviter : « Il s’est toujours débrouillé pour qu’on me voie un peu », confiait Marcel Amont à France Dimanche en 2012.

S’il n’avait pas été chanteur, il aurait « aimé être journaliste, aller tirer les vers du nez aux gens », confiait-il à la chaîne Melody en 2021. Au lieu de ça, il tirait à son public, dès ses débuts en 1956, des larmes de rire. Son interprétation du torero Escamillo est plébiscitée. En première partie d’Édith Piaf, il est sacré « révélation de l’année » et partage le succès (et un prix de l’académie Charles-Cros) avec Serge Gainsbourg et Juliette Gréco. La décennie s’achève avec Bleu, blanc, blond, mais c’est avec le Mexicain, offert par Charles Aznavour en 1962, qu’il triomphe.

l’amuseur public était un chanteur accompli

Sans doute cela le chagrinait secrètement : lui qui a signé des centaines de chansons devait ses plus grands succès à d’autres plumes. Viennois, composé par Alain Souchon, le Chapeau de Mireille, par Georges Brassens, la Galère, par Maxime Le Forestier… C’est même Marcel Amont qui, le premier, a chanté le Jazz et la java, de Claude Nougaro ! Si ces grands artistes l’ont choisi, c’est que, au-delà de l’amuseur public, le Béarnais était un artiste accompli.

Bien avant d’écrire son premier roman, à 92 ans, pendant le confinement  (Adieu la belle Marguerite), il avait cherché à percer le secret d’un tube, éditant, en 1989, Une chanson. Qu’y a-t-il à l’intérieur d’une chanson ? Avec cette mise en garde : « S’il advient que les “scientifiques”, les branchés, les mercantis aient le dernier mot, la dernière note, “les cieux seront frappés d’alignement” et il faudra trouver autre chose pour rêver. » Avec lui, c’est une époque d’artisans de la chanson qui s’achève.

marcel amontDécès
L'Humanité

Bonne idée

Billet

Maurice Ulrich

C’est comme pour les grands crus, à savourer sans modération. La presse économique, confirmant les résultats des géants du CAC 40, saluait, jeudi, « un millésime exceptionnel ». 1 700 milliards de chiffre d’affaires, 142 milliards de profits. Et la bonne nouvelle pour toutes celles et tous ceux qui attendent un ruissellement, c’est que « les actionnaires de la Bourse de Paris vont être choyés », écrivent les Échos. Bien, mais qui sont-ils au juste ? Là, le Figaro nous le dit : « Le CAC 40 est une affaire de familles », avec une liste des dix premières et même la photo du trio de tête : la famille Arnault, ça va de soi, les héritiers Hermès, Françoise Bettencourt-Meyers… Aujourd’hui, ces familles détiennent 21,5 % du CAC 40, contre 9,7 % en 2012. Ça ruisselle pas mal à Paris et même ça déborde. Sinon, comme l’écrivent les Échos, alors que la mobilisation sur les retraites bat son plein, « pour certains, c’est le signe que des ressources financières significatives sont à portée de main ». Mais en voilà, une bonne idée !

le billet de Maurice UlrichCAC 40
L'Humanité

Retraites. Le scandale démocratique s’étend au Sénat

Actu

La droite devait faire voter, mercredi 8 mars, au soir, l’article 7 du projet de loi sur la retraite à 64 ans, après avoir manœuvré pour restreindre le temps de parole et le droit d’amendement des élus de gauche, qui dénoncent un « coup de force ».

Aurélien Soucheyre

Le parcours législatif de la réforme des retraites ressemble de plus en plus à un chemin de croix pour l’État de droit. L’improvisation permanente du gouvernement afin de contraindre les débats, y compris en détournant l’article 47.1 de la Constitution, a fini par déteindre sur un Sénat pourtant habitué à des échanges feutrés et scrupuleux des règlements.

Mercredi 8 mars, les groupes de gauche du Palais-Bourbon se sont indignés, lors d’un point presse, de ce qu’ils venaient de vivre la nuit précédente. « Un coup de force », « un scandale démocratique », « une censure du Sénat »… Des mots rares au sein de la Chambre haute.

« Gérard Larcher s’est assis sur son propre règlement. Attention, président, vous avez franchi une ligne rouge », prévient Éliane Assassi, présidente du groupe communiste. « Le moment est grave, lourd, et l’image donnée par la droite est désastreuse », s’indigne Guillaume Gontard, son homologue du groupe écologiste.

« Nous sommes dans une colère froide. Le gouvernement et la majorité LR au Sénat se donnent la main pour empêcher le débat le jour même où des millions de Français manifestent dans la rue pour dire non à la retraite à 64 ans », ajoute Patrick Kanner, président du groupe socialiste.

Une première dans l'histoire du Sénat

Car c’est bien dans la nuit du 7 au 8 mars, quelques heures après la mobilisation historique contre le projet de l’exécutif, que les sénateurs ont atteint l’article 7 de la réforme. Soit la mesure phare du texte, qui contient le report de l’âge légal de départ à la retraite. « Nous avons déposé de nombreux amendements de fond, des amendements qui s’opposaient à la réforme mais surtout des amendements de propositions alternatives », insiste Éliane Assassi.

Ils ont d’abord été examinés dans le calme, avant que Bruno Retailleau, président du groupe LR, ne réclame en pleine nuit l’application de l’article 38 du règlement, qui n’autorise que l’expression de deux avis contraires pour chaque amendement. Une première dans l’histoire du Sénat.

Comme si cela ne suffisait pas pour aller plus vite, la présidente LR de la commission des Affaires sociales, Catherine Deroche, demande alors une suspension de séance, à la suite de laquelle les rapporteurs du texte René-Paul Savary (LR) et Élisabeth Doineau (UDI) présentent un amendement de réécriture de l’article 7, qui est immédiatement examiné en séance.

Entrave, improvisation et passage en force

La manœuvre a pour effet de faire tomber d’un coup les 1 100 amendements déposés par la gauche sur l’article 7 initial. « Comme nous nous attendions à cette réécriture, nous avons travaillé des sous-amendements pour son examen. Je les remets au service de la séance », déclare Éliane Assassi. Mais Catherine Deroche annonce l’irrecevabilité de l’ensemble des sous-amendements de gauche, pour faire passer en force et en vitesse l’article 7.

« Vous déclarez irrecevables des sous-­amendements que vous n’avez matériellement même pas eu le temps d’examiner. C’est une entrave au droit d’amendement », s’offusque Guillaume Gontard. « Honte à vous », poursuit Patrick Kanner.

« Le Sénat ne veut pas débattre de l’article 7, qui est pourtant le cœur du texte », affirme Éliane Assassi. Les sénateurs de gauche réclament des explications, sans les obtenir, dans une ambiance de tension et d’improvisation générale du côté de la droite sénatoriale.

Communistes, socialistes et écologistes quittent l’Hémicycle. Il est alors 3 h 30 du matin. La séance, interrompue, a repris à 16 h 30, mercredi. D’emblée, les sénateurs de gauche déposent une série de rappels au règlement. « Monsieur Larcher, dans la nuit, vous avez davantage été le président des LR que le président du Sénat. Vous décrédibilisez notre institution », alerte l’élu PCF Pascal Savoldelli.

"Dans la nuit d'hier, vous avez été davantage le président des LR que le président du Sénat envous soumettant à l'agenda du gouvernement avec cet article 38 réclamé par M. Retailleau et applaudi par les centristes" lance @PSavoldelli94 à la reprise sur l'art. 7#DirectSenat pic.twitter.com/osRCmlVhUz

— Sénateurs CRCE (@senateursCRCE) March 8, 2023

Dangereuse jurisprudence

La droite avance une série d’explications pour justifier le rejet des sous-amendements. Notamment celle selon laquelle il n’est pas possible d’amender un amendement. L’article 7 nouvellement écrit étant lui-même un amendement, il ne serait pas autorisé de le modifier.

« Mais il suffit alors de transformer un article de loi en amendement pour le rendre inamendable. C’est un détournement du règlement et une attaque de fait contre une capacité constitutionnelle des parlementaires. Attention à ce précédent qui ouvre la porte à toutes les manipulations », s’insurge Pierre Laurent, vice-président PCF du Sénat.

Du reste, pourquoi 75 amendements, pour l’essentiel issus des rangs de la droite, ont pour leur part été retenus en séance ? La droite avance un énième argument pour expliquer que l’accélération des débats sur l’article 7 est réglementaire. « Vous restreignez la parole avec l’article 38 et vous supprimez nos amendements sur le cœur du texte. C’est un coup de force », rétorque le sénateur PCF Fabien Gay, qui dénonce un déni et même une « crise démocratique ».

Réforme des retraitessénatdémocratie
BBC

I realised that absolutely all the cuisine that is practised here has a link with milk, sheep, shepherds and transhumance.

To make sügeli, a fresh shell-shaped pasta, chef Patrick Teisseire first takes a tiny round of dough, rolls it in flour, and with his thumb, presses it flat and slides it along a large circular wooden board. After pressing along the ridged board, a soft, contoured shell with seven fine pleats emerges. It's a finely-honed technique that Teisseire described as the "skill of sügeli". He repeats the process until his dough has disappeared, replaced by neat rows of pasta shells ready to be fed into a deep saucepan of boiling water.

Composed of flour, water, salt and olive oil, sügeli is one of the main dishes of cucina bianca (white cuisine), the food of the pastoral transalpine communities in the high valleys of Piedmont, Liguria and the Alpes-Maritimes in what is today south-eastern France and north-western Italy. Named for the "colourless" nature of staple ingredients, such as flour, potatoes, leeks, turnips, dairy products and legumes, it's a cuisine that shares little resemblance to the bright reds, greens and yellows of the tomato, pepper and courgette-infused dishes of the coastal Mediterranean cuisine typically associated with the region. "An absence of colour doesn't mean an absence of taste, however," Teisseire was keen to emphasise as he expertly manipulated more sügeli shells from a new batch of dough in front of me.

A short time later, having swapped his small basement workspace for the dining room above it, I was ready to test his theory. Served alongside a succulent osso bucco-style veal shank and drizzled with the cooking juices of the meat, I scooped up a forkful of sügeli. Similar in size and shape to southern Italy's orecchiette pasta, but with the texture and taste of a dumpling, the shells were the ideal shape to mop up the salty, flavoursome broth-like sauce.

Inscribed on the list of France's patrimoine culturel immatériel (intangible cultural heritage) since 2009, sügeli is cucina bianca's most celebrated dish. Other "more elaborate" recipes, as Teisseire described them, include green, lasagne-like strips called lausagne made from wild spinach, eggs, flour, salt and small quantities of potato and olive oil; and tantiflusa, a tart filled with potatoes, leeks and squash. Of course, cheese from local sheep figures prominently, too: alongside the hard tomme-style variety, brousse, a pungent cream cheese made from whey is a speciality of the local Brigasque breed and is often melted down into a sauce to accompany sügeli.

Sügeli is one of the main dishes of cucina bianca (Credit: Auberge Saint Martin)

I had made the 80km, or one-and-a-half-hour journey, from my home near Nice to the Auberge Saint Martin, Teisseire's hotel and restaurant in the small mountain village of La Brigue, in the days before the property shuttered for winter last November (the new season starts in April). By the time I arrived, the early afternoon sun had already disappeared behind the towering mountains that frame the village's riverside setting, but the warm yellows and pinks and pastel blues and greens of the Italianate trompe l'oeil facades saved the cobbled streets from feeling dark and shaded.

According to modern border lines, La Brigue is one of France's most eastern outposts. Italy is within touching distance – less than 8km away as the crow flies. In reality, however, the concept of nationality is much more fluid for the current population of 800, some of whom were born before the village passed from Italian into French hands in a post-World War Two treaty signed in 1947. When it did, a collection of six mountain hamlet communities, including La Brigue, was cut in two administratively but not culturally.

This was evident, as tables of Algerian War (1954-62) veterans and their wives sharing the dining room with me at lunchtime proved. As they gathered to mark Armistice Day (November 11), their renditions of traditional Piedmontese songs were a rousing soundtrack to my meal. "This is still an important local custom because, until 1947, the village was part of Piedmont," Teisseire told me.

Teisseire, who was born and raised in La Brigue, ran the local pizzeria until the opportunity came to take over the inn on the main square eight years ago. This new start gave him pause to reflect. "I asked myself, what exactly is our local cuisine?" he explained.

Patrick Teisseire serves sügeli with an osso bucco-style veal shank (Credit: Rémy Cortin)

The answer was just outside his door, in the high pre-alpine pastures where the Brigasque still graze during the warmer months. "I realised that absolutely all the cuisine that is practised here has a link with milk, sheep, shepherds and transhumance," he said. "So, I decided to bring that back to the kitchen and showcase it."

At the heart of cucina bianca is the practice of transhumance, or moving herds from the mountains to the coast. In autumn, after a summer spent grazing on grassy mountain slopes, shepherds and their families would traditionally guide their flocks towards the warmer coastal pastures for winter. By spring, they would be ready to return back inland.

To feed their families along the way, shepherds' wives cooked over a chimney fire in rustic shelters called malghe dotted along the route. With 1kg of flour alone, these resourceful women could make enough food to feed 10 people. "Meals usually involved just one dish that wasn't complicated or time-consuming to prepare, but still required a certain savoir-faire," Teisseire said.

Cucina bianca is characterised by ingredients like flour, potatoes, leeks and dairy (Credit: Auberge Saint Martin)

Wild herbs collected along their path, such as nettles and borage, seasoned the dishes. By nature, it was a diet almost totally free of meat, save for the occasional rabbit or game, the latter when it was hunting season. Olive oil was another precious commodity to be used sparingly, replaced by butter or, more commonly, milk.

Transhumance was at its height in the Roya valley during the 19th and early-20th Centuries, but the practice started to die out with the post-World War One rural exodus (at its most populated in 1848, La Brigue had 4,047 residents). With her husband, Francis, Martine Lanteri is one of the few remaining Brigasque sheep breeders. "We've been the only ones to continue with transhumance for about 25 years now. The only other local family stopped in the 1990s," said Lanteri.

Although four-wheeled trucks have long replaced two feet to cover the distance, the couple continued to move their herd to the Côte d'Azur towards Cannes for winter until health reasons stopped them two years ago. But today, Teisseire keeps them busy. "Every week, he's coming back for more brousse," she laughed.

Auberge Saint Martin is located in the small mountain village of La Brigue (Credit: Pango Visual)

For Teisseire, amid the current economic challenges and the climate crisis, this simple cuisine made from locally grown ingredients is more relevant than ever. "Cucina bianca is built around using only what is necessary and wasting nothing," he said. "It proves that people, at the time, were much more adapted to the land and what they had to cook."

And, as he breathes life back into a forgotten cuisine, he is also helping to revive a region that was cut off from the rest of France by devastating flash floods in 2020. The recovery from Storm Alex – which wiped out homes and infrastructure in the Roya valley and its neighbouring Vésubie valley and claimed 10 lives in the Alpes Maritimes – has been slow. But the promise of cucina bianca is drawing visitors back into the furthest corners of the valley. This summer, in partnership with a local tour operator, Teisseire is launching a week-long slow tourism itinerary along La Route de Cucina Bianca, an alpine route that links traditional transhumance communities on both sides of the French and Italian border.

"He's created a lot of work for himself," Lanteri said affectionately of her friend Teisseire. But driven by a passion for keeping his community and its traditions alive, he wouldn't change anything. "For me, cucina bianca is about reconnecting with nature," Teisseire said. "That's what I love about it."

Patrick Teisseire forms sügeli into gnocchi-like cubes (Credit: Auberge Saint Martin)

Sügeli recipeBy Patrick Teisseire

(serves 10)

1kg white flour1 tsp salt2 tbsp olive oil600g water

Method

Step 1Put the flour on the work surface and make a well in the middle. Add 1 tsp of salt, olive oil and water. Using your hands, mix the ingredients together until a ball of dough forms. Form the dough into a sausage shape, about 1cm thick. Using a knife, cut into gnocchi-like cubes, about 1½cm long.

Step 2Working on a floured wooden work surface, take a cube of the dough and turn it cut side up. Press it down with your thumb, then gently pull along the ridges (if there are any) of the wood surface with your thumb until you get a sügeli with seven pleats (or until the dough takes on the shape of a shell; making classic sügeli with its pleats takes practice to perfect and requires a ridged wooden work board). Repeat to form the remaining sügeli.

Step 3Bring a pot of salted water to a boil and cook the shells for approximately 10 minutes, but taste to check for doness as they are cooking. The shells are ready when they are floating and are just a little hard to the bite (al dente).

Step 4Drain, reserving ⅓ cup of the cooking water. Transfer the sügeli to a saucepan set over medium heat and add the reserved cooking water. Simmer for 5 minutes, or until the sügeli absorb the water. Season to taste and drizzle with extra virgin olive oil. Serve as an accompaniment to osso bucco or a hearty winter stew (drizzle with the cooking juices for extra flavour). 

BBC.com's World's Table "smashes the kitchen ceiling" by changing the way the world thinks about food, through the past, present and future.

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L'Humanité

Toulouse : Capitole de la lutte contre la réforme

Reportage

Distributions de tracts, manifestation monstre, cortège féministe, assemblée générale en fac et grève reconductible… La préfecture de Haute-Garonne a vécu une semaine au rythme des mobilisations contre le projet macroniste. Reportage.

Samuel Ravier-Regnat

Toulouse (Haute-Garonne), envoyé spécial.

«Mettre la France à l’arrêt » : l’objectif avait été affiché dès le 11 février par l’intersyndicale opposée à la réforme des retraites, avec pour échéance le 7 mars. À Toulouse, comme partout en France, la semaine a été rythmée par les manifestations et les grèves, reconduites dans certaines entreprises, en attendant la nouvelle journée de mobilisation prévue samedi. Notre récit.

Mardi 7 mars, 8 heures. « Notre objectif, c’est de mettre un gros bazar »

« Contre la réforme des retraites ! » Un paquet de tracts dans une main, un sac de madeleines dans l’autre, Émilie aborde par ce slogan synthétique les automobilistes à l’arrêt au niveau d’un rond-point de Ramonville-Saint-Agne, commune limitrophe de Toulouse.

C’est ici que convergent chaque matin des milliers de travailleurs de l’industrie aéronautique et spatiale, qui fait la fierté de la préfecture de Haute-Garonne. Ce mardi 7 mars, à l’occasion de la nouvelle journée de mobilisation annoncée par l’intersyndicale, la circulation est fortement ralentie depuis 7 heures du matin par les actions de tractage des grévistes qui laissent passer les voitures au compte-gouttes.

Vu sur le terrain : aux quatre coins du pays, la grève s’enracine

« Ça fait cinq fois qu’on manifeste et qu’il ne se passe pas grand-chose ensuite. On n’a pas le choix, on doit passer à la vitesse supérieure si on veut être entendus », pose Émilie, employée à l’Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement.

Derrière elle, des centaines de véhicules forment une longue file d’attente. « Notre objectif, c’est de mettre un gros bazar », revendique Benoît, délégué CGT chez Airbus Defence & Space, qui fabrique des satellites. Une cinquantaine de personnes sont présentes, bientôt rejointes par une trentaine d’autres, revenues d’un rond-point qu’elles ont bloqué pendant deux heures.

Un attelage disparate autoproclamé « citoyen », sans étiquette ni drapeau, où l’on croise « Gégé », 27 ans, qui avait participé aux manifestations des gilets jaunes en 2018 et en 2019. « Dans les deux mouvements, on part d’une revendication spécifique, mais au fond c’est tout le système qu’on veut remettre en cause », souffle-t-il.

Mardi 7 mars, 15 heures. « Une journée d’exception »

Frédéric est tout de noir vêtu, jusqu’au parapluie qui le protège de la pluie qui arrose la gigantesque manifestation toulousaine contre la réforme des retraites. Le trentenaire employé dans la cybersécurité était déjà des précédentes journées de mobilisation. « Nos dirigeants nous demandent de travailler deux ans de plus, mais ils n’ont jamais fait un travail physique de leur vie. Ils sont déconnectés de la réalité », peste-t-il.

Et de confier qu’il trouve « complètement justifiée » la volonté exprimée par l’intersyndicale de « mettre la France à l’arrêt » à partir du 7 mars. Dossard de la CFTC sur les épaules, Patricia, intérimaire dans l’énergie, abonde, mais souligne que la grève reconductible « n’est pas possible pour tout le monde en raison des fins de mois trop difficiles ».

7 mars. La France à l’arrêt, acte I

L’heure est à la détermination et à l’enthousiasme. Au diapason de la dynamique nationale, la mobilisation toulousaine atteint un niveau record : 120 000 manifestants selon l’intersyndicale (27 000 selon la police), soit l’affluence la plus élevée depuis le début du mouvement. « C’est une journée d’exception, malgré la pluie. Cela faisait des semaines qu’elle était dans les têtes de tout le monde », salue Marie-Cécile Perillat, cosecrétaire générale de la FSU en Haute-Garonne, qui se réjouit aussi de « l’installation dans la durée d’une dynamique de grève ».

Mercredi 8 mars, 12 h 30. « Les jeunes peuvent faire la différence »

Le Mirail, fac rouge. Fidèle à sa réputation de bastion de la lutte sociale, l’université toulousaine, rebaptisée Jean-Jaurès en 2014, est bariolée d’affiches et d’autocollants aux couleurs de la mobilisation contre la réforme des retraites. « Même si notre retraite arrive dans longtemps, on y pense. On veut aussi exprimer notre ras-le-bol face à ce que ce gouvernement propose à la jeunesse, c’est-à-dire la précarité de A à Z », expose Louise, étudiante en anglais de 23 ans, depuis le « quartier de lutte » établi par les protestataires, où l’on prépare des pâtes à la sauce tomate servie à prix libre aux étudiants dans le besoin.

« Quel avenir, si on ne se mobilise pas ? »

En face du bâtiment le Gai Savoir, occupé depuis quelques heures, des militantes achèvent à peine une peinture murale violette représentant une manifestation féministe, quand commence une assemblée générale avec une centaine de personnes. Beaucoup moins que lors des précédentes journées, regrettent les orateurs, qui discutent des moyens de « massifier » le mouvement. Pour faire basculer la contestation dans une autre dimension ? La présidente de l’Unef à Toulouse, Jessy Berger, l’espère : « Les jeunes ont une capacité de mobilisation énorme qui peut faire la différence. »

Mercredi 8 mars, 14 heures. « Touchez ni à ma retraite ni à mon cul ! »

« Est-ce que je manifeste contre la réforme des retraites ou pour la Journée internationale des droits des femmes ? Les deux ! Je suis une femme et à cause de la réforme je vais devoir travailler jusqu’à 64 ans, et même 67 ans si je veux une retraite complète. Ça me met en colère. » Aide-soignante en maternité, gréviste et syndiquée à SUD, Carole participe à la marche féministe qui emprunte le même parcours que la manifestation de la veille – mais cette fois sous le soleil.

Un large 8 mars aux forts accents sociaux

À 49 ans, elle s’est déjà résignée à « partir avec une petite retraite », comme ses collègues aux carrières hachées, nombreuses dans un métier essentiellement féminin. « Quand vous êtes aide-soignante, vous êtes pétée de partout à 50 ans. Soulever des patients, ça use ! » souligne-t-elle.

Professeure de français dans un lycée de l’Est toulousain, Marion, 45 ans, est là parce qu’elle « adore faire les manifestations du 8 mars », pour « l’énergie de dingue » qui s’en dégage. Gréviste la veille, elle souhaite une « convergence » avec les revendications féministes qui pourrait « donner un nouveau souffle » au mouvement.

Elle aussi s’imagine mal enseigner vingt années supplémentaires. « C’est un métier avec beaucoup de charge mentale. À 67 ans, j’ai peur d’être essorée », explique-t-elle. Le joyeux brouhaha des tambours et de la sono couvre sa voix.

Les slogans contre les violences faites aux femmes se succèdent, qui visent notamment le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, accusé de viol dans une affaire dans laquelle la justice a rendu une ordonnance de non-lieu en 2022. « Touchez ni à ma retraite, ni à mon cul ! » a écrit une étudiante au dos de sa veste. Comme une tentative de synthèse des mots d’ordre de la journée.

Jeudi 9 mars, 10 heures. « La date de fin du conflit, c’est quand Borne retire sa réforme »

Plusieurs centaines de véhicules bleus stationnent sur le parking de l’agence Enedis la plus importante de la métropole toulousaine, rue Marie-Laurencin. Des drapeaux cégétistes rouges annoncent la couleur : le site est occupé depuis la nuit du dimanche au lundi par des salariés décidés à « reprendre leur outil de travail » pour protester contre la réforme des retraites.

Plus aucun véhicule n’en sort, sauf pour les interventions d’urgence. « Tous les travaux de maintenance seront reportés aussi longtemps que nécessaire. Si ça dure, ça va créer un bordel monstre », prévient Thomas Bozonnet, coordinateur régional de la fédération mines-énergie de la CGT. Les grévistes protestent contre le recul à 64 ans de l’âge de départ à la retraite, mais aussi contre la suppression du régime spécial des travailleurs des industries électriques et gazières.

Ces derniers jours, ils ont enregistré le ralliement des salariés de l’agence Enedis de Saint-Alban, occupée depuis la mi-février. Des employés d’EDF, GRDF ou de RTE participent aussi au roulement qui permet au piquet de grève de tenir sur le temps long.

Au total, ils sont quelque 200 grévistes, ce jeudi matin, pour l’assemblée générale organisée dans le hangar reconverti en lieu de vie où sont entreposés les véhicules lourds. « Nous sommes en colère et le gouvernement ne nous entend pas. On va donc monter d’un cran et on ne s’interdira rien. On rentre en résistance », annonce à la tribune Majid Galla, secrétaire général CGT énergie Toulouse.

À l’unanimité, la reconduction de la grève est votée, avec de nouvelles actions de « mise en sobriété énergétique » (coupures d’électricité ciblées) dans la journée. « On ne va pas lâcher. La date de fin du conflit, pour nous, c’est quand Élisabeth Borne retire sa réforme », promet Thomas Bozonnet. 

Le rédacteur en chef d'un jour : « Les entreprises privées sont mobilisées »

On entend trop souvent – encore – dire que les grévistes sont des privilégiés, salariés du secteur public, avec un statut à part. Ce n’est pas le cas. Il existe beaucoup de débrayages dans les boîtes privées. C’est important de le rappeler et le cas d’Airbus est symbolique. Airbus Toulouse est l’un des plus gros sites industriels de France. Les salariés s’y mobilisent régulièrement et, aujourd’hui encore, contre cette réforme des retraites. Le 19 janvier, un salarié sur huit du géant de l’aéronautique a défilé dans les rues de Toulouse, soit près de 2 500 personnes. C’est d’autant plus symbolique, d’ailleurs, qu’on n’est pas là dans un bastion de la CGT. 

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L'Humanité

Les grévistes lancent l’opération « Sobriété énergétique »

ReportageRéforme des retraites

Samuel Eyene

Afin de protester contre le projet de réforme des retraites, des salariés de l’énergie ont privé de courant durant quelques heures le chantier du village olympique et le quartier du Stade de France.

On pourrait confondre la scène avec un flash mob : plus d’une centaine de personnes, bras levés, tête en avant, le corps tourné dans la même direction. Cette étrange chorégraphie s’appelle la « technique de la tortue ». « Tous les collègues se regroupent, de sorte que l’un d’entre eux réalise l’opération sans qu’on puisse l’identifier », explique l’un des grévistes.

Ce jeudi 9 mars, près de 300 agents de la fédération CGT des mines et de l’énergie (FNME) se sont réunis au poste source EDF Ampère (Seine-Saint-Denis) pour réaliser un coup d’éclat, l’opération « Sobriété énergique », comme ils l’appellent. Une fois la « tortue » mise en place, une dizaine d’entre eux accèdent au local technique pour y couper l’alimentation, tandis que les autres veillent. « Durant deux à trois heures, cette action a privé d’énergie le chantier du village olympique, tout le quartier de la zone commerciale du Stade de France et trois data centers », explique Sébastien Menesplier, secrétaire général CGT mines-énergie, lors d’un point de presse improvisé devant une forêt de micros tendus.

Non violente, l’initiative, qualifiée d’« historique » par les représentants syndicaux, est l’un des événements chocs pour s’opposer au projet de réforme des retraites. « Les électriciens et gaziers sont en grève reconductible pour obtenir le retrait du texte gouvernemental. Nous en appelons à la responsabilité du gouvernement et du président de la République », reprend Sébastien Menesplier. D’autant que l’opération a l’ambition de s’inscrire dans des modes d’action de plus en plus ciblés. « Aujourd’hui, on dit ce qu’on a à dire, on fait ce qu’on a à faire. Et si le gouvernement ne veut pas nous écouter, on coupe », résume un gréviste encapuchonné.

« Là, c’est politique »

L’affaire avait, bien sûr, été méticuleusement préparée. Une heure avant la coupure, les 300 participants convergent dans un gymnase de Saint-Denis. Avant d’embarquer dans cinq bus affrétés par la FNME-CGT francilienne, leurs représentants syndicaux leur rappellent le sens de l’initiative. « Il est hors de question qu’on nous enlève ce pour quoi on a cotisé, le régime spécial des travailleurs des industries électriques et gazières, défend Cédric Liechti, secrétaire général CGT énergie Paris. Arrêtons d’attendre qu’on nous tape dessus. Réagissons ! »

Arrivés devant le poste Ampère, ni la plupart des agents ni les journalistes prévenus la veille ne savent à quoi s’attendre, afin de conserver l’effet de surprise. Cagoules et fumigènes rouges sont alors de sortie et quelques chants entonnés. « Emmanuel Macron, président des patrons, il va faire tout noir chez toi », résonne dans la cour. « Là, c’est politique », s’amuse un gréviste.

Au vu du lieu hautement « symbolique » de l’action, « le gouvernement va nous traiter de terroristes, alors qu’on a juste coupé l’électricité. Mais ce n’est pas grave », anticipe Frédéric Probel, secrétaire général de la CGT énergie Bagneux. Parmi les parlementaires présents, Thomas Portes et Antoine Léaument pour la FI, Soumya Bourouaha et Stéphane Peu pour le PCF, ce dernier prend la parole : « Nous sommes à vos côtés jusqu’au bout. »

Samuel Eyene

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Marche féministe de nuit : les Rosies sur le devant de la scène

Reportage

Solène CahonAlexia Avril

Alors que le soleil disparaissait, les Rosies ont dansé et chanté à l’occasion de la marche féministe de nuit organisée à Paris le 6 mars par l’AG féministe Paris-Banlieue. 

Collectif féministe créé en 2019, pour dénoncer "l’impact genré du projet de réforme des retraites de Macron” ; les Rosies sont de retour pour lutter contre un deuxième projet de réforme qu’elle considèrent  “tout aussi injuste et injustifié”.

Pour l’occasion elles se sont données rendez-vous dans le 11ème arrondissement de Paris. Au programme : création de pancartes et répétition des chorégraphies, avant de se rendre à la marche de nuit où elles ont performé sur le parvis de l’Opéra Garnier. 

Habituellement organisée le 7 mars, veille de la journée internationale des droits des femmes, la manifestation résérvée aux femmes et aux personnes LGBTQIA+ a été décalée au 6 mars, pour laisser place au mouvement de grève contre la réforme des retraites. Après les multiples prises de paroles et flashmobs, le cortège a pris la route direction l’Hôtel de ville, avec à sa suite plus d’un millier de manifestants selon l’AFP.

journée internationale des droits des femmes
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Écoutez la France

Éditorial

Maurice Ulrich

Ils ont des yeux et ne voient pas, des oreilles et n’entendent pas. En tout cas, ils font semblant. Il y a quelque chose d’irréel à relire, par exemple, les propos de Gabriel Attal, le ministre du Budget, avant l’exceptionnelle mobilisation de mardi, évoquant « ceux qui triment » et seront pénalisés par les grèves, c’est-à-dire « les Français qui doivent se lever le matin, prendre leur métro, leur RER, leur voiture pour aller travailler ». Ou bien à lire tel éditorialiste qui, sans sortir à l’évidence de son bureau, a vu dans les cortèges « la routine d’un pays couleur sépia qui peine à regarder l’avenir dans les yeux et qui rejoue invariablement la même pièce ».

Venez voir le peuple dans les rues, de tous âges, de toutes professions, des syndicalistes chevronnés aux jeunes lycéennes et lycéens chantant et riant ; venez voir les Rosies dansant ou cette jeune femme qui a simplement écrit sur sa petite pancarte le mot : colère. Mesurez bien que plus des deux tiers des Français qui triment et se lèvent tôt soutiennent le mouvement. Et c’est à eux que le gouvernement voudrait opposer une fin de non-recevoir au prix de tractations et de manigances avec une droite qui ne trouve là qu’une occasion de se refaire, pour elle seule, une petite santé.

Mesurez le prix de cette cécité volontaire. Il ne s’agit pas de répondre ou non à des minorités agissantes ou à une France du passé. Ce qui est en jeu, c’est une véritable sédition du pouvoir et d’une partie du monde politique avec la large majorité de celles et ceux qui font la France d’aujourd’hui et celle de demain. Ce qui est en jeu, ce n’est pas de savoir si Emmanuel Macron va manger ou non son chapeau, va aller à Canossa ou essuyer un camouflet, s’il s’agit d’une défaite ou d’une victoire d’un camp ; ce qui est en jeu, c’est l’indispensable pacte social, fût-ce a minima, entre le pays et ceux qui sont en charge de légiférer et de gouverner, et sans lequel la démocratie n’est plus qu’un vain mot. Le peuple, on ne le flatte pas en serrant des mains derrière les cordons de police lors de déplacements officiels. Le peuple vit, crée et lutte. Écoutez la France.

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L'Humanité

Vu sur le terrain : aux quatre coins du pays, la grève s’enracine

Actu

Après une nouvelle mobilisation historique, les syndicats veulent amplifier la dynamique par des débrayages reconductibles dans les entreprises. Sur le terrain, la résistance s’organise.

Cyprien BogandaSamuel EyeneMarie ToulgoatNaïm Sakhi

Dans les transports en commun, les raffineries ou les ports, une même conviction : les manifestations, aussi massives soient-elles (celle du 7 mars a attiré 3,5 millions de personnes dans les rues, selon la CGT), ne suffiront pas à faire fléchir l’exécutif.

Désormais, l’objectif est de multiplier les grèves reconductibles pour peser sur l’économie, tout en évitant le piège de la grève par procuration, dans laquelle une minorité de travailleurs organisés montent au front, soutenus par la « majorité silencieuse ».

Retraites. 65% des Français pour la grève reconductible dès ce 7 mars

« Nous sommes entrés dans une nouvelle phase du mouvement, assure Emmanuel Lépine, secrétaire national de la Fnic-CGT (industries chimiques). Il nous faut désormais maintenir ce niveau de mobilisation et élargir le mouvement au maximum de secteurs de l’économie. »

Ce mercredi, en tout cas, les secteurs clés étaient toujours à la bagarre. Dans les raffineries de TotalEnergies, les installations fonctionnent toujours, mais les expéditions sont bloquées. La CGT fait état de taux de grève oscillant entre 70 et 100 % sur les différents sites, signe que la journée du 7 mars a gonflé les voiles de la mobilisation. Quant aux quatre terminaux méthaniers portuaires permettant d’importer du gaz naturel liquéfié en France et à l’ensemble des stockages de gaz où il y a du personnel, ils étaient toujours bloqués.

Dans l’énergie, plus de 15 000 mégawatts ont été retirés du réseau par les grévistes des centrales thermiques et nucléaires, un niveau « historique », selon la CGT. Les transports en commun et les ports poursuivent également le mouvement (voir plus bas). De Paris au Havre, l’Humanité est allée à la rencontre des salariés concernés pour comprendre comment ils organisent la résistance.

À la gare de Lyon, une reconduction et des soulagements

« Ce matin, j’ai entendu que 15 000 personnes étaient dans la rue à Blois. Je pensais qu’il n’y avait que le château, là-bas. » La satisfaction de ce cheminot, au micro de l’assemblée générale de la gare de Lyon, ce mercredi, tranche avec la mobilisation de 2019 contre la réforme des retraites à points. « Dans les aéroports, les ports & docks, les raffineries, le gaz, la liste des secteurs en reconduction est longue, la grève est ancrée, poursuit Berenger Cernon (CGT). Non, cette fois-ci, les cheminots ne sont pas seuls. »

Chez les agents grévistes du Sud-Est parisien, le soulagement est de mise. Ce mercredi, second jour de grève reconductible, 40 % des agents de l’axe Paris sud-est et 95 % des conducteurs sont en grève. « Le 7 mars était formidable. Police et syndicats s’accordent à dire qu’il s’agissait de la plus grosse mobilisation sociale depuis quarante ans ! Comment pourrions-nous être déçus par cette démonstration de force ? » souligne Fabien Villedieu, délégué syndical SUD rail, pour encourager les agents à poursuivre le mouvement.

Pour autant, Berenger Cernon souligne « l’état d’esprit paradoxal » parmi les grévistes. « Il y a du monde dans les rues et, à la SNCF, le taux de grévistes est encourageant, mais il n’y a pas de volonté collective d’aller au carton contre la réforme », enchaîne le cégétiste. À la SNCF, la crainte est que la reconduction ne s’estompe, ce week-end. La journée d’action interprofessionnelle de samedi, à laquelle ont appelé les confédérations syndicales, est un atout pour déjouer ce piège. « Il y avait, le 7 mars, 39 % de grévistes, tous collèges confondus, du jamais-vu après un mois et demi de mobilisation depuis vingt ans, insiste Daniel Teirlynck (Unsa). Le silence du gouvernement entraînera de la violence, ce qui n’est pas notre volonté. »

Dans un hangar de la SNCF, la reconduction à la gare de Lyon a été votée par les plus de 80 grévistes présents. Avant, pour ces derniers, de rejoindre la place de la République pour la manifestation féministe. « L’égalité salariale, c’est 5,5 milliards de cotisations pour les retraites », rappelle Fabien Villedieu. Et Radia, une gréviste, de conclure : « Nous donnons la vie mais sommes les moins payées et les plus précaires. Les femmes doivent se rendre dans la rue. »

Sur le rond-point d’Élancourt, « on ira jusqu’au bout »

Autour du rond-point, les bruits d’avertisseurs se font entendre à intervalles réguliers. Les passants en voiture ont bien compris le mot d’ordre : « Un Klaxon = un soutien », affiche une pancarte exhibée à l’entrée du croisement. Sur le rond-point du Commando-Kieffer, à Élancourt (Yvelines), ils sont une trentaine de participants réunis en assemblée générale, ce mercredi 8 mars.

Au lendemain d’une grève qui a rassemblé un nombre historique de manifestants, les salariés d’Airbus, présents, se tournent déjà vers l’avenir. « Nous n’allons rien lâcher, nous irons jusqu’au bout », avertit Pascal. Déterminé, ce développeur en informatique et délégué syndical CGT invite les participants à « durcir » le mouvement de lutte.

Et il n’est pas seul. Tour à tour, les syndicalistes se passent le micro. Des représentants d’autres secteurs d’activité sont venus apporter leur soutien. Ils exhortent les uns les autres à poursuivre la lutte. « Les agents sont très motivés. Nous sommes venus pour soutenir la mobilisation aux côtés des salariés d’Airbus », explique Morgan, électricien chez Enedis.

Pour lui, la grève par procuration n’est pas une option. « Nous avons décidé d’appliquer la sobriété énergétique », plaisante-t-il au sujet des modes d’action utilisés par les grévistes de son entreprise. De fait, ils ont décidé de faire des coupures d’électricité ciblées. D’autres initiatives tentent de voir le jour. Benoît, chimiste chez Thales et délégué CGT Île-de-France, parle de « quête au drapeau ». « Nous demandons aux salariés qui le souhaitent de soutenir financièrement les mobilisations. Puis nous redistribuons les fonds obtenus aux caisses de grève », explique-t-il.

À quelques pas, Aude, enseignante en CP, fait également preuve de ténacité. « Pour faire reculer la réforme des retraites, il faut se mobiliser. Qui peut imaginer un enseignant encore en classe à 64 ans ? » s’agace la syndicaliste FSU. Pour arriver jusqu’au lieu d’échanges, elle a fait vingt minutes de route avec son fils. Il est important d’agir, pour elle. « Je n’ai pas pu aller à Paris ce 7 mars, mais il faut montrer notre présence. Les gens sont là, ils occupent le terrain. Il faut le rappeler. » Et ce samedi 11 mars, nouvelle journée de mobilisation annoncée par l’intersyndicale, en est l’occasion toute trouvée.

Au Havre, les dockers immobilisent le port

Ports morts. Aucune marchandise ne rentre, aucune ne sort. À l’appel de leur fédération CGT, les dockers du Havre (Seine-Maritime) ont immobilisé le port, ce mardi, au lendemain d’une première journée de grève. « La différence avec une grève de 24 heures, c’est que, cette fois-ci, on occupe les lieux », détaille Jérémie Julien, secrétaire général adjoint de la CGT des ouvriers dockers du Havre.

L’appel n’est pas resté sans réponse : dès 5 heures ce matin, les nombreux dockers de la cité seinomarine ont bloqué les points d’entrée de six terminaux de la ville, rendant impossible tout déchargement de cargaison. Pour le deuxième jour de suite, 100 % d’entre eux étaient en grève.

À l’abri de la pluie dans des conteneurs convertis en cabanes, les travailleurs ont condamné l’accès aux débarcadères par de grands feux de pneus, dont la fumée s’est répandue jusqu’au centre-ville. Pour les travailleurs des docks, impossible d’accepter que la réforme des retraites soit entérinée.

« À 45 ans, nos collègues ont le dos en vrac. J’ai 30 ans et je suis déjà usé par la fatigue », souffle Alex, docker de Rouen travaillant au terminal de Radicatel (Saint-Jean-de-Folleville), que ses collègues du Havre sont venus soutenir. Du fait de la nature pénible de leur métier et de leur exposition à l’amiante jusqu’en 2004, certains peuvent aujourd’hui partir à la retraite à 55 ans. Un âge de départ que ferait reculer la réforme. Les plus jeunes recrues, dont l’exposition aux fibres toxiques n’est pas reconnue, pourraient partir à la retraite à 60 ans au lieu de 58 ans, inenvisageable pour beaucoup.

Une assemblée générale fédérale, ce 9 mars, devrait décider de la suite du mouvement des dockers et établir un calendrier d’actions à partir du 13 mars. « On est dans l’optique de l’élévation du mouvement », confie Jérémie Julien, qui espère que les autres secteurs décident également l’intensification de la lutte. En attendant, les ouvriers restent déterminés à tenir tête au gouvernement en interrompant complètement l’activité portuaire, jusqu’à la levée de leur blocage dans la nuit. « On n’est pas habitués à se laisser faire », glisse Florent, salarié de GMP, à deux pas de l’ancienne centrale thermique du Havre.

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La Marine nationale va aider les pays du golfe de Guinée à lutter contre la pêche illégale

par Laurent Lagneau · 4 mars 2023

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L’une des plus anciennes opérations militaires françaises en Afrique n’est pas terrestre… mais navale. En effet, depuis 1990, dans le cadre de l’opération Corymbe, la France déploie régulièrement un ou deux navires dans le golfe de Guinée afin de contribuer à la sécurisation de cette zone, en lien avec la plupart des marines des dix-neuf pays riverains.

« La France s’appuie sur les liens qu’elle a su tisser et entretenir depuis plus de 30 ans avec les partenaires de la région, notamment grâce aux différents mandats de l’opération Corymbe, ainsi que sur son expertise et son modèle national en matière d’Action de l’État en mer [AEM]. Elle accompagne ainsi la montée en puissance des marines riveraines et, dans le même temps, partage ses savoir-faire afin de permettre aux États riverains d’assurer eux-mêmes la sécurisation de leurs espaces maritimes », explique en effet le ministère des Armées.

En 2013, et notamment afin de faire face à une piraterie maritime alors en plein essor, les pays riverains ont adopté une stratégie régionale commune de sécurité maritime qui, appelée « architecture de Yaoundé », vise à renforcer la coopération entre leurs forces navales respectives. Et, depuis, l’une des tâches « prioritaires » de l’opération Corymbe est justement de soutenir cette architecture de sécurité maritime.

Traversé par de nombreux flux maritimes, le golfe de Guinée ne manque pas d’enjeux sécuritaires… Mais c’est surtout de piraterie maritime qu’il a été question au cours de ces dernières années, dans la mesure où ce phénomème a eu tendance à prendre de plus en plus d’ampleur, selon les rapports régulièrement établis par le Bureau maritime international [BMI] et, plus récemment, par le Centre d’analyse et d’évaluation de la situation de sûreté maritime mondiale [MICA Center] de la Marine nationale, installé à Brest.

Face à cette situation, les armateurs mirent la pression sur les États européens en appelant à une « coalition » contre la piraterie. Le plus important d’entre eux étant le danois Maersk, le Danemark y répondit favorablement, en mai 2021. « Si nous voulons vraiment maîtriser la sécurité dans le golfe de Guinée, une présence militaire internationale est nécessaire. Du côté danois, nous essayons de faire en sorte que davantage de pays prennent leurs responsabilités », avait ainsi expliqué Copenhague.

Cela étant, le phénomène de la piraterie maritime a masqué d’autres enjeux sécuritaires sans doute encore plus importants [et qui en étaient probablement la cause…], comme la pêche illégale, notamment pratiquée à grande échelle par la Chine.

Quoi qu’il en soit, et d’une façon assez étonnante, les actes de piraterie et de brigandage maritimes ont chuté significativement, passée de 115 incidents en 2020 à seulement 16 entre entre javier et juin 2022. Si les actions de sécurisation maritime ont sans doute eu un rôle dans cette évolution, elles n’expliquent pas tout, comme l’ont relevé les sénateurs Bernard Fournier et François Bonneau, dans un rapport sur le golfe de Guinée qu’ils viennent de remettre.

Ainsi, selon les spécialistes de la région, le « facteur déterminant » de cette diminution sensible des actes de piraterie serait « plutôt à rechercher à l’intérieur du Nigeria », les « les troubles politiques et sociaux majeurs dans le delta du Niger [ayant] sans doute joué un rôle essentiel dans le développement de la piraterie dans les années 2010 », a expliqué M. Fournier, lors de l’examen du rapport en commission. « Inversement, l’approche des élections présidentielles au Nigeria a probablement un lien avec la diminution des attaques, tout comme, à l’inverse, l’augmentation massive du pillage des oléoducs à terre, 80% de la production étant volée! », a-t-il ajouté.

S’ils ne préconisent pas de baisser la garde en matière de lutte contre la piraterie, les deux rapporteurs estiment en revanche que davantage d’efforts sont à faire pour contre « deux autres menaces peut-être encore plus grave », dont la pêche illégale et les trafics illicites, en particulier de drogues, à destination de l’Europe.

S’agissant de la pêche illégale, elle est le fait de « bateaux souvent chinois ou russes, qui prélèvent des quantités dépassant les capacités de reconstitution des stocks ». Et cela alors que plus de sept millions de personnes dans la région vivent des ressources de la mer, qui plus est à un moment où « le nombre de personnes en situation d’insécurité alimentaire en Afrique de l’Ouest et dans le golfe de Guinée a doublé en deux ans ».

Selon le MICA Center, la pêche illégale, non déclarée et non réglementée [INN], qui s’accompagne par ailleurs de « multiples trafics », en particulier de pétrole, « demeure le facteur prédominant d’instabilité économique dans le golfe de Guinée car elle maintient une forte pression sur les stocks halieutiques au détriment des populations locales. Le développement des usines de farine et d’huile de poisson accentue encore le phénomène » dans la mesure où celle-ci « ne cible plus les espèces lucratives démersales mais au contraire les petits pélagiques migrateurs […] qui représentent pourtant la pêche privilégiée des pêcheurs artisanaux et les espèces les plus consommées par les populations ouest africaines ».

Cette question a d’ailleurs été au menu d’une réunion organisée cette semaine à Brest, dans le cadre de l’architecture de Yaoundé. Ainsi, les représentants de la Marine nationale et des forces navales des pays riverains sont convenues de faire désormais porter les efforts sur la lutte contre la pêche illégale et le trafic de drogues.

« Depuis un certain temps, l’accent a été mis sur la piraterie. Il est temps que nous concentrions notre action sur la lutte contre la pêche illégale », a en effet déclaré le contre-amiral nigérian Istifanus Albara, le directeur du centre régional de sécurité maritime de l’Afrique de l’Ouest. « S’attaquer à la pêche illégale est une de nos principales priorités actuellement à cause des bénéfices que cela peut avoir pour nos économies et pour la sécurité alimentaire », a-t-il insisté.

Ce qu’a confirmé l’amiral Olivier Lebas, le commandant de la zone maritime Atlantique, dont relève l’opération Corymbe. « On ne va pas se focaliser sur la lutte contre la piraterie qui est très à la mode chez nous », a-t-il dit. « Notre coopération s’attache à traiter de manière égale toutes les difficultés de la sécurité maritime dans la zone, vu du prisme africain et non pas européen seulement », a-t-il précisé, citant la lutte contre la pêche illégale, les trafics et les pollutions.

Selon l’amiral Lebas, « entre 40 et 50% des captures de pêches seraient faites illégalement » dans le golfe de Guinée, ce qui représente un à deux milliards de dollars de « ressources perdues » chaque année. « Les pêcheurs locaux ont de plus en plus de mal à vivre de leur pêche. Ils prennent de plus en plus de risques, sont obligés d’aller plus loin car la ressource se tarit, avec des bateaux pas forcément adaptés », ce qui provoque ds « morts en mer », a-t-il expliqué.

Photo : Opération Corymbe – Marine nationale

La Marine nationale va aider les pays du golfe de Guinée à lutter contre la pêche illégale

par Laurent Lagneau · 4 mars 2023

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L’une des plus anciennes opérations militaires françaises en Afrique n’est pas terrestre… mais navale. En effet, depuis 1990, dans le cadre de l’opération Corymbe, la France déploie régulièrement un ou deux navires dans le golfe de Guinée afin de contribuer à la sécurisation de cette zone, en lien avec la plupart des marines des dix-neuf pays riverains.

« La France s’appuie sur les liens qu’elle a su tisser et entretenir depuis plus de 30 ans avec les partenaires de la région, notamment grâce aux différents mandats de l’opération Corymbe, ainsi que sur son expertise et son modèle national en matière d’Action de l’État en mer [AEM]. Elle accompagne ainsi la montée en puissance des marines riveraines et, dans le même temps, partage ses savoir-faire afin de permettre aux États riverains d’assurer eux-mêmes la sécurisation de leurs espaces maritimes », explique en effet le ministère des Armées.

En 2013, et notamment afin de faire face à une piraterie maritime alors en plein essor, les pays riverains ont adopté une stratégie régionale commune de sécurité maritime qui, appelée « architecture de Yaoundé », vise à renforcer la coopération entre leurs forces navales respectives. Et, depuis, l’une des tâches « prioritaires » de l’opération Corymbe est justement de soutenir cette architecture de sécurité maritime.

Traversé par de nombreux flux maritimes, le golfe de Guinée ne manque pas d’enjeux sécuritaires… Mais c’est surtout de piraterie maritime qu’il a été question au cours de ces dernières années, dans la mesure où ce phénomème a eu tendance à prendre de plus en plus d’ampleur, selon les rapports régulièrement établis par le Bureau maritime international [BMI] et, plus récemment, par le Centre d’analyse et d’évaluation de la situation de sûreté maritime mondiale [MICA Center] de la Marine nationale, installé à Brest.

Face à cette situation, les armateurs mirent la pression sur les États européens en appelant à une « coalition » contre la piraterie. Le plus important d’entre eux étant le danois Maersk, le Danemark y répondit favorablement, en mai 2021. « Si nous voulons vraiment maîtriser la sécurité dans le golfe de Guinée, une présence militaire internationale est nécessaire. Du côté danois, nous essayons de faire en sorte que davantage de pays prennent leurs responsabilités », avait ainsi expliqué Copenhague.

Cela étant, le phénomène de la piraterie maritime a masqué d’autres enjeux sécuritaires sans doute encore plus importants [et qui en étaient probablement la cause…], comme la pêche illégale, notamment pratiquée à grande échelle par la Chine.

Quoi qu’il en soit, et d’une façon assez étonnante, les actes de piraterie et de brigandage maritimes ont chuté significativement, passée de 115 incidents en 2020 à seulement 16 entre entre javier et juin 2022. Si les actions de sécurisation maritime ont sans doute eu un rôle dans cette évolution, elles n’expliquent pas tout, comme l’ont relevé les sénateurs Bernard Fournier et François Bonneau, dans un rapport sur le golfe de Guinée qu’ils viennent de remettre.

Ainsi, selon les spécialistes de la région, le « facteur déterminant » de cette diminution sensible des actes de piraterie serait « plutôt à rechercher à l’intérieur du Nigeria », les « les troubles politiques et sociaux majeurs dans le delta du Niger [ayant] sans doute joué un rôle essentiel dans le développement de la piraterie dans les années 2010 », a expliqué M. Fournier, lors de l’examen du rapport en commission. « Inversement, l’approche des élections présidentielles au Nigeria a probablement un lien avec la diminution des attaques, tout comme, à l’inverse, l’augmentation massive du pillage des oléoducs à terre, 80% de la production étant volée! », a-t-il ajouté.

S’ils ne préconisent pas de baisser la garde en matière de lutte contre la piraterie, les deux rapporteurs estiment en revanche que davantage d’efforts sont à faire pour contre « deux autres menaces peut-être encore plus grave », dont la pêche illégale et les trafics illicites, en particulier de drogues, à destination de l’Europe.

S’agissant de la pêche illégale, elle est le fait de « bateaux souvent chinois ou russes, qui prélèvent des quantités dépassant les capacités de reconstitution des stocks ». Et cela alors que plus de sept millions de personnes dans la région vivent des ressources de la mer, qui plus est à un moment où « le nombre de personnes en situation d’insécurité alimentaire en Afrique de l’Ouest et dans le golfe de Guinée a doublé en deux ans ».

Selon le MICA Center, la pêche illégale, non déclarée et non réglementée [INN], qui s’accompagne par ailleurs de « multiples trafics », en particulier de pétrole, « demeure le facteur prédominant d’instabilité économique dans le golfe de Guinée car elle maintient une forte pression sur les stocks halieutiques au détriment des populations locales. Le développement des usines de farine et d’huile de poisson accentue encore le phénomène » dans la mesure où celle-ci « ne cible plus les espèces lucratives démersales mais au contraire les petits pélagiques migrateurs […] qui représentent pourtant la pêche privilégiée des pêcheurs artisanaux et les espèces les plus consommées par les populations ouest africaines ».

Cette question a d’ailleurs été au menu d’une réunion organisée cette semaine à Brest, dans le cadre de l’architecture de Yaoundé. Ainsi, les représentants de la Marine nationale et des forces navales des pays riverains sont convenues de faire désormais porter les efforts sur la lutte contre la pêche illégale et le trafic de drogues.

« Depuis un certain temps, l’accent a été mis sur la piraterie. Il est temps que nous concentrions notre action sur la lutte contre la pêche illégale », a en effet déclaré le contre-amiral nigérian Istifanus Albara, le directeur du centre régional de sécurité maritime de l’Afrique de l’Ouest. « S’attaquer à la pêche illégale est une de nos principales priorités actuellement à cause des bénéfices que cela peut avoir pour nos économies et pour la sécurité alimentaire », a-t-il insisté.

Ce qu’a confirmé l’amiral Olivier Lebas, le commandant de la zone maritime Atlantique, dont relève l’opération Corymbe. « On ne va pas se focaliser sur la lutte contre la piraterie qui est très à la mode chez nous », a-t-il dit. « Notre coopération s’attache à traiter de manière égale toutes les difficultés de la sécurité maritime dans la zone, vu du prisme africain et non pas européen seulement », a-t-il précisé, citant la lutte contre la pêche illégale, les trafics et les pollutions.

Selon l’amiral Lebas, « entre 40 et 50% des captures de pêches seraient faites illégalement » dans le golfe de Guinée, ce qui représente un à deux milliards de dollars de « ressources perdues » chaque année. « Les pêcheurs locaux ont de plus en plus de mal à vivre de leur pêche. Ils prennent de plus en plus de risques, sont obligés d’aller plus loin car la ressource se tarit, avec des bateaux pas forcément adaptés », ce qui provoque ds « morts en mer », a-t-il expliqué.

Photo : Opération Corymbe – Marine nationale

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L’une des plus anciennes opérations militaires françaises en Afrique n’est pas terrestre… mais navale. En effet, depuis 1990, dans le cadre de l’opération Corymbe, la France déploie régulièrement un ou deux navires dans le golfe de Guinée afin de contribuer à la sécurisation de cette zone, en lien avec la plupart des marines des dix-neuf pays riverains.

« La France s’appuie sur les liens qu’elle a su tisser et entretenir depuis plus de 30 ans avec les partenaires de la région, notamment grâce aux différents mandats de l’opération Corymbe, ainsi que sur son expertise et son modèle national en matière d’Action de l’État en mer [AEM]. Elle accompagne ainsi la montée en puissance des marines riveraines et, dans le même temps, partage ses savoir-faire afin de permettre aux États riverains d’assurer eux-mêmes la sécurisation de leurs espaces maritimes », explique en effet le ministère des Armées.

En 2013, et notamment afin de faire face à une piraterie maritime alors en plein essor, les pays riverains ont adopté une stratégie régionale commune de sécurité maritime qui, appelée « architecture de Yaoundé », vise à renforcer la coopération entre leurs forces navales respectives. Et, depuis, l’une des tâches « prioritaires » de l’opération Corymbe est justement de soutenir cette architecture de sécurité maritime.

Traversé par de nombreux flux maritimes, le golfe de Guinée ne manque pas d’enjeux sécuritaires… Mais c’est surtout de piraterie maritime qu’il a été question au cours de ces dernières années, dans la mesure où ce phénomème a eu tendance à prendre de plus en plus d’ampleur, selon les rapports régulièrement établis par le Bureau maritime international [BMI] et, plus récemment, par le Centre d’analyse et d’évaluation de la situation de sûreté maritime mondiale [MICA Center] de la Marine nationale, installé à Brest.

Face à cette situation, les armateurs mirent la pression sur les États européens en appelant à une « coalition » contre la piraterie. Le plus important d’entre eux étant le danois Maersk, le Danemark y répondit favorablement, en mai 2021. « Si nous voulons vraiment maîtriser la sécurité dans le golfe de Guinée, une présence militaire internationale est nécessaire. Du côté danois, nous essayons de faire en sorte que davantage de pays prennent leurs responsabilités », avait ainsi expliqué Copenhague.

Cela étant, le phénomène de la piraterie maritime a masqué d’autres enjeux sécuritaires sans doute encore plus importants [et qui en étaient probablement la cause…], comme la pêche illégale, notamment pratiquée à grande échelle par la Chine.

Quoi qu’il en soit, et d’une façon assez étonnante, les actes de piraterie et de brigandage maritimes ont chuté significativement, passée de 115 incidents en 2020 à seulement 16 entre entre javier et juin 2022. Si les actions de sécurisation maritime ont sans doute eu un rôle dans cette évolution, elles n’expliquent pas tout, comme l’ont relevé les sénateurs Bernard Fournier et François Bonneau, dans un rapport sur le golfe de Guinée qu’ils viennent de remettre.

Ainsi, selon les spécialistes de la région, le « facteur déterminant » de cette diminution sensible des actes de piraterie serait « plutôt à rechercher à l’intérieur du Nigeria », les « les troubles politiques et sociaux majeurs dans le delta du Niger [ayant] sans doute joué un rôle essentiel dans le développement de la piraterie dans les années 2010 », a expliqué M. Fournier, lors de l’examen du rapport en commission. « Inversement, l’approche des élections présidentielles au Nigeria a probablement un lien avec la diminution des attaques, tout comme, à l’inverse, l’augmentation massive du pillage des oléoducs à terre, 80% de la production étant volée! », a-t-il ajouté.

S’ils ne préconisent pas de baisser la garde en matière de lutte contre la piraterie, les deux rapporteurs estiment en revanche que davantage d’efforts sont à faire pour contre « deux autres menaces peut-être encore plus grave », dont la pêche illégale et les trafics illicites, en particulier de drogues, à destination de l’Europe.

S’agissant de la pêche illégale, elle est le fait de « bateaux souvent chinois ou russes, qui prélèvent des quantités dépassant les capacités de reconstitution des stocks ». Et cela alors que plus de sept millions de personnes dans la région vivent des ressources de la mer, qui plus est à un moment où « le nombre de personnes en situation d’insécurité alimentaire en Afrique de l’Ouest et dans le golfe de Guinée a doublé en deux ans ».

Selon le MICA Center, la pêche illégale, non déclarée et non réglementée [INN], qui s’accompagne par ailleurs de « multiples trafics », en particulier de pétrole, « demeure le facteur prédominant d’instabilité économique dans le golfe de Guinée car elle maintient une forte pression sur les stocks halieutiques au détriment des populations locales. Le développement des usines de farine et d’huile de poisson accentue encore le phénomène » dans la mesure où celle-ci « ne cible plus les espèces lucratives démersales mais au contraire les petits pélagiques migrateurs […] qui représentent pourtant la pêche privilégiée des pêcheurs artisanaux et les espèces les plus consommées par les populations ouest africaines ».

Cette question a d’ailleurs été au menu d’une réunion organisée cette semaine à Brest, dans le cadre de l’architecture de Yaoundé. Ainsi, les représentants de la Marine nationale et des forces navales des pays riverains sont convenues de faire désormais porter les efforts sur la lutte contre la pêche illégale et le trafic de drogues.

« Depuis un certain temps, l’accent a été mis sur la piraterie. Il est temps que nous concentrions notre action sur la lutte contre la pêche illégale », a en effet déclaré le contre-amiral nigérian Istifanus Albara, le directeur du centre régional de sécurité maritime de l’Afrique de l’Ouest. « S’attaquer à la pêche illégale est une de nos principales priorités actuellement à cause des bénéfices que cela peut avoir pour nos économies et pour la sécurité alimentaire », a-t-il insisté.

Ce qu’a confirmé l’amiral Olivier Lebas, le commandant de la zone maritime Atlantique, dont relève l’opération Corymbe. « On ne va pas se focaliser sur la lutte contre la piraterie qui est très à la mode chez nous », a-t-il dit. « Notre coopération s’attache à traiter de manière égale toutes les difficultés de la sécurité maritime dans la zone, vu du prisme africain et non pas européen seulement », a-t-il précisé, citant la lutte contre la pêche illégale, les trafics et les pollutions.

Selon l’amiral Lebas, « entre 40 et 50% des captures de pêches seraient faites illégalement » dans le golfe de Guinée, ce qui représente un à deux milliards de dollars de « ressources perdues » chaque année. « Les pêcheurs locaux ont de plus en plus de mal à vivre de leur pêche. Ils prennent de plus en plus de risques, sont obligés d’aller plus loin car la ressource se tarit, avec des bateaux pas forcément adaptés », ce qui provoque ds « morts en mer », a-t-il expliqué.

Photo : Opération Corymbe – Marine nationale

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L’une des plus anciennes opérations militaires françaises en Afrique n’est pas terrestre… mais navale. En effet, depuis 1990, dans le cadre de l’opération Corymbe, la France déploie régulièrement un ou deux navires dans le golfe de Guinée afin de contribuer à la sécurisation de cette zone, en lien avec la plupart des marines des dix-neuf pays riverains.

« La France s’appuie sur les liens qu’elle a su tisser et entretenir depuis plus de 30 ans avec les partenaires de la région, notamment grâce aux différents mandats de l’opération Corymbe, ainsi que sur son expertise et son modèle national en matière d’Action de l’État en mer [AEM]. Elle accompagne ainsi la montée en puissance des marines riveraines et, dans le même temps, partage ses savoir-faire afin de permettre aux États riverains d’assurer eux-mêmes la sécurisation de leurs espaces maritimes », explique en effet le ministère des Armées.

En 2013, et notamment afin de faire face à une piraterie maritime alors en plein essor, les pays riverains ont adopté une stratégie régionale commune de sécurité maritime qui, appelée « architecture de Yaoundé », vise à renforcer la coopération entre leurs forces navales respectives. Et, depuis, l’une des tâches « prioritaires » de l’opération Corymbe est justement de soutenir cette architecture de sécurité maritime.

Traversé par de nombreux flux maritimes, le golfe de Guinée ne manque pas d’enjeux sécuritaires… Mais c’est surtout de piraterie maritime qu’il a été question au cours de ces dernières années, dans la mesure où ce phénomème a eu tendance à prendre de plus en plus d’ampleur, selon les rapports régulièrement établis par le Bureau maritime international [BMI] et, plus récemment, par le Centre d’analyse et d’évaluation de la situation de sûreté maritime mondiale [MICA Center] de la Marine nationale, installé à Brest.

Face à cette situation, les armateurs mirent la pression sur les États européens en appelant à une « coalition » contre la piraterie. Le plus important d’entre eux étant le danois Maersk, le Danemark y répondit favorablement, en mai 2021. « Si nous voulons vraiment maîtriser la sécurité dans le golfe de Guinée, une présence militaire internationale est nécessaire. Du côté danois, nous essayons de faire en sorte que davantage de pays prennent leurs responsabilités », avait ainsi expliqué Copenhague.

Cela étant, le phénomène de la piraterie maritime a masqué d’autres enjeux sécuritaires sans doute encore plus importants [et qui en étaient probablement la cause…], comme la pêche illégale, notamment pratiquée à grande échelle par la Chine.

Quoi qu’il en soit, et d’une façon assez étonnante, les actes de piraterie et de brigandage maritimes ont chuté significativement, passée de 115 incidents en 2020 à seulement 16 entre entre javier et juin 2022. Si les actions de sécurisation maritime ont sans doute eu un rôle dans cette évolution, elles n’expliquent pas tout, comme l’ont relevé les sénateurs Bernard Fournier et François Bonneau, dans un rapport sur le golfe de Guinée qu’ils viennent de remettre.

Ainsi, selon les spécialistes de la région, le « facteur déterminant » de cette diminution sensible des actes de piraterie serait « plutôt à rechercher à l’intérieur du Nigeria », les « les troubles politiques et sociaux majeurs dans le delta du Niger [ayant] sans doute joué un rôle essentiel dans le développement de la piraterie dans les années 2010 », a expliqué M. Fournier, lors de l’examen du rapport en commission. « Inversement, l’approche des élections présidentielles au Nigeria a probablement un lien avec la diminution des attaques, tout comme, à l’inverse, l’augmentation massive du pillage des oléoducs à terre, 80% de la production étant volée! », a-t-il ajouté.

S’ils ne préconisent pas de baisser la garde en matière de lutte contre la piraterie, les deux rapporteurs estiment en revanche que davantage d’efforts sont à faire pour contre « deux autres menaces peut-être encore plus grave », dont la pêche illégale et les trafics illicites, en particulier de drogues, à destination de l’Europe.

S’agissant de la pêche illégale, elle est le fait de « bateaux souvent chinois ou russes, qui prélèvent des quantités dépassant les capacités de reconstitution des stocks ». Et cela alors que plus de sept millions de personnes dans la région vivent des ressources de la mer, qui plus est à un moment où « le nombre de personnes en situation d’insécurité alimentaire en Afrique de l’Ouest et dans le golfe de Guinée a doublé en deux ans ».

Selon le MICA Center, la pêche illégale, non déclarée et non réglementée [INN], qui s’accompagne par ailleurs de « multiples trafics », en particulier de pétrole, « demeure le facteur prédominant d’instabilité économique dans le golfe de Guinée car elle maintient une forte pression sur les stocks halieutiques au détriment des populations locales. Le développement des usines de farine et d’huile de poisson accentue encore le phénomène » dans la mesure où celle-ci « ne cible plus les espèces lucratives démersales mais au contraire les petits pélagiques migrateurs […] qui représentent pourtant la pêche privilégiée des pêcheurs artisanaux et les espèces les plus consommées par les populations ouest africaines ».

Cette question a d’ailleurs été au menu d’une réunion organisée cette semaine à Brest, dans le cadre de l’architecture de Yaoundé. Ainsi, les représentants de la Marine nationale et des forces navales des pays riverains sont convenues de faire désormais porter les efforts sur la lutte contre la pêche illégale et le trafic de drogues.

« Depuis un certain temps, l’accent a été mis sur la piraterie. Il est temps que nous concentrions notre action sur la lutte contre la pêche illégale », a en effet déclaré le contre-amiral nigérian Istifanus Albara, le directeur du centre régional de sécurité maritime de l’Afrique de l’Ouest. « S’attaquer à la pêche illégale est une de nos principales priorités actuellement à cause des bénéfices que cela peut avoir pour nos économies et pour la sécurité alimentaire », a-t-il insisté.

Ce qu’a confirmé l’amiral Olivier Lebas, le commandant de la zone maritime Atlantique, dont relève l’opération Corymbe. « On ne va pas se focaliser sur la lutte contre la piraterie qui est très à la mode chez nous », a-t-il dit. « Notre coopération s’attache à traiter de manière égale toutes les difficultés de la sécurité maritime dans la zone, vu du prisme africain et non pas européen seulement », a-t-il précisé, citant la lutte contre la pêche illégale, les trafics et les pollutions.

Selon l’amiral Lebas, « entre 40 et 50% des captures de pêches seraient faites illégalement » dans le golfe de Guinée, ce qui représente un à deux milliards de dollars de « ressources perdues » chaque année. « Les pêcheurs locaux ont de plus en plus de mal à vivre de leur pêche. Ils prennent de plus en plus de risques, sont obligés d’aller plus loin car la ressource se tarit, avec des bateaux pas forcément adaptés », ce qui provoque ds « morts en mer », a-t-il expliqué.

Photo : Opération Corymbe – Marine nationale

L'Humanité

À Rennes, les moins de 20 ans en première ligne des mobilisations

Reportage

Alors que plusieurs organisations de jeunesse appellent à se mobiliser ce jeudi 9 mars, les militants présents lors des manifestations des 7 et 8 mars témoignent de leur volonté de lutter dans la durée. Contre la réforme des retraites, mais pas seulement. Reportage.

Rennes (Ille-et-Vilaine), correspondance particulière.

Des regards fatigués, un cortège de tête nerveux et un parfum d’adrénaline. Ce mardi 7 mars, à Rennes, la jeunesse est, encore une fois, en première ligne de la manifestation contre la réforme des retraites. Fin des vacances scolaires oblige, les rangs sont plus serrés que lors de la journée du 16 février et la tension bien plus palpable avec, en marge du parcours officiel, plusieurs centaines de militants qui ont décidé de faire face aux forces de sécurité une bonne partie de l’après-midi.

Sur le pavé, étudiants et lycéens ne sont pas là pour un baroud d’honneur. Cette journée du 7 n’est qu’une étape dans une lutte de longue haleine. Et la prochaine date est déjà cochée : ce jeudi 9 mars, pour laquelle plusieurs organisations de jeunesse, comme l’Unef et la Fage, appellent à se mobiliser.

La capitale bretonne souvent fer de lance des mobilisations étudiantes

Mais, dans la capitale bretonne, souvent fer de lance des mobilisations étudiantes, la dynamique est encore balbutiante. Quand auront lieu les assemblées générales ? Faut-il organiser des actions chocs en plus des blocages d’établissements ? Beaucoup se questionnent encore. Mais toutes et tous affichent la volonté de participer au mouvement sur la durée.

Comme Inès, 17 ans, rencontrée pendant la manifestation rennaise, entre les canons à eau et autres gaz lacrymogènes. La jeune femme raconte avoir participé au blocage de la RN 24 dans la nuit de lundi à mardi, un axe de circulation vers Lorient, très emprunté. « C’était sympa à vivre et intéressant de participer à un réel blocage économique, d’inciter les gens à nous rejoindre en manifestation », explique l’élève à Rennes-II, membre de l’Union pirate, l’organisation étudiante majoritaire. Son établissement est bloqué depuis lundi. Comme celui de l’université de Lorraine ou encore de Lille-II.

Un sentiment d’impuissance

Pour beaucoup d’étudiants rennais, la réforme des retraites est une lutte parmi d’autres. Dans la tête d’Inès, s’ajoutent la fronde contre le service national universel (SNU), l’inquiétude face à l’urgence climatique, l’inflation, les inégalités hommes-femmes… Chaque grief se nourrit des autres. Et le ressentiment est fort. « On veut faire plier Macron et lui prouver que la jeunesse va se battre jusqu’au bout pour un avenir durable. »

Ils prennent le relais le 9 mars : « Les jeunes rejettent le projet de société que Macron leur propose »

Bloquer leur établissement, c’est le souhait de Malo et Axel, lycéens rencontrés en tête de cortège. Mais le blocage n’est jamais simple. Il faut prendre en compte la géographie des lieux, son historique militant, le soutien du corps enseignant, la légitimité de l’action, la réaction de l’administration, voire même la météo.

Pour les deux amis, cela n’a pas encore fonctionné. Ce matin-là, par exemple, « il y a eu beaucoup trop de bouchons. Les professeurs n’ont pas pu nous aider, même si l’idée venait d’eux », avance le premier. Pour lui, le but de cette semaine de lutte et de celles à venir est d’apporter du changement dans leur vie. « J’ai envie d’être écouté. »

« On voit bien que ce n’est pas comme ça qu’on va développer un rapport de force »

Leur camarade Sam, membre de la section lycéenne de l’Union pirate, est du même avis. La jeune femme de 16 ans a participé à plusieurs blocages. Une certaine impatience commence à se faire sentir. « On en est à quoi, 4 ou 5 manifestations ? Pourtant, ça n’a rien changé. L’État est déjà en train de faire passer des articles de sa réforme. On voit bien que ce n’est pas comme ça qu’on va développer un rapport de force. »

L'Humatinale

Du lundi au vendredi, l’actu essentielle décryptée par la rédaction de l’Humanité.

Quoi qu’il en soit, pour Marius, 17 ans et membre des Jeunes insoumis, il faut continuer à « massifier le mouvement. (…) L’enjeu, c’est d’aller chercher les gens, de les convaincre de nous rejoindre pour prouver que l’on n’est pas une minorité ». Mais l’étudiant rennais pointe aussi l’importance de se renouveler, d’innover pour faire face à une certaine lassitude, un sentiment d’impuissance. « Le souci avec les formes de mobilisation classiques, c’est qu’elles ont été intégrées par le système. C’est de plus en plus difficile d’en faire ressortir quelque chose. »

Mobilisations retraitesRéforme des retraitesJeunesserennes
L'Humanité

À Nantes, la CFDT a réussi son retour sur le terrain

Actu

Les cortèges orange sont très fournis depuis le début des mobilisations contre la réforme des retraites. Une visibilité qui témoigne d’une nouvelle stratégie de la centrale syndicale, plus combative face à un dialogue social en panne.

Clotilde Mathieu

Nantes (Loire-Atlantique), envoyée spéciale.

«S’il y a un report de l’âge légal de départ en retraite à 64 ou 65 ans, la CFDT se mobilisera pour contester cette réforme », avait prévenu, début janvier, Laurent Berger. Deux mois plus tard, ses troupes sont en mouvement. À Nantes, sur le parvis de la gare, à la croisée des trams, comme sur les lieux de vie et de travail du département, les « adhérents », comme ils s’appellent, s’activent. Un travail de terrain qu’il leur a fallu réapprendre. Depuis quelques années, l’activité syndicale des représentants élus des salariés s’est focalisée sur la vie de l’entreprise. Les mouvements sociaux étaient concentrés sur les salaires, les conditions de travail ou lors de plans sociaux, spécifie Odile Denis, coordinatrice au sein de la CFDT de la Loire-Atlantique. « Les manifestations ne faisaient plus partie de notre activité », confie Viviane, permanente en charge des droits des femmes. Si bien que les militants cédétistes avaient « perdu quelques réflexes », sourit, de son côté, le secrétaire général de la CFDT départementale, Éric Malo. Après deux manifestations, les « automatismes » sont revenus, annonce Matthias, permanent du syndicat, chargé de la formation.

Une base qui pousse

La vie militante a été aussi aménagée. En plus du conseil aux élus, les permanents ont consacré une partie de leur temps à la réussite des journées d’action inter­professionnelles. « Nous nous sommes réparti­ les rôles », développe Éric Malo, chargé des relations avec l’intersyndicale. Odile Denis est, quant à elle, responsable des initiatives. Cette dernière a également la lourde tâche d’œuvrer auprès des petites sections, nombreuses à la CFDT, composées d’un à quelques adhérents dans lesquelles « il est plus difficile de faire bouger les collègues, de s’affirmer face à l’employeur pour dire “je vais faire grève” ».

Anthony, dirigeant de la section syndicale du sous-traitant automobile Vibracoustic à Carquefou, à l’est de Nantes, a composé la semaine dernière le numéro de téléphone d’Odile pour organiser une action, hors de son usine, afin d’élargir la mobilisation. Quelques jours plus tard, bravant le froid, dès 7 heures du matin, Anthony, Karine, Yannick, avec quelques syndiqués d’autres sociétés, ont sorti leurs équipements militants pour se répartir les feux tricolores du carrefour menant aux sites industriels. Une initiative « incroyable », plébiscitée par les sourires et les coups de Klaxon des automobilistes matinaux. Des encouragements reçus cinq sur cinq par Yannick, élu CFDT d’une usine voisine, spécialiste des plastiques pour l’automobile : « Cela fait un bout de temps qu’on n’était pas sortis ! »

Cet ouvrier, qui compte les jours avant la retraite, n’a pas toujours été en accord avec les « hautes sphères » de son syndicat, battant plusieurs fois le pavé « sans étiquette » avec les autres organisations syndicales. Heureusement, Laurent Berger a été « poussé­ par sa base », juge-t-il. Et il est « impeccable ». Car, contre cette réforme si injuste, qui pénalise « en premier lieu les ouvriers, il n’est pas question de céder », martèle Yannick. À 59 ans, l’opérateur est dans un « sale état », les épaules et les poignets surtout.

Ne pas renier sa singularité

Cette nouvelle orientation a été plébiscitée lors du dernier congrès, en juin, explique Anthony. « Il y a une envie de montrer de l’orange autrement qu’à travers la réunion, en rendant visible une CFDT telle qu’elle est, abonde, de son côté, Matthias . Et pas comme certains la voient, “vendue aux patrons”. » D’autant que, « si Laurent Berger a durci le ton, c’est parce que le dialogue social n’est pas de haute qualité dans les entreprises, ni même au niveau du gouvernement, qui a du mal à avoir une écoute ». Mais cela ne signifie pas déserter la table des négociations, qui, soulignent-ils, donne des résultats. Ni de renier la singularité du syndicalisme cédétiste.

Cette identité, Karine compte bien la préserver. Elle pointe notamment la différence de contenus sur le sujet des retraites avec ses homologues de la CGT, mais aussi les modalités d’action. « Je ne suis pas pour couper l’électricité ni pour le blocage. » Dans sa section, une action « journée de la canne » pour les non-grévistes a été mise en place. L’objet en bois, bombé en orange, a été fabriqué par les militants pour que les salariés, notamment les non-grévistes, puissent signifier leur opposition au projet, en concertation avec le patron. Des « opérations de communication » qui permettront de peser encore sur l’opinion publique, et jugées plus efficaces pour faire reculer le gouvernement que la grève, selon la militante. « Les deux ne s’opposent pas », tranche, de son côté, Éric Malo, content que le rythme des « gros rendez-vous » se poursuive, en plus des débrayages décidés entreprise par entreprise. 

CFDTRéforme des retraitesnantesLaurent Berger
L'Humanité

Un large 8 mars aux forts accents sociaux

Reportage

La réforme des retraites était très présente en cette Journée internationale des droits des femmes. Ces dernières en seraient les premières victimes. L’égalité salariale résoudrait pourtant les problèmes de financement du régime...

Pierric Marissal

Si ce 8 mars restait une journée de toutes les luttes pour les droits des femmes, il revêtait, forcément, actualité sociale oblige, une couleur particulière. Les hommages aux femmes kurdes assassinées en janvier étaient bien présents dans le cortège parisien, comme les dénonciations de toutes les violences sexuelles et sexistes.

« C’est une grande journée de solidarité pour que l’égalité femmes-hommes ne soit pas qu’un plan com », résume la députée communiste Elsa Faucillon. « Et on sait qu’on n’atteindra pas cette égalité sans un minimum de contrainte, de coercition   », assure-t-elle.

Contre l’injustice, les femmes montent au front

Contraindre et sanctionner les entreprises qui ne corrigent pas l'écart des salaires 

Avec la Nupes, elle venait de déposer, le matin même, une proposition de loi en ce sens : il ne s’agit pas seulement de mesurer l’écart des salaires, qui est encore de 28 %, il faut contraindre, sanctionner les entreprises qui ne le corrigent pas. Et lutter contre les temps partiels subis qui explosent, et qui, à plus de 80 %, concernent les femmes.

8 mars : la Nupes propose une loi pour revaloriser les « premières de corvée » 

Les seules mesures en ce sens, présentées par Élisabeth Borne la veille, sont l’extension de l’index sur l’égalité salariale à la fonction publique et au conditionnement de l’accès aux marchés publics aux entreprises disposant d’une bonne note, selon l’index. C’est-à-dire 92 % d’entre elles… puisque la moyenne des évaluations est de 88 sur 100.

L’Ugict-CGT dénonce avec force pédagogie la vacuité de l’indice : le score n’est absolument pas transparent. Ni les syndicats ni l’inspection du travail n’ont accès au mode de calcul. Le calcul des écarts de rémunération s’effectue en équivalents temps plein, donc les temps partiels ne sont pas comptabilisés comme tels, pourtant c’est la situation de 30 % des femmes… Les exemples de l’inutilité de cet index sont nombreux.

Venu manifester sous son drapeau Solidaires Infor­matique, Marc Rutschlé en apporte une nouvelle preuve. Les studios du fleuron français du jeu vidéo, Ubisoft, pour qui il travaille, ont tous d’excellentes notes. « Le harcèlement sexuel systémique dans l’entreprise, qu’on dénonce après plusieurs scandales, n’est même pas pris en compte, alors comment voulez-vous qu’on prenne cet index au sérieux ? » balaye-t-il en haussant les épaules.

L’égalité salariale rapporterait 5,5 milliards d’euros en cotisations sociales

Pour atteindre l’égalité salariale, les syndicats ne sont pas avares de propositions. Ils suggèrent, par exemple, d’aligner les cotisations sociales des temps partiels sur les temps pleins pour dissuader les employeurs d’abuser de ces contrats précaires largement occupés par les femmes. L’Ugict alerte aussi sur les plafonds de verre comme les plafonds de mères qui perdurent, et demande la création d’un indicateur obligatoire pour suivre les carrières des hommes et des femmes.

Autre argument massue, l’égalité salariale rapporterait 5,5 milliards d’euros en cotisations sociales. «   Ce chiffre vient d’une étude de la Caisse nationale d’assurance-vieillesse, qui pointe que la hausse des cotisations s’élèverait à 18,5 milliards d’euros quand celle des pensions des femmes coûterait 13 milliards, explique Caroline Blanchot, de l’Ugict. Mais ce chiffrage a été fait il y a une dizaine d’années et ne prend en compte que le régime général, pas les complémentaires, ni les régimes spéciaux. On est en train de rafraîchir le calcul. On pense qu’une véritable égalité salariale comblerait largement le trou prévu dans les caisses de retraite, qui est devenu l’obsession du gouvernement. »

Plus du double de rassemblements et manifestations que d’habitude pour un 8 mars 

C’est donc logiquement que la lutte contre la réforme des retraites se retrouvait en haut des pancartes dans la manifestation parisienne. « Les deux mobilisations se sont nourries et, du fait du contexte social, il y a plus du double de rassemblements et manifestations que d’habitude pour un 8 mars », souligne Murielle Guilbert, codéléguée générale de Solidaires.

Réforme des retraites : Ils légifèrent, elles s’usent au travail

L’eurodéputée FI, Manon Aubry, résume la journée ainsi : «   Les femmes sont les premières victimes de la réforme des retraites, alors qu’elles devraient être la solution. Et avec l’égalité salariale, pas avec leur utérus ! » précise-t-elle, en faisant référence à cette idée qui fait à nouveau florès à l’extrême droite et à droite de régler le problème du financement des retraites par la hausse de la natalité.

«  C’est encore leur délire de grand remplacement, ils veulent que les femmes restent au foyer pour faire des enfants et bloquer l’immigration. C’est à la fois sexiste, réactionnaire et xénophobe ! s’emporte Julia, militante féministe. On a peur aussi qu’une politique dite de natalité n’implique un recul des droits à la contraception. C’est aussi pour ça qu’on se bat pour inscrire l’IVG dans la Constitution. »

Journée du 8 marsdroits des femmesÉgalité hommes femmeségalité salariale
BBC

Ukraine war: Why Russia’s infrastructure strikes strategy isn’t working

This is the first big, coordinated wave of Russian attacks on Ukraine's power infrastructure in almost a month.

While there has been some targeting of power facilities in recent weeks, this has been the longest gap since the attacks began in early October.

A much-anticipated wave of strikes to mark the first anniversary of Russia's full scale invasion on 24 February failed to materialise - though this probably said more about media expectations than Russia's actual strategy.

But the increasingly sporadic nature of Russia's infrastructure attacks is notable.

Western officials believe this indicates a shortage of the kind of precision-guided weaponry - especially missiles - needed to carry out such attacks with any measure of effectiveness.

"It takes them that long to get a number of precision weapons together before they can mount a packaged event strike," was how one official put it earlier this week.

Ukraine's military has also become quite adept at intercepting incoming missiles and drones.

Preliminary data suggests that a significant proportion of the weapons used today were shot down, including more than 70% of the cruise missiles and half the drones.

According to Valerii Zaluzhnyi, commander-in-chief of the Ukrainian army, another eight missiles were thwarted by what he described as "organized countermeasures".

But clearly, judging by reports from all over the country, others found their mark.

Some weapons, like the long range Kh-22 anti-ship missile, which dives steeply onto its target from an extremely high altitude, are hard to intercept.

The same goes for the S-300 anti-aircraft missile, which was never designed to attack targets on the ground but which has been increasingly used in this role over the course of the past six months.

Military analysts will pore over the latest data, looking for what Russia's choice of weapons indicates about Moscow's tactics and remaining stocks.

Before today's attacks, observers had begun to wonder whether Russia would persist with a strategy that doesn't appear to be working.

Despite the enormous damage inflicted on Ukraine's power grid over the past six months, the country has not been brought to its knees and most Ukrainians have long since become accustomed to power cuts, inconvenience and the occasional danger.

Ukraine's engineers have successfully kept power flowing across the country, despite losing scores of transformers, switches and other key components of the country's infrastructure.

In Kyiv and other cities, street lights have recently been switched back on, offering relief to pedestrians used to making their way along darkened pavements with only their mobile phones to light the way.

But the situation remains precarious and officials know that Russia is still able to cause immense damage. The question is: For how long?

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Watch: Drone footage posted by Ukrainian official shows Lviv debris after Russian strike

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L'Humanité

« C’est un truc de grand, t’occupes » : les jeunes sommés de ne pas s’intéresser aux retraites

Actu

Alors que des dizaines de lycées et universités sont bloqués dans le pays et que les organisations de jeunesse mèneront les cortèges du 9 mars, les soutiens de la réforme des retraites multiplient les propos méprisants. 

Cyprien Caddeo

Se soucier à 16 ou 20 ans d’à quelle sauce on sera mangé à 64, est-ce une aberration ? C’est ce que soutiennent les laudateurs de la réforme des retraites, qui se désespèrent de voir la jeunesse rejoindre la mobilisation. Le 9 mars, ce sont d’ailleurs les organisations de jeunes qui mèneront les cortèges. 

Outre les attaques de comptes macronistes sur les réseaux sociaux face aux « bloqueurs » ( « branleur », « commence par trouver un taf », « jeunesse endoctrinée », « c’est un truc de grand, t’occupes », liste non exhaustive), cette rhétorique est alimentée par certains éditorialistes (de plus de 50 ans).

Dans le Figaro, Nicolas Bouzou voit dans le refus des jeunes de travailler deux ans de plus alors qu’ils n’ont même pas commencé leur premier job « un signe de déclin ». Même dans Libération, Jean Quatremer estime qu’à cet âge, il vaudrait mieux « penser à réussir sa vie »« Tout est bon pour les enrôler contre une réforme, qui, en réalité, ne les concerne pas », écrit Sophie Coignard dans le Point, fustigeant la gauche qui tenterait de les manipuler.

Les moteurs du dénigrement

Jeunesse malléable, jeunesse déjà fainéante, tels sont les moteurs de ce dénigrement. Les mêmes s’indigneront sans doute dans d’autres éditos de ces jeunes qui se désintéressent de la politique, passent leur temps sur leur smartphone et ne pensent qu’à nourrir leurs réseaux et leur surmoi. Et ignoreront l’anxiété - climatique, économique, sociale - qui parcourt la jeunesse. 

Ceux qui regrettent que les jeunes se sentent concernés par la réforme oublient de dire que la catégorie qui y est la moins opposée sont les gens déjà en retraite. Ceux qui, pour le coup, ne seront vraiment pas concernés par les changements paramétriques des pensions. Et craignent un effondrement du financement de leurs droits actuels sans la réforme. Un socle électoral essentiel pour les macronistes, premiers chez les plus de 60 ans.

Le souvenir des jonctions de mai 68 entre le monde ouvrier et étudiant

La majorité présidentielle ne se soucie donc pas des jeunes, qui ne sont pas sa cible électorale, tant qu’ils ne viennent pas perturber ses plans. La mobilisation des organisations de jeunesse aux côtés des syndicats ravive les souvenirs des jonctions de mai 68 entre le monde ouvrier et le monde étudiant.

Alors, au lieu de répondre sur le fond aux revendications, il faut là encore dénigrer toute action. L’organisation de jeunesse du pouvoir, les Jeunes avec Macron, s’en charge par la voix de son président, Ambroise Méjean : « Les blocages dans les universités sont toujours le fait d’une minorité qui en fait un rite annuel. Ce sont d’ailleurs les mêmes qui dénoncent le manque de moyens pour les étudiants et dégradent les locaux tous les ans. » 

À Matignon, des « rencontres de la jeunesse »

Au même moment, Elisabeth Borne se félicite d’avoir organisé des « rencontres de la jeunesse » à Matignon sur l’avenir professionnel, le 3 mars : « à leur âge, tout doit être possible ! » Même la retraite à 60 ans ? Discuter de la réforme n’était pas au programme.

« Les jeunes, il faut surtout leur dire attention, si on ne fait rien c’est vous qui allez rembourser les dettes contractées pour payer les retraites », déclare quant à lui le député Renaissance Mohamed Laqhila, sur les ondes de France Bleu Provence, pour tenter de calmer l’opposition.

« Le jeune » est sommé de ne pas s’inquiéter pour ses conditions de travail dans 40 ans mais en revanche de bien penser à la dette publique sur les cinq prochaines décennies. Gare à ce que la jeunesse qui se sent concernée ne finisse pas consternée.

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L'Humanité

Bombe(s)

Chronique

Jean-Emmanuel Ducoin

Nasse Les mensonges éhontés comme les ruses politiques de bas étage laissent toujours des traces. Même le quotidien du soir le Monde, dans un éditorial assez cinglant, le notait ainsi cette semaine : « Qui comprend encore la finalité du projet de réforme des retraites qui a été tour à tour présenté comme le moyen de financer les grands chantiers du quinquennat, puis comme la condition sine qua non pour sauver le régime par répartition, puis comme une façon de renforcer “la justice sociale” et “l’équité” ? » Ironique, le journal ajoutait : « Au point d’incompréhension où il est arrivé, le mieux que peut espérer l’exécutif est que “Les Républicains” acceptent de lui sauver la mise la semaine prochaine à l’Assemblée nationale. Il n’en est même pas sûr. » Mac Macron et sa Première sinistre sont dans la nasse, d’autant que, par une malice délicieusement orchestrée, la majorité sénatoriale de droite débutait l’examen du report de l’âge légal de départ à la retraite (le fameux article 7) au lendemain même où les syndicats réussissaient une nouvelle démonstration de force dans la rue (plus de 3 millions de manifestants) et par les grèves (massives), une journée qui constituera, quoi qu’il arrive, l’un de ces moments historiques de notre Histoire sociale.

Rejet Nous voilà donc « aux jours d’après », assurément les plus décisifs, sachant que la bataille de l’opinion paraît définitivement perdue pour Mac Macron. Une passionnante enquête d’opinion réalisée par le collectif de chercheurs Quantité critique conforte ce qui n’est plus une impression, mais bien une réalité. « L’opposition à la réforme, qui ne cesse de s’intensifier, touche toutes les catégories d’actifs et est majoritaire chez toutes les personnes en activité », signale d’emblée l’étude. Ce rejet massif, certes plus fort dans les professions intermédiaires, les employés et les ouvriers, reste ultradominant aussi chez les cadres : 64 %. Vous avez bien lu ! Signalons que cette opposition est moins nettement dominante chez les 65 ans et plus (43 % favorables, 44 % opposés) et évidemment chez les personnes déclarant un niveau de revenus nets supérieur à 4 000 euros par mois (51 % favorables, 42 % opposés). Le collectif Quantité critique précise : « Le soutien aux manifestants, aux grèves et aux blocages atteste de la perte de légitimité du gouvernement et de la possibilité d’un élargissement de la contestation dans les jours à venir. » La seule vraie interrogation, en vérité.

Tournant L’étude nous apprend par ailleurs un fait qui n’a rien d’anodin : le rejet de la réforme est très proche dans le privé (69 %) et le public (74 %). Le collectif reconnaît que, « loin de se concentrer dans des foyers de contestations classiques, le combat touche toutes les catégories d’actifs à des niveaux très élevés », ce qui renverrait directement à « la détérioration des conditions d’emploi et de travail ». Personne ne montrera son étonnement de savoir que l’opposition atteint 82 % chez celles et ceux qui ont choisi quatre qualificatifs négatifs parmi les quatre suivants ( « stressant », « dangereux », « répétitif » et « fatigant ») pour décrire leur propre activité professionnelle. Selon le collectif, pas de doute : « La volonté de s’émanciper de la marchandisation du travail est au cœur du débat », bien qu’il ne faille pas confondre secteurs d’activité (fortement syndicalisés) et individus. Ces derniers, souvent isolés et pas toujours armés pour se mobiliser, alimentent l’opposition dans les sondages mais, sans surprise, constituent dans le même temps une sorte de frein à l’action. Dès lors, nous le savons tous, le mouvement se situe à un tournant entre « la grève par procuration », dont témoignent 46 % d’actifs soutenant la contestation sans y participer, et le recours à la grève (40 %), à la manifestation (43 %) ou aux actions de blocage (35 %). Le bloc-noteur n’oublie pas deux autres chiffres. Le premier vient lui aussi de l’enquête de Quantité critique : 15 % des actifs n’ont pas encore participé à la mobilisation mais se disent « prêts à le faire ». Le second est issu du sondage Ifop réalisé pour l’Humanité : 65 % des Français se déclarent « favorables » à la grève reconductible. Une véritable bombe sociale et politique.

Réforme des retraitesLe bloc-notes de Jean-Emmanuel Ducoin
L'Humanité

Retraites. Emmanuel Macron, l'intenable silence

Actu

Les dirigeants des principales organisations syndicales interpellent le chef de l’État dans une lettre ouverte, pour l’exhorter à rouvrir le dialogue. L’intéressé laisse la majorité gérer le dossier, quitte à ce que son entêtement menace la démocratie.

Cyprien BogandaCyprien Caddeo

Il est toujours périlleux de miser sur le pourris­sement d’une situation. Depuis des semaines, l’exécutif fait le pari d’un essoufflement du mouvement social, tout en fermant la porte aux revendications des syndicats. Mais les niveaux de mobilisation (la journée du 7 mars a réuni plus de 3,5 millions de personnes dans les rues, selon la CGT), de même que les sondages d’opinion quasi quotidiens témoignent d’une colère grandissante.

Désormais, les salariés ont entamé le deuxième acte du mouvement social, mêlant démonstrations de force sur le pavé et grèves reconductibles dans les entreprises, dont les effets commencent à se faire sentir. Ce jeudi 9 mars, la SNCF a été en mesure de faire rouler un tiers de ses TGV seulement, comme la journée précédente. Dans les raffineries, les blocages se poursuivent, tandis que les quatre terminaux méthaniers français recevant les importations de gaz naturel liquéfié (GNL) sont toujours à l’arrêt.

Vu sur le terrain : aux quatre coins du pays, la grève s’enracine

Autant dire que le vote de l’article 7 (contenant le recul de l’âge légal) au Sénat n’a fait qu’envenimer les choses. Sur les piquets de grève, certains salariés n’écartent pas l’hypothèse d’une radicalisation. Dans ce contexte hautement inflammable, les dirigeants syndicaux demandent officiellement à Emmanuel Macron de sortir du bois, en acceptant enfin de les recevoir.

Seulement 32% des Français soutiennent le texte

Dans une lettre ouverte publiée ce jeudi, ils commencent par planter le décor, en soulignant que le projet présidentiel d’un recul de l’âge légal à 64 ans, couplé à une accélération de l’allongement de la durée de cotisation, est massivement rejeté par l’intersyndicale et l’opinion publique. Seulement 32 % des Français soutiennent le texte, d’après un sondage réalisé par l’Ifop cette semaine.

Retraites. 65% des Français pour la grève reconductible dès ce 7 mars

« De puissantes manifestations ont été organisées (…), réunissant à chaque fois des millions de personnes pour exprimer le rejet » de la réforme, constatent les dirigeants, qui appellent à une nouvelle journée de mobilisation samedi 11 mars.

Ces derniers savent qu’ils peuvent compter sur l’appui de l’opinion publique, qui soutient non seulement les manifestations mais aussi les blocages. « Dans l’urgence de ce moment, et la gravité de ses conséquences, les organisations constituant l’intersyndicale expriment, ensemble, la demande de vous rencontrer », écrivent les responsables syndicaux au chef de l’État… Qui se mure obstinément dans le silence.

Y a-t-il seulement un président pour défendre la réforme ?

Y a-t-il seulement un président pour défendre la réforme ? Emmanuel Macron, l’hyperprésident actif sur tous les dossiers, a pris ses distances avec celui, bouillant, des retraites, alors même qu’il avait incarné personnellement cette mesure lors de la présidentielle.

« C’est une situation étonnante, relève le politologue Luc Rouban. Le chef de l’État s’est souvent mis en avant en reléguant les premiers ministres à un rôle technique. Il a, cette fois, ressuscité le rôle de fusible du premier ministre pour les besoins de la cause : il laisse Élisabeth Borne endosser ce rôle politique, et pourra toujours la sacrifier si cela tourne mal. »

Hormis deux sorties rapides à Rungis et au Salon de l’agriculture, Emmanuel Macron laisse sa majorité gérer l’opposition massive au projet. « La porte est toujours ouverte », ânonne-t-on sans trop y croire côté Matignon, alors que les échanges avec les syndicats sont au point mort.

Une « situation qui pourrait devenir explosive »

Car il n’est toujours pas question pour la majorité d’entendre les protestations de la rue : « Il y a confrontation de deux types de légitimité, politique et sociale. On est dans un État de droit, donc la légitimité politique doit prévaloir », assure la députée Renaissance Astrid Panosyan-Bouvet. Comprendre, celle du Parlement. C’est dans les deux assemblées que se jouerait désormais le texte, et non plus dans la négociation syndicale. Un silence taxé de « grave problème démocratique » par l’intersyndicale, dans son courrier envoyé à l’Élysée. Les signataires alertent sur une «  situation qui pourrait devenir explosive ».

Mais la Macronie, à court terme, a tout intérêt à faire la sourde oreille. Elle sait qu’elle n’a de chance de victoire qu’au Parlement, où elle a usé de tous les stratagèmes légaux pour contraindre le débat et s’offrir la possibilité, en dernière instance, de passer sa loi même en l’absence d’un vote de la représentation nationale.

Retraites. À l'Assemblée, un débat sans vote qui va laisser des traces

Dernier en date, au Sénat, l’usage de l’article 38 du règlement intérieur de la Chambre haute pour précipiter les débats, malgré les protestations de la gauche. « Le règlement organise notre vie commune, s’étrangle le sénateur communiste Fabien Gay. Quand on vient à l’utiliser pour régler une question politique, on est au bord de la crise démocratique. »

Toutes les pistes démocratiques avancées par l'opposition ont été rejetées

Il n’y a pas qu’à l’Assemblée nationale ou au Sénat que la séquence va laisser des traces. Si la réforme venait à passer, quel message serait envoyé aux Français ? Le texte aura été adopté contre l’opinion majoritaire, contre les salariés, dans un débat volontairement précipité et potentiellement sans avoir été voté.

Toutes les pistes démocratiques avancées par l’opposition, comme un référendum sur les retraites, voire une dissolution (évoquée par la FI) de l’Assemblée pour régler la question par les urnes, ont été rejetées. L’exécutif nourrit ad nauseam la défiance des Français envers la politique.

Faute de prise en compte des manifestations et des grèves, les concernés sont laissés face à deux options : l’acceptation, de guerre lasse, de leur impuissance, ou la radicalisation des moyens de s’opposer. Double peine pour la démocratie. Avec, à la fin des courses, un probable grand gagnant : le RN.

« Pour Macron, c’est après moi, le déluge. Il est en train de mettre Marine Le Pen au pouvoir », soupire Philippe Martinez, secrétaire général de la CGT . « La méfiance ne profite pas à la gauche, souligne Luc Rouban. Si la réforme passe, le premier bénéficiaire en sera le Rassemblement national qui pourra dire, “vous voyez, la gauche a échoué, les syndicats ont échoué, l’alternative, c’est nous”. Le RN peut, à la fois, incarner le parti de l’ordre en promettant qu’avec eux, ce ne sera plus le bazar, tout en ayant un discours social et parler aux employés, aux classes populaires. » La Macronie pourra se targuer auprès de ses soutiens d’avoir résisté à la « grogne » sociale. Au risque de léguer un quinquennat d’extrême droite aux Français dès 2027. Une terrifiante et cynique victoire à la Pyrrhus.

Le rédacteur en chef d'un jour : « Parlons démocratie ! »

« Ce n’est pas la rue qui dirige. » Une phrase souvent entendue dans la bouche des ministres ou du président de la République. Ainsi, les millions de citoyens et citoyennes qui défilent dans les rues de toutes les villes de France depuis le 19 janvier, celles et ceux qui arrêtent le travail par la grève, seraient transparents... Du folklore, du rituel, des Gaulois réfractaires ! La démocratie ne peut se limiter à un rendez-vous dans les urnes tous les cinq ans, sans avoir de liens réguliers avec ses électeurs et ceux qui ne votent plus. On ne peut concevoir une démocratie délégataire, résumée par un « votez pour moi et après, je fais ce que je veux ». Une des exigences qui marquent ce conflit c’est le besoin d’être écouté, et surtout entendu régulièrement. Le projet de loi consistant à nous faire travailler deux ans de plus va largement impacter nos vies. Travailler plus longtemps quand on est déjà usé et cassé à 50 ans, voir ses projets de vie bouleversés… n’est-ce pas essentiel que les principaux intéressés puissent donner leur avis ? Une mobilisation qui ne trouverait pas de relais parmi les élus du peuple, et jusqu’au plus haut niveau de l’État, encouragerait à coup sûr l’amplification de l’abstention. Et ouvrirait grand la porte du pouvoir au RN. Emmanuel Macron met la démocratie en danger. Mais celle-ci doit aussi se matérialiser dans les entreprises et services. Trop fréquemment, les travailleurs et les travailleuses subissent leur travail au travers de notes qui leur expliquent comment bien travailler. Ils doivent pouvoir agir sur leur travail, sur la stratégie de leur entreprise. L’écoute du peuple dans la cité comme au travail est une urgence démocratique.

Réforme des retraitesEmmanuel MacronMobilisations retraitessyndicats
L'Humanité

Penser « queerement »

Chronique

Cynthia Fleury

Il existe désormais des approches biopsychosociales qui refusent de séparer les mondes biologique, psychologique et social pour étudier le sexe et le genre chez l’homme.

La Berlinale a récompensé plusieurs films « queers », dont le documentaire de Paul. B. Preciado, sous la présidence du jury de Kristen Stewart, connue pour défendre la cause LGBTQ +. Pour se (re)mettre à jour côté théorie queer, le « manuel » graphique de Meg-John Barker et Jules Scheele (La Découverte, 2023) est un bon outil, synthétique et ludique. Il permet en quelques pages de faire connaissance avec quantité de théoriciens proto-queers, queers, et post-queers, et de rappeler cette évidence que le non-binaire structure les sociétés depuis la nuit des temps. L’anthropologue américain contemporain Gilbert Herdt a travaillé sur les identités hijra (Inde), tom/dee et kathoey (Thaïlande), bissu, calabai et calalai (Indonésie), pour ne citer que les principales.

Qu’entend-on par queer ? Une théorie qui remet en cause le binarisme des genres et de la sexualité, qui travaille sur les effets sociétaux (politiques, éthiques, économiques, etc.) de l’hétéronormativité, sur les liens entre l’inné et l’acquis, sur la manière d’échapper à la partition entre sexualité normale et sexualité anormale, qui se lie aux travaux sur l’intersectionnalité… Bien sûr Judith Butler, qui pourtant ne s’est jamais revendiquée « queer », mais avant elle des précurseurs comme Kinsey, grand défenseur de la diversité sexuelle, Sandra Bem, qui a travaillé sur l’androgynie, Gagnon et Simon, qui ont débiologisé la sexualité, Adrienne Rich, Monique Wittig, qui ont déconstruit la contrainte à l’hétérosexualité, Kimberlé Crenshaw, qui a démarginalisé l’intersection de la race et du sexe, ou encore Gayle Rubin, qui a dénoncé les idéologies antisexe qui nous oppriment… Puis Teresa de Lauretis, en 1990, a expressément nommé la théorie queer, à l’université de Californie, sur le campus de Santa Cruz, pour lui refuser quelques années plus tard la dénomination de « théorie ».

Gauntlett, Warner, McIntosh, Sedgwick, Fuss, Hegarty, etc. ont poursuivi la déconstruction des catégories sexuelles et autres privilèges « hétéro ». Il existe désormais des approches biopsychosociales qui refusent de séparer les mondes biologique, psychologique et social pour étudier le sexe et le genre chez l’homme, ou chez l’animal. Le queer se mondialise, avec l’apparition des « diasporas queers », autrement dit des espaces queers parmi les groupes ethniques qui se sont dispersés au-delà de leur pays d’origine.

La pensée « queer », radicale, peut fonctionner d’une tout autre manière, comme nous y invite Lisa Duggan, citant Barthes : « Il faut feindre volontairement de rester à l’intérieur de cette conscience normative et (…) la délabrer, l’affaisser, l’effondrer sur place, comme on ferait d’un morceau de sucre en l’imbibant d’eau. » À vos petites cuillères. 

La chronique de Cynthia FleurygenreLGBT
L'Humanité

Mobilisation du 7 mars : pourquoi ils soutiennent la grève reconductible

ReportageRéforme des retraites

Franck Cartelet

Les syndicats ont salué ce mardi 7 mars une "mobilisation historique" alors que dans le cortège parisien, de nombreux manifestants appellent à élargir la grève reconductible.

Pour cette sixième journée d'action contre la réforme des retraites, les syndicats avaient annoncé vouloir mettre la France "à l'arrêt".

Au départ de la manifestation parisienne, le secrétaire général de la CFDT Laurent Berger a salué une "mobilisation historique au regard des 40 ou 50 dernières années" avec environ "20%" de manifestants en plus que lors de la journée du 31 janvier.

Le gouvernement "ne peut pas rester sourd" à cette mobilisation contre le report de l'âge légal de départ de 62 à 64 ans, a insisté le leader de la CFDT, tandis que le leader de la CGT, Philippe Martinez, mettait en garde l'exécutif contre "un passage en force (qui) ne ferait que mettre le feu aux poudres".

Ce soir, la CGT a chiffré à 3,5 millions le nombre de manifestants à Paris, soit davantage que lors des précédentes journées d'action.

Grève reconductible

La SNCF prévoit une offre de transport légèrement améliorée pour mercredi, avec un tiers des trains en circulation pour les TGV et TER, contre un cinquième mardi. Jeudi, le trafic sera à nouveau "perturbé", selon l'entreprise, dont tous les syndicats ont lancé une grève reconductible.

« Cette journée du 7 mars est primordiale pour la reconduction de la grève et tout cela va dépendre maintenant des assemblées générales qu'on va tenir partout et le plus largement possible afin d'aller à la victoire», nous explique Ollivier Champetier, secrétaire général de l'UD CGT de l'Essonne. « La grève reconductible, ce n'est pas forcément 8 heures d'arrêt de travail tous les jours, les modalités sont à déterminer en fonction des secteurs d'activité», précise le syndicaliste.

« Les agents de la RATP sont plutôt favorable à durcir le mouvement car ils ont bien compris que les journées "saute moutons" sont importantes mais il faudra passer par la grève reconductible pour mettre en échec le gouvernement.», insiste Thibault Dasquet, agent de maintenance sur le RER A.

Cette sixième journée depuis le début du mouvement de contestation marque le lancement ou la poursuite de grèves reconductibles dans plusieurs secteurs, des transports aux raffineries en passant par l'énergie, le commerce ou les déchets

Chez EDF, le taux de grévistes s'élevait à 41,5% de l'effectif global, contre 44,5% le 19 janvier et 40,3% le 31 janvier.

journée d'action samedi 11 mars

Une nouvelle réunion de l'intersyndicale est prévue dans la soirée pour décider des suites du mouvement. Une nouvelle journée d'action samedi 11 mars est d'ores et déjà évoquée.

De nombreux barrages routiers ont été mis en place dans la matinée, de Perpignan à Miramas (Bouches-du-Rhône) en passant par Poitiers ou Rennes, où des manifestants ont bloqué un important axe routier.

Sondage après sondage, les Français restent très majoritairement opposés à la mesure emblématique de la réforme, le report de l'âge légal de départ.

Dans l'éducation, des blocages ont eu lieu dans des universités et lycées et le Snuipp-FSU, premier syndicat du primaire, a recensé 60% des enseignants de collèges et lycées grévistes.

Le secrétaire général de la CGT Energie, Sébastien Ménesplier, a prévu une "semaine noire" dans le secteur, avec des baisses de production principalement dans le nucléaire.

Des coupures d'électricité "sauvages" ont touché jusqu'à 4.000 habitants ont eu lieu dans la matinée à Boulogne-sur-Mer et ses environs, selon Enedis. Plus de 2.000 foyers ont également été privés d'électricité à Annonay (Ardèche), le fief du ministre du Travail Olivier Dussopt, selon la même source.

Les expéditions de carburants étaient bloquées mardi matin à la sortie de "toutes les raffineries" de France (TotalEnergies, Esso-ExxonMobil et Petroineos), selon le syndicat CGT-Chimie.

Et dans le gaz, trois des quatre terminaux méthaniers que compte la France ont été mis à l'arrêt pour "sept jours" lundi par les syndicats.

Les éboueurs étaient également appelés à la grève reconductible par la CGT. Et trois usines d'incinération à proximité de la capitale (Ivry, Saint-Ouen et Issy) étaient bloquées.

Fait peu courant, la circulation fluviale sur le Rhin était à l'arrêt en raison des blocages de plusieurs écluses.

mobilisations

La semaine sera émaillée d'autres mobilisations, en parallèle des débats au Sénat où le gouvernement compte sur l'adoption de la réforme d'ici dimanche. Il envisage "un vote le 16 mars" dans les deux chambres.

"La loi est extrêmement importante, mais la démocratie réelle aussi", a prévenu Laurent Berger, mettant en garde contre un passage en force à coup de 49.3 qui serait "une forme de blocage inacceptable".

Et pour Philippe Martinez, un texte "qui est voté par des parlementaires mais qui a une telle désapprobation dans l'opinion publique" n'est pas "valable".

Face "à la situation de blocage", Emmanuel Macron doit "trouver une sortie par le haut", "ou bien une dissolution" de l'Assemblée nationale, "ou bien un référendum", a plaidé Jean-Luc Mélenchon (LFI) à Marseille.

« C’est une révolte de la France du travail qui est en cours : le gouvernement réalise t’il seulement ce qui est en train de se passer ?», a tweeté Fabien Roussel alors qu'il manifestait à Besançon.

Avec Afp

Réforme des retraites
L'Humanité

Écart salarial : vite, le bureau de conciliation

Chronique

Clara Gandin

Pour la première fois, dans un arrêt publié au Bulletin et sur lequel elle souhaite donc attirer l’attention, la Cour de cassation vient confirmer les pouvoirs d’instruction du bureau de conciliation et d’orientation au bénéfice de salariés arguant d’écarts de rémunération injustifiés. Embauchée en 2014 dans une entreprise d’assurances pour animer un réseau de mandataires, la salariée avait démissionné, début 2018, puis intenté une action prud’homale en référé contre son ancien employeur pour obtenir les documents comportant les chiffres d’affaires réalisés par tous les mandataires sous son autorité, ainsi que son chiffre d’affaires détaillé par affaire nouvelle pour le calcul de sa rémunération variable, durant les trois dernières années. Le conseil de prud’hommes a fait droit à sa demande, après quoi la salariée l’a saisi au fond.

Dans ce cadre, la salariée a demandé au bureau de conciliation et d’orientation qu’il ordonne, avant de se prononcer au fond, la production forcée par l’employeur du décompte des chiffres d’affaires réalisés par l’un des mandataires sur une période précise. En effet, le bureau de conciliation dispose du pouvoir d’ordonner toutes mesures d’instruction et toutes mesures nécessaires à la conservation des preuves (1). De nouveau, les conseillers prud’hommes ont fait droit à sa demande par provision sous astreinte. L’employeur a fait appel de cette décision, affirmant que les éléments demandés devaient être débattus au fond et que le bureau de conciliation avait excédé ses pouvoirs en ordonnant à une partie de produire des pièces détenues par un tiers au procès. Le Code du travail prévoit, en effet, à son article R. 1454-16 que c’est seulement si le bureau de conciliation commet un excès de pouvoir qu’il peut être fait appel des mesures d’instruction qu’il ordonne.

Par arrêt du 13 novembre 2020, la cour d’appel de Bourges a jugé cet appel irrecevable car le bureau de conciliation avait justement mobilisé ses pouvoirs d’instruction. C’est cette décision que la Cour de cassation a intégralement confirmée (2), jugeant que la cour avait approuvé à bon droit le bureau de conciliation qui, « saisi d’un litige relatif à la détermination de la rémunération variable de la salariée, avait apprécié, en fonction des éléments qui lui étaient soumis et des intérêts en présence, la nécessité d’ordonner à l’employeur la communication de documents utiles à la solution du litige et en rapport avec lui ». La Cour de cassation rappelle ici l’important pouvoir du bureau de conciliation pour garantir le droit à la preuve des salariés pour accéder à des informations dans les mains de l’employeur.

Chronique juridiqueDiscrimination au travailinégalitésÉgalité hommes femmes
L'Humanité

À Paris-Gare-de-Lyon, les cheminots savourent la mobilisation du 7 mars et votent la grève reconductible

ReportageRéforme des retraites

Franck Cartelet

Réunis dans un hangar SNCF de la gare de Lyon, l'intersyndicale du Sud-Est Parisien a dressé le bilan de la manifestation historique du 7 mars avant de voter la reconduction de la grève, en assemblée générale.

Il est onze heures lorsque les cheminots et agents SNCF affluent dans ce vieil hangar de la gare de Lyon. Les responsables syndicaux saisissent le micro, sans vraiment dissimuler leur sourire. 

« Hier, quelque soient les chiffres retenus, des organisations syndicales ou de la police, on a connu la plus grosse manifestation de l'histoire du mouvement ouvrier de ces quarante dernières années, tout simplement.», martèle Fabien Villedieu, porte-parole Sud-rail. « Sur les six manifestations, quatre ont dépassé le million de personnes, on est dans un rendez-vous, typiquement, avec l'histoire» insiste le représentant syndical.

3,5 millions de manifestants

La police a décompté 1,28 million de manifestants et la CGT 3,5 millions, contre respectivement 1,27 million et 2,5 millions le 31 janvier. L'intersyndicale avance "plus de 3 millions" de manifestants.

« Dans les aéroports, les ports et docks, les raffineries, les plateformes méthanières donc oui, la grève reconductible est ancrée » insiste Béranger Cernon, porte-parole CGT. « On sait que pour certains salariés, c'est très difficile mais toute forme de grève est bonne à prendre à partir du moment ou chacun joue le jeu», explique le cheminot.

grèves reconductibles

Tandis que des grèves reconductibles touchent de nombreux secteurs clés de l'économie, l'intersyndicale souligne que "le silence du président de la République constitue un grave problème démocratique qui conduit immanquablement à une situation qui pourrait devenir explosive".

L'exécutif compte sur l'adoption de la réforme par le Sénat d'ici dimanche et envisage "un vote le 16 mars" dans les deux chambres.

Ecartant le risque d'un essoufflement, l'intersyndicale, qui présente toujours un front uni, appelle à deux nouvelles journées d'actions contre le projet de réforme des retraites : samedi 11 mars, puis le jour où Sénat et Assemblée tenteront de se mettre d'accord en commission mixte paritaire (CMP) sur le texte. Très vraisemblablement le 15 ou le 16. 

Réforme des retraites
L'Humanité

En colère contre le capitalisme !

Chronique

Philippe Rio

« Il existe bel et bien une guerre des classes et c’est ma classe, la classe des riches qui fait la guerre et la gagne. » Warren Buffett, milliardaire américain et auteur de cette citation choc, a désormais trouvé un adversaire prêt à relever le gant de la lutte des classes, aux États-Unis ! Dans son nouvel ouvrage, Il est normal d’être en colère contre le capitalisme !, Bernie Sanders, candidat à deux reprises aux primaires démocrates à l’élection présidentielle américaine, dénonce un capitalisme tellement injuste qu’il en devient immoral, et une classe dominante qui n’a jamais été aussi puissante à l’échelle de la vie du vétéran de 81 ans. Les ravages du capitalisme aux États-Unis, ce sont 500 000 sans-abri, 25 millions de personnes sans couverture maladie malgré l’Obamacare, des PDG de grandes entreprises qui gagne 400 fois le salaire moyen de leurs employés et 1 % de la population du pays qui détient 34 % du patrimoine national.

« Après des batailles parlementaires perdues, Bernie Sanders en appelle à une révolution politique basée sur l’union sacrée des travailleurs. »

Dans son livre, la figure tutélaire de la gauche américaine dresse les 8 commandements de la lutte de classes dans son pays : « 1. Le système économique capitaliste est le problème », « 2. Exigez plus ! Exigez le monde ! », « 3. Le problème des inégalités est systémique », « 4. La couverture maladie pour tous est une exigence centrale », « 5. Vous êtes du côté des travailleurs ou vous êtes du côté de leurs patrons », « 6. Les nouvelles technologies ne régleront pas le problème de la propriété », « 7. Une société démocratique exige un égal accès à l’éducation » et « 8. Il n’y a pas de terrain d’entente dans les combats à venir ». Après des batailles parlementaires perdues comme la mise en place d’une assurance maladie universelle, le doublement du salaire minimum et la fin d’une fiscalité où le taux d’imposition effectif des milliardaires est inférieur à celui de la classe ouvrière, Sanders en appelle à une révolution politique basée sur l’union sacrée des travailleurs.

États-Unis. Bernie Sanders appelle les démocrates à une « correction majeure de trajectoire »

En éveillant les consciences, le vieux sage tente de remettre la lutte des classes au centre du jeu politique américain, à gauche. Au pays de Donald Trump et du capitalisme triomphant, il y défend une logique marxiste des droits économiques au-dessus de tout, comme le droit de se loger ou d’avoir un salaire décent. Pendant ce temps-là, de l’autre côté de l’Atlantique, au pays de la Sécurité sociale et de son créateur, le ministre communiste Ambroise Croizat, la droite sénatoriale introduit l’idée de la capitalisation du régime de retraite. La lutte des classes serait-elle un chemin d’avenir pour la gauche des deux côtes de l’Atlantique ? 

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L'Humanité

Précarité des mères isolées

Chronique

Violaine de Filippis Abate

La Journée internationale des droits des femmes est aussi l’occasion de rappeler la précarité économique qui touche particulièrement les mères isolées, y compris en France : 700 000 familles monoparentales vivent en dessous du seuil de pauvreté. Cette situation est notamment sous-tendue par les discriminations que nous vivons sur le plan de l’embauche et de l’évolution de carrière, toute notre vie. Même en couple, ce sont les femmes qui assument encore la plus grande partie de la charge mentale des tâches domestiques et familiales, au détriment de leur vie professionnelle. L’Insee estime à 28,5 % l’écart de salaires entre femmes et hommes ; ce qui a d’ailleurs des conséquences évidentes sur le montant des retraites.

Égalité des sexes : le triste bilan de Macron

Au moment d’une séparation, la pauvreté économique des femmes est mise en exergue de manière évidente comme la partie émergée de l’iceberg, en ce qu’elle n’est plus masquée par les revenus du conjoint. Les mères célibataires, malgré leur courage, subissent de plein fouet les inégalités économiques structurelles. Elles sont encore plus discriminées dans l’accès aux postes bien rémunérés ou de manière générale, dans tout recrutement. Les employeurs les jugent peu fiables du fait des contraintes liées à la gestion des enfants.

Dans environ 1 cas sur 3, l’ex-conjoint ne paie pas la pension alimentaire. Depuis le 1 er janvier 2023, la caisse d’allocations familiales doit collecter systématiquement la pension auprès du parent qui la doit, puis la reverser à l’autre. La seule condition est de posséder un acte juridique constatant le montant de la pension alimentaire fixé entre les parents de l’enfant (comme une décision de justice ou un accord amiable homologué par le juge). Ce service avait été initialement créé en 2017 uniquement pour les cas de divorce avec violences conjugales, il faut donc saluer son élargissement, mais rappeler qu’un délai de mise en place de deux mois est observé à compter de la demande. Or, lorsqu’on vit en dessous du seuil de pauvreté, cette attente est beaucoup trop longue.

Réforme des pensions alimentaires : vers la fin des impayés ?

Par ailleurs, la loi prévoit que le parent qui verse la pension alimentaire puisse en déduire le montant de ses impôts. Cela ne répond à aucune logique puisqu’il s’agit d’une dépense pour l’éducation et l’entretien des enfants, qu’il aurait exposée même s’il n’avait pas été séparé. Il faut donc imposer ces sommes entre ses mains, et permettre à la personne qui touche la pension (quasiment systématiquement la mère) de ne pas payer d’impôts sur ce montant. Enfin, rappelons qu’en cas d’impayés de la pension, le montant indemnitaire versé au titre de l’allocation de soutien familial est de seulement 184 euros par enfant. Il est temps de ne plus invisibiliser les mères célibataires, et d’affecter un vrai budget étatique pour lutter contre la précarité qu’elles subissent.

La chronique féministe de Violaine de Filippis AbateJournée du 8 marsPrécarité
L'Humanité

Le droit de pouvoir manger

Chronique

Patrick Le Hyaric

Après nous avoir annoncé un « mars rouge » et un « tsunami d’inflation », voici que les dirigeants des grands groupes de la distribution communiquent tous azimuts pour expliquer qu’ils vont bloquer les prix de certains produits de première nécessité et des denrées alimentaires de base.

Pourquoi, ce qui la semaine dernière était impossible le devient soudain ? C’est sans doute, qu’avec la complicité du gouvernement, il a été décidé de ne pas soulever le capot des marges de ces mastodontes de l’industrie agroalimentaire et de la grande distribution.

De ne pas trop fouiller non plus du côté de la provenance de ces produits alimentaires alors que se creusent nos déficits en fruits et légumes, ovins, bovins, volailles.

Nos concitoyens n’ont pas besoin de plan de communication. C’est un véritable « état d’urgence anti-inflation » qui doit être décrété alors que chaque famille va dépenser au moins 100 € de plus pour manger. Que le pouvoir prenne acte des affirmations des distributeurs et décide de bloquer les prix de première nécessité et des prix alimentaires. Il peut pour cela mettre en œuvre une loi sur le « coefficient multiplicateur », c’est-à-dire la mise en place d’un taux obligatoire maximum entre le prix de vente et le prix d’achat à la ferme. Voilà un outil anti-spéculation.

Pour une période d’au moins six mois, le gouvernement devrait décider d’une allocation exceptionnelle pour les foyers modestes ou d’un chèque alimentaire mensuel comme l’a proposé la convention citoyenne. Sur six mois, des allocations allant de 50 € à 100 € par famille selon ses revenus, coûteraient environ quatre milliards d’euros facilement mobilisables en mettant à contribution les grands groupes d’amont et d’aval de la production agricole. À ceci il conviendrait d’ajouter une aide plus conséquente -bien au-delà des 60 millions prévus- en faveur des associations de solidarité et de distribution alimentaire.

Le déploiement de la guerre poutinienne contre le peuple Ukrainien est utilisé pour camoufler cette insupportable spéculation sur les matières premières agricoles et sur les produits nécessaires à l’agriculture. Les variations spéculatives, à la hausse ou à la baisse, aboutissent toujours à des prix plus élevés pour le consommateur.

Ainsi le prix des céréales baisse tendanciellement depuis le mois de décembre sans conséquence sur le prix de la baguette de pain. Le prix du gaz a diminué sans effet sur les prix à la consommation. Il devient nécessaire que l’observatoire de la formation des prix et des marges dispose des moyens d’enquêter afin de mettre en lumière la véritable répartition des marges et des profits au fil de la chaîne alimentaire du champ à l’assiette.

De même, il est difficile de comprendre pourquoi la France se situe en queue de peloton européen dans le ratio comparant le prix moyen au revenu moyen des citoyens. Les parlementaires devraient se saisir de ces enjeux aux lourdes répercussions sur le coût d’un repas, en créant des commissions d’enquêtes parlementaires visant la construction d’un droit pour toutes et tous à l’alimentation et à la nourriture.

Le gouvernement ne peut laisser les centrales d’achat et les grandes industries de la transformation jouer librement à ces parties de ping-pong sur les prix au détriment des consommateurs, alors que les évolutions des salaires et des retraites demeurent en deçà de la hausse des prix. Celle-ci va agir comme un tsunami sur le budget des familles populaires. Sont annoncées en effet des augmentations de prix de 41 % pour les produits animaliers, de 20 % pour les conserves de fruits, de 17 % pour les conserves de légumes, de 15 % pour les huiles et assaisonnements, de 13 % pour la volaille et de 10 % pour le café. Les combats pour l’augmentation des rémunérations du travail et du niveau des pensions de retraite et des prestations sociales doivent donc être à nouveau portés avec force.

Aussi, une partie des aides publiques aux entreprises de la transformation et de la distribution agroalimentaire devraient être conditionnées à une baisse des prix des denrées alimentaires. Une baisse de la taxe sur la valeur ajoutée (TVA) doit être conditionnée à un effet réel sur le prix à la consommation afin qu’elle ne soit pas accaparée par le vendeur.

Ajoutons que la précarité alimentaire et la réduction des achats alimentaires résultent de l’augmentation d’autres coûts pour les familles populaires notamment les loyers ou les prix de l’énergie. Ces derniers sont aussi le résultat d’un marché spéculatif européen auquel il faut mettre fin en sortant la France du marché unique européen de l’électricité.

Dans une telle situation, le gouvernement feint la neutralité pour mieux servir les intérêts des grands groupes insérant l’agriculture et l’alimentation dans le marché capitaliste mondialisé. Des milliers d’industriels, notamment les petites et moyennes entreprises, se retrouvent face à une poignée de centrales d’achat dans une situation d’oligopsone. Et, ces mêmes groupes de la grande distribution profitent de leur situation d’oligopole face aux 67 millions de consommateurs.

La pression organisée sur les salaires et les retraites, contraignant le pouvoir d’achat populaire, conduit ces grands groupes de la distribution à s’approvisionner n’importe où dans le monde, à vil prix et vil qualité, tout en réduisant l’emploi et les salaires dans les métiers de la vente, en entraînant la liquidation de l’agriculture familiale Française et en générant des problèmes de santé nouveaux chez nos concitoyens.

Un pouvoir soucieux de l’intérêt général et non des profits ne laisserait pas faire cela. Il pourrait par exemple inciter à la consommation d’une alimentation produite au plus proche des consommateurs. Il peut aussi rendre obligatoire et permanent un double affichage : le prix d’achat à l’agriculteur aux côtés de celui que paye le consommateur.

L’inflation affecte aussi les petits et moyens paysans dont les coûts de production ont considérablement augmenté.

Elle révèle un problème de haute importance : l’intégration de nos systèmes agricoles et alimentaires dans le complexe industriel et énergétique mondial entraînant leur dépendance à une multitude d’intrants comme les engrais, les semences, des substances chimiques, les carburants jusqu’à l’alimentation en protéines importées du Brésil pour nos élevages au détriment de notre souveraineté alimentaire.

Plus cette dépendance est importante, plus les coûts de production augmentent, plus l’empreinte écologique et sanitaire est importante et moins bien est rémunéré le travail paysan. L’heure est venue de repenser une nouvelle agriculture « plus autonome et plus économe ». C’est l’une des voies pour protéger tout à la fois le paysan-travailleur et le consommateur, leur santé et leur environnement. Le droit à une nourriture de qualité devient un enjeu pour chacune et chacun. Il est temps de reprendre le contrôle de nos assiettes en étendant la démocratie aux conditions de production et de distribution d’une alimentation accessible et de qualité.

alimentationSalaires et pouvoir d'achatInflation
L'Humanité

Palestine. « Les colons et les soldats sont arrivés et ont commencé à tirer »

Reportage

Le 26 février, des centaines d’israéliens ont déferlé sur les villages autour de Naplouse, protégés par l’armée israélienne, brûlant voitures et habitations. Un Palestinien a été tué. Reportage.

Pierre Barbancey

Huwara (Cisjordanie occupée), envoyé spécial.

Ziad Dameedy n’en revient toujours pas, encore sous le coup de l’émotion. Dimanche 26 février au soir, ce Palestinien de 48 ans et sa famille ont failli périr brûlés vifs, lorsque leur maison a été encerclée par une centaine de colons israéliens, épaulés par l’armée. « Ils ont d’abord tenté de pénétrer chez nous puis ont brisé les fenêtres, raconte-t-il à l’Humanité. Je ne voyais pas ce qui se passait à l’extérieur, mais un voisin m’a appelé en me disant que les colons avaient enflammé des pneus contre la porte. Soudain, les rideaux se sont enflammés. Mais nous ne pouvions pas sortir. »

« C’est la quatrième fois que les colons nous attaquent depuis octobre » Ziad Dameedy, Habitant de Huwara

À l’intérieur, Ziad, sa femme et trois de leurs quatre enfants suffoquent du fait de la fumée. Ils pensent leur dernière heure arrivée. « On avait tous très peur. Les enfants tremblaient et pleuraient. » Il tente alors d’éteindre l’incendie avec les bassines d’eau et les extincteurs qu’ils possèdent, car « c’est la quatrième fois qu’ils nous attaquent depuis octobre », précise-­ t-il.

Finalement ils arrivent à se réfugier sur une des terrasses, à l’air libre. Ils seront évacués quelques heures plus tard par des ambulances une fois les colons partis. Ce lundi matin, la façade était noircie. Des pneus en partie consumés se trouvaient encore contre les murs.

La petite ville agricole a tout d'un champ de bataille

Une nuit terrible pour les 7 000 habitants de Huwara, une localité située au sud de Naplouse (où, le 22 février, une opération israélienne a fait onze morts) assiégée par des centaines de colons après que deux d’entre eux ont été tués par un combattant palestinien. La petite ville agricole a tout d’un champ de bataille. Des dizaines de carcasses de voitures incendiées semblent un cimetière. Selon la municipalité, 300 véhicules ont ainsi été détruits, 28 maisons partiellement démolies et six totalement.

Les colons étaient d’une violence terrible. On a l’habitude de leurs attaques, mais on n’a jamais vécu ça » Awwad Nijem, habitant de Huwara

« Les colons étaient d’une violence terrible. On a l’habitude de leurs attaques, mais on n’a jamais vécu ça, raconte Awwad Nijem, de Huwara. Ils essayaient de rentrer dans les maisons. L’armée s’est déployée et nous interdisait de sortir. Il y avait des snipers qui s’étaient positionnés tout autour. Ils ont empêché les secours d’arriver, un pompier a été tabassé par les colons et les ambulanciers n’arrivaient pas à passer alors que de nombreux habitants étaient blessés. »

 Mon frère a été touché à l’abdomen. Comme l’armée bloquait l’accès au village voisin de Beita, nous avons dû faire un long détour avant de trouver une ambulance. Les secouristes ont essayé de le réanimer, mais il est mort en chemin. » Wasel Al Aqtash, habitant de ZATARA

Huwara n’a pas été la seule ville dévastée. Le village de Zatara, où vivent moins de 200 personnes, a été particulièrement visé. Sameh Al Aqtash a été tué par balles. « Les colons et les soldats sont arrivés et ont commencé à tirer, dénonce Wasel Al Aqtash. Mon frère a été touché à l’abdomen. Comme l’armée bloquait l’accès au village voisin de Beita, nous avons dû faire un long détour avant de trouver une ambulance. Les secouristes ont essayé de le réanimer, mais il est mort en chemin. » Sameh, un forgeron de 37 ans, « qui aimait aider les gens », venait juste de revenir de Turquie où il était parti pour secourir la ­population après le tremblement de terre. Il avait trois enfants dont un bébé.

Des « milices terroristes »

« Les colons ont encore plus de pouvoir qu’avant, explique Ziv Stehl, qui dirige l’organisation israélienne Yesh Din (Volontaires pour les droits humains), active aussi bien en Israël qu’en Cisjordanie. Leur violence s’exerce tous les jours contre les Palestiniens, ce n’est pas nouveau. C’est leur manière de contrôler les terres. Mais depuis la mise en place du nouveau gouvernement, ils se sentent pousser des ailes. »

Cisjordanie. Yehuda Shaul : « L’occupation est la principale cause de violence »

Pour B’Tselem, autre organisation israélienne de défense des droits humains, « le régime suprémaciste juif a perpétré un pogrom dans les villages autour de Naplouse. Ce n’est pas une “perte de contrôle”. C’est exactement à cela que ressemble le contrôle israélien. Les colons mènent l’attaque, l’armée la sécurise, les politiciens la soutiennent. C’est une synergie ». Pour le député communiste Ofer Cassif (Hadash), l’organisation des colons est désormais assimilable à celle de « milices terroristes » chargées par le « régime d’occupation » de perpétrer des « crimes de guerre ».

Proche-Orient. L’occupation israélienne, moteur de la violence sans fin

Dans ce contexte, la réunion conviant, dimanche, en Jordanie, les responsables de la sécurité et des renseignements israéliens et palestiniens sous l’égide des États-Unis apparaît pour ce qu’elle est : un leurre. Alors que le commu­niqué final faisait état d’un accord pour l’arrêt temporaire de quatre mois de la construction de nouvelles colonies, Benyamin Netanyahou a immédiatement tweeté qu’« il n’y a pas et il n’y aura pas de gel » de la colonisation.

L'Humatinale

Du lundi au vendredi, l’actu essentielle décryptée par la rédaction de l’Humanité.

Ce 27 février, à Huwara, Awwad Nijem nous disait regretter « la faible réaction de l’Europe et de la France. Ils s’en foutent de nous. Pourtant, ils doivent faire pression sur Israël. Ils en ont les moyens. Notre problème ce ne sont pas les juifs, mais l’occupation qui détruit nos villes et nos vies chaque jour un peu plus. »

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L'Humanité

Une feuille de route pour l’annexion de la Cisjordanie

Actu

Le ministre d’extrême droite Bezalel Smotrich a été investi des affaires civiles de ce territoire occupé. Une nouvelle étape dans l’accaparement des terres palestiniennes.

Pierre Barbancey

Naplouse (Cisjordanie occupée), envoyé spécial.

La grande ville de Naplouse, au centre de la Cisjordanie, panse ses plaies. Mercredi 22 février, en plein milieu de la journée, un raid de l’armée israélienne a fait onze morts – dont un adolescent de 16 ans et un homme de 72 ans – et plus de cent blessés, dont un journaliste de Palestine TV, Mohammed Al Khatib.

Alors que les rues étaient pleines de monde, les véhicules israéliens ont encerclé un pâté de maisons et commencé à assiéger une habitation dans laquelle se trouvaient deux résistants palestiniens. Les soldats n’ont pas hésité à tirer des roquettes et à utiliser des drones. Un déploiement de forces qui vise officiellement à éradiquer toute forme de résistance.

Le ministre israélien de la Défense, toute honte bue, a salué le « courage » des forces israéliennes à Naplouse. Ces opérations se multiplient, du nord au sud de la Cisjordanie. Le 26 janvier, neuf personnes étaient tuées dans le camp de réfugiés de Jénine (au nord). Le 23 février, un jeune Palestinien de 22 ans mourait après avoir reçu une balle en pleine tête dans le camp d’Al Arroub, près d’Hébron. Depuis le début de l’année, 62 Palestiniens ont ainsi été abattus.

Proche-Orient. L’occupation israélienne, moteur de la violence sans fin

Mais, en réalité, les deux piliers fascistes de la coalition de Benyamin Netanyahou, ses ministres Itamar Ben Gvir, en charge de la sécurité nationale, et Bezalel Smotrich, aux finances, cherchent, tout en les assassinant, à provoquer les Palestiniens, les désignant comme « terroristes ».

Ben Gvir a ainsi intensifié les démolitions de maisons et les expulsions à Jérusalem, ce qui pourrait enflammer la ville en même temps que la Cisjordanie occupée. C’est le deuxième volet de la stratégie du gouvernement israélien. En s’affranchissant de tout contrôle juridique, il met en place de nouvelles structures visant à rendre concrète l’annexion des territoires palestiniens sans avoir à rendre de comptes.

Les Palestiniens sans recours

Si, jusqu’à présent, les territoires palestiniens se trouvaient sous la tutelle du ministre israélien de la Défense, les changements opérés ne laissent plus aucun doute. Les pouvoirs de Smotrich s’étendent désormais aux affaires civiles en Cisjordanie, car il devient « ministre au sein du ministère de la Défense ».

Il a maintenant autorité sur la planification et la construction des colonies (qu’il entend étendre rapidement), gère le statut de ce qu’on appelle les avant-postes illégaux (c’est-à-dire des colonies érigées sans accord gouvernemental puis légalisées par la suite) et règle les questions d’attribution des terres.

Ce dernier point est essentiel. En cas de dépossession de leurs terres, les Palestiniens saisissaient, jusque-là, la Cour suprême pour faire respecter leurs droits. Ils avaient parfois gain de cause. Si cette Cour suprême perd ses prérogatives, ils n’auront plus aucun recours. Le fait que le ministre des Finances possède également les compétences de l’administration des territoires palestiniens occupés signe l’annexion de facto. Le Conseil de Yesha, représentant les colonies, ne s’y est pas trompé, y voyant « une nouvelle importante pour le mouvement d’implantation ».

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BBC

Several killed in shooting in Germany city of Hamburg

Several people are reported to have been killed in shooting in Hamburg, Germany.

Police said in a tweet that a large-scale operation was under way in the Alsterdorf area.

Ambulances are at the scene and German police are searching for the attackers, local media report.

According to several media reports, the shooting took place at a Jehovah's Witness centre.

A federal warning was sent on the NINAwarn app that around 21:00 (20:00 GMT) telling locals that "one or more unknown perpetrators shot at people in a church".

Residents nearby were told not to leave their homes amid the ongoing operation.

L'Humanité

Cisjordanie. Yehuda Shaul : « L’occupation est la principale cause de violence »

Entretien

Alors que la flambée de violences se poursuit en Cisjordanie, où les autorités israéliennes laissent les colons mener des expéditions punitives, Yehuda Shaul, le fondateur de Breaking the Silence, nous explique les objectifs du gouvernement de Netanyahou. Il déplore par ailleurs le lourd silence de la communauté internationale, qui lui laisse carte blanche. Entretien.

Pierre Barbancey

Yehuda Shaul a fondé Breaking the Silence, qui rassemble des vétérans de l’armée israélienne engagés contre l’occupation de la Palestine. Il en a été le codirecteur jusqu’en 2019.

Depuis, il a créé Ofek, le Centre israélien pour les affaires publiques, un groupe de réflexion qui se consacre à la promotion d’une résolution pacifique du conflit israélo-palestinien. Il était récemment à Paris, à l’invitation de la Plateforme des ONG françaises pour la Palestine.

Qu’est-ce qui a changé depuis que Netanyahou est revenu au pouvoir ?

Ce gouvernement a annoncé de façon très claire qu’il poursuivrait l’annexion des territoires palestiniens. Maintenant, il n’y a plus aucun doute sur ses intentions. La recherche de l’annexion est claire. À partir de là, la seule question qui vaille est : comment la communauté internationale va-t-elle réagir ? Mais c’est le silence, il n’y a aucune réaction.

Pourtant, de nos jours, la question de l’annexion est un problème très actuel en Europe. Nous voyons ce qui se passe entre l’Ukraine et la Russie. Je ne dis pas qu’il s’agit de la même chose. Mais ce qui est commun, ce sont les questions de respect des principes internationaux ou le refus de la prise de territoires par la force et donc de l’annexion. Malheureusement, la communauté internationale ne réagit pas de la même façon lorsqu’il s’agit de l’annexion par Israël.

De nombreux éléments au sein de ce gouvernement veulent une escalade. Ils pensent que cela amènera de nouvelles violences. Parce que c’est une bonne couverture pour mettre en œuvre une politique encore plus extrémiste à l’encontre des Palestiniens. On voit comment le ministre d’extrême droite de la Sécurité nationale, Ben Gvir, pousse pour accélérer les démolitions de maisons palestiniennes à Jérusalem-Est. Ce qui provoque plus de violence sur le terrain.

Une feuille de route pour l’annexion de la Cisjordanie

Il y a néanmoins des réactions internationales. Comment les considérez-vous ?

Je crois qu’il y a un problème sur la façon dont on en parle. Qu’il y ait une déclaration européenne contre la violence, c’est très bien. Mais, en fait, ce n’est pas sérieux. Cela fait partie du problème.

Si on veut vraiment la fin de la violence, il faut s’occuper des causes. Et les causes principales sont l’occupation et l’annexion. La violence ne vient pas de nulle part. Si vous faites comme si la violence palestinienne n’avait pas de raisons, vous n’aidez pas à résoudre le problème. C’est à cela qu’il faut s’attaquer si l’on veut arriver à une situation apaisée.

Qu’est-ce qui réunit tous ces partis autour de Netanyahou ?

Les trois piliers de la coalition de Netanyahou ont des intérêts totalement alignés. Les raisons de ce mariage reposent sur la destruction complète du système judiciaire israélien et de son indépendance.

Netanyahou est susceptible d’aller en prison pour des accusations de corruption, le Parti sioniste religieux veut en finir avec la Cour suprême parce qu’il souhaite aller vers l’annexion, et les ultraorthodoxes veulent être sûrs que la Cour suprême ne va pas statuer sur le fait que leur exemption du service militaire est inconstitutionnelle. C’est pour cela qu’ils feront tout ce qui est possible pour faire progresser ces politiques.

Israël. Les ressorts de la percée de l’extrême droite

Jusque-là, si un parti n’était pas autorisé à se présenter aux élections, il faisait appel devant la Cour suprême. C’est ce qui est arrivé au parti arabe Balad, exclu par le Parlement, mais qui a finalement pu se présenter grâce à la Cour suprême. Mais, demain, si les prérogatives constitutionnelles de la Cour suprême disparaissent, ce ne sera plus possible.

Et d’autres partis pourraient suivre comme Hadash (communiste) ou Raam (islamiste). Que feront-ils ? Ils boycotteront. Mais cela signifiera qu’il y aura des élections sans partis représentant les Palestiniens d’Israël. De même, plus rien ne s’opposerait à la saisie des terres palestiniennes par les colons. Beaucoup ne réalisent pas à quel point c’est dramatique.

Israël est un pays sans Constitution. Ce qui est en train de se passer pourrait-il changer la nature du régime ?

C’est non seulement un pays sans Constitution, mais également un pays où vous avez des gouvernements de coalition. Ce qui signifie que l’exécutif, le gouvernement, détient la majorité au sein du législatif puisque la coalition détient 61 sièges sur les 120 de la Knesset.

L'Humatinale

Du lundi au vendredi, l’actu essentielle décryptée par la rédaction de l’Humanité.

Aujourd’hui, le judiciaire est le seul capable de faire la balance vis-à-vis de l’exécutif. Si le judiciaire disparaît, il n’y a plus de contrepoids. Bien sûr, cela changerait la nature du régime. La fuite, survenue après la visite de Netanyahou à Paris, des propos du président Macron par lesquels il avertit que, si cette révolution réussissait, Israël s’éloignerait de la communauté des démocraties le montre. Il est important que la communauté internationale appelle les choses par leur nom.

Il reste que cette coalition est issue du vote des Israéliens. Qu’est-ce que cela dit de la société israélienne ?

Il faut se souvenir que Bezalel Smotrich, ministre des Finances, et Itamar Ben Gvir, de la Sécurité nationale, regroupés au sein du Sionisme religieux, ont gagné 14 sièges. Le transfert de la population palestinienne fait partie de leur plateforme. Par ailleurs, 20 % des militaires ont voté pour eux. C’est un sacré changement de tendance dans la société juive israélienne.

Lire aussi notre débat Comment stopper la colonisation israélienne ?

On assiste à de grandes manifestations contre ces projets, mais la question palestinienne semble oubliée…

C’est triste mais, lorsqu’il s’agit de la politique d’Israël contre les Palestiniens, il y a presque un consensus parmi les politiciens juifs. Il y a quelques jours, le Parlement a voté pour que soit retirée la citoyenneté aux Palestiniens d’Israël convaincus de terrorisme. Pas pour les juifs. Les membres du Parti travailliste ont voté pour.

S’agissant des Palestiniens, le précédent gouvernement n’est pas allé aussi loin que ce que veut faire Netanyahou. Mais l’expansion des colonies s’est poursuivie, six ONG palestiniennes de la société civile ont été déclarées terroristes. Il serait pourtant dangereux de dire qu’il n’y a pas de différence. Ce gouvernement est pire.

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L'Humanité

Proche-Orient.  ​​​​​​​Avec ces Israéliens opposés à la tentation autocratique

Premier plan

Des centaines de milliers de manifestants sont descendus dans la rue pour la huitième semaine consécutive. Ils dénoncent le projet de réforme qui affaiblirait considérablement la justice au profit de la coalition de droite et d’extrême droite au pouvoir. Reportage

Pierre Barbancey

Tel-Aviv (Israël), envoyé spécial.

Yariv, la petite cinquantaine, n’est pas un révolutionnaire. Il serait même plutôt un monsieur Tout-le-Monde, lui qui dit travailler à Tel-Aviv « dans l’investissement », sans plus de précision. Un membre de la majorité silencieuse, en quelque sorte.

La dernière fois qu’il a manifesté, c’était il y a… douze ans. Il s’agissait alors de protester contre la perte de son pouvoir d’achat. Depuis, plus rien. Jusqu’à ce qu’il apprenne que les trois principaux partis de la coalition au pouvoir – le Likoud de Netanyahou, Sionisme religieux de Bezalel Smotrich et Itamar Ben Gvir, ainsi que le Shass, la formation ultraorthodoxe d’Aryé Dery – entendaient réformer le système judiciaire.

Pour Yariv, cela s’apparenterait à la disparition de ce qui, selon lui, constitue Israël : les valeurs humaines et l’importance des lois. « Dans une certaine mesure, l’élection a été volée parce que ces partis ont caché ce qu’ils voulaient faire, dénonce-t-il. Ils ont gagné les élections, mais qu’ils ne changent pas les règles du jeu. »

Israël. Netanyahou à pas cadencés vers les pleins pouvoirs

Voilà pourquoi, dès la première manifestation organisée contre les projets gouvernementaux, il est sorti de chez lui « pour la démocratie ». Et c’est ainsi que nous l’avons trouvé samedi soir, au centre de Tel-Aviv, au milieu de plus de 100 000 personnes, un drapeau israélien à la main. Il n’en revient pas lui-même : huitième manifestation en quelques mois, et toujours autant de monde, principalement des citoyens comme lui, habituellement discrets. Le type qu’on croise et qu’on ne regarde pas, dirait Gainsbourg.

Yariv est à l’image de l’émotion qu’ont suscitée, en Israël, les annonces de Benyamin Netanyahou. « Si on ne se bat pas maintenant, ça peut partir dans une mauvaise direction », prophétise-t-il. À l’instar des autres manifestants, il se dit prêt à aller jusqu’au bout malgré l’adoption, mardi 21 février, en première lecture, de deux dispositions phares de la réforme. La première modifie le processus de nomination des juges et la deuxième entend empêcher la Cour suprême d’invalider toute nouvelle loi fondamentale votée par le Parlement. L’introduction d’une clause « dérogatoire » permettant au Parlement d’annuler à la majorité simple certaines décisions de la Cour suprême constitue une autre disposition contestée du projet.

« Cette loi nous amène vers la dictature »

Manifestant dans une ambiance joyeuse, des familles entières sont là. Les portraits à l’effigie de « Bibi Escobar » ou de « Bibius Caesar » (jouant sur le surnom de Netanyahou, « Bibi »), pour dénoncer la mainmise du premier ministre sur le pouvoir, émergent de la foule en même temps que les caricatures de ses deux ministres d’extrême droite, Itamar Ben Gvir (Sécurité nationale) et Bezalel Smotrich (Finances). « Diktator », peut-on même lire sur un panneau brandi par un homme portant un masque de diable.

Si la défense de la démocratie semble fédérer tous les manifestants, l’expression se fait aussi par corps de métier. Les professions de santé portent des brancards sur lesquels sont allongés justement la « démocratie » ou encore les « droits de l’homme et la dignité ». Ce qui provoque chez le professeur Moshe Hadani, neurochirurgien, en blouse blanche, un sourire creusant un peu plus ses rides : « Cette loi veut détruire le système judiciaire et nous amène vers la dictature. » C’est aussi l’occasion pour lui de dénoncer « le système de santé qui est corrompu et n’est pas efficace. Nous allons poursuivre la mobilisation et nous mettre en grève ».

Les Israéliens dans la rue contre l’extrême droite

Ce n’est pas la moindre des surprises de ce rassemblement : les salariés du Mossad (le service du renseignement extérieur israélien) ont demandé à pouvoir manifester. Des soldats en civil sont également présents, repérables à l’écusson qu’ils arborent et aux fanions déployés de leurs unités. Il y a une semaine, d’ailleurs, près de 2 000 officiers à la retraite ont organisé une marche près de la ville de Neve Shalom, entre Tel-Aviv et Jérusalem.

Il est aussi étonnant de voir qu’à partir de la revendication première concernant les questions judiciaires, différents groupes viennent ajouter ou partager leurs propres revendications. C’est le cas du mouvement LGBTQI+, qui subit l’homophobie de l’extrême droite et dont les représentants, non sans humour, sont venus défiler déguisés avec un panneau : « Nous pouvons être des rois ou des reines mais nous ne voulons pas de monarchie ». Si l’on ne voit que quelques drapeaux palestiniens, en revanche ils sont nombreux à porter un autocollant sur lequel est écrit : « La démocratie et l’occupation ne peuvent pas coexister ». Des jeunes, dont beaucoup de communistes, tiennent un stand improvisé après avoir tendu un drap indiquant qu’ici se trouve le « bloc antioccupation ».

Une mobilisation qui transcende les clivages

Deux Israël qui, souvent, s’ignorent ou s’affrontent, se retrouvent là, ensemble. C’est le cas de ces deux sœurs, Merav et Or Haklais, la trentaine, l’une blonde, l’autre brune. La première, historienne, insiste sur le fait que cette manifestation n’est « ni de droite ni de gauche, c’est une question de démocratie ». Quand on lui fait remarquer que le gouvernement est tout de même de droite, elle acquiesce, mais dénonce le fait que « avant les élections, ils n’ont pas vraiment dit ce qu’ils voulaient faire, ils ont juste promis plus de démocratie ».

En regardant Or, qui porte l’autocollant antioccupation, Merav insiste bien : « Ce rassemblement ne concerne pas les territoires occupés. » Ce qui n’est pas l’avis de sa sœur, architecte. « Nous sommes à un moment critique pour l’indépendance de la Cour suprême, assure-t-elle. Pour moi, cela a à voir avec l’occupation. Tout ce qui se fait là, c’est surtout pour l’annexion des territoires palestiniens ».

 Tout ce qui se fait là, c’est surtout pour l’annexion des territoires palestiniens. » Or Haklais, architecte

Tout le monde sent bien qu’Israël se trouve à la croisée des chemins, comme si son « âme » était en train de disparaître. Ce qui expliquerait aussi la force des manifestations et une mobilisation qui transcende les clivages, à Tel-Aviv, à Haïfa, à Jérusalem et ailleurs dans le pays. « Les gens de droite et religieux comme moi refusent d’être esclaves du lavage de cerveau », a indiqué l’ex-chef de la police Roni Alsheich, en s’adressant à la foule. L’ancien premier ministre Ehoud Barak est venu « pour défendre la déclaration d’indépendance contre une tentative de transformer Israël en dictature ».

La veille, il avait même prôné « la désobéissance civile si ces lois dictatoriales se concrétisaient ». Longtemps chef du Mossad, Danny Yatom a lui aussi évoqué l’idée, pour les soldats du renseignement, de ne pas obéir « à un ordre illégitime ». Elyakim Rubinstein, ancien juge de la Cour suprême, a prévenu que la Cour ne serait plus en mesure de protéger les soldats israéliens des tribunaux internationaux. Éditorialiste au journal Haaretz, Zvi Bar’el a même écrit à l’attention de Netanyahou : « Ouvrez un dialogue. Il est temps. Sinon, l’entreprise sioniste tombera dans l’abîme. »

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Du lundi au vendredi, l’actu essentielle décryptée par la rédaction de l’Humanité.

La communauté du high-tech, particulièrement importante en Israël, l’autoproclamée « start-up nation », est aussi très mobilisée, pour des raisons plus mercantiles. Des sociétés approvisionnent ainsi les manifestations en drapeaux israéliens et financent les dépenses d’organisation. La réforme judiciaire « peut nuire à l’activité économique et en particulier aux investissements privés », a mis en garde Shira Greenberg, l’économiste en chef du ministère des Finances. Selon un rapport publié, jeudi 23 février, par la société israélienne de données et de crédit BDI, une grande entreprise sur cinq basées en Israël envisage de transférer de l’argent hors du pays ou l’a déjà fait. Le shekel, la monnaie nationale, est en chute libre.

Comment stopper la colonisation israélienne ? (1/2)

Peu importe pour Netanyahou, semble-t-il. Les manifestants essayent de « créer l’anarchie » et de forcer à l’organisation de nouvelles élections, selon lui. Son ministre de la Sécurité nationale, Itamar Ben Gvir, veut que la police fasse preuve de « tolérance zéro ».

Par ailleurs, il a annoncé ce mois-ci le lancement d’une campagne à Jérusalem-Est dont l’appellation est sans ambiguïté : « Ramener l’ordre ». Il entend cibler les maisons construites sans permis – presque impossibles à obtenir pour les Palestiniens – alors que les colons, qui sont maintenant 200 000 dans la partie orientale de la ville, sont autorisés à bâtir librement. Pourquoi des juges viendraient-ils lui gâcher son plaisir en rétablissant – parfois – les Palestiniens dans leurs droits ?

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Proche-Orient. L’occupation israélienne, moteur de la violence sans fin

Actu

Après le massacre de Palestiniens à Jénine par l’armée, le 26 janvier, des colons israéliens ont été tués le lendemain. Si des condamnations se sont exprimées, rares sont ceux qui accusent la politique de Tel Aviv. Le secrétaire d’État américain Antony Blinken arrive sur place, mais renvoie déjà dos à dos occupants et occupés.

Pierre Barbancey

Comment mettre un terme à l’occupation israélienne des territoires palestiniens, Cisjordanie et Jérusalem-Est, débutée il y a plus de cinquante-cinq ans et en finir avec le blocus inhumain de la bande de Gaza, qui dure depuis bientôt seize ans ? Au lendemain des dramatiques événements qui se sont déroulés ces derniers jours au Proche-Orient, il semble urgent de répondre à cette question. Car c’est bien cette occupation qui porte en elle cette violence.

Contre la colonisation, l’Initiative Citoyenne Européenne #StopColonies ! 

Tous les ingrédients d’un engrenage terrible réunis

Jeudi, des raids de l’armée israélienne ont fait neuf morts palestiniens à Jénine et un à Ramallah. Vendredi, sept colons juifs trouvaient la mort dans une colonie de Jérusalem-Est, Neve Yaakov, alors que deux autres étaient blessés dans le quartier de Silwan, également à Jérusalem-Est, là où l’occupant israélien a édicté de nombreux ordres d’expulsion pour y installer des colons. Dimanche, un autre Palestinien était abattu près de la colonie de Kdumim. Alors, quand le député israélien Mike Levy, du parti de l’ex-premier ministre Yaïr Lapid, explique doctement à l’AFP : « Nous devons réfléchir à la façon dont nous pouvons agir pour mettre un terme à la situation», on ne peut qu’être circonspect.

Cisjordanie. Nouveau massacre de l’armée israélienne à Jénine

Les ingrédients d’un engrenage terrible sont réunis. Certains parlent d’une possible nouvelle Intifada. La génération de Palestiniens nés en 2000 cherche en effet son chemin vers la liberté après l’échec des accords d’Oslo. De nouveaux groupes armés voient le jour, en dehors de toute organisation existante, subissant la double répression israélienne et palestinienne (dans le cadre d’accords de coopération sécuritaire que le président Mahmoud Abbas a annoncé suspendre, jeudi soir), recevant le soutien toujours plus important de la population palestinienne.

Si le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, se dit «  profondément inquiet de l’escalade de la violence », il y a plutôt du désarroi devant l’impuissance des Nations unies, incapables de faire respecter leurs propres résolutions et encore moins le droit international. Car la situation parle d’elle-même. Israël est un pays qui en occupe un autre et, à ce titre, devrait être condamné. D’autant que, comme tout occupant, il se donne pour tâche de tuer dans l’œuf toute velléité de résistance, pourtant un droit pour tous les peuples y compris, s’il le faut, par les armes. Les chiffres sont là : en 2022, plus de 220 Palestiniens ont été tués et au moins 32 depuis le début de l’année, soit en moyenne plus d’un par jour.

L’obtention de permis de port d’armes facilitée

À l’époque, le gouvernement n’était pas d’extrême droite. Aujourd’hui, le pire est à craindre. D’ailleurs, les premières mesures prises par l’équipe dirigée par Netanyahou sont dictées par une volonté de renforcer l’occupation et la colonisation, voire d’en finir avec les Palestiniens. À l’issue d’une réunion, le cabinet de sécurité israélien a annoncé la révocation des droits à la Sécurité sociale des « familles de terroristes qui soutiennent le terrorisme ». Un projet de loi visant à révoquer « les cartes d’identité israéliennes » de cette même catégorie de familles devrait également être discuté ce lundi en Conseil des ministres. Le cabinet a également décidé de faciliter l’obtention de permis de port d’armes. « Quand les civils ont des armes, ils peuvent se défendre », a déclaré le ministre de la Sécurité intérieure, Itamar Ben Gvir, figure de l’extrême droite qui multiplie les provocations, notamment en se rendant sur l’esplanade des Mosquées.

Jérusalem. Provocation fasciste du ministre israélien Itamar Ben Gvir

C’est dans ce contexte qu’arrive Antony Blinken, le secrétaire d’État américain. Il doit se rendre, lundi et mardi, à Jérusalem et Ramallah. Visiblement, il n’y a pas grand-chose à attendre si ce n’est un nouveau gain politique et diplomatique pour le gouvernement israélien. L’entourage de Blinken a fait savoir que ce dernier allait enjoindre à Benyamin Netanyahou et Mahmoud Abbas de « prendre urgemment des mesures en vue d’une désescalade ».

En 2023, déjà un Palestinien tué par jour ...

C’est donc bien que l’occupation israélienne n’est pas considérée comme la source de toutes les tensions. Washington a d’autant moins besoin des Palestiniens que les gouvernements arabes ont déjà cédé en normalisant leurs relations avec Israël, un pays qui reste essentiel dans le dispositif régional des États-Unis et notamment l’endiguement de l’Iran. D’ailleurs, cette visite intervient après celle du conseiller à la sécurité nationale de la Maison-Blanche, Jake Sullivan, qui avait assuré le premier ministre israélien du soutien de son pays.

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En 2023, déjà un Palestinien tué par jour ...

Actu

Dix personnes sont mortes suite à une opération militaire israélienne à Jénine. L’Autorité palestinienne dénonce un « massacre » et suspend sa coopération sécuritaire avec Tel Aviv. Les chancelleries occidentales réagissent du bout des lèvres.

Gaël De Santis

Pour le gouvernement israélien, la vie des civils palestiniens ne compte pas. Benjamin Netanyahou, le premier ministre a dit son « appréciation pour la bravoure et le dynamisme des soldats ». Ces soldats venaient d’attaquer le camp de réfugié de Jénine, en Cisjordanie. Bilan : neuf morts. Parmi les victimes, une femme de 61 ans, morte chez elle. Cette intervention a entraîné, dans les heures qui ont suivi des manifestations à Naplouse, Ramallah et Al-Ram, où un Palestinien de 22 ans a été tué.

Des gaz lacrymogènes dans un service pédiatrique

Les autorités israéliennes justifient leur massacre sous le vocable d’ « opération de contre-terrorisme », selon les mots employés par le ministre de la Défense Yoav Gallant, membre du Likoud. Les forces répressives devaient éliminer les frères Mohammad et Nureddin Ghneim, ainsi qu’un troisième membre du Jihad islamique, organisation accusée de fomenter un attentat en Israël. Ces derniers ont résisté et l’armée a fait tirer sur le bâtiment dans lequel ils se trouvaient, en plein camp de réfugié, à la roquette antichar.

L'Humatinale

Du lundi au vendredi, l’actu essentielle décryptée par la rédaction de l’Humanité.

Dans l’opération, des gaz lacrymogènes, une arme interdite par la Convention de Genève sur la guerre, ont été employés, atteignant le service pédiatrique d’un hôpital voisin. Les enfants ont dû être évacués. « Personne n’a tiré du gaz lacrymogène volontairement dans un hôpital (…) mais l’opération se déroulait non loin de l’hôpital et il est possible que du gaz lacrymogène soit entré par une fenêtre ouverte », a justifié à l’AFP un porte-parole militaire israélien. 

La ministre de la Santé Mai al Kaileh a dénoncé le fait que les ambulances du Croissant rouge n’aient pu accéder aux lieux des heurts.

30 morts en 26 jours

Ce massacre intervient alors que le gouvernement d’extrême droite et de droite israélien est entré en fonction le 29 décembre dernier. Alors que l’on dénombre 200 Palestiniens tués - la plupart des civils – sur l’année 2022, on compte déjà 30 morts depuis le 1er janvier. Soit plus d’un par jour.

La situation promet d’être tendue. Itamar Ben-Gvir, dirigeant d’extrême droite qui a mis le feu aux poudres en décembre en visitant l’Esplanade des Mosquées, a récemment demandé que les règles d’emploi des armes à feu par les policiers et militaires soient assouplies.

Les Israéliens dans la rue contre l’extrême droite

Gaza bombardée

Si Benjamin Netanyahou a prétendu ne pas vouloir d’escalade de violences, il a enjoint son armée à se préparer à tous les scenarii. Dès la nuit de jeudi à vendredi, il a fait bombarder la bande de Gaza où le Hamas, parti islamiste qui contrôle le territoire avait promis, par la voix de Saleh al-Arouri, que « l’occupation paiera le prix pour le massacre de Jénine ». Le gouvernement a dit que ces deux séries de frappes répondaient à des tirs de projectiles en provenance de la bande de Gaza.

Des faits traduits devant la Cour pénale internationale

Du côté de l’Autorité palestinienne (AP), la réponse a été forte. Suite à ce qu’elle qualifie de « massacre », une plainte sera déposée devant l’ONU, et les événements de ce jeudi 26 janvier seront versés au dossier, déjà lourd, déposé par Ramallah devant la Cour pénale internationale (CPI). « À la lumière des agression répétées contre notre peuple et des violations d’accord signés, notamment sécuritaires, nous considérons que la coordination sécuritaire avec le gouvernement d’occupation israélien cesse d’exister à partir de maintenant », a indiqué le président de l’AP Mahmoud Abbas par communiqué. Une mesure de rétorsion rare : une telle coopération avait été suspendue de mai à novembre 2020, suite à l’annexion de territoires occupés par Israël.

Les réactions internationales se sont montrées très faibles. Ainsi, la France a, par communiqué de son Ministère des Affaires étrangères, exprimé « sa vive préoccupation face au risque d’escalade » et souligné, alors que 30 personnes palestiniennes ont perdu la vie depuis le début de l’année, « son attachement au respect du droit international humanitaire et à l’impératif de protection des civils ». Elle souligne le besoin de travailler à une solution à deux États.

Les Émirats arabes unis réclament une réunion du Conseil de sécurité

Washington, principal allié d’Israël, a déploré la décision de Mahmoud Abbas de suspendre la coopération sécuritaire. Anthony Blinken, secrétaire d’État des États-Unis, sera lundi et mardi en Israël et Cisjordanie. Il s’est limité à dire « la nécessité urgente de prendre des mesures de désescalade ». Les Émirats arabes unis, qui entretiennent des relations diplomatiques avec Israël depuis trois ans ont « condamné l’assaut des forces israéliennes » et demandé une réunion « urgente du Conseil de sécurité ». 

À l’heure où nous écrivions ces lignes, celui-ci n’était pas convoqué. L’une des condamnations les plus dures est venue de la rapportrice des Nations unies pour la Palestine, Francesca Albanese. 

Salah Hamouri. Francesca Albanese dénonce « un abus sadique » d'Israël

 

« Je suis extrêmement alarmée par les informations d’un renouveau de la violence létale à Jénine. Alors que les faits et circonstances doivent être établis, je rappelle l’obligation de la puissance occupante de s’assurer que les personnes civiles soient protégées de toute formes de violence à tout moment », a-t-elle réagi sur Twitter, ajoutant « également que la punition collective d’une population civile est absolument prohibée, constitue un crime de guerre, tout comme le fait de tuer délibérément. » 

Jénine. Dans les décombres du camp de réfugiés palestiniens, une horreur inimaginable.

 

Jénine, camp de réfugiés palestinien fondé en 1953, résume les affres de la colonisation. Y vivent 23 000 personnes. C’est là qu’en mars 2022, Shireen Abu Akleh, journaliste d’Al-Jazeera avait été tuée, au moment où elle couvrait un raid israélien. C’est encore là, qu’en 2002, Israël avait commis un massacre, faisant plus de 52 morts. 

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Les Israéliens dans la rue contre l’extrême droite

Actu

Des dizaines de milliers de personnes ont manifesté, samedi, contre la réforme de la justice promue par Benyamin Netanyahou.

Gaël De Santis

La place Habima de Tel-Aviv était noire de monde, ce samedi. Plus de 50 000 personnes s’y sont rassemblées quand d’autres manifestations, plus modestes, se sont également tenues à Haïfa et à Jérusalem. En Israël, c’est la mobilisation la plus importante depuis le 29 décembre 2022, date de la prestation de serment du gouvernement qui allie le Likoud à des formations ultraorthodoxes juives ou d’extrême droite. Jamais l’État né en 1948 n’avait connu un gouvernement aussi à droite. On y trouve ainsi le ministre de la Sécurité nationale, Ben Gvir, condamné pour appui à une organisation terroriste en 2007, et qui a mis le feu aux poudres en se rendant, début janvier, sur l’esplanade des Mosquées.

Netanyahou joue la carte du racisme et de la fureur colonialiste

Une association anticorruption est à l’origine de l’appel à manifester. Il faut dire que le premier ministre Benyamin Netanyahou a maille à partir avec la justice dans trois affaires. L’ONG n’était pas seule dans la rue. Les organisations de gauche, notamment le Hadash (qui compte notamment le Parti communiste israélien) et le Parti travailliste, mais aussi du centre, ont participé au rassemblement de Tel-Aviv.

« Un impact fatal sur la démocratie »

Tous rejettent la réforme de la justice voulue par le pouvoir. Jeudi, la présidente de la Cour suprême, Esther Hayut, avait prévenu que l’évolution programmée « mettra fin à l’indépendance du pouvoir judiciaire et aura un impact fatal sur la démocratie israélienne ». Benyamin Netanyahou semble marcher dans les pas des dirigeants d’extrême droite polonais et hongrois, eux aussi auteurs de réformes qui mettent en pièces l’indépendance de la justice. « La démocratie n’est pas seulement la règle de la majorité. Sans un système de freins et de contrepoids, les droits des civils et des minorités ne seront pas protégés », avait ajouté la magistrate. La réforme prévoit notamment, comme en Pologne, une nouvelle procédure de nomination des juges et, pour le Parlement, la possibilité de revenir sur les décisions de la Haute Cour. Le ministre de la Justice, Yariv Levin, voit dans les propos d’Esther Hayut l’expression de «la position du camp politique de la gauche».

Jérusalem. Provocation fasciste du ministre israélien Itamar Ben Gvir

Les participants aux rassemblements sont inquiets pour la santé de la «démocratie» israélienne. « Il n’y a pas de démocratie avec l’occupation », « le temps est venu de faire tomber le dictateur », ou encore « Bibi ne veut pas de démocratie, nous n’avons pas besoin de fascistes à la Knesset », a pu lire l’AFP sur les pancartes des manifestants. Une inquiétude compréhensible. Un député de la majorité, Zvika Fogel, a demandé mardi 10 janvier rien moins que l’arrestation de quatre leaders de l’opposition, dont deux ex-premiers ministres, au motif qu’ils avaient parlé de climat de « guerre civile ».

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Jérusalem. Provocation fasciste du ministre israélien Itamar Ben Gvir

Actu

Le dirigeant d’extrême droite, membre du gouvernement de Benyamin Netanyahou, s’est rendu sur l’esplanade des Mosquées, ce mardi. Un geste qui rappelle celui d’Ariel Sharon en 2000, prélude à la seconde Intifada.

Pierre Barbancey

Adam Issam Chaker Ayyad n’avait que 15 ans. Mardi, alors que le jour venait de se lever et que le camp de Dheisheh près de Bethléem, où il vivait, s’éveillait à peine, un escadron de l’armée israélienne a fait irruption. L’adolescent a reçu une balle dans la poitrine. Il est décédé quelques instants plus tard. Lundi, deux autres Palestiniens ont été tués. L’année 2023 n’a que trois jours et les forces d’occupation ont déjà abattu trois Palestiniens.

Efraim Davidi : « L’extrême droite a publié des listes maccarthystes »

Mardi matin, au même moment, à Jérusalem, Itamar Ben Gvir, figure de l’extrême droite israélienne et nouveau ministre de la Sécurité nationale, s’est rendu sur l’esplanade des Mosquées, protégé par la police et des hommes en civil alors qu’un drone survolait les lieux. Une image qui n’est pas sans rappeler celle d’Ariel Sharon, le 28 septembre 2000. Celui qui allait redevenir premier ministre quelques mois plus tard, mais alors simple député, avait décidé d’une démonstration de force contre les Palestiniens, déclenchant ainsi ce qu’on allait appeler l’Intifada al-Aqsa, du nom de la mosquée qui s’y trouve, près du dôme du Rocher à la coupole dorée.

Un site est un lieu de tensions régulières

L’esplanade des Mosquées est située dans la partie orientale, palestinienne, de Jérusalem, occupée depuis 1967 et annexée. Ce lieu saint musulman est placé sous l’administration du Waqf (organisme chargé de la gestion des biens religieux), relevant de la Jordanie, mais son accès est contrôlé par Israël. En vertu d’un statu quo historique et voulu par Moshe Dayan, les non-musulmans peuvent s’y rendre à des heures précises mais ne peuvent pas y prier. Troisième lieu saint de l’Islam, il est aussi le site le plus sacré du judaïsme sous le nom de « mont du Temple ». Or, ces dernières années, un nombre croissant de juifs, souvent nationalistes, y prient subrepticement après y être montés en simples visiteurs.

Des maroquins pour l’extrême droite israélienne

Le site est un lieu de tensions régulières. En 1996, une décision israélienne d’ouvrir une nouvelle entrée à l’ouest de l’esplanade a provoqué des heurts qui ont fait plus de 80 morts en trois jours. En juillet 2017, deux Palestiniens sont tués dans des affrontements avec la police israélienne. En août 2019, la police isaélienne charge les fidèles sur l’esplanade des Mosquées, faisant des dizaines de blessés palestiniens lors d’importantes commémorations juive et mulsulmane. En 2021, lors du ramadan, des manifestations nocturnes à Jérusalem et des affrontements jusque sur l’esplanade se sont mués en onze jours de guerre entre le mouvement islamiste palestinien Hamas et Israël. Et au printemps 2022, la présence sur l’esplanade des Mosquées, pendant le ramadan, de nombreux juifs et le déploiement sur place de forces policières se sont soldés par des centaines de blessés palestiniens sur et autour de l’esplanade. Ce qui a été largement perçu par les Palestiniens et plusieurs pays de la région comme une « provocation ».

Israël. Le gouvernement Bennett joue la provocation

Immunité totale promise aux soldats

Itamar Ben Gvir, qui y est allé à plusieurs reprises alors qu’il était député, avait annoncé son intention de s’y rendre en tant que ministre. C’est son premier geste depuis son entrée au gouvernement. Cela ne doit évidemment rien au hasard. Il s’agit pour lui de montrer ses muscles et de mettre en garde les Palestiniens. « Qu’ils comprennent que les temps ont changé », comme il l’affirme. Ben Gvir souhaite que les forces israéliennes puissent être plus répressives face aux « terroristes ». Pour cela, le gouvernement israélien envisage d’accorder une immunité totale aux soldats, notamment pour des faits pouvant être considérés comme des crimes de guerre. Ce qui revient à rejeter les décisions du tribunal de Nuremberg contre les nazis, en particulier le principe fondamental selon lequel « suivre les ordres » n’est pas une défense contre les crimes de guerre. Ben Gvir défend aussi l’annexion par Israël de la Cisjordanie, où vivent environ 2,9 millions de Palestiniens et 475 000 Israéliens dans des colonies jugées illégales par le droit international. Il prône également le transfert d’une partie de la population arabe d’Israël vers les pays voisins.

À peine le nouveau gouvernement investi, l’extrême droite israélienne passe donc à l’offensive pour atteindre ses objectifs. Ben Gvir sait que deux soldats sur dix partagent ses vues, « pensent qu’ils appartiennent à une nation supérieure et que les Palestiniens n’ont aucun droit ici », comme l’écrit le journaliste de Haaretz Gideon Levy. Pour le reste du monde, l’équation est simple. Soit Israël continue sa politique en violation du droit international et des résolutions de l’ONU sans aucune conséquence, soit il est enfin sanctionné politiquement et économiquement. Vendredi, l’Assemblée générale des Nations unies a adopté une résolution demandant à la Cour internationale de justice de se pencher sur la question de l’occupation israélienne de territoires palestiniens. Au lieu de voter pour, la France s’est abstenue. De quoi réjouir Ben Gvir.

DES VOIX POUR LA PAIX Des personnalités s’élèvent contre la colonisation et affirment leur solidarité avec le peuple palestinien. L’Humanité les accueille dans ses colonnes :

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Efraim Davidi : « L’extrême droite a publié des listes maccarthystes »

Entretien

Professeur d’histoire à l’université de Tel-Aviv, Efraim Davidi dénonce l’attitude d’un exécutif israélien toujours plus discriminant. Alors qu’une part de la population tente de riposter, la question du boycott s’impose, selon lui, plus que jamais. Entretien

Pierre Barbancey

Le nouveau ministre d’extrême droite s’est rendu, ce mardi, sur l’esplanade des Mosquées. Quelle est votre interprétation de ce geste ?

C’est une provocation de Ben Gvir, mais la responsabilité revient à Netanyahou. Il a parlé avec Ben Gvir la veille, lui a interdit de se rendre sur l’esplanade des Mosquées. Mais Ben Gvir fait ce qu’il veut. Ce qui veut dire aussi qu’il y a en Israël aujourd’hui deux premiers ministres. L’un qui a été élu à ce poste, Netanyahou. Et un deuxième en la personne de Ben Gvir, qui décide de ce qu’il veut mettre en œuvre.

Des maroquins pour l’extrême droite israélienne

Jusqu’à présent, la politique israélienne vis-à-vis des Palestiniens se caractérisait par l’occupation et la colonisation. Qu’est-ce qui peut changer en réalité dans ce domaine ?

L’annexion pure et simple des territoires palestiniens occupés. C’est ce qui lie tous ces partis d’extrême droite et religieux. Vendredi, alors que l’Assemblée générale de l’ONU étudiait la résolution visant à demander à la Cour internationale de justice de se pencher sur l’occupation et la colonisation, Netanyahou lui-même a demandé : « Mais qu’est-ce qu’on nous reproche ? » C’est-à-dire qu’il considère que ces territoires appartiennent aux juifs. Lui-même cautionne l’annexion. Il ne s’y oppose pas. D’un côté, il a peur pour son avenir judiciaire ; de l’autre, il laisse faire l’extrême droite et les partis orthodoxes.

Jérusalem. Provocation fasciste du ministre israélien Itamar Ben Gvir

Comment jugez- vous l’attitude de la communauté internationale ?

C’est bien qu’il y ait des protestations mais ça ne change strictement rien. Ce ne sont que des paroles. Nous avons dénoncé l’attitude de Ben Gvir, un ministre terroriste qui cherche à provoquer sinon une guerre, en tout cas une étincelle pour faire exploser la situation. Il cherche la bagarre en ayant des postes à responsabilités. Il n’est pas simplement ministre de la Police. Il a aussi la main sur les gardes-frontières, qui est une police spéciale dans les territoires occupés.

Israël. Les ressorts de la percée de l’extrême droite

Quelle est la riposte des Israéliens, effrayés de ce qui se passe ?

D’abord, il y a la protestation. Le premier jour du gouvernement, 3 000 personnes ont manifesté devant la Knesset (le Parlement israélien – NDLR). Le soir même, les associations LGBTQ + ont bloqué l’autoroute qui relie Tel-Aviv à Jérusalem. La discrimination atteint les Arabes, les gens de gauche… Un parti, Noam, membre de la coalition d’extrême droite, a déjà publié des listes maccarthystes à propos des homosexuels, des lesbiennes, des gens de gauche dans la fonction publique, la presse, la télévision… Ils disent qu’ils sont prêts à les mettre en dehors. Même la bourgeoisie a peur. Pas du fascisme et de l’occupation, mais du boycott des produits israéliens, en particulier de ceux de haute technologie. Une fraction de ces patrons de la high-tech ont publié une lettre très dure vis-à-vis du gouvernement en lui disant de ne pas dépasser les limites au nom de la démocratie, des droits humains mais en réalité ils ont peur de payer le prix politique, économique et commercial d’un boycott, devenu plus justifié que jamais. C’est le prochain pas.

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France24 - Monde

Renforcer les solutions africaines face aux défis de l'Afrique

Proposé par

Publié le : 25/07/2022 - 13:17

JICA

Confrontée à des perturbations des chaînes d'approvisionnement alimentaire, au COVID-19 et au changement climatique, l'Afrique a besoin d'une nouvelle approche du développement fondée sur l'autonomisation et les solutions locales.

Telle est la conclusion d'une réunion de haut niveau organisée par l'Agence japonaise de coopération internationale (JICA) le 6 juillet à Paris, en prévision de la huitième conférence internationale de Tokyo sur le développement de l'Afrique (TICAD8), qui se tiendra les 27 et 28 août à Tunis.

Donner aux nations africaines les moyens de mener leur propre développement et de renforcer leur résilience face aux chocs extérieurs, objectif du principe de « sécurité humaine », a toujours été la vision directrice de la JICA tout au long de ses décennies d'engagement avec l'Afrique.

« Il est primordial que nous renforcions l'autonomie des individus, des organisations et des sociétés afin de pouvoir non seulement survivre aux crises, mais aussi en sortir plus forts » a déclaré le président de la JICA, Akihiko Tanaka, dans son discours liminaire, en se joignant aux panélistes de l'Agence française de développement (AFD), de l'Agence de développement de l'Union africaine (AUDA-NEPAD), du Programme des Nations unies pour le développement (PNUD), de la Banque africaine de développement (BAD) et de l'Université de Columbia. L'événement était animé par Ragnheiður Elín Árnadóttir, directrice du centre de développement de l'OCDE.

En prélude à la TICAD8

Le thème de la résilience sera au cœur de la TICAD8, comme l'a également exprimé le président dans son résumé de la réunion ministérielle de la TICAD tenue en mars.

La Conférence internationale de Tokyo sur le développement de l'Afrique (TICAD) a été créée en 1993 par le gouvernement japonais pour soutenir la croissance africaine grâce à un dialogue ouvert. Organisée en partenariat avec la Commission de l'Union africaine, les Nations Unies, le PNUD et la Banque mondiale, elle rassemble les dirigeants de certains pays africains, les organisations internationales, le secteur privé et la société civile. La TICAD encourage les efforts concertés pour atteindre les objectifs de l'Agenda 2063 - le plan de l'Union africaine « pour parvenir à un développement socio-économique inclusif et durable ».

La TICAD8 aura une résonance particulière en cette année 2022, alors que l'Afrique doit surmonter les conséquences économiques et sociales de la crise du COVID-19 et de la guerre en Ukraine.

« En ces temps difficiles, le Japon considère la TICAD8 comme une excellente plate-forme de mobilisation des partenaires clés pour accompagner les pays africains et leur permettre de se diriger eux-mêmes afin de surmonter ces défis » a déclaré Junichi Ihara, ambassadeur du Japon en France.

Une nouvelle approche du développement

Pour répondre aux besoins urgents en cas de crise, l'action humanitaire est la première réponse nécessaire. « Mais pour construire des sociétés et des économies résilientes » a précisé le président de la JICA, Akihiko Tanaka, « l'Afrique a besoin d'une approche de développement à long terme » qui s'appuie sur des institutions et des infrastructures solides.

Le Professeur Jean-Marie Guéhenno, directeur d'un programme sur la résolution de conflits à la SIPA (School of International and Public Affairs), Université de Columbia, a confirmé : « une perspective à long terme est très importante pour parvenir à la résilience. En temps de crise, les personnes se raccrochent aux structures les plus traditionnelles. Il est donc très important, dans ce contexte, de construire le soutien à la paix à travers les institutions. Nous ne pouvons apporter des changements durables que par le biais des institutions ».

Face à cette nécessité d'adopter une nouvelle approche, la TICAD8 devrait mettre en lumière les éléments fondamentaux de la résilience à long terme : l'alimentation, la santé, l'éducation, les infrastructures et l'intégration économique.

La production de riz multipliée par deux grâce à l'autonomisation

La sécurité alimentaire est devenue une priorité absolue en raison de la guerre en Ukraine, qui a provoqué de graves perturbations des chaînes d'approvisionnement alimentaire. Les pays africains ont plus que jamais besoin de produire davantage sur leurs terres afin de gagner en autonomie alimentaire.

Le soutien de la riziculture fait partie des actions prioritaires de la JICA, qui s'appuie sur l'expertise japonaise dans ce domaine. Grâce à la Coalition pour le développement de la riziculture en Afrique (CARD), lancée en 2008 par la JICA, l'Alliance pour une révolution verte en Afrique (AGRA) et le Nouveau partenariat pour le développement de l'Afrique (NEPAD), la production de riz en Afrique subsaharienne a été multipliée par deux en dix ans, entre 2008 et 2018, et devrait encore doubler d'ici 2030.

« Pour réaliser cet exploit, la coalition a soutenu la mise en œuvre de stratégies nationales et investi dans les personnes, les technologies et les infrastructures a salué Akihiko Tanaka, président de la JICA. La CARD est un exemple admirable de la manière dont les efforts concertés de divers acteurs en faveur d'une vision commune peuvent donner des résultats tangibles. »

La Banque africaine de développement (BAD), de son côté, a « mis en place une nouvelle facilité d'urgence afin d'améliorer la production alimentaire des pays africains et d'accroître la sécurité alimentaire », a précisé sa vice-présidente, Yacine Fal. Rémy Rioux, directeur général de l'Agence française de développement (AFD) a souligné le rôle clé des banques de développement dans la solidarité internationale et l'importance des structures locales : « consolider les institutions capables de fournir des solutions locales doit être une priorité absolue pour le secteur du développement. »

Répondre aux défis par l'appropriation des solutions

L'appropriation des solutions par les pays africains est le maître-mot de la résilience. C'est pourquoi la JICA, dans ses domaines d’intervention comme la santé, l'éducation, le changement climatique ou les infrastructures, encourage toujours les pays partenaires à s'appuyer sur les ressources et les solutions locales.

Comme l'a rappelé Sarah Poole, directrice adjointe régionale des États arabes du PNUD, « seulement environ 17 % de la population africaine est couverte par au moins une prestation de protection sociale ».

Suite à la crise du COVID-19 en 2020, la JICA a lancé une initiative globale destinée à consolider les systèmes de santé et à atteindre la couverture santé universelle (CSU) dans les pays en développement, en se concentrant sur la prévention, la précaution et le traitement. En Afrique, le volet précaution, destiné à améliorer la recherche sur les maladies infectieuses, a été mené en collaboration avec les Centres Africains de Contrôle et de Prévention des Maladies (CDC Afrique) et l'agence de santé publique de l'Union africaine. « Le rôle des institutions africaines est primordial, a insisté le président de la JICA. L'Agenda 2063, ainsi que des institutions comme l'AUDA-NEPAD et le CDC Afrique, sont autant d'exemples de développements menés par l'Afrique. »

Toujours en 2020, l'Agence de développement de l'Union africaine (AUDA-NEPAD), avec le soutien de la JICA, a initié le programme d'accélération « Home Grown Solutions » (« Solutions locales ») pour les entreprises africaines du secteur de la santé. Son objectif : accroître la résilience du continent face aux pandémies en accompagnant les entreprises qui souhaitent développer leurs propres solutions.

Dans le domaine de l'éducation, la JICA porte le projet collaboratif « L'école pour tous », qui réunit parents, enseignants et habitants dans des comités de gestion scolaire (CGS) afin d'améliorer l'environnement d'apprentissage des enfants, à partir des ressources dont ils disposent. Lancée en 2004 dans 23 écoles du Niger, l'initiative couvre aujourd'hui environ 70 000 établissements dans huit pays d'Afrique. « Dans un premier temps, certaines personnes hésitaient à s'engager dans la gestion d'une école, par peur des responsabilités, a poursuivi Ryuichi Kato. Mais en organisant ces comités de façon démocratique, et en leur montrant les résultats concrets, ces personnes ont réalisé qu'elles pouvaient être actrices du changement ».

Le changement climatique est un autre défi de taille pour l'Afrique, où il menace d'aggraver les problèmes sociétaux et économiques de nombreux pays. En 2020, la JICA a apporté une aide d'environ 2 milliards de yens à plus de 40 projets liés au changement climatique dans 17 pays africains.

Enfin, la résilience passe par « des infrastructures de base solides sur tout le continent », comme l'a souligné Yacine Fal. La JICA apporte un soutien important au développement des infrastructures en Afrique. Son « plan directeur de développement des trois corridors stratégiques » se concentre sur le renforcement des infrastructures qui relient les principaux centres de population, en particulier au Kenya et en Ouganda (Corridor Nord), au Mozambique (corridor de Nacala) et en Côte d'Ivoire, au Ghana, au Togo et au Burkina Faso (anneau de croissance de l'Afrique de l'Ouest).

TICAD8 — permettre aux pays africains de mener leur propre développement

Comment repenser la coopération au développement en Afrique dans le contexte des crises actuelles ? C'est autour de cette question que se réuniront les acteurs africains et la communauté internationale lors de la TICAD8 les 27 et 28 août à Tunis, avec un fil conducteur : travailler en partenariat avec l'Afrique, sans jamais imposer de modèle, et encourager l'autonomie pour renforcer la résilience à long terme.

« Nous devons centrer notre solidarité sur la vision qu'a l'Afrique de son avenir et sur le rôle des institutions africaines pour faire de cette vision une réalité, a déclaré le président de la JICA. La communauté internationale doit respecter le leadership de l'Afrique et l'appropriation de son processus de développement. »

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Pour en savoir davantage sur les projets et les actions de JICA : www.jica.go.jp/french/index.html

Le résumé de la semaineFrance 24 vous propose de revenir sur les actualités qui ont marqué la semaine

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L'Humanité

Des maroquins pour l’extrême droite israélienne

Actu

Benyamin Netanyahou se dit prêt à former un gouvernement. Les sionistes religieux vont contrôler les territoires palestiniens qu’ils veulent annexer.

Pierre Barbancey

«Je l’ai. » Dans un tweet, mercredi soir, Benyamin Netanyahou a ainsi annoncé qu’il était en état de former un gouvernement. Si, au lendemain du scrutin législatif du 1er novembre, il avait déjà mis en lumière l’existence d’une majorité de 64 députés sur 120, prêts à s’allier à lui, il fallait néanmoins passer le barrage des négociations internes, avec le 11 décembre comme date butoir. Le président israélien, Isaac Herzog, lui avait octroyé dix jours supplémentaires. Cette coalition gouvernementale est soutenue par les partis juifs ultraorthodoxes (Shas et Judaïsme unifié de la Torah) et un bloc d’extrême droite appelé Sionisme religieux, incluant trois formations : Bezalel Smotrich, Force juive, d’Itamar Ben-Gvir, et Noam, d’Avi Maoz. Pour être juive, cette extrême droite n’en est pas moins fasciste.

« En Israël, nous avons une jeunesse très raciste et nationaliste » : entretien avec l'historien Shlomo Sand

En entrant au gouvernement, Bezalel Smotrich et Itamar Ben-Gvir poursuivent plusieurs buts. Ils trouvent dans cette configuration avant tout l’opportunité d’une réhabilitation du kahanisme. Cette idéologie extrémiste juive issue du sionisme religieux avait été développée par le rabbin Meir Kahane (assassiné en 1990, à New York), fondateur de la Ligue de défense juive (LDJ), organisation interdite depuis 1994 en Israël et aux États-Unis mais pas en France, où elle se déchaîne régulièrement.

Pourquoi est-il si difficile de critiquer la politique d’Israël ?

Les deux compères d’extrême droite ne cachent pas non plus leurs intentions et se partagent le travail. Ainsi, ils veulent tous deux étendre les colonies illégales en Cisjordanie occupée et l’annexion de terres palestiniennes. Or, il est fort probable que Smotrich devienne ministre en charge de la construction de colonies en Cisjordanie occupée par l’intermédiaire de l’autorité la plus influente – le ministère de la Défense –, qui comprend l’armée israélienne. Un ministère qui n’existait pas jusque-là, et qui lui donnerait le pouvoir d’empêcher la construction palestinienne dans la « zone C » – les 60 % de la Cisjordanie sous le contrôle direct de l’armée israélienne – tout en y développant la construction illégale de colonies israéliennes.

Israël. Comment Carrefour participe à la colonisation

D’ailleurs, le même Smotrich a publiquement appelé à l’annexion de la Cisjordanie occupée, tandis que Ben-Gvir se dit opposé à un État palestinien. Ce dernier s’apprête, lui aussi, à investir le gouvernement. Il devrait assumer le rôle clé de ministre de la Sécurité intérieure aux pouvoirs étendus, comme devrait le décider la Knesset, qui supervisera non seulement les opérations de police, mais aussi la police des frontières. Celle-ci est gardienne de l’occupation à Jérusalem-Est et supervise les postes de contrôle militaires en Cisjordanie. Ce qui tombe bien. Il n’y a pas si longtemps, Ben-Gvir a mené des raids de colons dans l’enceinte de la mosquée Al-Aksa et dans le quartier de Sheikh Jarrah à Jérusalem-Est occupée, où il a même sorti un revolver.

La crainte d'une remise en cause du statu quo de l'esplanade des Mosquées

Régionalement, l’installation d’un gouvernement israélien dont des membres refusent officiellement la création d’un État palestinien est perçue avec crainte. D’autant qu’un pays comme la Jordanie (signataire, comme l’Égypte, d’un accord de paix avec Israël) est aujourd’hui déstabilisée par des mouvements sociaux dus à la hausse du carburant dans un contexte de montée du chômage et de l’inflation. Une agitation sociale qu’utilisent les groupes islamistes. Amman craint par ailleurs qu’Israël ne remette en cause le statu quo sur l’esplanade des Mosquées relevant de la Jordanie. Et les autres capitales arabes signataires des accords d’Abraham (la normalisation des relations diplomatiques d’Israël avec les Émirats arabes unis, Bahreïn, le Soudan et le Maroc) vont avoir du mal à affronter leurs propres opinions publiques.

En Israël même, certains s’inquiètent de la dérive attendue de ce nouveau gouvernement. La procureure générale d’Israël, Gali Baharav-Miara, a mis en garde, le 15 décembre, contre une « politisation des forces de l’ordre » qui risquerait de mener « à une sévère violation des principes fondamentaux de l’État de droit ». Mais, comme le fait remarquer le député communiste Ayman Odeh, « le monde ne nous respectera pas si nous restons assis et nous plaignons du gouvernement Netanyahou-Ben-Gvir. (…) Je pense qu’il est pathétique de se plaindre auprès du monde sans agir nous-mêmes ». Contre toute attente, il espère que le nouveau gouvernement éveillera un nouvel esprit d’opposition et que « nous pourrions voir un demi-million de citoyens arabes et juifs se tenir ensemble pour protester sur la place Rabin à Tel-Aviv ».

israëlIsraël-PalestineBenjamin NetanyahouExtrême droite
L'Humanité

Salaires : quand Danone jette des miettes au personnel

Actu

Agroalimentaire. Un groupe de salariés s’est rendu au siège de la multinationale pour protester contre des hausses de salaires dérisoires et un projet de restructuration inquiétant.

Cécile Rousseau

Le numéro 17 du chic boulevard Haussmann à Paris s’est paré de rouge. Hier, une dizaine d’employés de Danone et élus de la CGT, venus du Massif central ou encore de Normandie, ont manifesté devant le siège de la multinationale. Alors qu’un conseil d’administration se tenait l’après-midi, les administrateurs salariés devaient présenter les signatures d’une pétition dénonçant des augmentations de salaires faméliques et un nouveau plan de restructuration.

Des mesures d’austérité

Si les 4,9 % de hausse générale pour 2023 passent mal, c’est qu’avant même la publication des résultats du groupe en 2022 ce mercredi, tout le monde sait déjà qu’ils seront supérieurs aux attentes. Mais, lors de son entrevue avec la direction, hier, Denis Denfert, coordonnateur du groupe pour la CGT, s’est vu rétorquer que « tout le monde devait faire des efforts. On leur a dit qu’on attendait une réponse plus convaincante dans les prochains jours… Nous exigeons 5 % d’augmentation supplémentaire pour rattraper le retard de ces dernières années. Nous sommes un des rares groupes purement agroalimentaires à avoir une rentabilité comprise entre 12 et 15 % ».

Alors que l’envolée des prix des denrées alimentaires fait gonfler les profits de la société, les revenus des salariés, eux, restent scotchés au plancher. Comme le rappelle Maryse Treton, secrétaire de la Fédération nationale agroalimentaire et forestière de la CGT, « les rémunérations du secteur sont de 20 % inférieures à celles des autres industries, Danone ne déroge pas à la règle ».

À la tête du groupe depuis 2021, Antoine de Saint-Affrique avait, lui, bénéficié d’entrée de jeu d’un salaire de 40 % supérieur à celui de son prédécesseur (1,4 million) avant de placer comme objectif numéro 1 l’accélération de la croissance organique. Des mesures d’austérité ont vite été mises sur la table avec le plan « Local First » permettant de réaliser 700 millions d’euros d’économie.

Une mise en sous-traitance des usines Danone

Dans la même lignée, c’est le projet NEO prévu pour 2025 qui inquiète aujourd’hui les syndicats. Une nouvelle entité, baptisée provisoirement NewCo, serait sur les rails pour regrouper les activités commerciales, financières et de recherche et développement des différentes filiales. L’activité logistique et la production resteraient, elles, sur les sites.

Pour la CGT, il s’agirait d’une mise en sous-traitance des usines Danone, qui, une fois siphonnées, pourraient être, à terme, menacées. « Notre site de production de yaourts basé dans le Calvados fait partie de Danone Produits Frais dont 1 000 salariés devraient basculer dans cette nouvelle société. Dans ces conditions, on craint, comme d’autres, que notre usine soit vendue car elle ne serait plus assez rentable », dénonce Samuel Delauney, élu CGT au CSE central de Danone Produits Frais, ajoutant que, « même si on n’était pas d’accord avec les anciens dirigeants Emmanuel Faber et Franck Riboud, ils avaient gardé une philosophie assez sociale du groupe ».

L'Humatinale

Du lundi au vendredi, l’actu essentielle décryptée par la rédaction de l’Humanité.

La direction a ainsi simulé les résultats d’exploitation qui seraient générés par les différentes filiales après la mise en place de NEO : ils sont partout en baisse. Chez Blédina, ce résultat passerait de 55 millions en 2021 à 16 millions ensuite. Pour la Société anonyme des eaux minérales d’Évian (Saeme), il chuterait de 33 à 22 millions. Présenté dans les instances représentatives du personnel, ce projet a pour l’instant été rejeté en bloc par la CGT et la CFE-CGC, qui ont refusé de signer un accord de méthode.

Les employés, tels les Auvergnats des Eaux de Volvic, refusent aussi de voir leurs droits réduits à peau de chagrin : « Le plan NEO prévoit de nous laisser nos acquis, primes d’ancienneté, d’intéressement et de participation, trois ans après son entrée en application, mais ensuite ? On redoute que tout disparaisse », s’alarme Didier Château, secrétaire adjoint CGT du CSE chez Volvic, qui s’est levé à 5 heures du matin pour venir manifester devant le siège.

Avec cette pression du chiffre, les conditions de travail se sont dégradées. Confiturier chargé de mettre les fruits dans les yaourts chez Danone Pays de Bray (Seine-Maritime) et élu CGT, Amaury Meunier déplore que « les emplois diminuent depuis des années avec la mécanisation. J’ai vu des collègues péter les plombs sur les lignes de production. L’atmosphère transpire le mépris de la part de la direction ». La logique de productivité semble déboucher dans une impasse : « De plus en plus de salariés finissent leur carrière en invalidité. Mais le groupe devrait se méfier : entre tout ça et la réforme des retraites, la Cocotte-Minute est en train de bouillir », assène Denis Denfert.

DanoneSalaires et pouvoir d'achat
L'Humanité

En Allemagne aussi, des postiers prêts à la grève illimitée

Actu

Les personnels de la Deutsche Post haussent le ton pour des hausses de salaires de 15 %. Tous les services publics sont en effervescence.

Bruno Odent

À l’heure où les Français se mobilisent pour leur retraite, les luttes sociales s’intensifient aussi outre-Rhin. Depuis des semaines, les débrayages se multiplient pour des hausses de rémunérations conséquentes à la poste et dans les services publics. 

La question est devenue ultrasensible dans le pays, où la flambée des prix se situe aux alentours de 10 %. « L’inflation, la hausse des prix alimentaires, de ceux de l’énergie, de l’essence ont dévoré le budget des employés. Beaucoup de familles ne savent plus comment s’en sortir », ​déplore Frank Werneke, le président du syndicat VerDi des services.

Depuis trente ans, l’Allemagne n’a jamais eu autant de pauvres

86 % des syndicalistes postiers prêts à la grève illimitée

Les négociations tarifaires (l’équivalent des conventions collectives françaises) n’ont pu déboucher sur aucun accord, compte tenu du refus de la partie patronale de bouger sur des hausses de salaires qui compensent réellement les pertes de pouvoir d’achat. VerDi exige une hausse de 10,5 % des salaires dans les hôpitaux, les jardins d’enfants, les transports urbains ou encore les aéroports, dont plusieurs ont été paralysés par les débrayages.

C’est à la poste allemande, entièrement privatisée, que la tension est la plus forte. Le syndicat des postiers affilié à VerDi revendique 15 % d’augmentation. Le patronat campait sur son refus et n’envisageait de hausses de salaires qu’à partir de… 2024.

Face au blocage, VerDi a lancé une consultation interne sur le lancement d’une « grève illimitée ». Le résultat est sans appel : quelque 86 % des syndicalistes postiers sont prêts à entrer dans un mouvement de ce type, très inhabituel d’un modèle social allemand centré sur la culture du compromis.

En 2022, des profits record pour Deutsche Post DHL

La direction de Deutsche Post DHL, qui célébrait devant la presse, quelques instants plus tôt, ses profits record en 2022 (8,4 milliards d’euros), a précipitamment fait savoir qu’elle était finalement prête à reprendre la négociation salariale, ce 10 mars. « Les patrons sont bien inspirés de prendre ce vote très au sérieux », a réagi Andrea Kocsis, dirigeante du syndicat des postiers.

Elle indiquait qu’ils portaient la responsabilité de ne plus traiter désormais « les revendications syndicales (que) par le mépris ». La direction de la Deutsche Post DHL avait disqualifié la demande du syndicat, dans les précédents rounds de négociations, comme « économiquement non viable ».

Le printemps social s’annonce chaud

Au sein de la Deutsche Post, privatisée, les conditions de travail et les rémunérations n’ont cessé de se détériorer sous l’effet de l’ubérisation massive de la gestion de l’entreprise. Un postier sur trois perçoit entre 1 400 et 2 100 euros net par mois.

L'Humatinale

Du lundi au vendredi, l’actu essentielle décryptée par la rédaction de l’Humanité.

Et un manque de personnel devenu chronique conduit notamment à un allongement des tournées des facteurs, sans compensation. Le printemps social s’annonce chaud en Allemagne, tant le ras-le-bol contre l’inflation et les pertes de pouvoir d’achat s’étend.

Les personnels des écoles, hôpitaux, transports, qui ont déjà débrayé, pourraient hausser le ton et emboîter le pas aux postiers. Sur la défensive, la fédération patronale réclame un durcissement de la réglementation du droit de grève, pourtant déjà très restrictive.

Le rédacteur en chef d'un jour : « La grève n'est pas une spécialité française »

La France serait le seul pays au monde à connaître de grandes grèves, selon certains éditorialistes. Ils sont bien mal informés… ou, plutôt, tentent de faire pression sur l’opinion publique, de diviser le monde du travail. La réalité est bien différente, comme le démontre l’actualité sociale européenne depuis des mois. La question du pouvoir d’achat et de l’augmentation des salaires est au cœur de nombreux conflits sociaux. Le mouvement social historique au Royaume-Uni ne fait que trop rarement la une de nos journaux, en dépit des grèves importantes et inédites dans de nombreux secteurs, comme dernièrement dans la santé. Que des infirmières choisissent la grève reconductible est symbolique du niveau de la colère.

En Espagne et au Portugal aussi, les luttes se démultiplient. Même l’Allemagne, pays cité pour la qualité de son dialogue social chez nos détracteurs locaux, connaît de nombreux mouvements de grève. Dans la métallurgie, l’automobile, les transports comme le rail ou l’aérien, etc., les salariés revendiquent et utilisent le droit de grève, pourtant très restreint outre-Rhin.

Ces quelques exemples démontrent combien, dans tous les pays, là où ce droit demeure, même restreint, la grève est un outil de lutte efficace pour obtenir satisfaction. C’est pourquoi patronat et gouvernement veulent le restreindre ou l’interdire. La grève n’a pas de nationalité, elle est internationaliste.

Allemagneluttes socialesLa PosteSalaires et pouvoir d'achat
L'Humanité

Jeu vidéo. Chez Ubisoft, les salariés en grève pour la première fois

Actu

Numérique Jamais depuis 1986, les salariés d'Ubisoft n'avaient fait grève. Pour la première fois, chez le géant du jeu vidéo français, une intersyndicale appelle à se mobiliser, le 27 janvier, pour exprimer le ras-le-bol général ressenti par les salariés français, alors que la direction vient de demander de nouveaux efforts à l’ensemble des effectifs.

Pierric Marissal

La magie n’opère plus chez Ubisoft. Le patron patriarche, Yves Guillemot, a écrit à ses salariés début janvier, expliquant pourquoi il devait revoir à la baisse ses objectifs financiers. « Aujourd’hui, plus que jamais, j’ai besoin que vous vous mobilisiez encore plus pour que nous puissions renouer avec le succès », leur a-t-il enjoint, insistant : « La balle est dans votre camp. » Plutôt que de souder les troupes, cette requête patronale a poussé les salariés à la grève, à l’appel des deux syndicats présents dans l’entreprise, Solidaires Informatique et le STJV (Syndicat des travailleurs du jeu vidéo).

« Ce vendredi, c’est en fait la première grève chez Ubisoft. On appelle à un rassemblement, notre but premier est de créer un collectif », explique Marc Rutschlé, de Solidaires Informatique. Son collègue du studio parisien, représentant du STJV, Pierre-Étienne Marx, renchérit : « Lors des distributions de tracts, les retours sont vraiment bons, les discussions sont plus ouvertes, les syndicats ne font plus peur et la grève n’est plus taboue. D’autant que, avec la réforme des retraites, les travailleurs du jeu vidéo se sentent aussi rattrapés par l’actualité sociale. » Plus de 200 travailleurs du secteur ont défilé sous les couleurs du jeune syndicat, lors de la première journée nationale de mobilisations, le 19 janvier.

Face à la fronde, le PDG d’Ubisoft a tenté la carte du « vous m’avez mal compris », avant de ressortir son argumentaire économique. La direction avait en effet projeté de meilleures ventes pour les derniers opus de Mario + les Lapins crétins et de Just Dance. « Nous prenons la décision difficile de mettre un terme au développement de trois projets non encore annoncés, en plus des quatre déjà annulés en juillet », a expliqué aux salariés Yves Guillemot, annonçant une « réduction des coûts de plus de 200 millions d’euros au cours des deux prochaines années, en nous appuyant principalement sur des ajustements organisationnels ciblés, ainsi que sur l’attrition naturelle ».

Des développeurs ont atteint 400 heures supplémentaires en un an

Le terme, synonyme d’usure, n’a pas plu aux salariés épuisés. « Dans l’esprit de la direction, c’est positif, elle dit par là qu’elle ne prévoit pas de licenciements de masse, alors que presque chaque jour, dans la tech, un plan social est annoncé, traduit Pierre-Étienne Marx. En un sens, elle nous dit : réjouissez-vous, on va juste pousser les gens dehors. » Les syndicats vont en tout cas être attentifs à ce que des équipes ne soient pas, d’une manière ou d’une autre, poussées à la démission. Car, vu la moyenne d’âge dans les studios de jeu vidéo, la baisse des effectifs promise ne se fera pas avec des départs à la retraite non remplacés… Les représentants du personnel sont aussi inquiets de cet effort supplémentaire demandé aux salariés, car l’épuisement professionnel guette et plusieurs souffrent de tendinite aiguë au poignet. Chez Ubisoft Paris, certains développeurs ont atteint 400 heures supplémentaires en un an, soit l’équivalent de deux mois et demi de travail ! « La direction ne force pas, mais insiste beaucoup et quand il y a un tiers des salariés en contrats précaires, ça marche souvent », pointe Marc Rutschlé.

La dernière fois qu’Yves Guillemot avait appelé ses salariés à se dresser ainsi à ses côtés, c’était lorsque Vincent Bolloré avait failli racheter le groupe, en 2017. La fibre entreprise familiale, de passionnés, avait fonctionné à pleins tubes : le patron était accueilli comme une star dans les studios, les salariés se prenaient en photo avec lui… Aujourd’hui, ce même appel à l’union les mène à la grève. « On ne s’est jamais remis des scandales de harcèlement sexuel en 2020, d’autant plus que la direction n’a jamais reconnu la moindre part de responsabilité, résume Marc Rutschlé. Cela a profondément abîmé la confiance. » Puis la direction s’est entêtée à vouloir vendre des NFT (accessoires numériques que les joueurs peuvent acquérir) dans ses jeux, contre l’avis des équipes, avant de faire marche arrière face à la bronca de ses joueurs. « Ce qui ne passe vraiment pas, c’est qu’on nous dise : la balle est dans votre camp, alors qu’on subit les mauvais choix d’une direction qui ne nous consulte pas ! » s’emporte Pierre-Étienne Marx.

Harcèlement sexuel. Du très lourd chez Ubisoft

À cette coupe déjà pleine, il faut ajouter le problème des salaires. À échelle française, Ubisoft ne paie pas mal ses salariés, mais la concurrence est très faible. Face aux autres géants de l’industrie, la comparaison fait mal. « Près d’un tiers des développeurs qui avaient un peu d’expérience sont partis des studios d’Ubisoft Montréal et ont trouvé de meilleurs salaires et un environnement de travail plus sain chez la concurrence, explique Marc Rutschlé. Certains collègues français partent aussi chez de gros studios européens qui acceptent le télétravail à temps plein. » Ne faire aucun effort sur les salaires, voilà peut-être la stratégie d’ « attrition » de la direction. 

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L'Humanité

Grand écart salarial chez Schneider Electric

Actu

GRÈVE Les employés du géant des équipements électriques et automatismes industriels sont mobilisés un peu partout en France à l’appel de l’intersyndicale CFDT, CFE-CGC, CFTC et FO. Ils exigent une juste répartition des richesses.

Cécile Rousseau

Branle-bas de combat. Mardi, une partie des 15 000 salariés français de Schneider Electric (ils sont 10 000 dans la maison mère et 5 000 dans les filiales) sont en grève un peu partout en France à l’appel de l’intersyndicale CFDT, CFE-CGC, CFTC et FO pour une durée minimum de trois jours. La plupart des sites sont bloqués pour exiger des augmentations de rémunérations « décentes ». C’est le cas à Guichainville (Eure), à côté d’Évreux. Sur la plateforme logistique, plus aucun camion transportant des interrupteurs ou des transformateurs ne sort ni ne rentre depuis 4 heures du matin.

Présent aux aurores, le coordinateur adjoint FO du groupe et des filiales, Michel Chiret, est satisfait : « On s’est bien installé, on a mis le barnum à l’entrée et allumé le barbecue. Certains sont déjà prêts à y passer la nuit. 120 personnes sur les 300 de l’entreprise sont en grève à l’heure où je vous parle. D’autres s’y mettront demain. Compte tenu des niveaux de salaire, c’est bien qu’il y ait un roulement pour limiter les pertes financières. » Presque surpris par l’ampleur de la mobilisation, il énumère avec plaisir tous les entrepôts et usines, de la Normandie en passant par l’est de la France, la région dijonnaise, lyonnaise, montpelliéraine ou encore angoumoisine qui ont également cessé leur activité.

Il faut dire que les propositions faméliques de 3,7 % d’augmentation de la part de la direction (2 % de hausse générale et des mesures individuelles équivalentes à environ 1,6 % de la masse salariale) lors des négociations annuelles obligatoires (NAO) ont mis le feu aux poudres. Impossible de joindre les deux bouts avec une inflation de plus de 5 %, et des salaires oscillant autour de 1 700 euros, primes de panier et d’équipes incluses. Les mesures de la direction ont « braqué toutes les organisations syndicales », constate Emmanuel Da Cruz, coordinateur national FO pour le groupe.

Le grand écart des rémunérations entre les ouvriers et les différents niveaux d’encadrement a achevé de faire monter la colère. « On nous propose des miettes et on devrait attendre trois ans pour avoir des hausses individuelles au bon vouloir des chefs, alors que les cadres sont bien rémunérés et touchent des bonus en fonction de leurs objectifs qui représentent trois à quatre mois de salaire. Ces primes ont même flambé de 35 % l’année passée. On a un énorme problème de répartition des richesses », précise Michel Chiret.

3,2 milliards d’euros de bénéfices pour 2021

Selon FO, la rémunération du PDG, Jean-Pascal Tricoire, a également bondi de 30 %. Les syndicats n’ont donc pas hésité à exiger 6 % d’augmentation globale, avec un talon de 100 euros pour ceux gagnant le moins, qui devient dégressif en fonction du salaire. « On a un peu changé notre manière de revendiquer, c’est plus concret pour les salariés. On leur parle d’argent et pas de pourcentages », précise Michel Chiret. D’autant que Schneider Electric a enregistré des résultats record pour 2021, porté par la reprise post-Covid et par l’expansion des marchés de l’électrification et de l’efficacité énergétique. Son bénéfice net annuel s’est élevé à 3,2 milliards d’euros, en hausse de 51 % par rapport à 2020 et de 33 % par rapport à 2019.

La dernière période a aussi été faste pour la société du CAC 40. « Quand on décode les annonces de notre PDG, on voit qu’on va faire la même année que l’année dernière, une année extraordinaire pour le groupe », assène Emmanuel Da Cruz. Alors qu’une ultime réunion de négociation salariale était prévue, mardi, au siège francilien de la multinationale, la mobilisation est maintenue jusqu’à la journée d’actions contre la réforme des retraites de jeudi. « Cela devrait encore amplifier le mouvement, analyse Michel Chiret. Je fais partie des carrières longues. Avec la réforme, je devrais travailler 44 ans au lieu de 42 comme avant. Dans les faits, je les ai déjà. Mais je pense à ceux qui devront faire ces deux ans de plus, ça me semble inconcevable vu comment on se fait exploiter. » Le groupe semble, lui, plus que jamais en bonne santé. Les dirigeants de Schneider Electric ont été conviés avec d’autres patrons du CAC 40 à l’Élysée avant le Forum économique mondial de Davos pour évoquer la défense des intérêts français face à la crise.

Côté syndical, si aucune réponse positive n’est apportée aux revendications, il est déjà prévu de rendre une petite visite aux 1 000 cadres et commerciaux de la société qui se retrouveront sur la riviera normande, à Deauville (Calvados), les 24 et 25 janvier, pour leur grande réunion annuelle en présence du PDG.

industrieschneiderSalaires et pouvoir d'achat
L'Humanité

Les conducteurs de bus de Tice débrayent pour leurs salaires

Reportage

Transports Depuis le 3 janvier, une partie des salariés de la société d’économie mixte se relaient jour et nuit sur le piquet de grève installé en face du dépôt de bus de l’entreprise, dont le réseau est en voie de privatisation.

Eva Leray

Bondoufle (Essonne), envoyée spéciale.

«Ce n’est pas un plaisir d’être ici, mais on n’a pas le choix. » Comme une vingtaine de ses collègues, Moussire Sissoko brave le froid et la pluie de ce mois de janvier pour tenir le piquet de grève monté en face de la société de transport Tice, qui les emploie. Ils sont conducteurs de bus, contrôleurs, médiateurs ou pompistes et ont suivi l’appel à la grève lancé par les syndicats (SUD solidaires, FO, CGT, Usapie et CFE-CGC) pour revendiquer une augmentation de leurs salaires. Ce mouvement social pour les rémunérations signe un malaise des salariés bien plus large, concernant leur avenir. Transports intercommunaux Centre Essonne (Tice) est une société d’économie mixte détenue majoritairement par l’agglomération Grand Paris Sud, opérant sur 19 lignes de bus et couvrant une vingtaine de communes du département. Mais ce réseau fait l’objet d’un appel d’offres en vue de sa privatisation. Coactionnaires minoritaires de Tice, Transdev et Keolis sont sur les rangs. « On va être rachetés », souffle à l’abri de la pluie Errol Ashby, conducteur de bus chez Tice depuis onze ans et délégué syndical à Usapie. « Ce n’est pas un rachat », conteste le directeur général de la société contacté par l’Humanité. « Il s’agit d’une réponse à un appel d’offres lancé entre nos deux partenaires, Transdev et Keolis. » Selon Mohamed Khoutoul, les salariés de Tice seront transférés au 1er janvier 2024 dans la nouvelle entité créée qui leur assurera une « sécurité d’emploi et de rémunération ».

Cette éventualité inquiète les salariés. « Quand ce sera fait, le nouveau propriétaire pourra négocier tous les accords, pointe Errol Ashby. La seule chose qu’il ne pourra pas toucher, ce sont les salaires. Donc, c’est pour ça qu’on se bat aujourd’hui. » Depuis le début du mouvement, mardi 3 janvier, les représentants des salariés, dont Moussire Sissoko, délégué syndical SUD solidaires, et la direction ne trouvent pas d’accord. Lors de la dernière discussion, qui a eu lieu vendredi 6 janvier, les syndicats réclamaient 8,75 % d’augmentation ; l’entreprise, elle, proposait seulement 3,75 %. « C’est un manque de respect ! » s’énerve une salariée en poste depuis 2015. D’autant plus que les syndicats estiment avoir fait des efforts sur les négociations.

« Ce qu’on réclame, ce n’est pas une augmentation, mais un ajustement des salaires sur l’inflation »

Au début du conflit, la revendication était d’augmenter les salaires de 12 %. « Un montant justifié », selon Zakaria Berri, travailleur et secrétaire du comité social d’entreprise (CSE), mais « déraisonnable » pour le directeur de la société. « Ce qu’on réclame, ce n’est pas une augmentation, mais un ajustement des salaires sur l’inflation », renchérit Bella, qui travaille chez Tice depuis 2015. « Depuis trois ans, nous n’avons pas touché la prime d’intéressement », souligne Zakaria Berri, élu du personnel SUD solidaires.

La direction de Tice contre-argumente. Pour la prime d’intéressement, complément de revenu annexe au salaire et calculé en fonction des résultats générés par l’entreprise, « la société est en déficit depuis trois ans » et ne l’a donc pas versée aux employés, répond le directeur général, Mohamed Khoutoul. Qui assure plus globalement que « le pouvoir d’achat de nos salariés est l’un des plus élevés de notre branche en Île-de-France ». Il ajoute que les salaires des employés de Tice sont 20 à 25 % plus élevés que dans les autres entreprises du secteur du transport terrestre urbain de voyageurs. « On a proposé une hausse des salaires de 3 %, accompagnée d’une prime de partage de la valeur d’un montant de 1 000 euros qui s’adresse à 90 % des salariés. Ça correspond à une augmentation de leur pouvoir d’achat de 7,73 %. »

« Si c’était vraiment le cas, on aurait tous signé. Moi, je dis oui tout de suite à une augmentation de 7 % ! » réagit Zakaria Berri. « Pour le moment, ce ne sont que des paroles, nous n’avons encore rien signé avec la direction », pointe à ses côtés Moussire Sissoko, qui reste confiant face à la semaine décisive qui arrive. Une réunion entre les syndicats et la direction devrait avoir lieu d’ici à la fin de semaine ou en début de semaine prochaine, nous assure la société Tice. En attendant, les travailleurs déplorent une rupture du dialogue social depuis l’arrivée de Mohamed Khoutoul. Information que le principal concerné dément au téléphone. Certains salariés présents sur le piquet de grève dénoncent un climat de « tension et de pression » au sein de l’entreprise. « On veut que le directeur s’en aille, il ne discute avec personne », souffle une travailleuse. Comme un murmure, chacun y va de sa remarque. Sur le piquet de grève, si cette sourde exigence n’apparaît pas parmi les revendications axées sur les rémunérations, elle est cependant bien inscrite sur une pancarte et visible par tous : « Khoutoul démission ».

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Retraites. L’escroquerie sociale du Rassemblement national

Actu

Avant d’aborder la réforme des retraites, sur laquelle ils tenteront de se présenter comme des opposants au libéralisme, les députés RN porteront, ce jeudi, une proposition de loi pour « augmenter les salaires », basée sur les exonérations de cotisations. Tour d’horizon des tromperies sociales du parti de Marine Le Pen. 

Florent LE DU

Le masque social de Marine Le Pen reste bien accroché. Après avoir axé ses dernières campagnes sur le pouvoir d’achat, la cheffe de file des députés RN cherche à surfer sur sa prétendue

Nouvelle étape, jeudi, à l’occasion de sa niche parlementaire. Le groupe d’extrême droite a choisi de mettre d’abord en discussion sa proposition phare de la présidentielle en la matière: la hausse des salaires. Ou plutôt, son illusion.

Baisser les cotisations patronales et réduire encore la protection sociale

Le RN propose en réalité d’inciter les entreprises à augmenter de 10 % les paies allant jusqu’à trois fois le Smic en les exonérant des cotisations patronales sur cette majoration.

Une vieille recette libérale qui « représente bien la vision qu’a le RN du monde du travail: protéger le capital, les entreprises, et faire peser ces fausses augmentations, pourtant nécessaires, sur la protection sociale », dénonce Pierre Dharréville. Le député communiste y voit un « numéro d’illusionniste pour faire croire qu’ils défendent les travailleurs ».

Ce que soutient le RN Jean-Philippe Tanguy, évoquant une revalorisation du « salaire réel » (sous-entendu le salaire net) qui serait bénéfique pour l’État car elle permettrait « une hausse des consommations ».

SS, collabos, miliciens, gros colons... bienvenue au FN !

Une arnaque dans l’arnaque, sémantique cette fois. « C’est une démagogie qui consiste à faire croire que le salaire n’est que celui versé directement aux salariés, en occultant le salaire indirect (la différence entre le net et le brut – NDLR), qui correspond aux cotisations, donc à l’espace collectif », explique l’économiste Jean-Marie Harribey, ancien président d’Attac.

« Cette proposition, c’est privilégier la consommation marchande à la consommation publique, miser sur le productivisme. » Donc, en définitive, affaiblir la « protection des travailleurs français » chère à Marine Le Pen.

L’esbroufe de l’augmentation des prix du tabac

Le projet du RN constitue un manque à gagner pour la Sécurité sociale, les retraites ou encore les allocations familiales. Il serait compensé par l’augmentation du prix du tabac. Une mesure qui fiscaliserait encore un peu plus le financement de la protection sociale.

En outre, elle serait certes efficace en matière de santé publique, mais pèserait principalement sur les plus modestes.

50 ans du Front national. Quels liens entre le FN d'hier et le RN d'aujourd'hui ? Réponse de l’historien Nicolas Lebourg

En 2019, 30 % du tiers des revenus les plus bas et 43 % des privés d’emploi seraient fumeurs, selon l’Observatoire des inégalités, contre 18,2 % du tiers des revenus les plus élevés. « Par ailleurs, ce n’est pas tenable, la hausse serait plus que spectaculaire pour qu’il y ait une véritable compensation », estime Jean-Marie Harribay.

« Avec Marine Le Pen, les pauvres restent pauvres et les riches restent riches. »  Fabrice Flipo, professeur de philosophie politique

Une incohérence qui représente bien le projet faussement social du parti de Marine Le Pen. Avant le second tour de la présidentielle, la candidate revendiquait « l’importance à accorder aux plus vulnérables ».

Pour Fabrice Flipo, professeur de philosophie sociale et politique, qui a disséqué le programme du RN, l’esbroufe est totale: « Le “social”, en clair les mesures qui viendraient améliorer la condition des populations les plus démunies, est peu présent dans le programme de Marine Le Pen. Les salaires n’augmentent pas, la redistribution est inexistante », explique-t-il.

Par ailleurs, ses propositions pour améliorer le pouvoir d’achat (baisse de la TVA, fin de la redevance audiovisuelle) provoqueraient des « conséquences dangereuses », selon Fabrice Flipo, qui conclut: « Avec Marine Le Pen, les pauvres restent pauvres et les riches restent riches. »

Sur les retraites, la démagogie plutôt que la cohérence

Cela se confirme depuis juin: ses troupes ont systématiquement voté contre l’augmentation du Smic, l’indexation des salaires sur l’inflation, le blocage des prix, la revalorisation des petites retraites…

Des retraites dont les caisses seraient affaiblies par les exonérations de cotisations patronales que le RN propose. « Si vous êtes favorables à la retraite à 65 ans, dites-le directement », a ainsi ironisé l’insoumis Hadrien Clouet en commission.

La vitrine du RN vend pourtant l’inverse. « C’est une folie de faire cette réforme », a même jugé sur France Inter le président du RN Jordan Bardella, quand le député Julien Odoul parle de « réforme antisociale ».

Pourtant, en bons libéraux, les frontistes ont abandonné, il y a un an, le totem de la retraite à 60 ans.

Cherchant davantage à gagner des électeurs qu’à être cohérent, le parti d’extrême droite propose désormais un âge de départ progressif: 60 ans pour ceux ayant commencé à travailler entre 17 et 20 ans, et jusqu’à 67 ans pour ceux qui ont débuté leur carrière à 25 ans ou plus, pour une retraite à taux plein.

Retraites. La gauche avance unie pour mettre Macron en échec

« Marine Le Pen a changé de pied plusieurs fois en fonction des électorats à conquérir », confirme le politologue Jean-Yves Camus, spécialiste de l’extrême droite. « Cette fois, contrairement à 2019 quand elle était assez discrète, elle a affiné son projet et espère représenter une opposition importante et crédible à Emmanuel Macron. »

Une escroquerie de plus qui pourrait fonctionner, selon plusieurs observateurs. « Dans la mesure où le RN est arrivé à se positionner sur le pouvoir d’achat, les petites retraites, c’est plutôt bien pour lui d’aller sur le thème d’un pouvoir déconnecté qui méprise les Français, estime Bruno Cautrès, politologue au Cevipof. Un débat centré sur les questions d’injustice, avec en toile de fond des artisans, des boulangers qui ferment boutique, est un contexte qui lui est favorable. »

Un parti profondément anti-social

Néanmoins, l’extrême droite n’a ni la crédibilité, ni les propositions alternatives, ni la culture sociale pour se présenter comme un réel opposant à la Macronie.

Son opposition historique aux mouvements sociaux et aux syndicats pourrait la sortir du débat public, surtout si l’affrontement entre forces de gauche et droite libérale s’intensifie. « La culture antisyndicale reste assez forte au RN, qui ne peut donc pas avoir un rôle central dans le mouvement et devra trouver un autre moyen d’exprimer son rejet de la réforme », résume Bruno Cautrès.

En débat : la retraite à 60 ans est-elle possible ?

La lutte contre les retraites pourrait faire office de révélateur, alors que 74 % des sympathisants RN sont favorables à un mouvement sur les retraites, selon un sondage Ifop pour Politis. « Localement, des élus pourraient se montrer, mais seraient-ils acceptés, visibles dans les cortèges? C’est loin d’être gagné, abonde Jean-Yves Camus. Si la mobilisation est massive, si les syndicats sont à la pointe du mouvement, le RN sera naturellement hors-jeu. »

Et le masque social pourrait commencer à tomber.

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Sylvain Crépon : « Le discours du RN évolue en fonction de ses cibles électorales »

Entretien

Sylvain Crépon, sociologue, détaille une stratégie d’abord ouvertement ultralibérale, puis visant à convaincre à la fois les classes populaires et les autres catégories sociales.

Antoine Portoles

Depuis la création du Front national en 1972, comment le discours social du parti a-t-il évolué?

Des années 1970 jusqu’au milieu des années 1990, le Front national (FN) défend un ultra­libéralisme économique, avec Thatcher et Reagan pour modèles, dans les années 1980. Pour Jean-Marie Le Pen, l’État doit s’en tenir à ses fonctions régaliennes et ne pas intervenir dans l’économie. Mais une autre phase s’ouvre dans les années 1990, alors que l’électorat du FN est de plus en plus populaire.

RN. L’institutionnalisation de l’extrême droite est-elle en marche ?

Le Pen se rend compte que, pour garder cet électorat, il faut intégrer des idées à la fois sociales et nationalistes. Ce discours social a toujours évolué en fonction de ses cibles. Déjà, le parti essaie de contenter autant les milieux patronaux que populaires, en gardant le nationalisme comme pierre angulaire.

Enfin, avec l’arrivée à la tête du FN de Marine Le Pen, implantée électoralement dans le Nord-Pas-de-Calais, un territoire désindustrialisé, le parti adopte une certaine forme d’anticapitalisme nationaliste qui critique la mondialisation, l’Europe fédérale. En parallèle, le Rassemblement national (RN) s’efforce de se donner une légitimité gestionnaire, pour ne pas s’aliéner le patronat et les professions libérales.

Ce numéro d’équilibriste tient-il uniquement de la stratégie électorale?

Au RN, il faut toujours distinguer le discours du programme, car les intentions ne se traduisent pas par des mesures concrètes, mais par un grand flou sur les questions économiques et sociales.

Une position qui rappelle la stratégie initiale de François Duprat, numéro 2 du FN jusqu’à sa mort en 1978 : obliger la droite de gouvernement à se positionner sur ses thématiques d’immigration et de sécurité – selon le concept de l’original à la copie –, et concurrencer le PCF dans sa capacité à mobiliser les classes populaires.

Ces deux axes continuent de constituer la stratégie du RN aujourd’hui. Celui-ci va donc tenir un discours social, mais sans aller trop loin, pour ne pas créer de mécontentement. C’est ainsi que Marine Le Pen a réussi à conquérir une partie du petit patronat, qui a le sentiment qu’on en fait que pour les grands groupes, que pour la nouvelle économie mondialisée. La thématique du souverainisme, même identitaire, peut parler à cet électorat.

Pourtant le RN est régulièrement présenté comme le premier parti des classes populaires, est-ce le cas?

On oublie souvent que, dans les catégories ­populaires, une part ­significative des ouvriers a toujours voté à droite. Ce n’est donc pas tant un transfert des voix de la gauche au RN qui s’est opéré, mais bien de la droite au RN.

Jean-Yves Camus : « Ces surenchères ne profitent qu’à l’extrême droite »

Les ouvriers ou précaires de gauche se sont davantage abstenus. Par ­ailleurs, ces électeurs du Rassemblement national ne sont pas forcément les plus précaires mais ceux qui sont juste au-dessus. Ils ont juste la tête hors de l’eau, mais n’arrivent pas pour autant à respirer. C’est aussi la défiance politique qui a motivé le vote RN.

Marine Le Pen est parvenue à afficher une proximité avec ces classes populaires, simplement sur la forme. Il leur suffit donc d’avoir des discours forts comme l’opposition à la retraite à 65 ans, même si ce n’est assorti d’aucune mesure concrète, pour légitimer cet ancrage politique auprès de ces catégories.

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L'Humanité

Un accord très chiche sur le partage de la valeur

Actu

Rémunérations Les organisations patronales et syndicales (sauf la CGT) annoncent signer un accord national interprofessionnel pour augmenter le pouvoir d’achat.

Stéphane Guérard

Le nouvel accord sur le partage de la valeur créée en entreprise répond-il à des raisons que la raison aurait dû ignorer en temps normal ? Mis en chantier depuis plus d’un an et signé ces derniers jours par les trois organisations patronales et quatre confédérations syndicales sur cinq (la CGT a annoncé ne pas le signer, mardi), cet accord national interprofessionnel (ANI) se fait fort d’ouvrir de nouvelles pistes pour flécher une part plus conséquente des bénéfices en faveur des salariés. Une bonne intention, alors que les conflits sur les rémunérations demeurent très nombreux en cette période d’ouverture des négociations annuelles. Mais les termes de cet accord ne suscitent pas la joie parmi les « partenaires sociaux » signataires.

En ces temps de forte inflation (+ 6,2 % sur un an), tirée par l’envolée des prix dans l’alimentaire (+ 14,5 % sur un an), tout coup de pouce en faveur des travailleurs est bon à prendre. « FO, consciente que toute mesure en faveur du pouvoir d’achat constitue un plus pour les salariés, a fait le choix de signer cet ANI, considérant qu’il comporte quelques avancées, notamment au bénéfice des salariés des petites et moyennes entreprises », note ainsi la confédération dirigée par Frédéric Souillot. Même paraphe du bout du stylo de la part de la CFTC, « même si (l’accord) n’est pas aussi ambitieux que la situation du pays ne l’exige ».

Des mécanismes exonérés de cotisations

Le problème, pour la CGT non signataire, réside dans le fait que « le patronat (a) persisté à refuser de discuter des augmentations de salaires, notamment des minima de branches. (…) Conséquence : l’accord se limite à un rappel des dispositions légales en vigueur tant pour les négociations salariales annuelles que pour d’autres sujets majeurs comme les classifications ou l’égalité professionnelle entre les femmes et les hommes ».

Le cœur de l’ANI a donc trait à tout ce qui est périphérique au salaire. Soit la participation, l’inté­ressement, la prime pouvoir d’achat… Principale nouveauté : l’accès des entreprises de 11 à 49 salariés à ces dispositifs à partir du 1er janvier 2025. Mais à condition que la société génère au moins 1 % de bénéfice sur trois années. Le reste prévoit tout un tas d’incitations pour étendre la participation, accroître l’actionnariat salarié et même développer l’épargne salariale ou retraite, avec la possibilité d’y verser des primes Macron. Soit autant de mécanismes exonérés de cotisations qui fragiliseront un peu plus le financement de la Sécurité sociale et de son régime général des retraites.

À défaut de large contentement, cet accord suscite un double soulagement. D’une part, il devrait permettre d’échapper au « dividende salarié » que préparait le gouvernement, sorte d’usine à gaz inventée par la communication élyséenne, paraissant conditionner le versement de dividendes aux actionnaires à un mécanisme non identifié censé distribuer du pouvoir d’achat aux salariés. L’autre soulagement a trait au paritarisme nié depuis cinq ans par le pouvoir macronien. « Cet accord normatif démontre l’utilité du dialogue social et l’efficacité du paritarisme », souligne, par exemple, la CFDT.

Salaires et pouvoir d'achatparticipationprime d'intéressementépargne salariale
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Retrouvailles. Luther revient, et il n’est pas content

Nos recommandations culturelles

Caroline Constant

Après la série, le film : John Luther, le détective torturé dont les aventures et les états d’âme ont embrasé le petit écran, revient le temps d’un film donc, sur Netflix. Dans la peau du flic, l’électrique Idris Elba poursuit sa magnifique prestation, quatre ans après la fin de la série éponyme.

Et, cette fois, le héros n’est pas en position de force. Il est un « soleil déchu », comme l’indique le titre : il est en prison, après avoir, dans le dernier épisode de la cinquième saison, poussé un peu trop loin ses méthodes de flic solitaire. Mais un nouveau tueur en série va titiller son intelligence hors pair : évadé, il va n’avoir de cesse de le dénicher et de le mettre hors d’état de nuire. Mais sans avoir, cette fois, le soutien logistique de la police : il est lui-même hors la loi. Et pousse ainsi jusqu’au bout sa logique : qu’est-ce qui le sépare, au fond, des criminels qu’il poursuit ? Et alors que toute sa vie est un champ de ruines, qu’a-t-il encore à perdre dans cette histoire ?

Luther, c’est un diamant, notamment dans les deux premières saisons de la série, qui en compte cinq. En 2010, quand il a débarqué sur les écrans, de la BBC au Royaume-Uni et de Canal Plus en France, il a revisité complètement le genre de la série policière : le personnage n’est pas sans zones d’ombre, et le fil sur lequel il tient renvoie chacun à ses propres démons. Le faire revenir et le pousser dans ses derniers retranchements est une sacrée bonne idée, signée du créateur de la série, Neil Cross. Idris Elba, toujours aussi habité et majestueux, vaut le détour, dans ce rôle comme dans les autres.

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Grèves pour les salaires, du jamais-vu en Allemagne

Actu

Étranglés par l’inflation et la modération salariale, les fonctionnaires comme leurs collègues postiers, sous-payés au sein du géant privé Deutsche Post DHL, débrayent pour des hausses de rémunérations de 10,5 % et 15 %.

Bruno Odent

Des millions de paquets et de lettres non distribués qui s’accumulent depuis plusieurs semaines, des infrastructures de services publics paralysées, jusqu’à la fermeture totale de certains aéroports comme celui de la capitale, Berlin, le 25 janvier, les grèves dites d’avertissement s’intensifient à la Poste et se multiplient dans tout le secteur public en Allemagne. Au cœur de ces conflits, des revendications pour des hausses de salaires très conséquentes – 15 % pour les postiers et 10,5 % pour l’ensemble des personnels de la fonction publique.

Partout, un mécontentement intense se répand, nourri par un niveau d’inflation parmi les plus élevés d’Europe, proche des 10 %. Au point que le président de l’Alliance des fonctionnaires (Beamten Bund, DBB), Ulrich Silberbach, évoque un durcissement jamais vu dans ce type de conflit, compte tenu que les autorités des communes, des Länder et de la fédération jugent « irrecevables » les revendications des salariés dans les négociations tarifaires entamées fin janvier. Si on en reste là, a précisé Silberbach, « les tramways, les jardins d’enfants ou encore le ramassage des ordures ­ménagères : bientôt plus rien ne fonctionnera ».

Des conditions précaires, souvent de nuit et tributaires de contrats à temps partiel

Venant des fonctionnaires du DBB, la déclaration a suscité beaucoup d’émoi. Car, outre-Rhin, les fonctionnaires ne représentent que la partie généralement la plus qualifiée des personnels des services publics. Ils peuvent se syndiquer et formuler des revendications, mais le droit de grève leur est interdit. Et le DBB, qui revendique également 10,5 % de hausses de salaires, fait part de toute sa solidarité avec les employés du secteur regroupés au sein du grand syndicat des services, VerDi. Chez les postiers, dont le mouvement pour 15 % d’augmentation a démarré avant celui de la fonction publique, les grèves d’avertissement ne cessent de s’étendre. Depuis la privatisation complète de la Poste, achevée au début des années 2000 par le gouvernement Schröder/ Fischer (SPD/Verts), salaires et conditions de travail n’ont cessé de se dégrader au sein de l’ex-entreprise publique devenue un géant privé, Deutsche Post DHL Group. Selon une étude de l’Office des statistiques fédérales sur l’évolution des rémunérations, les postiers sont les plus mal lotis de la République fédérale. Près d’un tiers d’entre eux évolue dans des conditions précaires, souvent de nuit et tributaires de contrats à temps partiel. Les ponctions enregistrées à cause de l’inflation en 2022 et 2023 y sont encore plus douloureuses à la Poste.

Un consensus bien-pensant de médias et d’économistes autour du gouvernement

La direction du groupe, qui refuse de discuter la revendication de 15 % en la disqualifiant comme « infinançable », s’appuie sur une sorte de consensus bien-pensant autour du gouvernement, de certains médias et d’économistes qui fustigent un « effet de second tour », comme quoi de trop fortes hausses de salaires aggraveraient encore l’inflation. Ce qui n’a fait qu’exaspérer la colère des postiers. « Une provocation », s’indigne la secrétaire de leur syndicat, Andrea Kocsis. Elle relève que les profits du groupe ont augmenté en 2022 de plus de 2 milliards d’euros. La prochaine réunion syndicat-patronat programmée les 8 et 9 février s’annonce explosive. En cas d’échec, les dirigeants syndicaux envisagent d’appeler à un mouvement de grève national.

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Les féminismes, un enjeu géopolitique

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Essai La politologue Marie-Cécile Naves présente un état des lieux des luttes et revendications à travers les cinq continents grâce à une cartographie détaillée.

Sophie Alary

Où en sont les droits des femmes dans le monde ? Dans son livre Géopolitique des féminismes, la politologue Marie-Cécile Naves, directrice de recherche à l’Institut de relations internationales et stratégiques, a choisi d’aborder les luttes féministes sous l’angle des réalités géopolitiques. À travers une quarantaine de fiches qui renseignent l’actualité des mobilisations à travers le monde, les défis à relever et les leviers possibles, elle dresse un panorama passionnant et complet des féminismes, de leurs spécificités régionales, et nous montre que les revendications pour les droits des femmes circulent, se rassemblent et se réinventent.

L’ouvrage est enrichi de cartes, de graphiques et de données chiffrées qui indiquent la mesure des combats à mener pour améliorer la condition des femmes. S’il décrypte quelques concepts clés apparus ces dernières années, comme l’intersectionnalité, l’écoféminisme ou la diplomatie féministe, c’est pour mieux illustrer les particularités de l’agenda féministe et de ses terrains d’expression. Violences minimisées, misogynie politisée, poids des interdits religieux, gouvernance de l’entre-soi, migrantes invisibilisées… Marie-Cécile Naves dresse un large inventaire de problématiques qui demeurent systémiques ou qui se sont amplifiées ces dernières années.

L’état des lieux par continent fait la preuve que rien n’est jamais acquis, comme l’ont montré la récente décision de la Cour suprême américaine de supprimer le droit constitutionnel à l’avortement ou les coups de frein donnés à l’accès à l’IVG en Pologne et en Hongrie. Presque partout, les avancées juridiques tardent à se traduire dans les pratiques : criminalisation des violences faites aux femmes, droit de la famille, égalité salariale, accès à l’éducation, la loi ne traduit pas toujours, loin de là, une vraie volonté politique d’améliorer la condition des femmes et de leur laisser le pouvoir d’agir.

libérer la parole des femmes face à l’impunité

Mais l’ouvrage fait aussi la part belle aux modes d’action et éclaire la vitalité des mouvements féministes contemporains qui ont su conquérir l’espace public en Amérique latine, en Afrique subsaharienne et au Moyen-Orient, où la révolution iranienne, commencée en septembre dernier, est d’abord celle des féministes avec le slogan « Femme, vie, liberté ». La « vague verte » des groupes féministes sur le territoire latino-américain pour réclamer l’extension du droit à l’avortement a déjà débouché sur des évolutions importantes en Argentine, au Mexique ou en Colombie.

Au Maghreb et au Proche-Orient, le renversement des droits de la famille concernant le mariage, la succession ou la propriété est au centre des mobilisations. Et les réseaux féministes africains, en s’appuyant sur les plateformes et les réseaux sociaux, sont en train de libérer la parole des femmes face à l’impunité trop systématique des agresseurs et aux tabous persistants.

Les droits des femmes sont des droits humains comme les autres, affirme l’autrice, et les féministes n’ont pas dit leur dernier mot. 

Féminismegéopolitique
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Contre l’effroi, « le sortilège de la ritournelle »

Nos recommandations culturelles

littérature Dans un monde qui carbure au « fuel de la terreur », Virginie Poitrasson propose un inventaire des « allures » de la peur et, en manière de conjuration, un livre envoûtant.

Alain Nicolas

Souvent, Virginie Poitrasson commence ses livres par des propositions d’ordre général, comme des remarques sur l’état du monde ou des prémisses de syllogismes. On pouvait le constater, par exemple, dans Une position qui est une position qui en est une autre et le Pas-comme-si des choses. Tantôt, tantôt, tantôt s’ouvre sur cette affirmation : « La terreur n’est rien d’autre que ce va-et-vient entre les visages. » Affirmation inattendue que, réflexion faite, on accepte en attendant de voir, de lire. Car Virginie Poitrasson poursuit :

« Et pouvoir le raconter/ c’est en être revenu/ être revenu de cette terreur,/ en l’ayant regardée/ sans en être pétrifié. »

Raconter, montrer, chercher à comprendre cet effroi par quoi tout commence, puisque « toute histoire commence par un face-à-face », c’est affronter une expérience fondamentale, alliant réflexion générale, inventaire des formes et des figures de la terreur, et ombre portée d’une vie dans ce pays qui va de l’inquiétude aux « chocottes » et de l’anxiété à « l’épouvante sans objet ».

Virginie Poitrasson organise son livre en strates rigoureuses. Quatre « pluies de météores » rassemblent des notes. Remarque générale : « Les choses se produisent à seule fin de signifier. » Fulgurances d’angoisse : « Trois chiens traversent la nuit sans laisse aucune. Ils courent sans bruit. » Résolution énigmatique : « Semer des phrases de peur et aimer s’y frotter. » Tantôt l’une, tantôt l’autre. Ces séquences ouvrent le livre, le scandent en trois parties et le ferment. À la lecture, on perçoit un détachement, une mise à distance, peut-être un apaisement.

C’est qu’il a fallu « livrer bataille ». À l’inventaire des modes d’existence de la terreur font face des « Conjurations ». D’abord des « Entrées », comme on dit entrée de dictionnaire ou de personnage de théâtre : descriptions, documents, récits. Leur succèdent des « Topologies », parcours d’espaces et de temps depuis la théorie des catastrophes de Nostradamus, jusqu’à une carte de l’effroi sur le modèle de la Carte du Tendre, des « Objets » et des « Exercices ». Les « Conjurations », entre corps et symboles, proposent des plages de respiration sereines. « Nous nous risquerons à convoquer un sortilège qui regardera en face cet effroi pour l’envelopper lentement dans une danse poudrée. » Une formule magique que Virginie Poitrasson a toujours en tête, et qui « dénoue ».

Littératurepoésieprintemps des poètes
L'Humanité

Anthologie Tentatives d’épuisement du mot frontière

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Sophie Joubert

Difficile pour un festival et l’anthologie qui l’accompagne de choisir un thème fédérateur, une contrainte suffisamment souple pour produire des poèmes libres tant dans leur forme que leur sujet. Réunis et présentés par Jean-Yves Reuzeau, les 111 textes qui composent le recueil Ces mots traversent les frontières réunissent poètes et poétesses venus de tous horizons, grands noms ou auteurs et autrices émergents. Pour la plupart inédits, ils donnent un aperçu non exhaustif du paysage de la poésie contemporaine, qu’elle soit en vers ou en prose, écrite pour être lue ou née sur scène avant d’être couchée sur la page. « Si cette anthologie parle volontiers de politique et de territoires, de bombes et de tankers, d’exil et d’immigration, elle parle surtout de toutes sortes de frontières extérieures et intérieures, sociales, mentales, corporelles, imaginaires, etc. Une affaire de mémoire et de vécu où la société elle-même serait un champ de bataille », résume Jean-Yves Reuzeau dans la préface.

On pourrait, à l’instar d’Hervé Le Tellier avec le mot « étranger », procéder à une tentative d’épuisement du mot « frontière » et de ses multiples sens. Séparation ténue entre la mère et l’enfant liés par un amour fusionnel chez Pauline Delabroy-Allard, elle évoque la vitre du train pour le voyageur qui s’ennuie d’Antoine Mouton. Chez Rim Battal ( Une année de gel Hydroalcocacola/ À tous les repas) et Blandine Rinkel, elle matérialise la pandémie qui nous a emmurés pendant des mois. Franchissant les barrières de la langue, Camille Bloomfield et Maïssa Alrim Karfoul se jouent des malentendus en français, arabe, anglais et italien ( Je suis née au pays des chicons pâles/ Là où je suis née je ne connaissais pas les choux de Bruxelles et le chou était toujours grand et enroulé), tandis qu’Albane Gellé appelle à faire tomber les murs ( MERCI aux trous dans les grillages, merci aux portes qu’on ne ferme pas, aux postes de douane abandonnés…). Impossible de tous les citer : de Dominique Ané à Eugène Savitz­kaya, de Lisette Lombé à Laura Vaz­quez… Un beau tour d’horizon.

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L'Humanité

Réédition La grammaire découpée au cutter

Nos recommandations culturelles

Sophie Joubert

En 1988 paraissait l’Art poétic’ d’Olivier Cadiot, un curieux objet littéraire en quinze chapitres qui puisait dans des grammaires de différentes époques pour fabriquer de drôles de drames, de brefs romans ou des « ritournelles ». Trente-cinq ans plus tard, les éditions P.O.L rééditent en poche ce livre fondateur, malencontreusement épuisé. Dans une brève préface, intitulée Autobiographie de tout le monde en hommage à Gertrude Stein, Olivier Cadiot raconte comment, arrivé au bout d’un processus d’écriture, il a eu l’idée de « remplacer le stylo par le cutter », inventant un « art poétique un peu tordu » qui a relancé la machine créative. « Sortir du bureau de l’écrivain, ça changeait, travailler debout et agencer sur des cartons blancs toutes ces phrases, les enchaîner, les faire travailler ensemble non pas comme dans une liste, mais posées en diagonale dans la page », se souvient-il. Extirpées de leur contexte, ces phrases sèchement techniques, exercices à trous, jeux de ponctuation ou traductions de locutions latines prennent un tour toujours ludique, parfois lyrique, l’émotion affleurant au détour des mésaventures de Pierre, jadis unique héros masculin des grammaires non paritaires. Paraît simultanément Irréparable, le monologue d’une femme qui tente de sortir du cauchemar, de terrasser les pensées noires, de faire repartir une vie à l’arrêt. On retrouve dans ce texte mélancolique sur la rupture, l’absence, la perte, les motifs chers à Olivier Cadiot : la rivière, Robinson, Shakespeare. Il sera adapté à l’automne par le metteur en scène Christophe Marthaler. S. J.

poésieolivier cadiot
L'Humanité

ESSAI Christian Prigent, des pistes pour entrer dans une « étrangéité » radicale

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Alain Nicolas

L’importance de Christian Prigent dans l’univers de la poésie française n’est plus à démontrer. Elle s’étend d’ailleurs au-delà, dans les domaines de la critique, de l’essai, des écrits sur l’art, du théâtre. Pour autant, on ne peut parler à son propos de dispersion. Son œuvre frappe par sa cohérence. En quoi consiste-t-elle ? Quels rapports entretient-elle avec la littérature qui l’a précédée ? Avec la littérature tout court ? Et à quoi tient son impact ? Ces questions, que d’autres livres ont abordées notamment lors d’entretiens avec l’auteur, Laurent Fourcaut s’en saisit dans cet ouvrage ambitieux. Pour lui, l’« idée-force » qui structure la pensée et la pratique de Prigent est la nature d’être parlant, de « parlêtre »(1), qui instaure entre lui et le réel une « étrangéité » radicale. Ainsi peut se comprendre sa recherche d’une expérience authentique, hors des leurres de la société du spectacle. L’analyse précise de Laurent Fourcaut donnera aux lecteurs de Christian Prigent des pistes essentielles pour s’orienter dans l’œuvre foisonnante de ce poète capital.

LittératurepoésieEssaisChristian Prigent
L'Humanité

Julie Bertuccelli brosse un portrait féministe de Jane Campion

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Télévision À l’occasion de la Journée internationale des droits des femmes, Arte met à l’honneur le travail de la réalisatrice néo-zélandaise notamment avec ce documentaire.

Margot Bonnéry

L’image est surprenante et symbolique : lors du 50e anniversaire du Festival de Cannes, en 1997, Jane Campion était la seule lauréate au sein d’un groupe d’hommes. Les femmes réalisatrices sont-elles à ce point quantité négligeable dans le monde du cinéma ? Face à cette sélection machiste, la réalisatrice néo-zélandaise n’a pas tardé à s’exprimer, malgré le regard gêné des autres primés. « Je pense que c’est très représentatif de la situation actuelle. La féminité me semble être une dimension très forte, centrale, de l’humanité. Le discours des médias et notre vision du monde sont dictés par des hommes qui ignorent tout de la pensée féminine. »

Avec la Leçon de piano, elle devient la première femme à remporter la palme d’or

Entre films provocateurs, romantiques, thrillers et séries, qui est cette réalisatrice au style qui dérange ? À l’image des personnages de ses films, Jane Campion se dévoile et apparaît plus vibrante que jamais dans le chaleureux documentaire de sa consœur, Julie Bertuccelli, où s’entrecoupent extraits de films, interviews et photographies de tournage. « À travers ce portrait, je souhaite aussi parler de notre métier de réalisatrice, approcher au plus près toutes les facettes et faire partager nos difficultés, nos peurs, mais aussi notre enthousiasme et notre épanouissement », a expliqué Julie Bertuccelli à Arte. Au final, c’est un véritable portrait féministe qui se dégage du documentaire.

Car, si les femmes peinent à se faire connaître par leur talent, Jane Campion a fait de cette visibilité un combat. Elle a inventé des personnages féminins borderline, en quête d’émancipation : « J’aime les filles bizarres, les fortes têtes », confie-t-elle. En 1989, c’est avec Sweetie qu’elle débarque avec fracas sur la Croisette. La réalisatrice se démarque avec des actrices en rôle principal, Sally Bongers en directrice de la photographie, mais aussi des cadreuses, des femmes perchistes, etc. Jane Campion s’impose et démontre ainsi que les femmes peuvent réaliser les mêmes métiers que les hommes. Mais Sweetie a particulièrement déplu au public cannois : si des personnes en sont revenues enchantées, une vingtaine a quitté la projection et des huées ont suivi. « Je trouvais amusant d’être provocante dans mes films, (…) je voulais chahuter. Mais, au bout d’un moment, ce n’était plus amusant. » Mais alors, comment assumer ses opinions et sa philosophie d’une autre manière ? Progressivement, la réalisatrice développe ses personnages au travers de jeux de matières, de mouvements, de colorimétrie, de détails : Jane Campion fouille l’âme humaine et insuffle une vibration à ses personnages. Elle les rend vivants.

C’est avec la Leçon de piano, en 1993, qu’elle devient la première femme à remporter la palme d’or. Et elle est longtemps restée la seule réalisatrice à décrocher cette récompense, puisque Julia Ducournau n’a été couronnée, pour son Titane, qu’en 2021. En 2022, seule Valeria Bruni-Tedeschi a été nommée pour le meilleur film avec  les Amandiers. En cette Journée internationale des droits des femmes, ce documentaire permet de rappeler que leur place se joue aussi dans la culture.

Jane CampionArtedocumentaireJournée du 8 mars
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Affreux, sales et gentils Coréens contre méchant alien

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Réédition Restauration en version numérique 4K de l’extravagante tragi-comédie de Bong Joon-ho, The Host, qui mixe de manière irrésistible drame, humour et horreur. Une formule imparable.

Vincent OstriaThe Host

Bong Joon-ho – et probablement tout un courant du cinéma coréen avec lui – a trouvé une nouvelle formule imparable : allier humour et action avec une crudité inédite. Ça lui a tellement bien réussi qu’il est devenu quasiment le leader du cinéma de genre dans son pays avec Parasite. Si son estomaquant The Host (2006) avait pu échapper à certains, sa reprise en version restaurée 4K est l’occasion parfaite pour réparer cette lacune. Grosso modo le contexte social est quasiment le même que celui de Parasite : au départ il y a une famille modeste et un peu dérisoire qui peine à joindre les deux bouts. Ici elle tient une gargote à Séoul au bord du fleuve Han – lieu essentiel du film. Le personnage principal, Gang-du, est un trentenaire ­attardé (incarné par Song Kang-ho, ­acteur fétiche du cinéaste) qui a une fille et tient l’établissement avec son père.

Pollution et impérialisme yankee

Contexte satirique réminiscent de certaines comédies à l’italienne de la grande époque auquel Bong Joon-ho ajoute un élément fantastique percutant : l’irruption d’un monstre mutant qui va faire souffler un vent de folie sur le récit. C’est l’effet Alien appliqué à la comédie. Contre toute attente, la greffe prend particulièrement bien parce que le cinéaste n’opte jamais pour la demi-mesure. Autant les personnages sont un peu neuneus, autant le monstre est monstrueux, impitoyable. Un type d’effet bœuf qui sera réédité avec succès par un autre Coréen, Yeon Sang-ho, dans Dernier Train pour Busan, transposition géniale du film de zombies dans un cadre ferroviaire.

Outre le sens du choc, l’alternance constante de farce et d’horreur, The Host manie avec brio une poignée de thèmes concomitants qui résonnent encore plus pertinemment ­aujourd’hui qu’en 2006. Pollution, contamination et impérialisme yankee sont inextricablement mêlés dans cette histoire démarrant par une mutation causée par l’armée américaine en Corée. Le déversement sauvage de produits toxiques (formol et autres) dans le fleuve Han provoque la naissance d’une créature sanguinaire, un peu comme lorsque les radiations nucléaires avaient fait surgir Godzilla dans le cinéma nippon. Même principe, même coupable : les États-Unis. Au-delà de la pique géopolitique, la contemporanéité du film réside dans son propos écologique ; la pollution provoque mutation, destruction, et par extension pandémie – la peur du virus est ici omniprésente, même si la piste n’est pas approfondie.

Bref, une foule de thèmes qui font mouche dans un film où les effets spéciaux – assez réussis dans le genre – sont renforcés par la surprise et la sidération que produit Bong Joon-ho en faisant surgir brutalement le fantastique dans un cadre naturaliste, très hédoniste. Des héros tout petits vont s’affronter héroïquement à un Léviathan apocalyptique ; tels des David coréens un peu ridicules qui livrent une bataille sans merci à un Goliath sournois, effrayant et inhumain. Moins qu’ Alien, certes, mais plus concret et nuancé malgré sa laideur caoutchouteuse. Une fois encore le renouveau du cinéma d’action est venu d’Asie. 

cinémaBong Joon-hoCinema coréenCinéma fantastique
L'Humanité

Sous les ors du Sénat, les amitiés marocaines de Christian Cambon

Enquête

À la tête du groupe d’amitié France-Maroc, le sénateur « Les Républicains » du Val-de-Marne s’aligne systématiquement sur les positions de Rabat. Quitte à dénoncer une résolution européenne contre les violations de la liberté de la presse. Enquête.

Rosa Moussaoui

Le 13 février, le groupe interparlementaire d’amitié France-Maroc, présidé par le ­sénateur « Les Républicains » du Val-de-Marne Christian Cambon, adressait à la presse un bien étrange communiqué. Ce groupe y affirme avoir « pris connaissance avec étonnement du vote par le Parlement européen d’une ­résolution condamnant la détérioration de la liberté de la presse au Maroc » et « s’inquiète de l’impact sur la relation franco-marocaine » pouvant ­résulter de l’initiative prise par les eurodéputés en plein Marocgate, ce scandale de corruption qui impliquerait à Bruxelles les services de renseignements de la monarchie marocaine.

Marocgate. À Bruxelles, les amis français du roi du Maroc

« Alors que le président de la République, le gouvernement et notre ambassadeur de France au Maroc s’efforcent de donner un nouvel élan à la relation franco-marocaine, certains eurodéputés français pourtant proches de la majorité présidentielle préfèrent joindre leurs voix aux ­adversaires habituels du Maroc, s’indignent les auteurs de ce communiqué. Prompts à donner des leçons, ils semblent apprécier la situation des droits de l’homme et de la presse au Maghreb avec beaucoup de parti pris, loin des réalités. »

Est-ce qu’il y a un député européen qui peut citer un pays où la liberté de la presse est réellement respectée ? En France, les journalistes sont soumis à toutes les pressions possibles et imaginaires. En Tunisie et en Algérie n’en parlons pas »  Christian Cambon 

Le groupe d’amitié France-Maroc du Sénat, promettent enfin ses membres, « continuera à œuvrer pour le renforcement des relations avec le Maroc qui, dans tous les domaines, reste notre plus fidèle partenaire et allié (…) dans cette région du monde ». Quelques jours plus tard, dans un entretien accordé à Maroc Hebdo, Christian Cambon s’en remettait aux propos de l’ambassadeur de France à Rabat – « La résolution du Parlement européen n’engage aucunement la France », avait assené Christophe Lecourtier dans une interview montée à la une de l’hebdo­madaire marocain francophone Tel Quel.

Surtout, le sénateur reprochait vivement aux eurodéputés du groupe Renew, auxquels appartiennent les élus français affiliés à Renaissance, d’avoir voté cette résolution, les accusant de « mêler le président de la République française à cette histoire ».

« Est-ce qu’il y a un député européen qui peut citer un pays où la liberté de la presse est réellement respectée ? En France, les journalistes sont soumis à toutes les pressions possibles et imaginaires. En Tunisie et en Algérie n’en parlons pas », argumentait Christian Cambon dans cet entretien, en soupçonnant les eurodéputés ayant voté cette résolution de faire « une fixation sur le Maroc ».

Comme une atmosphère de Mamounia à Paris

Des parlementaires français s’élevant contre une prise de position européenne sur les violations des droits humains et de la liberté de la presse dans un pays tiers (la première, s’agissant du Maroc, depuis plus de vingt ans) : la démarche est pour le moins singulière. Elle est peu surprenante, si l’on connaît les liens étroits que le royaume chérifien entretient avec le sénateur Cambon, par ailleurs président de la commission des Affaires étrangères, de la Défense et des Forces armées, et premier vice-­président de la délégation parlementaire au renseignement.

En témoigne une scène qui se jouait sous les ors du Sénat, le 12 novembre 2019. Tout sourires, Christian Cambon, dans son costume d’indéboulonnable président du groupe d’amitié France-Maroc, remettait ce jour-là la médaille d’or du Sénat à Rachid Agouray, le chef cuisinier de la Mamounia, célèbre palace de Marrakech où, longtemps, la monarchie marocaine a réservé à ses hôtes de marque un accueil fastueux.

Tout un aréopage d’officiels, marocains et français, était convié pour cette cérémonie ; pour l’occasion, un grand portrait du roi Mohammed VI avait été disposé sur un chevalet voisinant le pupitre. L’allocution de Christian Cambon, tissée de considérations laudatrices sur la cuisine marocaine et les relations économiques et diplomatiques entre Paris et Rabat, donnait le coup d’envoi d’une « semaine de la gastronomie marocaine » au Palais du Luxembourg. Comme une atmosphère de Mamounia à Paris : folklore, bombance, déjeuners avec des ministres marocains, cérémonies du thé, décorations artisanales.

Quelques mois plus tôt, une autre remise de médaille avait soulevé l’indignation. Le même Christian Cambon avait décoré le Marocain Mahmoud Archane, un tortionnaire des années de plomb devenu sénateur au Maroc.

Dans une lettre ouverte au président du Sénat, Gérard Larcher, d’anciens prisonniers politiques marocains, appuyés par des associations de défense des droits humains et par le PCF, s’élevaient contre cette remise de la médaille d’or du Sénat « à l’un des grands chefs tortionnaires du régime marocain qui a sévi, en tant que commissaire de police, durant presque trois décennies sous le règne de Hassan II ». Trois décennies de chasse aux opposants, de tortures, de bagnes dans le désert, de disparitions forcées.

Un ancien tortionnaire honoré

Réponse de Christian Cambon, interrogé, à l’époque, par nos confrères du Parisien : « Mais c’est une médaille commémorative qui coûte 23 euros et non une médaille d’or ou une décoration ! (…) Je l’ai remise (…) à ce dénommé monsieur Archane qui est sénateur du Maroc depuis plus de quinze ans. »

Rien dans le passé de cet élu marocain ne semblait devoir ébranler le sénateur français : « De quel droit on se permet de juger ? Si monsieur Archane a des problèmes avec l’histoire de son pays, que ce soit son pays qui les règle. Dans le cadre du groupe d’amitié France-Maroc dont il est vice-président, il fait un travail extraordinaire. » Conclusion : « Le Maroc a connu des heures sombres, comme la France. Ce qui m’intéresse aujourd’hui est plutôt d’aider ce pays à progresser sur la voie de la démocratie et du respect des libertés. » En honorant un ancien tortionnaire, donc.

Quand éclate le scandale d'espionnage Pegasus, sur le site Le360, la voix du Palais, Christian Cambon n'hésite pas à manifester la « solidarité » sans faille du groupe d’amitié France-Maroc, alors que le royaume fait, assure-t-il, « l’objet manifestement de campagnes de presse et de dénigrement »

Le régime marocain sait pouvoir compter sur Christian Cambon en toutes circonstances. À l’été 2021, alors qu’éclate le scandale d’espionnage Pegasus, du nom de ce logiciel espion israélien utilisé comme une cyberarme contre des défenseurs des droits humains, des journalistes, des responsables politiques, Christian Cambon affirme à la chaîne Public Sénat : « Si ces faits sont avérés, ils sont d’une extrême gravité. »

Maroc. Omar Radi, une vie brisée par Pegasus et le Palais

Dans ses propos rapportés, le même jour, par le site Le360, voix du Palais, il tient un tout autre langage. Il n’hésite pas, alors, à manifester la « solidarité » sans faille du groupe d’amitié France-Maroc, alors que le royaume fait, assure-t-il, « l’objet manifestement de campagnes de presse et de dénigrement », relevant selon lui de « montages », de manœuvres « agitées par une main qui, comme d’habitude et depuis longtemps, rassemble les adversaires du Maroc » pour « ternir l’image du Maroc », car « la réussite du royaume crée des jalousies ». « Par chance, le Maroc a des amis », conclut-il.

Comme « ami » et par ses fonctions, Christian Cambon effectue de fréquentes visites au Maroc. Il ne refuse jamais une escale à Dakhla, à Laayoune, dans les territoires occupés du Sahara occidental, qu’il appelle, au diapason de la propagande de Rabat, « provinces du Sud ».

« Les provocations et les gesticulations du Polisario (le mouvement de libération revendiquant l’indépendance du Sahara occidental – NDLR) ne changeront rien au statut des provinces du Sud marocain, affirmait-il en 2018 dans la presse marocaine. Il faut persévérer dans les plans de développement structurants au Sahara. »

« Notre allié le plus sûr au Maghreb »

Dans les débats de la commission des Affaires étrangères du Sénat, nous confie un parlementaire de gauche, Christian Cambon s’aligne au cordeau sur l’Élysée et le Quai d’Orsay, prend soin de ne jamais discuter les positions diplomatiques de Paris dans ce dossier. Au Maroc, en revanche, il se fait fervent défenseur du « plan d’autonomie » que le Palais oppose au référendum d’auto­détermination prévu par les résolutions onusiennes dans l’ex-colonie espagnole occupée par Rabat depuis 1975.

Au printemps 2022, quelques jours avant le premier tour de l’élection présidentielle en France, il espérait ainsi, dans la presse marocaine, trouver dans le futur président « un ami du Maroc », artisan d’une relation « sans nuage » entre les deux pays, alignée sur « ce magnifique plan d’autonomie que Sa Majesté a proposé ».

Cinq ans auparavant, Christian Cambon participait en coulisses au torpillage, dans la 9e circonscription des Français de l’étranger, de la candidature de la sénatrice (Modem) Leïla Aïchi, d’abord investie par le camp macroniste, avant d’être écartée sous la pression de Rabat, en campagne pour l’ex-socialiste passé à En marche, M’jid El Guerrab. Leïla Aïchi, qui s’était finalement maintenue sans étiquette, avait eu l’outrecuidance de regretter « l’alignement systématique de la France sur la politique marocaine au Sahara occidental, et ce malgré les graves violations des droits de l’homme constatées par les ONG ».

L'Humatinale

Du lundi au vendredi, l’actu essentielle décryptée par la rédaction de l’Humanité.

Dans un SMS adressé à Jean-Paul Delevoye, alors président de la commission d’investiture d’En marche (devenu Renaissance), le président du groupe d’amitié France-Maroc rapportait « les nombreux remous » suscités par la candidature de Leïla Aïchi. « Tout le monde au Maroc connaît son engagement pour la cause du Polisario et ceci provoque bien évidemment de multiples protestations dont je me dois de te faire l’écho, écrivait-il. Nous avons mis de longs mois pour retisser des liens avec notre allié le plus sûr au Maghreb, il serait dommage pour le président Macron de compromettre cette relation essentielle. »

De scandales en scandales, alors que c’est la politique d’influence et d’ingérence du pouvoir marocain qui suscite désormais, pour le moins, des remous, « l’ami » Christian Cambon ne sait plus où donner de la tête. Quand les enquêteurs belges ont mis au jour, au Parlement européen, un réseau de corruption impliquant le Qatar et le Maroc, il se disait, en ne citant que Doha, « surpris » par « l’ampleur » et la « réalité » de ce scandale portant atteinte « à l’ensemble des institutions parlementaires ». « J’ai vu dans la hiérarchie des cadeaux que ça commençait par beaucoup d’argent, plaisantait-il. Moi, j’ai reçu une boîte de dattes. Je ne dois pas être très important dans le dispositif. » Contacté par l’Humanité, Christian Cambon n’a donné suite à aucune de nos sollicitations.

MarocgateMarocsénatmohammed VI
L'Humanité

Sahara occidental. Un camouflet pour le roi du Maroc

Actu

L’Union africaine a rejeté la « Déclaration de Tanger » proposée par le Maroc pour geler l’adhésion du Sahara occidental au sein de l’organisation.

Jérôme Skalski

Le Maroc avait tenté de faire amender le rapport annuel du Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine avec la « déclaration de Tanger », proposée pour geler l’adhésion du Sahara occidental à l’institution. Avis de non-recevoir, lors de la 36e session ordinaire de l’organisation.

L’expulsion de la délégation israélienne

Pour la délégation sahraouie, cette déclaration « n’est en réalité qu’un événement de propagande et de politique que le royaume du Maroc utilise au service de ses agendas visant à légitimer son occupation de parties du territoire de la République sahraouie ». Selon l’Agence de presse sahraouie, la demande marocaine a été renvoyée aux instances de l’Union africaine pour réexamen. Un camouflet pour le régime du roi Mohammed VI.

Le Maroc au cœur des soupçons d’ingérence étrangère à BFMTV

Le sommet de l’Union africaine, qui s’est tenu à Addis-Abeba, a également été marqué par l’expulsion de la délégation israélienne de la salle de réunion et le refus d’accorder à l’État d’Israël, « soutien à la souveraineté du Maroc sur le Sahara », un statut d’observateur au sein de l’organisation.

L'Humatinale

Du lundi au vendredi, l’actu essentielle décryptée par la rédaction de l’Humanité.

Union africainesahara occidentalMarocfront polisario
L'Humanité

Le Maroc au cœur des soupçons d’ingérence étrangère à BFMTV

Enquête

[Mise à jour le 23 février]

BFM-TV a licencié son journaliste Rachid M’Barki, selon un courriel interne envoyé jeudi 23 février, à l’issue de l’audit lancé en raison de soupçons quant à une ingérence dans son travail. La chaîne a aussi porté plainte contre X. Lors d’une réunion avec des journalistes vendredi 3 février, Marc-Olivier Fogiel, directeur général de la chaîne, était longuement revenu sur les raisons de la mise à l’écart de Rachid M’Barki. Le présentateur est soupçonné par la chaîne d’avoir perçu des « rémunérations en liquide » pour diffuser des contenus échappant aux circuits de validation. Nos explications.

Rosa Moussaoui

Dans un élogieux portrait que brossait de lui, en 2018, Le Courrier de l’Atlas, Rachid M’Barki était présenté comme l’incarnation « d’un journalisme consciencieux et honnête », revendiquant la volonté « d’assumer une responsabilité, celle de la fiabilité ». Il « met un point d’honneur à livrer une information sérieuse, mesurée et fiable. Rigueur, vérification des sources (…) sont le lot quotidien de ce passionné d’actualité », assurait ce mensuel édité à Paris, appartenant à l’homme d’affaires et premier ministre marocain Aziz Akhannouch.

Figure emblématique de BFMTV, Rachid M’Barki, présentateur du Journal de la nuit, n’était plus apparu à l’antenne de l’antenne depuis la mi-janvier. Jeudi matin, le site Politico révélait la raison de cette disparition : une « enquête interne » le vise « pour comprendre l’origine de contenus » diffusés par la chaîne d’information en continu dans des circonstances troubles, avec des images et des propos soustraits aux « circuits de validation habituels ».

« Ingérence étrangère »

Parmi les contenus incriminés, sur lesquels plane le soupçon d’une « ingérence étrangère », un bref publireportage diffusé en juin 2022 est aussitôt remonté à la surface. Sur fond d’images promotionnelles, il rapportait la tenue, à Dakhla, au Sahara occidental occupé, d’un forum économique rassemblant des investisseurs espagnols.

Le journal espagnol El Confidential faisait surtout état, au même moment, de l’échec de cette initiative boudée par tous les patrons de grandes entreprises espagnoles invités, tandis qu’une obscure femme d’affaires, seule participante espagnole, était élevée par les organisateurs au rang de « cheffe de délégation ».

Le présentateur concluait son propos sur le « réchauffement des relations diplomatiques » entre l’Espagne et le Maroc, facilité, affirmait-il, par la « reconnaissance espagnole du Sahara marocain ». « Sahara marocain » : l’expression est au cœur de la propagande de Rabat pour imposer le fait accompli de la colonisation, au mépris du droit international, des résolutions de l’ONU qui reconnaissent le droit à l’autodétermination du peuple sahraoui. Son usage équivaudrait, dans le contexte du conflit israélo-palestinien, à celui de Judée-Samarie, le nom dont les colons baptisent les territoires occupés de Cisjordanie.

Reportage dans les camps de réfugiés : sous le calme apparent de la jeunesse sahraouie…

Par ailleurs, Madrid, n’a pas à proprement parler reconnu la souveraineté du Maroc sur le Sahara occidental : les autorités espagnoles, sous la pression du chantage aux flux migratoires exercé par le Maroc, tiennent désormais le plan d’autonomie défendu par Rabat pour une base « sérieuse, réaliste et crédible » de résolution de ce conflit.

L'Humatinale

Du lundi au vendredi, l’actu essentielle décryptée par la rédaction de l’Humanité.

D’ailleurs aucun pays ne reconnaît la souveraineté de Rabat sur l’ex-colonie espagnole dont le Maroc s’est emparé en 1975. Il y a bien eu le marchandage de Donald Trump, qui a obtenu du Maroc une normalisation de ses relations diplomatiques avec Israël en contrepartie d’une reconnaissance par la Maison Blanche de la souveraineté de Rabat sur le Sahara occidental. Mais l’administration Biden a pris ses distances avec ce « deal » sans valeur juridique : elle s’en remet au « processus politique » sous l’égide des Nations unies pour la résolution de ce conflit, et refuse pour l’heure d’honorer la promesse de l’administration Trump d’ouvrir un consulat à Dakhla.

« Porosité de la chaîne aux publireportages et intérêts croisés »

Le 3 février, lors d’une réunion avec des journalistes de la rédaction, le directeur général de BFMTV, Marc-Olivier Fogiel, a expliqué que la direction de la chaîne avait été informée voilà un mois de la diffusion, sur cette tranche d’information, de contenus téléguidés depuis l’extérieur.

Cette alerte a donné lieu à un méticuleux revisionnage. « Nous avons été massivement trompés, ça fait du mal à la chaîne », a-t-il affirmé. « Nous avons été trompés, ça ne peut pas nous retomber dessus », insistait à ses côtés Céline Pigalle, directrice de la rédaction. Posture contestée en interne par certains salariés, qui pointent « la porosité de la chaîne aux publireportages et les intérêts croisés avec des entreprises qui sont aussi des annonceurs publicitaires. »

Interrogé par Politico, M’Barki avait reconnu avoir « utilisé des infos qui [lui] venaient d’informateurs » et qui n’ont « pas forcément suivi le cursus habituel de la rédaction » mais qui étaient selon lui « toutes réelles et vérifiées ». « Je n’écarte rien, peut-être que je me suis fait avoir, je n’avais pas l’impression que c’était le cas ou que je participais à une opération de je ne sais quoi sinon je ne l’aurais pas fait », s’était-il défendu.

Un autre média concerné ?

La direction de la chaîne affirmait vendredi « ne rien comprendre aux arguments éditoriaux » avancés par le journaliste pour s’expliquer. Elle confirmait par ailleurs la provenance extérieure de certaines images diffusées dans cette tranche, et faisait part de ses soupçons sur « des rémunérations en liquide » que le journaliste aurait perçues.

Seul mis en cause et sanctionné, ce dernier est aujourd’hui dispensé d’antenne, mais perçoit toujours son salaire. Marc-Olivier Fogiel a fait part de son intention de rencontrer l’ambassadeur du Maroc en France. Quant à la chaîne, elle devrait porter plainte contre X.

« Si les faits rapportés sont exacts, ils sont graves et condamnables », a réagi la Société des journalistes de BFMTV, en espérant « que l’enquête permettra de savoir comment de tels agissements ont pu se produire ». Elle insiste enfin sur le caractère « exceptionnel » de cette affaire, « qui ne remet pas en cause le travail du reste de la rédaction, laquelle remplit au quotidien sa mission d’information de manière intègre et sincère ».

Un CSE extraordinaire devait se pencher, ce lundi 6 février, sur cette affaire, qui, si l’on en croit les informations livrées vendredi par Marc-Olivier Fogiel à ses journalistes, pourrait éclabousser un autre média, de presse écrite cette fois.

Le pouvoir marocain et l’élite politico-médiatique française

Cela n’aurait rien de surprenant : le pouvoir marocain cultive depuis bien longtemps, pour s’assurer des complaisances au cœur de l’élite politico-médiatique française, de solides et tentaculaires réseaux. Patrons de presse, dirigeants d’écoles de journalisme, éditorialistes sont pris dans les rets d’intérêts enchevêtrés qui font d’eux les relais de la propagande d’une dictature ayant au silence tous les journalistes marocains indépendants.

Marocgate. À Bruxelles, les amis français du roi du Maroc

Dans son livre Maroc, les enquêtes interdites (Nouveau monde, 2021), Omar Brouksy, ancien correspondant de l’AFP à Rabat, explore ces liaisons dangereuses entre élites françaises et pouvoir marocain et remonte le fil de recrutements destinés à « protéger » l’image de la monarchie et à s’assurer la fidélité de porte-parole toujours prêts à défendre les parti-pris politiques et diplomatiques de Sa Majesté.

Il y explique longuement, entre autres, les termes du marché qui a conduit Vincent Hervouët, alors chef du service étranger de LCI, à diffuser « en exclusivité » des images de terroristes d’Al Qaïda au Maghreb islamique, avec un commentaire expliquant que « des liens seraient avérés entre une cinquantaine de membres du Polisario et Aqmi ».

La fable de la collusion entre djihadistes et indépendantistes sahraouis était ainsi lancée. À la manœuvre : des intermédiaires de presse de la Direction générale des études et de la documentation (DGED), le service de contre-espionnage marocain - au cœur du scandale de corruption qui ébranle aujourd’hui le Parlement européen.

Enquête. Marocgate : des eurodéputés sous influence du royaume chérifien

Omar Brouksy rappelle encore, dans cet ouvrage, les milliers de câbles diplomatiques et documents confidentiels piratés et diffusés en 2015 sous le pseudonyme de Chris Coleman. Ces Marocleaks, écrit-il, ont révélé « que des journalistes français collaborent régulièrement avec Ahmed Charaï, un patron de presse marocain connu pour sa grande proximité avec la DGED, en écrivant des articles favorables à la thèse du "Sahara marocain" . »

Une « chasse aux sorcières », selon le royaume chérifien

Au Maroc, la presse de diffamation liée au pouvoir, toujours prête à traîner dans la boue les journalistes refusant de s’aligner sur le Palais, s’indigne de l’enquête en cours à BFMTV. Le site Le360, très lié à Mohamed Majidi, le secrétaire particulier du roi, voit ainsi dans la mise à l’écart de Rachid M’Barki le signe d’une « chasse aux sorcières ».

Ce site avait diffusé voilà trois ans une interview vidéo du journaliste, à l’occasion des célébrations du vingtième anniversaire de l’accession de Mohamed VI au trône. Il résumait ainsi sa profession de foi : « Sérieux, crédibilité, neutralité ». Sans se départir d’un engagement : « J’essaie d’agir, à ma manière, à mon petit niveau, pour faire briller le Maroc. »

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L'Humanité

Avec le festival L’Boulevard, la contre-culture marocaine a pignon sur rue

Histoire de la semaine

En vingt ans, cet événement casablancais est devenu une institution musicale grâce à l’engagement sans faille des bénévoles. Dans un pays où le pouvoir royal promeut la création à sa guise, l’événement constitue une bouffée d’air pour la jeunesse.

Clément Garcia

L’histoire du Boulevard débute lorsque le règne d’Hassan II touche à sa fin. Des pans de la société comptent sur la bouffée d’air promise par le futur monarque, Mohammed VI, intronisé en 1999. Ils sont quelques-uns à s’engouffrer dans la brèche pour fonder, à Casablanca, l’association d’éducation artistique et culturelle L’Boulevard. Issu de la Fédération des œuvres laïques, le projet est d’abord conçu comme un tremplin. Avec pour idée d’offrir une visibilité aux musiques actuelles et aux sous-genres du rock: hard, metal et fusion. Sans oublier le hip-hop qui, au fil des ans, a vu croître sa légitimité populaire. L’association est devenue, grâce à son festival annuel, un repaire de la contre-culture marocaine.

À chaque édition, les fondateurs et toujours directeurs de l’association, Hicham Bahou et Mohamed Merhari, tiennent à offrir à leur public une programmation en or. Une volonté décuplée à l’occasion du 20e anniversaire du festival, en 2022, où des stars locales du hip-hop ont été conviées: Dollypran, Mobydick et le rappeur ElGrandeToto, un phénomène natif de Casablanca qui s’est érigé à la première place des plateformes de streaming dans l’ensemble du monde arabe, de l’Irak à l’Atlantique. Des idoles de la jeunesse marocaine qui jouent chez eux, gratuitement de surcroît. Immanquable.

Maroc. « Roi des pauvres », avec 5,2 milliards de fortune

Pionniers et historiques du festival connus pour avoir posé des paroles subversives sur des rythmes rock, reggae et gnaoua au début des années 2000, les musiciens d’Hoba Hoba Spirit ont répondu présent. Le groupe de metal marocain Betweenatna et Vader, des stars polonaises du death metal, sont également de la partie. Un mélange des genres qui fait toute la singularité du Boulevard mais qui, en cette date anniversaire, s’est avéré périlleux. Des fans de rap déboulent par milliers pour assister aux concerts des vedettes dans l’enceinte du Racing universitaire de Casablanca, enclos censé protéger les publics, et de graves incidents sont rapportés: tabassages, attouchements, voire viols. Avant que les rumeurs les plus graves soient infirmées, le festival a failli fermer ses portes.

L’HISTOIRE DU BOULEVARD A TOUJOURS ÉTÉ FAITE AU COUP PAR COUP. ON A TOUJOURS CRAINT QUE CE NE SOIT LA FIN. » MOHAMED MERHARI, COFONDATEUR DU FESTIVAL

Tenir une telle manifestation au Maroc nécessite d’affronter quelques contradictions et réclame un engagement sans faille. C’est que les organisateurs s’inscrivent dans une longue histoire qu’il a fallu écrire contre vents et marées, face à la réaction et dans une monarchie qui souffle le chaud et le froid, alternant, au gré des opportunités, ouverture et fermeture. Quand on lui demande si le festival est menacé par ces incidents, la réponse d’Hicham Bahou fuse: «Mais le Boulevard a toujours été menacé dans son existence!» Mohamed Merhari abonde: «L’histoire du Boulevard a toujours été faite au coup par coup. On a toujours craint que ce ne soit la fin. Il y avait énormément de paramètres qu’on ne maîtrisait pas. Mais à chaque fois, les publics suivent et s’élargissent. Tu ne peux pas lâcher ça.»

Des  métalleux en prison

Une date reste dans toutes les têtes, comme un traumatisme: en mars 2003, quatorze musiciens sont incarcérés pour satanisme. L’affaire fait grand bruit et mobilise ONG et partis de gauche qui sortent d’une longue nuit répressive. Meriem fait partie des inculpés. «On s’est dit: “la prison, c’est fait. Qu’est-ce qui peut nous arriver d’autre?”» Présente aux premières heures du festival, elle devient bénévole de l’association et anime aujourd’hui ses relations de presse avec une ardeur toute militante. «L’Boulevard, c’est devenu une histoire familiale, une aventure humaine par le prisme de la musique contestataire. Dans ce genre de pays, on ne peut pas faire autre chose que de la politique», expose-t-elle sans fard. «Face au côté arbitraire qui existe dans la société, ici, c’est un espace de liberté. Moi, je venais avec mes piercings, sans me soucier du regard des autres. Mais la place qu’on a acquise n’est pas garantie.» Une crainte manifestement partagée.

Les directeurs Hicham Bahou (à gauche) et Mohamed Merhari regrettent le manque de petites structures culturelles. © Chadi Ilias

Deux mois après ce procès retentissant, les attentats de Casablanca ébranlent la société marocaine. Trente-trois personnes sont tuées dans des attaques menées par des terroristes liés à al-Qaida. La donne change et le palais rompt, pour un temps, avec les islamistes. «Le mot d’ordre, c’était: de la musique, pas des bombes!» se souvient Amine Hamma, lui aussi inculpé en mars 2003. Les années qui suivent restent dans les mémoires comme celles de la Nayda, une effervescence éphémère qui a permis aux nouvelles scènes, et avec elles au Boulevard, de gagner en légitimité, contraignant la monarchie à composer avec cette jeunesse dont le nouveau roi cherche à s’attirer les faveurs. «On peut raconter l’histoire du Boulevard à travers celle du Maroc», assure Meriem, qui décrit un pays «sur le fil du rasoir, avec un système policier rodé».

L’Boulevard, c’est devenu une histoire familiale, une aventure humaine par le prisme de la musique contestataire. Dans ce genre de pays, on ne peut pas faire autre chose que de la politique. MERIEM, EMPRISONNÉE EN 2003 POUR SATANISME

Elle a fait la rencontre d’Amine avant leur arrestation commune. Les cheveux longs, veste en cuir couverte de badges et témoignant de l’affabilité légendaire des amateurs de metal, Amine est devenu un pilier du festival, une conscience pour les adeptes de cette scène marocaine qui n’a cessé de croître. Il ne décolère pas face à l’instrumentalisation des incidents qui ont émaillé leur 20e anniversaire:«Les anti-Boulevard se déchaînent. Il y a une campagne de presse contre le festival. Personne ne parle de ce qu’on y réalise!» tempête-t-il. L’ombre des islamistes du Parti de la justice et du développement (PJD) plane. À la tête de la mairie de Casablanca jusqu’en 2021, ils sont réputés savoir manier les réseaux sociaux. Et des questions se posent sur la présence policière, très discrète en ce jour d’ouverture, massive les suivants.

Subventions et répression

Cette expérience iconoclaste ne compte pas que des amis au Maroc, loin s’en faut. Mais comment la faire vivre sans le feu vert du palais? Une autre contradiction qu’assument solidairement les historiques de l’association. «Oui, on a reçu deux chèques du roi. Je sais que, chez vous, des gens disent que c’est inacceptable. Mais comment faire un festival de musique alternative sans ça?» avance Amine Hamma. «En 2008, on a été soutenus politiquement», endosse Mohamed Merhari. «La structure menaçait de s’effondrer, les sponsors se barraient et on était surendettés. Le roi a mis 200 000 euros de sa poche.» Une poche que l’on sait sans fond et alimentée par des prébendes, mais qui permet à la monarchie de s’attirer quelques bonnes grâces ou de neutraliser les oppositions. «À partir de là, les entreprises nous ont vus autrement», assure Mohamed Merhari. Un coup de pouce qui correspond également à un changement générationnel. «Aujourd’hui, il y a beaucoup de jeunes dans les autorités, pas comme il y a vingt ans, où tu parlais à un mec qui ne comprennait rien, partait au bout de cinq minutes pour aller faire sa prière.»

Si les mœurs ont changé, le pouvoir a considérablement intensifié la répression ces dernières années, qui ont vu journalistes et militants des droits humains emprisonnés ou poussés à l’exil. Une évolution qui, pour Réda Allali, le leader d’Hoba Hoba Spirit, n’a pas touché les cultures alternatives: «Le Maroc est une société tribale. Le danger, c’était l’excommunication. Aujourd’hui, c’est impossible. L’acceptation de ce que c’est qu’être marocain en 2022 n’a rien à voir avec celle de 2002.» Cet amateur de bons mots, qui se définit comme un «patriote musical», est devenu une figure intellectuelle qui disserte à l’envi sur l’histoire de son pays. «Hoba, c’est la joie de faire de la musique, et le Boulevard a donné un tampon à ça», salue-t-il. «En fait, les non-conformes, on était beaucoup.» Pour lui, c’est clair: «On parle de combats d’il y a vingt ans qui ont été gagnés.»

Pas si évident pour Meriem, qui «sent ici un truc de lutte des classes. Les riches sont insupportables, avec une morgue incroyable, des castes institutionalisées». Un système peu enclin à soutenir les structures culturelles. Le royaume préfère miser sur de gros festivals internationaux coûteux, pour redorer son blason en mobilisant le gratin musical. Ils ont pullulé ces deniers temps, avec des prix prohibitifs scindant les publics selon leur porte-monnaie. «Tant que la culture sera utilisée comme arme par les hautes sphères du pouvoir, ça n’ira pas», affirme la jeune femme, qui ne sent «aucune volonté politique que la culture touche tous les Marocains».

C’est pourtant la mission première de l’association, qui s’est dotée d’un centre de musiques actuelles, le Boultek, au cœur de la capitale, et développe des actions d’éducation populaire dans les quartiers. «Les festivals, c’est bien, mais il manque le faisceau de petits lieux», soulève Hicham Bahou, soucieux de développer un écosystème culturel qui fait cruellement défaut: «On est le dernier recours pour les jeunes qui veulent jouer. On éduque d’abord et c’est du temps. Mais le Maroc n’échappe pas au basculement mondial vers la privatisation, regrette-t-il. Or le seul garant, c’est le service public, l’école publique. Le marché ne peut pas tout.»

Une programmation cloisonnée

Cette éthique est-elle partagée par la scène rap plébiscitée par la jeunesse et à laquelle le Boulevard a toujours consacré une place de choix? «Les rappeurs sont moins contestataires. Avec ce rap trap (forme contemporaine de rap, au rythme plus lent et très produit – NDLR), ils portent une nonchalance. Il y a une absence de politique, un nihilisme qui représente la génération actuelle», note Meriem. Hélène, une Stéphanoise embarquée dans l’aventure, tempère: «Il y a quand même une vraie esthétique et c’est aussi une génération fatiguée par la politique.» Les violences du concert anniversaire apparaissent toutefois révélatrices. «Il ne faut pas oublier que la société est d’une grande violence, économique et sociale.

TANT QUE LA CULTURE SERA UTILISÉE COMME ARME PAR LES HAUTES SPHÈRES DU POUVOIR, ÇA N’IRA PAS. » MERIEM, EMPRISONNÉE EN 2003 POUR SATANISME

La jeunesse désenchantée vit dans un quotidien sinistre. Moi, j’ai plus peur d’un mec désenchanté que d’un mec énervé», déplore Réda Allali. C’est après le printemps arabe qu’une nouvelle génération de rappeurs maghrébins a émergé, faisant monter le niveau des productions et engrangeant beaucoup d’argent sans contrarier les vues politiques du régime. «Aujourd’hui, ils vont plus vite que les institutions», note Amine, qui reconnaît au rap une grande victoire, celle «d’avoir imposé l’arabe populaire». Face au succès rencontré par les rappeurs, le festival se voit contraint de cloisonner la programmation, de peur que les publics ne se toisent, voire ne s’affrontent. «Les fans de metal viennent de tout le Maroc pour participer, se soutenir, se retrouver ici» rappelle Mohamed Merhari, qui tient à cette segmentation.

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Pour lui, ça ne fait aucun doute: «Les rappeurs avec les métalleux, ça se taperait.» L’inquiétude que le rap ne prenne définitivement le dessus est palpable, au risque d’assécher la diversité musicale. Réda Allali n’est pas optimiste: «Ce sont les rappeurs qui vont gagner, les capitalistes… Nous, la musique alternative, on est des romantiques, on ne peut pas gagner.» À moins que l’association ne continue à déployer des trésors d’imagination pour concilier les publics et les genres. Comme le résume Mohamed Merhari, «l’enjeu, c’est l’endurance».

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Fatiha et Driss Radi, au nom du fils

Un jour avec

Les parents d’Omar Radi, condamné à six ans de prison, plaident inlassablement la cause de ce journaliste marocain injustement incacéré. Au Parlement européen, dans la tourmente du Marocgate, une résolution condamnant les violations de la liberté de la presse par le royaume a été adoptée, jeudi, à une large majorité.

Rosa Moussaoui

Dans l’épreuve, ils n’ont jamais flanché. À ce stade, ils sont même certains d’avoir, d’une certaine façon, « gagné la bataille ». Fatiha et Driss Radi étaient à Paris, dans les frimas du mois de décembre, pour recevoir le prix décerné par Reporters sans frontières, pour son indépendance, à leur fils, le journaliste marocain Omar Radi, 36 ans, incarcéré en 2020, condamné à six ans de prison ferme. En présence du Russe Dmitri Mouratov, rédacteur en chef de  Novaïa Gazeta et prix Nobel de la paix 2021, l’ONG distinguait aussi l’Iranienne Narges Mohammadi et les Ukrainiens Mstyslav Chernov et Yevhen Maloletka pour avoir « contribué de manière notable à la défense ou à la promotion de la liberté de la presse dans le monde ».

mis à l’épreuve d’un cruel isolement

Cible de harcèlement policier et judiciaire depuis 2019, piraté par les services de sécurité de l’État marocain avec le logiciel espion israélien Pegasus, avant d’être lui-même poursuivi pour « espionnage », finalement incarcéré sous une accusation infamante de viol montée de toutes pièces (voir l’enquête coréalisée par l’Humanité et Mediapart, le 21 septembre 2020), Omar Radi représentait l’une des dernières voix critiques au Maroc. La monarchie a employé les grands moyens pour le réduire au silence.

Prenant la parole lors de la cérémonie de remise des prix de RSF, Fatiha Radi, aussi frêle qu’opiniâtre, a choisi de citer une lettre de prison de Martin Luther King : « La liberté n’est jamais donnée volontairement par l’oppresseur, elle doit être exigée par les opprimés, vous devez l’exiger, car elle ne sera pas donnée gratuitement. » Omar, assure-t-elle, « va bien ». Depuis son transfert à la prison de Tiflet 2, à 150 kilomètres de Casablanca, ses conditions de détention se sont un peu améliorées, en dépit de la réputation de sévérité de cette maison d’arrêt. Ses carnets de notes, ses lettres ont été confisqués, mais il peut recevoir deux visites par mois, et téléphoner à ses proches trois fois par semaine. Atteint de la maladie de Crohn, il reçoit son traitement mais reste à la merci d’un régime alimentaire inadapté. Il aimerait reprendre des études, mais ce projet se heurte à d’insurmontables entraves : les universités acceptant son inscription en sont finalement dissuadées les unes après les autres. Il refuse par principe la promenade quotidienne dans la cour à peine plus grande que sa cellule – « une vraie geôle en plein air ».

Un codétenu qui l’a côtoyé dans la prison de Tiflet 2 a récemment raconté que les prisonniers avaient reçu de l’administration pénitentiaire, avant l’arrivée du journaliste, la consigne de lui rendre la vie impossible. L’un d’entre eux, docile, lui a d’abord fait subir des violences. Mais devant la douceur désarmante de ce jeune homme plongé dans ses livres, certains de ses compagnons d’infortune ont finalement renoncé à tout acte de malveillance. Cet esprit libre peine, souvent, à trouver le sommeil derrière les barreaux ; son moral s’use à l’épreuve d’un long et cruel isolement.

guets-apens et violences policières

Chez Driss Radi, certains traits esquissent une ressemblance frappante avec Omar. Cet homme à la parole sûre, au débit pressé, partage avec son fils les mêmes idéaux de justice sociale. « Je suis de gauche, lui est plus radical, libertaire », sourit-il, en évoquant son travail sur la spoliation des terres collectives et les mouvements de contestation sociale que le journaliste a contribué à mettre en lumière : la guerre de l’eau des villageois autour de la mine d’argent d’Imider, le soulèvement de Sidi Ifni, le hirak du Rif. Fatiha Radi se remémore toutes les intimidations, les guets-apens, les violences policières. « Il était pisté depuis très longtemps. Alors qu’il enquêtait sur le trafic de sable à Larache, des individus l’ont menacé de viol, en lui promettant de le tuer et de l’enterrer dans les dunes. Ils se sont finalement contentés de lui extorquer de l’argent pour le laisser repartir », se souvient-elle. « Avant même sa première arrestation pour un tweet critiquant les lourdes peines de prison infligées aux révoltés du Rif, il a été attaqué dans une ruelle de notre quartier alors qu’il rentrait en voiture. Une pluie de briques a fait voler les vitres en éclats. Il a échappé de peu à une blessure à la tête. La plainte qu’il a déposée ensuite n’a jamais été enregistrée, on n’en retrouve plus la trace », rapporte encore Driss Radi.

Salir, calomnier, bâillonner...

Ces deux enseignants décrivent, à propos du Maroc d’aujourd’hui, une atmosphère lourde, un climat social éruptif. « Il faut une solution, sinon ça va exploser, résume Driss Radi. Un pays ne peut pas être dirigé indéfiniment par la police politique. » Dans le royaume, la justice, ravalée au rang d’instrument de répression, n’est plus seulement instrumentalisée contre les opposants. Au moindre pas de côté, elle peut broyer dans ses engrenages jusqu’aux serviteurs les plus zélés. À la fin du mois de novembre, c’est Mohammed Ziane, bâtonnier de Rabat et ministre des Droits de l’homme entre 1995 et 1996, qui a été jeté en prison au terme d’un procès expéditif. Trois ans de prison ferme pour « injure contre un corps constitué », « diffamation », « adultère » ou encore « harcèlement sexuel ». Quelque temps auparavant, cet avocat de 80 ans avait été traîné dans la boue par la presse de diffamation, avec la diffusion d’images privées vraisemblablement truquées.

Salir, calomnier, bâillonner… la mécanique est implacable. « Notre fils n’a pas bénéficié d’un procès équitable, soupire Fatiha Radi. Nous demandons simplement que ses droits soient respectés. » Et que se retire enfin l’ombre de l’arbitraire.

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Ignacio Cembrero

Homme du jour

Rosa Moussaoui

C’est une belle plume du journalisme espagnol, un esprit libre et, en Europe, l’un des meilleurs spécialistes du Maghreb, du Maroc en particulier. Notre confrère Ignacio Cembrero, ancien rédacteur en chef d’ El País, aujourd’hui à la tête de la rédaction d’ El Confidencial, est traîné en justice pour la quatrième fois par Rabat. Un État étranger ne pouvant invoquer la diffamation contre un journaliste, les avocats du royaume chérifien ont exhumé, cette fois, une survivance médiévale du droit espagnol, héritée des Partidas, un corpus législatif élaboré au XIIIe siècle en Castille sous le règne d’Alphonse X le Sage : « l’action de vantardise », dont l’objectif est de contraindre au silence une personne revendiquant un droit auquel elle ne peut prétendre.

Ignacio Cembrero, donc, se serait « vanté » d’avoir été piraté par le logiciel espion israélien Pegasus, selon la monarchie marocaine, qui espère par cette procédure judiciaire s’exonérer de tout soupçon sur l’usage présumé de ce programme par ses services – ce qu’elle n’a pu jusqu’à présent obtenir de la justice française. En fait, le gouvernement marocain ne nie pas en soi le piratage, mais il exige du journaliste qu’il prouve que ses services sont bien à l’origine de l’infection de son téléphone et, s’il ne peut le faire, qu’il se rétracte « en faisant amende honorable et en reconnaissant son erreur ». Les précédentes procédures-bâillons contre Ignacio Cembrero ont toutes été classées sans suite. Cette fois, pour défendre sa cause, Rabat a enrôlé un ténor du barreau : Ernesto Diaz-Bastien, connu pour avoir défendu l’ancien dictateur chilien Augusto Pinochet lorsqu’il a été arrêté à Londres sur ordre du juge Garzon.

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Enquête. Marocgate : des eurodéputés sous influence du royaume chérifien

Révélation

Des accords de pêche entre l’UE et le régime de Mohammed VI au refus de faire figurer la Sahraouie Sultana Khaya parmi les finalistes du prix Sakharov, le gouvernement du pays nord-africain fait l’objet d’une grande indulgence des eurodéputés. 

Gaël De Santis

À 2 019 kilomètres de Rabat, il est un bar qui intéresse particulièrement les autorités marocaines. Dans l’enceinte du Parlement européen, situé près de l’hémicycle, il s’agit de la buvette des députés à Strasbourg. À proximité, nous signalent de nombreux interlocuteurs qui travaillent dans les institutions européennes, on croise souvent les émissaires du royaume chérifien.

À plusieurs reprises, ils ont influencé les votes par leur lobbying. Lobbying, mot qui vient de l’anglais lobby, une « pièce qui offre un espace vers lequel mènent plusieurs pièces ou couloirs ».

Le Qatargate, l’enquête de la justice belge qui a mis au jour les réseaux de corruption présumée du Qatar dans l’institution européenne, a montré que ce pays ne serait pas le seul concerné. Les réseaux en question serviraient également les intérêts du Maroc, point de départ des investigations des enquêteurs.

Ce pays est cité dans le mandat d’arrêt de celui qui apparaît au centre de l’opération d’influence, Pier Antonio Panzeri, consulté par nos confrères de Politico. L’ancien eurodéputé italien a siégé à la tête du comité parlementaire UE-Maroc avant 2019. Contacté, son avocat a indiqué ne vouloir faire « aucun commentaire dans cette affaire ». Avant toute décision de justice, les personnes citées dans l’enquête sont présumées innocentes.

« Qatargate » : les socialistes européens dans la tourmente

Une idylle de longue date

Entre les trois grands groupes du Parlement européen et le pouvoir marocain, il existe une idylle de longue date. Rabat semble intouchable. Alors que le Parlement européen vote, à chaque session, d’utiles résolutions pour les militants concernés s’inquiétant de la situation des droits humains ou d’arrestations arbitraires dans divers pays, « jamais, en vingt ans, une telle résolution n’a été votée concernant le Maroc », confie à l’Humanité une fonctionnaire du Parlement.

Même après l’affaire du Marocgate, une grande partie des députés rechignent à mettre en cause Rabat. Ainsi, vendredi 15 décembre, deux députés communistes espagnols du groupe La Gauche (ex-groupe de la GUE, la Gauche unitaire européenne), Manu Pineda et Sira Rego, déposent un amendement à la résolution qui condamne les agissements du Qatar.

Il suggère que le Parlement se dise « vivement préoccupé par les allégations selon lesquelles le Maroc aurait également tenté d’influencer des députés (…) au moyen d’actes de corruption », et « demande l’application de mesures conformes à celles appliquées aux représentants d’intérêts qatariens pendant la durée des enquêtes ».

Sahara occidental. Madrid bascule dans le camp du Maroc

En d’autres termes, l’amendement demande, le temps des investigations, d’empêcher les lobbyistes au profit du Maroc d’avoir accès au Parlement. En plénière, « la majorité du Parti populaire européen » (la droite), « la majorité de Renew » (le centre libéral) et « la majorité des socialistes » ont voté contre, souligne Miguel Urban, député espagnol du groupe La Gauche.

« On n’a pas trouvé de majorité pour inclure le Maroc dans les problèmes d’ingérence », déplore sa collègue écologiste belge, Saskia Bricmont. À noter toutefois que, lors de ce vote, les socialistes français ont voté avec les députés de La Gauche contre leurs collègues de groupe. Les élus refusant cet amendement ont fait valoir qu’on ne pouvait, pour l’heure, mettre en cause le Maroc. Pourtant, l’origine de l’enquête belge portait sur les réseaux d’influence du Maroc.

Comment l’ONG Fight Impunity amuse la galerie depuis 2019

Cette question de l’influence des lobbyistes marocains au Parlement européen n’est pas nouvelle. Déjà, le 27 novembre 2018, le président du groupe Verts Philippe Lamberts adresse une lettre au président du Parlement d’alors, Antonio Tajani, aujourd’hui ministre berlusconien des Affaires étrangères en Italie.

Il s’interroge sur le fait que trois parlementaires libéraux, la Française Patricia Lalonde (UDI), la Roumaine Ramona Manescu (qui fut pendant quatre mois ministre des Affaires étrangères en 2019) et la Belge Frédérique Ries (qui fut quelque mois secrétaire d’État aux Affaires européennes en 2004) figuraient au bureau de la Fondation EuroMedA, une association de droit belge en lien avec le gouvernement marocain.

Cet engagement n’a pas été mentionné « dans leur déclaration d’intérêts », relève dans sa missive Philippe Lamberts. Pourtant, signale le député belge, Patricia Lalonde a participé à des réunions du comité du commerce international et de celui des affaires étrangères.

De plus, la fondation EuroMedA, créée par l’eurodéputé socialiste français de 2009 à 2019 Gilles Pargneaux, ne figurait pas dans le registre des lobbies. « Nous n’avons jamais eu de réponse à ce courrier, et nos inquiétudes restent d’actualité puisque certains (ex-)député·e·s en question siègent toujours au CA », nous a informés par courriel le bureau de Philippe Lamberts.

Contactées, les personnes dont il est question dans le courrier ne nous ont pas répondu. Le secrétariat d’ Antonio Tajani nous a indiqué que « la participation de parlementaires à des associations politiques et des ONG ne peut a priori donner matière à vérifications de la part de la présidence du Parlement ».

On n’a pas trouvé de majorité pour inclure le Maroc dans les problèmes d’ingérence. SASKIA BRICMONT, DÉPUTÉE ÉCOLOGISTE

Les réseaux d’influence marocains au Parlement demeurent flous. EuroMedA n’est pas la seule structure à ne pas être inscrite au registre des groupes d’intérêts. L’ONG Fight Impunity, présidée par le principal mis en cause du Qatargate, Pier Antonio Panzeri, n’y est pas davantage inscrite.

Cette influence met sous protection le Maroc. En avril 2021, Brahim Ghali, dirigeant du Front Polisario, l’organisation indépendantiste qui conteste l’occupation du Sahara occidental par Rabat, va se faire soigner en Espagne. On enregistre, à partir du 17 mai, une hausse vertigineuse du nombre de migrants qui traversent la frontière depuis le territoire du Maroc, vers l’enclave espagnole de Ceuta.

Parmi eux, des enfants auxquels il a été dit qu’ils étaient en sortie scolaire et assisteraient à un match de football avec des célébrités… En réaction, le Parlement prépare une résolution dans laquelle se trouvent ces éléments pour condamner les agissements du Maroc et soutenir Madrid.

Pedro Sanchez mis en minorité sur la question sahraouie

Au mépris du droit international

Le vote des amendements sur ce sujet s’avère intéressant. Ainsi, l’élu Podemos Miguel Urban en dépose un dénonçant le fait que les Européens « ont historiquement ignoré les violations des droits de l’homme commises par le régime marocain » et condamnant la répression.

Seules 65 personnes, essentiellement les élus du groupe La Gauche et les socialistes français, votent en faveur de l’amendement. 523 députés votent contre. « Notre groupe politique a présenté une proposition de déclaration qui ouvrait la focale sur les droits humains, les prisonniers politiques, etc. Elle parlait de la liberté de la presse, des détenus… Tout cela a été repoussé par les principaux groupes, les socialistes, les libéraux et la droite », déplore Miguel Urban.

L'Humatinale

Du lundi au vendredi, l’actu essentielle décryptée par la rédaction de l’Humanité.

La très grande majorité du Parlement voulait que le texte se limite à la condamnation de l’instrumentalisation de l’immigration. « Certains coordinateurs ne voulaient pas d’une résolution à charge contre le royaume du Maroc », souligne Nora Mebarek, députée socialiste française. Sollicités sur cet épisode et les autres contenus dans cet article par l’Humanité, les présidents des groupes socialiste, libéral (Renew) et de droite (Parti populaire européen) n’ont pas répondu.

L’extrême droite, elle, s’illustre par un appui aux positions du Maroc. Le Français Thierry Mariani (RN) et l’Autrichien Harald Vilimsky (FPÖ) déposent un amendement, rejeté par le Parlement, contre « les actions opaques du Front Polisario au cours des derniers mois, notamment l’entrée illégale de Brahim Ghali, son chef, dans l’espace Schengen », et qui avance, au mépris du droit international et des résolutions de l’ONU, que « 43 pays soutiennent la position du Maroc » concernant la résolution du conflit au Sahara occidental.

Une mansuétude incompréhensible

Un mois plus tard, une autre affaire éclabousse le Makhzen. Le pouvoir marocain est mis en cause par Amnesty et 17 journaux dans l’affaire du logiciel Pegasus : ses services auraient utilisé le software développé par l’entreprise israélienne NSO pour espionner des dirigeants européens.

« Des allégations mensongères et infondées », dénonce alors Rabat. En mars 2022, la plainte en diffamation contre ces médias et d’autres, dont l’Humanité, avait été jugée irrecevable par le tribunal de Paris. Rabat n’est pas le seul éclaboussé par ce scandale.

En dehors de l’UE, Israël et le Rwanda sont concernés. Parmi les Vingt-Sept, la Hongrie, la Pologne et la Grèce se sont portés acquéreurs de Pegasus. « Mon groupe (les Verts – NDLR) et les libéraux ont demandé une commission d’enquête », raconte Saskia Bricmont, députée écologiste belge membre de celle-ci.« On a dû négocier ferme pour que le mandat couvre les pays tiers, les ingérences » de pays hors de l’UE, souligne-t-elle.

Pour l’heure, si une mission parlementaire s’est bien rendue en Israël, « nos auditions ne portent pas sur des ingérences étrangères de type Rwanda ou Maroc ». Il s’est avéré jusqu’à présent impossible de trouver une majorité au sein de la commission pour mettre le sujet sur la table, insiste l’élue.

Une mansuétude incompréhensible, d’autant plus que le rapport préliminaire de la commission d’enquête stipule qu’ « il est largement admis que les autorités marocaines ont ciblé le premier ministre (espagnol – NDLR) Pedro Sanchez, la ministre de la Défense Margarita Robles et le ministre de l’Intérieur Fernando Grande-Marlaska, à l’instar du président français et des ministres du gouvernement français », et que Romano Prodi, ex-président de la Commission européenne, a lui aussi été mis sur écoute. Tout se passe comme si rien ne devait heurter le Maroc. Une situation qui tranche avec les prises de position du Parlement contre la Chine et la Russie.

Sahara occidental. Sultana Khaya, le souffle de liberté du peuple sahraoui

Il est un autre épisode où, en commission parlementaire, le Maroc n’a pu être mis en cause. En 2021, avec le groupe La Gauche, « nous avions proposé que le prix Sakharov soit attribué à Sultana Khaya », militante sahraouie assignée à résidence, se souvient Miguel Urban.

La femme avait été agressée et violée par des sbires du régime, sa mère de 84 ans passée à tabac. Si elle était retenue parmi les trois finalistes du prix des droits de l’homme remis par le Parlement européen, « elle aurait reçu une invitation formelle au Parlement, il y aurait pu y avoir une conférence de presse, avance le député . Cela aurait été un scandale aux répercussions internationales ».

Ce qui est en jeu, c’est l’interconnexion entre le monde des affaires et celui de la politique. GEORGIOS KATROUGALOS, ANCIEN MINISTRE DES AFFAIRES ÉTRANGÈRES GREC

La Gauche n’avait pas le nombre d’élus nécessaires en commission des droits de l’homme pour la qualifier parmi le trio de finalistes, parmi lesquels devait être choisi le lauréat du prix. Avec 16 voix, elle était à égalité avec la proposition, présentée par l’extrême droite, de la putschiste Jeanine Añez qui avait renversé le président socialiste bolivien Evo Morales. « Avec les voix des libéraux qui avaient dit nous soutenir, des Verts et des socialistes, nous devions gagner », relate Miguel Urban. Après interruption de séance, l’essentiel des élus socialistes se rallient à la proposition de l’extrême droite…

Sahara occidental. La justice retoque le Maroc et l’UE

L’Union européenne partage des intérêts en matière migratoire et commerciale avec le Maroc. Et les grands groupes du Parlement y sont attentifs. Le 12 décembre 2019, l’Assemblée vote par 415 voix pour et 189 contre un accord de pêche.

Dans les négociations, le Maroc a fait valoir qu’il souhaitait que soient inclus les territoires du Sahara occidental. Revendication acceptée par la partie européenne. Le groupe La Gauche demande à l’époque que l’accord soit soumis à un contrôle de légalité avant le vote, puisque la Cour de justice de l’Union européenne (CJUE) avait, en février 2018, stipulé qu’un précédent accord de pêche ne pouvait s’appliquer aux territoires sahraouis, qu’aucun pays au monde ne considère comme marocains.

« Les socialistes, les libéraux et la droite ont voté contre », se souvient Miguel Urban. Ces groupes prétextèrent d’une « consultation des populations », alors même que le représentant de celles-ci, le Front Polisario, n’y avait pas participé.

« Est-ce que ce fut un vote conscient, libre pour préserver les intérêts géostratégiques de l’Union avec un partenaire commercial ou avec un partenaire pour le contrôle des frontières, ou bien un vote négocié sous influence étrangère ? » interroge Miguel Urban. « On ne peut pas savoir », estime l’eurodéputé espagnol. « Lors des travaux, les autorités marocaines étaient bien présentes. Cela met une forme de pression à laquelle on peut refuser de céder. Un élu doit pouvoir ne pas céder », prévient Saskia Bricmont.

L’entêtement à inclure les territoires du Sahara occidental dans le cadre de l’accord a conduit à une nouvelle décision de justice en septembre 2021 : pas plus que le précédent accord, celui voté en décembre 2019 ne peut s’appliquer aux territoires sahraouis, a tranché la CJUE.

Union européenne. À Melilla, la frontière vire au bain de sang

Le Maroc semble être l’un des pays les plus en pointe pour faire valoir ses intérêts auprès de l’UE. « Du côté du Maroc, ce groupe d’amis est très articulé, soulignait, après le dévoilement de l’affaire, l’ancien envoyé spécial de l’ONU pour le Sahara occidental, Francesco Bastagli, au media Democracy Now ! Ils n’orientent pas seulement l’argent ou les ressources, ils facilitent aussi l’identification des parlementaires qui pourraient être corrompus en fonction de leurs responsabilités au sein du Parlement. (…) Ils créent des occasions où les parlementaires peuvent être approchés lors d’événements ou de missions en visite. »

Pour l’ancien ministre des Affaires étrangères grec, député avant 2014, Georgios Katrougalos, la question posée par les enquêtes en cours est plus large : « Ces pratiques de lobbying, d’influence de l’argent en politique étaient connues, mais je pensais les sommes en jeu beaucoup plus modestes », confie l’ancien élu de Syriza. « Il y a des propositions pour un comité d’éthique plus efficace. Mais le problème est beaucoup plus grave : ce qui est en jeu, c’est l’interconnexion entre le monde des affaires et celui de la politique. Et c’est très difficile à contrôler car c’est l’essence même du capitalisme », ajoute-t-il. Les institutions européennes sont ainsi perméables à toutes sortes d’influences.

MarocParlement européenQatargateMarocgate
L'Humanité

Comment l’ONG Fight Impunity amuse la galerie depuis 2019

Révélation

Jamais inscrite au registre de transparence, la petite association fondée par l’ex-eurodéputé Pier Antonio Panzeri, a pu compter sur un soutien providentiel au Parlement, mais aussi à la Commission. D’après les enquêteurs belges, elle aurait servi de paravent pour les pratiques de corruption à grande échelle pour le compte du Qatar et du Maroc.

Thomas Lemahieu

Quand une des cinq employés de Fight Impunity l’a appelé pour lui envoyer son exemplaire du rapport 2020 sur les « droits globaux », Anthony Bellanger en est resté pantois.

Quelques mois plus tôt, le secrétaire général de la Fédération internationale des journalistes (FIJ) avait donné son accord pour rédiger une tribune pour le compte de cette petite association, assez méconnue à l’époque et soupçonnée par la justice belge, depuis un spectaculaire coup de filet début décembre, d’avoir servi de paravent à des activités de corruption à grande échelle pour le compte du Qatar et du Maroc.

Derrière l’ONG, une organisation  « présumée criminelle »

Ayant réclamé un délai, Anthony Bellanger n’avait pas pu rendre sa copie, le rapport de plus de 400 pages était paru, avec sa signature sous un texte, parmi une vingtaine d’autres.

« Ils étaient pressés, m’ont-ils dit, ils ont pioché çà et là pour composer un truc, raconte Anthony Bellanger. Bon, il n’y avait rien de scandaleux dans ce qu’ils me faisaient dire, mais c’est quand même plus que douteux comme procédé. »

Réalisé chaque année depuis 2002, sous la direction d’une autre association, Società Informazione, liée au mouvement syndical italien, et publié par un petit éditeur milanais, le rapport en question - nommé Le Milieu, en référence à l’histoire de la pègre - ne sert, en réalité, qu’à faire connaître le logo de Fight Impunity : sur la couverture, l’organisation apparaît comme « promotrice » de l’ouvrage, alors qu’à l’évidence, c’est bien elle le produit à vendre…

Dans le vaste scandale qui, entre valises de billets et magots cachés - pour un montant recensé jusqu’ici de 1,5 million d’euros -, agite le Parlement européen désormais, l’épisode est, sans aucun doute, anecdotique.

Il permet néanmoins de lever un coin du voile sur la manière dont l’organisation, décrite comme « présumée criminelle » dans les chefs d’inculpation utilisés par la justice belge, a pu tisser sa toile au cœur des institutions européennes.

Une ONG jamais inscrite au registre de la transparence

Dirigeant syndical de la CGIL à Milan, puis eurodéputé dans le groupe socialiste pendant 15 ans - il a été tour à tour président de la délégation pour les relations avec les pays du Maghreb et de la sous-commission Droits de l’homme -, Pier Antonio Panzeri a créé l’association contre l’impunité et pour la justice transitionnelle - le nom statutaire de Fight Impunity -, en 2019.

Sans même être inscrite au registre de transparence à Bruxelles, elle a obtenu, comme l’a révélé le quotidien belge Le Soir, en un temps record des financements publics de la Commission et du Parlement pour un projet pilote visant à la création d’un « Observatoire européen pour la lutte contre l’impunité ».

Corruption. Le Qatar a le bras long au Parlement européen

Dans le détail, l’activité officielle de Fight Impunity relève pourtant plus des mondanités que de la lutte réelle contre l’impunité, comme en témoigne le récit interne de son premier événement, dans une petite salle de réunion du Parlement européen, en décembre 2019, autour de Hatice Cengiz, la fiancée du Jamal Khashoggi, le journaliste saoudien assassiné par les services secrets de la pétromonarchie dans son ambassade d’Istanbul.

L’association se vante de compter sur la présence de Federica Mogherini « pour sa première apparition publique après la fin de son mandat comme haute représentante de l’Union européenne pour les affaires étrangères » - elle intégrera ensuite le comité « honoraire » de Fight Impunity.

En parallèle, l’association met en avant l’europarlementaire socialiste belge Maria Arena, présidente de la sous-commission Droits de l’homme qui, en trois ans, n’a manqué quasiment aucune de ses initiatives.

« Qatargate » : les socialistes européens dans la tourmente

Fight Impunity salue aussi la présence de trois autres députés européens du même bord qui sont tous au cœur de l’affaire actuelle : la vice-présidente grecque du parlement Eva Kaili dont le père a été arrêté dans la capitale belge avec 750 000 euros dans ses bagages - en fin de semaine dernière, la justice belge a décidé de la maintenir en détention provisoire pour un mois de plus - ; l’italien Andrea Cozzolino dont l’assistant parlementaire, Francesco Giorgi, par ailleurs compagnon de Kaili et ex-collaborateur de Panzeri, est passé partiellement aux aveux devant les enquêteurs belges ; et le belge Marc Tarabella qui récuse les mises en cause faites par ses amis selon lesquelles il serait l’un des bénéficiaires de ses fonds secrets…

Une ONG bien introduite dans les hautes sphères européennes

Organisé, cette fois, en décembre dernier, quelques jours avant les interpellations des principaux protagonistes du scandale, un autre rendez-vous éclaire sur l’enracinement de ce réseau au sein de l’institution : programmée sur deux jours à Paris, à l’Unesco, puis à la Maison Jean-Monnet, une dépendance du Parlement européen à Bazoches-sur-Guyonne, au fin fond des Yvelines, une « conférence sur la liberté des médias et la lutte contre l’impunité des crimes commis contre les journalistes » devait, elle aussi, servir à dorer le blason de Fight Impunity.

Sans en faire la publicité dans son propre agenda de rencontres, le Service de recherche du Parlement européen (EPRS) les coorganise selon les courriers d’invitations que l’Humanité a pu consulter.

Ce qui revient, dans les faits, à financer tous les voyages des participants. « Je ne suis restée que le premier jour, parce qu’en une heure et demie, tout avait été plié, nous rapporte une invitée qui n’avait jamais mis les pieds jusque là dans de tels événements. Cela n’a servi strictement à rien, c’était merdique de bout en bout et, au mieux, c’est pour amuser la galerie… »

L'Humatinale

Du lundi au vendredi, l’actu essentielle décryptée par la rédaction de l’Humanité.

Du pur affichage pour masquer le véritable business en coulisses ? La question se pose quand on voit, par exemple, le rapprochement avec Luca Visentini qui a participé à de nombreuses initiatives aux côtés de Panzeri, jusqu’à cosigner en 2022 la préface du rapport sur les « droits globaux » avec lui, déjà mentionné… et qui, à peine passé du poste de secrétaire général de la Confédération européenne des syndicats (CES) à la tête de la Confédération syndicale internationale (CSI), vient d’admettre benoîtement avoir reçu 50 000 euros pour les besoins, selon lui, de sa campagne électorale interne.

Mêmes interrogations avec l’homme politique de droite grec et ex-commissaire européen à la Migration, Dimitris Avramopoulos, qui a dû admettre avoir touché 60 000 euros en tant que membre du comité honoraire de Fight Impunity.

« J’examine la possibilité de déposer plainte contre ces escrocs pour abus de confiance. » Bernard Cazeneuve

Également présent dans ce même cénacle, l’ex-Premier ministre français Bernard Cazeneuve, sollicité par l’Humanité, s’offusque, non sans admettre en creux une certaine légèreté : « Je ne connaissais aucun des protagonistes de cette ONG et je ne me souviens d’ailleurs pas d’avoir un jour rencontré l’un d’eux, nous explique-t-il. Lorsqu’il y a quelques années, ils m’ont présenté leurs initiatives par téléphone, dont les objectifs relevaient notamment de la défense des droits humains, en m’indiquant qu’elle bénéficiait du soutien bienveillant des institutions de l’Union européenne et du parrainage de personnalités comme le prix Nobel de la paix que je connaissais (le gynécologue Denis Mukwege, grande figure de la lutte contre les violences sexuelles en République démocratique du Congo, NDLR), j’ai accepté que mon nom figure parmi le board honoraire qui n’avait aucune fonction exécutive. Je n’ai participé à aucune réunion ni événement organisé par cette ONG. Je n’ai perçu aucune rémunération de cette ONG et n’ai accompli pour son compte aucune mission. » Dans la foulée, Bernard Cazeneuve ajoute : « J’examine la possibilité de déposer plainte contre ces escrocs pour abus de confiance. »

Influence. Ces accès privilégiés des Gafam au pouvoir français

Sollicité par l’Humanité sur le fonctionnement de Fight Impunity et les relations avec les membres du board honoraire de l’association, Me Laurent Kennes, avocat de Pier Antonio Panzeri en Belgique, décline pour le compte de son client qui, comme les autres protagonistes du scandale, demeure présumé innocent : «Aucun commentaire dans cette affaire. C’est impossible dans le contexte actue de détention de mon client.»

Au 41, rue Ducale, au coeur de cette «bulle bruxelloise», la plaque de Fight Impunity a déjà été retirée de la façade. Mais pas celles de la dizaine d’associations et groupuscules fédérées autour de No Peace without Justice (Pas de Paix sans Justice), une ONG liée au parti radical italien, dont Niccolo Figa-Talamanca, le secrétaire actuel, est, lui aussi, en détention provisoire dans le cadre de l’enquête en Belgique.

C’est d’ailleurs un autre pilier de ce groupe, Gianfranco Dell’Alba, un ancien eurodéputé radical proche d’Emma Bonino, qui a prêté son nom pour figurer sur les statuts parmi les quatre fondateurs de Fight Impunity… Comme le relève un bon connaisseur des institutions européennes, «cette affaire, avec ces valises d’espèces, a un furieux air d’amateurisme, mais ça ne fait sans doute que commencer.»

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Mondial. Le Maroc termine au pied du podium

Actu

Les Lions de l’Atlas se sont inclinés face à la Croatie (2-1), ce samedi à Doha, dans le match pour la 3e place. Diminués par leurs nombreux blessés et la fatigue accumulée, les joueurs de Walid Regragui n’ont pas été en mesure de réaliser un nouvel exploit.

Nicolas Guillermin

Première équipe africaine à atteindre les demi-finales d’une Coupe du monde, le Maroc n’est pas parvenu à devenir la première sélection du continent à finir sur le podium. Les Lions de l’Atlas ont tout tenté face à la Croatie, mais ils se sont finalement inclinés 2-1, ce samedi 17 décembre à Doha, dans le match pour la troisième place du Mondial 2022 au Qatar. Les Croates, finalistes en 2018, prennent place, cette fois, sur la troisième marche, en attendant la finale entre l’Argentine et la France, dimanche (TF1, 16 heures).

La mine triste, mais moins que lors de la défaite en demi-finale face aux Bleus, les Marocains terminent sur une deuxième défaite consécutive alors qu’ils avaient la meilleure défense du tournoi. Un revers qui ne doit pas occulter le magnifique parcours accompli avec des victoires sur la Belgique (3e du Mondial 2018), l’Espagne (championne du monde 2010) ou le Portugal (champion d’Europe 2016) dont ils peuvent être fiers. « C’est une défaite amère mais elle est méritée, je crois, a expliqué Walid Regragui, sélectionneur du Maroc, au micro de BeIN Sport. On a vu une équipe qui n’a pas lâché. On va se rappeler de beaucoup de matchs, on va revenir plus fort. On a uni notre pays pendant un mois, tout le monde était heureux. »

Rythme enlevé en début de rencontre

Devant un public largement acquis aux Marocains, les deux équipes, qui s’étaient déjà affrontées dans le tournoi en phase de poules pour un triste 0-0, ont produit cette fois un spectacle bien plus attractif malgré les blessés. Comme prévu, côté Lions de l’Atlas, les deux défenseurs centraux Romain Saïss et Nayef Aguerd, cruciaux dans le parcours historique de leur sélection, étaient absents, remplacés par Jawad El Yamiq et Achraf Dari, le joueur du Stade Brestois. Sur le côté gauche, l’équipe de Walid Regragui a dû également composer sans un des cadres de son équipe, le latéral du Bayern Noussair Mazraoui tandis que le milieu de terrain Azzedine Ounahi, figurait également sur le banc. Côté croate, la défense a aussi connu quelques changements, le plus notable étant la titularisation de Josip Sutalo, préféré au vétéran Dejan Lovren, avec l’une des grandes révélations du tournoi Josko Gvardiol. Une charnière sans doute amenée à devenir la future défense centrale des Rouges et Blancs.

C’est sur un rythme enlevé que la rencontre débute et, dès la 7 e minute, Gvardiol ouvre le score de la tête sur une superbe combinaison (1-0). A peine la remise en jeu effectué, Dari lui répond en égalisant également de la tête suite à une hésitation du gardien croate, Livakovic (1-1, 9 e). Malgré leur bonne volonté, les Marocains, fragilisés par leurs absences en défense et les nombreux efforts réalisés depuis le début du Mondial, cherchent systématiquement à repartir proprement de derrière, mais de nombreuses pertes de balle les mettent régulièrement en danger. Et c’est sur un nouveau ballon perdu, dans leurs trente derniers mètres, que les Marocains concèdent un second but par Orsic, d’une très belle frappe enroulée (2-1, 42 e).

Les Marocains se créent quelques occasions

Au retour des vestiaires, les Lions de l’Atlas tentent de revenir au score mais s’exposent à des contre-attaques et les Croates dominent globalement la rencontre. Dans les dernières minutes, les Marocains se créent quelques occasions, mais la fraîcheur et la lucidité leur manquent pour faire la différence. Les sorties sur blessure du Croate Kramaric (61 e) et des Marocains Dari (64 e) et El-Yamiq (67 e) montrent alors qu’il est temps que le tournoi se termine pour les deux équipes.

Paradoxalement, le plus dur reste, peut-être, à réaliser pour les Lions de l’Atlas. A savoir, confirmer leur belle Coupe du monde lors des prochaines échéances. Pour la Croatie, tout un pays reste suspendu à la décision de son maître à jouer, Modric. A trente-sept ans, en dépit d’une activité toujours impressionnante sur le terrain, le ballon d’Or 2018 n’a toujours pas dévoilé ses intentions. Si l’Euro 2024, dans dix-huit mois, semble proche, il paraît très improbable de le revoir disputer un jour un autre Mondial.

FootballMondial 2022 au Qatarcoupe du monde de footballMaroc
L'Humanité

Chez Decathlon, les salariés réclament leur part du gâteau

Actu

Pour la CFDT de l’enseigne, les dividendes pleuvent mais les augmentations de salaires ne suivent pas. Le syndicat appelle l’ensemble des magasins Décathlon à débrayer ce samedi, premier week-end des soldes.

Cyprien Boganda

«A fond la forme!» Decathlon n’a jamais aussi bien mérité son slogan, du moins en ce qui concerne sa bonne santé financière, qui ne se dément pas depuis le début de la pandémie. En 2021 (derniers résultats connus), l’enseigne a engrangé 913 millions d’euros de bénéfices, pour le plus grand bonheur de ses actionnaires. Ces derniers auraient perçu un peu plus de 400 millions d’euros de dividendes pour l’année 2022. Néanmoins, la CFDT estime que ces bons résultats ne profitent pas à tout le monde: ce samedi, premier week-end des soldes d’hiver, les salariés des quelques 300 magasins du groupe sont appelés à débrayer pour réclamer des augmentations de salaires.

«Lors des dernières NAO (négociations annuelles obligatoires), nous avons demandé une répercussion de la hausse du SMIC pour l’ensemble des salariés, plus 3% de hausse, précise Sébastien Chauvin, délégué syndical central CFDT. La direction a dit» non «, pour nous proposer une augmentation correspondant en fait à la hausse du smic, c’est-à-dire 28 euros brut par mois…Et le tout sans clause de revoyure, ce qui signifie que si l’inflation augmente, il y aura une perte de pouvoir d’achat.» Le syndicat réclame une politique d’augmentation salariale correspondant «aux résultats stratosphériques» de l’enseigne, qui appartient notamment à la famille Mulliez.

DécathlongrèvesSalaires et pouvoir d'achatInflation
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L’extrême droite échoue à gâcher la fête

Actu

Le camp xénophobe avait agité des « craintes de débordements » des supporters marocains. Mais la soirée a été belle. Des militants de l’ultradroite ont même été arrêtés.

Nada Abou El Amaim

Joie et effervescence. Dans un bar du 12e arrondissement de Paris, ils sont près de 200 à se réunir, ce mercredi 14 décembre, pour regarder le match entre la France et le Maroc. Coup d’envoi. La tension monte d’un cran. Les yeux sont rivés sur les écrans installés exclusivement pour le Mondial. Cigarette à la main, pinte sur la table, debout ou assis, les supporters s’agitent… Au coup de sifflet final, les cœurs bleus explosent de joie. « Je suis content parce qu’on a réussi à déjouer la malédiction des tenants du titre qui se font sortir pendant les poules », affirme un supporter français. Au milieu des célébrations, un air de déception se dessine sur le visage des supporters marocains. « Ce n’est pas grave, on est quand même fiers de nous », dit l’un d’entre eux avant d’applaudir, fair-play, l’équipe adverse. « Maintenant, on espère que la France gagnera la finale », ajoutent ses voisins, qui s’en vont en chantant vers les Champs-Élysées.

Sur la célèbre avenue parisienne, mis à part quelques tensions aux alentours de minuit, aucun incident majeur n’a eu lieu. Entre les drapeaux accrochés aux vitres des voitures, les danses et les chants, les pétards, les coups de Klaxon et une foule en liesse, la fête était partagée et fraternelle. Dans le reste du pays, les rassemblements se sont déroulés dans une ambiance bon enfant, mis à part à Montpellier, dans l’Hérault, où un adolescent de 14 ans est mort, fauché par un chauffard.

L’extrême droite, depuis l’annonce de l’affiche France-Maroc, promettait affrontements et violences de la part des supporters marocains, jusqu’à les décrire comme des « agents d’un État étranger en France ». Au contraire, ce sont plutôt des militants de l’ultradroite qui ont fini au poste. Quarante identitaires ont été interpellés pour « groupement en vue de commettre des violences » et port d’armes prohibées, dans le 17e arrondissement parisien, alors qu’ils tentaient de rejoindre l’Arc de triomphe pour en « découdre », selon la police. « Bleu blanc rouge, la France aux Français », ont-ils notamment scandé. «  Je ne comprends pas, les supporters n’ont fait qu’exprimer leur joie après leurs victoires. Nous aussi, quand on gagne, on fait la fête, il n’y a pas de différence. Je pense que ce genre de commentaires n’auraient jamais été tenus à propos d’une autre équipe », s’indigne Laura, supportrice française.

Des membres de groupuscules d’extrême droite sont aussi descendus dans les rues à Montpellier, Lyon ou encore Nice… Encagoulés et drapeaux français à la main, ils ont tenté de mener des « ratonnades » sur les supporters marocains. « Comme Daech, ils souhaitent une guerre civile », résume Raphaël Arnault, porte-­parole de la Jeune Garde antifasciste.

La gauche n’a pas manqué de pointer du doigt la violence de l’extrême droite. « Dites, Éric Zemmour et Jordan Bardella qui, depuis trois jours, ont annoncé que ça allait dégénérer pour France-Maroc… Vous ne nous aviez pas dit que vous parliez de vos alliés identitaires de l’ultradroite qui préparaient des ratonnades à l’ancienne… » a notamment réagi Marine Tondelier, secrétaire nationale d’EELV, sur Twitter. L’extrême droite jubilait à l’idée de voir la soirée déraper et s’est rendue responsable des violences. C’est ce qui s’appelle un but contre son camp.

FootballExtrême droiteMaroc
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Des achats pour ces pachas de chats

Actu

Avoir un matou à la maison apporte certes un peu de beauté et de douceur dans le quotidien. Mais c’est aussi une source de contraintes, voire de nuisances. Petite sélection féline pour se simplifier la vie.

André Goulven

Bien avant d’envahir Internet avec un nombre incalculable de vidéos adorables, les chats ont su se tailler la part du lion dans nos foyers. Et malgré tout l’amour que l’on porte à ces félins, ils peuvent s’avérer pénibles. Quel propriétaire de chat n’a pas miaulé de rage en constatant que son matou avait fait ses griffes sur le canapé ? Que faire quand on veut partir en week-end sans l’affamer ? Comment taquiner son instinct de prédateur sans se faire lacérer la peau ? Cette semaine « l’Humanité magazine » propose trois accessoires pratiques aux amoureux des minets, pour que ces derniers profitent de leurs neufs vies sans pourrir la nôtre.

À volonté

Simple et efficace, ce distributeur de croquettes allège un peu la tâche des propriétaires de chats, souvent rappelés par des miaulements à leur condition de serviteurs dès que la gamelle est vide. Capable de contenir jusqu’à 3 litres de nourriture, ce distributeur s’avère aussi pratique pour laisser son animal de compagnie l’esprit tranquille lors des week-ends loin de la maison.

www.ferplast.com

Perché

Peu volumineux, stable et solide, cet arbre à chat doté d’une corbeille en jacinthe d’eau ne jurera pas avec la décoration de votre salon. Son poteau recouvert de corde de sisal offrira de quoi s’user les griffes à votre félin pendant ses séances de pole dance.

www.zooplus.fr

Chanvre récréatif

Avant même d’être des virtuoses de la sieste, les chats sont des chasseurs et des joueurs invétérés. Pour leur rappeler toute leur félinité et leur donner de quoi s’amuser, rien de mieux que cet oiseau confectionné en chanvre 100 % biologique.

www.chiensetchatsnaturellement.comConsommation
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Que vaut le jeûne intermittent pour maigrir ?

Actu

Nombre de sites Internet n’hésitent pas à en faire des kilos pour vanter le jeûne intermittent à qui désire perdre du poids. Cette technique de diète en apparence alléchante – car moins restrictive – peine cependant à démontrer scientifiquement son efficacité.

Noé Blouin

Dans la perspective des beaux jours, nombreux sont ceux qui souhaitent perdre les kilos superflus accumulés durant l’hiver. En quête d’une méthode miracle pour retrouver un équilibre physique et alimentaire, des personnes se penchent sur le jeûne intermittent, qui consiste à absorber de la nourriture durant une durée déterminée. La démarche est aujourd’hui mise en avant par de nombreux influenceurs et pseudo-nutritionnistes non professionnels sur les réseaux sociaux, mais qu’en est-il vraiment ?

Risques sur le métabolisme

La première chose à savoir, c’est qu’il existe plusieurs types de jeûne intermittent. Parmi les plus pratiqués, on relève notamment le « 16/8 », consistant à ne s’alimenter normalement que pendant huit heures par jour, et le « 5/2 », où l’on mange normalement durant cinq jours puis on enchaîne avec deux jours où l’on restreint ses apports avec un maximum de 600 calories autorisées. « Dans toutes les études menées sérieusement et dont les résultats méritent du crédit, le seul mode sur lequel on peut observer un peu de bénéfices sur la perte de poids et les paramètres cardio-vasculaires est le jeûne intermittent à l’échelle d’une journée, comme le 16/8, mais cela reste très limité », nuance Johana Le Lorrec, diététicienne nutritionniste diplômée d’État à Rennes. Ce constat rejoint celui de l’Institut national de la santé et de la recherche médicale, qui peine à voir un intérêt significatif à ce type d’alimentation, notamment au vu du manque de documentation scientifique de qualité sur le sujet.

« Ce que l’on constate, en revanche, pendant nos consultations, et qui a été récemment appuyé par une étude canadienne, c’est que, lorsque cette pratique concerne des jeunes, on trouve une forte prévalence des troubles de conduite alimentaire. Le fait de se restreindre et de lutter contre son rythme naturel a tendance à créer des moments de compulsion, pendant lesquels vont être consommées beaucoup plus de calories », poursuit Johana Le Lorrec. Pour elle, ce type de méthode restrictive, à l’instar du régime, peut fonctionner à court terme pour perdre du poids, mais elle a aussi des conséquences sur le métabolisme. Parmi les arguments vérifiés et souvent mis en avant par les adeptes du jeûne intermittent, on trouve le fait que le corps en pénurie d’énergie va puiser dans ses réserves. Mais pour prévenir d’un prochain manque, il va aussi s’adapter et tenter de stocker davantage de nutriments dès lors que l’occasion se présente. Cette stratégie de perte de poids semble donc contre-productive.

Pour tenter de retrouver son poids d’équilibre, la meilleure solution se trouve peut-être du côté des programmes préétablis. La diététicienne préconise de s’appuyer sur l’aide d’un professionnel certifié, qui saura proposer un accompagnement comprenant un maximum de facteurs individuels. « La façon dont on va pouvoir le faire, c’est en faisant évoluer les habitudes au long cours, rappelle Johana Le Lorrec. Ainsi, on peut avoir un effet durable sur le poids. »

Bien-être
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Absence de larmes : ne restez pas à sec

Actu

Mis à rude épreuve, nos yeux subissent des perturbations qui peuvent provoquer des sécheresses oculaires. Ce déficit de larmes produit des lésions sur la cornée, qui devient alors vulnérable aux infections.

Hannah Tordjman

Pollution, air climatisé, usage prolongé des écrans… notre mode de vie met notre confort visuel à rude épreuve, jusqu’à provoquer parfois des épisodes de sécheresse oculaire à l’origine de troubles de la vision. Ce dessèchement survient en cas d’insuffisance des larmes ou d’une mauvaise qualité de leur production. En temps normal, les glandes lacrymales sécrètent des larmes qui sont réparties sur toute la surface de l’œil dès lors que nous clignons des paupières. Elles permettent d’hydrater et de protéger la cornée contre les éléments externes comme les poussières, par exemple. Cette lubrification protège de nombre d’infections. Mais, parfois, la machine s’enraie et l’humidification ne se fait plus correctement, au point d’engendrer des picotements, voire des démangeaisons.

Un tiers des adultes sont touchés par la sécheresse oculaire, selon l’assurance-maladie. Si le temps passé sur écran ou dans un environnement intérieur ou extérieur agressif provoque cette perte d’humidification, il existe d’autres raisons, au premier rang desquelles l’âge. Plus on vieillit et moins on produit de larmes en raison de l’atrophie des glandes lacrymales. Par ailleurs, les bouleversements hormonaux liés à la ménopause chez la femme ou à l’andropause chez l’homme ont également des incidences. La sécheresse oculaire peut aussi résulter de la prise de certains médicaments : antidépresseurs, antalgiques, somnifères, antidiarrhéiques, antihistaminiques, traitements hormonaux, entre autres. Il existe également des causes liées au port régulier et prolongé de lentilles de contact ou encore à la suite des chirurgies au laser pour traiter une myopie. À noter : les effets secondaires du tabac et du cannabis peuvent aussi assécher les yeux.

Sensation de vision troublée et démangeaisons

La sensation de vision troublée se traduit par un besoin accru de cligner des paupières, par des démangeaisons, par la sensation de gêne face au vent ou à la fumée de cigarette. On assiste parfois à des problèmes de collement de paupières au petit matin ou encore à des larmoiements intempestifs. Autre cas de figure : l’impression de brûlure ou de picotement comme si une particule s’était incrustée dans l’œil. Toutefois, la sensation d’avoir les yeux secs n’implique pas toujours une sécheresse oculaire. Il se peut même que, malgré des sensations désagréables, la sécrétion de larmes soit normale. C’est vrai lorsqu’on passe beaucoup de temps devant des écrans ou dans un lieu enfumé.

Pour remédier à cette sécheresse, rien de très compliqué. Les larmes artificielles vendues en pharmacie soulagent dans la majorité des cas. Attention à les choisir en dose unique pour éviter tout risque d’infection oculaire. On peut les utiliser plusieurs fois par jour en cas d’inconfort et elles viennent généralement à bout du problème de manière assez rapide. En revanche, si la sécheresse persiste ou s’aggrave, seul un ophtalmologiste pourra mesurer la qualité de votre production de larmes et vous conseiller le traitement idoine.

Santé
L'Humanité

Une culture numérique commune contre la pression du digital 

Actu

Pour éviter aux salariés d’être trop sollicités par les notifications intempestives, et de terminer épuisés en fin de journée, il est indispensable d’organiser ses outils numériques. Un processus qui doit se faire à l’échelle collective !

Mélanie Mermoz

Entre votre ordinateur et votre smartphone, vous ne savez plus où donner de la tête. En plus de vos mails, vous recevez des messages sur différents groupes Whatsapp, complétez des documents partagés sur Slack. « C’est particulièrement compliqué dans les entreprises qui n’ont pas investi dans une digital workplace », souligne Arnaud Rayrole, directeur général de Lecko.fr. Un espace numérique de travail permet, en effet, de rassembler les outils nécessaires au travail partagé des salariés (ou prestataires). Suivant l’ergonomie de ces espaces, les notifications peuvent être plus ou moins visibles, il est aussi possible de choisir quelles notifications apparaissent et ainsi de prioriser celles qui sont importantes.

Si les outils numériques ont pour but de faciliter le travail, leur surabondance peut, au contraire, provoquer d’importants désagréments. Il est en effet difficile de ne pas aller voir immédiatement quelle est cette nouvelle information qui vient de tomber ! Le problème est alors qu’il faut ensuite retrouver le fil de la tâche abandonnée. « Le numérique est basé sur une idéologie de la fragilité humaine. Les notifications permettent d’éviter de louper quelque chose, mais elles empêchent de se concentrer. Peu à peu cette petite canne numérique prend le pas », alerte Marie-Anne Cloarec, formatrice en culture numérique d’entreprise. Censée protéger, elle a, en fait, un lourd impact sur la santé. « Cette mutiplication des outils conduit à un émiettement des tâches et à un épuisement cognitif. Le comble est qu’à la fin la personne a le sentiment d’avoir mal fait son travail. Cela peut provoquer des troubles du sommeil, de l’irritabilité », dénonce Gérald Demortière, médecin du travail.

« Faire un grand ménage »

Pour prévenir ces phénomènes, il faut déjà éviter de multiplier les outils. Pour Marie-Anne Cloarec, c’est d’abord au niveau de l’entreprise qu’une réflexion doit être menée et celle-ci doit s’effectuer en associant les équipes. Pas question de tout décider d’en haut, à l’échelle d’une entreprise ou même d’un service ! « Cela nécessite une vraie analyse du travail pour déterminer quel est l’outil le plus efficace. Il faut faire un grand ménage ! En quelques années, les outils numériques se sont multipliés très rapidement, il faut déterminer lesquels sont les plus importants », explique-t-elle. Une fois ceux-ci déterminés, c’est le moment de passer au nettoyage. « Dans une entreprise que j’ai accompagnée, la décision a été prise de supprimer Skype (un logiciel d’appel notamment en visio) quand ils ont décidé d’installer Teams, la plateforme collaborative de Microsoft », raconte-t-elle. « Si tout le monde n’a pas le même outil, cela génère de l’exclusion », avertit la formatrice. Une fois les outils choisis et hiérarchisés, il faut aussi mettre en place une culture numérique commune, particulièrement à l’échelle d’une équipe. « Il faut que soit clairement décidé où sont mis les documents importants, dans quel dossier partagé il faut aller les chercher, sinon on double le travail ! »

numérique
L'Humanité

Des plantes sauvages comestibles dans le jardin

Actu

Très répandues et faciles à reconnaître, plusieurs plantes sauvages, que l’on croise aussi au jardin, sont non seulement mangeables mais excellentes.

Marcel Guedj

De nombreuses plantes sauvages sont consommables – feuilles, fleurs et même racines parfois –, et très appréciées des gourmets ! Il y a plusieurs manières de les déguster en soupes ou salades, cuites ou crues. C’est le cas de l’ortie, du pissenlit, du plantain, de la pâquerette, de la primevère, du trèfle, de la violette, etc., parmi les plus communes, qui visitent spontanément nos jardins à l’approche du printemps. Certaines sont bien connues, d’autres moins, mais des guides et même des applications sur smartphone permettent de les identifier sans erreur. Alors, ne ratez pas l’occasion de découvrir la soupe aux orties, la salade de plantain, celle de pissenlit…

Une assiette de friche

Une question se pose cependant : peut-on consommer ces plantes sauvages cueillies au milieu de la pelouse ou au bord de l’allée ? Oui, si le jardin n’est pas situé dans une zone urbaine où il faut craindre la pollution atmosphérique et celle du sol. Oui encore, si le sol ne reçoit ni engrais ni pesticides, si la terre est entretenue par des méthodes naturelles respectueuses des micro-organismes qui nous rendent tant de services. Parmi ces méthodes, rappelons : ameublissement, apport de compost, paillage organique (feuilles mortes, cosses de sarrasin, paillettes de lin ou de chanvre…), épandage de bois raméal fragmenté (BRF) ; toutes améliorent la fertilité du sol par des apports naturels d’azote et en encourageant l’action des acariens, cloportes, vers de terre…, dont les déjections forment un engrais qui reconstitue l’humus.

Pour ces diverses raisons, les meilleurs endroits de cueillette sont les friches. Dans ce cas, il suffit de cueillir les plantes que vous voulez savourer avec un bon couteau, de les laver soigneusement, de les cuisiner. À l’opposé, et pour des raisons faciles à comprendre, on s’interdira la cueillette dans les parcs ou en bordure de chemins, de routes ou de champs cultivés pour éviter les zones polluées.

Conserver un carré d’orties

 

L’ortie (très riche en vitamine C) est une plante vivace envahissante, qui plus est urticante, dont les rhizomes ont tendance à s’étendre rapidement pour coloniser les terres voisines. Plutôt que de la détruire, encadrez sa croissance en limitant son espace, par exemple, avec de vieilles tuiles. Vous aurez ainsi votre « carré d’orties » prêt à servir pour la cuisine.

Les bons gestes pour les récolter

  1. Enfiler des gants en caoutchouc pour cueillir l’ortie et se prémunir des piqûres.
  2. Procéder à la cueillette plutôt le matin, le jour même de son utilisation.
  3. Conserver uniquement les feuilles et les laver (toujours avec des gants de préférence) dans une eau légèrement vinaigrée. Rincer et égoutter avant utilisation.
Jardinage
L'Humanité

La montbéliarde, une délicate saucisse au Doubs fumet

Actu

Ancrée dans son terroir, fruit d’un savoir-faire ancestral, la spécialité franc-comtoise fête cette année les dix ans de son indication géographique protégée (IGP), et le succès ne se dément pas.

Lea Desportes

En dix ans, son poids et ses mensurations n’ont pas changé : entre 150 et 200 g pour 15 cm de long et 25 à 40 mm de diamètre. Légèrement courbée, elle va souvent par paire. Et si la saucisse de Montbéliard a obtenu voilà une décennie une indication géographique protégée (IGP), son existence est bien plus ancienne. En témoignent les nombreux fumoirs à viande mis au jour sur le site d’Epomanduodurum, cité gallo-romaine sur l’actuelle commune de Mandeure, à quelques kilomètres de la sous-préfecture du Doubs. Les textes attestent que la saucisse prend son essor au XIVe siècle. Elle se différencie déjà par son mélange, du maigre et du gras de porc assaisonnés avec beaucoup d’ail et de cumin, et un long séchage dans les tuyés, de vastes pièces caractéristiques des fermes du haut Doubs qui servaient autant à fumer la viande qu’à chauffer leurs habitants. L’arrivée du chauffage central dans les années 1970 met fin à leur fonctionnement.

« Le Tuyé du Papy Gaby »

À Gilley, tout près de Morteau – d’où vient la seule autre saucisse française à bénéficier d’une IGP –, il est encore possible d’admirer une de ces hautes cheminées pyramidales en activité. Construit en 1973 par le boucher Émile Marguet, « le Tuyé du Papy Gaby » fabrique et vend sur place des spécialités charcutières régionales, dont 6 tonnes de montbéliards tous les ans. Une petite tranche des 5 800 tonnes produites en 2022. Si un groupe s’est taillé la part du lion, l’ensemble des 22 fabricants peut se réjouir d’une consommation en hausse, qui a atteint 32,2 millions de saucisses en 2022. Un succès pourvoyeur d’emplois, 18 rien que pour le tuyé cinquantenaire.

Fumage traditionnel au bois et à la sciure de résineux

Contrairement à l’appellation d’origine protégée qui nécessite que toutes les étapes de fabrication soient réalisées dans une même zone géographique, une seule est suffisante pour l’IGP. La préparation de « la mêlée », la viande hachée et relevée par des épices ou des aromates, doit avoir lieu en Franche-Comté, tout comme le fumage traditionnel au bois et à la sciure de résineux provenant des forêts qui recouvrent près de la moitié des terres comtoises.

Une teneur en gras inférieure à 30 %

L’opération, qui dure entre 12 et 48 heures, donne aux saucisses leur couleur légèrement ambrée, entre le brun et le doré, et leur saveur caractéristique. Leur teneur en gras doit être inférieure à 30 % et la lecture des étiquettes se révèle instructive en la matière, les versions artisanales étant largement en dessous. Si le cahier des charges autorise l’utilisation de viandes de l’Union européenne, la filière a fait le choix du mieux-disant : les trois quarts des 163 élevages auprès desquels elle s’approvisionne se trouvent en Franche-Comté et dans les régions limitrophes. Ils donnent aux cochons la confiture locale, le lactosérum (petit-lait) produit par la montbéliarde, vache reine des AOP fromagères, à l’origine notamment du comté ou du mont-d’or. Conclusion ? Des porcs qui font une bonne chair… à saucisse.

Saucisse de Montbéliard grillée à la mousseline de fenouil

Préparation : 10 minCuisson : 15 minDifficulté : facileIngrédients pour 4 personnes 4 saucisses de Montbéliard, 400 g de fenouil, 80 g de beurre, 10 cl de crème crue, Gros sel, poivre du moulin.

Traditionnellement pochée et accompagnée de pommes de terre ou de lentilles, la saucisse de Montbéliard se décline aussi grillée, en brochette, cuite au four ou en papillotes, pour varier les plaisirs. Cette recette équilibrée et très simple d’exécution ne nécessite de suivre qu’une seule règle : ne jamais piquer la saucisse de Montbéliard avant cuisson, pour conserver tout son parfum.

  1. Préparation de la mousselineLaver les fenouils, retirer les cœurs et les tiges.Tailler en fines lamelles, les mettre dans une casserole, recouvrir d’eau froide, ajouter le gros sel.Porter à ébullition puis laisser cuire à gros bouillons.Égoutter les fenouils, les passer au mixeur. Ajouter le beurre et la crème, le sel et poivre puis bien mélanger. 
  2. Dans une poêle chaude, faire cuire les saucisses sans matière grasse, les colorer de tous les côtés. 
  3. Dans chaque assiette, lisser de mousseline et déposer la saucisse grillée.

Pour accompagner la montbéliarde

 

 Rouge. On reste dans le Grand-Est mais direction l’Alsace. Installées à Wettolsheim, aux portes de Colmar, les sœurs Amélie et Cécile Buecher représentent la septième génération du domaine familial qu’elles ont rebaptisé en 2009 Vignoble des 2 lunes, clin d’œil à leur démarche biodynamique. La touche de fumé qui complète l’explosion de fruits rouges frais de leur pinot noir créera un pont aromatique bienvenu avec la note caractéristique de la saucisse de Montbéliard. Peu tannique et acidulée, la cuvée contrebalancera agréablement le gras du plat.

Vignoble des 2 lunes 2018, Lune noire pinot noir, AOP Alsace, 22 euros

 

 Blanc. Fin et vertical, ce grand chardonnay de terroir exprime son sous-sol calcaire, sans pour autant manquer de matière. Comme toute la gamme, qui s’attelle à toutes les spécialités jurassiennes, il est élaboré par Pauline et Géraud Fromont, deux œnologues franc-comtois. Installés dans le Sud-Revermont depuis 2006, ils ont fait le choix de l’agriculture biologique, certifiée en 2013, et d’interventions minimales en vinification. Aussi éclatante qu’enveloppante, cette cuvée saura, dans l’assiette, tenir tête à la saucisse enrobée de mousseline.

Chardonnay Les Normins 2020, Domaine des Marnes blanches, AOP côtes-du-jura, 26,80 eurosBon et sain
L'Humanité

Walter Baier, solidaire des Français

Un jour avec

Le nouveau président du Parti de la gauche européenne (PGE) était à Paris, le 7 mars, pour soutenir la grève contre la réforme des retraites.

Gaël De Santis

Dans son combat contre le libéralisme, Walter Baier a fait escale à Paris. Mardi 7 mars, il est au plus bel endroit qui soit, au beau milieu des 700 000 Franciliens qui défilent dans la capitale pour dire non à la réforme des retraites d’Élisabeth Borne. Président du Parti de la gauche européenne (PGE), ce communiste autrichien de 69 ans est invité à s’exprimer face aux syndiqués et salariés, depuis le camion affrété par le PCF pour l’occasion. « Je suis venu porter toute notre solidarité aux travailleurs français dans cette lutte. Celle-ci a une très grande importance en Europe », fait-il valoir. À ses côtés, le communiste espagnol Ismael González, responsable à l’organisation d’Izquierda Unida, approuve : « Si vous tenez le coup, nous tiendrons le coup dans le reste des pays européens ! » Les manifestants qui passent applaudissent. Une délégation du Parti du travail de Belgique (PTB), elle aussi présente, acquiesce. « Il faut lutter, développer la solidarité. Dans tous les pays, nous avons le même ennemi, les riches, les élites. Nous devons combattre le système capitaliste sur tout le continent. Lier la lutte contre la régression sociale à celle en faveur de la paix », reprend le dirigeant autrichien.

En aparté, il nous confie : « Vous vous battez pour le salariat français, mais également pour tous les Européens qui défendent l’État providence et les services publics. » La question européenne est au cœur des combats de Walter Baier. De 1994 à 2006, il est président du KPÖ, le Parti communiste d’Autriche. Il participe alors à la lutte contre l’entrée dans la majorité gouvernementale de droite du FPÖ, le parti d’extrême droite de Jörg Haider. Ce combat a un retentissement international. À Vienne convergent, en février 2000, les délégations de nombreuses forces de gauche européenne. De 2007 à 2019, il est dirigeant de Transform ! Europe, une fondation unie au PGE. Il se lie à cette occasion avec des membres du PCF, telle Élisabeth Gauthier, militante à Corbeil-Essonnes (Essonne), autrichienne elle aussi et cheville ouvrière d’Espaces Marx en France et de Transform ! Europe jusqu’à sa mort, en 2016. Aujourd’hui, il continue son compagnonnage dans les rues de Paris avec les Français élus avec lui à Vienne dans l’équipe dirigeante du PGE : Hélène Bidard, Frédéric Boccara, Vincent Boulet… Une étape parmi tant d’autres pour celui qui, depuis 2007, écume les divers rassemblements européens, qu’ils soient altermondialistes, antifascistes ou environnementalistes.

Des réformes antisociales, il en a déjà vu en Europe. Pour lui, celle des retraites participe d’une « stratégie qui a commencé en 2008. Nous assistons à une offensive contre l’État providence. Des coups contre celui-ci ont déjà été donnés au Royaume-Uni, en Grèce, en Belgique. Cela arrive partout. C’est pour cette raison que je dis qu’on a affaire à un combat européen ». Dans tous les pays, la problématique est la même. « Avant tout, la question est de taxer les riches pour mobiliser les fonds nécessaires afin de sauver les services publics, les systèmes de santé et de retraite. C’est celle de la redistribution de la richesse, des revenus », souligne-t-il.

Toutes les luttes sont liées. « Il est impossible de séparer le combat des femmes de celui de la classe travailleuse », dit-il à la veille de la Journée internationale de lutte pour les droits des femmes. « L’un des principaux combats et acquis du XX e siècle a été celui des femmes pour leur émancipation. Il a été une source importante de démocratie, de progrès social », souligne-t-il, en en tirant les leçons : « La lutte des femmes doit être reconnue dans son autonomie. Je pense que la gauche l’a désormais compris. »

Autre combat du moment, celui pour la paix, que Walter Baier a fait sien depuis le début de son militantisme, dans les années 1980. Le 24 février, il participait à un rassemblement devant les locaux de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE), à Vienne. « Là-bas, j’ai prononcé un discours, raconte-t-il. J’y ai dit qu’il n’y a aucune interrogation sur le fait que la guerre a été commencée par la Russie, qu’il s’agit d’une violation du droit international. Mais j’ai également posé cette question : comment faire que cette guerre s’achève ? Nous avons appelé à des négociations, à un cessez-le-feu et au retrait des troupes russes du sol ukrainien. » Mais surtout, alerte-t-il, la sécurité en Europe présente un autre défi. « Il y a en Russie des centaines de missiles qui pointent des villes européennes. Il y a deux cents missiles visant des cités russes », rappelle-t-il, invitant les pays et parlementaires européens à relancer des traités de désarmement nucléaire.

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L'Humanité

En Ukraine, Olexandr Kamyshin, le soldat du rail

Reportage

Depuis le début de la guerre, la compagnie de chemins de fer Ukrzaliznytsia fournit un effort gigantesque pour évacuer les millions de personnes fuyant combats et bombardements. À Kiev, un homme est aux commandes : Olexandr Kamyshin.

Emmanuelle Chaze

Kiev (Ukraine), correspondance.

Olexandr Kamyshin est marathonien. Avec la guerre, il est aussi devenu un visage familier pour des milliers d’Ukrainiens, admiré pour l’effort gigantesque et de longue haleine qu’il fournit en tant que patron d’Ukrzaliznytsia, la compagnie des chemins de fer ukrainienne.

Depuis février 2022, c’est une course contre la montre qu’il mène, au quotidien, en supervisant les opérations d’évacuations de millions de personnes et l’accueil de milliers d’entre elles dans les gares du pays, en plein milieu des bombardements qui s’abattent sur le pays depuis l’invasion russe.

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La tâche est immense et difficile, mais rien ne semble impossible lorsqu’il s’agit de défendre son pays. Revenant sur le début de l’agression, Kamyshin explique : « Nous sommes toujours prêts à tout, mais en février dernier nos plans n’étaient pas adaptés à l’ampleur de ce qui s’est passé : les chars, les bombardements, tout cela à l’échelle de la Seconde Guerre mondiale et même davantage. Rien ne pouvait nous y préparer, mais notre force a été de le comprendre dès les premières minutes et de nous adapter tout aussi rapidement. »

Cette deuxième armée du pays qui a évacué 4 millions de personnes, dont 1 million d’enfants

Effectivement, en l’espace de quelques minutes, le 24 février, alors que la vie de 44 millions d’Ukrainiens a basculé, beaucoup de destins se jouent dans la gare centrale de Kiev, elle aussi visée par des bombardements, mais point de ralliement pour des milliers de personnes cherchant à fuir.

Olexandr Kamyshin le sait : « Tant de vies dépendent de chacune des décisions que j’ai eu à prendre à ce moment-là, c’est dévastateur. Mais nous sommes comme des soldats, certains disent même que nous sommes la deuxième armée du pays, et dans ce sens nous avons réussi à mener à bien toutes les tâches qui nous incombaient. »

Ces soldats du rail, ce sont les 231 000 employés d’Ukrzaliznytsia, le plus gros employeur du pays, dont l’immense majorité a refusé l’évacuation pour faciliter celle de 4 millions de personnes, dont 1 million d’enfants, et de 120 000 animaux domestiques. Kamyshin revient sur ces vastes opérations : « Dès le départ, nous avons décidé de ne plus contrôler les billets, de laisser monter un maximum de personnes et de ralentir les trains sur les voies afin de pouvoir anticiper les actes de sabotage. »

Continuer d’assurer la circulation de ces trains coûte que coûte a permis de sauver des milliers de vies, comme dans les zones à l’époque encerclées puis occupées par l’agresseur russe : « Nous avons continué les évacuations à Irpin, Boutcha et Borodyanka jusqu’au dernier moment, lorsque les Russes ont détruit les rails. Nous prenions toutes les précautions nécessaires, en envoyant d’abord une locomotive, pour s’assurer que la voie était praticable, puis le train. Même chose pour Marioupol, jusqu’au dernier moment nous avons évacué, jusqu’à ce que les voies soient détruites. »

Des « centres d’invincibilité » où les Ukrainiens peuvent se réchauffer, recharger leurs appareils, accéder au Wi-Fi et boire un thé chaud

En novembre dernier, quelques jours après la libération de Kherson, Ukrzaliznytsia a mis en place le premier train reliant la capitale à la ville exsangue, après neuf mois d’occupation. En décembre, pour la Saint-Nicolas, un train spécialement affrété a permis à l’Unicef d’envoyer 33 000 cartables de fournitures scolaires et de jouets aux enfants vivant près de la ligne de front.

Un train médicalisé a également été mis en place en partenariat avec Médecins sans frontières, « une initiative qui a commencé comme un partenariat, s’est développée en amitié, et maintenant nous sommes frères », précise Kamyshin. Ce train a déjà effectué près de 100 voyages près de la ligne de front et permis l’évacuation de milliers de civils blessés et incapables de se déplacer seuls.

L'Humatinale

Du lundi au vendredi, l’actu essentielle décryptée par la rédaction de l’Humanité.

L’effort d’Ukrzaliznytsia ne se limite pas aux voyages : aujourd’hui encore, chaque gare est aussi un lieu de ralliement et d’accueil. À travers le pays, 92 d’entre elles sont devenues des « centres d’invincibilité » où, chaque jour, entre 5 000 et 10 000 personnes viennent se réchauffer, recharger leurs appareils électroniques, accéder au Wi-Fi et boire un thé chaud.

Les dommages sur les infrastructures ferroviaires sont immenses, des milliers de kilomètres de rails ont été endommagés par les bombardements, mais Kamyshin pense à l’après : à Kiev, c’est lui qui a pris l’initiative de repenser et de moderniser le système équivalent aux RER, et même en temps de guerre il se targue de la ponctualité incroyable des trains, un taux de 98 % au départ, 96 % à l’arrivée. Après un an de guerre, il reste déterminé : « Pour durer, il faut savoir doser son effort, son énergie, et nous tous l’avons compris, nous tiendrons aussi longtemps que nécessaire.»  

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Russie. À Samara, plongée dans la solidarité et l’effort de guerre

Reportage

La ville du prix Nobel de la paix Dmitri Mouratov vit au rythme du conflit. L’aide pour le Donbass, et pour les nombreux soldats qui y combattent, ne cesse de s’amplifier. Reportage.

Vadim Kamenka

Samara, Moscou (Russie), envoyé spécial.

À quelques mètres de la gare centrale de Samara, l’immense centre commercial Goudok est devenu le point de ralliement pour Anastasia Andreïtchenko et son association Goumanitarniï dvij (Mouvement humanitaire).

Ce matin, de nombreuses familles sont venues donner des denrées alimentaires (pâtes, céréales, conserves), des vêtements chauds, du linge, des pansements et des médicaments. « Nous planifions à l’avance la logistique, où et vers qui nous allons. Nous élaborons la liste des choses nécessaires avec les habitants et les hôpitaux de Donetsk. Sur place, nous sommes accueillis, accompagnés et aidés par les forces militaires », explique-t-elle.

Dans le centre commercial, une boutique s’est transformée en box de stockage et accueille l’ensemble du chargement. À l’intérieur, une vingtaine de palettes chargées de cartons et d’autres objets remplissent la majeure partie du local. « On a séparé ce qui allait aux habitants, aux soldats et à l’hôpital de Makeïevka (périphérie de Donetsk – NDLR) . On a de tout : de l’huile, des ragoûts, des habits tricotés, du sel, du sucre, du thé, du café, des sucreries pour les enfants, des lingettes, du papier toilette. On a même des poêles pour se réchauffer et faire à manger que nous ont construits des ingénieurs », détaille Anastasia Andreïtchenko, entre deux appels téléphoniques.

Le temps complique l’arrivée sur place du poids lourd chargé du transport du fret. Chaque trajet est planifié dans les moindres minutes : trois jours de route dans les deux sens, un jour de déchargement. En fonction des possibilités, ils font le voyage une à deux fois par mois, car « il faut trouver un conducteur motivé et une remorque, ce qui n’est pas facile. Mais, vu l’état des habitants qui sont sans eau, sans nourriture, parfois blessés, on ne peut que poursuivre nos missions et espérer que la paix vienne rapidement », déplore-t-elle.

Alors que l’heure du chargement se profile, les gens leur souhaitent « bon courage pour la route » et les « remercient ». À 36 ans, Anastasia Andreïtchenko, qui travaille comme administratrice dans une société de gestion de service, a lancé dès 2014 cette collecte de fonds pour venir en aide aux familles déjà plongées dans la guerre.

« Le premier rassemblement a été une véritable aventure. En l’espace de quinze jours, on a réussi à collecter une remorque de 20 tonnes. Et j’ai commencé à accompagner les convois en 2015 quand l’un de nos chauffeurs a disparu avec tout le chargement », raconte-t-elle. Malgré les tirs d’obus, elle prend la route en cette fin février avec son mari, Alexey, et un autre bénévole. Ils rejoindront la remorque qui part la veille, à Donetsk.

Près de 100 000 morts depuis le 24 février 2022

Dans le centre de Samara, sur la place Kouïbychev, où s’impose l’immense opéra de la ville, des enfants profitent d’un toboggan enneigé pour faire de la luge. Juste à côté, la Maison des officiers, à l’architecture soviétique, organise dans une de ses nombreuses salles une collecte de fonds pour les soldats. Une écharpe trône au-dessus des centaines de paquets : « On n’oublie pas les nôtres. »

De jeunes militaires et des bénévoles trient et accueillent la foule. « Si je dois y aller, j’irai », affirme l’un d’eux, qui n’a pas été mobilisé après l’appel lancé le 21 septembre par le président russe. « Je viens ici apporter mon aide. Mon mari se trouve actuellement dans le Donbass, dans la région de Donetsk. J’attends chaque jour de ses nouvelles », glisse Nadia.

La mort d’une centaine de militaires, le 1er janvier, à Makeïevka, a marqué le 1,1 million d’habitants. Au total, certaines sources évoquent près de 100 000 morts de part et d’autre depuis le 24 février 2022.

« Des sorties nécessaires pour oublier les moments difficiles »

Au confluent de la Volga et la rivière Samara se trouve le centre historique, considérablement rénové à l’occasion de la Coupe du monde de football de 2018. Les boutiques, restaurants et magasins fonctionnent normalement. L’industrie, chimique, aérospatiale et automobile, a été marginalement impactée par les sanctions. « Les fermetures de magasins comme Decathlon ont un impact, même limité, sur les emplois. Pour l’instant, cela a été bien anticipé. Pour Togliatti, c’est plus difficile. Mais cela date d’une forme de désindustrialisation, que le partenariat avec Renault et l’usine automobile AvtoVAZ a mise en évidence », analyse l’universitaire Grigori Tsidenkov.

Le long des quais de nombreux résidents font du ski ou de la marche nordique sur une Volga totalement gelée. « Ces sorties en famille sont nécessaires pour oublier les moments difficiles. Avec la fin de la Maslenitsa (équivalent du mardi gras), cela permet d’éliminer toutes les crêpes mangées et se préparer au carême », s’amuse Slavia qui aura le droit de déguster une Jigouliovskoïé. Il s’agit de la célèbre bière russe, fabriquée à Samara depuis le XIXe siècle, qui dispose d’une brasserie et d’un bar attenant.

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Printemps 1943, la jeunesse prend le maquis et attise la Résistance

Il était une fois

Pour échapper au Service du travail obligatoire institué par le régime de Vichy, des légions de réfractaires investissent des zones difficiles d’accès. Un mouvement inattendu qui va prendre de court les instances résistantes et impulser au printemps 1943 un tournant décisif dans la lutte contre l’occupant.Par Fabrice Grenard, historien, spécialiste de la Résistance et de l’histoire des maquis, directeur historique de la Fondation de la Résistance

L’année 1943 est cruciale pour la Résistance. Le débarquement allié en Afrique du Nord en novembre 1942 laisse désormais entrevoir la possibilité d’une libération prochaine et augmente la légitimité de la Résistance alors que la majorité des Français a définitivement rompu avec Vichy. La création du Conseil national de la Résistance (CNR), qui tient sa première réunion le 27 mai 1943 à Paris sous la présidence de Jean Moulin, permet d’unifier les organisations résistantes et de les placer sous la seule autorité du général de Gaulle.

Le CNR : l’originalité d’une démocratisation

Un phénomène qui se développe au départ de façon spontanée

Mais, surtout, 1943 marque la naissance des premiers maquis. Ce phénomène, qui se développe au départ de façon spontanée, va contribuer à changer considérablement la Résistance, qui étend désormais ses actions au monde rural et se dote des troupes qui lui faisaient défaut jusque-là.

Une certaine approche de l’histoire de la Résistance, fondée sur une vision a posteriori, a parfois pu donner le sentiment que l’évolution vers des groupes armés dans les forêts et les montagnes s’inscrivait dans un processus logique. En réalité, la création des premiers maquis n’entrait pas dans les plans des instances clandestines. Le traumatisme de la défaite de 1940 et le choix de l’armistice expliquent que la France n’ait pas vu se développer immédiatement des actions de guérilla menées par des francs-tireurs comme dans d’autres pays d’Europe (Yougoslavie, Grèce). S’ils prônent la lutte armée contre l’occupant depuis l’été 1941 alors que l’attaque de l’URSS par le Reich a mis fin au pacte germano-soviétique, le Parti communiste et sa branche armée des Francs-tireurs et partisans (FTP) souhaitent initialement limiter leurs actions aux villes, considérées comme plus stratégiques pour une insurrection. Les mouvements non communistes (Combat, Franc-Tireur, Libération) disposent de formations paramilitaires qui sont unifiées en novembre 1942 au sein de l’Armée secrète (AS). Mais celle-ci ne doit pas entrer en action avant le débarquement.

Les réquisitions pour le travail en Allemagne changent la donne

Alors que le sort de la guerre s’inverse, Berlin décide de prélever dans les territoires occupés la main-d’œuvre destinée à remplacer les Allemands mobilisés. En France, le chef du gouvernement, Pierre Laval, annonce en juin 1942 la politique dite de la « relève » qui consiste à obtenir la libération d’un prisonnier de guerre contre le départ volontaire de trois ouvriers. Mais les engagements restent trop peu nombreux et Vichy décide de recourir à la contrainte. La loi du 4 septembre 1942 permet de réquisitionner pour le travail en Allemagne sur critères professionnels. Pour y échapper, des petits groupes d’ouvriers des vallées industrielles de la zone sud décident de gagner à la toute fin de 1942 et au début de 1943 les massifs les plus proches afin de se cacher dans des fermes isolées, des chalets d’alpages, des bergeries abandonnées.

Septembre 1942. Le STO, quand Vichy offrait des travailleurs au Reich

Les tout premiers camps apparaissent dans ce contexte. En décembre 1942, une soixantaine d’ouvriers originaires de Grenoble s’installent à la ferme d’Ambel, qui deviendra le camp n°1 du maquis du Vercors. En Haute-Savoie, des chalets situés sur les massifs dominant la vallée de l’Arve servent de refuges aux travailleurs des usines de décolletage. Dans le Bugey, des ouvriers se rassemblent autour du mont de l’Avocat, notamment à Montgriffon. Les Cévennes voient arriver les ouvriers des petits centres industriels de la partie méridionale du Massif central (Alès). Le plateau de Millevaches (Corrèze) constitue un repli pour les travailleurs de Brive, Limoges, Tulle.

Il y a cinquante ans, l'assaut final contre le maquis du Vercors

Métamorphoser les réfractaires en combattants

Alors que les exigences allemandes ne cessent de s’accentuer au début de 1943, Vichy adopte un nouveau dispositif de réquisition avec la loi du 16 février 1943, qui institue le Service du travail obligatoire (STO). Tous les jeunes Français nés en 1920, 1921 et 1922 déclarés aptes doivent partir travailler en Allemagne pour deux ans. Le phénomène des « réfractaires » ne cesse alors de prendre de l’ampleur et entraîne un processus d’essaimage de camps à partir des premiers regroupements opérés depuis la fin 1942 dans les Alpes, le Jura ou le Massif central. Le mouvement ne concerne plus uniquement les zones montagneuses et s’étend aux territoires forestiers du Sud-Ouest (Dordogne, Corrèze, Haute-Vienne) et du Centre (Creuse, Indre, Cher). À l’exception des Vosges et du Morvan, les maquis ne se développent pas en 1943 en zone nord : plus urbaine, moins montagneuse, celle-ci leur est moins propice et la présence militaire allemande y est beaucoup plus dense.

Cette première génération de camps n’a dans un premier temps qu’une fonction de refuge pour les réfractaires au STO. L’équipement et les armes manquent. Les clandestins portent leurs vêtements civils et n’ont que les quelques affaires qu’ils ont pu emporter. Les chefs de la Résistance ont été mis devant le fait accompli : « Nous avons été pris de court », reconnaît le fondateur de Combat, Henri Frenay, en avril 1943.

La question du sort de ces camps provoque au printemps 1943 une crise au sein des instances dirigeantes de la Résistance. Certains sont favorables à la mise en place d’un encadrement destiné à transformer les réfractaires en combattants. C’est le cas notamment de Frenay mais aussi des communistes, qui cherchent à affilier les premiers camps à l’organisation des FTP dans les « campagnes rouges » où le parti est bien implanté. D’autres au contraire considèrent que les jeunes réfractaires n’ont pas assez d’expérience militaire et que les moyens sont insuffisants pour les former. Cette position est notamment défendue par Jean Moulin en mars 1943, alors que les mouvements sollicitent une aide accrue de Londres pour encadrer les camps.

Henri Frenay « L’inventeur » de la Résistance

Transformer les « camps refuges » en maquis combattants

L’afflux croissant de réfractaires dans les camps montre cependant que le phénomène est irréversible. Ceux qui étaient d’abord réticents finissent par se rallier à l’idée que leur encadrement est indispensable. Laisser les réfractaires livrés à eux-mêmes présente le risque de provoquer des dérives et des actions indisciplinées. Pour les résistants non communistes, il faut aussi éviter de laisser le champ libre aux FTP, qui s’efforcent de rallier les groupes de réfractaires.

Après plusieurs mois de tensions, un consensus finit par s’imposer. La France libre accepte à partir d’avril d’augmenter les budgets alloués aux mouvements en faveur des maquis. Les Mouvements unis de résistance (MUR) mettent en place les institutions nécessaires pour transformer les « camps refuges » en maquis combattants. Une école de cadres est confiée à Robert Soulage, un ancien officier qui a quitté l’armée en avril 1942. Un Service national maquis (SNM) est institué fin avril 1943 sous la direction de l’avocat Michel Brault. Le SNM développe des échelons régionaux et départementaux, avec la nomination de responsables chargés de recenser les maquis, de distribuer les fonds, d’établir un contact régulier avec les chefs de camp. Le SNM édicte aussi des instructions strictes qui jouent un rôle crucial pour définir le statut du « maquisard » : interdiction de quitter les camps sous peine d’être considéré comme déserteur et exécuté, obéissance aux chefs et à la discipline militaire. Les opérations de ravitaillement doivent être encadrées et menées de préférence contre des institutions de Vichy ou des collaborateurs notoires pour ne pas trop peser sur les populations locales.

À l’automne 1943, les maquisards sont entre 30 000 et 40 000. Ils ne représentent cependant que 15 % à 20 % des réfractaires au STO. Beaucoup de ceux-ci préfèrent trouver une « couverture » avec un emploi sous une fausse identité dans une exploitation agricole. D’autres continuent à se cacher dans des camps, mais ne sont pas forcément prêts à la discipline militaire et aux risques encourus. Des « camps refuges » n’ayant aucune fonction militaire existent jusqu’à la Libération.

Des difficultés, liées au manque d’armes et de finances

L’univers des camps est totalement masculin, du fait des représentations de l’époque selon lesquelles les femmes ne combattent pas. Mais des jeunes résistantes vont jouer un rôle important dans la survie des maquis par de courts séjours pour apporter des messages, du ravitaillement, prodiguer des soins.

Pour les maquis, qui se trouvent désormais intégrés aux structures mises en place par les MUR ou les FTP, les choses ont considérablement changé en quelques mois. Le 1er septembre 1943, les responsables régionaux du SNM tiennent leur première réunion à Lyon. S’ils soulignent la persistance de nombreuses difficultés, liées notamment au manque d’armes et de finances, tous témoignent des avancées réalisées depuis le printemps 1943. Dans son rapport, Brault souligne que « tous les chefs signalent une amélioration énorme de la discipline et de l’encadrement ». Ces efforts ont permis d’intégrer les maquis à la Résistance alors que les premiers camps s’étaient constitués en dehors d’elle.

Défilés de maquisards à l'occasion du 11 novembre 1943

Là où ils sont le mieux organisés, les maquis constituent dès l’automne 1943 une forme de contre-­pouvoir dans les territoires où ils se développent, comme le montre l’affichage sur les places de villages de Corrèze et de Haute-Vienne d’arrêtés signés du « préfet du maquis » qui réglementent différents aspects de la vie quotidienne (les prix et le ravitaillement).

Les principales opérations qu’ils lancent à cette date s’inscrivent surtout dans une logique de survie. Dans la plupart des zones de maquis, l’été et l’automne 1943 marquent une recrudescence de coups de main contre les entrepôts du ravitaillement général ou les chantiers de jeunesse de Vichy pour s’emparer de stocks de nourriture et d’équipements indispensables. Les maquis se défendent aussi contre les premières opérations menées au cours de l’été et de l’automne 1943 par les forces de Vichy, notamment les gardes mobiles de réserve et la Milice. Ils sont encore épargnés par les attaques allemandes, qui n’interviendront qu’à partir de l’hiver 1944 (« opération Korporal » contre le maquis de l’Ain et « opération Hoch-Savoyen » contre le maquis des Glières en février et en mars 1944).

Pour la première fois, à l’occasion du 11 novembre 1943, les maquisards défilent à visage découvert dans de nombreux bourgs et villages pour montrer aux populations locales qu’ils appartiennent à des unités militaires disciplinées et ne sont pas les simples « bandits » dénoncés par la propagande vichyste. Le plus important et le plus retentissant de ces défilés se déroule à Oyonnax, dans l’Ain, où 1 500 maquisards marchent en rang derrière leur chef Romans-Petit et se rendent au monument aux morts pour y déposer une gerbe sur laquelle figurent ces mots : « Les vainqueurs de demain à ceux de 14-18 ». Ces défilés du 11 novembre 1943 en armes et en uniforme montrent à eux seuls tout le terrain parcouru en moins d’un an, depuis l’apparition des tout premiers camps de réfractaires qui n’étaient ni encadrés ni équipés.

En savoir plus

  • Ils ont pris le maquis, de Fabrice Grenard, éd. Tallandier, 2022, 192 pages, 26 euros.Qui sont les maquisards ? Quelles sont leurs motivations ? Comment ont-ils été formés ? Comment ont-ils combattu l’occupant ? Comment ont-ils (sur)vécu ensemble, dans des conditions précaires et clandestines, et qui les a aidés ? Dans ce livre richement illustré (de nombreux documents sont inédits), l’auteur éclaire de manière aussi précise que passionnante leur histoire, sous tous ses aspects.
  • Une légende du maquis. Georges Guingouin, du mythe à l’histoire, de F. Grenard, éd. Tallandier, coll. «Texto », 2020.
  • Les Maquisards. Combattre dans la France occupée, de F. Grenard, éd. Vendémiaire, 2019.
  • « Georges Guingouin. Il était le “préfet du maquis” », de F. Grenard, dans l'Humanité Dimanche n°483 du 22 octobre 2015.
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L'Humanité

Cross de « l’Humanité », elle court, elle court, la fraternité

Il était une fois

Donner du souffle à l’unité des travailleurs, affranchir le sport des normes bourgeoises pour le rendre accessible à tous, faire pièce aux compétitions sponsorisées par la presse des « ennemis de classe », c’est l’ambition du cross international de « l’Humanité » lancé le 26 février 1933 avec la FSGT. Elle va se déployer sur 31 éditions jusqu’en 1968. Boycottée un temps par les instances officielles, l’épreuve populaire deviendra pourtant un rendez-vous incontournable de l’athlétisme français.Par Michaël Attali, historien du sport, professeur des universités à l’université Rennes II, directeur du laboratoire de recherche VIPS2

Dès les années 1920, le journal « l’Humanité » – organe officiel du Parti communiste depuis le congrès de Tours – considère le sport pratiqué dans le cadre du système capitaliste comme un symbole de la bourgeoisie, qu’il faut combattre comme tel. Néanmoins, ses journalistes ne peuvent pas être perçus contre le sport lui-même alors que celui-ci attire de plus en plus le public : il s’agit donc de s’en saisir et de le mettre au service des idéaux défendus. Fidèle à la ligne politique qui fait de la Fédération sportive du travail (FST) puis de la Fédération sportive et gymnique du travail (FSGT) des organisations de masse du Parti communiste, le journal va promouvoir une alternative qui symbolise l’unité de la classe ouvrière. Tout en relatant la plupart des épreuves internationales et nationales sur un ton critique, « l’Humanité » va créer un événement qui tout à la fois illustre la pertinence de ses analyses et propose une alternative ambitieuse. Populaire et accessible, le cross – course à pied en terrain varié, hors route, pouvant comporter des obstacles – s’impose comme l’activité idéale pour incarner un autre modèle sportif. Et c’est naturellement dans les colonnes du journal que vont être explicités le sens et l’importance de l’épreuve, au fil de ses 31 éditions. Celles-ci vont se dérouler, en février ou en mars, dans la banlieue rouge parisienne.

« Une épreuve prolétarienne de masse »

Si le Tour de France est l’exemple le plus connu d’une épreuve sportive créée par un journal, en 1903, il y en a beaucoup d’autres. Inauguré le 26 février 1933, le cross de « l’Humanité » reprend donc une formule qui attire les foules, tout en se positionnant face à la concurrence. Les principes fondateurs sont posés pour la première édition : « Le but poursuivi par notre journal (…) est avant tout de réaliser une épreuve prolétarienne de masse et de lutter ainsi contre l’influence pernicieuse de la grande presse officielle qui rayonne encore sur de nombreux travailleurs grâce à l’attrait sportif. (1) »

Moyen de mobilisation collective, le sport doit avoir des répercussions sociales. Ainsi, les grèves de l’hiver 1936 offrent au journal – dont le tirage dépasse alors les 200 000 exemplaires – une occasion de souligner la cohérence entre les luttes prolétariennes et l’unité populaire incarnée par l’épreuve, avec « la présence des délégués des traminots de Lille, Roubaix, Tourcoing en grève (…) et la démonstration de solidarité (…) de la part du prolétariat parisien. Joignant aux acclamations en l’honneur du vrai sport, brimé par le grand capital, leur salut à ceux qui luttent pour leur pain (2) ».

Une foule admirative des sportifs

Le nombre de spectateurs est régulièrement mentionné (par exemple, 25 000 en 1951) pour souligner la force d’attraction de l’épreuve, qui tend à être assimilée à une manifestation de travailleurs. Admirative des sportifs, la foule l’est aussi des conditions de la course, telles celles d’un dur labeur : acclamant « longuement les vainqueurs, elle n’oubliait nullement les jeunes gars anonymes aux jambes tachées de boue noire, ceux dont le long peloton (…) s’étirait avec pour toile de fond l’horizon gris, maisons irrégulières, cheminée d’usines de ce coin de banlieue. »

Si les années 1930 sont le théâtre de luttes ouvrières pour la conquête de nouveaux droits, l’immédiate après-guerre poursuit dans cette veine en liant les nécessités du moment à l’épreuve sportive. La rapidité avec laquelle est relancé le cross, en février 1945, montre l’intérêt qu’il revêt pour l’organe officiel du PCF en train de devenir « le premier parti de France » : « Refaire la France, tendre ses muscles, donner santé et force à ses citoyens ? C’est pour une grande part la tâche du sport. À cette tâche noble, “l’Humanité” entend coopérer de tout son pouvoir. Vive son 8e cross ! (3) »

Un rendez-vous de l’athlétisme français

Pendant les quinze jours qui le précèdent, le cross est systématiquement présent à la une du journal. Ailleurs dans les pages, les appels à s’inscrire et le comptage quotidien des participants visent à capter l’intérêt des lecteurs, tout comme le traitement de l’épreuve en « feuilleton ». Ainsi, deux mois avant le cross, celui-ci fait l’objet de nombreux articles, notamment sur les têtes d’affiche. La participation de Raphaël Pujazon (champion de France de cross entre 1944 et 1949 et champion d’Europe du 3 000 mètres steeple en 1946), du Tchécoslovaque Emil Zatopek (champion olympique du 5 000 et du 10 000 mètres au JO de 1952) ou du Soviétique Volodymyr Kuts (champion olympique du 5 000 mètres et du 10 000 mètres en 1956) souligne l’importance de l’épreuve, qui est devenue un rendez-vous de l’athlétisme français.

Athlétisme. Emil Zatopek, l’homme aux pointes d’or

Une importance que révèlent aussi les controverses, telles les interdictions, réitérées à partir de 1946, faites aux athlètes licenciés à la Fédération française d’athlétisme (FFA) de participer au cross, relayées à partir de 1947 par la Fédération internationale. Dénoncées comme une décision politique servant les intérêts capitalistes, elles permettent de mettre en avant l’ostracisme idéologique à l’égard des militants communistes et en filigrane l’oppression faite aux travailleurs en ce début de guerre froide (répression des grèves dans l’industrie, éviction des ministres communistes, etc.). Avec le cas exemplaire de Pujazon, vainqueur du cross de « l’Humanité » en 1945 et 1946, puis interdit de participation, les journalistes stigmatisent la dépendance des fédérations aux enjeux politiques et remettent en cause tout le système d’organisation sportive. Et les victoires de Zatopek en 1954 et 1955 ou celles de Kuts en 1956 et 1957 sont célébrées comme autant de succès contre l’oppresseur capitaliste.

« Le sport est un moyen et non un but »

La participation connaît son apogée au milieu des années 1950 (1 500 en 1933, près de 9 000 en 1955, signe d’un engagement conséquent), avant de s’éroder dans les années 1960 (5 000 en 1968). Mais c’est d’abord le sens de cette épreuve qui la caractérise : « Le sport est un moyen et non un but. Un moyen de se tenir toujours alerte, toujours souple, de s’aguerrir aux luttes futures pour notre libération de l’exploitation capitaliste. Acteurs ou spectateurs ? Acteurs évidemment dans la grande bataille ouvrière. (Ce 4 février 1934), jeunes et vieux, champions et corporatifs, montreront qu’ils sont toujours d’attaque pour l’amélioration de leur forme physique et leur libération future. (4) »

Véritable socle idéologique, cette vision va façonner le cross de « l’Humanité » au fil du temps. Si la plupart des manifestations sportives mettent en avant l’excellence des participants, celle-ci insiste tout autant sur la diversité des concurrents dont la majorité n’est pas spécialiste. Une grande place est donnée aux clubs, associations, villes ou régions ayant rassemblé le plus de participants. Dès l’après-guerre, des centres d’entraînement sont créés à leur intention (il y en a 53 en 1955). À partir du début des années 1950, une rubrique quotidienne « On prépare le cross de “l’Humanité” » présente un club et incite à une participation massive, en indiquant par exemple les lieux d’entraînement.

Instiller une culture sportive dans la classe ouvrière

L’année 1956 marque une étape importante avec la mise en place d’épreuves de qualification. La province entre dans le dispositif afin d’augmenter à la fois la visibilité de l’épreuve et sa légitimité populaire. La presse régionale communiste est mobilisée ; « la Marseillaise » ou « l’Écho du Centre » créent un cross. Le cross de « l’Humanité » est aussi démultiplié avec la création d’épreuves sur des sites industriels, tel le cross de la Snecma en 1957.

La mobilisation change d’échelle. Prodiguant des conseils aux néophytes pour qu’ils se présentent au cross de « l’Humanité » dans les meilleures conditions physiques et morales, la série d’articles de Maurice Baquet (5) témoigne, à partir de cette période, de l’accent mis sur la dimension éducative de l’épreuve. Il s’agit d’instiller une culture sportive dans la classe ouvrière, incitée à veiller aussi bien à son alimentation qu’à la régularité de l’exercice, en amont comme en aval du cross.

La base de départ pour de futurs champions

La masse de pratiquants et plus généralement les dispositifs mis en place autour de l’épreuve visent aussi à créer les conditions pour générer une élite sportive face au modèle sportif français abondamment critiqué. « C’est le mérite du cross de “l’Humanité” que d’aider ces jeunes à faire connaissance avec leurs possibilités. (…) Si l’on veut des champions, la grande épreuve populaire est la base de départ. Et ensuite, et c’est l’essentiel, il s’agit de lutter pour que le champion en herbe soit placé dans les conditions sans lesquelles il végétera (6) ».

La mise en scène de l’épreuve traduit cette imbrication entre l’engagement populaire et la formation d’une élite. Les catégories de classement en sont un indice. En 1949, elles se stabilisent afin de distinguer les publics et de permettre à chacun d’être reconnu et valorisé. Si les critères d’âge et de sexe sont communs avec les manifestations sportives classiques, la mise en place de quatre groupes (eux-mêmes subdivisés en sous-groupes) est révélatrice de l’identité du cross de « l’Humanité ». Le groupe sportif réunit les pratiquants d’activités diverses (basket-ball, cyclisme, boxe, tennis de table, etc.) : l’enjeu est de décloisonner et, toujours, de considérer le sport davantage comme un moyen que comme un but. Le groupe corporatif, qui vise à mobiliser les plus éloignés de la pratique et à faire exister sur la scène sportive une figure populaire généralement en retrait, est décomposé en secteurs professionnels (alimentation/hôtellerie, bâtiment/bois, industries chimiques, intellectuels, livre, etc.). Les sportifs « travaillistes » constituent le troisième groupe, réunissant les licenciés des clubs adhérant à la FSGT. Le dernier groupe est celui des « As », l’élite sportive. L’isoler permet aux autres d’avoir une visibilité et d’attribuer à toute victoire une valeur équitable. Dans « l’Humanité », les photographies comme les comptes rendus mettent en avant celles et ceux qui restent la plupart du temps invisibles sur les stades ou dans les gymnases.

Une véritable allégorie de l’unité prolétarienne

Le cross trouve ici tout son intérêt : légitimité sportive, ambition populaire, équité certes, mais aussi exemplarité du modèle sportif des pays de l’Est, valeur ajoutée du sport et mobilisation collective sont les ferments de la doctrine qui fonde le cross de « l’Humanité ». Véritable allégorie de l’unité prolétarienne dont le journal communiste se veut le représentant, ce cross en réunit toutes les composantes.

Le 22 février 1969, « l’Humanité » annonce la disparition de l’épreuve pour des raisons financières. De 1933 à 1968, le cross de « l’Humanité », inséré dans un vaste projet idéologique et politique, s’est inscrit à la fois dans une stratégie de mobilisation et dans le déploiement d’un modèle alternatif de pratique. Tout en reposant sur certains codes classiques (compétition, classement, excellence), il a constitué une innovation qui a contribué à imposer l’idée qu’un autre sport était possible, comme facteur de transformation sociale, et qui a permis aux catégories populaires d’investir, en le rendant accessible et attrayant, un domaine dont elles étaient encore éloignées.

Pour en savoir plus

  • Héritage social d’un événement sportif. Enjeux contemporains et analyses scientifiques, sous la direction de M. Attali, Presses universitaires de Rennes, 2021.
  • Le Sport dans la presse communiste, sous la direction de M. Attali et É. Combeau-Mari, Presses universitaires de Rennes, 2014.
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À Moscou, l’ordinaire à l’heure de la guerre

Reportage

Dans la capitale russe, un an après le déclenchement d’un conflit qui endeuille ses habitants, la normalité semble l’emporter malgré l’impact des sanctions occidentales. Reportage.

Vadim Kamenka

Moscou (Russie), envoyé spécial.

Sur les trottoirs de la capitale russe, le bal des livreurs est constant. Sur leur vélo électrique, on distingue à peine leur visage, emmitouflé. Malgré la neige, ils enchaînent les courses, profitant des passages souterrains pour se réchauffer un peu. « Ça fait du bien. Vu nos salaires, il faut faire un maximum de courses », note Sacha (1). 

Pour le site spécialisé dans l’évaluation des métiers et leur niveau de salaire par villes, Gorod Rabot, en 2023 la rémunération d’un coursier atteignait les 73 628 roubles (920 euros) par mois, à Moscou. Le salaire moyen dans la capitale était estimé autour de 90 000 roubles (1 120 euros). D’où le choix pour des vélos électriques qui, en plus d’échapper à toute réglementation, leur permet d’économiser de l’énergie, de livrer les commandes plus rapidement et en plus grande quantité. Selon l’agence de statistique Mosstat, le salaire peut ainsi varier de 60 000 à 100 000 roubles (de 750 à 1 250 euros).

Pendant Maslenitsa (ou semaine des crêpes), on revient à une normalité qui a été fortement ébranlée cette année. On se retrouve en famille ou entre amis  » Grigori, la trentaine.

Les magasins et restaurants moscovites célèbrent, en cette fin février, la Maslenitsa (ou semaine des crêpes). Cette fête païenne, qui marque le passage de l’hiver au printemps, est l’une des plus populaires de Russie. Cette tradition, qui s’achevait le 26 février, équivalent du mardi gras, se perpétue. « Cela permet de revenir à une normalité qui a été fortement ébranlée cette année. On se retrouve en famille ou entre amis autour de crêpes, notamment », raconte Grigori, la trentaine.

La capitale demeure relativement épargnée par les sanctions qui ont été décrétées depuis le 23 février 2022, deux jours après la reconnaissance par Moscou des républiques autoproclamées de Donetsk et de Lougansk, et durcies au fur et à mesure.

Guerre en Ukraine. Les six dates qui ont marqué 365 jours de conflit

Ce 24 février, les 27 ont imposé un 10e paquet de mesures imposant de nouvelles restrictions des exportations de l’Union européenne vers la Russie pour 11 milliards d’euros, et le gel des avoirs de trois banques russes et de nombreuses entités, dont des entreprises iraniennes.

La liste comprend 120 noms, qui seront rendus public par le Journal officiel de l’UE. « Sur le long terme, elles auront forcément un impact. Si elles touchent déjà plusieurs secteurs, dans l’immédiat l’économie russe ne s’en sort pas trop mal. La récession reste relativement modeste, 2,2 % en 2022 par rapport à 2021 », constate un diplomate français. Le Fonds monétaire international (FMI) mise sur une croissance nulle pour 2023 et une hausse de 2,3 % en 2024.

Les rayons restent pleins d’articles pourtant frappés d’embargo

Dans les supermarchés, les rayons sont bien fournis. « Vous voyez. On nous avait prédit que nos magasins seraient sans rien, que nous allions revenir à l’époque des années 1990 et des dures crises. Même au Tsoum, il y a encore des boutiques de luxe, avec des produits européens, qui fonctionnent », s’emporte Nadia, la cinquantaine, qui travaille dans le secteur culturel.

Le long du théâtre Bolchoï, entre les rues Neglinnaya et Petrovskaya, dans le grand magasin moscovite, les rayons restent pleins d’articles pourtant frappés d’embargo (Gucci, Dior, Chanel, Vuitton, Hugo Boss, Prada, etc.). Les enseignes ont le droit de les proposer si leur valeur n’excède pas 300 euros. Mais des ventes et importations parallèles d’articles de luxe existent avec des réseaux passant par la Turquie, l’Arménie, les pays du Golfe ou encore la Serbie.

Moscou renvoie une image de normalité. Dans son discours annuel devant l’Assemblée fédérale, le président russe, Vladimir Poutine, a clairement défendu cette idée.

Moscou renvoie une image de normalité. Dans son discours annuel devant l’Assemblée fédérale, le président russe, Vladimir Poutine, a clairement défendu cette idée. Les élections auront lieu aux périodes prévues. Les aides sociales, plus importantes en 2022 (hausse des pensions et des allocations), vont se poursuivre en 2023 avec la hausse du salaire minimum.

Le dirigeant a promis des travaux d’infrastructures, de logements, et de maintenir une agriculture forte. Cela tiendra-t-il sur la durée ? « Ces aides sociales ont un impact sur les couches moyennes, précaires. Même si on est loin du socialisme ou du communisme – on reste un état capitaliste –, les fermetures de plusieurs entreprises ont nécessité un plus grand effort social. L’inflation aussi pèse sur un certain nombre de Russes. La hausse du salaire minimum paraît aller dans ce sens », constate, pour sa part, un député russe.

Les Russes, entre fatalisme et soutien à Poutine

La durée de cette guerre et son issue pèseront de façon déterminante sur le degré d’adhésion des citoyens russes. Aujourd’hui, elle fait partie de leur quotidien, en toile de fond pour certains ou extrêmement proche pour les dizaines de milliers de familles endeuillées.

Pour l’instant, à Moscou, les élites politiques, économiques et universitaires ne semblent pas diverger du Kremlin et des autorités. Faute de possibilité de protester, les habitants s’habituent à un ordinaire trouble, où la paix s’éloigne.

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À Rostov-sur-le-Don, la guerre à quelques kilomètres

Reportage

Russie La ville de l’écrivain Soljenitsyne vit au rythme du conflit dans le Donbass depuis neuf ans. L’année écoulée l’a laissée sous le choc d’une guerre sans retour et à sa porte.

Vadim Kamenka

Rostov-sur-le-Don (Russie), envoyé spécial.

Sur les grandes artères de la ville, d’imposants camions et convois militaires circulent régulièrement. Comme depuis un an, les sigles « Z » ou « V » ornent ces véhicules qui rappellent la proximité du conflit à moins de 200 kilomètres. Véritable base arrière, Rostov-sur-le-Don s’affirme comme un centre militaire important pour le district fédéral du sud de la Russie, qui englobe plusieurs régions : Volgograd, Krasnodar, Astrakan, Sébastopol ou… la Crimée. Cette porte du Caucase apparaît en première ligne depuis 2014. Il y a neuf ans, elle avait accueilli les premiers réfugiés. « La guerre est une vieille voisine… Si on avait su, à l’époque, qu’une décennie plus tard le conflit aurait atteint de telles proportions, au risque de devenir mondial... ça m’attriste. En plus, personne ne sait quand il s’arrêtera. Si au moins l’année 2023 pouvait être meilleure que 2022 », soupire l’écrivain Sergueï Tioutiounnik.

des millions de réfugiés du donbass passent par rostov

Sur les berges du Don, les navires de croisière attendent la période estivale. Une fois restaurés et le dégel terminé, ils vont remonter vers Saint-Pétersbourg et Moscou. Dans la ville, les mêmes messages de soutien s’affichent, comme dans le reste de la Russie. « Nous n’avons rien de commun avec la capitale ou Saint-Pétersbourg. Depuis 2014, on a des amis, de la famille qui sont plongés dans l’horreur. Et le 24 février a été malgré tout un choc. Je n’ai pas bougé de chez moi durant trois jours. Je ne faisais que regarder les informations », explique le communiste Sergey Lakisov.

Dans les rues, des perce-neige sont apparus. Ces plantes apparaissent immédiatement après la fonte des neiges et annoncent le printemps. « C’est la deuxième fois que nous assistons à son arrivée. Je ne pensais pas devoir fuir aussi longtemps. Mais il nous est impossible de rentrer, vu les bombardements ukrainiens qui se poursuivent », explique Sveta, qui est arrivée quelques jours avant l’invasion russe. Depuis février 2022, des millions de réfugiés du Donbass sont passés par ici avant de partir vers d’autres régions. « Des dizaines de milliers sont restés dans la région, estime Sergey Lakisov. Une partie de ma famille est ukrainienne et les mêmes liens existent chez la plupart des habitants ici. On n’a jamais fait de différence entre les deux nationalités. Il s’agit d’une véritable guerre civile et le pouvoir russe est responsable de cette situation. Nous, on fait au mieux, on apporte de l’aide aux camarades de Lougansk : vêtements, matériels, protections, médicaments… »

Ce soutien au Donbass se traduit aussi par une autre forme de solidarité. Plus de 2 500 sauveteurs de la région et 500 unités d’équipement sont prêts à venir en aide aux citoyens de Donetsk à tout moment, affirme la direction principale du ministère des Situations d’urgence de la région de Rostov. « Ils travaillent en état d’alerte maximale », assurent les autorités. Face à l’ampleur de cette guerre et au survol des drones ukrainiens, une liste des abris municipaux pouvant être utilisés en cas d’urgence est apparue sur le site Internet de l’administration de la ville. Deux types ont été recensés : les sous-sols des maisons et les passages souterrains. Au total, la municipalité promet 1,8 million de caves dénombrées qui pourraient cacher 2,76 millions d’habitants.

Aux abords de la cathédrale de la Nativité, l’imposant marché central à l’architecture typiquement soviétique apparaît bien rempli. « On profite du beau temps et des nouveaux arrivages de légumes et de poisson. C’est moins cher que dans les supermarchés », sourit Igor. Rostov-sur-le-Don reste l’un des ports les plus importants en Russie car il permet de relier le Don à la mer d’Azov, ainsi qu’à la mer Noire, avec un système de canaux. Pour le pacifiste Oleg Bodrov, membre du conseil du Bureau international de la paix, le constat est sans détour : « Malheureusement, la militarisation est la principale tendance de la société russe contemporaine. Cela signifie que la guerre s’est installée pour longtemps ! Et cela ne dépend pas de la durée de la guerre en Ukraine. » Alors que Bakhmout pourrait tomber aux mains de la Russie, au prix de milliers de morts, la diplomatie doit reprendre. 

RussieGuerre en UkraineRostov sur le Don
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1953, l’affaire des blouses blanches. Faux complot mais vraie purge

Il était une fois

Le 13 janvier 1953, la «Pravda» annonce l’arrestation d’un groupe de «médecins terroristes», juifs pour la plupart, accusés de conspirer afin d’abréger la vie de dignitaires du régime. L’affaire du «complot des blouses blanches» éclate en pleine guerre froide, sur fond de luttes intestines et de campagne antisémite pour traquer «l’ennemi intérieur» à la solde des États-Unis. L’annonce probable d’une nouvelle grande purge au sommet.

Bernard Frederick

Le 5 mars 1946, l’ex-premier ministre britannique Winston Churchill, à Fulton (Missouri, États-Unis), lance une phrase qui va rester célèbre : «De Stettin sur la Baltique à Trieste sur l’Adriatique, un rideau de fer s’est abattu à travers le continent !» En fait de rideau, c’est sur un théâtre sanglant qu’il se lève. Celui de la «guerre froide». Et on peut constater, aujourd’hui, que ce rideau-là n’est jamais retombé.

L’affrontement entre l’Occident, cornaqué par les États-Unis, et le «bloc de l’Est», sous tutelle soviétique, conduit à l’émergence d’une maladie, l’espionnite, qui va faire des ravages à l’Est comme à l’Ouest. Elle a la particularité de servir à la fois les intérêts géopolitiques des uns et des autres, et leur politique intérieure.

Le maccarthysme, aux États-Unis, se voit renforcé par le procès d’Ethel et Julius Rosenberg, en mars-avril 1951, accusés d’espionnage au profit de l’Union soviétique. Ils seront exécutés le 19 juin 1953. À la même époque, en URSS, s’ouvre une «affaire» retentissante, celle de médecins renommés, juifs pour la plupart, accusés de connivence avec les Américains, les Britanniques et Israël.

Un groupe terroriste de médecins

L’«affaire des médecins», comme on l’appelle en URSS, ou le «complot des blouses blanches», métaphore employée en France, s’échafaude depuis assez longtemps quand elle éclate au grand jour, le 13 janvier 1953, à travers une longue dépêche de l’agence d’information soviétique Tass, reprise par toute la presse soviétique, notamment la «Pravda». «Il y a quelque temps, y lit-on, les organes de la sécurité de l’État ont découvert un groupe terroriste de médecins dont le but était d’abréger la vie des travailleurs actifs en Union soviétique au moyen de traitements de sabotage. Parmi les membres de ce groupe terroriste figuraient le professeur Vovsi M.S., médecin généraliste ; professeur Vinogradov V. N., médecin généraliste ; le professeur Kogan M. B., médecin généraliste ; le professeur Kogan B. B., médecin généraliste ; le professeur Egorov P. I., médecin généraliste ; le professeur Feldman A. I., otho-rhino-laryngologiste ; le professeur Etinger Ya. G., médecin généraliste ; le professeur Grinshtein A. M., neuropathologiste ; Maiorov G. I., médecin généraliste.

Les malfaiteurs ont avoué qu’ils ont mal diagnostiqué la maladie de A. Jdanov (membre du Politburo du Parti communiste), cachant son infarctus du myocarde (…), et ainsi tué le camarade. L’enquête a établi que les criminels avaient également abrégé la vie du camarade A. S. Chtcherbakov. Des médecins criminels ont essayé (…) de neutraliser le maréchal Vasilevskiy A. M., le maréchal Govorov L. A., le maréchal Konev I. S., le général Chtemenko S. M., l’amiral Levchenko G. I. et d’autres, mais l’arrestation a déjoué leurs plans crapuleux (…). La plupart des membres du groupe terroriste (Vovsi M. S., Kogan B. B., Feldman A. I., Grinshtein A. M., Etinger Ya. G. et autres) étaient associés à l’organisation nationaliste bourgeoise juive internationale Joint, créée par les services de renseignements américains. D’autres membres du groupe terroriste (V. N. Vinogradov, M. B. Kogan, P. I. Egorov) se sont révélés des agents du renseignement britannique de longue date. L’enquête sera bientôt terminée.»

Un diagnostic erroné

L’insistance à mettre en avant des patronymes juifs rappelle que, depuis 1948, une campagne lancée par Staline contre les «cosmopolites sans racines» avait déjà conduit à l’assassinat, maquillé en accident de la route, le 13 janvier 1948, de Salomon Mikhoëls, principal acteur et directeur du Théâtre juif d’État de Moscou (Gosset), président du comité antifasciste juif fondé en 1942, avec le soutien de Staline lui-même ; à la dissolution de ce même comité en juillet 1948 ; à l’arrestation d’à peu près tous ses membres et à leur exécution en août 1952…

Mais l’«affaire des médecins» a son propre contexte. Le 29 août 1948, le chef de la direction principale de la sécurité du ministère de la Sécurité d’État (MGB), le lieutenant-général N. S. Vlasik, reçoit une lettre d’une employée de la salle d’électrocardiographie de l’hôpital du Kremlin, Lydia Timachouk. Celle-ci raconte que, le 28 août, elle a fait passer un électrocardiogramme à Andreï Jdanov. Selon les données de l’examen, elle a diagnostiqué un infarctus du myocarde, dont elle a immédiatement informé le professeur Egorov et le médecin traitant, le docteur Mayorov. Ceux-ci, d’après Timachouk, ont déclaré qu’il s’agissait d’un diagnostic erroné et que Jdanov n’avait qu’un «trouble fonctionnel». Le 30 août, la lettre de Timachouk se retrouve quand même sur le bureau du ministre de la Sécurité d’État, Viktor Abakoumov, et le même jour chez Staline, qui inscrit en marge : «Aux archives». Le 31 août 1948, Jdanov meurt.

Lutte interne au sein de la direction du PCUS

Depuis la fin des années 1940, une lutte au sein de la direction du parti oppose deux groupes. L’un est dirigé par Malenkov et Beria, l’autre par Jdanov et ses collègues de Leningrad, dont il a été le «patron». La mort de Jdanov est pleinement exploitée par ses adversaires, qui lancent alors ce qu’on appellera l’«affaire de Leningrad». Du 30 septembre 1950 à août 1952, cette série de procès coûte la vie à des dizaines de cadres du PC, dont Alexeï Kouznetsov, premier secrétaire du comité central du Parti communiste soviétique, et Nikolaï Voznessenski, économiste réputé, président du Gosplan.

Revenons aux dénonciations de médecins. Grand poète yiddish, Itzik Fefer, qui avait remplacé Mikhoëls à la tête du comité antifasciste juif et devait être exécuté avec ses camarades à l’été 1952, était aussi un collaborateur de la police secrète. Interrogé en 1950, il dénonce un médecin, le docteur Yakov Etinger, qui aurait provoqué la mort de Chtcherbakov, ancien directeur du bureau d’information soviétique (Sovinformburo), créé en juillet 1941 et à la tête du directoire politique principal de l’Armée rouge. Etinger est interrogé par Mikhaïl Rioumine, aux méthodes expéditives. Son supérieur, Abakoumov, estime en décembre 1950 qu’il n’y a rien dans le dossier et, en janvier 1951, il ordonne «d’arrêter de travailler avec Etinger». Ce dernier, épuisé, meurt le 2 mars 1951.

Rioumine, furieux, envoie une lettre à Staline le 2 juillet 1951 : «En novembre 1950, écrit-il, j’ai été chargé de mener une enquête sur le cas du docteur en sciences médicales arrêté, le professeur Y. Etinger. Au cours des interrogatoires, Etinger a admis qu’il était un nationaliste juif convaincu, à la suite de quoi il nourrissait de la haine pour le PCUS (b) et le gouvernement soviétique (et que), profitant du fait qu’en 1945 il avait été chargé de traiter le camarade Chtcherbakov, il a tout fait pour raccourcir la vie de ce dernier. Pendant “l’interrogatoire” (du) camarade Etinger, Abakoumov lui a laissé entendre à plusieurs reprises qu’il devrait retirer son témoignage sur le meurtre crapuleux du camarade Chtcherbakov. Puis (…) le camarade Abakoumov m’a interdit d’interroger Etinger dans le but de révéler ses activités pratiques et ses projets de terreur, arguant qu’il – Etinger – nous perdra dans la nature.»

« Sans moi, le pays périra »

Début juillet 1951, Abakoumov est exclu du parti et suspendu de ses fonctions ; le 12 juillet, il se retrouve en prison. Le 19 octobre 1951, Rioumine est nommé vice-ministre de la Sécurité d’État. Presque tous les juifs qui travaillaient dans l’appareil du MGB sont radiés, certains arrêtés. Parmi eux, un certain Schwartzman, colonel en chef adjoint de l’unité d’enquête du MGB. En septembre 1952, après des passages à tabac, il fait un témoignage «important» contre les dirigeants du parti, Kaganovitch, Khrouchtchev, Merkulov, Koboulov (proche collaborateur de Beria), Mamoulov (sous-ministre du l’Intérieur) et d’autres personnalités dont Abakoumov.

L’affaire des médecins s’en trouve relancée. La lettre de Lydia Timachouk, qu’on avait oubliée, refait opportunément surface et celle-ci est décorée pour avoir dénoncé des «terroristes». Sauf que pas un seul des médecins qu’elle met en cause n’est juif.

En fait, plusieurs des dirigeants au plus haut niveau l’ont bien senti, l’«affaire des médecins» pourrait cacher autre chose : une nouvelle grande purge à l’instar de celle de 1937-1938. Qu’ils appartiennent à un clan ou à un autre, tous se sentent menacés, Beria et Malenkov les premiers. Tous l’ont compris quand, le 1er décembre 1952, lors d’une réunion du Présidium, Staline tance ses compagnons d’armes, qui dorment, le complot sous leur nez : «Vous êtes aveugles, chatons, que se passera-t-il sans moi, le pays périra, car vous ne pouvez pas reconnaître les ennemis !»

«À la différence de l’affaire du comité antifasciste juif ou de celle de Leningrad, qui se déroulèrent dans le plus grand secret, note l’historien Laurent Rucker, celle des blouses blanches fit l’objet d’une campagne de mobilisation des “masses”, par voie de presse et sur les lieux de travail, qui rappelle par bien des aspects les campagnes des années 1936-1938, au moment des procès de Moscou. Cette campagne à l’intérieur de l’URSS fut doublée d’une seconde, orchestrée par les partis communistes à travers le monde. Ce qui laisse à penser qu’un grand procès – sur le modèle de ceux des années 1930 en URSS ou de ceux des démocraties populaires dans l’après-guerre – était en préparation.» (1)

Comme au temps des tsars, on accusait les juifs de tuer des enfants chrétiens

Dans l’immédiat, les conséquences de l’affaire sont désastreuses. Tous les médecins sont suspects aux yeux de la population qui déserte les polycliniques comme les pharmacies. Le vieil antisémitisme refait surface comme en témoigne la traductrice Lila Lounguin a : «En lisant cela (l’article de la “Pravda” du 13 janvier), je me dis : cette fois-ci, on va tous y passer (…) Nous étions rejetés de la vie qui avait été jusqu’ici la nôtre. Les voisins ne nous parlaient plus, les malades refusaient de se faire soigner dans les polycliniques par les quelques médecins juifs qui n’avaient pas encore été licenciés. De nouveau, comme au temps des tsars, on accusait les juifs de tuer des enfants chrétiens pour confectionner avec leur sang le pain azyme. À Moscou et à Leningrad couraient (le bruit que) des pogromes se préparaient, tous les juifs allaient être envoyés en Sibérie, pour les sauver – aurait dit Staline – du courroux légitime du peuple russe (…).» (2)

Le 5 mars 1953, Staline meurt. L’affaire s’effondre. Lavrenti Beria avait eu dès le début une attitude négative envers cette aventure, l’«affaire des médecins» était d’ailleurs dirigée contre lui. Le 4 avril 1953, un message du ministère de l’Intérieur est publié dans les journaux, tous les médecins sont blanchis et le communiqué dénonce «l’ancien ministère de la Sécurité d’État de l’URSS» et déclare que les aveux ont été obtenus par «des méthodes illégales». Les malheureux médecins sont libérés. Rioumine est exécuté le 22 juillet 1954, Abakounov fusillé le 18 décembre 1954, Beria avait été éliminé en décembre 1953.

URSS
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Arthur Ashe. Champion, et pionnier de l’histoire presque malgré lui

Il était une fois

Premier joueur noir titré en Grand Chelem, en 1968, le tennisman mort le 6 février 1993 est devenu l’icône de nombre de sportifs. Pourtant le gamin du Sud ségrégationniste a longtemps entretenu une distance avec le mouvement des droits civiques, avant de monter au filet des inégalités raciales.Par Patrick Clastres, historien du sport, professeur à l’université de Lausanne

Né le 10 juillet 1943 à Richmond (Virginie) et décédé à New York le 6 février 1993, Arthur Ashe est le premier joueur de tennis afro-américain à avoir été sélectionné dans l’équipe américaine de Coupe Davis et le premier Noir à avoir remporté un tournoi du Grand Chelem, en 1968. Depuis, il n’y a eu que Yannick Noah à Roland-Garros en 1983.

Coincé entre la vieille garde australienne des Laver, Rosewall et Newcombe et la génération montante des Connors, Vilas et Borg, il occupe le 3e rang mondial en 1968, 1970 et 1972. Connu pour son jeu plat et coupé, son élégance, son calme et son fair-play, Ashe remporte 27 titres chez les amateurs entre 1959 et 1968, puis 47 titres chez les professionnels, dont trois tournois du Grand Chelem (Forest-Hills 1968, Sydney 1970 et Wimbledon, 1975). Sa célébrité est telle que, à son décès, la ville de Richmond lui offre une statue, l’US Postal imprime un timbre à son effigie, Flushing Meadows donne son nom au court central, et Bill Clinton lui décerne la médaille présidentielle de la Liberté.

Trop fluet pour le football américain

Arthur Ashe est né dans une des rares familles noires de la classe moyenne de Richmond, capitale de la Virginie, dans un Sud encore ségrégationniste. Ayant perdu sa mère à l’âge de 6 ans, il est éduqué par son père dans l’idée d’être exemplaire et de s’élever au sein de la société. Officier de la police municipale, Arthur Ashe Senior est en charge de la surveillance et de l’animation des 21 aires de jeux et de sport réservées aux Afro-Américains. Jugé trop fluet pour pratiquer le football américain, Arthur est initié au tennis en 1950, à l’âge de 7 ans, sur les courts du parc Brookfield.

Trois ans plus tard, il est recommandé au médecin Robert W. Johnson, connu pour avoir entraîné la fameuse championne de tennis Althea Gibson, première femme noire à avoir remporté un titre du Grand Chelem en 1956, à Roland-Garros. Figure influente de l’American Tennis Association, la fédération noire de tennis, le Dr Johnson finance un camp d’entraînement dans le but de démontrer que les enfants et adolescents afro-américains peuvent adopter des manières civiles et courtoises sur les courts comme dans la vie. Dans les tournois scolaires interraciaux où les juniors s’arbitrent eux-mêmes, il conseille d’ailleurs à ses protégés de jouer même les balles qui sortent de 5 cm au cas où les juges de ligne blancs seraient tentés de tricher par racisme.

Arthur finit par quitter Richmond en 1960 pour Saint-Louis (Missouri), où la ségrégation scolaire entre adolescents noirs et blancs vient de prendre fin. Mesurant ses progrès physiques, son nouveau coach Richard Hudlin l’encourage alors à changer de style de jeu et à pratiquer plus systématiquement le service-volée. Il devient champion scolaire des États-Unis en 1961 et franchit trois années de suite le premier tour des Internationaux des États-Unis.

Fort de ses premiers succès chez les juniors, il obtient, en 1963, une bourse de tennis de l’université de Californie (Ucla). Pour couvrir l’intégralité de ses frais de scolarité, il intègre le corps des officiers de réserve, ce qui l’obligera, en août 1966, à s’engager dans l’armée comme lieutenant pour une durée de trente mois. Cet engagement lui impose certaines contraintes comme, par exemple, de ne pas faire de déclarations publiques.

Son arrivée à Los Angeles lui permet une ascension fulgurante car il peut régulièrement s’entraîner avec son idole Pancho Gonzales, le meilleur joueur professionnel des années 1950 et du début des années 1960. Il devient, en 1963, le premier joueur noir à être sélectionné dans l’équipe américaine de Coupe Davis, et, en 1965, le 3e joueur amateur du pays. En 1966 et 1967, il perd à deux reprises en finale du championnat d’Australie contre Roy Emerson.

A l'université de Californie, Arthur Ashe passe pour un « oncle Tom »

Sur le campus de l’Ucla, ils sont nombreux ceux qui lui reprochent de ne pas utiliser sa récente notoriété pour défendre la jeunesse noire. Il passe alors pour un « oncle Tom », c’est-à-dire un traître soumis à l’ordre blanc, en ne voulant pas mélanger sport et militantisme.

Par exemple, lors du tournoi de Wimbledon en 1964, il dénonce le refus du Soviétique Metreveli et du Hongrois Gulyás de rencontrer des joueurs sud-africains en déclarant que c’était là « une stratégie de la part des Russes » et que « des revendications politiques n’ont pas à être introduites dans le sport ».

Le fait que le mouvement pour les droits civiques soit à son apogée dans les universités, dans le sport, et dans les médias américains a joué pour beaucoup dans la conversion militante d’Arthur Ashe qui reste toutefois ambivalente. Lors du prêche qu’il donne en mars 1968 à l’église du Rédempteur à Washington, il promet certes de contribuer à la lutte pour les droits civiques, mais il reprend aussi le discours des racistes blancs sur la responsabilité des Noirs quant à leur situation misérable : « Il y a tant de choses que nous pourrions faire, déclare-t-il, et que nous ne faisons pas à cause de notre paresse. » En avril, il soutient tout de même le boycott des jeux Olympiques de Mexico lancé par les athlètes africains mécontents de la décision du CIO de ne pas exclure l’Afrique du Sud.

Martin Luther King lui écrit personnellement

Le révérend Luther King lui écrit alors personnellement : « Votre éminence dans le monde des sports vous donne une autorité et une responsabilité toutes particulières. Il est réconfortant de voir que vous en faites profiter notre mouvement. » Il en prend de la graine au mois de juillet suivant à Wimbledon comme le prouve cette déclaration aux médias : « Ce sont mes grands succès sportifs qui me permettront d’obtenir une plus grande audience dans le combat pour l’amélioration du sort de mes frères de couleur. »

Juste après sa victoire à l’US Open, le 9 septembre 1968, la première pour un athlète noir, il déclare à la presse n’être « ni un conservateur ni un modéré pour tout ce qui concerne les problèmes raciaux ». Et s’il réprouve la violence, il la juge bien utile « pour aider les gens à se réveiller ». Autre première pour un athlète noir, il est l’invité spécial de l’émission politique de CBS, « Face the Nation » : il s’y montre plus modéré et retrouve sa démonstration habituelle sur le devoir d’assimilation.

La révolte des « Black Athletes » Tommie Smith et John Carlos sur le podium des Jeux de Mexico, en octobre 1968 (1), puis le refus des tennismen des pays de l’Est, au printemps 1969, de rencontrer en Coupe Davis leurs adversaires sud-africains ont eu un effet libérateur sur Ashe. Il va dès lors se lancer dans une croisade personnelle contre l’apartheid en se donnant pour objectif de remporter l’Open d’Afrique du Sud.

Il va multiplier les actions et coups d’éclat contre l'apartheid

Comme le gouvernement sud-africain lui a interdit d’entrer sur son territoire pour participer au tournoi de Johannesburg, à la fin de l’année 1969, il va multiplier les actions et coups d’éclat médiatiques. Il obtient de la Fédération internationale de tennis qu’elle exclut, en 1970, l’Afrique du Sud de la Coupe Davis. Cette même année, il est entendu par la sous-commission des Affaires étrangères de la Chambre des représentants des États-Unis en charge de la question de l’apartheid. En 1971, il réalise une tournée de propagande pour le tennis en Afrique subsaharienne au cours de laquelle, d’ailleurs, il découvre un jeune talent dénommé Yannick Noah.

Pretoria finit par céder et il obtient son visa pour l’Afrique du Sud en janvier 1973. Symboliquement, il choisit de commencer sa visite par le ghetto de Soweto, là même où la police massacrera des collégiens révoltés le 16 juin 1976. Puis, il se rend à l’université de Stellenbosch d’où il sort vainqueur d’une joute rhétorique avec le professeur d’anthropologie Christopf Hanekom, un redoutable défenseur du suprémacisme blanc. Mais sa défaite en finale contre Jimmy Connors lui laisse un goût amer, d’autant plus que certains militants locaux du Black Power l’ont accusé de jouer le jeu du gouvernement blanc en acceptant que les spectateurs soient séparés dans les tribunes selon des critères raciaux.

Un dernier défi : remporter Wimbledon

En 1975, alors qu’il est sur le déclin, il se lance un dernier défi : remporter Wimbledon. Cette année-là, il remporte le circuit professionnel World Championship Tennis (WCT) et dispute 14 finales, dont neuf victorieuses, pour 29 tournois joués. Sa finale victorieuse contre Jimmy Connors en quatre sets (6-1, 6-1, 5-7, 6-4) est restée dans les annales. Sa stratégie du nœud coulant, faite de précision et de lenteur, anesthésie la fougue de son adversaire qu’il avait traité auparavant de « mauvais patriote ». Alors que « Jimbo » a préféré toucher des primes en tournois plutôt que représenter son pays en Coupe Davis, Ashe prend un malin plaisir à revêtir un survêtement siglé USA.

Surtout, après la balle de match, il brandit son poing haut dans le ciel tout en baissant la tête. Pour les militants du Black Power, il ne fait guère de doute qu’il renouvelle, sept ans plus tard, le geste de Tommie Smith et John Carlos, à Mexico. Devant la presse, Arthur Ashe explique qu’il voulait plutôt rendre hommage à son entourage. C’était aussi un geste en direction de Connors qui l’accablait d’injures racistes à chaque changement de côté.

Ses deux opérations du cœur l’obligent, en 1980, à quitter les courts et il devient le porte-parole de l’Association américaine du cœur. Dix ans plus tard, il lance sa fondation contre le sida après avoir révélé qu’il était devenu séropositif lors d’une transfusion sanguine.

« Je suis un Noir, mais je suis par essence un capitaliste. Un étrange mélange. »

Jusqu’à la fin de sa vie, Arthur Ashe reste persuadé de la capacité de la démocratie et du capitalisme américains à résoudre les discriminations raciales. Dans son autobiographie « Portrait in Motion » (1975), il déclare : « Je suis un Noir, un Américain noir, mais je suis par essence un capitaliste. C’est assurément un étrange mélange. » Et dans son ultime autobiographie, « Days of Grace » (1994 ; voir « En savoir plus ») : « La plupart des problèmes auxquels ont à faire face les Afro-Américains pourraient être résolus s’ils travaillaient davantage plutôt qu’à dénoncer le racisme du passé et du temps présent. »

S’il ne nie pas la part de l’esclavage et du racisme dans la sujétion des Afro-Américains au sein de la société américaine – contrairement aux actuels néoconservateurs noirs –, il considère comme son premier devoir de réussir par lui-même et de se donner en modèle. Inversement, tout en croyant à l’assimilation par la réussite sportive, il encourage les parents noirs à inscrire leurs enfants dans les bibliothèques.

Pour comprendre ses hésitations et ses ambivalences, il faut replacer le militantisme d’Arthur Ashe dans la longue histoire du conservatisme noir et de l’exceptionnalisme américain. Forgée par les Blancs bien avant la guerre civile, adoptée par certains affranchis noirs dans le nord du pays, et diffusée vers le Sud après 1865, cette croyance postule que les individus, et non la société, sont responsables de leur bonheur ou de leur malheur. Elle repose sur des idéaux libéraux et religieux : liberté, égalité des chances, confiance en soi, rationalité du marché, piété, respectabilité, humilité. Il aura fallu le contexte militant des années 1960 pour transformer le conservateur noir Arthur Ashe en militant des droits civiques et anti-apartheid.

EN SAVOIR PLUS

« Days of Grace. A Memoir », d’Arthur Ashe et Arnold Rampersad, Ballatine Books, 1994.

« Arthur Ashe : Tennis and Justice in the Civil Rights Era », d’Eric Allen Hall, Johns Hopkins University Press, 2014.

TennisségrégationnismeÉtats-Unis
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Février 1973. Retour à Wounded Knee, une révolution indienne

Il était une fois

Le 27 février 1973, des militants de l’American Indian Movement (AIM) armés investissent le hameau de Wounded Knee, dans le Dakota du Sud. S’ensuit une confrontation de soixante-dix jours avec le gouvernement qui remet sur le devant de la scène la cause des peuples natifs d’Amérique. Comme un écho à l’histoire sanglante des États-Unis.Par Thomas Grillot, chargé de recherche au CNRS, spécialiste de l’histoire contemporaine des Amérindiens

Thomas Grillot

C’est une révolte indienne ? On ne le sait pas. Que veulent-ils ? On ne le sait pas non plus. Le savent-ils eux-mêmes ? Le 27 février 1973, un groupe de militants de l’American Indian Movement (AIM) et des habitants de la réserve de Pine Ridge, dans le Dakota du Sud, décident d’investir militairement l’endroit où ils viennent de tenir une réunion publique.

Des habitants sont retenus – on parle d’otages –, une église est occupée et mise à sac et, avec elle, le musée indien local. L’occupation fait les gros titres dans tous les États-Unis : « Des Indiens armés se sont emparés de Wounded Knee ». Nixon, sur qui plane depuis juin 1972 le spectre du Watergate, n’avait pas besoin de ça.

Les inspirateurs principaux de l’AIM sont les Black Panthers

Les militants qui prennent la direction des opérations, membres de l’AIM, viennent des villes. Les membres de ce groupe fondé à Minneapolis en 1968 par des Ojibwés sont des habitués des coups d’éclat.

L’année précédente, derrière leurs leaders Clyde Bellecourt, Dennis Banks et Russell Means, un Lakota oglala de Pine Ridge, ils ont organisé une marche sur Washington pour protester contre le non-respect des traités que les nations indiennes ont signés avec l’État américain depuis la naissance de ce dernier. Ils ont occupé un bateau, une montagne, un tribunal, un poste de garde-côte, et même l’immeuble du Bureau des affaires indiennes (BIA), l’administration qui gère les réserves et qui tarde à se défaire de sa mentalité coloniale.

Les militants de l’AIM ont des inspirations multiples. En 1969, une coalition de groupes amérindiens avait, la première, occupé l’îlot d’Alcatraz, célèbre prison d’Al Capone, et l’avait revendiqué, non sans humour, comme terre indienne non cédée. Mais les inspirateurs principaux de l’AIM sont les Black Panthers. Le mouvement doit au groupe afro-américain ses principes et ses méthodes, et jusqu’au poing fermé qui emblasonne son drapeau.

Tandis que le FBI cerne la zone avec des véhicules blindés, la bataille médiatique s’engage.© Mike Zerby/Minneapolis Star Tribune/TNS/Alamy 

Comme leurs frères en radicalisme, les « AIM » patrouillent dans les villes pour surveiller la police et empêcher les arrestations abusives et les passages à tabac des Amérindiens qui y habitent, souvent dans des quartiers ghettos.

Comme les Panthers, ils utilisent les médias pour produire des images iconiques attestant de la naissance d’une nouvelle génération radicale dans un paysage d’organisations panindiennes habituées à la négociation et au compromis.

Avec l’ambition de faire naître une nouvelle société indienne, ils s’organisent pour éduquer les nouvelles générations en fondant des écoles qui les protégeront du racisme blanc et où sera enseignée la véritable histoire des autochtones du continent.

Wounded Knee, un symbole qui rappelle le massacre des Lakotas en 1890

Pourquoi les dirigeants de l’AIM ont-ils décidé d’occuper Wounded Knee, ce hameau perdu dans une réserve perdue ? À l’origine, il s’agissait seulement de se mettre hors de portée des autorités. Mais le lieu est aussi un symbole puissant, célèbre dans toute l’Amérique.

C’est là qu’a été perpétré le massacre de plusieurs centaines de Lakotas le 29 décembre 1890. Depuis des décennies, les survivants et leurs descendants s’efforcent d’obtenir reconnaissance et réparation. C’est là, disent les manuels scolaires, qu’ont fini du même coup la liberté indienne et la conquête de l’Ouest.

Il était une fois Chaque semaine, une autre histoire...

C’est aussi un lieu de honte nationale – le symbole du péché originel que constitue, pour beaucoup d’Américains, la création d’une nation au prix de l’écrasement de beaucoup d’autres. Sous la plume du poète John Neihardt, parlant au nom de l’homme-médecine Black Elk, à Wounded Knee est mort « le rêve d’une nation », celle des Lakotas, aussi connus sous le nom de Sioux.

Le potentiel médiatique de l’endroit est donc immense, et, d’emblée, journaux, radios, télévisions sont des participants essentiels de l’occupation. Tous attendent de voir « comment ça va tourner ». Très vite, les reporters font part publiquement de leurs doutes : ne sont-ils pas manipulés, ne créent-ils pas eux-mêmes, à coups de photos spectaculaires et de gros titres, l’illusion de l’événement ? Tout cela n’est-il pas au fond qu’une sordide lutte de pouvoir, d’intérêt local, entre un élu et celui qui convoite sa place ?

Car c’est bien là l’objectif de la réunion par laquelle tout commence : discuter des moyens de déboulonner le président de la réserve de Pine Ridge et le remplacer par un dirigeant issu de l’AIM. Depuis que les habitants des réserves se sont vu accorder le droit d’élire leurs dirigeants en 1934, les élections sont souvent des moments de polarisation intense, souvent racialisée, où sont censés s’opposer « sang-pur » proches de la « tradition » et « sang-mêlé » acculturés.

Une offensive contre Dick Wilson, président de la réserve de Pine Ridge

C’est particulièrement vrai à Pine Ridge, où la personnalité du président élu en 1972 n’arrange rien. « Dick » Wilson est un homme autoritaire et disposé à la violence avec sa milice, les Gardiens de la nation oglala (Goons). Et il se montre passif face à la violence bien réelle que subissent les habitants de la réserve dès qu’ils en sortent. Raymond Yellow Thunder est tué en février 1972, puis Wesley Bad Heart Bull le 27 janvier 1973. L’AIM se mobilise et manifeste devant le tribunal où est jugé l’assassin blanc de ce dernier.

Dans le même mouvement, les militants offrent leur soutien à un petit groupe d’élus locaux qui lance contre Wilson une procédure de destitution. Celle-ci échoue quatre jours avant la fameuse réunion de Wounded Knee, organisée pour lancer une nouvelle offensive contre le président élu.

1971. Scandale du Cointelpro : la face noire du FBI au grand jour

Dans cette montée aux extrêmes, la police locale et l’État fédéral jouent un rôle essentiel. Le soir même de l’annonce de l’occupation, les agents du BIA installent des barrages routiers. Le FBI, qui surveille l’AIM depuis 1968 dans le cadre de son programme secret Cointelpro, contrôle toutes les allées et venues autour du village. Dès le 28 février, fusils d’assaut M16 et véhicules de transport blindés font leur apparition.

Bientôt, avions et hélicoptères sont de la partie. Du côté des « Indiens », on creuse des tranchées, on fait des patrouilles, on se terre dans des bunkers, on tire des coups de semonce. Des deux côtés d’un no man’s land, on tente de s’évaluer mutuellement. L’occupation se transforme en siège, la manifestation en bataille. Les États-Unis sont toujours au Vietnam. L’AK-47 visible dans bien des clichés de l’occupation en a été ramené par un ancien combattant. Le Vietnam, disent les assiégés, s’est déplacé dans le Dakota du Sud.

Des militants amérindiens accourent de tous les États-Unis

Rien n’a été planifié, tout est improvisé. Les tentatives de négociation échouent les unes après les autres. Dans leur camp retranché, les « Indiens » mettent en place un rationnement et des expéditions nocturnes d’approvisionnement en nourriture et en munitions.

Des tipis sont dressés. Les hommes deviennent des « guerriers », se peignent le visage comme pour aller au combat, vont se purifier dans des loges à sudation. Ils sont photographiés à cheval, le fusil à la main, ornés de plumes si possible. Ils assurent être prêts à mourir. Si « le gouvernement » attaque, ils résisteront et il y aura un deuxième massacre à Wounded Knee.

Le 5 avril, Kent Frizzell, envoyé de l'État sur place, fume le calumet de la paix avec les membres de l’AIM. Pourtant, les tensions persistent et deux morts suivront. © Sipa

Lorsque le 10 mars, les barrages sont levés, certains quittent le village assiégé – mais bien plus y entrent. Des dizaines de militants amérindiens accourent de tous les États-Unis. Ils viennent prendre part à la lutte et se former en préparation d’autres combats, dans d’autres réserves.

Les assiégés envisagent alors d’envoyer une délégation à Washington afin de modifier la constitution du gouvernement tribal de Pine Ridge et de réaffirmer la validité des traités signés par les Lakotas. À l’appui de la souveraineté de la nation oglala, ils mettent en avant la sacralité de leur lutte et poussent sur le devant de la scène des hommes-médecines respectés comme Frank Fools Crow, Pete Catches, Leonard Crow Dog et Wallace Black Elk. Il s’agit, disent-ils, d’accomplir une révolution qui serait aussi un retour à la tradition.

Une autre bataille se prépare déjà : celle des tribunaux

Celui qui, plus que les autres, bénéficie de la couverture médiatique croissante est Russell Means. Cet Oglala dira plus tard qu’il a choisi, en rejoignant l’AIM, de devenir « un Indien à plein temps ». Avec ses cheveux longs tressés, ses jeans de cow-boy et son sens du « show », il est le client parfait des reporters, leur indique le meilleur spot pour une bonne photo, fait rejouer une scène qui leur a échappé.

Par l’image et les déclarations à la presse, une autre bataille se prépare déjà : celle des tribunaux. Pour contrer les accusations de cambriolage, vol, attaque contre des forces de police, sédition, les assiégés montent une équipe d’avocats, le Wounded Knee Legal Defense/Offense Committee.

Fin mars, les barrages sont de retour. Les échanges quotidiens de coups de feu finissent par faire des victimes : le 17 avril, Frank Clearwater est atteint d’une balle et meurt le 25. Le 27, c’est le tour de « Buddy » Lamont, un ancien combattant du Vietnam. Le lendemain, les négociations reprennent en présence de représentants de la Maison-Blanche.

Le 8 mai, le « New York Times » déclare la fin de la « seconde bataille de Wounded Knee » et dresse un premier bilan : « soixante-dix jours, deux morts, beaucoup de blessures, d’innombrables réunions, des chicanes bureaucratiques, à la dernière minute une bataille » et « plus de cent militants qui déposent les armes ».

Ce qu’on va bientôt appeler « Wounded Knee II » n’a-t-il été qu’une mascarade ? Le spectacle indien qui se clôt alors a été d’une puissance indéniable. Il a concrétisé un thème auquel bien des commentateurs ne reconnaissaient jusqu’alors qu’une valeur métaphorique : le retour du guerrier indien.

La bataille opposant État fédéral et groupes amérindiens se jouait jusqu’alors exclusivement dans les tribunaux – et elle y retournera bientôt, quand il s’agira de juger Means, Banks et les autres militants incriminés pour leur participation. Mais pendant quelques semaines, en cette année 1973 où se prépare déjà le bicentenaire des États-Unis, le passé a paru ressurgir, littéralement, de nulle part : une dizaine de bâtiments dans une vallée lointaine dont le nom évoquait, sombrement, le massacre et la culpabilité.

En 1974, Russell Means se présente aux élections tribales contre Wilson

D’ailleurs, la lutte continue : en 1974, Means se présente aux élections tribales contre Wilson. Il est battu. L’affrontement est très violent, et à Pine Ridge plusieurs membres de l’AIM sont assassinés. Means et ses camarades organisent un Conseil international des traités indiens (IITC), portent leur cause à l’ONU, organisent de nouvelles occupations dans les Black Hills (1) et se déchirent bientôt sur la question du soutien à apporter aux sandinistes du Nicaragua.

Quarante ans plus tard pourtant, quand près d’une autre réserve lakota, à Standing Rock, s’organise une autre occupation (2), c’est encore le souvenir de Wounded Knee qui inspire bien des participants. Anciens de « 1973 », descendants ou simples porteurs d’une mémoire entrée dans la geste indienne, tous portent la conviction qu’à Wounded Knee, rien ne s’est fini.

(1)  L’AIM monte ainsi le camp de Yellow Thunder pour protester contre la décision de la Cour suprême de 1980 qui, moyennant compensation financière, entérine la prise illégale des Black Hills par l’État fédéral en 1877.(2) Au printemps 2016, un camp de tipis est mis en place au nord de la réserve de Standing Rock pour protester contre le passage de l’oléoduc Dakota Access. Il accueille plusieurs milliers de militants, avant d’être brutalement démantelé par la nouvelle administration Trump en février 2017.

Thomas Grillot a notamment publié :- Après la Grande Guerre. Comment les Amérindiens des États-Unis sont devenus patriotes (1917-1947), éditions de l’Ehess, 2014.- « 1919, la loi accorde aux vétérans amérindiens les pleins droits civiques. Américains ? Non, patriotes amérindiens! », dans l’Humanité Dimanche n° 658 du 9 mai 2019.

Il était une fois... une autre histoire !

Connaissez-vous la Februari staking, cette grève retentissante en 1941 aux Pays-Bas contre le sort fait aux juifs ? Et le long et féroce « mai » 68 japonais ? Vous rappelez-vous du scandale du Cointelpro, en 1971, quand la face noire du FBI a été révélée au grand jour ? Saviez-vous qu'il y a 60 ans, on visitait Orly le dimanche comme on allait à une attraction touristique ?

Chaque week-end, la rubrique « Il était une fois » de l’Humanité magazine vous raconte l’histoire contemporaine au travers d’événements qui sortent des sentiers battus de l’histoire patrimoniale ou du roman national.

Tous les articles sont écrits par un spécialiste du sujet, souvent un historien, offrant ainsi des sujets où se marient l’art du récit et l’exigence critique et scientifique.

A retrouver dans cette page ou, pour profiter pleinement de la riche iconographie qui les accompagne, dans le magazine papier ou en version numérique.

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L'Humanité

Le 22 janvier 1973. Roe v. Wade, une victoire pour le droit à l'IVG

Il était une fois

Cette année-là, la Cour suprême des États-Unis considère que le droit d’avorter est constitutionnel. Bien qu’assorti de certaines limites, l’arrêt historique «Roe v. Wade» marque un tournant dans la longue lutte des femmes pour disposer de leur corps. Retour sur cette conquête remise en cause depuis juin 2022 par cette Cour.

Michel Muller

Le 22 janvier 1973, la Cour suprême des États-Unis rend public son arrêt 410 US 113 - Jane Roe versus Henry Wade (le procureur de Dallas, Texas), un jugement qui marque l’histoire de la longue et toujours contestée lutte des femmes pour le respect de leurs droits fondamentaux d’êtres humains: le droit à l’interruption volontaire de la grossesse (IVG).

C’est la première fois que cette instance suprême, la plus haute juridiction du pays, se prononce sur une question concernant directement le corps des femmes. En fondement de sa décision, elle affirme que selon elle il n’y a pas de «droit absolu» à mettre fin à une grossesse et qu’en même temps il ne s’agit pas non plus de mettre en cause le droit d’une femme à sa vie privée tel que fixé par le 14e amendement de la Constitution. Il fallait donc placer ce droit à l’IVG au regard « de l’intérêt impérieux de l’État », fixer des limitations aux «droits fondamentaux», telle l’obligation, aussi impérieuse, de protéger la santé des femmes enceintes et la «possibilité de la vie humaine».

Mary Ziegler : « L’objectif est d’interdire tous les avortements, dans tous les États-Unis »

La possibilité du recours par l’État à ce pouvoir se situe, selon la Cour, à la fin du troisième mois de grossesse. À partir de ce moment-là, « l’État (…) peut, si tel est son choix, réglementer la procédure d’avortement de manière qu’elle se déroule en concordance avec la santé maternelle». Quant au dernier trimestre de grossesse, celui, selon la Cour, de la viabilité du fœtus – la capacité «significative de vie hors de l’utérus de la mère » –, l’État, « en privilégiant son intérêt pour la potentialité de la vie humaine, peut, s’il en fait le choix, réguler, et même proscrire, l’avortement, excepté en cas de nécessité (…) de préservation de la santé de la mère ».

Jane Roe est le pseudonyme de Norma McCorvey. Issue d’un milieu populaire, elle est déjà mère de deux enfants qu’elle a confiés à l’adoption. © Bettmann Archive / Getty

Il a fallu plus d’un an pour aboutir au texte définitif de l’arrêt. Le recours Roe contre Wade est déposé une première fois en mars 1970 auprès d’un tribunal de district du Texas au nom d’une plaignante désignée sous le nom «Jane Roe» et de toutes «les femmes dans la même situation». « Jane Roe » est le pseudonyme de Norma McCorvey, une jeune femme de 22 ans vivant dans le comté de Dallas enceinte pour la troisième fois. Elle avait fait adopter ses deux enfants, habitait avec une compagne et vivait de «petits boulots». Elle ne recherchait pas la célébrité ni ne militait pour le droit des femmes. Sa seule demande était de pouvoir avorter. Un juriste spécialiste des adoptions l’adresse alors à deux jeunes avocates, Sarah Weddington et Linda Coffee, militantes féministes quant à elles, qui cherchaient une cause à défendre jusqu’au bout, celle d’une femme n’ayant pas les moyens de se rendre dans un autre État afin d’avorter légalement pour des raisons personnelles.

États-Unis. La Cour suprême déclare la guerre aux femmes

Une plainte pour atteinte aux droits constitutionnels est donc déposée en mars 1970 contre Henry Wade, le procureur de Dallas. Le tribunal reconnaît – alors que Norma McCorvey vient d’accoucher de son troisième enfant, qu’elle confie à l’adoption – que la loi texane viole le droit de « Jane Roe » à la vie privée, en vertu des 9e et 14e amendements de la Constitution, mais la cour refuse de délivrer une injonction dans ce sens. Les défenseures décident de poursuivre la procédure judiciaire et font appel auprès de la Cour suprême, qui examine l’affaire Roe versus Wade le 13 décembre 1971. L’arrêt est publié le 22 janvier 1973, après la prise de fonction du président Richard Nixon pour son deuxième mandat.

Norma McCorvey, dont on a rapidement découvert qu’elle était Jane Roe, est la cible de harcèlement et de violences perpétrés par des milices «pro-life», antiavortement. Engagée finalement dans le mouvement pour le droit à l’IVG, elle travaille dans des cliniques d’avortement. Mais en 1995, retournement: elle tombe sous la coupe de la puissante organisation « pro-vie » Operation Rescue (« opération sauvetage », sous-entendu des «enfants à naître») et déclare à la télévision que «l’avortement est un péché». En 2017, elle reconnaîtra avoir été payée pour ce faire par des activistes anti-IVG.

Le jugement de la Cour suprême comprend un long argumentaire, avec notamment un historique détaillé des pratiques d’IVG à travers les siècles dans le monde anglo-saxon, démontrant le caractère particulièrement relatif selon les époques et les lieux des conditions sociétales, légales ou légitimes de ce droit, féminin par définition même. Il marque également l’importance des pratiques et croyances religieuses chrétiennes, étonnamment fluctuantes, présidant à la tolérance ou à la condamnation de l’IVG. Ce faisant, l’arrêt signifie que l’IVG est interdite par principe « sauf au cas où… » des dérogations sont tolérées. Dans le même mouvement, la criminalisation de l’avortement prétend s’appuyer sur des «connaissances» médicales relatives, comme la « viabilité » d’un fœtus ou l’« apparition de la vie » – sous-entendu, celle d’un être humain à part entière –, que certains situent dès la fécondation… Mais alors, peut-on se demander, les hommes ne seraient-ils pas, en l’occurrence, aussi redevables devant la loi que les femmes quant aux restrictions du droit, ou non, de disposer de leur corps?

On en retire un sentiment inconfortable quant au statut des femmes dans une société dont, historiquement, les codes sont fixés et imposés par des hommes. La question fondamentale que posent aux États-Unis toutes ces fluctuantes législations, réglementations et décisions judiciaires – parfois simultanément contradictoires selon le «bon droit» des différents États de l’Union – n’est pas la fixation des éventuelles exceptions où le droit à l’avortement n’est pas illégal, mais la reconnaissance du droit fondamental des femmes à la propriété intégrale de leur corps.

États-Unis. Roe v. Wade, le droit à l’avortement attaqué

Aux États-Unis, le statut de la personne, de son corps, est marqué historiquement par l’esclavage. Les femmes esclaves sont doublement la propriété de leur maître blanc: non seulement, comme les hommes, elles servent de bêtes de somme, mais aussi de reproductrices pour l’accroissement du cheptel humain et, accessoirement, de jouets sexuels. C’est donc tout à fait «naturellement» qu’il est fait systématiquement référence, quand il est question des droits fondamentaux des femmes états-uniennes, au 14e amendement de la Constitution datant du 9 juillet 1868. Son article 1er proclame: «Toute personne née ou naturalisée aux États-Unis, et soumise à leur juridiction, est citoyenne des États-Unis et de l’État dans lequel elle réside. Aucun État ne fera ou n’appliquera de lois qui restreindraient les privilèges ou les immunités des citoyens des États-Unis ; ne privera une personne de sa vie, de sa liberté ou de ses biens sans procédure légale régulière ; ni ne refusera à quiconque relevant de sa juridiction l’égale protection des lois.» Il s’agissait, par ce texte, de conférer aux Afro-Américain.e.s, libéré.es de l’esclavage par le 13e amendement (18 décembre 1865), l’égalité devant la loi avec les Blancs, ainsi que, pour les hommes, le droit de vote, étendu aux femmes par le 19e amendement du 18 août 1920.

En vertu de ce même 14e amendement, le 22 novembre 1971, la Cour suprême proclame – enfin, peut-on dire – que les femmes possèdent les mêmes droits que les hommes: l’arrêt « Reed v. Reed » déclare l’illégalité d’une loi de l’État de l’Idaho privilégiant les hommes dans la gestion des biens d’un enfant du couple divorcé. Les effets de cette décision sont étendus en 2015 au mariage de deux personnes d’un même sexe, un droit confirmé par le Congrès, le 8 décembre 2022, sur proposition du président Joe Biden.

Le 24 juin 2022, la Cour suprême, dominée par des juges nommés par le président Donald Trump, revient sur ces conquêtes essentielles pour une démocratie qui se respecte. À la suite d’un recours du secrétaire à la Santé du Mississippi contre une association de santé féminine, elle renie l’arrêt Roe v. Wade et proclame que le droit à l’IVG n’est ni inscrit en tant que tel dans la Constitution, ni couvert par le 14e amendement puisque l’IVG ne serait pas exclusivement un fait de choix privé. Hypocritement, dans une obsession aveugle et fondamentaliste, les juges laissent leurs affidés, les élus suprémacistes, faire le «travail» dans les États fédérés dans un déchaînement « légal » de sadisme envers les femmes. Ainsi, après la Louisiane et l’Indiana, le Texas oblige les femmes qui ont avorté à organiser des funérailles pour les tissus fœtaux. Plus généralement, dans les États anti-IVG, les médecins doivent obliger les patientes à écouter les battements de cœur du fœtus, à contempler l’échographie de leur ventre ou encore évoquent de prétendus risques, dont le cancer.

Mais aussi, la résistance s’organise avec la constitution de réseaux de femmes, d’hommes, de personnels de santé pour aider des femmes à rejoindre un État « sûr » pour avorter. Le terme d’«Underground Railroad» (la route clandestine), le réseau multiforme de fuite au XIXe siècle des esclaves du sud du pays vers le Nord antiesclavagiste, est aujourd’hui réutilisé pour qualifier ces « routes IVG ». Un mouvement qui s’appuie sur le fait que plus de 70 % des États-Unien.ne.s estiment que l’IVG est une affaire à décider librement dans l’intimité de la personne.

L’inconstitutionnalité de ce droit à l’IVG aggrave lourdement les risques sanitaires pour les femmes. L’absence de protection sociale de la maternité est déjà largement responsable d’une mortalité maternelle importante, soit 23,8 décès pour 100 000 en 2020, le taux le plus élevé depuis 1968 et qui frappe en premier lieu les Africaines-Américaines (55,3 pour 100 000) (1).

En 2022, à Washington, Pro et anti-avortivement s'affrontent jusque devant les portes de la plus haute juridiction du pays, pour qui le droit n'est pas couvert par le 14e amendement de la Constitution. Le combat pour la liberté des femmes à pouvoir disposer de leur corps continue aux États-Unis et ailleurs. © Olivier Douliery / AFP

Avant la mise en application de l’arrêt Roe v. Wade, on estimait à un million le nombre annuel d’IVG, dont seulement 10 % étaient «légales». Un tiers des femmes ayant avorté étaient victimes de complications. Le mois précédant l’invalidation de cet arrêt, 2 596 avortements avaient été réalisés au Texas. Un mois plus tard, seulement 68 IVG y ont été recensées, soit une chute de 97 %. Plus de la moitié des États fédérés ont proclamé ou sont en train de mettre en place des interdits, souvent dès le «premier battement de cœur», sans dérogation, ni après un viol ni du fait de la malformation ou de la non-viabilité du fœtus.

Cependant, le combat des femmes états-uniennes pour disposer librement de leur corps, majoritairement soutenu par l’opinion publique, a aussi remporté des victoires. Citons notamment la Californie, le Vermont, le Michigan, le Kentucky, pourtant à majorité conservatrice, et aussi le Kansas, où les électeurs ou les élus viennent de refuser la prohibition. Ces victoires récentes confortent dans leurs choix les États connus comme «pro-choice» (pro-liberté de choix), comme ceux de New York, du New Jersey ou encore le Vermont, où l’IVG est licite depuis le début du XXe siècle. Un combat permanent des femmes, et des hommes, qui doit être aussi de toute vigilance contre les tentatives de régression.

Le droit à l’avortement ailleurs dans le mondeSalvador Brésil France Mexique Chili Argentine Pologne Corée du Sud

Connaissez-vous la Februari staking, cette grève retentissante en 1941 aux Pays-Bas contre le sort fait aux juifs ? Et le long et féroce « mai » 68 japonais ? Vous rappelez-vous du scandale du Cointelpro, en 1971, quand la face noire du FBI a été révélée au grand jour ? Saviez-vous qu'il y a 60 ans, on visitait Orly le dimanche comme on allait à une attraction touristique ?

Chaque week-end, la rubrique « Il était une fois » de l’Humanité Magazine vous raconte l’histoire contemporaine au travers d’événements qui sortent des sentiers battus de l’histoire patrimoniale ou du roman national.

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Il était une foisRoe V. WadeIVGÉtats-Unis
L'Humanité

Commission mixte paritaire, comment ça marche ? 

Actu

L’acronyme CMP revient en boucle ces derniers jours à propos de la réforme des retraites. On vous explique comment fonctionne cette instance qui réunit députés et sénateurs et le calendrier prévu la semaine prochaine. 

Julia Hamlaoui

Les sénateurs ont jusqu’à dimanche 12 mars minuit maximum pour examiner le projet de réforme des retraites, qu’ils aient eu le temps ou non d’aller au bout du texte (le gouvernement ayant fait appel à l’article 47-1 de la Constitution qui limite la durée des débats).

Ensuite, c’est la commission mixte paritaire qui entrera en scène, la fameuse CMP. Celle-ci est, pour l’heure, convoquée le mercredi 15 mars à 9 heures. 

Quel est son rôle? 

Elle réunit 7 députés et 7 sénateurs dont l’objectif est de « proposer un texte sur les dispositions restant en discussion » (article 45 de la Constitution), c’est-à-dire les dispositions « qui n’ont pas été adoptées dans les mêmes termes par l’une et l’autre assemblée », précise le Conseil constitutionnel, à l’exclusion donc de toute nouvelle disposition.

En l’occurrence, les députés n’ont été que jusqu’à l’article 2 sur les 20 du projet de loi de financement rectificatif de la sécurité sociale (PLFRSS), et on ignore encore si les sénateurs en examineront l’intégralité. Si tel n’était pas le cas le risque d’inconstitutionnalité du projet serait renforcé car le Conseil constitutionnel pourrait juger les débats insincères.

Toujours est-il que pour qu’une CMP soit « conclusive », il faut que la majorité des parlementaires réunis se mettent d’accord sur une version commune du texte en discussion. 

Comment est-elle composée ? 

La CMP compte donc 7 députés et 7 sénateurs, la désignation de chacun obéit à plusieurs règles, certaines techniques (le président et le rapporteur de la commission saisie au fond doivent par exemple être membres), d’autres politiques (liées à la répartition majorité/opposition et à l’équilibre entre les groupes).

En résumé pour les titulaires : côté sénateurs siègent 4 membres de la majorité et 3 de l’opposition ; et côté députés ce sont 5 places pour la majorité et 2 pour l’opposition. Des suppléants sont également désignés et ne sont appelés à voter que si la parité fait défaut entre les deux assemblées. 

Concernant la CMP sur la réforme des retraites, cela donne au Sénat pour les titulaires : trois LR (Catherine Deroche, René-Paul Savary, Philippe Mouiller), un Union centriste (Élisabeth Doineau), deux PS (Monique Lubin, Corinne Féret), un Renaissance (Xavier Iacovelli).

Et pour les suppléants : trois LR (Alain Milon, Pascale Gruny, Chantal Deseyne), un UC (Sylvie Vermeillet), un EELV (Raymonde Poncet-Monge), un RDSE (Henri Cabanel), un PCF (Cathy Apourceau-Poly). Côté Assemblée, la liste n’est pas encore disponible, les différents groupes ayant jusqu’à 15 heures vendredi pour transmettre les noms. 

Que va-t-il se passer ensuite ? 

Si sénateurs et députés parviennent à un accord, le texte (que le gouvernement peut amender quoiqu’il arrive) est soumis au vote de chacune des chambres. Sur la réforme des retraites, ce sont d’abord les sénateurs qui se prononceront dans ce cas lors d’une séance prévue, pour l’instant, jeudi 16 mars à 9 heures.

Les députés prendront le relais l’après-midi même à 15 heures. L’exécutif compte sur les voix de LR pour y obtenir la majorité, mais le groupe de droite connaît des dissensions et les voix de députés emmenés par Aurélien Pradié pourraient faire défaut.

En cas de doutes trop prononcés, Elisabeth Borne a encore la possibilité de dégainer un 49-3 (elle s’expose alors à une motion de censure). Mais comme la Constitution stipule qu’elle peut y recourir qu’ « après délibération du Conseil des ministres », il faudrait alors que celui-ci intervienne avant le vote à l’Assemblée.

Si les parlementaires ne s’entendent pas lors de la CMP, c’est la navette parlementaire qui reprend. Le texte reviendra en nouvelle lecture à l’Assemblée (étape à laquelle la première ministre a aussi la possibilité d’utiliser le 49.3), puis au Sénat avant une lecture définitive à l’Assemblée.

Le tout dans un calendrier très contraint puisque, dans le cadre du 47-1, les chambres n’ont que jusqu’au 26 mars maximum pour examiner le texte.

Dans ce cas de figure, si les députés ne vont pas au bout du texte et qu’il ne fait donc pas l’objet d’un vote, l’exécutif dispose encore d’une arme pour imposer sa loi. Car à propos des PLFSS, le véhicule législatif choisi par le gouvernement, le fameux article 47-1 de la Constitution précise : « Si le Parlement ne s’est pas prononcé dans un délai de cinquante jours, les dispositions du projet peuvent être mises en oeuvre par ordonnance »

L’opposition peut, en cas d’adoption, engager un recours devant le Conseil Constitutionnel. Et de l’avis de nombre de constitutionnalistes, il y a beaucoup à redire tant sur le fond que sur la forme.

« Si cette loi sur les retraites est adoptée, il serait bon de la censurer », explique le constitutionnaliste Benjamin Morel

  

Réforme des retraitessénatAssemblée nationale
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« Les Républicains » en marche au Sénat

Actu

Les sénateurs LR se sont vu remercier de leur vote de l’article 7 par un exécutif qui, en retour, s’est prononcé en faveur de certains de leurs amendements. Le tout lors d’un examen à marche forcée.

Aurélien Soucheyre

Main dans la main, les sénateurs LR et les macronistes ont voté, dans la nuit du 8 au 9 mars, l’article 7 de la réforme des retraites, qui repousse l’âge de départ légal à 64 ans. « Je dis merci aux sénateurs de la droite et du centre », a aussitôt salué le ministre du Travail, Olivier Dussopt.

« Je pense que nous avons assisté à un remaniement : “Les Républicains” viennent d’entrer au gouvernement. Le nouvel article 7 a été rédigé de façon conjointe avec l’exécutif, il y a clairement une recomposition politique majeure », a, dans la foulée, observé le sénateur PCF Pierre Ouzoulias.

« La grande coalition de droite est en train de se constituer. LR a finalement servi la soupe au président Macron. Dont acte. Au moins, les masques sont tombés », estime également le socialiste Patrick Kanner, qui glisse même qu’il ne serait pas surpris de voir Bruno Retailleau « nommé premier ministre dans les jours à venir ».

« Obstruction au peuple »

Le président du groupe LR au Sénat ne cache pas qu’il souhaite que la réforme des retraites soit votée et appliquée. « Je ne doute pas qu’on trouve un compromis », a-t-il affirmé au sujet d’un accord possible en commission mixte paritaire (CMP) dès le 15 mars, ce qui permettrait au texte de ne pas être réexaminé à l’Assemblée nationale, mais directement soumis à un vote, à moins que le 49.3 ne soit dégainé.

Commission mixte paritaire, comment ça marche ? 

Cette entente politique s’est toutefois concrétisée en malmenant comme jamais les droits du Sénat : l’article 38, qui permet de limiter l’expression des sénateurs, y a été utilisé pour la toute première fois. Et la droite sénatoriale a fait tomber d’autorité plus de mille amendements de gauche sur l’article 7, afin de faire passer au plus vite la mesure phare de la réforme. Et les manœuvres ne se sont pas éteintes avec ce vote.

Retraites. Le scandale démocratique s’étend au Sénat

La gauche ne désarme pas et compte se faire entendre jusqu’à la fin des travaux

L’amendement Retailleau pour accélérer la suppression des régimes spéciaux d’ici à 2040 a ainsi été reporté deux fois par la droite. « Vous voulez que cela passe en catimini, le soir. Mais nous sommes prêts à en débattre au grand jour », a insisté en vain Cathy Apourceau-Poly (PCF), dénonçant une « obstruction au peuple ».

Quant au pas de deux entre l’exécutif et la droite sénatoriale, il s’est lui aussi poursuivi jeudi 9 mars : le ministre des Comptes publics, Gabriel Attal, s’est dit favorable à l’amendement Retailleau qui augmente de six à neuf mois la durée annuelle de résidence en France pour être éligible au minimum vieillesse.

L'Humatinale

Du lundi au vendredi, l’actu essentielle décryptée par la rédaction de l’Humanité.

Et c’est avec l’aval du gouvernement que les sénateurs ont adopté la proposition LR de surcote pour certaines « mères de famille » à laquelle Élisabeth Borne avait ouvert sa porte dès fin février. Et pour cause : « Notre objectif, depuis le début, est de faire adopter ce texte sans 49.3 », a martelé, jeudi, le ministre de la Fonction publique, Stanislas Guerini, tandis que l’inquiétude plane sur l’attitude d’une partie des députés LR dont le vote pourrait faire défaut lors de l’examen à l’Assemblée de l’éventuel texte de la CMP.

La gauche, elle, ne désarme pas et compte se faire entendre jusqu’à la fin des travaux – au plus tard dimanche 12 mars à minuit –, forte du soutien populaire que LR et Macronie font semblant d’ignorer. « Cette réforme ne passera pas, a prévenu l’écologiste Guillaume Gontard . On se battra jusqu’au bout » 

sénatRéforme des retraites
L'Humanité

Gilbert Achcar : « Pékin aurait pu avoir une position plus équilibrée »

Entretien

GUERRE EN UKRAINE Le spécialiste des relations internationales Gilbert Achcar déplore que le plan chinois reste en deçà des exigences pour un retour à la stabilité dans un contexte de « nouvelle guerre froide ». Il souligne aussi la responsabilité des États-Unis dans cette polarisation des blocs antagonistes.

Youness Machichi

Dans son plan, la Chine réaffirme sa défense de la souveraineté et l’intégrité de tous les pays tout en appelant de ses vœux un retour à la paix. Mais, vendredi 24 février, aux côtés d’une trentaine de pays du Sud global, elle s’est abstenue lors du vote de la résolution de l’ONU exigeant de la Russie le retrait immédiat du territoire ukrainien.

Alors que sa diplomatie affiche un scrupuleux respect du droit international, pourquoi la Chine refuse-t-elle de demander le retrait des troupes russes ?

Je crois que les motivations de la Chine sont assez transparentes. Elle a un rapport de coopération stratégique avec la Russie, qu’on pourrait même appeler, dans une certaine mesure, un rapport d’alliance, même s’il ne s’agit pas d’une alliance formalisée sur le plan militaire, comme l’est l’Otan. Pékin ne veut donc pas perturber ce rapport avec Moscou par une prise de position clairement opposée. Et en ce sens, cela s’inscrit dans la nouvelle guerre froide qui s’est mise en place depuis le tournant du siècle.

Cela dit, je crois qu’il est regrettable que la Chine ne voie pas plus loin, d’autant plus que la Russie va sortir considérablement affaiblie de cette aventure meurtrière qu’est l’invasion de l’Ukraine. La Chine aurait pu, je crois, gagner beaucoup plus d’espace et de respect dans l’opinion publique mondiale en adoptant une position plus équilibrée et principielle, avec d’une part la critique des États-Unis et de l’Otan, d’autre part, une critique claire de la Russie. Elle aurait dû souligner l’inadmissibilité de l’acquisition de territoires par la force, qui est aussi un principe clé du droit international et de la charte des Nations unies. La Chine aurait pu prendre les devants à l’ONU pour une résolution équilibrée de la façon que je viens d’expliquer, au lieu de se cantonner dans une attitude abstentionniste qui n’est pas digne d’une grande puissance. Malheureusement, les dirigeants chinois se limitent au cadre étroit de la nouvelle guerre froide.

Quels leviers politiques et économiques la puissance chinoise est-elle susceptible d’actionner pour l’exécution concrète et réaliste de son plan de paix ?

Pékin a aujourd’hui, plus que jamais, une énorme influence sur Moscou. L’enlisement militaire de la Russie l’a considérablement affaiblie et augmenté sa dépendance économique et politique, donc stratégique, vis-à-vis de la Chine. En plus, cela dessine à terme une dépendance militaire aux rapports inversés. Depuis la fin de la guerre froide et la mise en place de la coopération entre la Russie post-soviétique et la Chine, cette dernière est devenue un importateur majeur d’armement russe, en concurrence avec l’Inde pour la première place parmi les clients de Moscou. Aujourd’hui, sur le plan technologique, la Chine est en train de se hisser au premier rang. On parle déjà d’une possibilité de livraisons d’armes chinoises à la Russie, ce qui constituerait une grave erreur à mon sens. Cela dit, la Chine avait au départ réagi de manière plus prometteuse. Son ambassadeur aux États-Unis avait publié, au début de la guerre, une tribune dans la grande presse américaine proclamant une position qui était plus équilibrée que celle qui est actuellement la sienne. Mais les États-Unis n’ont pas saisi cette main tendue. Au lieu d’essayer de faire leur possible pour pousser la Chine à tout au moins rester neutre ou à intervenir dans la médiation entre l’Ukraine et la Russie, les États-Unis ont tout fait en sens contraire. Ils ont tout fait pour ostraciser la Chine avec une politique de provocation et de soupçon. La position chinoise actuelle est donc aussi le résultat de cette attitude des États-Unis. Je regrette néanmoins que Pékin ne réagisse pas de manière plus subtile et plus intelligente dans le jeu politique mondial.

Une réunion du G20 s’est tenue le 2 mars à New Delhi. Certains observateurs ont suggéré que le gouvernement indien a mis en place une sorte de « multi-alignement ». Tantôt il s’affiche du côté des Occidentaux, tantôt du côté de la Russie. L’Inde dispose-t-elle de la puissance nécessaire pour jouer un rôle d’influence vers la paix dans ce conflit ?

L’Inde est certainement un très grand pays, mais elle reste une puissance économique et militaire de deuxième rang à l’échelle mondiale, alors que la Chine s’est déjà hissée au premier rang. Le gouvernement de Narendra Modi a une politique foncièrement opportuniste à l’égard du conflit Russie-Otan. Il essaye de tirer avantage de la situation de guerre et joue sur les deux registres en même temps. Dans tout cela rentre également en ligne de compte l’hostilité que l’Inde porte à la Chine. Les rapports hostiles entre les deux pays font que l’Inde a aussi le souci de maintenir ses rapports avec la Russie pour que celle-ci ne se range pas du côté de la Chine dans son conflit avec l’Inde. C’est donc une situation compliquée. Sur le fond des choses, j’ai trouvé particulièrement ridicule le prétendu « sommet de la démocratie » que le président américain Joe Biden avait réuni l’an dernier et auquel il avait invité le premier ministre indien. Narendra Modi est ce qu’on peut appeler un néofasciste. Son parti est un parti d’extrême droite, un parti islamophobe, qui mène une politique de plus en plus autoritaire et oppressive en Inde. Il y a certainement une grande affinité entre Narendra Modi et Vladimir Poutine en tant que type de régime politique.

Guerre en UkraineChine
L'Humanité

Le pouvoir géorgien retire sa loi attentatoire aux libertés

Lina Sankari

Face à la mobilisation massive de la population, ces derniers jours à Tbilissi, le gouvernement géorgien a annoncé, jeudi 9 mars, le retrait de sa loi de criminalisation des « agents de l’étranger ». Sur le modèle d’une loi russe, ce texte, adopté mardi en première lecture, imposait que les médias et ONG dont 20 % des ressources proviennent de l’extérieur soient enregistrés comme « agents de l’étranger ». L’opposition ouvertement pro-occidentale dénonçait le caractère attentatoire aux libertés de cette disposition, à laquelle s’opposait également la présidente Salomé Zourabichvili. Dans son communiqué, le parti au pouvoir, Rêve géorgien, juge toutefois que le projet de loi a été « présenté sous un mauvais jour, de façon trompeuse ». Des consultations publiques pour « mieux expliquer » le texte vont être lancées. L’opposition a d’ores et déjà annoncé qu’elle poursuivrait la mobilisation jusqu’à obtenir la « garantie que la Géorgie est résolument engagée sur une voie pro-occidentale », alors que le pays ambitionne de rejoindre l’UE et l’Otan.

géorgie
L'Humanité

La grève n’est pas une spécialité française !

Actu

La France serait le seul pays au monde à connaître de grandes grèves, selon certains éditorialistes. Ils sont bien mal informés… ou, plutôt, tentent de faire pression sur l’opinion publique, de diviser le monde du travail. La réalité est bien différente, comme le démontre l’actualité sociale européenne depuis des mois. La question du pouvoir d’achat et de l’augmentation des salaires est au cœur de nombreux conflits sociaux. Le mouvement social historique au Royaume-Uni ne fait que trop rarement la une de nos journaux, en dépit des grèves importantes et inédites dans de nombreux secteurs, comme dernièrement dans la santé. Que des infirmières choisissent la grève reconductible est symbolique du niveau de la colère.

En Espagne et au Portugal aussi, les luttes se démultiplient. Même l’Allemagne, pays cité pour la qualité de son dialogue social chez nos détracteurs locaux, connaît de nombreux mouvements de grève. Dans la métallurgie, l’automobile, les transports comme le rail ou l’aérien, etc., les salariés revendiquent et utilisent le droit de grève, pourtant très restreint outre-Rhin.

Ces quelques exemples démontrent combien, dans tous les pays, là où ce droit demeure, même restreint, la grève est un outil de lutte efficace pour obtenir satisfaction. C’est pourquoi patronat et gouvernement veulent le restreindre ou l’interdire. La grève n’a pas de nationalité, elle est internationaliste.

philippe martinezle rédacteur en chef d'un jour
L'Humanité

Vanessa Tsehaye

Femme du jour

Youness Machichi

Une nouvelle génération d’Érythréens crie la révolte de ceux que l’on tente de réduire au silence. Parmi eux, Vanessa Tsehaye qui dénonce inlassablement l’incarcération et la répression de dissidents dans son pays. Elle a rappelé au Conseil des droits de l’homme des Nations unies que son oncle, le journaliste Seyoum Tsehaye, est injustement emprisonné avec dix autres opposants depuis 2001. À 16 ans, la militante suédo-érythréenne a commencé à récolter des fonds pour One Day Seyoum, une ONG qui prend la défense des réfugiés. Seyoum Tsehaye se trouve toujours retenu, dans un lieu inconnu, par le régime militaire du président Issayas Afeworki. Pour Vanessa Tsehaye, le supplice de son oncle « n’est qu’une infime partie de l’immense souffrance du peuple érythréen ».

Érythrée
L'Humanité

« Les militaires annihilent toute perspective de dialogue »

Entretien

GUERRE EN UKRAINE Le pacifiste Oleg Bodrov décrit une société russe caporalisée pour l’effort de guerre et en appelle à la solidarité internationale.

Gaël De Santis

Moscou (Russie), envoyé spécial.

Depuis l’invasion de l’Ukraine, décrétée par le président russe le 24 février 2022, le nombre de morts russes atteindrait 100 000. La société russe ne peut s’exprimer librement sur un tel sujet. Oleg Bodrov tente d’analyser ces douze derniers mois et estime que les sociétés civiles en Russie, en Ukraine, en Europe et aux États-Unis, restent le principal espoir de paix.

Quel est votre regard sur cette année de guerre ?

L’année écoulée a été l’année la plus difficile de ma vie. À cause de l’invasion russe de l’Ukraine, des centaines de milliers de citoyens ukrainiens et russes sont morts. Un Ukrainien sur trois a été contraint de quitter son domicile pour échapper à la guerre. Des centaines de milliers de jeunes ont quitté la Russie pour échapper à la mobilisation.

En quoi la société russe a-t-elle été impactée, voire transformée par ce conflit ?

À l’intérieur de la Russie, les fondements de l’interaction entre la société et le pouvoir ont été détruits. Le pouvoir s’est isolé des sociétés civiles et il a brisé l’information et sa liberté. Le pays s’est transformé en un gigantesque camp de concentration : la Constitution ne fonctionne plus, les tribunaux sont politiquement biaisés, tous les médias indépendants sont fermés, la propagande de guerre est menée sur les chaînes d’État. Les opposants publics à la guerre sont soit en prison, soit payent des amendes gigantesques qui servent à soutenir la guerre. Les autorités essaient de me transformer – ainsi que mes amis et partenaires pacifistes dans d’autres pays – en ennemi. Et, dans le même temps, il n’existe plus aucun tabou sur le nucléaire. La prise de contrôle par des militaires d’une centrale est révélatrice de ce basculement. La capture de Zaporijjia l’illustre. Cela signifie que toute l’Europe est comme minée par ces centrales nucléaires. C’est une menace pour la sécurité de centaines de générations futures de notre planète.

La paix semble s’éloigner au fur et à mesure que les semaines passent et que les massacres se multiplient…

Les politiciens actuels en Russie, en Ukraine et dans les pays de l’Otan manquent de volonté politique pour la paix. L’interaction des diplomates russes avec l’Europe et les États-Unis a été perdue. Le processus est dirigé par les militaires, qui ne peuvent que tuer et détruire. Je me sens responsable de ce qui se passe. C’est très difficile à vivre. La Russie et « l’Occident collectif » parlent de leur volonté de « se battre jusqu’à la victoire », mais personne ne dit ce que signifie cette victoire. Nous avons besoin de nouveaux acteurs, de nouvelles parties prenantes (la Chine, par exemple) pour changer la tendance actuelle – la violence – et revenir au dialogue. Cela permettrait ensuite la consolidation de la paix. Les représentants des organisations de maintien de la paix, des droits de l’homme et de l’environnement peuvent devenir de tels acteurs. La solidarité de la société civile en Russie, en Ukraine, en Europe et aux États-Unis est désormais le principal espoir. J’essaie d’initier une telle interaction.

La société russe semble être prête à une guerre longue. Qu’en pensez-vous ?

Malheureusement, oui ! Le 23 février, dans ma ville, Sosnovy Bor, un journal local a rapporté que 26 écoliers avaient prêté serment à l’organisation militaire d’enfants : Iounarmia (Jeune Armée). C’est-à-dire que dès l’enfance, sous le slogan du patriotisme, nos jeunes sont formés à une conscience militariste. Pire, la militarisation apparaît comme la principale tendance de la société russe contemporaine. Cela signifie que la guerre s’installe durablement dans notre pays ! Et cela ne dépend pas de la durée de la guerre en Ukraine.

Quelle est votre réaction à l’annonce de la suspension des accords Start ?

La suspension par la Russie de « l’accord sur les armements stratégiques offensifs » (Start III) signifie un nouvel élan à la course aux armements nucléaires et des turbulences politiques. Dans la société, l’idée de la possibilité de gagner une guerre nucléaire est promue, car la Russie a un potentiel suffisant. Je crois que le moment est venu de publier en Russie, en Europe et aux États-Unis un rapport sur les conséquences possibles d’une guerre nucléaire. Il est important que la société civile de notre planète soit solidaire et exige que les politiciens abandonnent ces plans absurdes.

Guerre en UkraineUkraineRussiemouvement de la paix
L'Humanité

Minuit moins dix

Éditorial

Sébastien Crépel

Il est minuit dix, ce 9 mars, quand 201 sénateurs se prononcent en faveur de l’article 7 du projet de loi qui fixe l’âge légal de la retraite à 64 ans, au lendemain d’une mobilisation historique des Français contre cette réforme. Avec tout le respect dû aux parlementaires, chacun doit regarder la réalité en face : ce vote ne change rien. Ce n’est pas l’adoption nocturne d’une mesure d’une loi encore en construction par la Chambre haute, au cours d’une invraisemblable séquence durant laquelle toutes les procédures ont été employées pour contraindre le Parlement, qui peut sonner le glas de la détermination populaire. Ceux qui espèrent ainsi impressionner les foules tranquilles défilant depuis près de deux mois ne sont pas sérieux. Majoritaires dans l’Hémicycle, certes, ces 201 élus ne représentent qu’eux-mêmes, quand 3,5 millions de personnes manifestent et que 65 % de Français soutiennent les grèves reconductibles, selon notre récent sondage Ifop.

La mobilisation contre la réforme gouvernementale va donc se poursuivre dès samedi, alors que continue au Sénat l’examen du texte sur lequel l’Assemblée nationale n’a, pour sa part, même pas encore voté. Invité de votre journal, jeudi, le secrétaire général de la CGT, Philippe Martinez, a égrené les raisons de la confiance en la victoire du mouvement social. L’unité, la force, la détermination, la solidarité et le soutien massif des Français sont de solides atouts.

Il ne manque qu’un acteur pour permettre une sortie rapide et par le haut de la situation de blocage actuel : un pouvoir décidé à discuter réellement. C’est le sens de la lettre de l’intersyndicale au président de la République. « Omniprésent sans être visible », souligne Philippe Martinez, Emmanuel Macron doit écouter le pays qui l’a élu, comme il s’y est engagé au lendemain du second tour de la présidentielle. Ce devoir est vital : l’extrême droite vaincue hier n’attend qu’une crise grave pour que le pouvoir tombe comme un fruit mûr entre ses griffes. Il est minuit moins dix à l’horloge de la démo­cratie en danger.

Réforme des retraitesphilippe martinezCGTsénat
L'Humanité

Le Crunch, un test idéal avant d’aborder le Mondial

Actu

Rugby Cet Angleterre-France du tournoi des Six-Nations tombe à pic pour que le XV tricolore mette sur pied un jeu d’occupation enfin abouti. Ce qui n’a pas été le cas jusqu’à présent.

Éric Serres

Le Crunch, quelles que soient les époques, a toujours eu un côté croustillant. Les confrontations entre la France et l’Angleterre n’ont jamais laissé les deux nations indifférentes. Des sortes de retrouvailles entre cousins chamailleurs qui aiment à se détester pendant 80 minutes. Que ce soit sur le sol français ou dans les îles britanniques, battre le voisin d’outre-Manche est jubilatoire. Cette fois-ci, ce sont les Bleus qui se déplacent à Londres (samedi, 17 h 45, France 2), avec la volonté de mettre fin à des années de disette sur la pelouse de Twickenham, mais aussi dans l’espoir d’affirmer enfin un jeu dévolu à la juste prise de risques.

Malheureusement, dans l’histoire, l’antre du rugby anglais ne réussit pas vraiment à l’équipe de France, qui ne s’est imposée qu’à 11 reprises depuis plus de cent ans (1911, soit cent-douze ans, précisément). Pour retrouver trace du dernier succès tricolore, il faut remonter à 2007, en préparation de la Coupe du monde, et à 2005 dans le tournoi. C’était au temps du sélectionneur Bernard Laporte. Dimitri Yachvili, encore joueur et pas encore commentateur, avait inscrit les 18 points de la victoire au pied (18-17). Mais voilà, face aux Anglais, c’est toujours une autre paire de manches ! Depuis l’arrivée de Fabien Galthié à la tête du XV de France, les Bleus ont battu le XV de la Rose en février 2020 (24-17), en ouverture du tournoi au Stade de France, puis en 2022 (25-13). Mais ils restent sur deux revers en Angleterre (22-19 après prolongation en décembre 2020, puis 23-20 en mars 2021).

Un match pas comme les autres

Le cadre une fois posé, reste à peindre le tableau d’un match pas comme les autres. Fabien Pelous, l’ancien deuxième ligne du XV de France, l’affirme : « Pour gagner en Angleterre, il faut être prêt à répondre physiquement. C’est une équipe qui met beaucoup d’engagement physique, donc il faut lui répondre pour pouvoir exprimer le reste. »

On veut bien le croire ! Mais, au-delà du défi physique, que nos amis anglais affectionnent tout particulièrement, au point de faire résonner tout le stade d’un Swing Low, Sweet Chariot à l’unisson, les hommes de Fabien Galthié devront fourbir d’autres armes, que, hélas, nous n’avons aperçues qu’à de brefs instants depuis le début de ce tournoi des Six-Nations 2023. Avec deux victoires (Italie, Écosse) pas tout à fait convaincantes pour une défaite en Irlande justifiée, les Bleus peuvent certes encore conserver le trophée, s’ils parviennent à s’imposer en Angleterre, mais, à quelques mois d’un Mondial à la maison, il serait temps qu’ils montrent plus de liant dans leurs mouvements offensifs et qu’ils cessent de compter sur une défense de fer et les exploits individuels d’un Dupont, Fickou, Ramos ou Jalibert.

éviter tout bémol

C’est donc un défi important qui attend la bande d’Antoine Dupont sur la route qui va l’amener jusqu’en septembre, mais aussi le bon moment pour renvoyer les British à leurs chères études, alors que ces derniers retrouvent peu à peu le fil de leurs leçons apprises trop souvent par cœur. Les Français devront exceller dans le jeu d’occupation, ce qui est loin d’avoir été le cas jusqu’ici. Thomas Ramos et les siens n’ont pas été à leur avantage depuis le début du tournoi (38 % d’occupation face à l’Irlande, 39 % contre l’Écosse). Maintenir le XV de la Rose sous pression sera la clé de la rencontre pour éviter tout bémol. « Si on perd, c’est fini », assure, un brin inquiet, le 2e ligne du XV de France Paul Willemse. Ce à quoi répond Gaël Fickou : « Ça ne va pas être simple. On cherche à gagner tous les matchs, à être performants et ça passe par de grosses prestations à Twickenham, dans une ambiance de dingue. On se prépare à ça », histoire de mettre tout le monde dans le sens de la marche.

Enfin, outre la manière dont l’équipe de France abordera cette rencontre, reste aussi le statut des Bleus qui pourrait évoluer. En cas de défaite, ils tomberont à la 4e place du classement mondial, derrière la Nouvelle-Zélande et l’Afrique du Sud. Par contre, avec une victoire « good game, sir ! », ils pourraient aussi devenir les nouveaux leaders de la hiérarchie si l’Irlande est battue en Écosse. Ce qui n’est pas impossible avec cette équipe du Chardon en pleine renaissance.

Rugby
L'Humanité

Les destins croisés de Maksym et Nina sur les bords de la mer Noire

Reportage

Ukraine En l’espace d’un an, la troisième ville du pays est passée de cité touristique à centre d’accueil pour des milliers de déplacés internes qui rapportent, chacun, les récits glaçants de la vie qu’ils ont fuie.

Emmanuelle Chaze

Odessa (Ukraine), correspondance particulière.

Au bord de la mer Noire, dans la ville autrefois hautement touristique d’Odessa, n’étaient les obstacles antichars (ou « hérissons tchèques ») disséminés sur les trottoirs du centre-ville et les coupures de courant inopinées, la vie semble presque normale. Mais rien n’est comme avant : au bout de la rue Katherinskaya, la statue de Catherine II de Russie a été déboulonnée en décembre 2022, symbole du rejet de la population de toute référence à la culture russe dans la ville. Personne ne peut s’approcher de l’escalier du Potemkine, les 192 marches monumentales qui marquent l’accès au port de la ville, qui, depuis le film de 1925 (le Cuirassé Potemkine), sont devenues le symbole le plus connu d’Odessa.

Il est également interdit de marcher sur les plages, minées, et de photographier la côte, tout partage sur les réseaux sociaux étant susceptible de livrer, même involontairement, des informations à l’ennemi. Ce voisin devenu agresseur, il y a neuf ans, s’est encore rapproché : la ligne de front de Mykolayiv est située à seulement une centaine de kilomètres d’Odessa et, même à cette distance, il n’est pas rare d’entendre les tirs d’artillerie. Des alertes aériennes annoncent presque quotidiennement la menace d’une frappe de missile ou de drone.

les déplacés sont pris en charge par les ong et les œuvres charitables ou religieuses

La ville est aussi devenue un lieu d’accueil pour toute une population meurtrie : Odessa accueille près de 60 000 déplacés internes depuis février 2022. Certains déplacés sont pris en charge par des particuliers, d’autres par des ONG et autres œuvres charitables ou religieuses. Maksym Lapiuk travaille depuis plusieurs mois avec l’International Rescue Committee (IRC), une ONG qui a déjà porté assistance à un demi-million de personnes à travers l’Ukraine depuis le début de l’invasion. Lui-même originaire de Kherson, il a fui en avril 2022, avec sa femme et son enfant. Il n’entrevoit pas de retour possible pour le moment, mais est heureux de participer à l’effort humanitaire de l’association dans la région. « L’IRC a rapidement compris l’importance d’être présent dans les régions les plus vulnérables, comme Mykolayiv et Kherson. Plusieurs fois par mois, nous envoyons un groupe d’humanitaires dans le seul district de la région de Kherson qui n’est pas atteignable par les frappes russes, pour y amener des couvertures, des radiateurs ou de la nourriture.».

Pour ceux qui ont réussi à évacuer, plusieurs foyers d'accueil ont ouvert à Odessa. Dans l'un d'eux, mis en place par la fondations Road Home avec le soutien de la fondation Ursula Zindel-Hilti, neuf mères accompagnées de leurs enfants ont trouvé refuge. Grâce à une garderie pour les plus jeunes et une salle informatique où les enfants peuvent continuer leur scolarité à distance, ces femmes peuvent tenter de se reconstruire.

Pour ceux qui ont réussi à évacuer, plusieurs foyers d'accueil ont ouvert à Odessa. Dans l'un d'eux, mis en place par la fondations Road Home avec le soutien de la fondation Ursula Zindel-Hilti, neuf mères accompagnées de leurs enfants ont trouvé refuge. Grâce à une garderie pour les plus jeunes et une salle informatique où les enfants peuvent continuer leur scolarité à distance, ces femmes peuvent tenter de se reconstruire. Certaines ont fui, en plus de la guerre, un mari violent, d’autres ont divorcé, d’autres encore ont perdu leur conjoint. Toutes ont de la famille restée derrière la ligne d’occupation. Les récits qu’elles font de ce qui s’y passe sont glaçants. Nina, une jeune femme d’une trentaine d’années, a fui la région de Kherson avec ses deux enfants, un garçon et une fille, en août 2022. Elle est submergée par l’émotion : « Ma mère et ma sœur n’ont pas voulu partir. Il y a trois mois, je n’arrivais plus à les joindre au téléphone. Puis j’ai appris que le pire s’était produit : ma sœur avait été violée et torturée, avant d’être assassinée par des soldats russes. Pendant des jours, nous ne savions pas où elle était. C’est une morgue de la région qui a téléphoné pour que ma mère vienne identifier son corps, en nous suppliant de ne pas révéler qu’ils avaient appelé. On l’a reconnue à ses bracelets, ses mains. Son visage était tellement abîmé qu’il en était méconnaissable. » Pendant des semaines, la famille de Nina ne peut récupérer le corps de sa sœur. Dans la région occupée, l’identité de celui qui l’a tuée est connue, mais il ne semble pas avoir été inquiété. Nina a peu d’espoir qu’une enquête sera menée, et s’inquiète pour sa mère, restée seule : « Des pro-Russes lui ont intimé l’ordre de quitter le village, mais elle refuse de s’éloigner de la tombe de ma sœur. Les soldats russes terrorisent tous les habitants. »

Après la mort de sa sœur, et sachant sa propre mère en danger permanent, Nina peine à se reconstruire, mais elle est soulagée de voir ses enfants en sûreté à Odessa. À l’échelle du pays, comme elle, près de 6 millions d’Ukrainiens ont fui leur maison et trouvé refuge loin de la ligne de front. De son côté, l’IRC estime que plus de 17 millions d’Ukrainiens ont besoin d’assistance humanitaire. 

Guerre en Ukraineodessa
L'Humanité

Football. Corinne Diacre démise de ses fonctions

Actu

La sélectionneuse des Bleues a été remerciée, ce jeudi 9 mars, par le comité exécutif de la Fédération française suite à la fronde inédite de trois joueuses cadres. Une commission doit auditionner de potentiels successeurs.

Nicolas Guillermin

Les mutines ont remporté la partie. Treize jours après que trois joueuses cadres de l’équipe de France (Wendie Renard, Kadidiatou Diani et Marie-Antoinette Katoto) ont annoncé publiquement leur retrait unilatéral sine die en dénonçant notamment «  le système actuel » trop éloigné, selon elles, du haut niveau et le «  manque de professionnalisme » de l’encadrement tricolore, la sélectionneuse Corinne Diacre a été démise de ses fonctions ce jeudi 9 mars.

À un peu plus de quatre mois de la Coupe du monde en Australie et Nouvelle-Zélande (20 juillet-20 août), la Fédération française de football (FFF) a donc décidé d’éteindre l’incendie avant qu’il ne se propage et que d’autres joueuses refusent de disputer le Mondial.

Réunis jeudi autour du président par intérim Philippe Diallo à Paris, les membres du comité exécutif ont donc fait le choix de sacrifier l’ancienne défenseure (48 ans), qui cristallise les rancœurs et les critiques depuis sa nomination en 2017 en raison d’un management jugé autoritaire et clivant. Les membres du Comex ont décidé de suivre les recommandations d’une commission missionnée par Philippe Diallo «  pour dresser un constat sur la situation de l’équipe de France féminine, à la suite des différentes prises de position de plusieurs joueuses », selon le communiqué de la FFF.

«  Les nombreuses auditions menées ont permis d’établir le constat d’une fracture très importante avec des joueuses cadres et mis en lumière un décalage avec les exigences du très haut niveau. Il apparaît que les dysfonctionnements constatés semblent, dans ce contexte, irréversibles. Au regard de ces éléments, il a été décidé de mettre un terme à la mission de Corinne Diacre à la tête de l’équipe de France féminine », se justifie le comité exécutif dans son communiqué.

En cinq ans et demi à la tête des Bleus, la première femme à avoir entraîné en 2014 une équipe masculine de football professionnel (Clermont Foot 63 en Ligue 2) s’en va sans être parvenue à décrocher un titre. Sous son ère, malgré 52 victoires pour 6 nuls et 6 défaites, les Bleues ont été éliminées en quart de finale de la Coupe du monde 2019 en France et en demi-finale à l’Euro 2022. Malgré un réservoir de joueuses de qualité habituées à remporter la Ligue des champions en club, Corinne Diacre n’a pas su tirer son équipe vers le haut, se distinguant par une communication raide et des conflits avec ses joueuses cadres dont plusieurs ont été écartées durant son mandat.

Si le verdict du Comex est tombé aujourd’hui, cette décision n’est pas vraiment une surprise. Jean-Michel Aulas, président de l’Olympique Lyonnais - club de Wendie Renard, la capitaine des Bleues, la première à avoir annoncé son retrait - avait déjà évoqué «  une situation de non-retour » entre la sélectionneuse et les Bleues dans les colonnes du journal l’Équipe, le 28 février. Composée de Jean-Michel Aulas, Laura Georges, Aline Riera et Marc Keller, tous membres du Comex, la commission spéciale qui a conseillé le limogeage de Corinne Diacre a procédé à l’audition de plusieurs joueuses avant de rendre son rapport.

La sélectionneuse a aussi été auditionnée, mardi 7 mars, durant près de deux heures. Un échange«  constructif et concret », selon son avocat Christophe Ayela. Mercredi 8 mars, l’ancienne capitaine des Bleues, sous contrat jusqu’à l’été 2024, avait décidé de sortir de son silence et de répliquer face au « ​​​​​​​ déchaînement médiatique honteux de ces derniers jours » . «  Je suis pleinement déterminée à mener ma mission à bien et, surtout, à faire honneur à la France lors de la prochaine Coupe du monde  » , avait-elle souligné dans un communiqué, refusant de laisser la main aux frondeuses à la veille d’une réunion décisive pour son avenir. Sa contre-attaque, trop tardive, n’aura donc pas suffi.

L'Humatinale

Du lundi au vendredi, l’actu essentielle décryptée par la rédaction de l’Humanité.

La Fédération doit désormais trouver un successeur à Corinne Diacre, car le prochain match des Bleues, face à la Colombie en amical, se tient dans à peine un mois à Clermont. « ​​​​​​​ Philippe Diallo a demandé à la commission d’auditionner, dans les plus brefs délais, les candidats au poste de sélectionneur et de lui formuler ses recommandations » , précise la FFF. Parmi les potentiels profils, plusieurs noms circulent. Celui de Gérard Prêcheur, actuel entraîneur du PSG féminin, ancien formateur de l’INF Clairefontaine et ex-coach de l’Olympique Lyonnais féminin (2014-2017), tient la corde. Les anciennes joueuses internationales, Sonia Bompastor, actuelle coach de Lyon, Sandrine Soubeyrand aux commandes du Paris FC, sont également en bonne place tout comme Eric Blahic (ex-adjoint de Corinne Diacre).

Si l’avenir de l’équipe de France et le choix d’un successeur restent la priorité de la Fédération, la façon dont ce putsch a été mené n’arrange pas l’image du football français. Maintenant que la FFF a cédé au chantage de trois mutines, un précédent existe désormais, qui pourrait donner des idées à d’autres joueuses dans le futur. L’instance se trouve dans une position d’autant plus inconfortable que Corinne Diacre pourrait décider de ne pas en rester là. Pour essayer de se prémunir d’une telle situation à nouveau, l’instance doit trouver une solution.   « Le Comex a par ailleurs constaté que la manière utilisée par les joueuses pour exprimer leurs critiques n’était plus acceptable dans l’avenir et compte proposer dans la gouvernance de l’Équipe de France féminine une mission complémentaire entre le Comex et le ou la sélectionneur (e)  » , conclut le communiqué de la FFF . Pas sûr que cela suffise…

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Golden Globe Race. L'incroyable parcours de Kirsten Neuschäfer, en route vers l’exploit

Actu

Voile. Seule navigatrice sur seize concurrents au départ de la Golden Globe Race, la Sud-Africaine, en tête de la flotte après avoir doublé le cap Horn, pourrait devenir la première femme à remporter une course autour du monde en solitaire sans escale ni assistance. Récit.

Nicolas Guillermin

Dans un silence médiatique inversement proportionnel à l’immense exploit qu’elle est en train de réaliser, Kirsten Neuschäfer poursuit sa longue route. Unique femme parmi seize skippeurs à avoir pris le départ de la Golden Globe Race, le 4 septembre, des Sables-d’Olonne, la Sud-Africaine occupait la tête, jeudi 9 mars, du tour du monde à l’ancienne en solitaire sans escale, ni assistance.

Après plus de six mois de navigation (184 jours) dans cette épreuve au sextant et à la boussole, sans GPS ni électronique à bord, la navigatrice pourrait entrer dans l’histoire, en cas de retour victorieux, en devenant la première femme à remporter une course autour du monde en solitaire.

Déjà entrée dans les livres d’histoire

Le 15 février, Kirsten Neuschäfer (40 ans) est déjà entrée dans les livres d’histoire en devenant la première femme à doubler le cap Horn en tête, lors d’une circumnavigation en compétition.

Avec environ 300 milles d’avance (555 km) sur l’Indien Abhilash Tomy, positionné plus dans son sud et à l’ouest, Kirsten Neuschäfer mène devant les trois derniers bateaux encore en course, depuis l’abandon de l’Anglais Simon Curwen, le 31 janvier.

Si les deux skippeurs ont laissé derrière eux les quarantièmes rugissants, profitant de conditions plus chaudes et de vents plus légers, le chemin de croix est loin d’être terminé. En début de semaine dernière, alors qu’elle avait une avance de 400 milles sur Abhilash, la Sud-Africaine a subi un front de nord avec des vents de 35 nœuds et des rafales de 50 nœuds, l’obligeant à se mettre à la cape, afin de protéger l’intégrité de son bateau, pour la première fois depuis le début de la course.

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En huitième position dans sa descente de l’Atlantique à l’automne, la skippeuse, qui a accompagné ces dernières années plusieurs expéditions de la BBC dans la péninsule antarctique et en Patagonie, n’a cessé de reprendre du terrain sur ses concurrents. Mais c’est dans l’océan Indien, grâce à de belles trajectoires, que la navigatrice double plusieurs concurrents et, au gré des abandons, prend la deuxième place.

Elle a aussi sauvé Tapio Lehtinen

Au-delà de son sens marin, celle qui, à l’âge de 18 ans, a fait le tour du monde à vélo pendant quatre ans, a aussi fait preuve de beaucoup de sang-froid en sauvant Tapio Lehtinen, le 19 novembre 2022, au large de l’Afrique du Sud.

Cinquième de la Golden Globe Race, il y a quatre ans, le Finlandais voit cette fois son bateau couler en quelques minutes. Le skippeur a tout le juste le temps de déclencher sa balise de détresse, d’enfiler sa combinaison de survie et de monter à bord de son radeau.

Contactée par la direction de course sur son téléphone satellite de sécurité, Kirsten Neuschäfer se déroute, barre toute la nuit et le sauve le lendemain, malgré une houle de 2,5 mètres. Après un bon verre de rhum, elle parvient quelques heures plus tard, au gré de manœuvres périlleuses, à débarquer le naufragé sur un vraquier qui fait cap vers Rizhao en Chine. «  J’ai fait le plein d’adrénaline. C’est quelque chose de spécial de manœuvrer si près d’un gros navire de commerce. Mais tout va bien, explique-t-elle à la direction de course. (…) Pas besoin de félicitations pour ce sauvetage. Tout le monde aurait fait de même pour un autre marin. »

L’impossibilité de se reposer pleinement

Quelques semaines plus tard, dans l’océan Pacifique, elle plonge plusieurs fois pour nettoyer la coque de son bateau, un Cape George 36, une coquille de noix de 10,97 m, conçu avant 1988 comme le veut le règlement. Le lendemain, elle réalise la meilleure distance sur 24 heures avec 185,6 milles (344 km) parcourus, puis sur la semaine (1 129,5 milles, 2 090 km).

Sans pilote automatique à bord, la navigation avec le régulateur d’allure nécessite une vigilance accrue et l’impossibilité de se reposer pleinement. « Je dors par tranches d’une heure pour vérifier que le cap est toujours bon et que le vent n’a pas tourné, nous expliquait-elle en septembre. On sent le mouvement du bateau qui change de direction, ça me réveille » Avant de quitter Les Sables-d’Olonne, elle nous confiait son objectif de victoire : «   J’aimerais gagner, mais surtout, faire de mon mieux.   » Elle ne croyait pas si bien dire. 

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tour du monde à la voileKirsten NeuschäferJournée du 8 marsjournée internationale des droits des femmes
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Face à la réforme, les sportives et les sportifs entrent en piste

Actu

Elles et ils ont porté haut les couleurs de la France, rapporté des titres, des médailles, gravi le perron de l’Élysée ou les marches de leur mairie. Malgré leur parcours au plus haut niveau, la réforme des retraites ne leur rendra toujours pas justice, si elle est appliquée. Les athlètes disent stop !

Éric Serres

Ils ont gagné des titres nationaux, européens, mondiaux ou olympiques dans toutes les disciplines que compte le sport. Et pourtant, ils ne sont pas tous égaux lorsqu’il s’agit de remplir les cases afin d’obtenir le droit à une pension complète. En plein débat sur la réforme des retraites, le Collectif des championnes et champions français, composé de dix membres – notamment Cathy Fleury, Marie-Claire Restoux, Philippe Candeloro ou encore Patrice Martin –, s’est invité dans la discussion afin de dénoncer un droit à la retraite inégal pour les sportifs de haut niveau. À cet effet, il a lancé une pétition le 27 février qui a déjà récolté plus de 2 000 signatures.

Carrières courtes et hachées, voilà en effet le lot de la plupart d’entre eux. Or, ceux-ci ne bénéficient pas tous des mêmes droits selon leurs années d’activité. Si, à partir de 2012, certains ont pu bénéficier de trimestres de retraite gratuits – 16 trimestres au maximum, permettant de valider les années incomplètes –, d’autres, ayant achevé leur carrière avant cette date, se sont vu refuser la rétroactivité. « La décision prise cette année-là était une avancée. Mais nous pensions tous que l’étape suivante serait d’appliquer cela à tout le monde », explique dans les colonnes du Parisien Pascal Éouzan, cofondateur du collectif et quatre fois champion du monde de tumbling. Un peu circonspect, il ajoute : « Nous avons reçu les amendements en janvier. Les sportifs inscrits sur les listes de haut niveau après 2012 peuvent maintenant obtenir 32 trimestres gratuits. Mais pour nous, c’est toujours zéro ! »

Des carrières courtes et pas toujours bien rémunérées

Pas de généralisation, donc, de ce droit à l’ensemble des athlètes. Et pourtant, quelle que soit l’époque, ceux qui ont fait la une des journaux ont, eux aussi, sacrifié une grande partie de leur jeunesse et de leurs études pour atteindre les sommets. Leur carrière était courte – elle l’est toujours – et pas toujours bien rémunérée – c’est encore le cas. Le diagnostic est donc simple à comprendre : ils n’ont pas cotisé suffisamment. Car une fois leur vie sportive achevée, ils n’ont pas tous retrouvé un travail sur la seule présentation de leurs médailles ou de leurs titres. De fait, l’heure venue, ils ne pourront pas bénéficier d’une retraite à taux plein.

L’actuelle réforme ne va rien arranger. « Loin de s’intéresser à leur sort, le projet défendu par le gouver­nement d’Élisabeth Borne ne prévoit aucune amélioration ni aucune création d’un régime spécifique », peut-on lire sur le site de la Fondation Jean-Jaurès. Pis, selon les auteurs, l’éco­nomiste du sport Pierre Rondeau et Richard Bouigue, codirecteur de l’Observatoire du sport : « Il risquerait d’altérer encore plus leur situation. En reculant l’âge légal de départ de deux ans, même pour les carrières longues de celles et ceux qui auraient commencé à travailler avant 20 ans – ce qui est le cas de nombreux sportifs –, on prend le risque de les maintenir plus longtemps dans une condition d’incertitude économique et sociale avant qu’ils puissent bénéficier d’une pension de retraite qui, issue d’une carrière hachée, sera donc décotée. »

L'Humanité

Le PS aborde un Conseil national sous tension

Actu

Législative partielle en Ariège, place du parti au sein de la Nupes... les socialistes n’ont pas soldé les comptes après leur congrès. 

Diego Chauvet

Le parti socialiste va vivre un week-end à haut risque, quelques semaines après son congrès mouvementé. Son conseil national, le premier depuis le fragile accord trouvé à Marseille entre Olivier Faure et Nicolas Mayer-Rossignol, doit se réunir samedi 11 mars pour élire les nouvelles instances dirigeantes du parti (secrétariat national et présidence du conseil national).  

Pour rappel, Olivier Faure a été réélu premier secrétaire du parti socialiste dans un mouchoir de poche (50,83% des suffrages des militants), face à Nicolas Mayer-Rossignol (49,17%).

Deux lignes opposent les deux camps

Deux lignes au coude à coude opposent les deux camps. Celui du premier secrétaire, l’un des artisans de la Nupes et partisan de sa continuité à gauche, face à celui porté par le maire de Rouen qui ne voit qu’un « accord électoral » valable au moment des législatives et aspire à refaire du PS la colonne vertébrale de la gauche. Les socialistes inscrits dans ce courant contestent particulièrement le leadership et la stratégie de Jean-Luc Mélenchon.

Les quatre sujets qui fâchent au Parti socialiste

Après les débats à l’Assemblée nationale sur la réforme des retraites, ces divergences risquent donc de ressurgir lors de la réunion du Conseil national. Il y a deux semaines, une centaine de socialistes proches de Nicolas Mayer-Rossignol, parmi lesquels Carole Delga et Patrick Kanner, ont cosigné une tribune dans Le Monde.

S’ils rejettent la réforme macroniste, ils critiquent la conversion de leur parti à la retraite à 60 ans, âge proposé par la coalition de la Nupes. « Une proposition irréaliste et démagogique », confirme d’ailleurs Lamia El Aaraje, patronne du PS parisien.

L’ex députée socialiste préfère « rouvrir le débat en ne focalisant pas sur l’âge de départ, mais plutôt sur le temps de travail et la possibilité de partir en retraite plus tôt dans certains métiers ».

« La France insoumise ne peut pas être le centre de gravité de la gauche »

Surtout, la bataille parlementaire menée par les insoumis ne passe pas. « On n’a pas gagné en hauteur de vue » déplore-t-elle. « La France insoumise ne peut pas être le centre de gravité de la gauche » insiste encore Lamia El Aaraje, qui voit dans cette séquence parlementaire un « renforcement » des positions du courant de Nicolas Mayer-Rossignol au sujet de l’avenir de la Nupes.

Le conseil national du PS va devoir en outre décider de quatre investitures à des élections législatives partielles. Mais c’est celle qui a lieu dans l’Ariège qui attise déjà les tensions. Nicolas Mayer-Rossignol, numéro 2 du parti, a décidé d’apporter son soutien à la candidate dissidente socialiste Martine Froger, suspendue du PS, face à celle de la Nupes, la députée sortante Bénédicte Taurine.

« Quand on est membre d’une direction, on doit avoir une parole qui correspond à ce qu’est la parole de la direction » avait déjà réagi Olivier Faure sur Public Sénat en début de semaine. La position de la direction est de soutenir, conformément à l’accord de la Nupes la députée sortante.

Soutien possible de candidats dissidents sur plusieurs circonscriptions

Avec une majorité au conseil national, Olivier Faure devrait obtenir sans difficulté cette investiture samedi. Mais les partisans de Nicolas Mayer-Rossignol pourraient passer outre, comme ils l’ont fait lors des législatives de 2022 en soutenant des candidats dissidents sur plusieurs circonscriptions. Lamia El Aaraje fustige Bénédicte Taurine, une « personnalité particulière », qui « a défilé avec des antivax et participé à une initiative du CCIF »…

Certains au PS y voient un « arbre qui cache la forêt », et évoque « des réunions bilatérales un peu dures le lundi ». À travers la législative de l’Ariège, c’est bien la ligne du PS qui est en jeu dans ces tensions persistantes.

Congrès PS : «Cette nouvelle crise traduit tous les conflits de l’ère Hollande »

Et notamment la suite de la Nupes, qui selon les partisans de Nicolas Mayer-Rossignol ne peut pas être l’horizon du parti. « Si la Nupes signifie qu’on l’on aura que 30 députés ad vitam aeternam, on a un problème », résume Lamia El Aaraje. Malgré l’accord de Marseille, le congrès semble se rejouer...

Parti socialisteOlivier FaureNicolas Mayer-RossignolNupes
L'Humanité

Philippe Martinez, (réd)acteur de la lutte

Actu

Le secrétaire général de la CGT a passé le jeudi 9 mars dans les locaux de l’Humanité. Il s’est montré déterminé à poursuivre le combat des retraites, mené par une intersyndicale solide et solidaire.

Marion d'Allard

Tout sourires, pile à l’heure et clope au bec, Philippe Martinez a débarqué ce jeudi matin à l’Humanité. « Je suis bien content de passer cette journée avec vous », lâche le secrétaire général de la CGT, déterminé à prendre à cœur son rôle de rédacteur en chef d’un jour. Une pause fraternelle, dans une période marathon. Il n’avait pas franchi les portes du journal qu’un salarié d’une entreprise voisine, manifestement touché, l’interpelle : « Je peux prendre un selfie avec vous ? Je suis un grand fan. » Philippe Martinez, rompu à l’exercice, s’y prête volontiers. Puis, relevant la tête en souriant, toise le jeune homme : « C’est vrai que vous êtes grand. » Cet humour caustique n’a pas quitté Philippe Martinez de la journée. Y compris au cœur de la conférence de rédaction, lorsque est évoqué le match de rugby Angleterre/France de samedi. « Mince, marmonne-t-il , il va falloir décaler l’heure de la manif. » Les rires n’entameront pas le sérieux de cette réunion qui détermine l’angle des sujets à traiter et leur longueur. Le syndicaliste connaît l’exercice. Il s’y était déjà plié en 2017. Mais, cette fois, il a des revendications : « J’interviendrai moins que la dernière fois. Vous m’aviez exploité. J’ai failli me syndiquer. » Stylo en main, floqué Fnaf CGT –  « il écrit super bien » –, le secrétaire général de la CGT écoute, concentré, aux côtés du sénateur et directeur de l’Humanité Fabien Gay, les sujets qui font l’actu.

« Borne m’a appelé, un dimanche soir. Ça a duré cinq minutes »

Interpellé par une intersyndicale « soudée comme jamais », le président de la République tiendra l’angle de l’article d’ouverture. « C’est sa réforme, c’est lui qui tire les ficelles, lui, l’omniprésent invisible », résume Philippe Martinez. Mais, face à la pression conjuguée de la rue et de l’intersyndicale, l’exécutif a fini par réagir, confie-t-il. « Borne m’a appelé, un dimanche soir. Ça a duré cinq minutes. Voilà leur conception du dialogue », résume le numéro un de la CGT. Loin de l’anecdote, cette séquence est le symptôme d’un « véritable problème démocratique », rajoute Philippe Martinez. « Il n’y a jamais eu autant de mobilisations, les opposants à cette réforme ne sont pas écoutés. » Une bombe sociale à retardement, « une situation incendiaire ». Les sujets s’enchaînent : grève à Airbus, stratégie de la droite sénatoriale, marche pour le climat… Mais pas seulement. Il faut penser à donner la liste des principaux points de rendez-vous des cortèges de samedi. Philippe Martinez relève alors le nez de ses notes et lève le pouce en souriant. Le sens, sans doute, de l’utilité d’un journal de luttes, où « vous êtes parmi ceux qui ne peuvent pas faire formellement grève quand il s’agit de rendre compte d’un mouvement social ».

Au fil des pages, les propositions défilent. Reste à « ranger le journal ». « C’est bien de parler de la paix en pages internationales », tranche le rédacteur en chef d’un jour. Sujet validé. Place à l’écriture, non sans se réserver quelques moments d’échanges privilégiés avec celui qui, dans deux semaines, passera la main à la tête de la Confédération en plein cœur d’un mouvement social historique. Mais le numéro un de la CGT préfère parler au présent, de ses rencontres de terrain, des expériences de vie des salariés qu’il croise, dans la rue ou dans leur entreprise… Un coup de fil l’interrompt : « C’est Laurent Berger, sourit-il , en ce moment, on s’appelle deux fois par jour. » Le temps passe, et, dans un quotidien, souvent, le temps presse. Ce jeudi, Philippe Martinez l’a vécu au rythme du journal de Jaurès. Avec la rédaction de l’Humanité, il aura pris le temps de lever le verre de l’amitié. Et nous nous sommes quittés, en nous souhaitant « bonne lutte ». 

le rédacteur en chef d'un jourphilippe martinez
L'Humanité

Philippe Martinez, (réd)acteur de la lutte

Un jour avec

Le secrétaire général de la CGT a passé le jeudi 9 mars dans les locaux de l’Humanité. Il s’est montré déterminé à poursuivre le combat des retraites, mené par une intersyndicale solide et solidaire.

Marion d'Allard

Tout sourires, pile à l’heure et clope au bec, Philippe Martinez a débarqué ce jeudi matin à l’Humanité. « Je suis bien content de passer cette journée avec vous », lâche le secrétaire général de la CGT, déterminé à prendre à cœur son rôle de rédacteur en chef d’un jour.

Une pause fraternelle, dans une période marathon. Il n’avait pas franchi les portes du journal qu’un salarié d’une entreprise voisine, manifestement touché, l’interpelle : « Je peux prendre un selfie avec vous ? Je suis un grand fan. »

Philippe Martinez, rompu à l’exercice, s’y prête volontiers. Puis, relevant la tête en souriant, toise le jeune homme : « C’est vrai que vous êtes grand. » Cet humour caustique n’a pas quitté Philippe Martinez de la journée.

Y compris au cœur de la conférence de rédaction, lorsque est évoqué le match de rugby Angleterre/France de samedi. « Mince, marmonne-t-il, il va falloir décaler l’heure de la manif. » Les rires n’entameront pas le sérieux de cette réunion qui détermine l’angle des sujets à traiter et leur longueur.

Le syndicaliste connaît l’exercice. Il s’y était déjà plié en 2017. Mais, cette fois, il a des revendications : « J’interviendrai moins que la dernière fois. Vous m’aviez exploité. J’ai failli me syndiquer. »

Stylo en main, floqué Fnaf CGT – « il écrit super bien » –, le secrétaire général de la CGT écoute, concentré, aux côtés du sénateur et directeur de l’Humanité Fabien Gay, les sujets qui font l’actu.

« Borne m’a appelé, un dimanche soir. Ça a duré cinq minutes »

Interpellé par une intersyndicale « soudée comme jamais », le président de la République tiendra l’angle de l’article d’ouverture. « C’est sa réforme, c’est lui qui tire les ficelles, lui, l’omniprésent invisible », résume Philippe Martinez.

Mais, face à la pression conjuguée de la rue et de l’intersyndicale, l’exécutif a fini par réagir, confie-t-il. « Borne m’a appelé, un dimanche soir. Ça a duré cinq minutes. Voilà leur conception du dialogue », résume le numéro un de la CGT.

Loin de l’anecdote, cette séquence est le symptôme d’un « véritable problème démocratique », rajoute Philippe Martinez. « Il n’y a jamais eu autant de mobilisations, les opposants à cette réforme ne sont pas écoutés. » Une bombe sociale à retardement, « une situation incendiaire ».

Les sujets s’enchaînent : grève à Airbus, stratégie de la droite sénatoriale, marche pour le climat… Mais pas seulement. Il faut penser à donner la liste des principaux points de rendez-vous des cortèges de samedi. Philippe Martinez relève alors le nez de ses notes et lève le pouce en souriant.

« C’est Laurent Berger, sourit-il, en ce moment, on s’appelle deux fois par jour. »

Le sens, sans doute, de l’utilité d’un journal de luttes, où « vous êtes parmi ceux qui ne peuvent pas faire formellement grève quand il s’agit de rendre compte d’un mouvement social ».

Au fil des pages, les propositions défilent. Reste à « ranger le journal ». « C’est bien de parler de la paix en pages internationales », tranche le rédacteur en chef d’un jour. Sujet validé.

Place à l’écriture, non sans se réserver quelques moments d’échanges privilégiés avec celui qui, dans deux semaines, passera la main à la tête de la Confédération en plein cœur d’un mouvement social historique. Mais le numéro un de la CGT préfère parler au présent, de ses rencontres de terrain, des expériences de vie des salariés qu’il croise, dans la rue ou dans leur entreprise…

Un coup de fil l’interrompt : « C’est Laurent Berger, sourit-il, en ce moment, on s’appelle deux fois par jour. » Le temps passe, et, dans un quotidien, souvent, le temps presse. Ce jeudi, Philippe Martinez l’a vécu au rythme du journal de Jaurès. Avec la rédaction de l’Humanité, il aura pris le temps de lever le verre de l’amitié. Et nous nous sommes quittés, en nous souhaitant « bonne lutte ». 

L'Humanité

Philippe Martinez, (réd)acteur de la lutte

Un jour avec

Le secrétaire général de la CGT a passé le jeudi 9 mars dans les locaux de l’Humanité. Il s’est montré déterminé à poursuivre le combat des retraites, mené par une intersyndicale solide et solidaire.

Marion d'Allard

Tout sourires, pile à l’heure et clope au bec, Philippe Martinez a débarqué ce jeudi matin à l’Humanité. « Je suis bien content de passer cette journée avec vous », lâche le secrétaire général de la CGT, déterminé à prendre à cœur son rôle de rédacteur en chef d’un jour.

Une pause fraternelle, dans une période marathon. Il n’avait pas franchi les portes du journal qu’un salarié d’une entreprise voisine, manifestement touché, l’interpelle : « Je peux prendre un selfie avec vous ? Je suis un grand fan. »

Philippe Martinez, rompu à l’exercice, s’y prête volontiers. Puis, relevant la tête en souriant, toise le jeune homme : « C’est vrai que vous êtes grand. » Cet humour caustique n’a pas quitté Philippe Martinez de la journée.

Y compris au cœur de la conférence de rédaction, lorsque est évoqué le match de rugby Angleterre/France de samedi. « Mince, marmonne-t-il, il va falloir décaler l’heure de la manif. » Les rires n’entameront pas le sérieux de cette réunion qui détermine l’angle des sujets à traiter et leur longueur.

Le syndicaliste connaît l’exercice. Il s’y était déjà plié en 2017. Mais, cette fois, il a des revendications : « J’interviendrai moins que la dernière fois. Vous m’aviez exploité. J’ai failli me syndiquer. »

Stylo en main, floqué Fnaf CGT – « il écrit super bien » –, le secrétaire général de la CGT écoute, concentré, aux côtés du sénateur et directeur de l’Humanité Fabien Gay, les sujets qui font l’actu.

« Borne m’a appelé, un dimanche soir. Ça a duré cinq minutes »

Interpellé par une intersyndicale « soudée comme jamais », le président de la République tiendra l’angle de l’article d’ouverture. « C’est sa réforme, c’est lui qui tire les ficelles, lui, l’omniprésent invisible », résume Philippe Martinez.

Mais, face à la pression conjuguée de la rue et de l’intersyndicale, l’exécutif a fini par réagir, confie-t-il. « Borne m’a appelé, un dimanche soir. Ça a duré cinq minutes. Voilà leur conception du dialogue », résume le numéro un de la CGT.

Loin de l’anecdote, cette séquence est le symptôme d’un « véritable problème démocratique », rajoute Philippe Martinez. « Il n’y a jamais eu autant de mobilisations, les opposants à cette réforme ne sont pas écoutés. » Une bombe sociale à retardement, « une situation incendiaire ».

Les sujets s’enchaînent : grève à Airbus, stratégie de la droite sénatoriale, marche pour le climat… Mais pas seulement. Il faut penser à donner la liste des principaux points de rendez-vous des cortèges de samedi. Philippe Martinez relève alors le nez de ses notes et lève le pouce en souriant.

« C’est Laurent Berger, sourit-il, en ce moment, on s’appelle deux fois par jour. »

Le sens, sans doute, de l’utilité d’un journal de luttes, où « vous êtes parmi ceux qui ne peuvent pas faire formellement grève quand il s’agit de rendre compte d’un mouvement social ».

Au fil des pages, les propositions défilent. Reste à « ranger le journal ». « C’est bien de parler de la paix en pages internationales », tranche le rédacteur en chef d’un jour. Sujet validé.

Place à l’écriture, non sans se réserver quelques moments d’échanges privilégiés avec celui qui, dans deux semaines, passera la main à la tête de la Confédération en plein cœur d’un mouvement social historique. Mais le numéro un de la CGT préfère parler au présent, de ses rencontres de terrain, des expériences de vie des salariés qu’il croise, dans la rue ou dans leur entreprise…

Un coup de fil l’interrompt : « C’est Laurent Berger, sourit-il, en ce moment, on s’appelle deux fois par jour. » Le temps passe, et, dans un quotidien, souvent, le temps presse. Ce jeudi, Philippe Martinez l’a vécu au rythme du journal de Jaurès. Avec la rédaction de l’Humanité, il aura pris le temps de lever le verre de l’amitié. Et nous nous sommes quittés, en nous souhaitant « bonne lutte ». 

L'Humanité

Christophe… définitivement, portrait spectral du dandy pop

Actu

Cinéma Les artistes et vidéastes Ange Leccia et Dominique Gonzalez-Foerster ont suivi le chanteur en 2002, lors de son retour sur scène après vingt-huit années d’absence.

Clément Garcia

Sur scène, entre ombre et lumière, avec en fond sonore la musique lacrymale du Mépris de Godard, Christophe susurre de sa voix fragile : «  Si je devais vous raconter mon histoire, ce serait beaucoup de titres de films… » Et le Beau ­Bizarre d’égrainer les pièces de son panthéon cinématographique, comme le puzzle d’une vie d’esthète. Christophe et l’image, cela va de soi.

Il y a déjà une gueule, mélange de Français moyen et de dandy pop, qui pourrait résumer sa carrière serpentine : des hit-parades yéyé à la musique expérimentale en passant par les marges du rock, Christophe aura défriché en long et en large le champ musical hexagonal. Il y a ensuite l’appétence revendiquée pour tous les arts, une esthétique pop qui a nourri l’œuvre d’un artiste qui s’est très tôt risqué, à la manière de Rimbaud, à marier les sons et les couleurs, en chantant les Mots bleus.

Dans Christophe… définitivement, un objet filmique que l’on rechigne à qualifier de documentaire, le vidéaste Ange Leccia et l’artiste réalisatrice Dominique Gonzalez-Foerster ont restitué des moments volés et des bribes de concerts, avec leurs à-côtés, que Christophe a donnés à l’orée des années 2000, à l’Olympia comme à Versailles, consacrant son statut d’icône. Voilà qui arrive à point nommé, avant les inévitables biopics ou documentaires hagiographiques que l’on pressent.

L’oiseau nocturne

Car, pour saisir le mystère Christophe, mieux vaut s’en tenir à la métaphore, éviter la linéarité, épouser les méandres du personnage. Tout ce à quoi s’emploient ici les deux réalisateurs, Leccia laissant l’oiseau déployer ses ailes derrière sa caméra furtive, et Gonzalez-Foerster recoupant au montage les différentes séquences pour scénariser ce qui semble de prime abord une somme d’épreuves de tournage.

Pendant les répétitions, sur scène ou dans les loges jusque dans l’appartement mythique du boulevard Montparnasse où l’oiseau nocturne avait fait son nid, Christophe apparaît comme spectral, à la fois diaphane et majestueux, capté dans un camaïeu de violet, des dégradés de rouge, de pourpre et de rose. Des couleurs qui perdent leur kitsch au contact des ambiances sombres dont le chanteur habillait son quotidien. On y découvre un Christophe sourcilleux, pointilleux, ne laissant rien au hasard, admonestant tendrement son entourage de son accent gouailleur de banlieusard, fils d’immigrés italiens, mangeant ses mots, bafouillant un langage saccadé, cherchant le mot juste. Le dernier des Bevilacqua y semble comme hanté par l’enfance et les souvenirs dont ­regorgent les étagères de son ­appartement, un homme sans âge parti à la recherche d’un idéal ­esthétique. L’« œuvre d’art », il la poursuit éperdument. L’expression revient régulièrement, comme pour signifier la quête d’absolu de cet artiste continuellement porté sur l’expérimentation. En montant sur scène, son élocution hachée d’enfant perdu laisse place à la majesté d’une voix fragile et assurée. Une métamorphose fascinante que l’on prend autant plaisir à entendre qu’à voir. C. G.

Chanson françaiseMusiquedocumentairecinéma
L'Humanité

« Le raï exprime à la fois souffrance et exaltation »

Entretien

Musique Avec Mademoiselle, Rodolphe Burger, Sofiane Saidi et Mehdi Haddab célèbrent les noces du blues et du raï sous les auspices d’une sonorité électro-rock. Un album puissant et envoûtant, où plane l’ombre d’un illustre défunt, Rachid Taha.

Clément Garcia

Une civilité un brin désuète pour ce que l’on pourrait appeler un supergroupe : Mehdi Haddab, oudiste virtuose à la renommée internationale ; Sofiane Saidi, figure capitale du raï contemporain, et Rodolphe Burger, le fondateur du groupe Kat Onoma en recherche perpétuelle de nouvelles couleurs musicales. Dans Mademoiselle, les identités sont fusionnées pour un album de feu qui entend faire jouer les correspondances entre le raï, le blues et les sonorités synthétiques. Un projet hanté par le fantôme du plus rock des musiciens français, Rachid Taha. Rodolphe Burger et Sofiane Saidi nous en parlent.

Comment est né le projet Mademoiselle ?

Rodolphe Burger Il y a d’abord la relation entre nous trois. Avec Mehdi, on participe ensemble à des projets depuis quinze ans. Sofiane, c’est un peu plus récent. On a failli se rencontrer dans le cadre du Couscous Clan, un groupe que j’avais monté avec Rachid Taha. Et il se trouve que Rachid était un grand fan de Sofiane. Quand on a fait des concerts du Couscous Clan en hommage à Rachid, Sofiane s’imposait. Sur scène, j’ai pu voir à quel point c’est un chanteur extraordinaire, avec une culture musicale qui est autant raï que rock et électro. On a ensuite eu l’opportunité de faire un concert tous les trois, pendant le festival Banlieues Bleues. Le genre de concert dont on sort en se disant qu’il faut absolument faire un album. Évidemment, on n’avait pas eu le temps de constituer un répertoire en deux jours. On est donc allés dans mon studio en Alsace pour approfondir cette rencontre et fabriquer ce répertoire. Et j’avoue que ça a été une expérience incroyable. On peut parfois avoir des intuitions contredites… Mais là, franchement, c’est allé loin.

Sofiane Saidi Pendant ma résidence à Banlieues Bleues, il était question de proposer un projet. J’avais beaucoup de discussions tardives avec Mehdi autour de quelques verres. On parlait souvent de cette couleur un peu blues qu’on retrouve dans le raï, du lien qui peut unir les deux musiques. Le raï est né d’un climat d’oppression et de domination, dans les champs de vigne où les gens travaillaient pour des colons, étaient payés avec un pain ou une bouteille de lait. J’ai fait le parallèle avec les champs de coton, les esclaves. On s’est dit que si on montait un projet ensemble, il évoquerait ça. Il nous manquait une troisième personne. Pourquoi pas Rodolphe ? Je l’ai appelé et j’avais à peine fini ma phrase qu’il a dit oui.

Et vous, Rodolphe, quels points communs trouveriez-vous entre le raï et le blues ?

Rodolphe Burger J’ai joué il y a quelques jours avec des musiciens ouzbeks. On n’arrivait pas à échanger par la parole, mais dès qu’on jouait du blues, on se retrouvait. C’est absolument dingue ! Je ne dirais pas que c’est un langage universel, mais il y a quelque chose. C’est autant un feeling qu’une forme musicale. Le raï est une musique de cabaret qui exprime à la fois de la souffrance et une exaltation, avec une incroyable sensibilité. C’est une ferveur qui s’enracine au départ dans une souffrance. Il y aurait mille liens à faire. Mais il n’y a pas que du blues dans notre album, même si c’est le trait d’union avec Mehdi et Sofiane.

L’ombre de Rachid Taha plane sur cet album. C’est aussi un hommage que vous avez voulu lui rendre ?

Rodolphe Burger S’il n’y avait pas eu Rachid, il n’y aurait pas eu ce projet. Il se place dans sa descendance. Je compte lui rendre un hommage très sérieux à la prochaine édition de mon festival en Alsace (C’est dans la Vallée, en octobre – NDLR), pour qu’on prenne véritablement la mesure de son apport. Parce qu’il y a le rock, les ponts qu’il a établis entre les musiques du Maghreb, l’électro dont il a été un pionnier en Angleterre avec Steve Hillage… J’ai joué avec Rachid en Angleterre et j’ai bien vu qu’ils ne s’y trompaient pas. Pour eux, il était bien plus qu’un chanteur de world music.

Comment définiriez-vous sa place dans la musique française ?

Rodolphe Burger Défricheur, pionnier, avec la liberté des gens qui ont plusieurs identités. De son bled à Lyon en passant par l’Alsace, il a été une éponge. C’est un autodidacte pétri de toutes sortes de choses, de cinéma, de littérature. Je retiens surtout sa liberté de penser. Il était absolument réfractaire à toute forme d’identification de type communautaire. Quand on l’affiche, ça provoque des réactions et je pense qu’il y a eu une incompréhension en France. C’est flagrant. À sa mort, il n’y a pas eu de déclaration du ministère de la Culture. C’était à la fois choquant et pas surprenant. On n’a pas pris la mesure, je pense, du personnage.

Sofiane Saidi Il n’y a pas eu d’hommage officiel, et j’ai ressenti ça comme une insulte. Pas seulement envers les rebeus, mais aussi envers tous ceux qui aimaient Rachid. Comme si on n’était pas considérés, comme si c’était un sous-artiste, une sous-­musique. On est les enfants d’une histoire passionnelle, terrible, remplie de déchirures, de ruptures, de déceptions, mais on n’a pas fait la guerre et on n’a aucune haine. C’était un raté historique comme il y en a eu plein dans l’histoire de France. Quand on veut réunir les gens, on fait en sorte que les gens se sentent impliqués, considérés. Il n’y a que comme ça qu’on arrive à créer de grandes nations.

On parle de plus en plus d’un retour du raï…

Sofiane Saidi Il ne s’est jamais arrêté en Algérie mais il a muté. Le raï a toujours été influencé par la consommation qu’en font ses musiciens et son public. En France comme en Europe, il avait disparu des radars après Un, deux, trois, soleils (album live interprété par Rachid Taha, Khaled et Faudel, sorti en 1998 – NDLR), puis il y a eu les attentats… J’ai essayé de tenir la baraque en faisant des concerts et des albums. On le voit réémerger aujourd’hui, avec de l’électro comme chez Acid Arab. Ce que j’aime bien dans cette nouvelle génération, qu’on critique sans cesse, c’est qu’elle est devenue plus curieuse. Elle ne considère pas cette musique comme étrangère, comme de la musique du monde. Elle prend ça pour de la musique de France qui fait partie de son environnement, et basta !

rachid taharodolphe burgerMusique
L'Humanité

L’art de prendre le monde par tous les bouts

Nos recommandations culturelles

Un chant épique qui coule tel un fleuve en crue, jailli d’une narratrice à qui sont distribués tous les rôles possibles et imaginables.

Muriel Steinmetz

Après la Semaine perpétuelle, un premier roman très remarqué (mention spéciale du jury du prix Wepler 2021), Laura Vazquez s’est lancée dans ce qu’elle nomme une « épopée en vers ». Elle a amassé des documents en nombre, écrits sur son téléphone portable. Cela donne un texte au souffle long, qui coule tel un fleuve en crue. Il est en cinq parties, découpées en sous-sections dûment titrées.

Cela se lit comme un chant épique, au fil de l’exploration-découverte du monde en gros et en détail, par tous les bouts (actions, gestes, aventures). Elle y révèle « le grand visage général », « les différents âges de la vie » ou son propre doigt, qu’elle a coupé pour mieux lui parler !

La plume de Laura Vazquez se mue en un microscope ultrapuissant

Le style, d’étrangeté familière sans volonté affichée de surprendre, est poétique au sens fort. Le grand tout du monde est là, sans vrai personnage mais avec une narratrice surprise, sage ou folle, jeune ou mûre, inquiète ou malade. Elle croise, tour à tour ou en même temps, son propre reflet, des femmes de tous âges, une ombre, des parties de son propre corps, la lumière, les tombes d’un cimetière, les couleurs et les sons, des sphères géantes, et d’autres miniatures, un crâne d’enfant, l’intérieur d’une pieuvre et des dents auxquelles le dentiste donne à chacune un prénom…

Le clavier et la plume de Laura Vazquez se muent en un microscope ultrapuissant, qui fait le point sur « molécules » et « atomes », les temps présents et les millénaires écoulés, la pluie et les rides. Elle écrit que « toutes les choses naturelles ont l’air d’applaudir » et l’on sent que la poésie s’impose alors au cœur du monde. « Je me suis calmée avec un marteau sur mon crâne », écrit-elle. Elle peut observer du même œil un coq, un ­village ou une veine, le pain et la merde, tout en se ­posant la question du premier meurtre comme du premier mot humain. Familière ou retournée comme un gant, la langue joue avec les proverbes, interjette appel, prend à partie le lecteur  (« t’as capté ? »), manie le paradoxe à plein régime.

Chez Laura Vazquez, l’usage du français s’avère littéralement inouï. Le livre s’achève par des mots qui s’effacent peu à peu, en passant du noir au blanc ; fugace matérialité de la lettre… M. S.

printemps des poètes
L'Humanité

Philippe Martinez, (réd)acteur de la lutte

Un jour avec

Le secrétaire général de la CGT a passé le jeudi 9 mars dans les locaux de l’Humanité. Il s’est montré déterminé à poursuivre le combat des retraites, mené par une intersyndicale solide et solidaire.

Marion d'Allard

Tout sourires, pile à l’heure et clope au bec, Philippe Martinez a débarqué ce jeudi matin à l’Humanité. « Je suis bien content de passer cette journée avec vous », lâche le secrétaire général de la CGT, déterminé à prendre à cœur son rôle de rédacteur en chef d’un jour.

Une pause fraternelle, dans une période marathon. Il n’avait pas franchi les portes du journal qu’un salarié d’une entreprise voisine, manifestement touché, l’interpelle : « Je peux prendre un selfie avec vous ? Je suis un grand fan. »

Philippe Martinez, rompu à l’exercice, s’y prête volontiers. Puis, relevant la tête en souriant, toise le jeune homme : « C’est vrai que vous êtes grand. » Cet humour caustique n’a pas quitté Philippe Martinez de la journée.

Y compris au cœur de la conférence de rédaction, lorsque est évoqué le match de rugby Angleterre/France de samedi. « Mince, marmonne-t-il, il va falloir décaler l’heure de la manif. » Les rires n’entameront pas le sérieux de cette réunion qui détermine l’angle des sujets à traiter et leur longueur.

Le syndicaliste connaît l’exercice. Il s’y était déjà plié en 2017. Mais, cette fois, il a des revendications : « J’interviendrai moins que la dernière fois. Vous m’aviez exploité. J’ai failli me syndiquer. »

Stylo en main, floqué Fnaf CGT – « il écrit super bien » –, le secrétaire général de la CGT écoute, concentré, aux côtés du sénateur et directeur de l’Humanité Fabien Gay, les sujets qui font l’actu.

« Borne m’a appelé, un dimanche soir. Ça a duré cinq minutes »

Interpellé par une intersyndicale « soudée comme jamais », le président de la République tiendra l’angle de l’article d’ouverture. « C’est sa réforme, c’est lui qui tire les ficelles, lui, l’omniprésent invisible », résume Philippe Martinez.

Mais, face à la pression conjuguée de la rue et de l’intersyndicale, l’exécutif a fini par réagir, confie-t-il. « Borne m’a appelé, un dimanche soir. Ça a duré cinq minutes. Voilà leur conception du dialogue », résume le numéro un de la CGT.

Loin de l’anecdote, cette séquence est le symptôme d’un « véritable problème démocratique », rajoute Philippe Martinez. « Il n’y a jamais eu autant de mobilisations, les opposants à cette réforme ne sont pas écoutés. » Une bombe sociale à retardement, « une situation incendiaire ».

Les sujets s’enchaînent : grève à Airbus, stratégie de la droite sénatoriale, marche pour le climat… Mais pas seulement. Il faut penser à donner la liste des principaux points de rendez-vous des cortèges de samedi. Philippe Martinez relève alors le nez de ses notes et lève le pouce en souriant.

« C’est Laurent Berger, sourit-il, en ce moment, on s’appelle deux fois par jour. »

Le sens, sans doute, de l’utilité d’un journal de luttes, où « vous êtes parmi ceux qui ne peuvent pas faire formellement grève quand il s’agit de rendre compte d’un mouvement social ».

Au fil des pages, les propositions défilent. Reste à « ranger le journal ». « C’est bien de parler de la paix en pages internationales », tranche le rédacteur en chef d’un jour. Sujet validé.

Place à l’écriture, non sans se réserver quelques moments d’échanges privilégiés avec celui qui, dans deux semaines, passera la main à la tête de la Confédération en plein cœur d’un mouvement social historique. Mais le numéro un de la CGT préfère parler au présent, de ses rencontres de terrain, des expériences de vie des salariés qu’il croise, dans la rue ou dans leur entreprise…

Un coup de fil l’interrompt : « C’est Laurent Berger, sourit-il, en ce moment, on s’appelle deux fois par jour. » Le temps passe, et, dans un quotidien, souvent, le temps presse. Ce jeudi, Philippe Martinez l’a vécu au rythme du journal de Jaurès. Avec la rédaction de l’Humanité, il aura pris le temps de lever le verre de l’amitié. Et nous nous sommes quittés, en nous souhaitant « bonne lutte ». 

L'Humanité

Michelle Perrot : « L’histoire des femmes renouvelle le regard sur l’histoire »

La rencontre

En s’intéressant aux ouvriers, aux marges, aux femmes, l’historienne Michelle Perrot a renouvelé sa discipline, l’a enrichie de nouvelles approches et de nouvelles sources. Cette pionnière revient sur son parcours et sa vision des luttes actuelles.

Kareen Janselme

C’est l’histoire d’une femme à laquelle l’histoire doit beaucoup. Michelle Perrot défricha, la première, dans un cours mémorable organisé après 1968, à l’université de Jussieu, l’histoire des ouvriers, des marges, et bien sûr des femmes : « Les femmes ont-elles une histoire ? » À 94 ans, cette précurseuse revient sur son parcours et les combats contemporains dans « le Temps des féminismes » (Grasset), une analyse recueillie par son ancien élève Eduardo Castillo.

Vous n’êtes pas issue du monde ouvrier. Pourtant, c’est ce champ d’étude que vous choisissez dès le départ. Pourquoi ?

Je venais d’un christianisme qui avait mis les pauvres au centre de sa réflexion et qui parlait aussi du monde ouvrier. Dans les années de mon enfance, pendant la guerre – car il ne vous échappera pas que je suis née en 1928 –, est paru un livre de l’abbé Godin qui s’appelait « la France, pays de mission ? » La mission, c’était le monde ouvrier, qui ne connaissait pas Dieu, donc qui était forcément malheureux…

Les prêtres ouvriers figuraient pour moi ce qu’il fallait faire. J’en avais même parlé à un aumônier, qui m’avait expliqué que ça n’existait pas pour les femmes. Je suis devenue, ce qu’on appelait à l’époque, une chrétienne progressiste.

Je suis allée ensuite à la Sorbonne, une période formidable de ma vie. Il y avait un grand professeur, Ernest Labrousse, qui a introduit en France l’histoire économique et sociale. En 1946, il y avait beaucoup d’étudiants et les questions sociales étaient fondamentales autour de la reconstruction de la France, de l’industrialisation, de la classe ouvrière, du Parti communiste. Les amphis étaient pleins. Labrousse faisait un cours sur le mouvement ouvrier et les idées socialistes en France, Saint-Simon, Fourier, Cabet. C’était tout à fait enthousiasmant.

J'ai proposé à Ernest Labrousse de faire quelque chose sur le féminisme. Il a ri gentiment. Un peu désarmé, il m’a dit que ce serait plus intéressant si j’acceptais de travailler sur les grèves sous la monarchie de Juillet, car il n’existait pas grand-chose.»

Quand est venu le moment de faire le diplôme, qui correspond au master maintenant, je suis allée voir Labrousse. Simone de Beauvoir venait de publier « le Deuxième Sexe », en 1949. Je lui ai proposé de faire quelque chose sur le féminisme. Il a ri gentiment. Un peu désarmé, il m’a dit que ce serait plus intéressant si j’acceptais de travailler sur les grèves sous la monarchie de Juillet, car il n’existait pas grand-chose.

Ça me correspondait très bien. J’ai ensuite passé l’agrégation, puis j’ai enseigné au lycée de jeunes filles de Caen. Je me suis mariée. Je n’ai passé ma thèse qu’en 1971. Mais j’étais aussi assistante à la Sorbonne et, avec Jean Maitron, nous avons lancé ce qui est toujours la première revue d’histoire sociale « le Mouvement social ».

Histoire. Explorez un continent de luttes et d’espoir

Dans votre carrière, vous avez étudié les marges : les prisonniers, les enfants des rues, les Apaches de Paris. Est-ce que votre recherche sur les femmes s’inscrivait dans cette volonté de faire parler celles qui n’existaient pas ?

Sans doute, mais ce qui a été déterminant, c’est le mouvement de libération des femmes. 1968, j’y étais très engagée. J’étais assistante à la Sorbonne, on se réunissait dans les amphis, j’allais dans les manifs. On parlait alors très peu des femmes.

Aux États-Unis, il y avait le Women’s Lib. En France, le Mouvement de libération des femmes s’est organisé. À ce moment-là, se créaient les universités nouvelles comme Vincennes et Jussieu. Avec d’autres de mes collègues, je me suis engagée à Jussieu, qui est devenu un centre du féminisme. C’était extrêmement vivant, très libre. Nous avons créé un groupe d’études féministes, en 1975, avec mon amie Françoise Basch. Et avec deux plus jeunes collègues, nous avons décidé de lancer le premier cours sur les femmes en 1973. Il s’intitulait : « Les femmes ont-elles une histoire ? »

Avec deux plus jeunes collègues, nous avons décidé de lancer le premier cours sur les femmes en 1973. Il s’intitulait : « Les femmes ont-elles une histoire ? »

La première année de ce cours, nous ne savions absolument pas comment faire. Nous avons commencé par demander à nos collègues sociologues : Andrée Michel a été la première à ouvrir le cours. Au deuxième semestre, nous avons sollicité nos collègues historiens, Jacques Le Goff, Emmanuel Le Roy Ladurie, Pierre Vidal-Naquet… Ils ne s’étaient pas tellement posé la question mais ils ont joué le jeu.

Au bout d’une année, nous nous sommes dit que nous allions prendre les choses en main. La démographie historique était en plein essor à ce moment-là. Mais on pouvait très bien avoir des données sur le mariage, les naissances et les enfants, l’espacement entre les naissances… sans se poser la question des femmes. Nous nous la sommes posée en reprenant les données des démographes historiens. Par exemple : à quel âge les femmes se mariaient ? On trouvait des réponses et on a pu commencer à approcher la condition des femmes.

En créant ce cours à partir de rien, vous avez aussi cherché d’autres sources historiques…

Les sources pour les femmes sont forcément dissymétriques. Pourquoi ? À partir de l’époque grecque, les historiens ont commencé à faire de l’histoire publique : les guerres, les règnes, le pouvoir. Et les hommes au centre de tout ça. Le privé n’intéresse pas l’histoire grecque, ni les historiens.

Même au XIXe siècle, quand l’histoire commence à s’organiser comme une discipline académique, « scientifique », c’est toujours la même chose.

La vie privée n’existe pas, ce n’est pas un sujet d’histoire. On n’enregistre pas grand-chose non plus. Il y a donc un déficit de sources et un déficit de regard. À partir du moment où vous posez la question, vous allez trouver beaucoup plus de choses. C’est comme pour la démographie.

Traiter de la vie privée, c’est regarder les familles, donc les hommes, les femmes, les enfants. »

Dans les années 1970-1980, l’histoire elle-même se renouvelle. L’histoire des femmes contribue d’ailleurs à renouveler le regard sur l’histoire. Georges Duby lance avec Philippe Ariès une « Histoire de la vie privée ». J’en ai d’ailleurs dirigé le volume sur le XIXe siècle.

Traiter de la vie privée, c’est regarder les familles, donc les hommes, les femmes, les enfants. Dès qu’on cherche autrement, on trouve d’autres sources, et surtout on fait entrer dans l’histoire des sources privées, des correspondances par exemple, auxquelles les gens ne s’intéressaient pas jusque-là. Notamment en ce qui concerne les femmes, les journaux intimes, les autobiographies. Les questions que l’on pose, le regard sur le temps changent la manière d’écrire l’histoire.

Quand vous êtes-vous sentie féministe ?

Je me suis sentie féministe en pointillé. J’ai rencontré des hommes qui m’ont soutenue : mon père, Labrousse. Ma mère me poussait aussi. Personnellement, je n’ai pas souffert, mais je me rendais compte d’une quantité de petites choses. L’agrégation féminine d’histoire que j’ai passée au lycée Victor-Duruy, sans public. Les hommes la passaient à la Sorbonne, face à un jury présidé par le grand historien Fernand Braudel, avec un public nombreux.

Simone de Beauvoir ouvrait la voie. Non seulement, elle passait des concours, mais, en plus, elle voulait écrire et elle publie un livre sur les femmes. Ça a été pour moi très important. »

Là, je me suis dit, il y a les torchons et les serviettes. Et puis, parallèlement, en 1949, Simone de Beauvoir publie « le Deuxième Sexe ». C’était une jeune femme émancipée, qui avait passé l’agrégation de philosophie. Moi, je n’avais pas encore passé mon agrégation d’histoire. Elle ouvrait la voie. Non seulement, elle passait des concours, mais, en plus, elle voulait écrire et elle publie un livre sur les femmes. Ça a été pour moi très important. « On ne naît pas femme, on le devient » : le devenir femme. Tout ça me rendait féministe. Mais ce sont véritablement les années 1970 et le Mouvement de libération des femmes qui m’ont fait adhérer au féminisme.

Pensez-vous que les mouvements sociaux et le mouvement féministe se rejoignent aujourd’hui ?

Je pense qu’en effet, il y a à la fois plus de femmes et plus d’intérêt pour les femmes. Les mouvements sociaux de gauche, les partis, les syndicats regardent davantage du côté des femmes. Mais il ne faut pas oublier comment Nicole Notat, secrétaire générale de la CFDT, s’est fait injurier pendant les grèves de 1995. Ce n’était pas facile d’être une femme syndicaliste encore dans ces années-là. Il y avait une espèce de virilité des syndicats.

On pourrait remonter plus loin. Avant 1914, le mouvement ouvrier est proudhonien. Proudhon est profondément misogyne, comme l’exprime sa fameuse formule : « La femme ne peut être que ménagère ou courtisane. » Tous les ouvriers, naturellement, ne pensaient pas comme ça, mais il y avait l’idée très forte qu’un ouvrier a besoin d’une bonne ménagère, donc, la femme travaillera peut-être, mais par des travaux d’appoint, garder des enfants, faire une lessive…

Avant 1914, le mouvement ouvrier est proudhonien. Proudhon est profondément misogyne, comme l’exprime sa fameuse formule : « La femme ne peut être que ménagère ou courtisane. »

Tout de même, la gauche socialiste et communiste a été plus ouverte aux droits des femmes que la droite. Incontestablement. En 1936, Léon Blum est profondément convaincu qu’il faut que les femmes votent. Mais dans sa coalition socialistes-communistes-radicaux, les trois n’en font pas leur priorité. Il nomme tout de même trois femmes secrétaires d’État : Joliot-Curie communiste, Lacore socialiste, Brunschvicg radicale. 

Alors, c’est vrai, ce qui se passe depuis quelque temps est tout à fait différent. On voit la question des femmes s’affirmer davantage, tant dans les organisations qu’à la base. Mais il n’est pas étonnant que nous nous heurtions parfois encore à cette domination masculine, parce que c’est une structure de la société.

Ce n’est pas un épiphénomène. C’est là d’ailleurs où le féminisme et le marxisme d’Engels sont en divergence. Parce que Engels, dans son célèbre livre « l’Origine de la famille, de la propriété privée et de l’État », adhère à l’anthropologie de son temps, qui dit qu’à l’origine il y avait le matriarcat. Engels le pense, adhère à ça, et dit que ce qui a causé « la grande défaite du sexe féminin », c’est le capitalisme.

Donc, il faut faire la révolution sociale, et la révolution sexuelle viendra après. C’est là où il y a une différence profonde, au fond, entre le féminisme et le marxisme de l’époque. Le féminisme dit qu’il n’y a pas uniquement du social, il y a justement ce que nous appellerions aujourd’hui les questions du genre.

L’anthropologue Françoise Héritier parlait de l’IVG comme d’une « révolution copernicienne ». Pensez-vous que #MeToo en est aussi une ?

Je pense que la vraie révolution copernicienne est quand même l’IVG. « Un enfant si je veux, quand je veux, comme je veux » : ça change tout. Passer de l’enfant subi à l’enfant choisi, c’est une révolution pour les femmes, mais pour les enfants aussi. C’est très, très important, ça change la sexualité, ça change les rôles dans le couple.

Je verrai #MeToo comme un prolongement de cela, dans le même axe, car le corps est toujours au centre. C’est un peu comme si la frontière de l’intimité était étendue. Les femmes de #MeToo disent : mon corps est à moi, bas les pattes, bas votre regard.

Un retour en arrière est toujours possible. Il faut se méfier. »

Elles refusent tout ce qui a fait que le corps des femmes a été souvent approprié. #MeToo est un événement considérable, dont la diffusion est liée aussi aux moyens de communication. Les femmes ont su s’en emparer. Je verrais ça dans une continuité. 

Mais un retour en arrière est toujours possible. Il faut se méfier. Je ne pense pas qu’une Marine Le Pen reviendrait sur le droit à l’avortement. L’opinion française réagirait. Mais, dans beaucoup de pays, comme aux États-Unis, les républicains, les évangélistes reviennent sur les droits des femmes. En Italie aussi. Dans le monde actuellement, malheureusement, il y a une évolution à droite, et à l’extrême droite, qui risque de remettre en cause tout ce que les femmes ont conquis pour l’égalité.

michelle perrotdroit des femmesFéminisme
L'Humanité

Les brocantes de l’histoire

Chronique

Nicolas Offenstadt

On se représente souvent l’historien au travail en bibliothèque, lisant des sources anciennes, ou dans les archives, avec des cartons et des séries bien identifiées que l’on « dépouille », selon le jargon, avec régularité. C’est assurément une part importante du métier. Mais aujourd’hui les historiens aiment aussi tenter des exercices plus périlleux, faire jouer leurs émotions et le hasard dans la construction de « leurs sources », de leur matière première. Ainsi, les historiens chineurs, amateurs de brocantes – dont je suis –, écrivent l’histoire avec des documents trouvés au hasard de leurs déambulations. Certains en recherchent d’un type particulier, d’autres se fixent un cadre méthodologique pour leur quête parmi les vide-greniers. D’autres encore se laissent happer par les découvertes. Le dossier d’un banquier du XIXe siècle acheté dans un marché de livres anciens à Paris, des photographies familiales glanées dans une brocante de Tel-Aviv, une correspondance amoureuse pendant la guerre d’Algérie trouvée dans une autre à Paris ont servi de matériaux à des chercheur·es.

On voit bien que le « protocole » de travail n’est plus exactement le même qu’assis sur sa chaise en attendant l’arrivée du carton ou du document d’archive. Il y a la déambulation et l’attente de la découverte, l’excitation à parcourir le dossier de bric et de broc sur l’étal. Et parfois l’incertitude : je prends, je ne prends pas, je négocie le prix ? Cet été à Naumbourg, une ville de Saxe-Anhalt connue pour sa cathédrale et sa statuaire médiévale exceptionnelle, je m’attarde à la brocante autour de petits objets quand je suis attiré par un dossier au vert passé, rempli de documents depuis l’entre-deux-guerres jusqu’aux années 1960 : ceux d’Hermann F. (né en 1905), membre du Parti communiste (SED) à Gera (en Thuringe) du temps de la RDA. J’hésite et, comme j’achète d’autres objets, le vendeur me le met dans le lot pour quelques euros de plus. Je me réjouis. Ce qui est fascinant dans un tel dossier de quelques centimètres d’épaisseur, c’est la cohabitation de papiers de nature et d’époque très variées : des carnets de comptes des années 1930, des lettres, des papiers politiques, des notes et factures diverses, des actes administratifs, des plans de construction… On aimerait répondre à tout : pourquoi ceux-là, pourquoi seulement ceux-là, qui a classé, sélectionné ? Quelles vies ont vécu les documents avant de se retrouver tous ensemble ici, comme des convives de hasard ?

Comme tous les candidats puis membres du Parti communiste, Hermann F. a rédigé son autobiographie. Son dossier en contient plusieurs versions. Je découvre toute une histoire militante allemande laissée ici à l’abandon des brocantes. Fils de tisserand – dans un centre de l’industrie textile – devenu maçon, le jeune Hermann s’engage dans les Jeunesses socialistes puis adhère au SPD et milite dans les syndicats. Inquiété par les Nazis, il passe entre les gouttes, mais sert dans la Wehrmacht. Fait prisonnier, il appartient au comité antifasciste de son camp, à Sébastopol, et travaille en tant que maçon en Crimée, avant de connaître une ascension sociale en RDA comme beaucoup de fils d’ouvriers. Il finit ingénieur et membre du conseil de district. Dans les formations du Parti, on apprend qu’il n’est pas bien doué en philosophie…

Il serait bien sûr possible de prolonger les recherches et de donner un cadre plus large à ce dossier, à la vie d’Hermann F., avec les archives du Parti de Gera, avec celles de la sécurité d’État et bien d’autres pistes. L’historien reviendrait alors à des chemins mieux assurés. Je le ferai peut-être. Allez, je viens d’écrire aux archives de Gera.

Nicolas Offenstadt
L'Humanité

1933, l’Allemagne bascule dans la terreur

Actu

Nazisme Le 27 février, l’incendie du Reichstag, bâtiment où siège le Parlement, marque un tournant. Le pouvoir hitlérien, qui vient de s’installer, attribue cet acte aux communistes afin de lancer une terrible répression et d’ouvrir la voie à la dictature.

Jean-Numa Ducange

Le 30 janvier 1933, Adolf Hitler accède à la chancellerie, à Berlin. Il est appelé par le président de la République élu en 1925 et réélu en 1932, le maréchal Hindenburg. En quelques mois, les nazis (« les nationaux-socialistes ») vont éliminer leurs oppositions politiques, de diverse nature. Ils prennent un soin particulier à lutter contre les sociaux-démocrates (SPD) et surtout à éliminer les communistes (KPD), qui étaient alors encore fortement implantés dans la société allemande.

Les communistes, accusés de fomenter un coup d’État

Le 27 février, l’incendie du Reichstag (le Parlement allemand) marque un tournant. Immédiatement, les autorités attribuent l’incendie aux communistes, accusés de fomenter un coup d’État. Un jeune militant, sympathisant « communiste » (pas au sein du Parti communiste, mais d’une mouvance dissidente) d’origine néerlandaise, Marinus Van der Lubbe, est arrêté. Il sera jugé et exécuté en janvier 1934.

1933 : Hitler prend le pouvoir

Bien qu’il n’ait aucun lien direct avec le KPD, les nazis persistent et signe : d’après eux, ce sont bien les communistes qui ont incendié le Parlement. Pourtant, les autorités doivent essuyer certains revers. En accusant à tort le communiste bulgare Georgi Dimitrov d’être mêlé à l’incendie, ils déclenchent une immense campagne internationale de solidarité avec ce dernier, qui est finalement relaxé. Le 5 mars 1933, à l’occasion de législatives organisées dans un climat de pression et de terreur, les nazis ne parviennent à regrouper « que » 44 % des voix. Le SPD réunit encore 18 % des électeurs et les communistes 12 % ; des scores encore très élevés au regard du contexte.

Des arrestations ciblées, visant les dirigeants du SPD et du KPD

Comment expliquer alors la consolidation du pouvoir hitlérien dans le pays où existaient de puissants partis socialiste et communiste ? Les autorités ne pouvaient évidemment pas éliminer les millions d’électeurs qui accordaient encore leur confiance au SPD ou au KPD. Aussi les nazis procédèrent-ils à des arrestations ciblées, visant les dirigeants de ces organisations à tous les niveaux. En quelques mois, ce sont des dizaines de milliers de cadres qui sont pourchassés ou mis hors d’état de nuire. Ainsi, juste après la première nuit de l’incendie du Reichstag, 4 000 permanents du KPD sont arrêtés, même si le parti n’est pas encore formellement interdit. Puis le démantèlement quasi total des appareils en quelques semaines provoque un effondrement des capacités de mobilisation des organisations d’opposition.

Effrondrement des puissantes forteresses ouvrières

Si l’on ajoute à cela la stratégie suicidaire de la direction du KPD, renvoyant presque systématiquement dos à dos sociaux-démocrates et nazis, et les louvoiements de la social-démocratie (qui a appelé, certes la mort dans l’âme, à voter Hindenburg pour empêcher Hitler de gagner), on comprend mieux comment, en quelques mois, ce qui apparaissait comme de puissantes forteresses ouvrières s’écroule comme un château de cartes. Rien ne peut arrêter ensuite la marche à la dictature : après quelques mouvements contraires, les mois qui suivent voient se multiplier les mesures d’interdiction, mettant hors la loi de facto toute activité sociale-démocrate ou communiste.

Pour Hitler, il fallait mettre fin à « novembre 1918 »

L’incendie du Reichstag a beaucoup marqué les consciences. Il est le symbole de la destruction du parlementarisme allemand, déjà fragilisé depuis plusieurs années. Mais, au-delà de l’événement lui-même, la destruction du mouvement ouvrier menée par les autorités nazies au lendemain de l’événement montre quel était le premier grand projet hitlérien : se débarrasser d’organisations politiques qui auraient pu, théoriquement, si elles avaient été unies, entraver l’arrivée au pouvoir du Führer, ou tout du moins limiter le chemin qui le mène aux pleins pouvoirs.

Hitler n’avait de cesse de le répéter depuis son célèbre Mein Kampf (1925) : il fallait mettre fin à « novembre 1918 ». Il renvoyait ainsi bien sûr à la défaite militaire et à l’humiliation nationale. Mais aussi à l’accession de la social-démocratie au pouvoir et à la multiplication d’expériences politiques issues des conseils ouvriers (les « soviets », Räte en allemand), qui visaient à refondre l’Allemagne sur de nouvelles bases. Or ces aspirations démocratiques et révolutionnaires, qui furent des réalités tangibles pendant plusieurs années, horripilaient les nazis.

Anéantir les organisations se réclamant du socialisme

Une fois à la chancellerie, Hitler se donne donc les moyens d’éliminer toute résurgence possible de contestations susceptibles de provoquer un nouveau « novembre 1918 ». L’incendie du Reichstag fut pour lui le prétexte idéal pour accélérer son projet d’anéantissement des organisations ouvrières se réclamant du socialisme. Conscients des rapports de forces, les nazis voulaient rendre impossible l’émergence d’un puissant mouvement susceptible de remettre en question l’ordre politique et social sur de tout autres bases que les leurs.

Allemagnehitlernazismereichstag
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En urbex dans les mines de Mansfeld-Eisleben

Chronique

Nicolas Offenstadt

La région de Mansfeld-Eisleben, dans le Land de Saxe-Anhalt, est connue pour être un berceau de la Réforme, car Luther y est né et y a grandi. Il meurt à Eisleben en 1546. Ce fut aussi la région de l’exploitation du schiste cuivreux. Le père du réformateur fut mineur puis maître fondeur en son temps. Toutes les villes et villages vécurent ici au rythme des mines et de l’industrie, le paysage est encore parsemé de terrils. Ce fut une terre révolutionnaire, où le Parti communiste allemand était bien implanté, et où Max Hoelz, le « Robin des bois rouge », mena l’insurrection en 1921. À l’époque de la RDA, la production du minerai – le cuivre sert notamment pour les pièces électriques – ne cesse d’augmenter jusqu’au début des années 1960. Puis progressivement les filons s’épuisent, les puits ferment.

Les mines, fonderies et autres activités sont rassemblées au sein d’un grand combinat qui comprend encore quelque 25 000 travailleurs dans les années 1970. Il a son siège sur la place centrale d’Eisleben, devant la statue de Luther. Le combinat comprenait aussi des usines de traitement du minerai, dont celle nommée August-Bebel – père fondateur de la social-démocratie – à Helbra, qui produisit, à partir des scories, différents types de pavés et de revêtements largement utilisés dans toute l’Allemagne.

Aujourd’hui la région, sinistrée dans les années d’unification, est parcourue de friches, même si bien des bâtiments des mines ont été détruits ou réhabilités pour de nouvelles activités, plus ou moins pérennes. Mais le puits « Hanns-Seidel » à Helbra, du nom d’un communiste assassiné par les nazis, paraît bien vide et silencieux malgré le projet de transformer les lieux en parc de panneaux solaires. Il a cessé l’extraction en 1958 et fut coulé en 1971-1972, avant d’être utilisé pour d’autres tâches.

J’hésite à l’arpenter car des panneaux l’interdisent clairement et puis des baraquements montrent une activité très contemporaine autour des restes du terril. En urbex, il faut aussi savoir vaincre ses hésitations. La visite fut très riche, notamment car il restait, intacte, une « salle des pendus », celle où les mineurs suspendaient leurs vêtements de ville avant de revêtir leur tenue de travail. Un lieu de mémoire caché.

urbexAllemagne
L'Humanité

« Quel avenir, si on ne se mobilise pas ? »

Actu

Les jeunes s’étaient donné rendez-vous, le jeudi 9 mars, pour prendre leur part du mouvement contre la réforme des retraites. Dans la manifestation parisienne, la colère dépassait largement cette seule question.

Olivier Chartrain

Devant la gare Saint-Lazare, ce jeudi, le ton est donné avant même le départ de la manifestation, à l’appel des organisations de jeunesse (Unef, Fage, l’Alternative, la Voix lycéenne, Jeunes communistes, Jeunes écologistes, Jeunes socialistes, Jeunes insoumis…). Aux couleurs de la Coordination interfacs d’Île-de-France, la banderole de tête proclame : « Étudiant·e·s et salarié·e·s en grève pour tout bloquer. » Signe d’une mobilisation qui veut s’ancrer dans la jeunesse, malgré des débuts hésitants.

Depuis le 7 mars, le nombre de jeunes manifestants, comme la hausse des AG et des blocages dans les lycées et les universités, constitue un signe encourageant. Ce jeudi, ce sont les étudiants en architecture qu’on ne peut pas manquer. Venus en nombre et en colère, derrière une banderole qui fait de l’École nationale supérieure d’architecture (Ensa) une « École nationale sans avenir ». Parmi eux, Lisa ne se fait pas prier pour résumer la situation : « On étudie dans des conditions déplorables, dans des locaux insalubres, délabrés, sans accès aux restaurants universitaires. Avec la culture de la “charrette’’ (travailler intensément – NDLR) , on ne dort pas, tout ça finit par avoir des conséquences sur notre santé. Nos enseignants sont souvent des contractuels très mal payés… » On ne l’arrête plus : « Quel avenir pour nous si on ne se mobilise pas ? Pour avoir une retraite, il faut déjà avoir un travail ! »

Chez nombre de jeunes présents, la problématique de la réforme des retraites ne vient pas seule. Baptiste manifeste tout en distribuant des flyers du collectif Dernière Rénovation : « L’urgence pour la planète, c’est de ralentir la production, donc cette réforme est une absurdité ! » Marianne, des Jeunes écologistes, se demande : « Pourquoi faire travailler nos aînés plus longtemps si c’est pour nous imposer des bullshit jobs dépourvus de sens ? » Matéo, un assistant d’éducation (AED) venu avec des collègues, remarque : « La plupart des AED sont à temps partiel, et on a des primes qui, en plus de ne toujours pas être payées depuis octobre 2022, ne comptent pas pour la retraite ! »

le ras-le-bol « face à toutes les réformes qui détruisent »

Venu de l’université de Nanterre, bloquée depuis le 7 mars, Roméo se dit « pas hostile par principe à une réforme des retraites. Mais Macron fait des choix contestables ». Pompier volontaire, il questionne : « Pourquoi faire travailler plus les gens alors qu’on peut aller chercher ailleurs l’argent dont on a besoin, pour les retraites mais aussi pour des services publics comme l’hôpital ou les pompiers ? » Lycéen, Ceydric remarque que la perspective des premières épreuves du bac, dans quinze jours, ne facilite pas la mobilisation malgré le ras-le-bol « face à toutes les réformes qui détruisent l’éducation nationale, Parcoursup, la réforme du bac, le SNU (service national universel), qu’ils veulent rendre obligatoires tout en les finançant avec l’argent de l’école »… « Beaucoup de jeunes n’ont connu que Macron, son nom cristallise le rejet de méthodes de gouvernement dont on ne veut plus », conclut Mathieu, jeune travailleur et secrétaire de la JC Paris.

Réforme des retraitesJeunesse
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Dans le Var, la sécheresse source de discorde

Reportage

Exceptionnellement précoces cette année, les nouvelles restrictions mises en place sur la consommation d’eau dans le département poussent habitants, élus et agriculteurs à remettre en question le fonctionnement de l’économie locale. Reportage.

Émilien Urbach

Sillans-la-Cascade et Aups (Var), envoyé spécial.

La piste est boueuse à l’entrée de la ferme du Jas du Vignal, située à Sillans-la-Cascade (Var). Ce jeudi 2 mars, il a plu enfin un peu sur le département. « Cela va permettre aux végétaux de démarrer, mais c’est loin d’être suffisant pour combler le manque d’eau », s’inquiète Sylvain Apostolo en s’essuyant les mains après des travaux mécaniques sur son tracteur.

Après 32 jours sans pluie… La carte des régions les plus touchées et les conséquences

L’homme est éleveur de brebis et producteur de fromage bio, mais aussi porte-parole de l’antenne départementale de la Confédération paysanne. La sécheresse, il la subit depuis des mois. L’an dernier, elle a lourdement impacté son activité. « On produit 40 à 60 % du foin destiné à nourrir notre troupeau, explique-t-il. On a dû en acheter près de 80 % et les prix s’envolent. Au printemps, on payait 230 euros la tonne. On est aujourd’hui à 310 euros. Les céréales, elles, sont passées de 360 euros à 460 euros. »

L’inflation freine aussi les ventes de ses fromages fermiers. « La question qui se pose désormais, c’est celle de la répartition de la ressource, pointe-t-il. Dans le Var, si les lacs s’assèchent, cela va avoir un impact sur l’économie, basée en grande partie sur le tourisme. Mais la sauvegarde de ce secteur ne peut pas se faire sur le dos de l’agriculture paysanne. On a besoin de transformations structurelles. Il faut changer d’économie, relocaliser les productions et arrêter de produire pour l’exportation. »

Ces paysans qui font face à la sécheresse en préservant les sols

En février, il n’est tombé que 4 millimètres de pluie, soit un déficit de 84 % par rapport à la normale. Face à cette situation, plus de la moitié du département a été placée en « alerte sécheresse ».

Pour l’instant, la préfecture du Var appelle chacun à la responsabilité et mise sur des restrictions de consommation, qui touchent en premier les particuliers. En prenant ces mesures plus tôt que l’an dernier, les autorités espèrent limiter les dégâts.

« Il faut que la population comprenne qu’elle doit économiser l’eau », insiste René Ugo, le maire de Seillans, une commune du haut pays de Fayence qui a dû, l’été dernier, être ravitaillée en eau potable par citernes. « Les nappes phréatiques sont en dessous du niveau de l’an dernier. En 2022, seuls certains forages étaient concernés. Cette année, c’est tout le territoire. »

Davide Faranda : « Nous devons nous dire que l’eau n’est pas une ressource infinie »

« On pourrait bien aller labourer un green »

Plus au nord, aux abords du lac de Sainte-Croix, joyaux du haut Var, dans le parc naturel du Verdon, l’ancien maire communiste de Bauduen, Michel Pelloquin, se veut moins alarmiste :  « On n’a jamais vu deux années qui se suivent à l’identique, insiste-t-il. Il pourrait bien se mettre à pleuvoir au printemps, comme c’est souvent le cas ici. » Mais pour lui, les autorités « culpabilisent les gens sans s’attaquer aux gros dossiers ».

« Ce ne sont pas les ménages qui consomment le plus d’eau. Par exemple, on s’y prend un peu tard pour limiter les permis de construire. À Fayence, cela fait longtemps qu’il y a trop de béton. Et les golfs, pourquoi ne sont-ils pas contraints ? »

Une réalité que Sylvain Apostolo ne manque pas de pointer. « On pourrait bien, un de ces jours, aller labourer un de ces greens, ironise-t-il en marchant vers le hangar où vivent ses 250 brebis pendant l’hiver. Ce sont les terrains de jeu de ceux qui prennent les décisions. Il n’y a pas de raison qu’on se serre la ceinture pendant que d’autres arrosent leurs pelouses pour pouvoir jouer à la balle. »

Logique productiviste et lobbies viticoles contre choix des cépages et agroforesterie

Mais l’éleveur en veut surtout à la chambre d’agriculture, qui tient à maintenir sa logique productiviste, ainsi qu’aux lobbies viticoles, qui font petit à petit main basse sur l’ensemble des exploitations.

Dans le Var, la vigne occupe 80 % du secteur agricole.  « On est moins menacé par le manque d’eau que par les milliardaires qui rachètent les exploitations familiales ! » s’insurge Régis Scarone, producteur de vin à proximité de Hyères, sur le littoral.

« Des groupes comme LVMH, qui n’ont rien à voir avec le vin, sont en train de nous tuer. » Pour ceux-là, ni la qualité des produits vendus ni le péril écologique n’ont véritablement d’importance.

« Ils n’hésitent pas à construire des retenues d’eau collinaires », dénonce Gwenaëlle Le Bars, jeune viticultrice indépendante en train de mettre en place, ce jeudi 2 mars, un point de vente de produits paysans au sein d’une ancienne coopérative vinicole dans le village d’Aups. « Ils privatisent l’eau en la captant en amont, explique la trentenaire, elle aussi militante à la Confédération paysanne. C’est une aberration. On retient de l’eau puisée, on en perd par évaporation, et on en prive d’accès les populations en aval, alors que la vigne ne nécessite pas véritablement d’irrigation. »

Elle prône une vision à long terme qui s’appuie sur le choix des cépages, l’agroforesterie, la plantation d’arbres, le paillage… et qui vise à la souveraineté alimentaire au niveau local. Mais les lobbies du vin restent tout-puissants.

Soumis au marché et mus par la logique du rendement et de l’agrandissement, ils sont parvenus à obtenir, cette année, l’autorisation d’irriguer les vignes au-delà du 15 août, période où les nappes phréatiques sont les plus basses. « Et ce, même pour les vins AOC, pour lesquels la qualité était jusqu’ici prioritaire, précise Gwenaëlle. L’irrigation entraîne pourtant la production d’un vin plus fort et plus instable. »

D’autres agriculteurs spécialisés dans le maraîchage s’affairent à la création du point de vente. Eux subissent de plein fouet les restrictions préfectorales. « C’est une bonne idée de réfléchir aux méthodes d’arrosage, reprend la syndicaliste. Mais ces mesures bloquent une filière qu’il faudrait au contraire soutenir pour parvenir à une souveraineté alimentaire dans le Var. » Une préoccupation bien éloignée du rayonnement mondial du vin varois, auquel aspirent les lobbies viticoles. En clair, la population et les petits producteurs subissent une sécheresse aggravée par les appétits de groupes financiers dont la seule boussole reste leurs profits. 

L'Humanité

Grande distribution. Qu’est ce qui se cache derrière le « trimestre anti-inflation » ? 

Actu

Tandis que Bruno Lemaire a annoncé le 6 mars un accord avec la grande distribution pour mettre en place un « trimestre anti-inflation » dans les supermarchés jusqu’en juin, les trois principales associations de defense des consommateurs fustigent une opération « marketing » au profit des distributeurs et réclament l’abrogation de leur marge minimale garantie de 10 %, instaurée en 2019 par la loi Egalim.

Eugénie Barbezat

Chacun peut le constater en poussant son caddie : les montants dépensés pour remplir le frigo explosent. Et ce n’est pas prêt de s’arranger.

Alors que les prix des produits alimentaires ont déjà grimpé de près de 16 % en un an, les négociations commerciales annuelles entre distributeurs et industriels qui viennent de s’achever augurent une nouvelle hausse de 10 % en moyenne dès les semaines qui viennent.

Une perte de pouvoir d’achat, faute d’augmentation proportionnelle des salaires et des pensions de retraite, qui affecte dramatiquement les plus précaires et même les classes moyennes. Et à laquelle les réponses du gouvernement sont pour le moins erratiques.

Après la proposition, désormais abandonnée d’un « panier anti inflation », le ministre de l’économie a annoncé lundi 6 mars deux autres mesures qui sont loin de faire l’unanimité : « un chèque alimentaire », mis en place « sur la base dune expérimentation » d’ici « la fin 2023 », et un « trimestre anti inflation ».

Pourquoi les paniers anti-inflation n'amélioreront pas votre pouvoir d'achat

« Il ne s’agit même pas de prix bloqués »

Issu de discussions avec les géants de la grande distribution, ce dispositif, labellisé par l’État, va permettre aux clients des supermarchés de trouver dans les rayonnages des produits de marques distributeurs (sélectionnés par l’enseigne) à des prix « les plus bas possibles » pendant 3 mois.

« C’est probablement l’opération de communication politique la plus grossière qu’il m’ait été donné d’entendre », tempête Alain Bazot le président de l’UFC-Que Choisir, dans un texte publié sur le site de l’association. Il s’y indigne de voir « qu’il ne s’agit même pas de prix bloqués ».  « Comme il s’agira de produits différents d’une enseigne à une autre, la capacité des consommateurs à comparer sera inexistante. »

« On aurait pu imaginer un cahier des charges, des réglementations... Mais cela n’est pas le cas, chaque grande enseigne pourra faire exactement ce qu’elle veut. Il n’y a pas de définition de ce qu’est le prix le plus bas possible. Le consommateur doit donc croire sur parole les acteurs de la grande distribution qui réaliseront des opérations marketing avec le blanc-seing du gouvernement, complète Olivier Andrault, chargé de mission alimentation de l’association. Selon Bruno Lemaire, cette opération coûtera plusieurs centaines de millions d’euros aux distributeurs. Mais on ne comprend pas d’où provient un tel chiffrage et comment il peut juger du coût pour le secteur alors que le mécanisme de fixation des prix n’est pas transparent. »

Duplicité du gouvernement

Plus encore que l’inefficience des mesures proposées, c’est la duplicité du gouvernement que dénoncent les associations de défense des consommateurs. Trois d’entre elles, L’UFC-Que Choisir, Familles Rurales et Consommation Logement Cadre de Vie (CLCV) viennent d’ailleurs de se fendre d’une lettre ouverte à la première ministre pour fustiger « les solutions que [son] gouvernement propose pour juguler les prix qui paraissent au mieux sans réelle incidence, et pourraient même éloigner les consommateurs d’une alimentation saine au profit de produits ultra-transformés ».

Et surtout, elles lui demandent de prendre la seule mesure efficace à court terme, selon elles, pour endiguer l’inflation : mettre fin à la disposition légale qui oblige les supermarchés à vendre les produits alimentaires au moins 10 % plus cher que le prix auquel ils l’ont acheté.

« Depuis cette loi qui date de 2019, les grandes enseignes bénéficient de cette marge minimale garantie de 10 %, notamment sur les produits de premier prix. La supprimer entraînerait inévitablement des baisses de prix immédiates. Ce serait considérable dans la situation inflationniste que l’on vit actuellement », explique Olivier Andrault. Cet encadrement du « seuil de revente à perte » (SRP), a été adopté dans le cadre de la loi Egalim 1, censée protéger le revenu des agriculteurs.

Le coût de la mesure : 600 millions d’euros pour les consommateurs

Or, selon des travaux d’évaluation parlementaires, la mesure « ne semble avoir que très partiellement atteint son objectif » d’accroître la rémunération des producteurs agricoles. La commission des Affaires économiques du Sénat estimait dans un rapport d’information sur les négociations commerciales et l’inflation, le coût de la mesure, pour les consommateurs, à 600 millions d’euros.

Table ronde. Pourquoi la loi alimentation présente-t-elle une addition salée ?

Cette mesure concernant le seuil de 10 % du SRP est entrée en vigueur à titre « expérimental » jusqu’au 15 avril 2023, mais une proposition de loi du député Renaissance Frédéric Descrozaille, déjà votée en première lecture à l’Assemblée nationale et au Sénat, prévoit de la reconduire.

«  La supprimer est non seulement indispensable, mais encore possible, plaide le président d’UFC Que Choisir. La proposition de loi va passer en Commission mixte paritaire le 15 mars. Si à ce stade, le gouvernement n’a plus le droit d’amender le texte, il peut de toute évidence œuvrer auprès des parlementaires pour que la suspension jusqu’en 2025 du SPR +10 %, qui avait été votée en commission des affaires économiques du Sénat, soit réintroduite.  »

On devrait donc rapidement savoir si l’exécutif préfère voir les Français se nourrir ou la grande distribution s’engraisser.

Inflationgrande distributionPanier anti-inflation
L'Humanité

Mobilisation retraites. Des jeunes réprimés par la police : un lycéen témoignent

Actu

Le 16 février, une trentaine de jeunes manifestants ont été matraqués, arrêtés, humiliés et ont passé la nuit en garde à vue. L’un d’eux témoigne.

Eugénie Barbezat

À l’appel des coordinations autonomes interuniversitaires et lycéennes de Paris, environ 200 lycéens et étudiants s’étaient donné rendez-vous le 16 février, à 11 heures, devant la Sorbonne, avant de rejoindre le cortège de la manifestation contre la réforme des retraites, qui partait de la place de la Bastille en début d’après-midi.

« Quand nous sommes arrivés vers Tolbiac, des policiers ont débarqué et ont commencé à nous courser », se rappelle Samuel (1), élève de terminale dans un lycée du 9e arrondissement. « Certains d’entre nous se sont mis à courir et ont pris des coups de matraque. Une de mes amies avait des bleus énormes derrière les genoux. J’ai vu une étudiante avec les mains en sang pour avoir tenté de se protéger la tête. »

« On a subi des fouilles au corps »

À midi et demi, une trentaine de jeunes sont interpellés, « principalement des lycéens, mais aussi quelques étudiants et même un collégien qui passait par là », rapporte Samuel. Alignés devant un mur, ils voient leurs affaires fouillées. Les policiers les rudoient autant qu’ils les tutoient, les empêchant de communiquer entre eux. « On est restés là pendant plus d’une heure et demie. Deux camions de police sont arrivés pour nous embarquer, mais il n’y avait qu’un OPJ (officier de police judiciaire) pour enregistrer les gardes à vue. »

À Rennes, les moins de 20 ans en première ligne des mobilisations

Les jeunes sont ensuite répartis dans différents commissariats. Vers 15 heures, Samuel atterrit dans celui du 8e avec une camarade de 16 ans et une étudiante. « On a subi des fouilles au corps. On a même dû enlever nos sous-vêtements, c’était humiliant. Tout comme les remarques blessantes et autoritaires qui fusaient. Ils ont pris nos empreintes et nous ont enfermés en cellule. » Durant leur garde à vue, une seule barquette de nourriture leur sera distribuée.

Des parents « morts d’angoisse »

Leur tort ? Avoir participé « à un groupement en vue de commettre des dégradations sur la voie publique ». Créée par la loi du 2 mars 2010, cette « infraction » est utilisée de longue date contre les jeunes des quartiers populaires et l’a été massivement durant le mouvement des gilets jaunes.

Après une nuit passée dans une cellule à la propreté relative, certains lycéens ont pu être récupérés par leurs parents « morts d’angoisse », tandis que les plus rétifs ont vu leur garde à vue prolongée. « Il s’agit clairement de nous dissuader d’aller manifester. Le gouvernement sait très bien que, quand la jeunesse est dans la rue, pour lui, c’est foutu », analyse Samuel. Ses camarades et lui ne se sont pas laissés intimider et sont déjà retournés dans les cortèges.

(1) Le prénom a été modifié.Réforme des retraitesMobilisations retraitesJeunessejeunes
L'Humanité

« Faire rimer fin du monde et fin du mois n’est pas qu’un slogan »

Entretien

La marche pour le climat, organisée partout en France ce vendredi, s’inscrit au terme d’une semaine riche en mobilisations sociales. Des luttes qui se conjuguent plus qu’elles ne se superposent, nous dit Alice Dubois, porte-parole de Fridays for future.

Marion d'Allard

Ce vendredi 10 mars, la jeunesse est appelée à défiler dans les rues, partout en France, pour défendre le climat. Quel message portez-vous ?

On veut mettre les dirigeants du monde face à leurs responsabilités. Aujourd’hui, s’ils nous accordent enfin la légitimité de notre action, les politiques mises en œuvre pour répondre à cette crise majeure ne sont pas à la hauteur. Ce mouvement des jeunes pour le climat est né en 2018, sous l’impulsion de Greta Thunberg. Nous demandons que soient appliquées les préconisations du rapport Jouzel. Nous ajoutons à cela l’exigence de mettre en œuvre un véritable plan de rénovation thermique des bâtiments.

C’est un enjeu fondamental, la clef pour parvenir à mener de front deux batailles majeures : la lutte contre les inégalités sociales en éradiquant les passoires thermiques, en grande majorité habitées par les plus précaires, et celle contre le réchauffement climatique en limitant notre consommation d’énergie et nos émissions de gaz à effet de serre. La consommation des bâtiments en France représente à elle seule 45 % de notre consommation nationale.

Cette mobilisation s’inscrit au terme d’une semaine sociale marquée par les manifestations historiques contre la réforme des retraites et au lendemain de la mobilisation du 8 mars pour les droits des femmes. Comment la lutte pour le climat se conjugue-t-elle aux autres ?

Nous sommes dans un combat intersectionnel. Les plus précaires, les femmes, les LGBTQI + sont les plus touchés par les réformes de régression sociale mais également les plus exposés aux effets du réchauffement climatique. Faire rimer fin du monde et fin du mois n’est pas qu’un simple slogan. Les jeunes sont précarisés, particulièrement touchés par l’inflation. Même si ça peut paraître anecdotique, le prix des pâtes, pour nous, c’est primordial. Nous nous inscrivons donc pleinement dans ce mouvement de lutte nationale.

Le gouvernement multiplie les grandes déclarations sur la sauvegarde du climat. Quel bilan tirez-vous de son action ?

Aujourd’hui, c’est dur d’avoir 20 ans, disait Macron. Nous sommes dans une phase de langue de bois permanente sur les questions climatiques et environnementales. Le gouvernement convoque une convention citoyenne sur le climat, dont il ne ressort rien finalement. J’ai l’amer sentiment que ma parole n’est jamais prise au sérieux, jamais vraiment écoutée. Mais nous ne lâcherons pas le combat. C’est un mouvement de fond et j’invite tous les jeunes à s’y inscrire. 

Le rédacteur en chef d'un jour : «Social et climat, même combat » 

C’est une des caractéristiques intéressantes de ce mouvement social. Je n’avais jamais vu autant de pancartes qui associent le climat et les enjeux sociaux dans les cortèges des manifestations, qui dénoncent une réforme également dangereuse pour la lutte contre le réchauffement climatique. C’est le fruit du travail mené par la CGT avec les associations et les ONG. Pour le climat, l’urgence est aussi de réduire notre temps de travail. C’est bien la preuve qu’urgence climatique et urgences sociales sont indissociables. 

L'Humanité

Le chantier des canalisations

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Les enjeux autour de la sécheresse ne concernent pas seulement le dérèglement climatique. La gestion de la ressource en eau est primordiale. On ne parle pas assez des pertes colossales d’eau potable dans les réseaux. 30 % de la ressource fuit des tuyaux. Cette problématique devrait faire l’objet d’un vaste plan de mobilisation nationale. Il faut rénover l’ensemble des canalisations partout dans le pays. C’est bon pour la planète, bon pour les citoyens, mais aussi pour l’industrie et le secteur du BTP. Nous avons des quantités d’entreprises très qualifiées capables de mener un tel chantier. 

le rédacteur en chef d'un jourphilippe martinezécologie
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L’ONU passe enfin un cap dans la protection de la haute mer

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Les Nations-unies ont adopté le premier texte réglementaire concernant les zones maritimes internationales, le 4 mars. L’aboutissement de plus de quinze ans de négociations qui ont pour objectif de protéger la biodiversité marine. Mais l’accord doit encore passer l’étape de la ratification pour pouvoir entrer en vigueur.

Marion d'Allard

Il aura fallu près de deux décennies de tractations. Le 4 mars, en fin de soirée, au siège new-yorkais de l’ONU, les États membres ont enfin accouché d’un traité international protégeant la haute mer. Zone maritime immense, couvrant 65 % des océans et près de 45 % de la surface totale du globe, la haute mer commence là où s’achèvent les zones économiques exclusives nationales (ZEE), au large des côtes, au-delà des 200 milles nautiques (370 kilomètres).

Un encadrement réglementaire des activités humaines potentiellement désastreuses

Jusqu’alors, aucune législation spécifique ne concernait la haute mer. Ce traité est donc le premier texte officiel censé engager la communauté internationale sur la voie de la préservation de la biodiversité marine, au moyen, entre autres, d’un encadrement réglementaire des activités humaines potentiellement désastreuses pour ces écosystèmes particulièrement fragiles.

À l’ONU, deux semaines pour protéger la haute mer

« Le navire a atteint le rivage », s’est félicitée Rena Lee, la présidente de la conférence onusienne, samedi, déclarant qu’ « il n’y aura(it) pas de réouverture (de négociations) ni de discussions sur le fond ». Le texte adopté est en somme définitif. Ce qui ne signifie pas pour autant qu’il est immédiatement applicable. Loin de là.

L’accord va devoir d’abord être traduit dans les six langues officielles de l’ONU (l’anglais, l’arabe, le chinois, l’espagnol, le français et le russe) avant d’être ratifié par chacun des États membres. Une procédure qui peut prendre des années, sans compter les « réserves » déjà émises sur sa mise en application par la Russie et par la Turquie.

Concrètement, ce texte – BBNJ (Biodiversity Beyond National Jurisdiction) dans le jargon de la diplomatie internationale – doit permettre de créer des zones marines protégées dans ces eaux internationales, indispensables « pour renforcer la résilience face aux effets du changement climatique », a expliqué Liz Karan, de l’ONG The Pew Charitable Trust.

Claire Nouvian : « Ce qui se passe sous l’eau est un drame absolu »

Atteindre l’objectif de 30 % de protection des terres et des mers d’ici à 2030

Une étape cruciale si l’on veut atteindre l’objectif de 30 % de protection des terres et des mers d’ici à 2030, entériné en décembre 2022 lors de la COP15 Biodiversité, toujours sous l’égide de l’ONU. Mais pas seulement.

Cet accord doit également instaurer l’obligation de réaliser des études d’impact environnemental préalables à toute activité économique envisagée en haute mer.

Il prévoit, enfin, un partage équitable des bénéfices issus des ressources génétiques marines, c’est-à-dire de l’ensemble des organismes vivants (végétal, animal et microbien) qui se trouvent dans ces zones internationales et qui regorgent de propriétés intéressant au premier chef le secteur de la recherche médicale, les industries pharmaceutique et cosmétique.

Expédition. Tara part à la découverte du tissu le plus fondamental de l’océan, son microbiome

Ce dernier point a largement crispé les discussions ces dernières années, les pays en développement n’ayant pas les moyens financiers d’organiser les coûteuses recherches en mer, mais refusant obstinément d’être exclus de l’accès à ces ressources – qui par définition n’appartiennent à personne – et du partage anticipé de leurs bénéfices.

Un premier succès, même si d’autres combats sont encore à mener

Pour l’heure, seules les grandes lignes de l’accord sont connues, le texte définitif n’ayant pas encore été rendu public, mais, du côté des ONG, c’est le soulagement d’avoir enfin débouché sur un accord international et contraignant qui domine.

« En tant que militant, voir l’aboutissement d’un combat si long est rare et précieux », a réagi François Chartier, chargé de campagne océans chez Greenpeace France, même si, souligne-t-il, « le combat ne s’arrête pas pour autant ».

Et pour cause, poursuit-il, « trop de place est encore laissée à des activités aussi destructrices que l’exploitation minière en haute mer, dont les impacts dépasseraient largement les limites des zones minières ». Sur ce dossier, seul Paris s’est pour l’instant positionné en faveur d’un moratoire.

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La relance du nucléaire démarre mal

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TRANSPARENCE La loi d’accélération de l’atome débattue à l’Assemblée avec son amendement remodelant la sûreté pourrait mettre à mal la confiance nouvelle des Français dans cette source d’énergie.

Clotilde Mathieu

Accélérer le tempo, mais à quel prix ? Un an après l’annonce d’une relance du nucléaire, portée notamment par la construction de six EPR 2, Emmanuel Macron hâte le pas sur l’atome civil en prenant le risque de rompre la confiance retrouvée de l’opinion dans cette source d’énergie. En novembre 2022, une étude Elabe relevait que 65 % des Français la voyaient comme une source « d’avenir ». En janvier, une étude d’Odoxa-Backbone Consulting- le Figaro enfonçait le clou, avec 60 % des sondés ayant une image positive de l’atome (contre 34 % il y a trois ans).

La précipitation de l’exécutif a donné lieu à un grand carambolage. D’une part, la tenue d’un conseil de politique nucléaire, le 3 février, s’est entrechoquée avec le débat citoyen sur le sujet sous l’égide de la Commission nationale du débat public. Et avant même que le Parlement commence à débattre de la future loi de programmation sur l’énergie et le climat devant tisser, cet été, le canevas du futur mix énergétique pour les années à venir, le projet de loi sur l’accélération des procédures liées à la construction de nouvelles installations nucléaires a vu débouler un amendement ajouté à la hussarde, juste avant son passage à l’Assemblée nationale le lundi 13 mars, visant à réorganiser rien de moins que la sûreté nucléaire. La relance du nucléaire multiplie donc les courts-circuits.

Une réponse  « inappropriée »

Ce mardi 28 février devant l’Assemblée, les personnels énergéticiens et leurs syndicats étaient nombreux à manifester contre les dangers de cet « article additionnel » visant à « renforcer l’indépendance et les moyens de l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN) en y intégrant les compétences de l’Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN) ». Un véritable big bang consistant à rompre avec un modèle à la française résultant d’une patiente construction de plus de quarante ans. Pour tenir compte de la catastrophe de Tchernobyl, l’IRSN a en effet été créé en 2002 afin de séparer expertises et prises de décisions politiques. À l’institut les expertises et la recherche. À l’ASN le contrôle et la décision. En revenant sur cette dualité, le gouvernement espère obtenir « une plus grande fluidité de procédures de sûreté ».

Dans un rapport de 2014, la Cour des comptes avait bien alerté sur la « dispersion des ressources budgétaires, les actions de communication non concertées, l’absence d’orientations communes dans le domaine de la recherche qui réduisent les marges de progression de la sûreté nucléaire et de la radioprotection ». Mais ce constat n’était accompagné d’aucune recommandation allant dans le sens du projet gouvernemental. Au contraire. L’hypothèse d’une « fusion des deux organismes constituerait une réponse inappropriée », notait le rapport, notamment en raison des « multiples difficultés juridiques, sociales, budgétaires et matérielles qu’elle soulèverait », avec des « gains (…) dans des proportions limitées ». Et de souligner les « conséquences à long terme qu’entraînerait la concentration de la quasi-totalité des moyens publics de sûreté nucléaire sous la responsabilité d’une autorité indépendante dont les décisions sont souveraines ».

« Cet ajout de dernière minute n’a fait l’objet d’aucune étude d’impact, ni de discussions préalables avec la représentation nationale ni les organisations syndicales », déplore le député communiste, Sébastien Jumel. Lors d’une audition de la commission de l’Assemblée sur la sûreté nucléaire, mi-février, les représentants de l’IRSN et de l’ASN étaient incapables de définir précisément le projet. Or, le texte de loi en préparation, charge leurs deux dirigeants d’un rapport « sur la mise en œuvre de la réforme » d’ici à juin 2023, avant un décret qui fixerait les modalités d’application au plus tard le 24 juillet prochain.

« Inconfort »  au sein de la majorité

Mercredi 1er mars, l’office parlementaire des choix scientifiques et technologiques, qui regroupent les députés et sénateurs experts en sciences, a émis plusieurs réserves au projet gouvernemental. Sans s’y opposer, il a regretté l’absence « d’un diagnostic préalable complet, rigoureux et rapidement rendu public », craignant un « meccano administratif » ​​​​​​​ou, « au pire », que cette dissolution ne soit qu’un « moyen de ne pas faire obstacle aux objectifs fixés à la filière pour le renouveau du programme électronucléaire national ».

Si bien que l’opposition à cet article de dernière minute rassemble les oppositions. Celles de l’ensemble de la Nupes, mais aussi de certains députés Renaissance, à l’image de Barbara Pompili, ex-ministre de la Transition écologique de 2020 à 2021, assurant ressentir un « inconfort » au sein de la majorité sur le sujet. Même incompréhension côté syndicats. « Autant nous étions pour toutes ces mesures d’accélération, autant le démantèlement programmé de l’IRSN est un contresens à cette ambition politique », affirme Jérôme Lambert, de la CGT mines-énergie.

D’autant que ce texte très technique, censé, d’après les calculs d’EDF, faire gagner entre un an et demi et deux ans sur les délais de construction d’un réacteur, achoppe sur une autre « incompréhension », dixit Marie-Noëlle Battistel . En commission des affaires économiques, la députée socialiste a regretté l’absence de débat sur l’objectif du mix énergétique qui sera l’objet de la future loi de programmation énergie-climat attendue cet été. Car, avant même ce texte-cadre, le Sénat a enrichi le projet de loi portant sur l’accélération des procédures liées au nucléaire en supprimant l’objectif de réduction de la part de l’atome à 50 % du mix électrique. En 2015, la France avait en effet décidé de la fermeture de 14 de ses 58 réacteurs, alors que l’électricité produite provient à près de 70 % du parc nucléaire. Ce projet de loi est désormais « non plus technique mais politique et préempte le débat démocratique », regrette la députée EELV Julie Laernoes, rejointe par son collègue FI Fabien Lainé, y voyant là un véritable choix de société.

« L’exécutif s’y prend à l’envers », résume Sébastien Jumel, bien que favorable à l’amendement LR sur la part du nucléaire dans une approche « pragmatique ». Le député communiste pointe par ailleurs les « autres impasses. Pas une fois ne sont cités les mots souveraineté, maîtrise publique. De même que rien n’est écrit sur l’organisation de la sous-traitance et de son encadrement nécessaire, tout comme celui des investissements directs à l’étranger ».

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8 mars. Ces intellectuelles incontournables : Nastassja Martin

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Elles sont anthropologue, fonctionnaire d’État, astronome et astrophysicienne, philosophe, elles sont à la pointe dans leur domaine de compétences, et pourtant elles sont souvent à l’écart de la lumière, comme beaucoup trop d’autres femmes. À l’occasion de la Journée internationale des droits des femmes, l’« Humanité magazine » vous fait découvrir cinq intellectuelles de renom. Un choix difficile tant elles sont nombreuses à exceller dans leur champ. De sa rencontre avec les populations du Grand Nord, l’anthropologue a tiré une nouvelle vision du rapport à notre milieu et une leçon pour les temps présents.

Jérôme Skalski

Spécialiste des populations arctiques, l’anthropologue Nastassja Martin s’est, par son travail, placée dans les pas des plus grands d’entre eux, sur la piste de Paul-Émile Victor ou de Jean Malaurie, le fondateur de la collection « Terre humaine ». « J’ai beaucoup travaillé sur la question de l’animisme, qui consiste en cette idée, partagée par de nombreux collectifs indigènes dans le Grand Nord et ailleurs, que nous partageons avec les autres membres du vivant ce qu’on pourrait appeler un fond commun animé », explique la diplômée de l’École des hautes études en sciences sociales (EHESS), en novembre 2019, au micro de France Culture.

Née en 1986 à Grenoble, elle se rend à 23 ans auprès des Gwich’in, un peuple vivant dans le bassin du fleuve Yukon et de la rivière Peel, dans l’est de l’Alaska, et consacre à leur étude neuf années de sa vie. Son essai « les Âmes sauvages. Un peuple d’Alaska face à l’Occident » (la Découverte, 2016) rend public son travail de thèse placé sous la direction de Philippe Descola. C’est aussi le témoignage d’un engagement et d’un combat.

Expérience intellectuelle et corporelle

Dans « Croire aux fauves » (Verticales, 2019), livre couronné en 2020 par les prix Joseph Kessel, François Sommer, Mac Orlan et du Livre du réel, elle évoque sa rencontre avec un ours qui, en août 2015, alors qu’elle se trouve dans les montagnes du Kamtchatka pour réaliser une étude sur les Évènes, devient pour elle une expérience qui bouleverse son rapport au monde. Grièvement blessée par l’animal, elle connaîtra plusieurs mois d’hospitalisation en Russie puis à Paris, mais aussi une « métamorphose du regard qu’on porte sur les choses », souligne-t-elle.

« Je me sers de ma rencontre avec l’ours pour montrer comment la cosmologie animiste sur laquelle je travaille s’est transformée d’objet de recherche en une expérience qui a non seulement traversé mon intellect mais aussi mon corps. Ainsi, je questionne la position de l’anthropologue par rapport à son objet », explique-t-elle.

Avec « À l’est des rêves. Réponses even à la crise systémique » (la Découverte, 2022), Nastassja Martin nous invite à envisager différemment nos réponses à la crise environnementale que nous connaissons à l’aune des leçons des femmes et des hommes d’un peuple du Grand Nord, les Évènes, qui se sont réapproprié « non seulement leur autonomie économique, mais aussi leur manière de se relier au monde », et qui « ouvrent les possibilités de dialoguer avec des non-humains » en « un geste cosmologique mais aussi politique »

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8 mars. Ces intellectuelles incontournables : Évelyne Heyer

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Elles sont anthropologue, fonctionnaire d’État, astronome et astrophysicienne, philosophe, elles sont à la pointe dans leur domaine de compétences, et pourtant elles sont souvent à l’écart de la lumière, comme beaucoup trop d’autres femmes. À l’occasion de la Journée internationale des droits des femmes, l’« Humanité magazine » vous fait découvrir cinq intellectuelles de renom. Un choix difficile tant elles sont nombreuses à exceller dans leur champ. Connue pour ses talents de vulgarisatrice et pour son combat contre le racisme, l’anthropologue explore notre patrimoine génétique en remontant jusqu’aux origines de l’humanité.

Anna Musso

Ses travaux de recherche livrent un nouvel éclairage sur l’aventure humaine… Rien que ça ! À 58 ans, Évelyne Heyer est devenue la référence française en matière d’anthropologie génétique, la science qui étudie l’histoire et l’évolution du peuplement humain dans son milieu à partir des données génétiques des populations.

Pour comprendre comment les comportements socioculturels et leur transmission influent sur l’évolution génétique de notre espèce, elle conjugue la théorie à la pratique, analysant sur le terrain les peuples de l’Asie centrale et de l’Afrique centrale. Son laboratoire, elle l’a créé en 2003 au musée de l’Homme à Paris, où elle dirige une unité de recherche en éco-anthropologie.

Vulgarisatrice de talent

Professeure au Muséum national d’histoire naturelle, commissaire scientifique du musée de l’Homme, elle est aussi connue pour ses talents de vulgarisatrice, que l’on apprécie dans ses chroniques à la radio ou dans ses ouvrages, parmi lesquels « l’Odyssée des gènes » (éd. Flammarion) ouvrage traduit en une dizaine de langues.

L’anthropologue, engagée dans la lutte contre le racisme, y montre la capacité d’adaptation des humains et retrace nos migrations depuis la nuit des temps. Parce que, oui, nous avons tous des ancêtres migrants. Dans son dernier livre « la Vie secrète des gènes » (éd. Flammarion), elle dévoile les mystères de notre patrimoine génétique en remontant jusqu’à nos origines.

Née en 1964 à Lons-le-Saunier, dans le Jura, Évelyne Heyer grandit dans une famille nombreuse et se passionne pour les maths, « même enfant, j’aimais jouer avec les nombres », se souvient-elle. Après avoir obtenu un diplôme d’ingénieur agronome en 1987, elle s’intéresse à la théorie de l’évolution « qui permet d’expliquer vraiment la diversité du monde ».

Chevalier et professeure

Elle commence alors une thèse, car « ce que l’on avait appris de la théorie de l’évolution ne suffisait pas : il fallait toujours rajouter des éléments liés à la culture, explique-t-elle. C’est pour cela qu’(elle) a basculé vers l’anthropologie génétique, qui mêle à la fois l’étude biologique des gènes et l’étude du passé et du présent de l’humain ».

Quatre ans plus tard, la jeune femme soutient sa thèse à Lyon puis son habilitation à diriger des recherches à Paris. D’abord nommée professeure à l’université du Québec à Chicoutimi, elle revient en France en 1996 et intègre le CNRS.

Professeure au Muséum national d’histoire naturelle depuis 2005, elle est nommée chevalier de l’ordre national du Mérite en 2010. S’imposer dans un milieu masculin s’est fait assez « naturellement », nous confie-t-elle, en suivant le modèle d’émancipation « admirable » de sa mère, pharmacienne, qui, fait rare à l’époque, avait déjà accompli un cursus scientifique.

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Préhistoire. Homo sapiens tirait déjà à l’arc il y a 54 000 ans !

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Une équipe franco-américaine d’anthropologues a fait de nouvelles découvertes dans la grotte Mandrin (Drôme). Celles-ci montrent que les premiers Homo sapiens d’Europe maîtrisaient l’archerie beaucoup plus tôt qu’on ne le pensait.

Anna Musso

Les découvertes s’enchaînent dans la grotte Mandrin, perchée sur les hauteurs de Malataverne (Drôme). Une équipe franco-américaine d’anthropologues y avait déjà identifié que les premiers Homo sapiens étaient arrivés en Europe occidentale il y a 54 000 ans.

Comme ils l’expliquent dans une récente étude publiée dans Science Advances, les chercheurs ont également trouvé dans ce niveau archéologique appelé « Néronien » quelque 1 500 petites pointes en silex utilisées pour des arcs ou des propulseurs mécaniques.

Une technique exceptionnelle

Ces premiers hommes modernes maîtrisaient donc l’archerie, repoussant l’âge de cette technique en Europe de plus de 40 000 ans. En effet, jusqu’ici, les plus anciens arcs et flèches européens connus étaient vieux de 11 000 à 12 000 ans. C’est d’autant plus exceptionnel que l’archerie emploie des matériaux difficilement préservés dans les sites paléolithiques, comme le bois, les fibres, les tendons ou le cuir.

Homo sapiens et Néandertal auraient cohabité dans la Drome

Les fractures observées sur ces pointes légères, caractéristiques d’un impact très violent, prouvent qu’elles étaient emmanchées dans le bois de la flèche et étaient propulsées à l’aide d’un arc. Ainsi la flèche pouvait transpercer la peau des animaux et même traverser l’animal de part en part. Toutefois les chercheurs ne savent pas dire si ces flèches ont pu servir lors de combats ou si elles étaient réservées à la chasse.

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8 mars. Olga Suarez : « Ces pionnières de l’astronomie méritent d’être (re)connues »

Entretien

À l’Observatoire de la Côte d’Azur, à Nice, l’exposition « les Pionnières de l’astronomie » met en valeur les travaux de femmes dont les noms ont été souvent oubliés au profit des hommes. Olga Suarez, docteure en astrophysique et responsable du service d’éducation et médiation scientifique de l’institut, nous raconte ces histoires pas comme les autres et fait le point sur la place actuelle des chercheuses.

Anna Musso

Comment est née l’idée de cette exposition ? Y avait-il urgence à réhabiliter ces femmes dans l’histoire ?

L’idée naît d’un constat : lorsque l’on parle de l’histoire de l’astronomie et des personnages les plus remarquables, les femmes sont absentes. Dans ma carrière scientifique, je n’avais entendu parler que de deux femmes : Annie Jump Cannon et Henrietta Leavitt. En me penchant sur le sujet, j’ai découvert des vies fascinantes de femmes pleines de force et d’enthousiasme pour la science, qui se sont battues pour en faire leur métier. Ces femmes exemplaires devaient être connues du plus grand nombre ! Mettre en valeur ces pionnières, c’est aussi donner des modèles à la société et notamment aux jeunes filles tentées de s’engager dans des études de sciences dites « dures ».

« J’ai découvert des vies fascinantes de femmes pleines de force et d’enthousiasme pour la science, qui se sont battues pour en faire leur métier. »

À quels obstacles ces femmes ont-elles été confrontées ?

La plupart n’ont pas eu accès à l’éducation que les hommes avaient à leur époque, en particulier celles nées avant le XX e siècle. Malgré tout, elles ont réussi à s’éduquer et à aller bien au-delà des connaissances de leur temps, très souvent grâce à un homme de leur entourage – père, époux, frère, voisin… – puisque c’étaient eux qui avaient accès au savoir. Leur succès – parce que si l’on se souvient d’elles, c’est grâce à leur réussite – résulte souvent d’un travail en binôme avec un homme qui les a reconnues comme des personnes intelligentes et douées.

Quelles femmes dont le nom a été oublié malgré leurs travaux vous ont particulièrement intéressée ?

J’aime beaucoup, par exemple, la vie d’Émilie du Châtelet, qui vécut pleinement le siècle des Lumières en France. Elle fait des expériences scientifiques dans son château durant la journée, et participe à la vie de la cour pendant les soirées. Elle est reconnue pour avoir traduit les Principia Mathematica de Newton. C’est la seule traduction directe du latin au français avec explication du texte qui existe encore aujourd’hui. Émilie du Châtelet avait entretenu une longue relation amoureuse avec Voltaire. Quand elle décède à l’âge de 43 ans, Voltaire, plein de chagrin, écrit ces mots au roi de Prusse : « J’ai perdu un ami de vingt-cinq années, un grand homme qui n’avait de défaut que d’être femme. » Cette phrase me semble la clé pour comprendre la position des femmes dans la société de l’époque et souligne l’exploit scientifique d’Émilie.

« Les femmes sont poussées, même sans s’en rendre compte, vers des métiers “relationnels”, tournés vers les autres et non pas vers des métiers scientifiques. »

J’aime aussi beaucoup l’histoire de Williamina Fleming, femme de ménage d’Edward Pickering, directeur de l’Observatoire de Harvard vers la fin du XIX e siècle. À l’époque où les plaques photographiques commencent à être utilisées en astronomie, l’observatoire s’est retrouvé avec une quantité énorme de données que les assistants astronomes n’avaient jamais traitées. Pickering se serait énervé auprès d’eux et leur aurait dit que, face à leur incompétence, il ferait mieux d’embaucher sa femme de ménage… et il le fait ! Williamina avait les compétences nécessaires puisqu’elle avait été institutrice en mathématiques en Écosse avant de partir aux États-Unis et être abandonnée, enceinte, par son mari. Pour subsister, elle cherche du travail comme femme de ménage, tombe au meilleur endroit et finit responsable de toutes les femmes qu’Edward Pickering embauchera par la suite !

Quelle place pour les femmes dans la recherche scientifique ? L’expérience de trois chercheuses reconnues

Aujourd’hui, malgré des progrès, la place des femmes en sciences continue d’être inférieure à celle des hommes. À l’Observatoire de la Côte d’Azur, par exemple, seuls 20 % des scientifiques sont des femmes. Comment l’analysez-vous ?

C’est une question que l’on se pose souvent pour essayer de trouver des solutions. Ce n’est pas uniquement le cas de l’Observatoire de la Côte d’Azur : en France, entre 2000 et 2020, le nombre de femmes chercheuses en astronomie est resté stable à 22 %. Le parcours pour devenir chercheur est très long (BAC + 8 et plusieurs années de contrats à l’étranger avant d’avoir un poste permanent). Cela décourage plus les femmes que les hommes. Les études universitaires continuent à être très différenciées par genre. Et il me semble que c’est là où il faut agir, pour que les filles qui voudraient s’engager dans des études scientifiques ne soient pas découragées par leur entourage ou par l’image des femmes dans notre société. Elles sont poussées, même sans s’en rendre compte, vers des métiers « relationnels », tournés vers les autres et non pas vers des métiers scientifiques. Reste qu’il faut faire des acrobaties pour concilier travail et vie de famille, mais ceci est valable aussi pour les hommes scientifiques soucieux de leur famille.

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Le Livre de Poche : 70 ans et toujours à la page

Il était une fois

Le 6 février 1953, « le Livre de Poche » fait une entrée fracassante dans les librairies françaises. Cette collection de dimension réduite, à prix modique et à très fort tirage, est le fruit d’un siècle de tâtonnements. Fraîchement accueilli dans certains milieux, le livre au format « pocket » deviendra pourtant vite un outil au service de la démocratisation de la littérature.Par Jean-Yves-Mollier, professeur émérite d’histoire contemporaine à l’université Paris Saclay/Versailles Saint-Quentin

Jean-Yves Mollier

On pourrait faire remonter son origine aux premières satires du poète Martial vendues sous le manteau au Ier siècle de notre ère, ou aux petits livrets bleus des imprimeurs troyens du XVIe siècle. Pourtant, cette chronologie est trompeuse car elle occulte la caractéristique majeure de ce type de livre, son surgissement au XXe siècle, à l’heure de la culture et de la consommation de masse. Si l’on admet que le « Poche » suppose des tirages initiaux à plusieurs dizaines de milliers d’exemplaires destinés au grand public, il est l’enfant des industries culturelles qui dominent l’espace éditorial après 1930.

Sa préhistoire inclut les dime novels (romans à 2 sous)  américains (des fictions imprimées en petit format à 5 ou 10 centimes) comme la « Collection Michel Lévy » à 1 franc (plus de 5 euros actuels) mise en vente à Paris en 1855. Les 20 000 exemplaires de « Madame Bovary » commercialisés en 1857-1858 sous ce format portatif anticipent les grands tirages de la « Collection des auteurs célèbres », de Flammarion, des années 1880, et ceux du « Livre populaire », de Fayard, apparu en 1905 (des livres à 65 centimes, à la couverture criarde). La collection du livre de poche, conçue par Jules Tallandier quelques mois avant le début de la Grande Guerre et lancée en 1915, aurait dû être le point culminant de ce mouvement, mais, limité à 128 pages afin de réduire le prix de vente à 30 ou 40 centimes, ce « Poche » avant la lettre s’interdisait la publication de romans plus épais.

Faute d’avoir pris racine dans le pays qui en avait approché le modèle au plus près avec la « Bibliothèque Charpentier » de 1838 (des romans ou des essais imprimés au format In-18° compact et vendus 3,50 francs) et la « Collection Michel Lévy » à 1 franc de 1855, c’est en Angleterre, en 1935, qu’est née la collection « Penguin », destinée à populariser les grands classiques de la littérature. Sa couverture ornée d’un manchot va inspirer la plupart des concepteurs du livre de poche. Pierre Trémois choisira pour son livre de poche de 1945 un kangourou femelle avec un livre dépassant de sa poche ventrale, ce que l’Italien Giangiacomo Feltrinelli imitera en 1949, année où le célèbre « Marabout » belge pointera son bec, sans oublier l’albatros allemand des éditions du même nom (1932) qui a inspiré le petit manchot britannique.

De ce bestiaire international, on retiendra ce fait majeur : entre 1930 et 1955, la plupart des pays développés ont mis au point des formules proches, associant petit format, grand tirage, prix d’appel attractif et volonté d’atteindre tous les publics. En ce sens, le livre de poche est bien l’enfant de la culture de masse, ce qui explique qu’il ait fait couler beaucoup d’encre, séparant en deux camps irréconciliables ses partisans et ses détracteurs.

Pour comprendre l’étonnante « querelle du livre de poche », qui éclata au milieu des années 1960, il faut lire la diatribe du philosophe Hubert Damisch dénonçant « la manipulation qui du livre fait un produit et du lecteur un consommateur » (« Mercure de France », novembre 1964). De même faut-il garder à l’esprit la dénonciation, aux États-Unis, de la « culture à deux balles » (« culture at two bits »). Manifestement, une partie des intellectuels refusent alors la mise à la portée du grand public des œuvres qui n’ont pas été conçues pour lui. À la différence d’Hubert Damisch, cependant, Louis Aragon et « les Lettres françaises » avaient mené une vaste enquête auprès de leurs lecteurs avant de donner leur avis. Le résultat de ce sondage d’opinion s’étalait à la une du numéro du 29 octobre 1964 et sonnait comme la reconnaissance d’un phénomène qui bouleversait le rapport à la culture. « Révolution en librairie » titraient « les Lettres françaises », accordant ainsi toute son importance à un séisme qui heurtait les uns et enthousiasmait les autres. Quelques mois plus tard, Jean-Paul Sartre et « les Temps modernes » consacreront deux numéros de la revue à la révolution du « Poche » et donneront, eux aussi, la parole aux deux camps.

Que s’était-il donc passé pendant ces dix premières années pour que les esprits s’échauffent à ce point ? Si la collection « Penguin » s’était contentée, au départ, de donner à lire, à un prix abordable (6 pence, soit 5 à 6 euros actuels), des classiques de la littérature, le « Livre de Poche » français avait entamé sa conquête du public en proposant, le 6 février 1953, des romans modernes et non plus des « classiques ». « Kœnigsmark », de Pierre Benoit, « les Clés du royaume » de A. J. Cronin et « Vol de nuit », de Saint-Exupéry, avaient inauguré la série, bientôt suivis par d’autres auteurs contemporains parmi lesquels Albert Camus (« l’Étranger »), Jean-Paul Sartre (« les Mains sales »), André Gide (« la Symphonie pastorale ») et Roger Vercel (« Capitaine Conan »). Les deux premiers volumes avaient été tirés à 55 000 exemplaires, le troisième à 70 000, et les rééditions suivirent à un rythme rapproché. On retient généralement l’indication des tirages comme la preuve qu’il s’agissait bien d’une révolution et on y ajoute le prix bas de ces volumes, 150 francs, l’équivalent de 3 à 4 euros d’aujourd’hui.

Pourtant, une nouvelle fois, la réalité est trompeuse. En effet, Henri Filipacchi, le père du « Livre de Poche » de 1953, conçu par la LGF (la Librairie générale française), une filiale du groupe Hachette, avait repris à son compte un projet né en 1939, lorsque la maison d’édition Calmann-Lévy, associée aux Messageries Hachette et, déjà, à la LGF, avait mis sur le marché la « Collection Pourpre ». Avec 3 millions de volumes vendus entre 1939 et 1942, le résultat était à la hauteur des espérances, même si la guerre et la pénurie de papier freinèrent sa percée auprès des lecteurs.

« Aziyadé » de Pierre Loti, « la Bataille » de Claude Farrère, « la Dame aux camélias » de Dumas fils, « la Rôtisserie de la reine Pédauque » d’Anatole France, « Chéri » de Colette, « les Oberlé » de René Bazin, les premiers titres de la « Collection Pourpre » avaient été tirés en moyenne à 66 000 exemplaires. Ces volumes étaient dotés d’une reliure souple, un cartonnage agréable au toucher et à l’œil, et même ornés d’une jaquette en couleurs et de deux dessins. Une clause du contrat liant les éditions Calmann-Lévy à la LGF prévoyait, parallèlement à cette version cartonnée vendue 10 francs (2,5 euros), la mise en vente d’une série de volumes brochés proposés à 5 francs, mais le succès foudroyant de la série la plus chère (un million de volumes vendus en un an) conduisit ses concepteurs à suspendre la fabrication de l’autre version. Or, en 1952, l’ancien secrétaire général des Messageries Hachette, muté à la LGF pour faire oublier ses relations ambiguës avec les autorités allemandes pendant la guerre, décide de maintenir la « Collection Pourpre » en partenariat avec les éditions Calmann-Lévy mais de lui opposer une série de petits livres brochés, vendus deux fois moins cher.

Finalement mis en vente au début du mois de février 1953, le « Livre de Poche » allait sonner le glas de la « Collection Pourpre », disparue cinq ans plus tard. Le bonheur des uns faisant le malheur des autres, Henri Filipacchi passera, aux yeux de la postérité, pour l’inventeur d’une formule qu’il avait trouvée toute prête dans les cartons de la LGF. Mais il est vrai qu’en associant la totalité des éditeurs français, et non un partenaire unique, au destin du « Livre de Poche », il allait mettre les catalogues des éditions Gallimard, Grasset, Stock, Albin Michel et consorts au service de ce formidable instrument de démocratisation de la lecture.

Les débuts ne furent pas aussi rapides qu’on aurait tendance à le penser (2 millions de volumes vendus en 1953), mais, avec 55 millions de volumes sortis des presses entre 1953 et 1961, puis 18 millions en 1962 et 23 millions en 1963, soit près de 100 millions de « Livres de Poche » commercialisés à cette date, le succès était au rendez-vous. Dès 1958, la collection « J’ai lu » (Flammarion) tentait de ravir au « Poche » des parts de ce marché juteux (déjà 7 % des ventes de livres), bientôt suivie en 1962 par « Presses Pocket » (Presses de la Cité) et « 10/18 » (Julliard).

C’est l’apparition de la collection « Folio », lancée en 1972 par Gallimard, qui a enlevé sa distribution aux Messageries Hachette, l’année précédente, qui marque une rupture. La richesse du catalogue des éditions Gallimard est telle qu’elle permet aux poulains de la rue Sébastien-Bottin (Gaston-Gallimard aujourd’hui) d’occuper une place à part dans ce marché à la croissance exponentielle.

Avec 25 % du nombre d’exemplaires produits en 2022, soit plus de 118 millions de volumes, et près de 15 % du chiffre d’affaires de l’édition, le « Poche » a démontré son caractère irremplaçable et sa capacité à attirer à la lecture des millions de Français séduits par son faible coût et le caractère populaire de sa présentation.

Les détracteurs du livre de poche ont dû rendre les armes et admettre que le lecteur n’est pas un enfant qu’il faudrait prendre par la main pour lui apprendre à goûter, ensuite, le plaisir des livres les plus difficiles. L’école joue ce rôle depuis Jules Ferry et le succès des médiathèques modernes construites dans les années 1970-2000 un peu partout en France a contribué à diffuser en profondeur le plaisir de lire. En 1964, au moment précis où André Malraux défendait l’installation de ses maisons de la culture dans les villes moyennes (Bourges, Le Havre) et prônait le contact direct du public avec les œuvres d’art, une partie des intellectuels s’effrayaient de cette descente de la culture dans les masses.

En 2023, plus personne ne dénie au livre de poche son pouvoir d’attraction, et les jeunes, les étudiants, n’achètent pas d’autres livres, si ce n’est des BD et des mangas, deux autres enfants de la culture de masse. Les albums, tels ceux du Père Castor, et une partie de la bande dessinée se sont adaptés au format du « Poche » et celui-ci est souvent présent dans les films et les séries télévisées, ultime preuve de son adéquation avec les attentes du public à l’échelle de la planète.

EN SAVOIR PLUS

« Du “poche” aux collections de poche. Histoire et mutations d’un genre », sous la direction de J.-Y. Mollier et L. Trunel, Céfal, 2010.

« Les Éditions Calmann-Lévy de la Belle Époque à la Seconde Guerre mondiale. Un demi-siècle au service de la littérature », de J.-Y. Mollier, Calmann-Lévy, 2023.

« Les Trois Révolutions du livre de poche. Une aventure européenne », d’I. Olivero, Sorbonne Université Presses, 2022.

livres
L'Humanité

Philippe Martinez : les coulisses du red chef d'un jour

Reportage

Solène Cahon

Alors qu'il est l'une des voix majeures de la contestation contre la réforme des retraites, le secrétaire général de la CGT, Philippe Martinez, est devenu rédacteur en chef de l'Humanité le temps d'une journée pour ce jeudi 9 mars. 

Arrivé ce matin à 9h00, Philippe Martinez s'est directement mit à la tâche pour superviser l'édition de l'Humanité à paraître le vendredi 10 mars et consacrée au mouvement social contre la réforme des retraites. Son objectif : mettre en avant la question de la "démocratie" dans ce débat.

Engagé au coeur de la lutte, le secrétaire général de la CGT se trouve à un tournant de sa carrière. Il quittera ses fonctions lors du prochain congrès du syndicat en mars. En poste depuis 2015, il retrouvera bientôt son poste de salarié chez Renault, à la veille de ses 62 ans. 

Réforme des retraites
L'Humanité

L’acharnement contre Pinar Selek

Tribune

Collectif

Texte collectif de parlementaires français

Cela fait désormais vingt-cinq ans que Pinar Selek, militante, écrivaine et enseignante-chercheuse franco-turque, subit un harcèlement politico-judiciaire en règle de la part du régime turc. Vingt-cinq ans : la moitié de sa vie. Pinar Selek a été emprisonnée et torturée en 1998, alors qu’elle réalisait des travaux de recherche sur les mobilisations contestataires kurdes en Turquie. La police voulait qu’elle livre des noms. Devant son refus, elle a ensuite été accusée d’avoir fomenté un « acte terroriste », l’explosion d’une bombe au marché aux épices d’Istanbul deux jours avant son arrestation.

Peu importe que plusieurs expertises aient démontré que l’explosion était d’origine accidentelle, peu importe que le seul « témoin » des faits ait reconnu avoir produit un faux témoignage sous la torture : Pinar Selek est restée en prison deux ans et demi, puis a subi une procédure judiciaire kafkaïenne. À quatre reprises, la justice turque l’a acquittée ; à chaque fois, le procureur a fait appel et a fait annuler la décision. Pinar Selek a dû se réfugier en Allemagne, puis en France, où elle réside depuis onze ans. Son dernier acquittement, en date de 2014, a été annulé le 21 juin 2022 par la Cour suprême de Turquie, qui l’a condamnée à la prison à perpétuité assortie d’un mandat d’arrêt international.

Cette décision sera confirmée, ou non, par la cour d’assises d’Istanbul le 31 mars. Pinar Selek, comme tant d’autres personnes, paie le prix d’une politique de répression insensée du régime turc à l’encontre de toutes celles et ceux qui osent se dresser contre lui.

Nous, élu∙e·s de la nation, dénonçons ce piétinement de l’État de droit et des valeurs fondamentales de démocratie, de liberté d’expression et de liberté intellectuelle. Nous condamnons ce simulacre de justice, et nous appelons Emmanuel Macron et le gouvernement français à faire de même ainsi qu’à assurer la sécurité de notre concitoyenne sur le territoire français. Leur prise de position en soutien à Pinar Selek doit être officielle et sans concession. Il est de leur devoir d’appeler les autorités turques à annuler la condamnation et à cesser leur politique liberticide contre les opposant∙e·s et les minorités.

Certain∙e·s d’entre nous formeront une délégation parlementaire qui se rendra à Istanbul le 31 mars afin de témoigner notre soutien et notre solidarité envers Pinar Selek, et envers toutes celles et ceux qui, pour avoir milité pour la démocratie ou pour avoir tout simplement fait leur métier, sont emprisonné∙e·s, torturé∙e·s, tué∙e·s ou contraint∙e·s à l’exil. D’ici là, nous invitons l’ensemble des démocrates et progressistes à participer à la conférence de soutien à Pinar Selek qui aura lieu le mercredi 29 mars, à l’hôtel de ville de Paris. 

Pinar SelekTurquie
L'Humanité

1963, les mineurs de tout le pays en grève !

Histoire de la semaine

Social Un important mouvement social unitaire pour les salaires se déroule en mars et en avril dans la région Nord-Pas-de-Calais et son bassin minier, ainsi qu’en Lorraine, dans le centre de la France et dans les concentrations ouvrières du Sud.

Pierre Outteryck

Dans les estaminets, dans la salle des pendus ou aux lavabos, la colère des mineurs gronde : inflation et les salaires qui ne suivent pas, autoritarisme des porions et des gardes, accroissement des poussières, responsables de silicose… De 1954 à 1962, la guerre menée en Algérie par l’impérialisme français a freiné les luttes sociales. Le 19 mars 1962, les accords d’Évian scellent la fin du conflit. Quelques mois auparavant, déjà, les luttes revenaient sur le devant de la scène. Du 19 décembre 1961 au 20 février 1962, les mineurs de Decazeville étaient en grève, « fêtant » Noël au fond de la mine. Sous l’impulsion de la Confédération générale du travail (CGT), tous luttent, avec la population, pour conserver leur outil de travail.

Février 1963, face à la colère, la CGT, pilotée par Léon Delfosse et Achille Blondeau, s’apprête à déclencher une large grève. L’échec et la violente répression de la grève de 1948 avaient profondément divisé les mineurs et leurs organisations : depuis 1948, la CGT était systématiquement évincée de toutes les négociations. Dès janvier 1963, mesurant l’état d’esprit des mineurs, la CGT sent possible l’unité d’action avec la Confédération française des travailleurs chrétiens (CFTC) et Force ouvrière (FO), une première !

En ce début de février, le froid est vif et le charbon est la principale source de chauffage dans les foyers. Dans son livre, Achille Blondeau raconte comment lui et ses camarades ont pris conseil auprès de Benoît Frachon, secrétaire de la Confédération. Celui-ci leur a conseillé de remettre à quelques jours le mouvement pour éviter, vu le froid, toute réaction hostile de la population.

Fin février, la CGT a publié l’impact du retard des salaires : 11 % ! Le 22 février, elle annonce la grève pour le lundi 4 mars : aucune réquisition ne sera acceptée !

L’immense solidarité rassemble largement

Le dimanche 3 mars, de Gaulle et Pompidou se croient assez forts pour publier au Journal officiel l’ordre de réquisition. Lundi 4 mars, seules les mines de Lorraine fonctionnent. Ici, la CGT est moins implantée, les organisations réformistes et le gaullisme sont puissants. Pour de Gaulle, cette situation peut favoriser l’échec de la grève. Mais, le 4 au matin, brûlant les ordres de réquisition, les mineurs lorrains refusent de descendre… Le lendemain, même réponse dans les autres bassins houillers. Les mineurs de bauxite du Var et les ouvriers de Lacq entrent eux aussi en grève. La grève est générale. Le 13 mars, les mineurs de fer lorrains manifestent à Paris. L’UFF Nord-Pas-de-Calais rassemble, le 15 mars, 140 femmes au ministère de l’Industrie…

2,5 % d’augmentation ! La proposition des Charbonnages de France (CDF) suscite l’indignation. La CGT réclame 11 %. C’est l’impasse ! Le gouvernement crée une commission dite des sages, présidée par le commissaire au Plan Pierre Massé.

Durant une vingtaine de jours, la lutte se popularise, favorisant une vaste solidarité : collectes, dons financiers, aides des agriculteurs, accueil des enfants des mineurs par le SPF et, plus spectaculaire, le soutien d’artistes et d’écrivains très reconnus. La réquisition a choqué ! Depuis 1945, en France, le droit de grève est inscrit dans la Constitution ; en 1958, de Gaulle n’a pas osé remettre en cause cette conquête importante.

La colère des mineurs, leur unité, celle des organisations syndicales et des forces de gauche, l’immense solidarité rassemblent largement : plus de 1 000 femmes de mineurs manifestent à Lille, le 22 mars ; 2 000 à Lens, le lendemain ; 25 000 manifestants à Valenciennes. Les 80 000 de Lens, le 30 mars, font la une du journal télévisé et de la presse.

Les 2 et 3 avril, la commission des sages rencontre les syndicats. Elle propose 10 % d’augmentation. Son calcul est donc très proche de celui de la CGT. Après un mois de lutte, de Gaulle cède : c’est la première victoire des « gueules noires » depuis le vote du statut des mineurs, loi du 14 février 1946 portant « reconnaissance par la nation du métier de mineur et de son importance pour la vie économique du pays ».

Reste un point d’ombre : le rapport Jeanneney-Barre de 1961 programmant la fermeture de toutes les mines. Achille Blondeau résume en 2004 la situation : « Bien sûr, nous connaissions le plan Jeanneney ; en 1961, la CGT a organisé une journée d’étude : “Comment diversifier l’approvisionnement énergétique”. Le travail était dur, mais les mineurs avaient du mal à admettre que les CDF allaient fermer les puits ; sous leurs pieds, il y avait des milliards de tonnes à extraire ! Nous avons obtenu la mise en place d’une réunion paritaire, qui n’a pas empêché la fermeture. »

Ces mobilisations ont ouvert une page nouvelle

La victoire des mineurs est le fruit d’un vaste rassemblement syndical, d’un large soutien populaire, d’un choix d’objectifs clairs et précis. Grâce à eux, le droit de grève restait vivant. Cette grève, ces mobilisations ont ouvert une page nouvelle : batailles pour défendre la Sécurité sociale, grandes grèves du printemps 1968…

L’unité d’action, le large rassemblement des forces politiques, associatives et culturelles sont la clé de ce succès. N’oublions pas cette leçon pour nos combats d’aujourd’hui.

minesgrèvesnord-pas-de-calaislorraine
L'Humanité

Enquête dans l’ombre des Templiers à Provins

Nos recommandations culturelles

Télévision Une légende, un territoire, un couple d’enquêteurs : bonne surprise pour ce téléfilm avec Thierry Neuvic, Anne Caillon et Gil Alma.

Caroline Constant

L’heure est à la fête à Provins. L’enfant chéri de la région, Renan Thomas (Stéphan Guérin-Tillier), met en scène une pièce sur l’histoire de la ville. Au beau milieu de cet instant de théâtre, il est victime d’une attaque au couteau. Dans les gradins, parmi les spectateurs, se trouvent Karine Demarle (Anne Caillon) et son fils Jonas. Elle passe quelques heures dans la ville médiévale avec son fils d’une dizaine d’années, Jonas, avant de le confier à son ex-mari, Patrick (Thierry Neuvic). Or, Karine et Patrick sont tous deux capitaines de police. Ils vont mener l’enquête conjointement. Ce qui ne va pas aller sans heurt, puisque madame vit en couple, à Paris, et que monsieur n’a pas fait le deuil de cette relation passée.

Le téléfilm embrasse la structure des collections de polars de France 3 : un crime, un duo d’enquêteurs, une légende locale. Là, ce sont les Templiers, qui se seraient réfugiés dans les souterrains de la ville au XIVe siècle, qui fournissent la trame, complètement artificielle et simple prétexte à de petites balades dans les splendides rues de Provins. L’intérêt du téléfilm repose sur la relation entre les deux personnages principaux : elle est une fonceuse, un peu tête brûlée, très investie dans son travail, et elle a tourné la page de cette histoire ; il est un grand romantique (un peu lourd parfois), qui tente vaille que vaille de recoller les morceaux d’une relation qui a explosé par sa faute. À leurs côtés, on note la présence de Gil Alma, dans le rôle du compagnon parisien de Karine.

Bien rythmé, le téléfilm, qui a déjà été diffusé en 2019, est un peu au-dessus, par la force des personnages et de la réalisation, de cette collection de France 3. Mais il serait peut-être temps d’abandonner ce prétexte des légendes, très novateur au départ, et qui vieillit mal, et plombe de jolies fictions qui n’en ont absolument pas besoin. 

provinstéléfilmfrance 3
L'Humanité

L’énergie est un bien commun de l’humanité

Tribune

Éliane Assassi Présidente du groupe communiste, républicain, citoyen et écologiste du Sénat Alain Obadia Président de la Fondation Gabriel-Péri

À l’origine, la libéralisation, la fin des monopoles et le dépeçage des entreprises historiques du secteur de l’énergie organisés par les instances de l’Union européenne, main dans la main avec les gouvernements, étaient censés faire baisser les prix grâce aux vertus de la concurrence. Cette présentation idyllique s’est vite fracassée sur les dures réalités du capitalisme de marché et de sa logique de rentabilité.

Très rapidement, le lobby des fournisseurs alternatifs de gaz et d’électricité s’est mobilisé pour dénoncer les prix trop bas pratiqués en France. Il fallait augmenter les tarifs réglementés pour permettre à la concurrence de s’installer durablement en assurant aux opérateurs privés le taux de profit attendu. Ce raisonnement illustrait à quel point les dogmes néolibéraux nous font marcher sur la tête.

Bien avant le conflit ukrainien, les hausses des tarifs étaient intervenues pour les usagers, quasiment chaque année. Les prix sur les marchés de gros de l’électricité étaient soumis à la spéculation. Cette situation était encore aggravée par leur indexation sur les prix du gaz, sans aucun rapport avec la structure de la production électrique en France.

La fin des tarifs réglementés était programmée. La mise en place de l’Arenh (accès régulé à l’énergie nucléaire historique) s’est traduite par une ponction indue sur les revenus d’EDF au profit de ses concurrents, qui pouvaient désormais acheter à bas prix l’électricité nucléaire pour la revendre plus cher aux usagers.

Le déclenchement de la guerre en Ukraine a largement dégradé ce contexte global. Dans un environnement marqué par les pénuries et les décisions de boycott, les prix n’ont pas seulement augmenté, ils ont explosé. Des dizaines de milliers de commerçants, d’artisans, de PME, d’exploitations agricoles, mais aussi de collectivités locales sont en grave difficulté, voire acculés à la faillite du fait de l’augmentation délirante de leurs contrats de fourniture d’électricité ou de gaz ou encore du prix des carburants.

Des centaines de milliers de familles ne peuvent plus payer leurs factures et doivent choisir entre se nourrir et se chauffer. Dans ces conditions, le bouclier tarifaire gouvernemental se révèle insuffisant. La spéculation s’en est donné à cœur joie. Il suffit, pour s’en convaincre, de se référer au bénéfice d’Engie qui s’envole de 43 % ou à celui de Total, en hausse de 90 % malgré les pertes du groupe en Russie. Quant à EDF, le gouvernement lui a imposé, en 2022, plus de 8 milliards de perte sèche supplémentaires en l’obligeant par décret à vendre, à prix réglementé, 20 TWh d’électricité aux fournisseurs privés, en sus des 100 TWh annuels. EDF est ensuite obligée de les racheter sur le marché à un prix six à dix fois plus élevé. Plus globalement, l’Europe a troqué sa dépendance au gaz russe contre des sources plus chères et plus polluantes, dont les gaz et pétroles de schiste américains.

Cette situation conduit à un enseignement majeur : la soumission du secteur de l’énergie aux lois du marché capitaliste produit des résultats catastrophiques. Le dogme selon lequel l’énergie est une marchandise – qui plus est une marchandise comme les autres – relève à l’évidence de l’escroquerie et profite aux seules multinationales et aux courtiers.

Il faut affirmer haut et fort que l’énergie est un bien essentiel, un bien commun de l’humanité. Elle doit être produite et gérée comme tel. Le droit à l’énergie doit être assuré pour toutes et tous et ne pas être compromis par la spéculation financière. Pour répondre aux besoins, la planification à long terme intégrant les dimensions économique, technologique, sociale et écologique doit devenir la règle. Il en va de même des coopérations entre producteurs, comme entre producteurs et consommateurs. En France, EDF et Engie doivent être renationalisées et démocratisées. Un pôle public de l’énergie doit être créé et la qualité de service public de ce secteur réaffirmée.

C’est pour contribuer à ce débat si nécessaire que la Fondation Gabriel-Péri, sous le marrainage de la présidente du groupe communiste, républicain, citoyen et écologiste du Sénat, organise les 17 et 18 mars, au Palais du Luxembourg, un colloque international intitulé « L’énergie, bien commun de l’humanité ? », qui permettra d’approfondir la réflexion et contribuera, nous en sommes convaincus, à la mobilisation indispensable sur ce sujet déterminant. 

inscription@gabrielperi.frÉnergiefondation Gabriel Périeliane assassialain obadia
L'Humanité

L’IVG en Italie sous la menace

Nos recommandations culturelles

Télévision France 2 diffuse ce soir un numéro d’ Envoyé spécial consacré au droit à l’avortement, de plus en plus contesté : les récents reculs aux États-Unis inspirent nos voisins transalpins.

Emile LeauthierEnvoyé spécial. Italie : IVG, le chemin de croix

Un spectre hante le monde : celui du recul des droits des femmes. Partout à travers le globe, il accomplit son œuvre sinistre, les menaçant chaque jour un peu plus. Parmi ces droits, le plus attaqué sans doute est celui à l’avortement. Aux États-Unis, l’année 2022 aura été marquée par l’abrogation de l’arrêt Roe vs Wade, qui garantissait aux Américaines l’accès à l’interruption volontaire de grossesse.

États-Unis. Le droit à l’avortement n’est plus constitutionnel : le grand bond en arrière

Depuis lors, nombre d’États ont soit interdit soit considérablement restreint les possibilités d’avorter. Dans le cas de l’Arizona, les autorités sont allées jusqu’à réactiver une loi remontant au XIXe siècle, interdisant l’IVG même en cas de viol et d’inceste.

Aujourd’hui, ce droit fondamental demeure en vigueur dans une vingtaine d’États seulement, laissant craindre un retour en puissance des avortements clandestins pratiqués à l’aiguille ou à l’eau de Javel. Un recul sans précédent qui est loin de ne toucher que la patrie de l’Oncle Sam.

Une clause permet aux médecins « objecteurs de conscience » de ne pas pratiquer l’avortement

En Italie, avec l’arrivée au pouvoir de la postfasciste Giorgia Melloni, les militants « pro-vie » se prennent à rêver d’une abolition totale du droit d’avorter. Dans ce pays catholique très pratiquant, il est déjà contesté et loin d’être pleinement appliqué.

En effet, dans la loi en vigueur, une clause permet aux médecins « objecteurs de conscience » de ne pas pratiquer l’avortement. Majoritaires parmi les gynécologues, ils imposent aux Italiennes de grandes difficultés d’accès à l’IVG. Certaines doivent faire des heures de route pour trouver un médecin conciliant, et pratiquement toutes essuient des remarques brutales, culpabilisantes, et paniquent de voir le temps filer.

En Italie, l’avortement médicamenteux est autorisé jusqu’à neuf semaines. Au-delà, une opération doit être pratiquée avant douze semaines.

Les avortements clandestins repartent à la hausse

Le collectif féministe Obiezione Respinta recueille les témoignages des nombreuses femmes victimes de violences gynécologiques. Les avortements clandestins repartent à la hausse. Ainsi, le terrain est fertile pour abolir ce droit fragile.

En Italie, la famille prime sur le droit des femmes

Revigorés par la décision de la Cour suprême aux États-Unis, les « pro-vie » fourbissent leurs armes, se modernisent, multiplient les campagnes de propagande, investissent Planning familial et hôpitaux publics.

Pour le nouveau gouvernement d’extrême droite, distiller le doute dans l’esprit des femmes qui veulent avorter et les inciter à devenir mère sont devenus l’obsession numéro un. Cette enquête d’ Envoyé spécial nous rappelle que la menace plane partout, d’un continent à l’autre, sur les femmes du monde entier. 

droit à l'avortementItaliefrance 2documentaire
El País (ESP)

SANS TITRE

Más de 400.000 seguidores, vídeos con 3 millones de visualizaciones y una popularidad que nadie, empezando por ella misma, se esperaba. Este es el balance del paso por TikTok de Esther Martínez, conocida en dicha red como XiquetaMontgat. Su cuenta está dedicada a mostrar combinados ochenteros que se servían en el bar de sus padres en Montgat (Barcelona), y los torombolos, lumumbas o cristales que prepara han deslumbrado a un público que no había nacido en la década en la que estas bebidas triunfaron.

La curiosidad por ellas parece evidente. La duda es si tiene sentido que vuelvan o son demasiado potentes, dulzonas o viejunas para el siglo XXI. Por eso las hemos catado junto a dos miembros de la generación milenial y Z, que las han aprobado o suspendido. Todo está en el vídeo de arriba.

COMBINADOS PROBADOS

Torombolo: vodka + zumo de piña

Lumumba: coñac o brandy + batido de chocolate

Destornillador: vodka + zumo de naranja

Vaca verde: peppermint + leche

Butano: pacharán + refresco de naranja

Cristal: vodka + Licor 43

BBC

Georgia drops 'foreign agents' law after protests

Georgia's ruling party has said it will withdraw a controversial draft law, in the face of mass protests and widespread international criticism.

Thousands of protesters have taken to the streets in Tbilisi this week in anger as a Russian-style law began its passage through parliament.

Under the bill, non-government groups and media would be targeted if they take over 20% of funding from abroad.

The main ruling party said it was pulling the bill "unconditionally".

Describing itself as a party of government responsible to all members of society, Georgian Dream referred to the need to reduce "confrontation" in society.

Georgia has applied for candidate status of the European Union and sought to join Nato. EU officials had condemned the draft legislation as incompatible with EU values.

In a statement, the EU delegation in Georgia said the move to drop the law was a "welcome announcement" and encouraged political leaders to resume "pro-EU reforms".

The government's U-turn followed a second night of clashes between riot police and protesters outside parliament. Tear gas and water cannon were used to disperse the demonstrators as they chanted "no to the Russian law".

Protesters arrested during the demonstrations have been released, according to the Ministry of Internal Affairs.

Officials said some were brought before the court but the rest "were released based on the expiration of the term of stay in the pre-trial detention centre".

Meanwhile, Georgian President Salome Zurabishvili praised protesters for coming out against the proposal. Ms Zourabichvili had backed the demonstrations and had vowed to veto the bill, although ultimately the government would have had the power to override her move.

"I want to congratulate society on its first victory. I am proud of the people who made their voices heard," Ms Zurabishvili said in a televised address from New York. "There is distrust towards the government as we pursue our European path."

In its statement, Georgian Dream complained that the proposal had been unfairly labelled and said that as the "emotional background subsides" it would explain the importance of the bill and transparency in foreign funding to the public.

Despite the decision to drop the bill, opposition parties said they had no plans to halt the protests. They called for clarity on how the proposals were to be withdrawn and demanded the release of protesters detained this week.

Armaz Akhvlediani, an independent opposition member of parliament and former secretary-general of Georgian Dream, welcomed the party's promise to withdraw the legislation but said it had "Russian interests" that worked against "democracy and rule of law".

Prime Minister Irakli Gharibashvili had earlier condemned the "stir" over the bill. His party maintained that the legislation mimicked American laws from the 1930s, an argument also used by the Kremlin when it passed a similar law in 2012.

Kremlin Press Secretary Dmitry Peskov said Russia had "absolutely nothing" to do with the bill, as he sought to distance his country from the protests.

He said the Kremlin did not inspire the proposal and that the US "pioneered the practice of introducing these laws".

Mr Peskov also advised Russians living in Georgia to be "extremely careful" and stay away from the street riots.

That Russian law has gradually intensified and now suppresses Western-funded NGOs, independent media, journalists and bloggers, who are required to label their content with the sinister phrase "foreign agent".

"Again and again they are trying everything to take us far away from the European Union, European values," said 30-year-old protester Luka Kimeridze.

Eka Gigauri of Transparency International in Georgia told the BBC that NGOs were already subject to 10 different laws and the finance ministry already had full access to accounts, funding and other information.

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BBC

Climate change: New idea for sucking up CO2 from air shows promise

A new way of sucking carbon dioxide from the air and storing it in the sea has been outlined by scientists.

The authors say that this novel approach captures CO2 from the atmosphere up to three times more efficiently than current methods.

The warming gas can be transformed into bicarbonate of soda and stored safely and cheaply in seawater.

The new method could speed up the deployment of carbon removal technology, experts say.

While the world has struggled to limit and reduce emissions of carbon dioxide in recent decades, several companies have instead focussed on developing technology to remove CO2 from the atmosphere.

Climeworks in Switzerland is perhaps the best known. Over the past ten years it has developed machines to suck in the air from the atmosphere that filter and trap the carbon dioxide molecules.

At a plant in Iceland the captured CO2 is injected deep underground where it is permanently turned into stone.

The company has recently started selling a certified carbon removal service to large corporate clients including Microsoft, Spotify and Stripe.

However, one big problem for most current approaches to direct air capture is cost.

CO2, although a powerful warming agent, is relatively diluted in the atmosphere at around 400 parts per million (ppm) in air.

So big machines that require large amounts of energy are needed to both absorb and discharge the CO2.

This new approach, using off-the-shelf resins and other chemicals, promises far greater efficiency and lower cost, say the scientists involved.

The research team have borrowed an approach used for applications in water, and "tweaked" existing materials to remove CO2 from the air.

In tests, the new hybrid absorbing material was able to take in three times as much CO2 as existing substances.

"To my knowledge, there is no absorbing material which even at 100,000 ppm, shows the capacity we get it in direct air capture of 400 ppm," said lead author Prof Arup SenGupta from Lehigh University in the US.

"This simple ability to capture CO2 at a high quantity, in a small volume of material, is a unique aspect of our work."

The development, while in its early stages, has been welcomed by others in the field.

"I am happy to see this paper in the published literature, it is very exciting, and it stands a good chance of transforming the CO2 capture efforts," said Prof Catherine Peters from Princeton University, an expert in geological engineering, who wasn't involved in the research project.

"What is clever about this is that the starting point was a technology previously designed for applications in water. This advance applies this technology to the gas phase - a new idea."

"The demonstrated performance for CO2 capture is promising."

One of the big challenges in capturing CO2 is what to do with the trapped gas.

Storing it under the ground or sea in former oil wells is one widely used approach. But the new paper suggests that with the addition of some chemicals the captured CO2 can be transformed into bicarbonate of soda and stored simply and safely in sea water.

Dr SenGupta says he now wants to establish a spin-off company to develop the technology further.

He believes that removing CO2 in this way will not only be critical to limiting the rise in global temperatures but could also be directly empowering for developing countries.

"We have to take it to places like Bangladesh, Barbados or the Maldives, they also have a role to play, they cannot be just bystanders who keep suffering."

Some scientists are reluctant to put too much emphasis on new and emerging technologies like direct air capture because they fear that it could dilute the carbon cutting efforts of governments and individuals.

But with the temperature thresholds of the Paris climate agreement under threat from rising emissions, many others feel that the rapid deployment of direct air capture in addition to massive cuts in carbon is the best hope of avoiding dangerous climate change.

"It has become even more important now that we are definitely in an overshoot regime, where we have to take carbon back from the environment," said Prof Klaus Lackner, a pioneer in the field of removing CO2.

"DAC will have to get cheaper to make a useful contribution. I am optimistic that it can do this."

Professor SenGupta shares that optimism, believing that this new approach can remove CO2 for less than $100 a tonne.

The research has been published in the journal, Science Advances.

BBC

US black couple settles lawsuit over 'white-washed' home valuation

A US black couple has settled a lawsuit with a real estate appraiser whom they accused of giving their home a low valuation because of their race.

Tenisha Tate-Austin and Paul Austin's house was valued in 2020 at nearly $1m (£845,000) - much less than expected.

They asked for an appraisal with another firm - this time with a white friend posing as the California home's owner. It was valued at nearly $1.5m.

According to official figures, 92.4% of home appraisers are white.

In 2021, the Federal Home Loan Mortgage Corporation released a study of 12 million appraisals over five years, showing that homes in black and Hispanic neighbourhoods were routinely undervalued.

Ms Tate-Austin and Mr Austin bought the house in 2016 in Marin City - a city about 11 miles (18 kilometres) from San Francisco - for about $550,000.

The city has a large African-American population (38%), compared with the predominantly white Marin County, where it is situated, in which only 2.8% of the population is black.

In 2020, when interest rates were historically low, the couple decided to refinance their mortgage.

The year before, a company had appraised their four-bedroom property for $1,450,000, after they made major improvements, including adding square-footage.

But when they decided to refinance again in 2020 to take advantage of low rates, they were appraised for just $995,000.

So they came up with an experiment. What if their friend, a white woman, posed as the homeowner instead?

They removed all trace of themselves from their home, including their African-themed artwork and their photographs.

The process is known as "white-washing", and black homeowners across the country have reported doing it in order to sell their properties.

Several weeks after their first estimate, a different appraiser toured the house for the decoy white homeowner.

This time, it was appraised at $1,482,500 - almost half a million dollars more than the initial estimate, according to the lawsuit.

"You feel a sense of relief like, 'I told you.' Then you just feel a sense of sadness," Ms Tate-Austin told the BBC's broadcast partner CBS News in 2021.

"We had to do what we had to do in order to have our house appraised for what it should have appraised for from the start.

"I mean, it's the financial impact, but it's the emotional impact. It's the feeling every day like, the tax of being African-American in this country, like you don't know, it's a coin toss."

The couple sued the first appraisal company for violating the Fair Housing Act, a federal law that prohibits housing discrimination.

The lawsuit was settled on Wednesday for an undisclosed amount.

As part of the agreement, the defendants do not have to admit any liability in the case, but will have to watch a documentary about discriminatory real estate and attend a training session on the history of racial discrimination in real estate.

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BBC

How slimmed-down websites can cut their carbon emissions

"I'm horrified," says Valentina Karellas. "I know grams because I work with them every day and I know how much 10g weighs. And that's just one page."

She's just learned that every visit to her website's homepage generates up to 9.89g of carbon emissions. It's nearly 10 times the 1g target recommended by the Eco-Friendly Web Alliance, an organisation that offers accreditation for environmentally friendly websites.

This revelation is at odds with the rest of her business, which was set up to be sustainable. Karellas designs and makes knitwear, which she describes as wearable art, in her London workshop.

For her raw materials, she sources surplus yarns that would otherwise be thrown away. Everything is made to order on a hand-powered knitting machine, so there's no excess manufacturing and very little power is used.

The website is both an online portfolio and a shopfront. Beautiful, large images are used to showcase the designs and make the site look professional. "I don't want to compromise on that," she says, "but my priority is the environment. This needs to be sorted."

When her site was built, Karellas had no way of knowing its environmental impact. Now, there are several tools that expose this data and are inspiring businesses to drive down their carbon emissions. For instance, Website Carbon Calculator and Ecograder both estimate your home page's carbon emissions.

So how are websites reducing their carbon footprint? Switching to hosting based on renewable energy is a good start. The Green Web Foundation has a tool for looking up web hosts and their green credentials.

Then it's a question of reducing the amount of data that is stored and sent across the network, passing through all those machines that use electricity. It's a challenge when the average size of a web page has increased from 468KB in 2010 to more than 2,000KB today, according to httparchive.org.

As a result of faster internet connections, web developers haven't had to think so much about their file sizes. Many sites have big images and background videos. These are the leading culprits driving the size of web pages up.

Tom Greenwood is the managing director of agency Wholegrain Digital, which builds low-carbon websites. He took a look at Karellas's website and shared a few tips.

The video that plays automatically could be set to play only when the viewer chooses to watch it or scrolls to it, he says.

When you roll the mouse over a product a new image of it appears. "I'd encourage her to have a simpler interaction, such as a zoom effect," he says. That would avoid the need to download the second image.

The homepage has five full-screen photos to cycle through. "That would be something to think about," he says, "whether that is essential or whether there could be a static image, or a smaller image."

Pictures can be optimised so that their file sizes are smaller while the quality remains good. The modern WebP format is more efficient than the older JPEG, too.

More technology of business:

Karellas is encouraged that it's easy to take the first steps, and that any tweaks are unlikely to affect her business. "I'm sure it won't cost a sale just because I change things around a bit," she says.

Tim Frick is the founder of Mightybytes, which designs and builds websites. As well as driving down file sizes, he recommends streamlining the user journey through the site.

"It's easy to calculate emissions based on data transfer," he says. "It's less easy to calculate emissions based on things that cause a user to spend more time, i.e. more energy, on interacting with the page. Some pages get millions of views every day. That tiny frustrating thing that takes each user an additional 10 seconds ends up amplified."

Product design studio Quarterre worked with agency Future Selves to cut its website carbon emissions by 96%. They went from nearly 7g of carbon to 0.3g per homepage visit.

"There's a danger when you talk about 7g that you think that's not that much, but there's a cumulative effect to that," says Clive Hartley, director at Quarterre. "You want as many people as possible to be looking at your website and to come to your business. A more than 90% reduction in energy anywhere else would have people partying in the streets."

They rebuilt the website with a small number of simple pages. Rather than using large hero images, the new site uses smaller images, arranged to create a composite design.

Coloured stripes define the site's identity. They are created with text instructions and reduce the need for bulky image files.

Behind the scenes, animation and interaction effects were added using HTML and CSS, two fundamental web languages. That meant there was no need to download large JavaScript files often used to do this on other sites.

Although Quarterre works in a highly visual industry, Hartley didn't experience any compromise in the site design. "We didn't feel we were missing out on anything," he says. "The simple graphics and the clean corporate imagery for the studio were satisfying. It looks punchy and vibrant."

As well as rethinking images, user journeys and site structure, website owners can ask themselves whether any visits can be avoided altogether.

BioteCH4 turns food waste into energy, working with local authorities and companies. With a new site design, it was able to reduce its carbon emissions by an estimated 520kg, year on year. That's equivalent to 2,500 miles of air travel.

But the company also looked at reducing its bounce rate, the number of people who came to the site and quickly left.

"We had a lot of traffic arriving at the website," says Sharon Foster, marketing and brand manager at BioteCH4. "Looking back, that was a vanity metric. The bounce rate showed they didn't find what they wanted. We were unnecessarily driving people to the website and creating that carbon impact."

BioteCH4 reviewed all its content, deleted old news stories, and merged what was still useful into richer content pages.

More detailed search engine keywords were used to drive prospective customers - rather than general browsers - to destination pages, which were designed to give them exactly what they wanted.

As a result, the bounce rate was cut by about 21%, and bounces from web searches fell by more than 13%.

"Now, although website numbers have dropped, the people we are driving to the website, through organic searches or paid-for advertising, want to talk to us," says Foster.

With a sustainable website design project, companies need to decide where they draw the line. The most efficient site would be text only, but nobody wants to visit that in 2023.

"We want richer online experiences," Wholegrain Digital's Tom Greenwood says. "For me, the line is: do what you need to do to achieve your goals but do that in an efficient way."

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BBC

Rare 'snow tornado' spotted by Shetland crofter

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Have you ever seen a "snow tornado"?

Michael Peterson was feeding his sheep on his croft in Shetland when he spotted the rare weather event following a hailstorm on Tuesday.

He told BBC Radio Shetland he was lucky to be in the "right place at the right time".

An Arctic blast continues to hit many parts of Scotland, with school closures in Shetland, Aberdeenshire and Highland.

BBC

MSF shuts hospital in Haiti over gang violence

Medical charity Doctors Without Borders says gang violence in Haiti's capital has forced the temporary closure of its hospital in Port-au-Prince.

It said that patients and staff at its facility in the Cité Soleil district had been put at risk.

Haitians looking for treatment had become collateral victims of warfare just metres from the hospital, it said.

Gang violence and kidnappings in Haiti have risen sharply since President Jovenel Moïse was assassinated in 2021.

The Caribbean nation has been facing a growing economic crisis.

The charity, commonly known by its French abbreviation MSF (Médecins Sans Frontières), made the move after heavily armed gangs expanded their territory to new areas in Port-au-Prince and nearby towns.

Several schools have also closed as kidnappings increase.

Earlier this year, an MSF-backed public hospital located south of the capital also closed after a patient was killed by a bullet as he left the emergency room.

Cité Soleil, an impoverished neighbourhood on the outskirts of Haiti's capital, now has just one private hospital and one other MSF operation, which is reducing operations.

Vincent Harris, a medical adviser for the aid group, said: "We are living scenes of warfare just metres from the establishment.

"Our hospital has not been directly targeted but we have been a collateral victim of the fighting since the hospital found itself on the frontline."

Field communication manager Alexandre Marcou said a child who was on oxygen had died in a security room, where patients are sent for protection from gunfire around the building.

A 70-year-old man had also been found shot as he tried to cross the street to the hospital.

Haiti has been led by Prime Minister Ariel Henry since Moïse's death, but he has failed to rein in the gangs which control much of the capital.

Mr Henry has repeatedly called for the deployment of an international force to help police in their fight against the criminal gangs.

So far, no country has offered to lead such a force, while Mr Henry says it is key to providing security so that long-postponed elections can be held.

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Watch: Fires burn as rebel police riot on streets of Haiti

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BBC

Eurovision 2023: Mae Muller announced as UK act for song contest

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Watch: Mae Muller's song entry for Eurovision 2023 and fan reaction

Mae Muller will represent the United Kingdom at this year's Eurovision Song Contest.

The 25-year-old will perform her track I Wrote A Song at the competition in May, hoping to follow the success of Sam Ryder last year.

"To compete in such a massive music competition is simply brilliant," she said, describing her involvement as "a dream".

The UK is one of the last competing countries to reveal its song for 2023.

Following the same selection process as last year, the BBC has been working with a management company to pick the act.

Muller was born in 1997 - the year the UK last won Eurovision - and has previously supported Little Mix on tour as well as working with artists like Aitch and Sigala.

"I'm a huge fan of so many of the artists that have found success at Eurovision, from ABBA to Måneskin," Muller said.

"Sam Ryder was so amazing last year and proved the UK can be back on the left-hand side of the leaderboard."

Ryder came second in last year's contest, giving the UK its best result in 20 years.

Muller said she was aware she had a lot to live up to.

"This is obviously such a level up from anything I've ever done, and I can really feel it," said the singer. "You've got to go big and you've got to do it right."

She said Ryder had already been in touch with some tips. In an Instagram video, he also congratulated Muller on her selection.

"You're in for the most wild, inexplicable ride and I'm chuffed for you," he said. "Have a blast."

After years of dismal results, Ryder turned things around for the UK at the 2022 competition, placing second to Ukraine.

TaP Music management, which has worked with Dua Lipa, Lana Del Rey and Ellie Goulding, were the team who selected the TikTok star and his song Space Man for the contest.

This year, they started with "a shortlist of 50 or more" acts, said co-owner Ben Mawson; but when they met Muller, they instantly "fell in love with her".

"We needed someone with a huge amount of charisma and an incredibly strong voice, who can perform flawlessly on the night without making any mistakes," added the firm's co-president Anna Neville.

"Mae is witty, she's funny, We've got so much faith in her. Mae is going to bring it home."

Spiky break-up songs are Mae Muller's trademark, and I Wrote A Song is no exception.

Over a polished club beat, she gleefully takes down a cheating ex, listing all the things she wants to do to him - make a scene outside his house, crash his car, generally make his life a misery.

Instead, she goes meta, working out her anger by writing a song about writing a song about him. "And that's what we call growth, ladies and gentlemen," she said in a video introducing the song.

Described by one colleague as "a Bulgarian nightclub banger" and by my 13-year-old as "too good for Eurovision", it's certainly the most contemporary, credible song we've sent to the contest in a long time.

Mae's sassy north London charisma conveys the depth of her contempt, and the singalong chorus is instantly memorable.

The flourishes of flamenco guitar are more Mi Chico Latino than La Isla Bonita. But still, they're an astute acknowledgment of Europe's influence on a British music industry that too often sees itself as superior.

As for the song's chances, I'm in two minds. My first reaction to the song was like a cat tasting wasabi: Get this horror show away from me.

It took a couple of listens to fully embrace Mae's campy insouciance. After 24 hours, I can't get it out of my head - but in Liverpool, she only gets one chance to impress the Eurovision voters.

The country will be holding its breath to see what they decide.

Like Ryder, Muller will spend the months leading up to the contest promoting her song to outside the UK.

"There's an extra Eurovision dynamic, which involves going to countries you wouldn't ordinarily go to on a promotional campaign," said Mawson.

"Lots of travel, lots of radio and TV, lots of interviews. It's going to be be a tiring few months for her - but hopefully fun."

Muller said she was raring to go. "I can't wait to see you all. I can't wait to get to Liverpool," she posted on TikTok. "I'm very excited! What is life?"

Tickets sold out

Most of the 37 competing countries have confirmed the song and act they will be sending to Liverpool, with a deadline set for 13 March for the handful who have yet to confirm their plans in public.

There are typically two ways a Eurovision entry is chosen: An internal selection, in which an act is chosen behind the scenes; or a national selection, involving a TV show where the winner gets to fly their country's flag in Liverpool.

Thousands of Eurovision fans follow how each country chooses its act with events like Super Saturday gripping devotees across the continent.

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The rundown on the 2023 contest in 50 seconds

Normally, the country who wins hosts it the following year but organisers ruled it was too dangerous in Ukraine, following Russia's invasion, so the BBC was asked to host it instead.

Earlier this week, tickets for May's event sold out in 90 minutes, with fans now being warned scammers are targeting their hotel bookings with phishing cyber-attacks.

All the build-up, insights and analysis is explored each week on a new BBC podcast called Eurovisioncast.

Eurovisioncast is available on BBC Sounds, or search wherever you get your podcasts from.

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Eurovisioncast - the BBC's Eurovision podcast

BBC

Oceans littered with 171 trillion plastic pieces

More than 171 trillion pieces of plastic are now estimated to be floating in the world's oceans, according to scientists.

Plastic kills fish and sea animals and takes hundreds of years to break down into less harmful materials.

The concentration of plastics in the oceans has increased from 16 trillion pieces in 2005, data suggests.

It could nearly triple by 2040 if no action is taken, scientists warn.

Last week, nations signed the historic UN High Seas treaty aiming to protect 30% of the oceans.

To produce this new estimate, a group of scientists analysed records starting in 1979 and added recent data collected on expeditions that trawl the seas with nets to collect plastics.

The plastic counted in nets is then added to a mathematical model to produce a global estimate.

The 171 trillion pieces are made up of both recently discarded plastics and older pieces that have broken down, lead author Dr Marcus Eriksen from the 5 Gyres Institute told BBC News.

Single-use plastics like bottles, packaging, fishing equipment or other items break down over time into smaller pieces due to sunlight or mechanical degradation.

Wildlife like whales, seabirds, turtles and fish mistake plastic for their prey and can die of starvation as plastic fills their stomachs.

They also make their way into our drinking water, and microplastics have been found in human lungs, veins and the placenta.

Scientists say we do not yet know enough about whether microplastics negatively affect human health.

The concentration of plastics in the oceans has significantly increased from around 16 trillion pieces in 2005 to 171 trillion in 2019.

Before 2005 the concentrations fluctuated. Dr Eriksen says scientists are not sure why this is, but it could be explained by stronger legislation being replaced by voluntary agreements, the breakdown of plastics, or the fact that less data was collected.

Prof Richard Thompson at Plymouth university, who was not involved in the study, said the estimate adds to what scientists know about marine pollution.

"We are all agreed there is too much plastic in the ocean. We urgently need to move to solutions-focused research," he told BBC News.

The highest concentration of ocean plastic is currently in the Mediterranean Sea, with some large floating masses found elsewhere including the Great Pacific Garbage Patch.

The authors also suggest that the changing levels of pollution before 2000 may be due to the effectiveness of treaties or policies that govern pollution.

In the 1980s several legally-binding international agreements mandated countries to stop discarding fishing and naval plastics in the oceans, as well as to clean up certain amounts.

These were later followed by voluntary agreements which the authors say may have been less effective, and could explain the rise in plastics from around 2000 onwards.

The authors argue that solutions must focus on reducing the amount of plastic produced and used, rather than cleaning up oceans and recycling plastics because this is less likely to stop the flow of pollution.

The research was published in the scientific journal PLOS ONE.

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Watch: How old fishing nets are being recycled - and helping save the oceans

Data visualisation by Erwan Rivault

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BBC

End of era for UK's only independent Sylvanian Families shop

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The UK's only independent Sylvanian Families shop, in Finsbury Park, north London, will shut after more than 30 years.

The shop's woodland creature toy displays draw collectors, children and superfans from all over the world.

Manager of 19 years, Ben Miller-Poole, says that while they are very sad to be closing on 22 April after three decades in business, they want to celebrate their success.

Video by Alice Salfield.

BBC

Georgia: Police break up protests as crowds stay defiant

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Georgians have taken to the streets to voice their anger at a controversial draft law that critics see as an attack on civil society and independent media.

The government says the "foreign agents" bill will improve transparency.

Riot police have used water cannon and pepper spray to disperse the crowds - and MPs have brawled over the bill in parliament.

Police break up second night of Georgia protests

BBC

AEK Larnaca 0-2 West Ham: Visitors close in on Europa Conference League quarter-finals

Last updated on 1 hour ago1 hour ago.From the section European Footballcomments188

West Ham took a big step towards the quarter-finals of the Europa Conference League with a comfortable first-leg victory at AEK Larnaca.

Michail Antonio scored two first-half goals for David Moyes' side, who have now won all nine of their matches in the competition this term.

It was no more than the Hammers deserved with Antonio almost adding a third after the break when he drove a low effort against the right-hand post.

The Cypriot hosts caused the visitors some early problems but West Ham grew in confidence and took the lead when unmarked Antonio headed Said Benrahma's left-wing delivery into the right corner.

With the Premier League side searching for a second, Pablo Fornals drove wide of the left post moments before Antonio doubled the lead when he collected a pass on the edge of the area and superbly curled an effort around his marker into the top-right corner.

Having made wholesale changes to his starting line-up, Moyes also made several substitutions after the break to keep players fresh - the Hammers' top priority clearly being to retain their Premier League status.

The changes impacted on their overall control of the game, but they were still organised enough to hold off their spirited opponents and create openings, with Lucas Paqueta missing a late opportunity to add to the scoring.

Nevertheless, having gone close to Europa League glory last term by reaching the semi-finals, Moyes will have been pleased with his side's overall performance.

The Scot has made no secret of his ambition to win this competition - which would also provide a route back into Europe next term - and on the evidence of this season it would be difficult to back against them becoming the first English side to lift the trophy.

Player of the match

AntonioMichail Antonio

AEK Larnaca

Avg

5.47

5.37

5.36

5.33

5.33

5.32

5.30

5.28

5.24

5.22

5.18

5.15

5.10

5.08

4.97

4.79

West Ham United

Avg

7.98

7.63

7.45

7.34

7.30

7.23

7.22

7.20

7.20

7.17

7.16

6.85

6.84

6.77

6.37

5.88

Line-ups

Formation 4-2-3-1

Formation 4-2-3-1

Match Stats

Live Text

Match ends, AEK Larnaka 0, West Ham United 2.

Second Half ends, AEK Larnaka 0, West Ham United 2.

Attempt saved. Gus Ledes (AEK Larnaka) left footed shot from the centre of the box is saved in the centre of the goal.

Attempt missed. Ivan Trickovski (AEK Larnaka) right footed shot from outside the box is high and wide to the right. Assisted by Oier Sanjurjo.

Offside, AEK Larnaka. Imad Faraj tries a through ball, but Nemanja Nikolic is caught offside.

Offside, West Ham United. Lucas Paquetá tries a through ball, but Jarrod Bowen is caught offside.

Foul by Gianluca Scamacca (West Ham United).

Hrvoje Milicevic (AEK Larnaka) wins a free kick in the defensive half.

Attempt saved. Ivan Trickovski (AEK Larnaka) left footed shot from the left side of the box is saved in the centre of the goal.

Attempt blocked. Nemanja Nikolic (AEK Larnaka) left footed shot from the centre of the box is blocked. Assisted by Ivan Trickovski.

Attempt saved. Lucas Paquetá (West Ham United) left footed shot from the centre of the box is saved in the centre of the goal. Assisted by Maxwel Cornet.

Attempt blocked. Imad Faraj (AEK Larnaka) right footed shot from the right side of the box is blocked.

Corner, AEK Larnaka. Conceded by Flynn Downes.

Substitution, AEK Larnaka. Kypros Christoforou replaces Roberto Rosales.

Thilo Kehrer (West Ham United) is shown the yellow card for a bad foul.

Foul by Thilo Kehrer (West Ham United).

Omri Altman (AEK Larnaka) wins a free kick on the left wing.

Corner, AEK Larnaka. Conceded by Tomás Soucek.

Corner, AEK Larnaka. Conceded by Nayef Aguerd.

Corner, AEK Larnaka. Conceded by Kurt Zouma.

BBC

Full moon: Photographers capture 'worm moon' over Yorkshire and Lincolnshire

Photographers across Yorkshire and Lincolnshire have had their lenses trained on the night sky to capture March's full moon in all its glory.

The moon was at its brightest on Tuesday evening just after sunset.

According to the Royal Museums in Greenwich, Native Americans named the last full moon of winter the "worm moon" after the worm trails that would appear in the newly thawed ground.

The next full moon, the so-called pink moon, will rise on 6 April.

Andy Stones, in Scunthorpe, also captured a bright ring around the moon known as a lunar halo.

This ring is caused by the refraction of moonlight from ice crystals in the upper atmosphere.

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BBC

Chaim Topol: Fiddler on the Roof star dies aged 87

The actor Chaim Topol, best known for his portrayal of milkman Tevye in Fiddler On The Roof, has died at the age of 87, Israel's president has said.

His death was confirmed by President Isaac Herzog, who described Topol as "one of the giants of Israeli culture".

Topol was Oscar nominated for his all-singing performance in the 1971 film adaptation of the musical.

His other famous film role included in Flash Gordon, Follow Me, and the James Bond film For Your Eyes Only.

Herzog described Topol, who was diagnosed with Alzheimer's disease several years ago, as "a gifted actor who conquered many stages in Israel and overseas, filled the cinema screens with his presence and above all entered deep into our hearts".

The actor, singer and illustrator, he added, had "represented us with great respect".

'Can never top Topol'

British actor and comedian Omid Djalili, who followed in Topol's footsteps by playing Tevye in a production of the musical during a run at the Chichester Festival Theatre in 2017, led the tributes.

He posted: "Anyone who plays Tevye knows he can never top Topol. God rest his soul."

Israeli-British TV personality Uri Geller also paid his respects, sharing a picture of himself with the "sweet and modest" late star, and former Israeli President Shimon Peres.

So sorry to hear my friend #Topol has died. He was one of the first global Israeli celebrities and a very sweet and modest man. Deepest condolences to his family. To coin one of Fiddler's most famous lines - To life, to life, l'chaim! Chaim Topol, we will miss you! 🖤 pic.twitter.com/ZMkLcHpYti

Meanwhile, Frozen actor Josh Gad offered: "There is no way to overstate how much this man and this performance meant to me.

"Topol is a large reason why I became an actor. In fact, his performance of Tevye in Fiddler was the very first performance I ever saw on a Broadway stage. RIP to a great."

Topol was born in Tel Aviv in 1935, and began his acting career in an entertainment troupe during his Israeli army service.

He rose to prominence in the Israeli comedy Sallah Shabati, about the hardships of a Mizrachi Jewish immigrant family in Israel in the early 1960s, which won him a Golden Globe award for most promising male newcomer.

More film roles followed in both Israel and the US, including the titular part in the 1975 adaptation of Bertolt Brecht's Galileo, as Dr Hans Zarkov in the 1980 sci-fi adventure Flash Gordon, alongside Brian Blessed, and opposite Sir Roger Moore as the smuggler Milos Columbo in the 1981 James Bond movie For Your Eyes Only.

But it was for playing Tevye, a troubled milkman in the village of Anatevka who attempts to maintain his Jewish traditions by marrying off his five daughters, that he will be most remembered.

The role, which saw him perform songs such as If I Were a Rich Man, scored him a second Golden Globe, this time for best actor.

He was on active duty with the Israeli army when he was received his Academy Award nomination - becoming the first Israeli actor to do so - in 1972. But he was granted leave so he could attend the ceremony in Los Angeles.

Speaking to Desert Island Discs in 1983, the actor said he still believed the producers "were very brave to let me have that part".

"Considering that I was 30 years old, considering that my English was so limited - a vocabulary of 50 words - I still don't understand how they let me have it."

The decision to cast Topol, instead of US actor Zero Mostel, who had made the role famous on stage, was a controversial one at the time but he later thanked his predecessor.

"Anyone who ever plays Tevye should be thankful to Zero Mostel," Topol was once quoted as saying. "He gave us all room and I know I wouldn't have done the movie without the advantage of a year's rehearsal on stage."

Reprising the role in the 1991 Broadway revival of Fiddler On the Roof, he was also nominated for a Tony Award for best actor.

Topol would play the part more than 3,500 times, he once claimed, on stages around the world from the late 1960s until 2009.

Away from acting, the charitable star founded Variety Israel, an organisation that provides support for children living with disabilities and their families.

He also served as the president of Jordan River Village, a free overnight camp for sick Israeli children.

In 2005, Topol was voted the 90th-greatest Israeli of all time, in a poll by the Israeli news website Ynet. And 10 years later, he was awarded the Israel Prize - the country's most prestigious award - for lifetime achievement and special contribution to society and the state.

He is survived by his wife Galia and their three children.

His son Omer Topol, this week called his father an "amazing actor who developed all kinds of tactics to cover up the problems that began to arise".

"When he won the Israel Prize, his Alzheimer's was in its early stages," he confirmed.

"He spoke wonderfully at the ceremony, and also at other events, and no one even felt it."

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France24 - World

Israeli police say three wounded in Tel Aviv shooting

Issued on: 09/03/2023 - 20:19

NEWS WIRES

A Palestinian gunman opened fire on a crowded street in central Tel Aviv late Thursday, wounding three people before he was shot and killed, Israeli officials said. The shooting came hours after an Israeli military raid killed three Palestinian militants in the occupied West Bank.

The incidents were the latest violence in a year-long wave of Israel-Palestinian fighting that shows no signs of slowing.

The Tel Aviv shooting occurred on Dizengoff Street, a popular thoroughfare filled with shops and restaurants. The city was filled with people on Thursday night, the start of the Israeli weekend, and as anti-government protests were taking place.

The MADA rescue service said one of the wounded was in critical condition, while Zaka, another medical service, said the shooter was killed.

An image on social media showed what was believed to be the attacker standing in the middle of the road as he pointed a pistol. Dozens of police and rescuers rushed to the scene, which was quickly cordoned off.

Earlier Thursday, three Palestinian militants were killed in a shootout with Israeli troops in the northern West Bank.

Israeli security forces said they raided the village of Jaba to arrest suspects wanted for attacks on Israeli soldiers in the area. The suspects opened fire on Israeli troops, who shot back and killed three people, all affiliated with the Palestinian Islamic Jihad militant group, police said.

The Palestinian Health Ministry identified the men as Sufyan Fakhoury, 26, Nayef Malaisha, 25 and Ahmed Fashafsha, 22, and said they were shot by Israeli fire during the military operation. A fourth man was hospitalized with a bullet wound to the head, authorities added.

Israeli police released a photo of assault rifles, pistols, ammunition and explosive devices they said troops confiscated in Jaba, just south of the flashpoint city of Jenin. Gunmen shot down an Israeli drone during the clashes, the military said.

The Jaba militant group, a fledgling militia of disillusioned young Palestinians who have taken up guns against Israel’s occupation, said members opened fire and hurled explosive devices at Israeli forces from a sedan — that now sits, smashed and bloodied, in the center of town. Residents said Israeli troops killed members of the group who had been recently incarcerated by Israel and had carried out a recent shooting attack at a nearby checkpoint.

This year has been marked by escalating unrest across the West Bank, as Israeli arrest raids spiral into protracted firefights with armed Palestinians.

On a visit to Israel, U.S. Defense Secretary Lloyd Austin told reporters on Thursday that he discussed concerns over the upsurge in violence in the occupied West Bank with his Israeli counterpart, Defense Minister Yoav Gallant.

The United States was “urging everyone to de-escalate," the defense secretary said, particularly in the run-up to the Islamic holy month of Ramadan, which coincides this year with the Jewish holiday of Passover.

“The U.S. remains firmly opposed to acts that could trigger further instability, including settlement expansion and inflammatory rhetoric," Austin said, adding that he was “especially disturbed" by settler violence against Palestinians. “We will continue to oppose actions that put a two-state solution out of reach.”

Prime Minister Benjamin Netanyahu's far-right government, which took office late last year, has already approved thousands of new settlement homes, legalized unauthorized outposts built partially on private Palestinian land and pledged to further entrench Israeli rule over the occupied territory. Last month, in response to a Palestinian attack that killed two Israelis, a mob of settlers rampaged through the Palestinian town of Hawara and torched dozens of homes and businesses, leaving one man dead.

The Israeli military on Thursday issued a report into the rampage that identified a series of failures, including an insufficient number of soldiers in the area and the need to send reinforcements faster. It said “lessons were drawn” about coordination between the army, police and internal security agents.

“This is a severe incident that took place under our responsibility and should not have happened,” said Israel's military chief, Lt. Col. Herzi Halevi. “We will draw the necessary lessons and study them to prevent similar events from reoccurring in the future.”

Austin urged for calm even as the Gaza-based Islamic Jihad issued a veiled threat, saying its fighters would respond to the morning raid "to deter the enemy and avenge the blood of the martyrs.” Rocket fire from the Gaza Strip has previously followed violence in the West Bank.

The Jaba armed group includes gunmen from various factions, including Islamic Jihad and the armed offshoot of the nationalist Fatah party. Militants in the village say that Islamic Jihad supports the group and provides members with weapons.

The group is part of a larger trend of emerging armed groups across the West Bank that have been mounting shooting attacks on Israeli soldiers and civilians and opening fire during Israeli raids on their towns, defying the increasingly unpopular Palestinian Authority. In areas of the northern West Bank where much of the fighting has been focused, the PA's control is receding as young Palestinians' hopes dim for statehood.

The hardscrabble streets of Jaba teemed with young Palestinians in black chanting against the Israeli occupation and firing into the air as they held the bodies of militants aloft.

Yousef Hammour, a 28-year-old in the funeral procession, said Palestinian rage at Israel is only intensifying with the stepped-up arrest raids.

“Everyone's in shock, everyone's angry,” said Hammour. “Every single day they're killing more and more of us. If they attack us, we'll attack them."

Earlier in the week, at least six Palestinians were killed in an Israeli raid in the Jenin refugee camp. The Palestinian Health Ministry said that 14-year-old Walid Nasser died Thursday from wounds suffered in Tuesday's raid.

At least 74 Palestinians, around half of them affiliated with militant groups, have died in Israel's raids in the West Bank since the beginning of the year. During the same time 14 people, all but one of them civilians, were killed in Palestinian attacks against Israelis.

Israel captured the West Bank, along with the Gaza Strip and east Jerusalem, in the 1967 Mideast war, territories the Palestinians seek for their future state. In the decades since, more than 700,000 Jewish settlers have moved into dozens of settlements in the West Bank and Israeli-annexed east Jerusalem, which the international community considers illegal and an obstacle to peace.

(AP)

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Israelis protesting judicial reform force Netanyahu airlift

Three Palestinians killed by Israeli forces in West Bank

Israeli forces kill six Palestinians in raid on West Bank refugee camp

BBC

Robotaxi tech improves but can they make money?

It is past midnight on a quiet residential street in San Francisco and I have just left a taxi with a nagging feeling I didn't close the door properly.

Normally I wouldn't worry, but this isn't a normal ride. It is a Cruise robotaxi with no human driver to close the door.

I go back to check and sure enough, it was a weak push. A human voice pipes up on a speaker checking everything is OK. I apologise about the door, but I also press her. What if I hadn't come back? We would take care of it, she reassures me.

Driverless robotaxi services open to the public now operate on the dense streets of San Francisco, albeit in limited form.

Cruise, a subsidiary of GM, competes with Waymo, owned by Google's parent company Alphabet. Cruise began taking fares last June and charges a little less than Uber or Lyft.

I crisscross San Francisco in both companies' cars, steering wheels turning on their own in front of empty driver's seats, controlled by artificial intelligence that uses data from camera, Lidar and radar systems.

The rides are mostly smooth and the cars seem respectful of cyclists and pedestrians. The driving can at times seem both more and less cautious than my own. Some routes are unfathomably circuitous.

People stop to gawk, photograph and strike up conversations - a reminder of the technology's novelty.

My rides are without incident, but the cars have raised concerns among city officials, including for unexpected and hazardous stopping.

In January the city asked state regulators to hold off on approving expansions to the companies' services until they addressed the problems.

The companies want to cover more of the city - currently their services only cover parts and neither serves downtown - and add more vehicles.

In addition, Cruise wants to run its service in the daytime - it is currently limited to between 22:00 and 05:30.

Waymo is allowed to operate around the clock and is awaiting permission to charge for its driverless rides.

At the moment, to take a Waymo or Cruise taxi members of the public have to join a waiting list. The companies also continue to run testing programs, where rides are free to those selected to participate.

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Watch: James Clayton takes a ride around San Francisco in a driverless taxi

Other cities where the companies operate similar limited driverless ride-hail services include Phoenix (both Waymo and Cruise) and Austin (Cruise). Both are working to add additional locations.

Other firms are on the scene as well. Motional, backed by Hyundai and which has partnerships with Uber and Lyft, plans to offer a limited driverless service in Las Vegas this year.

Yet, as this new way of travelling creeps forward, there are questions about whether autonomous taxis can scale up to be profitable.

The companies might be spending big to eliminate the cost of low-paid drivers but, as my experience with the half-closed door shows, operations are far from human-free.

A Cruise spokesperson later confirmed that while, if shut loosely the door would latch automatically, if it was left wide open someone would indeed need to come and close it.

"The economics are, to put it mildly, fanciful," says Ashley Nunes, a researcher at Harvard Law School who has looked specifically at the business case of autonomous taxis.

Getting the business model right is going to be "crucial" and promises to be "even harder than the technology", says William Riggs, an associate professor at the University of San Francisco School of Management who leads its Autonomous Vehicles and the City Initiative.

More technology of business:

Over the past year or more, there has been a recalibration when it comes to autonomous driving, on which in excess of $100bn (£83bn) is estimated to have been spent.

Back in the 2010s some thought we would be doing most of our trips in autonomous vehicles by now.

Argo AI, the self-driving tech start-up backed by carmakers Ford and Volkswagen, announced it was shutting late last year.

Many traditional car companies are now saying private self-driving cars, unconstrained by where they can travel, are a long way off and have switched their attention to advanced driver assistance systems instead.

More limited use cases, like self-driving shuttle services, that would operate along short fixed routes are also getting more attention, including from the UK government.

But Cruise and Waymo appear to be staying the course, ploughing resources in and incrementally making progress. Cruise is pursuing both ride-hail and last-mile driverless delivery, which it has been trialling in Phoenix. Additionally, Waymo is developing long-haul autonomous trucking.

Touted benefits of autonomous taxis range from being safer - though that is still being proved - to more reliable, to more relaxing as customers don't have to worry about being sociable with a driver.

Yet, for such benefits to be realised, the service needs to become financially sustainable. And analysis by Mr Nunes, published in 2020 but which he believes still holds true, shows autonomous ride-hailing doesn't make economic sense, even with generous assumptions.

Firstly, behind the scenes there is still a human requirement. Automation changes the type of labour that is required, but it doesn't eliminate the need for labour.

Transport consultant Nick Reed says that robotaxi services will need customer support agents, fleet operators to monitor where the cars are, engineers to troubleshoot specific problems the vehicles encounter, and people to physically rescue the cars if needed as well as clean and charge them.

Secondly, there is plenty of time when taxis are empty. While a driver isn't paid for that time, those working behind the scenes in the autonomous taxi model still need to be.

Yet the companies remain confident they can scale up and become profitable.

Cruise is betting on a new purpose-built vehicle called the Origin, says Megan Prichard, Cruise's vice president of ride-hail.

That vehicle, an autonomous people mover with no steering wheel or space for a driver but room for six passengers, is due to go into production shortly and Cruise expects it will be in use in the US for ride-hailing later this year, with Dubai following next.

Waymo has a similar vehicle called the Zeekr.

Because Cruise's Origin will be mass-produced, at GM's dedicated electric vehicle assembly plant in Michigan, not only will the production costs be "far lower", says Ms Prichard, but the design will open the opportunity for ride pooling - trips of multiple customers with similar routes in a single vehicle.

That will maximise the utilisation of each vehicle and provide the ability to deliver rides cheaply at scale.

Expect tens of thousands on the road in the next handful of years, says Ms Prichard.

She notes Cruise is also working to drive down its human-to-autonomous vehicle ratios. The doors on the Origin will be able to be closed remotely.

Others remain sceptical - people haven't wanted to share before, notes Mr Nunes.

And, ride sharing in a world where there isn't someone on board to sort out any issues between the human customers?

"There's some issues to resolve there," says Mr Reed.

The BBC approached Waymo for this article but the company declined an interview.

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France24 - World

Biden pitches 2024 budget hiking taxes on billionaires, corporations

Issued on: 09/03/2023 - 19:00Modified: 09/03/2023 - 19:02

NEWS WIRES

President Joe Biden presented Thursday what amounts to his 2024 reelection pitch on the US economy, with a proposed budget targeting the rich with new taxes, while promising to assist the country's "working families."

The details released by the White House -- due to be laid out in person by Biden in a speech later in Philadelphia -- throw down the gauntlet to Republicans as the president builds to an expected reelection campaign announcement.

Republicans in Congress will certainly block most of Biden's proposals, arguing that spending cuts, not tax raises, are the solution to resolving the country's ballooning debt.

However, they are now under pressure to explain where they would reduce spending. Democrats, meanwhile, are trying to seize the populist high ground by framing themselves as the party of ordinary Americans.

Biden's plan will "invest in America, lower costs and cut taxes for working families," the White House said. "President Biden has long believed that we need to grow the economy from the bottom up and middle out, not the top down."

Main points in Biden's budget proposal include a pledge to slash the federal deficit by $3 trillion over the next decade.

Among measures achieving that would be a minimum 25 percent tax on the wealthiest 0.01 percent of Americans. And the corporate tax would rise from less than 10 percent to 28 percent, reversing a huge tax cut enacted under president Donald Trump in 2017, the White House said.

Biden is also proposing to raise taxes on those earning more than $400,000 a year to ensure that Medicare -- the government-funded health insurance system for people over 65 -- remains solvent.

Hiking the Medicare tax from 3.8 to 5.0 percent for those wealthy individuals would ensure the program's viability for more than two decades, the White House says.

"My budget will ask that the rich pay their fair share so the millions of workers who helped build that wealth can retire with the Medicare they paid into," Biden tweeted Thursday.

Populist pitch

Most of Biden's proposed budget is basically a wish list.

It's the "start of a healthy dialogue," according to Shalanda Young, director of the Office of Management and Budget.

Republicans have rejected voting for any tax increases, saying Biden is pushing out-of-control spending and anti-business policies.

"Massive tax increases, more spending... will not see the light of day," thanks to the Republican-controlled House of Representatives, the Senate's top Republican Mitch McConnell said this week.

However, Biden's gambit is that by laying out a deficit cutting plan funded by the very wealthy he can look fiscally responsible and in touch with middle-class voters at the same time.

White House Press Secretary Karine Jean-Pierre said Biden's plan is to make "the wealthy and big corporations pay their fair share, without raising taxes on Americans" earning less than $400,000 a year.

The Republicans, however, will add to the deficit "with handouts to the rich, big corporations and special interest groups," she said.

In Biden's election-ready narrative, the wealthy are currently getting a free ride, while the struggling middle class just needs a "little bit of breathing room."

But the battle over narratives is far from just academic.

The US Treasury has effectively already run out of money for this year -- and urgently needs Congress to approve taking on extra debt or risk plunging the economy into crisis.

The previously approved $31.4 trillion borrowing ceiling maxed out in January. If the borrowing limit is not increased or suspended before current emergency measures expire, then the US government could default on its obligations for the first time.

That doomsday scenario could kick in as early as July, the Congressional Budget Office said in February.

Republicans say the ever-growing federal debt points to the need for slashing spending, but Democrats say Republicans are using the issue as a way to weaken Medicare and other long-popular programs.

(AFP)

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.cls-2{fill:#fff;stroke:#fff;stroke-miterlimit:10;stroke-width:.2px} ECONOMIC TROUBLE

Will the US see a ‘richsession’ – or will economic turmoil hit the poor hardest?

Global economy faces tough year in 2023, IMF head Georgieva warns

People & Profit

Is the US economy headed for a hard landing?

France24 - World

NASA to reveal crew members in April for flight around Moon

Issued on: 09/03/2023 - 22:16Modified: 09/03/2023 - 22:14

Washington (AFP) – NASA will announce the names next month of the four astronauts -- three Americans and one Canadian -- who will fly around the Moon next year, the head of the US space agency said Thursday.

NASA administrator Bill Nelson said the crew members of the mission known as Artemis 2 would be revealed on April 3.

"Astronauts -- three from America and one from Canada -- will fly around the moon and they'll test NASA's Space Launch System, which is our rocket, and the spacecraft called Orion," Nelson said.

The first Artemis mission wrapped up in December with an uncrewed Orion capsule returning safely to Earth after a 25-day journey around the Moon.

Artemis 2, scheduled to take place in late November 2024, will take a four-person crew around the Moon but without landing on it.

The ambitious program aims to return humans to the Moon for the first time since the historic Apollo missions ended in 1972.

Artemis 3, scheduled for about 12 months after Artemis 2, will see astronauts land for the first time on the south pole of the Moon.

NASA hopes to establish a lasting human presence on the lunar surface and later launch a years-long trip to Mars.

As part of the Artemis missions, NASA is planning to send a woman and a person of color to the Moon for the first time.

Only 12 people -- all of them white men -- have set foot on the Moon.

The space agency also announced Thursday that it will unveil a prototype in Houston on March 15 of the next generation spacesuits being made by Axiom Space that the NASA astronauts will wear on the Moon's surface.

Nelson welcomed the $27.2 billion requested for NASA in President Joe Biden's 2024 budget on Thursday and noted it was a 7.1 percent increase over the previous fiscal year.

"This budget request reflects the administration's confidence in NASA and its faith in the world's finest workforce," he said.

© 2023 AFP

BBC

Sake brewers toast big rise in global sales

Sake is gathering new fans all over the world, but back in its home market, the Japanese are losing interest.

Genki Ito says there are a number of factors behind the continuing decline in sake sales in the drink's home market.

"Sake's consumption in Japan has dropped significantly due to an increasing variety of choice of alcohol... as well as the westernisation of consumer culture."

A Japanese expat, Mr Ito is the founder of Tippsysake, a US website that focuses on importing and selling the alcoholic drink, which is made from fermenting rice soaked in water.

He adds that the reputation of sake in its home country has been tarnished by cheaper, low-quality versions "with lots of additives that caused hangovers".

Sake, which typically has an alcohol content of between 15% and 17%, is still often referred to as the national drink of Japan. Yet today beer is the best-selling alcoholic beverage in the country.

Sales of sake have been further squeezed by the continuing popularity of a spirit called shochu, plus whisky, wine and "highballs" - canned drinks that mix either fruits or whisky with fizzy water.

The figures showing the decline of sake are pretty stark. Between 1973 and 2020, annual domestic sales fell by 75%, according to one report. Meanwhile, the Brewers Association of Japan said in 2021 that home market demand had shrunk by 30% over the past decade.

Thankfully for Japan's more than 1,100 sake breweries, there is one shining light - continuing strong overseas sales. Exports of sake in 2021 totalled 40.2bn yen ($294m; £243m), according to the Japan Sake and Shochu Makers Association. It added that this was a record high for the 12th year in a row.

So what is driving this international growth? Jumpei Sato, chief executive of sake brewer Tatenokawa, says that a growing appreciation of Japanese food and culture certainly helps.

Yet he explains that sake producers are also continuing with a successful policy of focusing on exporting some of their best bottles. "Overseas export and high-end sake are key elements for our future management," says Mr Sato, who is the sixth generation to make sake at Tatenokawa.

"Of course the domestic sector is also important, but it is equally vital to be recognised in the new global market. I think it will give a bright future for Japanese sake."

Mr Ito says that in addition to focusing on quality for the export market, producers are also adjusting their recipes to increase the level of natural acid in the sake, and slightly reduce the alcohol content, so as to make it taste more like wine.

The idea here is both that sake will appeal more to wine enthusiasts, but also so that it can better pair with richer, fattier and often dairy-based Western food.

Global Trade

More from the BBC's series taking an international perspective on trade.

"With this attention on acidity and ability to pair with food, brewers are designing the taste of sake to cater to consumers outside of Japan," adds Mr Ito. "They think that the wine communities around the world are the most susceptible and appreciative of works of art craft sake brewing."

This targeting of the wine enthusiast community appears to be a continuing success, as a number of prestigious wine-tasting competitions around the world now have sake categories running along the likes of best US chardonnay or pinot noir.

To help make sakes more wine-like, a number of producers are even bringing on board former winemakers.

Tatenokawa is working with a new sake producer called Heavensake, which is a Franco-Japanese business. Its founder Regis Camus was previously head winemaker at champagne house Piper Heidsieck.

While Heavensake's sakes are still, quality sparkling sake is available and increasingly growing in popularity. Another former champagne big wig, Richard Geoffroy, previously of Dom Perignon, also now makes sake.

Heavensake is also said to benefit from champagne's decades of marketing and advertising know-how.

"I believe international collaboration and cultural exchange on liquid, packaging and marketing concepts for sake will open new doors, and make it more relevant and successful outside Japan," says Heavensake's chief executive, Laurent Cutier.

He adds that international sales of high-end sake were helped by the coronavirus pandemic. "Consumers were exploring new products and categories while being stuck at home."

UK wine writer Jamie Goode is also a sake expert, with an advanced level qualification in the Japanese drink.

"Lighter, fruitier sakes are the ones that are really flying at the moment on the international market," he says. "They are more accessible for people used to wine, who can appreciate them more easily than some of the more traditional sakes.

"Sake is obviously not as mainstream as wine, but it does seem to be having a bit of momentum."

Courtney Kaplan, the co-owner of Los Angeles sake bar and restaurant Ototo, says that many sake-makers are now "explicitly" mentioning wine in their English language literature. "And they are suggesting that consumers enjoy sake from stemware [wine glasses] rather than worrying about procuring more traditional vessels like ochoko and guinomi [sake cups]," she says.

Ms Kaplan adds that some sake producers talk about pairing sake with non-Japanese foods. "As an example, we sell a sake called 'Cowboy' that is only sold on the export maker, and was developed by the brewery specifically to demonstrate to Americans that sake can pair with steak or beef.

"We also serve sake with oysters at the restaurant, which are loved around the world. It's also a great pairing with pizza - sake shares high levels of the amino acid called glutamate with tomatoes and Parmesan cheese, making it a natural fit."

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France24 - World

Canada Soccer propose equal pay deal

Issued on: 09/03/2023 - 22:14

Miami (AFP) – Canada Soccer say their pay proposals for their men's and women's national teams will ensure equality and make the women's team the second best paid in the world.

The governing body, which faced a strike threat from their women's team last month, said their plan was awaiting agreement from players unions.

The plan features a pooling of prize money from the men's and women's World Cups with the income divided out equally between the two teams.

The statement from Canada Soccer was issued shortly before a hearing to parliament's Heritage Committee where women players will testify.

"If accepted by the Player Associations, the collective bargaining agreements will pay both National Teams the same amount for playing a 90-minute match and both National Teams will share equally in competition prize money," the organisation said.

"Additionally, Canada Soccer’s Women’s National Team will become the second-highest paid women’s national team among FIFA’s 211 Member Associations," they added.

Last week the body announced an interim funding agreement for the women's team to cover their run-up to the Women's World Cup which is being held in New Zealand and Australia in July.

Canada won gold in the Olympic Games in Tokyo in 2021 and are among the contenders to challenge defending World Cup champions, the United States.

Canada Soccer said they had agreed to all nine demands made by women's team players last month covering flights, hotels as well as transparency over finances.

Former Olympic athlete Charmaine Crooks was named acting president of Canada Soccer after former president Nick Bontis quit after the row with the women's players.

Canada Soccer General Secretary Earl Cochrane said he hoped the players would sign up to the proposals.

"The deal in front of our players today is unprecedented in Canadian sport and will make us a leader among FIFA Member Associations," he said.

"We have appreciated the conversations with the two Players’ Associations and we believe serious progress has been made. With fresh leadership, now is the time to conclude those discussions and finalize a deal. Together, we can get this done.” added Cochrane.

© 2023 AFP

France24 - World

China's Xi set to be handed third term as president

Issued on: 09/03/2023 - 22:08Modified: 09/03/2023 - 22:07

Beijing (AFP) – Xi Jinping is set to be handed a norm-busting third term as president on Friday, capping a rise that has seen him become China's most powerful leader in generations.

The expected appointment by China's rubber-stamp parliament comes after he locked in another five years as head of the Communist Party (CCP) and the military -- the two more significant leadership positions in Chinese politics -- in October.

Since then, 69-year-old Xi has faced some challenges, with mass protests over his zero-Covid policy and its subsequent abandonment that saw countless people die.

Those issues have been avoided at this week's National People's Congress (NPC), a carefully choreographed event that is also set to appoint Xi ally Li Qiang as the new premier.

The lawmakers have focused instead on a sweeping revamp of Beijing's science ministry and tech capabilities in the face of what one NPC deputy described as foreign attempts at "containment and suppression" of the country's rise.

Beijing also unveiled during the parliamentary meeting a growth goal of "around five percent" -- one of its lowest in decades -- as well as a modest increase in defence spending.

And on Friday they are set to elect the country's next president, according to an official schedule provided by the NPC -- a position certain to go to Xi.

His reelection is the culmination of a remarkable rise in which he has gone from a relatively little-known party apparatchik to the leader of a global superpower.

Adrian Geiges, coauthor of the biography titled "Xi Jinping: The Most Powerful Man in the World", told AFP he did not think Xi was motivated by a desire for personal enrichment, despite international media investigations having revealed his family's amassed wealth.

"That's not his interest," Geiges said.

"He really has a vision about China, he wants to see China as the most powerful country in the world."

Tearing up the rulebook

For decades China -- scarred by the dictatorial reign and cult of personality of founding leader Mao Zedong -- eschewed one-man rule in favour of a more consensus-based, but still autocratic, leadership.

That model imposed term limits on the largely ceremonial role of the presidency, with Xi's predecessors Jiang Zemin and Hu Jintao relinquishing power after 10 years in office.

Xi has torn up that rulebook, abolishing term limits in 2018 and allowing a cult of personality to foster his all-powerful leadership.

His coronation this week sets him up to become modern China's longest-serving head of state, and will mean Xi will rule well into his seventies and -- if no challenger emerges -- even longer.

But the beginning of his unprecedented third term leading China comes as the world's second-largest economy faces major headwinds, from slowing growth and a troubled real estate sector to a declining birth rate.

Relations with the United States are also at a low not seen in decades, with the powers sparring over everything from human rights to trade and technology.

In a speech to delegates at the Chinese People's Political Consultative Conference (CPPCC), which runs alongside the NPC this week, Xi slammed Washington's "containment, encirclement and suppression of China".

China, he said, must "have the courage to fight as the country faces profound and complex changes in both the domestic and international landscape".

© 2023 AFP

France24 - World

Greek officials charged over train crash, PM promises 'transparency'

Issued on: 09/03/2023 - 21:59Modified: 09/03/2023 - 22:03

NEWS WIRES

Greek prosecutors on Thursday charged three more railway officials in connection with the country's worst train crash, as the prime minister vowed "absolute transparency" in the probe into the tragedy.

Nine days after the disaster, which claimed the lives of 57 people, distraught mourners gathered for a religious ceremony near the site of the accident.

Public anger has soared since the February 28 head-on collision in central Greece. Tens of thousands demonstrating nationwide on Wednesday, and there were more protests on Thursday.

The stationmaster on duty at the time of the accident, who allegedly directed both trains onto the same track by mistake, was charged several days ago.

On Thursday, a rail supervisor responsible for staff rotas -- accused of having put the inexperienced stationmaster on night duty during a busy holiday period -- was charged by a prosecutor in the central city of Larissa, a judicial source told AFP.

Also charged were two other stationmasters, who reportedly left work early. All three face counts of negligent manslaughter, causing bodily harm and transport disruption, and could face life in prison if convicted.

'Crying from morning to night'

With anger growing at long-running mismanagement of the rail network, Prime Minister Kyriakos Mitsotakis opened his first cabinet meeting since the crash by vowing "absolute transparency in the investigation to uncover errors".

The conservative leader, who is expected to run for re-election in the coming months, also promised "immediate actions to improve the problematic situation in the railways".

He would "move heaven and Earth", he said, to ensure improvements to safety systems were completed.

"We are all responsible for this, we must be brave enough to admit it," said Mitsotakis in televised remarks.

Victims' relatives and other mourners attended a religious ceremony at the crash site in Tempe, laying pictures of those killed and candles among rocks by the track.

The mother of a 34-year-old victim collapsed as she left a bouquet of flowers and a picture of her daughter, shouting: "I've lost my child, why?"

"Our soul is bleeding," said Maria Giannouli, a 75-year-old mourner from a nearby village. "We are crying from morning to night."

Mass protests

On Wednesday, huge crowds took to the streets in the biggest protests yet since the crash, calling for justice for the victims and for the government to resign.

They waved banners that read "It's not an accident, it's a crime" and "It could have been any of us on that train" as clashes erupted in Athens and Greece's second city Thessaloniki.

Greek civil servants staged a 24-hour walkout while doctors, teachers and transport workers also went on strike on Wednesday.

Protests continued Thursday, with hundreds of university students gathering in the capital and Thessaloniki.

The government's initial move to blame the stationmaster stoked public anger, some seeing it as a bid to deflect attention from chronic underfunding and mismanagement of the railways.

In his remarks Thursday, the prime minister said he felt "rage and shame" after hearing recordings of worried calls by train officials to the stationmaster moments after the accident.

In the calls, played by Greek TV channels, the stationmaster repeatedly insists the two trains are on separate tracks.

But Mitsotakis also apologised again and said that "we... must not hide behind a series of human errors".

Greece's transport minister resigned following the crash, and the premier has been scrambling to limit the political fallout and soothe public anger.

There is now speculation that upcoming elections, initially expected in April, could be delayed until May.

Polls suggest the New Democracy governing party still ahead of Syriza, the main opposition party.

But the gap has narrowed following the train crash, according to a survey by the Marc institute published late Thursday.

(AP)

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Tens of thousands protest in Greece over country's deadliest train disaster

Greece faces fresh strikes, nationwide protests over deadly train crash

Greece to seek extra EU rail funding after train crash

BBC

International Women's Day: Istanbul women defy ban on protests

Thousands of Turkish women have defied a ban on protests on International Women's Day and rallied in the city of Istanbul for what they called a "feminist night march".

Police prevented them from reaching Taksim Square in the city centre but allowed them to carry on with their march for a while, although later they used tear gas to disperse them.

Several people were detained by police at the march.

The main opposition Republican People's Party marked the occasion by releasing a report that said that more than 600 women had been killed in Turkey by men since 2021, when Turkish President Recep Tayyip Erdogan withdrew the country from the Istanbul Convention.

The treaty aims to combat domestic violence.

All images are subject to copyright.

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France24 - World

Ex-Wagner mercenary Andrey Medvedev: 'I apologise to the Ukrainian people'

Issued on: 08/03/2023 - 16:04Modified: 08/03/2023 - 16:06

Marc Perelman Follow

FRANCE 24 spoke to Andrey Medvedev, a deserter of Russia's Wagner Group, almost two months after he fled to Norway. The 26-year-old Russian ex-mercenary entered the country illegally on January 13 in a bid to seek asylum there. Speaking from Oslo, Medvedev explained that he "witnessed many things" while fighting with the Wagner Group in Ukraine. However, he said he was unable to talk in detail about them and was keeping this information for Norwegian investigators. Medvedev also apologised to the Ukrainian people.

Medvedev, who fought for the paramilitary Wagner Group in Ukraine between July and November 2022, fled to Norway after deserting. He told FRANCE 24 he did so because of the "methods" and "orders" of Wagner's commanding officers. According to the former mercenary, the men were sent into battle as "cannon fodder".

He said he took the risk of fleeing despite knowing that Wagner deserters suffered "very, very severe consequences", such as the execution of one of them with a sledgehammer, a horrific scene filmed and made public by Wagner. 

The former mercenary said he "witnessed many things" in Ukraine, but admitted he could not talk in more detail about them. He denied that Wagner's regular fighters have committed atrocities against civilians, but said that the group's commanding officers have things to be ashamed of. He refused to give any further details about these crimes, saying that he reserved this information for Norwegian investigators.

Wagner chief Prigozhin is 'mad' and 'his own men will kill him'

Asked about Wagner chief Yevgeny Prigozhin, Medvedev said he saw him in a training centre, where he was encouraging his men by saying that the eastern Ukrainian city of Bakhmut had already been almost conquered. The former mercenary explained that he himself expressed his disagreement and was subsequently locked up in a container for several days. Medvedev called Prigozhin "mad", saying the Wagner chief "thinks that he can do anything he wants". "Once this whole display, spectacle is over, I think that his own men will kill him," he predicted.

He added, however, that Prigozhin continues to obey Russian President Vladimir Putin, otherwise he would no longer be there. But Medvedev said he was "surprised" at Prigozhin's recent public appearances, which included denouncing Wagner's lack of logistical support and ammunition.

The former mercenary apologised to the Ukrainian people "for being part of this". Yet he insisted on the fact that one should not confuse the people of Russia, who are victims of pro-war "propaganda", with the Russian leaders, who decided this war.

The deserter is hoping to obtain asylum in Norway. He said that if he is sent back to Russia, he will at least have "told the truth" and is "prepared to pay the price for that".

Ukraine, one year on © Studio graphique France Médias Monde

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.cls-2{fill:#fff;stroke:#fff;stroke-miterlimit:10;stroke-width:.2px} The France 24 Interview

Ukraine’s prosecutor: 'We’ve collected evidence that Wagner has committed war crimes'

MERCENARY WAR

Wagner Group’s bloody year in Ukraine: From murder squad to cannon fodder

EU imposes additional sanctions on Wagner Group for 'rights abuses' in Africa

France24 - World

No, these videos do not prove the Ukrainian army is using chemical weapons

Issued on: 07/03/2023 - 23:25Modified: 07/03/2023 - 23:26

Emerald MAXWELL

Videos purporting to show the Ukrainian army making or using chemical weapons keep surfacing on pro-Russian accounts. We debunk two of them in this edition of Truth or Fake.

Click here for a deeper dive into the subject looking at more videos (in French) by FRANCE 24's Observers. 

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.cls-2{fill:#fff;stroke:#fff;stroke-miterlimit:10;stroke-width:.2px} AS IT HAPPENED

Bakhmut may fall 'in coming days', NATO's Stoltenberg warns

WAR IN UKRAINE

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AS IT HAPPENED

🔴 Top military officials vow to defend Bakhmut, Zelensky says

BBC

International Women's Day: Hundreds take part in sunrise swim

Hundreds of swimmers took a sunrise dip in the Firth of Forth to mark International Women's Day.

Organisers had called off the official event due to the sub-zero temperatures - but that did not deter those who turned up to take the plunge regardless.

Money raised from the event at Portobello Beach, Edinburgh, is to be donated to the charity Women's Aid.

This year sees the 50th anniversary of the organisation's Edinburgh branch.

Pictures by Jane Barlow, PA Images, and Alicia Bruce, Reuters.

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France24 - World

Americans buying more vinyl than CDs for first time in decades

Issued on: 09/03/2023 - 22:00Modified: 09/03/2023 - 21:58

New York (AFP) – Vinyl records continued to translate their retro appeal into a steady resurgence, outselling compact discs last year in terms of units in the United States for the first time since 1987.

Revenues from the sale of physical records jumped four percent in 2022 to $1.7 billion, according to the latest report from the Recording Industry Association of America released Thursday.

Consumers snagged 41 million vinyl units last year compared to 33 million CDs, an eye-popping reversal of trends.

Vinyl's popularity has grown steadily in recent years, fueled by collectors and fans nostalgic for the warm crackle that emanates from Side A and Side B.

Revenue from physical records had already started surpassing CDs as of the 2020 report, but this is the first time in more than three decades that more vinyl units were sold than their compact counterparts.

Still, streaming remains king: services including paid subscriptions and ad-supported platforms grew seven percent to reach a record high $13.3 billion in revenue, accounting for 84 percent of the total.

Paid subscriptions comprise the lion's share, accounting for 77 percent of streaming revenues and exceeding $10 billion for the first time.

The RIAA said 92 million people are now paid subscribers of a streaming service, up from 84 million the year prior.

Total record music revenues grew for the seventh consecutive year, according to the RIAA, up six percent to a record high $15.9 billion.

© 2023 AFP

BBC

Women Photograph: Pictures from female and non-binary storytellers

In 2017 photographer Daniella Zalcman set up Women Photograph, a non-profit organisation that aims to show the world through the eyes of women and non-binary visual storytellers.

Six years on from launch, the community now consists of 1,600 photographers from more than 100 countries. As well as highlighting their work, it offers grants, workshops and mentoring to those looking to enter the world of photography.

A collection of work by 100 members forms part of a new book, What We See! Alongside the pictures the photographers offer insight into their work and experience.

The pictures depict everything from war to family moments, but Zalcman says: "The photos themselves often come from the periphery of injustice, or focus on women as the actors in spaces that are so often seen as predominantly male.

"Our long-term objective for the organisation is simple: to become obsolete.

"If Women Photograph is successful in helping the industry achieve true intersectional parity, then the advocacy work at the heart of our organisation will no longer be necessary."

Here is a small selection of the photographs.

Xyza Cruz Bacani

My father, Villamor, hugs my mother, Georgia, as she spends time with my nieces and sister, Sharila.

My mother has been a domestic worker in Hong Kong for more than two decades and only comes home once a year for two weeks. Those two weeks are the happiest I have seen our family.

When I took this photo, my family was oblivious to the camera as they were in the moment, enjoying each other.

Migration is a big part of our lives, and subconsciously, we know that these moments are fleeting. The process of documenting my own family was cathartic and it taught me that vulnerability is a gift.

The circumstances of our lives made me a survivor but being vulnerable made me a better photographer.

Nyimas Laula

The pandemic has changed the way we travel. It grounded me, and most people, in the four walls of the space I love to call home. At the end of 2021, I decided to visit Rote Island - the southernmost point of Asia.

On one of the evenings I spent staring at the vast India Ocean as the sun set to the horizon, I met Aurel, who shared a calm and tender moment with her dog as she bathed in the water.

As a working photojournalist, I usually gravitate towards newsworthy images, created in a fast-paced environment around issues I care about.

This photograph inspires me to rethink how I work, to slow down and to look into slower, quiet moments that I often overlook, and to explore beyond my usual approach.

Danielle Villasana

For a decade I have been photographing both the threats facing transgender women throughout Latin America and their resilience, despite deeply rooted phobias.

In the most recent chapter of this work, Abre Camino (Open Road), I have documented not only the push factors compelling trans women to flee Central America, but also their journeys north towards the United States and the challenges they face on reaching the country they perceive as a safe haven.

By following, long-term, women such as Alexa, who is pictured here in the centre with friends in San Pedro Sula, Honduras, I strive to paint a more truthful, humanistic portrait of this community that is often narrowly portrayed by the media.

By showing the larger context of these women's lives, I hope to educate people on how transphobia and discrimination have far-reaching, harmful consequences.

Irina Unruh

My Shy Girl photograph from January 2019 is one of my dearest pictures from my long-term project, Unfolding Kyrgyzstan - Where the Poplars Grow, about my re-encounter and my relationship with my native country.

I was born in today's Kyrgyzstan when it was part of the Soviet Union and immigrated to Germany in 1988 as a nine-year-old girl. Since 2008, I have regularly visited Kyrgyzstan, now an independent and democratic country in central Asia.

I was driving down the long road on the north shore of Lake Issyk Kul with two friends in the car when I saw this bus in the distance.

When I reached the bus, I noticed it was without wheels and that children used it as a playground. While one shy girl decided to be photographed, several other children played hide and seek. They are hiding in the bus, having fun and laughing.

Clara Mokri

I first became interested in photography when I was in high school, when my grandfather was diagnosed with Alzheimer's.

The idea that you could live your entire life and one day just forget it all terrified me.

I became obsessed with the idea of documenting everything and everyone in the hope that if I ever started to lose my own memory one day, my relentless documentation over the course of my life would help me remember.

I am particularly drawn to the subtle, mundane and oftentimes forgetful moments.

Haruka Sakaguchi

This is an image from a photo-diary that I kept during the first month of lockdown in New York City, from the official shelter-in-place order that spanned 20 March to 20 April 2020.

I have a history of depression and live alone, so I feared that isolation would exacerbate past mental-health issues. I gave myself an assignment to make one photo every day to restore some semblance of routine and normalcy during the early days of the pandemic.

When starting out in my career as a documentary photographer, I strove for journalistic objectivity - since the pandemic, however, I have become more open to non-traditional approaches to storytelling, like turning the camera on myself.

Rania Matar

As a Lebanese-born American woman and mother, my cross-cultural experiences inform my art. I have dedicated my work to exploring issues of personal and collective identity through photographs of female adolescence and womanhood, both in the United States, where I live, and the Middle East, where I am from.

This image is part of my series SHE. In this work, I focus on young women in their 20s - the ages of my daughters. I portray the raw beauty of their age, their individuality, physicality, texture, and mystery, and I create a personal narrative with them.

The process is collaborative and the women are active participants in the image-making process.

Farah was part of the young generation who had been protesting in Lebanon, during the popular uprising of October 2019, demanding to get rid of the government. There were factions trying to undermine the protests, and they burned Farah's car.

We collaborated to portray the moment, immortalising the car before it went to the dump. It was an act of resistance and it was important to tell her story.

Sarah Waiswa

This image is part of my series Ballet in Kibera and was one of the first personal projects I worked on in my career as a documentary and portrait photographer.

I have an interest in the intersection between identity and self-expression, particularly new African identities, and strive to highlight social issues on the continent in a contemporary and non-traditional way.

It was a project that told an African story without centring on poverty, but instead focused on human beings navigating their world.

I worked with Annos Africa, a non-profit organisation that offered the classes, and initially I just watched. For me, it was an important lesson in just how important it is to spend time with your collaborators.

You can find out more about the work of the group on their website

All photographs courtesy Women Photograph.

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France24 - World

Thai hunger strike activists calling for justice reforms fight for life in hospital

Issued on: 08/03/2023 - 07:59

Joanna YORK

After 44 days of hunger strikes, two Thai activists in their early twenties were rushed to a hospital near Bangkok over the weekend amid fears they may not survive the night. The pair are calling for the release of political prisoners and urgent reforms of the Thai justice system, which has some of the world’s strictest lèse majesté laws forbidding criticism of the monarchy.

Days later, Tantawan “Tawan” Tuatulanon and Orawan “Bam” Phuphong remain alive. “I talked to them: they are a little bit better. Still very tired,” said their lawyer, Kunthika Nutcharut, on Tuesday. 

The pair are continuing their hunger strike from hospital, and their demands are unchanged: justice system reform; the abolition of strict laws that make it illegal for people in Thailand to criticise the monarchy and government; and the release of three activists (who go by the names Kathatorn, Thiranai and Chaiporn) refused bail while awaiting trial for taking part in anti-government protests. 

They face stiff opposition. Thailand has a recent history of pro-democracy protests that gain traction before being put down. Prime Minister Gen Prayut Chan-ocha has served in his role since seizing power in a military coup in 2014, after which he expanded the use of lèse majesté laws, and successfully thwarted anti-government protests in 2020. 

The ruling Pheu Thai party, together with its previous incarnations, has won every Thai election since 2001. 

“People have said the activists are doing this knowing that they might not even win, but it’s a way to show the public the ugliness of the courts, the monarchy and all the key institutions,” says Pavin Chachavalpongpun, associate professor of politics and international relations at Kyoto University, and political exile from Thailand. 

Hunger strikes 

Tawan, 21, and Bam, 23, currently face charges for conducting a poll at Siam Paragon shopping mall on February 8, 2022 that asked whether the royal motorcades were an inconvenience to Bangkok residents.  

While awaiting trial Tawan, a university student, and Bam, a supermarket worker, were released on bail in March 2022, on the condition that they ceased participation in protests and activities that insult the royal family.  

On January 16, their bail was revoked at their request, to call attention to the practice of pretrial detention for political activists in Thailand. On January 18, the pair began their hunger strike while housed in Bangkok’s Central Women’s Correctional Institution. 

Within days their condition had deteriorated. “They did dry fasting on the first three days,” Kunthika says, meaning the women refused food and water. “It was so extreme that their bodies became sick to the point that doctors are not usually faced with cases like theirs.”  

Pro-democracy activists on hunger strike Tawan and Bam continued their protest for political prisoners’ right to bail in front of the Supreme Court today.#Thailand #ตะวันแบม #ม112 #ยกเลิก112 #ปล่อยเพื่อนเรา pic.twitter.com/VgKVdaiE9v

February 24, 2023

The pair were eventually transferred to Thammasat University Hospital near Bangkok, where they received small amounts of water and vitamins on doctors’ orders. On Friday, the 44th day of the strike, they discharged themselves to join dozens of protesters supporting their cause outside Thailand’s Supreme Court. 

A special tent had been set up outside the court to house the women, but by evening doctors feared they were at risk of kidney failure and may not survive the night without medical intervention. Tawan was so weak that she became unresponsive, Kunthika says. “She's already doing her second hunger strike since last year, and her body has not fully recovered since then.”  

The lawyer says the pair agreed to return to hospital on the basis that while they remain alive, other activists may see charges against them dropped. 

Of the 16 people detained without bail pending trial since anti-government protests in 2020, only three now remain in jail. Many activists were granted bail in February, during the hunger strike. “And some people argue that [their protest] is why the court was willing to set free a number of people charged under these laws,” says Pavin. 

Kunthika says in the same period, dozens of political prisoners have had their obligation to wear electronic tagging devices removed. Some have also had restrictions lifted limiting the hours during which they can leave the house.  

Criticising the monarchy 

Breaking lèse majesté laws, which forbids defamatory, insulting or threatening comments about senior members of the royal family, comes with a penalty of a minimum of three and a maximum of 15 years in prison under article 112 of Thailand’s Criminal Code.  

Although the law officially forbids criticism of senior members of the royal family, activist groups say it is widely misinterpreted by authorities to cover negative comment on any aspect of the monarchy whatsoever. Sedition laws also prohibit criticism of the government. 

Since anti-government protests flared in Thailand in 2020, more than 200 people have been charged with lèse majesté crimes. The law has been used by all political factions to silence opposition, activist groups say. 

Lifting charges for Tawan and Bam’s fellow activists means the Thai court is at risk of undermining its own authority. On one hand, the number of lèse majesté cases in Thailand has “increased significantly” in the past year, Human Rights Watch reports. On the other, if activism can force through legal reversals it shows, “the king could also force the courts to do something. It raises very, very important questions about Thai jurisprudence”, Kunthika says. 

In parliament, two opposition parties, Pheu Thai and Move Forward, have called for two of Tawan and Bam’s three demands to be met – the release of political prisoners and judicial reform. Only Move Forward has broached the third demand, calling for reform – but not removal – of the lèse majesté law. 

As Tawan and Bam’s health has deteriorated, human rights groups have urgently called for the government to engage with the activists, to no avail. “To date, the Thai government has shown little political will to address the situation of the activists on hunger strike,” says Chanatip Tatiyakaroonwong, researcher for Amnesty International's regional office in Thailand. “In general, they are not giving due weight to the voices of young people involved in protests.” 

Last month the prime minister, through his office’s spokesman, said he hopes the two activists are safe but urged parents to “monitor their children’s behavior and build the correct understandings to ensure that [the children] do not believe and fall victim to political manipulation”.  

‘Imploring and pleading’ 

Anti-government protesters in Thailand are typically young, often children, who rely heavily on social media to spread their message. Tawan and Bam’s case has received more mainstream media coverage within Thailand than expected, their lawyer says, with major newspapers and television channels all reporting on their hunger strike.  

Throughout the protests the pair have tried to strike a non-confrontational tone. Their legal team has said that rather than trying to “force and coerce” authorities the activists are “imploring and pleading … with their own suffering”. 

The sight of two young adults willing to edge so close to death for the release of their fellow activists and the integrity of their country’s institutions is rare. “This is the first time [in Thailand] that people are doing a hunger strike for other people,” Kunthika says. 

There is also international support. Thousands have signed an open letter from Amnesty International appealing to the prime minister to withdraw charges against activists like Tawan and Bam, and to release others. 

“It is still not enough to push the Thai government to take the appropriate actions,” says Chanatip. “It is clear that more support is needed both domestically and internationally to ensure that Thailand stops its crackdown on freedom of expression and peaceful assembly, which prompted the hunger strike.” 

The timing of their hunger strike brings also complexities on the ground. General elections are scheduled for May, bringing hope for some that opposition parties will succeed at the ballot box.  

Until then, there is low appetite for anti-government protest – which the hunger strike may have otherwise inspired. “Even among the pro-democracy groups it seems like election is something that they think will be the light at the end of the tunnel,” Pavin says. “[They think] maybe we can hold for the next few months because the election will come. Then if the result doesn’t fulfil us, we can think about protest.” 

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.cls-2{fill:#fff;stroke:#fff;stroke-miterlimit:10;stroke-width:.2px} Truth or Fake

Debunking a Ukrainian MP's strange visit to Thailand

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The rise of weed tourism: Is Thailand turning into the 'Amsterdam of Asia'?

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France24 - World

Al Qaeda leader in North Africa grants exclusive interview to FRANCE 24

Issued on: 06/03/2023 - 17:00

FRANCE 24 Follow Wassim NASR Nadia MASSIH Follow

Algerian Islamist Abu Obeida Youssef al-Aanabi, the current leader of al Qaeda in the Islamic Maghreb (AQIM), granted an exclusive interview to FRANCE 24 in which he officially confirmed his group is holding French journalist Olivier Dubois, who was kidnapped in Mali in 2021, and discussed the role of jihadism in the Sahel. 

As FRANCE 24's terrorism expert Wassim Nasr explains, it took a year from requesting the interview to securing the responses, with the militant leader imposing "many conditions" including the submission of all 17 questions in advance. 

Nasr said he requested a "stamped" audio file from the militant group so he could be certain it was al-Aanabi who was speaking. 

When asked whether AQIM was planning attacks in France, al-Aanabi said his group's dispute with France was limited to  local issues in the Sahel and wider Africa. He went on to criticise Western leaders for failing to acknowledge that AQIM's interests were exclusive to Africa. 

The AQIM leader's admission was the first official confirmation from his group that it is holding Dubois, but he denied AQIM had lured Dubois into being abducted. Dubois was kidnapped in April 2021 as he was trying to interview a local al Qaeda commander. Al-Aanabi said his group is open to negotiations and that it is up to French authorities to make the first move towards opening talks. 

He said AQIM considers it a victory that French troops withdrew from both Mali in August last year and Burkina Faso in February 2023, calling it a vindication of 20 years of jihad in the region. But Nasr points out that the French withdrawal was due to friction with the Malian junta as well as the arrival of Russian mercenaries. Al-Aanabi said the increasing presence of the Wagner Group was no better, calling them yet another colonial force. 

Al-Aanabi touted the success of AQIM's recruitment strategy in the Sahel, describing the region as the "epicentre" of jihad today, according to Nasr. Moreover, he said, there are no limits to the group's possibilities for expansion. Al-Aanabi went on to say that AQIM is essentially at war in the Sahel with the Islamic State group, whom he views as "deviants".  

Al-Aanabi has been on the US watchlist of "international terrorists" since September 2015.

Click on the video player above to watch the full interview. Click here to watch FRANCE 24's previous exclusive with Abu Obeida Youssef Al-Aanabi from May 2019. 

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.cls-2{fill:#fff;stroke:#fff;stroke-miterlimit:10;stroke-width:.2px} MAGHREB

Exclusive: FRANCE 24 questions AQIM jihadist leader

France 'committed' to securing Olivier Dubois release 500 days after Mali abduction

France24 - World

French Senate votes to raise retirement age from 62 to 64 amid nationwide strikes

Issued on: 09/03/2023 - 08:46

NEWS WIRES

France's Senate voted Thursday to raise the retirement age by two years to 64, as the government moves to overhaul the country's pensions system in the face of strong opposition from labour unions.

The conservative-dominated legislative body voted in favour of a decisive article to raise the age of retirement by 201 votes to 115.

Debate will resume later on Thursday over a controversial amendment to the bill.

The Senate majority is rushing to meet a deadline of midnight Sunday to finalise the legislation.

Liberal politicians voiced anger following the vote.

"Your name will forever be attached to a reform that will set the clock back almost 40 years," Socialist Monique Lubin told Labour Minister Olivier Dussopt.

Labour unions have vowed to pile pressure on the government by staging protests and strikes.

On Wednesday, fuel deliveries, trains and flights were disrupted for a second day following mass rallies.

Key sea ports were also blockaded, as dock workers were among those to join rolling strikes seeking to convince President Emmanuel Macron to reverse course on the bill he has championed.

Macron has put the change at the centre of his political agenda, with his government arguing that raising the retirement age and stiffening the requirements for a full pension are essential to keeping the system from sinking into deficit.

France lags behind most of its European neighbours, which have hiked the retirement age to 65 or above.

(AFP)

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.cls-2{fill:#fff;stroke:#fff;stroke-miterlimit:10;stroke-width:.2px} As it happened

French strikes against pension reform to continue as unions intensify fight

Demonstrators set to paralyse France in massive pension reform protests

French senators begin debate on Macron’s contested pension reform

France24 - World

People displaced by Syria earthquake loot aid supplies after baby dies in camp

Issued on: 09/03/2023 - 17:26Modified: 09/03/2023 - 17:32

Mahmoud Naffakh Follow

A video filmed by our Observer shows displaced people living in a camp in northwest Syria storming and looting a warehouse containing humanitarian supplies after the sudden death of a baby in the camp. The baby’s parents say he died of cold because of a lack of humanitarian assistance, an allegation rejected by some doctors, aid workers and officials. 

Our Observer in Azaz (located 50 km to the north of Aleppo) sent us a video showing displaced people living in a makeshift camp storming and looting a warehouse stocked with humanitarian supplies like blankets and mattresses. 

This incident took place the morning of February 24, 2023, just a few hours after a family discovered their seven-month-old baby, Zuhair Othman, lifeless in their tent. 

 

Mohamed Othman said that he woke up shortly after 6am and discovered that his baby was dead. A haunting video, first posted on Facebook on March 2, 2023, shows Othman, still in shock, carrying the lifeless body of his child.

“We’ve been in this makeshift camp for four days… and they didn’t give us any aid,” the father says. “No mattresses, no stoves, no blankets. I woke up this morning to find my son had died of the cold.”

Othman says that his family’s small home in Azaz was damaged by the multiple earthquakes that hit southeastern Turkey and many of the rebel-controlled regions in northwestern Syria. Nearly 6,000 people are thought to have died in Syria alone.

'The only thing they gave us was a tent that was very poorly insulated and nothing else to protect us'

Our team spoke to Mohamed Othman: 

After the first earthquake, on February 6, we stayed in our home, believing that the worst had already happened. 

But on February 20, a second earthquake took place, leaving massive cracks in our walls [Editor’s note: There were twin earthquakes that day, one reaching 6.4 on the Richter scale and the other 5.8.] Afraid that our home would collapse, we decided to leave and go stay in one of the camps run by the local authorities. 

I asked for help from camp personnel, but the only thing they gave us was a tent that was very poorly insulated and nothing else to protect us. On February 24, 2023, when I woke up around 6:30 am, my son wasn’t moving. An ambulance located near the camp took us to the hospital, where they told me that he had died. 

It was very cold in Azaz the night of February 23. According to the website AccuWeather, it was just 1 degree Celsius (around 33 degrees Fahrenheit). Azaz, located on the border with Turkey, is under the control of Syrian rebels allied with Turkey. The town relies on Turkey for aid and infrastructure. 

When news spread that a child had died of the cold, it sparked a riot in the camp, with people storming a warehouse to grab supplies. However, the child’s cause of death is still uncertain. 

 

The FRANCE 24 Observers team spoke with Yasser Samm, one of the two emergency room doctors who saw the baby when he arrived at the hospital.  

The child was already dead when he arrived at the hospital around 7am. His body was cold and his pupils were dilated. We tried to reanimate him, but in vain. The electrocardiogram confirmed that the child was dead and so we had to tell his father. 

There are quite a few possible causes of death. It is possible that the child suffocated in his sleep, for example. In truth, it’s impossible for us to determine the exact cause of death unless there are clear bruises or injuries that are visible on the body. It is possible that the baby died of cold, but I am not sure why the father insisted that it was cold that killed the child for certain. 

Only a forensic doctor could determine the child’s cause of death. And to do that, the body would need to be exhumed for an autopsy by order of the court. 

Hassan Al Ibrahim, a general practitioner and head of the health service in Azaz, told our team that there “could be a thousand reasons for the child’s death, including the cold. However, the hypothesis that the death was a direct result of cold remains improbable.”

Nassim Farouk, the head of communication for Azaz's city government which runs the camp where the baby died, has also questioned the father’s narrative. He says that the camp wasn’t lacking in aid, even if it took time to get organised after the earthquake.  

In the hours and days after the first earthquake, there were a large number of donors, including many local initiatives. The problem is that a lot of people who didn’t need help asked for it and got it. 

One thing is important to note – the humanitarian organisations on the ground are very active. But no one was prepared for a disaster of this scale. Most of the NGOs did have emergency plans but they were focused on responding to air strikes or something of that nature. None of them had a plan to support a population in case of a natural disaster at this scale. Even help from the UN took time to materialise. We had to wait for seven full days before a UN team arrived to evaluate the need on the ground. 

‘The camps are cruelly lacking in well-equipped tents’

Twelve people died and another 150 people were injured in Azaz during the earthquake that took place on February 6, 2023. More than 380 buildings were partially destroyed and at least 80 buildings are now considered uninhabitable. 

Our team spoke to local journalist Ayham Hilal, who lives in Azaz: 

 

In the immediate aftermath of the earthquake, the authorities put in place emergency camps. There are also a number of long-established camps in the region for people who have been displaced in the past. 

Many residential buildings in Azaz sustained serious damage. Many humanitarian organisations and individuals have worked to provide aid to the people affected, whether they are from Azaz or the surrounding area. But there is still a real shortage of tents, especially well-insulated tents. 

To add to that, the price for tents has skyrocketed faced with the increased demand. Makeshift tents were set up using tarps between 1 to 2 millimetres in thickness. They have practically no insulation and don’t hold up well in storms. A lot of these tents have blown away during storms and temperatures vary from day to day. 

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France24 - World

Germany’s Scholz announced tectonic policy shifts, but a year on, not much has budged

Issued on: 03/03/2023 - 23:06

Tom WHEELDON

German Chancellor Olaf Scholz visited Washington for talks with US President Joe Biden on Friday, with Ukraine the sole item on the agenda. This comes just over a year after Scholz’s momentous “Zeitenwende” speech in reaction to the Russian invasion, in which he vowed radical changes to Germany’s defence and security policies. But analysts say Germany is failing to meet the expectations Scholz set. 

Three days after Russia invaded Ukraine on February 24, 2022, a German word burst into the English language to capture this tectonic shift in world policy and history: Scholz declared that Europe’s biggest conflict since World War II marked a “Zeitenwende” (“a turning point in history”), drawing a curtain on the post-Cold War era.

Scholz signalled a pivot in Germany’s foreign and security policy, pledging to not just meet but to surpass the NATO 2 percent defence spending target, while creating a special €100 billion fund to revamp the German military after decades of under-investment.

Scholz’s speech was a seismic moment given that he started out in politics in the 1980s as a student activist railing against the “aggressive-imperialist NATO”, before his long ascent through the ranks of the Social Democratic Party (SPD), an institution with historically close ties to Moscow.

“It was undoubtedly a huge moment for German politics – perhaps especially for the SPD and its voters. Nearly half a century of a hopeful Russia policy out the window and the shocking realisation that NATO – and Germany by extension – might find itself in danger of attack,” noted Rachel Tausendfreund, a senior fellow at the German Marshall Fund’s Berlin office.

‘Strategic decay’

There is no doubt that Germany unequivocally supports Ukraine; it is the fourth-biggest military donor after the US, Britain and Poland. But critics say the Zeitenwende has not gone far enough. 

“This war is a really profound turning point in our history [and] what the government is doing doesn’t do that justice,” Friedrich Merz, leader of conservative opposition party the Christian Democrats, declared earlier this week.

Contrary to Scholz’s vow to spend “more” than 2 percent, German defence spending will be 1.4 percent of GDP this year, according to the most generous projection by defence publication Janes. That would mark an addition of less than 0.4 percent of GDP since 2015, when the German military was so under-funded it used broomsticks in place of guns during a NATO training exercise.

Indeed, two recent stories attest that the Bundeswehr is still in a bad state: It emerged in December that not a single one of Germany’s flagship Puma tanks was operational after a training exercise, shortly after German media reported that the Bundeswehr only had enough ammunition for two days of intense combat.

“They’ve capped spending at 1.4 percent for this coalition [set to last until 2025], so they’re not going to meet that 2 percent target any time soon,” noted Dan Hamilton, a former US deputy assistant secretary of state, now a senior fellow at Johns Hopkins University’s School of Advanced International Studies and a non-resident senior fellow at The Brookings Institution.

As for the €100 billion special fund, Germany’s new Defence Minister Boris Pistorius has acknowledged that more money is needed to get the Bundeswehr up to scratch. “Almost everyone says €300 billion is needed if they’re going to be serious about getting the military back in order,” Hamilton said.

“You’ve got two things working together to undermine the Zeitenwende,” added Richard Whitman, a professor of politics and international relations at the University of Kent. “One is that Scholz’s style of politics is very cautious. The other is a very embedded culture of strategic decay, in which the defence establishment seems incapable of getting to grips with the challenges posed by Russia’s war against Ukraine.

“This idea of the Zeitenwende looked like an amazing signal but it has ended up being an albatross around the neck of Germany’s leadership, because everybody can see that Germany has not delivered,” Whitman continued.   

‘Hand-wringing’ over tanks

For months, battle tanks were the symbol of Germany’s inertia. Keen to develop offensive capacity, Ukraine repeatedly demanded German Leopard tanks, which are notably well-suited to break through fixed frontline defences.

Scholz’s government refused, prompting one of the fiercest acts of public diplomacy within the Western alliance since the Russian invasion, when Ukrainian Foreign Minister Dmytro Kuleba tweeted last September: “What is Berlin afraid of that Kyiv is not?”

Germany finally announced it would send Leopard tanks to Ukraine on January 25. But this came ten days after the UK became the first Western country to agree to donate tanks, announcing it would send Challengers. Scholz’s decision was also conditional on the US sending Abrams tanks – even though Washington was long reluctant to send Abrams because they require especially complex maintenance; not an easy feat for a busy Ukrainian military, hitherto used to Soviet-era tanks.

Scholz’s insistence on the Abrams precondition underscored Berlin’s caution and enduring fear of Russian retaliation without the US security umbrella.

“Germany’s partners need to understand that the Zeitenwende was never about Germany suddenly becoming a geopolitical security policy leader in Europe,” said Tausendfreund. “It was about an important shift in Germany’s security understanding – the realisation that Germany should also be able to defend its freedoms. But the Zeitenwende was not a promise of German leadership or vision.”

Nevertheless, the delay between the UK Challenger announcement and the German Leopard announcement suggests Germany is struggling to follow through with the paradigm shift Scholz implied in his famous speech. “It was quite clear what was expected, but Germany went through a prolonged period of hand-wringing and public diplomacy,” said Whitman.

‘Remarkable’ gas shift

By contrast, there was little hand-wringing when it came to gas. Reliance on inexpensive Russian supplies through the Nord Stream 1 pipeline was a pillar of German political economy, so much so that ex-chancellor Gerhard Schroeder sat on the board of Russian gas giant Gazprom.

Russian gas made up 55 percent of German gas imports in 2021 – and that fell to 26 percent by June 2022, before Russia cut off the pipeline supply in September.

Berlin acted rapidly to secure new supplies, splashing the cash on the world gas market and ordering the creation of Germany’s first liquefied natural gas terminal at Wilhelmshaven on the North Sea coast. “Energy security for the winter is guaranteed,” Scholz declared in November, the same month construction finished on the terminal in record time.

Concerns remain about the economic fallout of Germany’s energy transition. Yet in the short term at least, Scholz limited the damage by unveiling a €200 billion aid programme to help business and consumers deal with soaring bills. German central bank (Bundesbank) projections suggest the German economy has gone through a slighter contraction than feared this winter and will start to bounce back in the second half of 2023.  

“The gas shift has been remarkable; it’s been a Herculean national effort,” Hamilton noted.

Germany’s importance for US ‘overtaken’ 

But Hamilton suggested that Germany’s full-throated response to its domestic energy crisis foregrounds its reluctance to put the same level of effort into defence and security: “The subsidies for its own economy have been many times greater than its assistance for Ukraine,” he said.

The upshot of all this is that Scholz is visiting Washington to discuss Ukraine as the leader of a country with diminished standing as a US ally compared to its European peers, according to Whitman. 

“Germany’s importance has been overtaken by that of Poland, for example, which is far more important for the war in Ukraine – while the UK has [restored its standing] after Brexit thanks to its response to the war; and Ukraine itself is of course going to be key. Germany has been a longstanding US partner since the Cold War and it’s a geopolitical fact of life – but that’s not to say it’s the most significant or useful partner for US interests in Europe.”

© France Médias Monde graphic studio

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Biden, Scholz meet, pledge support for Ukraine for ‘as long as it takes’

Weapons for Ukraine tops agenda at Munich Security Conference

AS IT HAPPENED

Ukraine's Zelensky wants long-range missiles, jets from West

France24 - World

More than 40 killed in suspected eastern DR Congo rebel attacks

Issued on: 09/03/2023 - 11:22

NEWS WIRES Anasthasie TUDIESHE

Suspected Allied Democratic Forces (ADF) militants have killed over 40 people in twin attacks in eastern DR Congo, local officials said Thursday, in the latest bloodshed across the turbulent region.

The ADF, which the Islamic State group claims as its central African affiliate, is one of the deadliest armed militias in eastern Congo, accused of slaughtering thousands of civilians. 

Fighters from the group attacked the neighbouring villages of Mukondi and Mausa, in the Beni territory of North Kivu province, during Wednesday evening and the early hours of Thursday, officials said. 

"It's total desolation," said Kalunga Meso, a local administrator. "They rounded up people and then executed them". 

He told AFP that 38 people had been killed in Mukondi and eight in Mausa, stressing the death toll was provisional. 

Mumbere Arsene, a local civil-society figure, said 37 people had been killed in Mukondi and eight in Mausa. 

"All the dead people were killed with knives," he said. 

The Kivu Security Tracker (KST), a respected violence monitor, said on Thursday that armed men had killed at least 30 people in Mukondi, by machete.

AFP was unable to independently confirm the death toll.

The ADF is among the most violent of the dozens of armed groups active in eastern Congo and has been accused of a string of bomb attacks and civilian massacres.

Thousands have died at its hands, many of them in the Beni region, say monitors.

A joint Congolese-Ugandan military operation targeting the militia in eastern DRC has been underway since late 2021, but attacks have continued. 

Last week, the United States offered a reward of up to $5 million for information concerning ADF leader Seka Musa Baluku.

Security Council visit 

The latest ADF attack comes as a United Nations Security Council delegation is due to arrive in the DRC on Thursday. 

The envoys are due to visit conflict-torn North Kivu during their three-day visit, according to the official programme, in order to assess the security and humanitarian crisis.

Hundreds of thousands of people have been displaced inside the province, which besides suffering ADF attacks in its north, is also beset by M23 rebels

The Tutsi-led M23 group has captured swathes of territory since re-emerging from dormancy in late 2021, and has recenty been gaining further ground on Congolese troops. 

An M23 advance is now threatening to cut off all road links to Goma, a regional trade hub with Rwanda to its east and Lake Kivu to its south. 

The DRC accuses Rwanda of backing the M23 -- an assessment the United States, several other western countries and independent UN experts agree with. 

Kigali denies the charge. 

Dozens of armed groups roam eastern DRC, many of which are a legacy of regional wars that flared in the 1990s and early 2000s.

(AFP)

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Clashes erupt in DR Congo between M23 rebels and army despite ceasefire

In DR Congo, Macron pledges aid, warns of sanctions if peace efforts are derailed

Pope Francis excoriates 'brutal atrocities' in DR Congo

France24 - World

Georgia releases detained protesters after dropping 'foreign agents' law

Issued on: 09/03/2023 - 09:06Modified: 09/03/2023 - 09:08

FRANCE 24 Follow

Authorities in Georgia said Thursday that demonstrators detained during anti-government rallies had been released, after the Caucasus country's ruling party announced it was dropping the contentious laws that sparked the rallies.

All persons arrested by employees of various structural units of the interior ministry [...] on March 7 and 8 of the current year, during the demonstration held near the parliament have been released," the interior ministry said in a statement

This came after the ruling party dropped the "foreign agents" law amid growing concern that the ex-Soviet nation, which aspires to join the EU and NATO, is taking an authoritarian turn and maintaining links with Moscow.

This announcement came after two days of large-scale protests, including a rally Wednesday that saw Georgian police fire water cannon and tear gas at thousands of demonstrators and issue a dispersal order. 

Ruling party Georgian Dream said in a statement the bill had been "represented in a bad light and in a misleading way," adding that it would launch public consultations to "better explain" the law's purpose after announcing its withdrawal.

A European Union delegation in Georgia immediately cheered the halt, saying they "encourage all political leaders in Georgia to resume pro-EU reforms."

We welcome announcement by the ruling party to withdraw draft legislation on “foreign influence”. We encourage all political leaders in GE 🇬🇪 to resume pro-EU 🇪🇺reforms, in an inclusive & constructive way and in line with the 12 priorities for Georgia to achieve candidate status pic.twitter.com/pKSFIOQv88

March 9, 2023

Massive crowds had gathered in front of the parliament building in central Tbilisi on Wednesday, holding EU and Georgian flags, and chanting "no to the Russian law".

The protesters demanded authorities drop the bill on "transparency of foreign funding," which critics said mirrors a law used in Russia to force media and dissenting groups to shut down.

Elene Ksovreli, 16, said Georgians did not want to see their future threatened.

"We will not allow them to make Russia define our future," she told AFP. "We, young people, are here to protect our everything." 

Another demonstrator, 72-year-old Aza Akhvlediani, called the country's government "stupid".

"I know what's happening in Moscow. They stop every passerby and do whatever they please to them. I think the Georgian government wants the same," she said.

'Big moment' 

In response to the unfurling situation, Washington urged the government to show "restraint" and allow peaceful protests, while Ukrainian President Volodymyr Zelensky called for "democratic success" in "friendly Georgia".  

Protesters were also out Tuesday after ruling party lawmakers approved the draft law on "foreign agents" in its first reading.

Clashes ensued with police using tear gas and water cannon against the demonstrators.

Police said more than 70 demonstrators had been detained and 50 police officers injured during the protests Tuesday.

Tom de Waal, a senior fellow at Carnegie Europe, said that both the bill and crackdown represented a serious challenge in the politically turbulent country.

"It's a big moment for Georgia, still a democracy, but definitely a struggling one," he said on Twitter.

In Russia, the Kremlin has extensively used the "foreign agent" label against opponents, journalists and human rights activists accused of leading foreign-funded political activities. 

Georgian authorities have faced mounting international criticism over a perceived backsliding on democracy, seriously damaging Tbilisi's ties with Brussels.

Georgian Prime Minister Irakli Garibashvili has defended his "balanced" policy as aimed at ensuring "peace and stability".

Russia and Georgia fought a five-day war in 2008.

Georgian President Salome Zourabishvili has expressed support for the demonstrators and vowed to veto the legislation.

'Dark day' 

"Today is a dark day for Georgia's democracy," the US embassy in Georgia said after the initial reading of the bill.

According to the ministry, 76 people had been arrested for minor hooliganism and disobeying law enforcement following Tuesday's clashes.

One more person was held for attacking the police, the ministry said.

Georgia applied for EU membership together with Ukraine and Moldova days after Russia invaded Ukraine in February last year.

In June, EU leaders granted formal candidate status to Kyiv and Chisinau but said Tbilisi must implement a number of reforms first.

Plans to join NATO and the EU are enshrined in Georgia's constitution and are supported by at least 80 percent of the population, according to opinion polls.

Georgia's treatment of jailed ex-president Mikheil Saakashvili, whose health has drastically deteriorated in prison, has also drawn international condemnation.

Late last month, European Union member states issued a formal diplomatic warning to Georgia's leaders over Saakashvili's health.

(FRANCE 24 with AFP)

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Protesters clash with police in Georgia for second day over new ‘foreign agents’ law

Thousands protest in Tbilisi against controversial Georgian 'foreign agents' law

Georgia's breakaway region of South Ossetia ditches referendum on joining Russia

France24 - World

Latvia becomes safe haven for Russians opposed to war in Ukraine

Issued on: 09/03/2023 - 14:59

Marie PANNETRAT Marie PANNETRAT

Since the start of the full-scale invasion of Ukraine, the Latvian capital Riga has become a hub of journalists, Russian intellectuals and Ukrainian refugees opposed to Russian President Vladimir Putin. Local Latvians, who are proud of their independence gained in 1991, do not want to turn back the clock. Hundreds of Soviet-era monuments have been torn down throughout the country. FRANCE 24's Laura Cambaud and Marie Pennetrat report.

Truth or Fake

No, a Latvian town did not decorate its Christmas tree with Nazi symbols

Centrists win Latvia general election, Russian-speaking parties suffer setbacks

The France 24 Interview

‘We need to impose sanctions on Belarus too,’ says Latvian FM Edgars Rinkevics

France24 - World

Indonesia jails two football match officials for role in deadly stadium crush

Issued on: 09/03/2023 - 10:23

NEWS WIRES

An Indonesian court on Thursday jailed two football match officials for negligence over one of the worst stadium disasters in the sport's history.

The crush in October at a venue in the East Java city of Malang killed 135 people after police fired tear gas into packed stands when supporters invaded the pitch.

Hundreds of people fled for narrow exits, resulting in a stampede that left many trampled or suffocated to death, including more than 40 children.

Abdul Haris, a match organiser, was found guilty of negligence and handed 18 months in prison. Prosecutors had sought a sentence of six years and eight months. 

"I am sentencing the defendant to a year and a half in prison," presiding judge Abu Achmad Sidqi Amsya told the court in the city of Surabaya. 

It is Indonesia's first ruling on the tragedy.

The judges also found security official Suko Sutrisno guilty of negligence and sentenced him to one year in prison.

"The defendant did not anticipate the chaos because there has never been an emergency situation before. The defendant also did not understand his job as a security official well," the judge said.

Both men have seven days to appeal the verdict.

Three local police officers have also been charged over the incident and are awaiting verdicts.

The former director of the company that runs Indonesia's premier league has been named as a suspect and remains under police investigation. 

Police described the October 1 pitch invasion as a riot and said two officers were killed, but survivors accused the police of using excessive force.

Officers were seen kicking and beating supporters on the pitch before indiscriminately firing tear gas into the stands. 

Football's world governing body FIFA outlaws the use of such riot control methods inside stadiums. 

The tragedy has forced Indonesian officials to confront failings in various aspects of the domestic game, which has been blighted for years by shaky infrastructure, mismanagement and violence.

Indonesia's National Police sacked its local chiefs for both Malang city and the province of East Java after the tragedy.

The government also suspended all competitive football games but league matches resumed last month, without fans in the stands.

Indonesian President Joko Widodo ordered an investigation and pledged to demolish and rebuild the Kanjuruhan Stadium according to FIFA standards. 

A task force investigating the crush has called on the head of Indonesia's football association and all the members of its executive committee to resign, but they have refused to do so.

The match was a clash between fierce East Javan rivals Arema FC and Persebaya Surabaya, with Arema losing 3-2.

FIFA head Gianni Infantino in October called the crush "one of the darkest days for football".

(AFP)

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More than 120 people die in Indonesia football stadium stampede

Police chief fired as Indonesia investigates deadly football stampede

Indonesian parliament approves legislation banning sex outside marriage

France24 - World

'My mission is not over yet': Brazil's Bolsonaro teases political comeback

Issued on: 09/03/2023 - 13:18

Zilan COKYIGIT Sonia BARITELLO Follow Genie GODULA Follow

Brazil's former president Jair Bolsonaro has often been called the Trump of the Tropics, and this week he made an appearance at the Conservative Political Action Conference in the US. The former Brazilian president has been living in Florida following his defeat to leftist leader Luiz Inacio Lula da Silva in October of last year. Since then, rumours have been flying about when Bolsonaro might return to Brazil to stage a political comeback. For more, we speak to political analyst Guilherme Casaroes.

Elsewhere, police in the US state of Georgia have filed terror charges against 23 protesters accused of attacking officers at a rally against a planned police training site in Atlanta. Critics claim the centre dubbed "Cop City" will only increase police brutality, while environmental activists say it's also exploiting valuable forest land.

Finally, to mark International Women's Day, we report on a group of single mothers in Venezuela who are going from homemakers to home builders. They're using a government programme to get subsidised new housing. The only catch is that they have to help build the houses themselves. 

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  • Guilherme CASAROES, Political analyst

Bolsonaro says he plans to return to Brazil in March to lead opposition

Brazil's former president Bolsonaro applies for six-month US tourist visa

Brazil's Lula removes soldiers from presidential residence after riots

France24 - World

'Invest in her': Number of female-led startups increases in France

Issued on: 09/03/2023 - 16:45

Kate MOODY Follow Charles PELLEGRIN Follow Kate MOODY Follow

The 2023 edition of International Women's Day has highlighted digital inequality, but also how innovation and technology can empower women and girls, and contribute to economic growth. In France, the number of female entrepreneurs in the tech sector is increasing, but they still lag behind their male counterparts. For more, Kate Moody is joined by Delphine Remy-Boutang, the founder of JFD – Journée de la Femme Digitale, or Digital Women's Day. 

Also in the programme:

  • Is a four-day working week in your future? A successful test run in the UK could change the game for thousands of employees. Charles Pellegrin tells us more.

     

  • Plus, unseasonably warm temperatures and climate change are affecting Spain's almond crops. Nicholas Rushworth reports. 

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.cls-2{fill:#fff;stroke:#fff;stroke-miterlimit:10;stroke-width:.2px} FRANCE IN FOCUS

Women and retirement in France: A lifetime of inequality

Women's Day

French museum of feminist struggles aims to shed light on neglected histories

#The 51%

The land of equality? Where France stands on women's rights

France24 - World

SOS diaspora: How Lebanese abroad help their country survive crisis

Issued on: 03/03/2023 - 13:34Modified: 03/03/2023 - 13:45

As their country sinks deeper into a financial crisis, more Lebanese people depend on money sent by relatives living abroad to survive. Remittances sent by the Lebanese diaspora, one of the largest in the world, partly explain why Lebanon has not yet descended into social chaos or full-scale revolt, despite the country suffering from what the World Bank calls one of the worst financial crises since the mid-19th century. FRANCE 24's Chloé Domat and Sophie Guignon report.

Built up over more than a century, the Lebanese diaspora is made up of approximately 14 million people over all five continents, compared to only 4 million within Lebanon. These expatriates have always sent money back to their families to make ends meet. Since the crisis, these remittances have become the only source of income for many Lebanese households.

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.cls-2{fill:#fff;stroke:#fff;stroke-miterlimit:10;stroke-width:.2px} MIDDLE EAST MATTERS

Rising poverty and hunger in Lebanon: The fight against malnutrition for low-income families

MIDDLE EAST MATTERS

Fleeing Lebanon to escape poverty: At least 100 die in migrant shipwreck

MIDDLE EAST MATTERS

Citizens rob banks for own savings: Lebanon's economic crisis leads to desperate measures

France24 - World

Medecins Sans Frontieres shuts Haiti hospital over gang violence

Issued on: 09/03/2023 - 01:16

NEWS WIRES

Medical charity Medecins Sans Frontieres (MSF) has temporarily closed its hospital in Cite Soleil, in Haiti's capital, after gang violence threatened the safety of patients and staff, a spokesperson for the group told Reuters Wednesday.

This comes amid escalating violence from heavily armed gangs who last week expanded their territory to cover new areas both in the capital Port-au-Prince and nearby towns, forcing several schools to shut their gates as kidnappings also increase.

Field communication manager Alexandre Marcou said the closure leaves Cite Soleil, an impoverished neighbourhood on the outskirts of the capital, with just one privately run hospital and another MSF operation which is reducing operations.

"We are living scenes of warfare just metres (yards) from the establishment," Vincent Harris, an MSF medical advisor, said in a statement.

"Our hospital has not been directly targeted but we have been a collateral victim of the fighting since the hospital found itself on the frontline."

Marcou said a child who was on oxygen had died in a security room, where patients are sent for protection from gunfire around the building. A 70-year-old man had also been found shot across form the hospital as he tried to cross the street.

"Because of the territorial conflicts, one of the groups decided crossing was forbidden, so the reaction was a bullet," he said.

Earlier this year, an MSF-backed public hospital just south of the capital also closed its doors after a patient was killed by a bullet as he left the emergency room.

Around Port-au-Prince, MSF continues to operate a center for trauma and bullet wounds and survivors of sexual violence, which a United Nations report said gangs were using en masse to instill fear.

It also operates mobile clinics, emergency centers for serious accidents, clinics for pregnant women and babies, and cholera treatment centers, though Marcou said the outbreak, which began in October, was seeing a decline.

"We are not leaving Haiti," said Marcou, stressing the closure was temporary and MSF planned to increase its work if needed, although it could not keep operations open if staff and patients are not safe.

(REUTERS)

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.cls-2{fill:#fff;stroke:#fff;stroke-miterlimit:10;stroke-width:.2px}

US arrests four more suspects over assassination of Haitian president

Haiti police block streets, force entry to airport to protest officer killings

Haiti gang violence soars as UN envoy appeals for international armed force

France24 - World

FRANCE 24 'deeply concerned' by former Algeria correspondent's indictment

Issued on: 09/03/2023 - 00:00

FRANCE 24 Follow

FRANCE 24's former correspondent in Algeria, Moncef Ait Kaci, was tried on Wednesday in Algiers for "funding received from abroad and publication of information harmful to the national interest", according to the prosecutor.

Moncef Ait Kaci was arrested on July 28, 2020 and placed in police custody, before being released and officially accredited by the Algerian authorities.

On Wednesday, prosecutors called for a three-year prison sentence for Ait Kaci and the journalist-director Ramdane Rahmouni. Both men have always practised their trade with professionalism and rigour, and worked in full transparency.

Pending the deliberation scheduled for March 22, FRANCE 24's management is "deeply concerned" about this indictment, but has confidence in Algeria's justice system.

FRANCE 24 gives its full support to its former teams accredited in Algeria.

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France24 - World

Israelis protesting judicial reform force Netanyahu airlift

Issued on: 09/03/2023 - 18:01Modified: 09/03/2023 - 18:12

NEWS WIRES

Israeli Prime Minister Benjamin Netanyahu had to be airlifted on Thursday to the country's main international airport for an official overseas trip, after throngs of cars and protesters prevented him from driving there.

The demonstrations were part of nationwide protests underway for more than two months against Netanyahu and his government's contentious plan to overhaul the judiciary.

Demonstrators had made blocking Netanyahu's route to the airport a centerpiece of their intensifying efforts to oppose the legal changes, and the optics of the Israeli leader having to make alternate travel plans were a win for the protest movement.

The helicopter ride, far from the snarling traffic triggered by the protest, was also sure to deepen Netanyahu's reputation as being out of touch with Israelis at a time when the country finds itself torn apart over the government plan and the economy is slowing.

Thursday's disruptions also took a toll on visiting U.S. Secretary of State Lloyd Austin, whose schedule was rearranged to keep his engagements close to the airport.

The protesters, launching a “day of resistance to dictatorship,” descended on the country's main international airport waving Israeli flags, blocking the road leading to the departures area with their cars.

Elsewhere, protesters blocked main intersections and scuffled with police in the seaside metropolis of Tel Aviv and other cities. A small flotilla of paddleboards and kayaks tried to close off a main maritime shipping lane off the northern city of Haifa. Some protesters barricaded the Jerusalem offices of a conservative think tank helping to spearhead the judicial changes.

“Israel is on the verge of becoming an autocratic country. The current government is trying to destroy our democracy, and actually destroy the country,” said Savion Or, a protester in Tel Aviv.

The uproar over Netanyahu's legal overhaul has plunged Israel into one of its worst domestic crises. Beyond the protests, which have drawn tens of thousands of Israelis to the streets and recently became violent, opposition has surged from across society, with business leaders and legal officials speaking out against what they say will be the ruinous effects of the plan. The rift has not spared Israel's military, which is seeing unprecedented opposition from within its own ranks.

Netanyahu, who took office in late December after a protracted political stalemate, and his allies say the measures aim to rein in a court that has overstepped its authority. Critics say the overhaul will upset the country's delicate system of checks and balances and slide Israel toward authoritarianism.

Critics also say Netanyahu, who is on trial for corruption, is driven by personal grievances and that he could find an escape route from the charges through the overhaul. Netanyahu denies wrongdoing, and says the legal changes have nothing to do with his trial.

Demonstrations were underway across the country as Netanyahu and his allies have pledged to press ahead with a series of bills that would strip the Supreme Court of its ability to review legislation and give coalition politicians control over judicial appointments. An attempt by Israel's ceremonial president to defuse the crisis through an alternative legal reform has so far been unsuccessful.

The protesters' main objective Thursday was to complicate Netanyahu's journey to the airport ahead of a state visit to Rome. Police, handing out traffic tickets as protesters held signs reading, “dictator: don’t come back!” said they would clear the demonstrators by force if they did not move. There were no immediate reports of serious violence.

Netanyahu, who was meeting Austin before his departure, arrived to the airport in a police helicopter, circumventing the protesters, Israeli media reported. Netanyahu’s office declined to comment.

Regular flights were not interrupted, an airport spokeswoman said, although some travelers said they had to leave their cars behind the protesters' convoy and reach the terminal by foot.

Netanyahu told the Italian daily La Repubblica in an interview before his trip that the protests were the manifestation of the vibrancy of Israel's democracy.

But speaking to reporters in Hebrew before takeoff, he suggested the protesters were looking to oust Israel's democratically-elected government.

“The goal here is to topple a government that was elected democratically,” Netanyahu said. “We won't let anyone disrupt Israeli democracy.”

The police, overseen by ultranationalist National Security Minister Itamar Ben-Gvir, pledged to prevent the disturbances and said they had made arrests.

Protesters descended onto Tel Aviv's main highway, blocking midday traffic as mounted police and a water cannon truck hovered nearby. Police allowed the protesters to remain on the highway for over an hour but cleared it in some places by force ahead of afternoon rush hour.

Red billboards festooning the highway read, “resistance to dictatorship is mandatory.”

Critics say Ben-Gvir, a key ally in Netanyahu’s coalition government who has dubbed the protesters “anarchists”, is trying to politicize the police.

“We support freedom of expression but not anarchy,” Ben-Gvir told reporters while touring the airport.

Thursday's demonstration in Tel Aviv, the country’s business center and its liberal heartland, was not nearly as large as the one last week, when police cracked down on what had otherwise been peaceful protests, lobbing stun grenades and scuffling with demonstrators. Those protests ended with Netanyahu's wife Sara being extracted from a ritzy Tel Aviv hair salon where demonstrators had gathered after catching wind of her presence.

Netanyahu and his wife have gained notoriety for enjoying lavish lifestyles and living off the largesse of taxpayers and wealthy supporters. Some media pundits questioned why Netanyahu was flying to Italy for three days at a time of deep national crisis, suggesting the couple were actually traveling to celebrate their wedding anniversary. Netanyahu's schedule includes a meeting with Italy's prime minister on Friday, but he does not return until Saturday night.

Thursday's visit by Austin, who is on a Mideast tour, was also being affected by the protests. An Israeli official said Austin’s meetings were moved to a factory near the airport due to the disruptions. The protest movement has focused on central Tel Aviv, near the Defense Ministry. The Israeli official spoke on condition of anonymity under regulations.

Earlier Thursday, protesting military reservists barricaded the Jerusalem offices of the Kohelet Policy Forum, a conservative think tank that has helped craft the overhaul, with barbed wire and sandbags, and hung a banner outside reading “Kohelet is tearing Israel apart.”

Several dozen people, including two former Navy chiefs, gathered in the waters off Haifa in kayaks, sailboats and on stand-up paddleboards in a bid to block the city’s shipping lane.

(AP)

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.cls-2{fill:#fff;stroke:#fff;stroke-miterlimit:10;stroke-width:.2px} The Debate

West Bank tensions: Can Israel and Palestinians curb deadly violence?

Mass protests in Israel as controversial judicial overhauls advanced

Israelis march against judicial reform plan as president warns of 'legal collapse'

France24 - World

'All brothers at the front': Ukraine's Roma find acceptance in war

Issued on: 09/03/2023 - 17:46

Sam BALL

The estimated 400,000 Roma scattered across Ukraine have long faced entrenched poverty, discrimination and segregation. But with Roma soldiers fighting on the front lines and members of the community helping Ukrainians in need behind it, some say attitudes are beginning to shift – and hope that it lasts.

France24 - World

Bakhmut may fall 'in coming days', NATO's Stoltenberg warns

Issued on: 08/03/2023 - 08:13Modified: 08/03/2023 - 11:39

FRANCE 24 Follow

NATO Secretary General Jens Stoltenberg warned Wednesday that the devastated eastern Ukrainian city of Bakhmut may fall into Russian hands in the coming days after months of intense fighting. Read our live blog to see how all the day's events unfolded. All times are Paris time (GMT+1).   

This live page is no longer being updated. For more of our coverage of the war in Ukraine, click here

03:56am: Russian missiles target cities across Ukraine, officials say

Russia unleashed a massive missile barrage on cities across Ukraine early Thursday, targeting energy infrastructure facilities, Ukrainian officials and media said.

Air raid sirens wailed all over Ukraine in the first such missile attack in weeks.

The governor of the northeastern Kharkiv region, Oleh Syniehubov, reported more than 15 strikes on Kharkiv, Ukraine’s second largest city.

“Objects of critical infrastructure is again in the crosshairs of the occupants,” he said in a Telegram post.

The governor of the southern Odesa region, Maksym Marchenko, also reported strikes on Odesa, saying that energy facilities and residential buildings were hit.

Explosions were also reported in cities in Dnieper, Lutsk and Rivne.

10:01pm: US House speaker declines Zelensky's invitation to visit Ukraine

US House Speaker Kevin McCarthy said he has no plans to visit Ukraine after Ukrainian President Volodymyr Zelensky extended an invitation, CNN reported on Wednesday.

In an interview with CNN set to air on Wednesday, Zelensky asked McCarthy, a Republican, to see the situation in Ukraine firsthand.

"Mr. McCarthy, he has to come here to see how we work, what’s happening here [...] Then after that, make your assumptions," Zelensky said in the CNN interview.

The US has extended nearly $32 billion in aid to Ukraine since Russian troops invaded on February 24, 2022, but some

Republicans have balked at sending more.

Asked about Zelensky's invitation, McCarthy told CNN he did not need to travel to the country and would get information in other ways.

"I will continue to get my briefings and others, but I don’t have to go to Ukraine or Kyiv to see it," he told the television network.

9:02pm: Zelensky calls for 'democratic success' in Georgia amid protests

Ukraine's President Volodymyr Zelensky on Wednesday called for "democratic success" in Georgia where thousands of protesters rallied against a controversial "foreign agent" bill reminiscent of Russian legislation used to silence critics.

"There is no Ukrainian who would not wish success to our friendly Georgia. Democratic success. European success," Zelensky said in his evening address to the nation.

7:21pm: Germany cautious over Nord Stream pipeline attack reports

Germany’s defence minister voiced caution Wednesday over media reports that a pro-Ukraine group was involved in blowing up the Nord Stream gas pipelines in the Baltic Sea last year.

German daily newspaper Die Zeit and public broadcasters ARD and SWR reported Tuesday that investigators were able to largely reconstruct how the pipelines from Russia to Germany were sabotaged on the night of September 26, 2022.

Citing multiple unnamed officials, the news outlets reported that five men and a woman used a yacht hired by a Ukrainian-owned company in Poland to carry out the attack. German federal prosecutors confirmed that a boat was searched in January.

The New York Times also reported Tuesday that US officials reviewed intelligence that suggested a pro-Ukrainian group was behind the blasts. The Ukrainian government has denied involvement.

German Defence Minister Boris Pistorius said he read the news reports “with great interest” but warned against drawing hasty conclusions.

“We need to clearly differentiate whether it was a Ukrainian group that acted on the orders of Ukraine or ... without the government's knowledge,” he told reporters in Stockholm.

5:38pm: Russia won't make major gains in Ukraine in 2023, US intelligence chief says

Russia's military is likely unable to sustain its current level of fighting in Ukraine and probably won't capture significantly more territory this year, US Director of National Intelligence Avril Haines said Wednesday.

After major setbacks and large battlefield losses, "We do not foresee the Russian military recovering enough this year to make major territorial gains," Haines told a Senate hearing.

Nevertheless, Russian President Vladimir Putin "most likely calculates that time works in his favor", Haines said.

Putin likely believes that prolonging the war, with intermittent pauses in fighting, "may be his best remaining pathway to eventually securing Russian strategic interests in Ukraine, even if it takes years", she said.

4:32pm: UK opens military base in northern Norway amid Ukraine war

The UK on Wednesday announced the opening of a military base in the far north of Norway to strengthen NATO's capabilities in the Arctic amid concerns following Russia's invasion of Ukraine.

The newly established Norwegian site, called Camp Viking, will serve as a hub for Royal Marines Commandos, said Britain's Royal Navy.

It described the troops as "the tip of the Arctic spear" and "the unit the UK turns to when it needs troops able to fight in cold weather extremes.

"A new Arctic operations base will support Britain's commandos for the next 10 years as the UK underscores its commitment to security in the High North," the statement added.

4:17pm: China will continue co-operation with Russia, US intelligence agencies say

China will maintain its cooperation with Russia as part of its attempt to challenge US hegemony, despite international concerns about the invasion of Ukraine, US intelligence agencies said on Wednesday.

"Despite global backlash over Russia’s invasion of Ukraine, China will maintain its diplomatic, defense, economic, and technology cooperation with Russia to continue trying to challenge the United States, even as it will limit public support," they said in a report tied to the Senate Intelligence Committee's annual hearing on worldwide threats to US security.

The report largely focused on threats from China and Russia, assessing that China will continue using its military and other assets to intimate rivals in the South China Sea and that it will build on actions from 2022, which could include more Taiwan Strait crossings or missile overflights of Taiwan.

The report said Russia probably does not seek conflict with the United States and NATO, but the war in Ukraine carries "great risk" of that happening, and that there is "real potential" for Russia's military failures in Ukraine to hurt Russian President Vladimir Putin's domestic standing, raising the potential for escalation.

2:55pm: Wagner Group chief claims more gains in Bakhmut

The owner of Russia's Wagner Group military contractor claimed Wednesday that his troops have extended their gains in the Ukrainian stronghold of Bakhmut, but it remained unclear how long the grinding fight that has exacted heavy losses might continue.

The battle for the city the Ukrainians have dubbed “fortress Bakhmut” has become emblematic of the way each side has tried to wear down the other. Russian forces must go through Bakhmut in order to push deeper into the areas in Donetsk province they don't yet control, but Western officials say that capturing the city won't change the course of the war.

Bakhmut has been the focus of much of the fighting in recent months, as each side hopes it can inflict severe damage on other there – while buying time to prepare offensives elsewhere. It's not clear which country has paid a higher price in the battle that has lasted six months and reduced the city with a prewar population of more than 70,000 to a smoldering wasteland.

2:45pm: Ukraine's first lady Olena Zelenska visits UAE

Ukraine's first lady on Wednesday offered spirited support to her nation's people while visiting the United Arab Emirates, a country that still remains open to Russia despite Western sanctions.

Olena Zelenska described her role and that of other first ladies and gentlemen in the world as a real power while speaking before a packed ballroom on International Women's Day. She also applauded the work of the average Ukrainian amid the ongoing war.

“We are a force and we can continue to change the world,” Zelenska said at the Forbes 30/50 Summit via a translator.

2:35pm: Ukraine, UN's Guterres call for Black Sea grain deal extension

Ukraine's president and UN Secretary-General Antonio Guterres called on Wednesday for the extension of a deal with Moscow that has allowed Kyiv to export grain via Black Sea ports during Russia's invasion.

President Volodymyr Zelensky said after talks with Guterres in Kyiv that the Black Sea Grain Initiative was necessary for the world. Guterres underlined the importance of the deal to global food security and food prices.

The 120-day deal, initially brokered by the UN and Turkey in July and extended in November, will be renewed on March 18 if no party objects. Russia has signalled that obstacles to its own agricultural exports need to be removed before it lets the deal continue.

2:01pm: Russia's demands not yet met for renewal of grain deal, says Turkish source

Russia's demands for the extension of a deal that allows the export of Ukrainian grain through the Black Sea have not yet been met, a Turkish diplomatic source said on Wednesday, adding that Ankara is "working very hard" to ensure the deal continues.

The Black Sea Grain Initiative brokered by the United Nations and Turkey last July allowed grain to be exported from three Ukrainian ports. It was extended in November and until March 18 and will expire unless another extension is agreed.

Russia signalled that obstacles to its own agricultural exports needed to be removed before it let the Ukraine's Black Sea deal continue.

"Turkey is working very hard for the extension of the Black Sea grain deal, negotiations are still going on," a Turkish diplomatic source said.

"Russia's concerns, or the rather the difficulties that it is facing, have not been overcome yet. But Turkey is doing its part for an agreement between all parties," the source added.

1:16pm: Bakhmut may fall 'in coming days', says NATO chief

NATO Secretary General Jens Stoltenberg warned Wednesday that the devastated eastern Ukrainian city of Bakhmut may fall into Russian hands in the coming days following months of intense fighting.

 "What we see is that Russia is throwing more troops, more forces and what Russia lacks in quality they try to make up in quantity," Stoltenberg told reporters in Stockholm on the sidelines of a meeting of EU defence ministers.

"They have suffered big losses, but at the same time, we cannot rule out that Bakhmut may eventually fall in the coming days."

The head of the Western military alliance, which backs Ukraine, insisted: "It is also important to highlight that this does not necessarily reflect any turning point of the war."

12:45pm: EU court halts sanctions against Wagner chief's mother

A European court on Wednesday cancelled EU sanctions imposed on Violetta Prigozhina, the mother of Russian paramilitary leader Yevgeny Prigozhin, ruling that Brussels had not proved she was linked to her son's actions in Ukraine.

In a statement, the EU General Court said even if Prigozhin was responsible for illegal acts in Ukraine, the evidence presented against his mother when the sanctions were applied last year was insufficient.

12:07pm:  Ukraine urges EU ministers to back joint ammunition buying plan

Ukrainian Defence Minister Oleksii Reznikov urged his European Union counterparts on Wednesday to support a plan to buy 1 million artillery shells to help Kyiv fight Russia's invasion and replenish their own stocks.

Speaking to reporters just before meeting the ministers in Stockholm, Reznikov said Ukraine urgently needed the shells to defend against Russian forces and launch a counter-offensive. 

He said he supported a proposal by Estonia for EU countries to group together to buy 1 million 155-millimetre shells for Ukraine this year at a cost of 4 billion euros ($4.22 billion). He said Ukraine wanted 90,000 to 100,000 artillery rounds per month.

"We need to move forward as soon as possible," Reznikov said, standing alongside Estonian Defence Minister Hanno Pevkur.

A massive joint munitions-buying effort would be a landmark step for the EU as defence procurement has largely been in the hands of the bloc's individual member governments. While there appears to be broad support among the EU's governments and institutions for a joint procurement project, they have yet to agree on how big it should be, how it should work, how much it should cost or how to pay for it.

11:58am: German prosecutors searched ship over Nord Stream blast suspicions

German investigators probing the Nord Stream gas pipeline blasts searched a ship suspected of having transported explosives used in the incident, federal prosecutors said Wednesday.

The searches took place from January 18 to 20 over the "suspicion that the ship in question could have been used to transport explosive devices that exploded on 26 September 2022 at the Nord Stream 1 and Nord Stream 2 gas pipelines in the Baltic Sea", they said.

Investigators are still trying to determine the identity of the perpetrators and their motive, they added.

10:08am: UN believes video of Ukrainian soldier's killing 'may be authentic'

The UN Human Rights Office said Wednesday it believes that a viral video showing what it called the apparent execution of a captured soldier after saying "Glory to Ukraine" may be authentic.

"We are aware of this video posted on social media that shows a Ukrainian soldier hors de combat apparently being executed by Russian armed forces. Based on a preliminary examination, we believe that the video may be authentic," a spokeswoman told AFP.

"Since Russia's armed attack on Ukraine over a year ago, the UN Human Rights Office has documented numerous violations of international humanitarian law against prisoners of war, including cases of summary execution of both Russian and Ukrainian POWs," she said.

"Impartial and effective investigations must be carried out into all these allegations and those responsible held to account."

9:44am: Nord Stream sabotage 'not our activity', says Ukraine defence minister

The Ukrainian government was not involved in the sabotage last year of the Nord Stream gas pipelines in the Baltic Sea, the country's defence minister said Wednesday.

"This is not our activity," Defence Minister Oleksiy Reznikov told reporters in Stockholm ahead of a meeting with EU defence ministers, in response to a report in The New York Times on Tuesday that US officials had seen new intelligence indicating a "pro-Ukrainian group" was responsible for the sabotage.

9:27am: EU needs to prioritise existing funds for buying Ukraine shells, Borrell says

Existing European funds will need to be prioritised for procuring ammunition for Ukraine before any decision on fresh funds can be expected, the European Union's top diplomat Josep Borrell said on Wednesday.

"The first thing to do is to use what we have. If member states are ready to provide more, I will be happy. But today let's be realistic and pragmatic, and discuss about the things that can be adopted today," Borrell said before a meeting with EU defence ministers in Stockholm.

9:22am: Zelensky's statement that fall of Bakhmut gives Russia 'open road' into rest of Ukraine 'very strange' 

FRANCE 24's Ukraine corresponent Gulliver Cragg says that Zelensky’s words about the fall of Bakhmut giving Russia an "open road" into the rest of Ukraine are “very strange”, given the terrain and the "very strong defences" the Ukrainians have put in place outside the city.

"The Ukrainians have dug trenches that are almost like rivers, I’ve seen it for myself in recent days driving around the area,” said Cragg, who is currently positioned about 25km outside Bakhmut. 

“The Russians are proudly claiming control of the eastern side of the Bakhmutka river – that was a statement from Yevgheny Prigozhin, the head of the Wagner mercenary group. (…) If you look at the map, you realise that the eastern side of the Bakhmutka river is very much the smaller part of the city centre of Bakhmut. So we can take that to mean that the Ukrainians are still in control of the larger part of the city centre, and that also chimes with what soldiers were telling me," Cragg added.  

"The Russian forces don’t really seem to have made any significant advances since last Thursday, actually,” said Cragg.

 

 

8:15am: Seoul approved Poland's export of howitzers with S. Korean parts to Ukraine, official says

South Korea's government approved export licenses for Poland last year to provide Ukraine with Krab howitzers, which are built with South Korean components, a defence acquisition official in Seoul told Reuters on Wednesday.

The comments are the first confirmation that South Korea officially acquiesced to at least indirectly providing weapons components to Ukraine for its war against Russia.

Seoul officials have previously declined to comment on the Krabs, fuelling speculation over whether South Korea had formally agreed or was simply looking the other way.

The Defense Acquisition Program Administration's (DAPA) technology control bureau reviewed and approved the transfer of the howitzer's South Korean-made chassis, said Kim Hyoung-cheol, director of the Europe-Asia division of the International Cooperation Bureau.

He later stressed that the government's stance is to not transfer weapons systems to Ukraine.

6:57am: EU defence chiefs to discuss arming Ukraine as Bakhmut fighting rages

EU defence ministers were preparing to meet Wednesday to discuss a plan to rush one billion euros of ammunition to Ukraine as pressure mounts on Kyiv's allies to boost supplies to its war effort.

Ukraine's critical shortage of ammunition will top the agenda at the meeting in Stockholm, where European leaders will try to replenish the thousands of 155-millimetre howitzer shells Kyiv's forces are firing each day in its fight against a grinding Russian offensive.

7:48am: Berlin warns against hasty accusations following Nord Stream reports

German Defence Minister Boris Pistorius warned against premature accusations on Wednesday after a media report said intelligence reviewed by US officials indicated that a pro-Ukrainian group was behind last year's attacks on the Nord Stream pipelines.

"It may just as well have been a false flag operation staged to blame Ukraine, an option brought up in the media reports as well," Pistorius told public broadcaster Deutschlandfunk in an interview.

"The likelihood for one or the other is equally high," he added. Pistorius was speaking in Stockholm where EU defence ministers are meeting.

6:19am: Prigozhin says Wagner controls all of eastern part of Bakhmut

The Wagner group of mercenaries has taken full control of the eastern part of Bakhmut, Wagner founder Yevgeny Prigozhin said on Wednesday.

"Units of the private military company Wagner have taken control of the eastern part of Bakhmut," Prigozhin said in a voice recording on the Telegram messaging platform of his press service.

"Everything east of the Bakhmutka River is completely under the control of Wagner."

FRANCE 24 was not able to independently verify the report.

Prigozhin has issued premature success claims before.

5:35am: Kremlin says reports on Nord Stream attack "coordinated" effort to divert attention

Media reports on the Nord Stream pipelines attacks are a coordinated effort to divert attention and the Kremlin is perplexed how US officials can assume anything about the attacks without investigation, the Kremlin said on Wednesday.

"Obviously, the authors of the attack want to divert attention. Obviously, this is a coordinated stuffing in the media," Kremlin spokesman Dmitry Peskov told the state RIA news agency. "How can American officials assume anything without an investigation?"

Peskov also said that Nord Stream shareholder countries should insist on an urgent, transparent investigation.

 

"We are still not allowed in the investigation. Only a few days ago we received notes about this from the Danes and Swedes," Peskov said. "This is not just strange. It smells like a monstrous crime."

4:33am: US intelligence sees 'pro-Ukraine group' behind Nord Stream sabotage, says media report

US officials have seen new intelligence that indicates a "pro-Ukrainian group" was responsible for the sabotage last year of the Nord Stream gas pipelines, the New York Times reported Tuesday, claims dismissed by a senior Ukrainian official.

In a cautious report that did not identify the source of the intelligence or the group involved, the Times said the US officials had no evidence implicating Ukrainian President Volodymyr Zelensky in the pipeline bombing.

But the attack benefitted Ukraine by severely damaging Russia's ability to reap millions by selling natural gas to Western Europe.

At the same time, it added to the pressure of high energy prices on key Ukrainian allies, particularly Germany.

"Ukraine has nothing to do with the Baltic Sea mishap and has no information about 'pro-Ukraine sabotage groups'," presidential adviser Mykhailo Podolyak tweeted on Tuesday.

Although I enjoy collecting amusing conspiracy theories about 🇺🇦 government, I have to say: 🇺🇦 has nothing to do with the Baltic Sea mishap and has no information about "pro-🇺🇦 sabotage groups". What happened to the Nord Stream pipelines? "They sank," as they say in RF itself...

March 7, 2023

US officials had no indication of who exactly took part or who organised and paid for the operation, which would have required skilled divers and explosives experts.

4:26am: Russia vows to capture Bakhmut, push further into Ukraine

The battle for Bakhmut has been the longest and bloodiest in Russia's more than year-long invasion that has devastated swathes of Ukraine and displaced millions. 

Russia has appeared intent to capture it at all costs. 

"Capturing (Bakhmut) will allow for further offensive operations deep into the defence lines of the Armed Forces of Ukraine," Russian Defence Minister Sergei Shoigu told military officials during a televised meeting on Tuesday.

4:20am: Swiss president opposes arms exports to Ukraine, citing neutrality

Switzerland remains opposed to exporting arms to war-torn Ukraine, the famously neutral country's President Alain Berset said Tuesday on the sidelines of meetings at the United Nations.

Switzerland bars re-export of Swiss weaponry to nations at war, but the issue of the country's long tradition of neutrality has been under debate since Russia's full-scale invasion of Ukraine just over a year ago.

Read more: War in Ukraine tests long-standing neutrality of some European nations

"The discussion about the export of arms, weapons ... while we have (our) legal framework in Switzerland, it is not possible to do it," Berset, who currently holds the country's rotating one-year presidency, told reporters on the margins of UN meetings on women's rights. "For the government and for the Federal Council, we have to, and we want to, maintain this legal framework and to work in this legal framework."

His comments came after Berlin requested in late February that German arms manufacturer Rheinmetall be permitted to acquire old Swiss Leopard tanks, guaranteeing they will not be transferred to Ukraine.

While the wealthy Alpine country, which is not a member of the European Union, has followed the bloc's lead on sanctions targeting Moscow, it has so far shown less flexibility on its military neutrality.

4:05am: Russia would get 'open road' into Ukraine if Bakhmut falls, says Zelensky

Ukrainian President Volodymyr Zelensky said the Russian army would have an "open road" into eastern Ukraine if it captures the besieged city of Bakhmut, US media reported Tuesday.

"We understand that after Bakhmut they could go further. They could go to Kramatorsk, they could go to Sloviansk, it would be open road for the Russians after Bakhmut to other towns in Ukraine, in the Donetsk direction," he told CNN's Wolf Blitzer in an interview due to broadcast in the United States on Wednesday.

The Russian army has vowed to capture Ukraine's eastern town of Bakhmut, a symbolic prize in months of fierce combat, as a precursor for offensives deeper into Ukraine.

1:25am: Macron and Biden spoke about the situation in Ukraine, says the Élysée Palace

French President Emmanuel Macron discussed the situation in Ukraine and how to restore peace in Europe with his US counterpart President Joe Biden, the Élysée Palace announced on Wednesday.

Macron and Biden also spoke about the situation in the Asia-Pacific region and in Iran, according to the Élysée.

 

© France Médias Monde graphic studio

(FRANCE 24 with AFP, AP & Reuters)

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.cls-2{fill:#fff;stroke:#fff;stroke-miterlimit:10;stroke-width:.2px} WAR IN UKRAINE

Ukraine, Russia exchange scores of POWs as UN chief heads to Kyiv

AS IT HAPPENED

Ukrainian forces cling to Bakhmut under severe Russian pressure

The World This Week

Battle for Bakhmut: Russia closing off last access routes to city

France24 - World

Ukraine: Odesa, bent but not broken a year after the Russian invasion

Issued on: 23/02/2023 - 15:43

A year ago, inhabitants of Odesa were preparing for the arrival of Russian ships on the city’s coast. Although Moscow didn’t end up seizing the city, it has succeeded in heavily reducing the port’s activities, which are regarded as the seaside resort’s ‘economic lungs’ on the Black Sea.The tourists are no longer coming, and the daily lives of inhabitants that stayed on now beat to the rhythm of air-raid sirens and power cuts.A report from southern Ukraine’s port city.

France24 - World

Worried about the future, France's young people are fighting pension reform

Issued on: 09/03/2023 - 19:28Modified: 09/03/2023 - 21:49

Young people in France — including some who haven’t even entered the job market yet — protested Thursday against the government’s push to raise the retirement age. FRANCE 24 spoke to an expert on French employment matters to better understand this phenomenon. 

One of the most contentious elements of the French government’s controversial pension reform is the increase of the legal retirement age from 62 to 64, something that would normally seem a long way from the minds of young people. On Thursday, however, students blocked access to some universities and high schools, and youth-led protests were held in Paris and Lyon as part of nationwide strikes and demonstrations against the pension bill under debate in parliament. 

Fin de la journée du #9mars contre la #ReformeDesRetraites et pour des politiques publiques structurelles pour sortir de la jeunesse de la précarité ! 👊RDV dans la rue les #11mars et #15mars pour imposer une défaite au @gouvernementFR 🔥 pic.twitter.com/3K4vU12tQb

March 9, 2023

For a generation already worried about inflation, uncertain job prospects and climate change, the retirement bill is stirring up broader questions about the value of work. FRANCE 24 talked to Marc Loriol, a sociologist and researcher at the French National Centre for Scientific Research (CNRS) and author of Les vies prolongées des usines Japy ("The long lives of the Japy factories") who studies the relationship between the French and the workplace.

 

FRANCE 24: What’s so special about the French and their relationship to the workplace? What is it that motivates people here in fighting for their rights?

Marc Loriol: The French are much more attached to their workplace compared to their counterparts in other European and North American countries due to our social and cultural heritage. A study conducted by philosopher Dominique Méda showed that French workers are consequently much more critical about changes surrounding the workplace. The French expect a lot from their workplace; work is not just about money, but personal fulfilment, a sense of purpose… So people here suffer deeply when they don’t receive proper recognition and compensation from their place of work.

Even though the proposed pension reform does not affect young people directly in the near future, they are making their voices heard in protests across the nation these past few weeks. Who are they and why is that?

Marc Loriol: First of all, I’d like to point out the strong disparities between various groups of young people in France. You have university graduates, who start their first jobs later in life, and there are young factory workers, who have started much earlier.

And of course, this means that they’ll be affected differently by the government’s proposed pension reform. Those starting out relatively later in life will be relatively unscathed by the rise of the legal retirement age, since they already need to work longer than that (in order to accumulate the 172 trimesters, or 43 years, for the full pension scheme). But the young factory workers, who are already in precarious situations, will undoubtedly be impacted.

On the one hand, young factory workers, despite being one of the reform’s biggest victims, unfortunately belong to a class of workers that cannot afford to go on strike. Most of them are on fixed-term contracts, some are even temporary. Going on strike or even joining unions are too great of a risk for them. They are afraid that it’ll jeopardise their professional careers, which are already quite fragile.

University students, on the other hand, are far more likely to participate in demonstrations. Usually they possess a lot of cultural and financial capital that allows them this liberty. Even those with smaller financial means can find themselves participating in protests. Often of middle-class background with parents working white-collar office jobs and taking home an average pay, these students are first-hand witnesses to deteriorating work conditions and stagnating wages. Hence, they are terrified of the future, not knowing whether or not their studies will lead them to good jobs, whether or not they will succeed in life… The government’s pension reform proposal is further exacerbating that fear of having to work even more years under worsening conditions.

Then you have students from the elite universities (grandes écoles) coming from wealthy parents generally working in prestigious professions. Aspiring to follow in their parents’ footsteps in pursuing high-paying jobs in areas such as law, finance, engineering, etc., these students may feel indifferent vis-à-vis the government’s pension reform proposal and are thus more likely to refrain from joining in the protests.

Moreover, you have to account for the fact that the majority of young people imitate their parents in terms of political affiliations. Studies have shown that young people with parents leaning to the right wing of the political spectrum tend to themselves be right-leaning; the same goes for the left.

Due to inequality, war and human rights issues, youth protests swept across the western hemisphere in the 1960’s and 70’s and heavily altered our cultural landscape. A similar backdrop seems to be developing currently with an ongoing war in Europe, high inflation, climate change and a potential pension reform. Do you think there’s a possibility for mass youth protests like those seen in France in May '68 to erupt?

Marc Loriol: It’s very hard to predict the future, of course. For example, we thought the 'Yellow vest' protests in 2018 signalled the end of trade unions, but look at them now. Look at Tuesday’s protests... They’re back on their feet.

One thing I can say for sure is, discontent is building among the younger generations, especially among the working class. That much is obvious. Children of blue-collar workers are growing up to realise that they’re barely surpassing their parents in terms of job prospects and pay, despite receiving education.

In spite of their diplomas, they’re not accomplishing more and that translates into a deep sense of frustration and anger.

Whether or not this will build up to protests like those of May '68, we can’t know, but the government is placing a dangerous bet in hoping that this will all blow over sometime soon.

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.cls-2{fill:#fff;stroke:#fff;stroke-miterlimit:10;stroke-width:.2px} France's pension battle

‘Live to work or work to live?’: Why France's youth are fighting Macron’s pension reform

French pension reform strikes continue to disrupt fuel supplies, power output

French Senate votes to raise retirement age from 62 to 64 amid nationwide strikes

France24 - World

Three Palestinians killed by Israeli forces in West Bank

Issued on: 09/03/2023 - 08:18Modified: 09/03/2023 - 08:21

NEWS WIRES

Three Palestinians were shot dead by Israeli forces in the occupied West Bank on Thursday, the Palestinian health ministry said, with an Israeli official saying they had opened fire first.

The Palestinian ministry announced the "martyrdom" of three men shot by Israeli forces in Jaba, near the flashpoint northern city of Jenin.

Israeli National Security Minister Itamar Ben Gvir praised the undercover officers for "taking out the despicable terrorists, who opened fire at our fighters". 

The health ministry identified the dead men as Sufyan Fakhoury, 26, Ahmed Fashafsha, 22, and Nayef Malaysha, 25. It did not provide further details.

Israeli police said special forces accompanied by soldiers had been in Jaba to arrest suspects involved in shooting attacks against soldiers in the area, including Fakhoury and Fashafsha. It said the pair were operatives of militant group Islamic Jihad.

"During the operation, shots were fired at the border police undercover officers from the wanted men's car. Border police undercover officers responded with fire, and killed the three armed men in the car," police said, adding that Malaysha was also a suspected militant.

"A number of guns and explosive devices were found in the vehicle," the police statement said.

In a statement, Islamic Jihad condemned Israel for the "heinous assassination" in Jaba.

(AFP) 

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Israeli forces kill six Palestinians in raid on West Bank refugee camp

Israeli forces kill teen in West Bank

Syrian state media says Israeli strike damaged Aleppo airport

France24 - World

Paris Fashion Week: Dior honours 1950s feminists, Coperni mixes models and robots

Issued on: 09/03/2023 - 16:11

Jennifer BEN BRAHIM Dheepthika LAURENT Magali FAURE Clémence DELFAURE Loïc CHALAVON

Dheepthika Laurent is joined by Jennifer Ben Brahim to take a look at Paris Fashion Week’s autumn-winter 2023 collections as they come to a close. From horses to robots, designers looked to the future but also the past: Chanel celebrated Coco's favourite flower, while Dior put three 1950s feminists under the spotlight. Tributes poured in for the late Vivienne Westwood at the first runway collection since her death, as well as for Spanish designer Paco Rabanne, who passed away in February. We also time-travel back to 1997 at Paris's fashion museum, the Palais Galliera.

France24 - World

French pension reform strikes continue to disrupt fuel supplies, power output

Issued on: 09/03/2023 - 16:06

NEWS WIRES

Workers striking in protest against proposed changes to France's pension system continued to block fuel deliveries and reduce electricity production at several sites on Thursday.

 

Power supply was reduced by 8.2 gigawatts (GW), or 13% of overall production, across some of the country's nuclear, thermal and hydropower sites due to the strike, EDF data showed.

France is not currently importing electricity, data from grid operator RTE showed, suggesting domestic supply is meeting demand.

TotalEnergies said there were again no fuel deliveries from its French refineries due to the strike.

There were also no deliveries from ExxonMobil unit Esso's Fos-sur-Mer refinery in southern France, although operations had returned to normal at Port Jerome in the northwest, a union representative told Reuters.

About 7% of French refuelling stations lacked at least one product as of Wednesday, but "there is no supply problem for service stations and the situation is improving", said OlivierGantois, president of the French Union for Petroleum, Energy and Mobility Industries UFIP.

While the price of diesel product contracts in Europe has edged up in recent days, "overall the market doesn't seem to be reacting to the strikes in the same way it did during October 2022", said Pamela Munger, senior market analyst at energy analytics firm Vortexa, referring to a previous wave of industrial action.

Opinion polls show a majority of voters oppose President Emmanuel Macron's plan to delay the state pension age by two years to 64, but the government says the policy change is essential to ensure the system does not go bust.

(Reuters)

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French Senate votes to raise retirement age from 62 to 64 amid nationwide strikes

French protesters keep up fight against pension plan in new day of strikes

Science

Workers blockade France's refineries in pension reform protest

France24 - World

'Japa': The mass exodus of Nigeria's youth

Issued on: 09/03/2023 - 21:28Modified: 09/03/2023 - 21:37

Sam BALL

The term "japa" comes from the Yoruba word meaning to run or flee and, in recent years, has become something of a buzzword on the streets of cities such as Lagos as a growing number of often young, educated Nigerians look to move abroad to escape unemployment, inflation and low salaries. But this exodus is leaving the country facing a brain-drain, while some warn that those who leave may not find the life they are hoping for abroad.

France24 - World

'Mafia Africa': A deep dive into Nigerian organised crime in France

Issued on: 09/03/2023 - 12:23

Gavin LEE

Nigerian crime is synonymous with cyber crime, and variants of the original so-called 419 scam. These are emails where the suspect claims to be a prince or princess without access to their riches, and promise to share their windfall if we help them out financially. The victim's bank account is then emptied and the suspect is never heard from again. Our guest is a journalist who has spent years uncovering the massive scale of a Nigerian mafia that dominates parts of Marseille and is globally connected. A new book called "Mafia Africa" is the work of Célia Lebur from French news agency Agence France-Presse and Joan Tilouine, the head of investigations at Africa Intelligence. Célia spoke to FRANCE 24's Gavin Lee about the book.

France24 - World

French museum of feminist struggles aims to shed light on neglected histories

Issued on: 08/03/2023 - 18:23

Benjamin DODMAN Follow

In a first for France, the University of Angers has announced plans for a museum of feminist struggles, drawing on its ample archival resources and expertise to give the history of women’s fight for emancipation and equal rights a permanent home.

France is home to several thousand museums, ranging from the world’s most visited – the Louvre in Paris – to more obscure venues dedicated to themes as diverse as absinthe, vampires and cork screws.

Look for a women’s history museum, however, and you will find none.

In its index of museums dedicated to women, an A to Z of more than 150 virtual and physical venues from Albania to Zambia, the International Association of Women’s Museums counts just one French entry: Muséa, an online exhibition platform launched in 2004 by a group of historians at the University of Angers in western France.

Almost two decades later, their dream of a full-scale, physical museum is starting to take shape, soon to be housed in the university’s library and archival centre, which has established itself as a leading French hub for research on feminist movements.

“France had fallen behind other countries in not having a women’s history museum, whereas our history is full of things to talk about!” said Christine Bard, a historian at the University of Angers and one of the project’s key instigators.

Bard recently curated an exhibition at the Carnavalet museum of Paris history chronicling two centuries of women’s battles for emancipation, from their overlooked role in the country’s revolutionary upheavals to the mass mobilisations for the right to vote, divorce or have abortions. She says the exhibition’s runaway success is evidence of growing public interest in the topic.

“We’re carried by a very favourable context, with a new wave of feminism spurred on by the #MeToo movement,” Bard explained. A museum documenting women’s struggles for emancipation will have “a clear social utility”, she added, at a time when feminist conquests are ushering in profound societal changes and still need consolidating.

‘Museum of women’s conquests’

The #MeToo wave has helped “generate huge interest in discovering the women whose ground-breaking contributions to science, politics and the arts have been largely forgotten by history”, said Magalie Lafourcade, a magistrate and human rights expert who has teamed up with Bard and others to work on the future museum.

She highlighted the glaring discrepancy between younger generations’ growing awareness of gender-based inequalities and the lack of attention afforded to such topics both in schools and museums.

 

In May last year, as feminists around the world reacted in shock at the US Supreme Court’s decision to strike down abortion rights, Lafourcade penned an op-ed in French daily Le Monde calling for the establishment of a “museum of women’s conquests”, envisioned both as an educational facility and a sanctuary for women’s rights. Such a place would help “legitimise women’s place in all fields of the arts and knowledge”, she wrote.

Lafourcade’s plea landed at the right time for the University of Angers, which had just secured a €10 million budget to renovate its library. The combination of abundant archival resources and a refurbished venue made it a natural candidate to house the first museum dedicated to the history of women’s emancipation in France.

The contours of the future Musée des féminismes were unveiled at a conference in Angers on Wednesday, March 8, timed to coincide with International Women’s Day. The plan is to get the first exhibitions up and running as early as next year, ahead of a full opening to the public in 2027.

Focus on fine arts

The forthcoming museum has revived a dormant project for Bard, coming two decades after officials in Paris asked her to work on plans for a women’s history museum in the French capital, only to abandon the project altogether.

Historian Nicole Pellegrin, who worked with Bard on the Muséa online platform, points to a mix of cultural and political reasons for the lack of women’s museums in France.

“French museums have long privileged the fine arts, often disconnected from the civilisations that gave birth to them,” she said. “On top of that, you have the anti-feminist tradition of a masculine political establishment that claimed women were sufficiently represented without the need for them to wield any power.”

>> ‘Françaises, Français’: Could the French language be less sexist?

Unlike in the United States, where women’s museums are often sponsored by advocacy groups, such private initiatives are unusual in France, said Bard. She noted that elsewhere in the world, “state-backed women’s museums sometimes tend to instrumentalise their struggles to fit a heroic, nation-building narrative”.

Sheltered in an academic environment, the planned Musée des feminismes is opting for a third way, she added, “free from political pressure and firmly anchored in rigorous, scientific research”.

Cultural outreach

For the university of Angers, the forthcoming museum is not just a welcome spotlight. It is also a chance to fulfil an obligation often neglected by French museums, said Nathalie Clot, who heads the university’s library and archives.

“France’s state universities have three missions: to teach, carry out academic research and foster ‘cultural dissemination’ among the broader public,” she explained. “The latter mission has only recently been rediscovered. Our audience should not only be academia.”

While Clot is accustomed to welcoming researchers in Angers, she is also stunned by the number of demands from members of the public who wish to visit the university’s archives on feminist movements. She pointed to the Glasgow Women’s Library, the UK’s only accredited women’s history museum, as a model to emulate, praising its rich collections and array of public events.

“Here in Angers we are lucky to have a wealth of documentary and archival material, as well as students and expert staff, and a building to house the lot,” Clot added. “Now we need the money to turn it into a museum.”

Spearheading the hunt for sponsors, Lafourcade says she has encountered “enthusiastic responses” at the ministerial and parliamentary levels. She is now waiting for them to translate into concrete funds.

Meanwhile, the museum’s instigators are celebrating the success of their first crowdfunding campaign, which will enable them to purchase a painting by Léon Fauret depicting the French feminist and suffragist Maria Vérone as she campaigns for the “rights of man” to be renamed as “human rights”.

Féminismes, plural

While the Musée des féminismes is hoping to acquire more artworks by and about women over the coming years, its instigators stress it will not be an art institute. They noted recent progress in giving female artists greater visibility in French museums, though adding that a lot more needs to be done.

Far from exonerating other museums from addressing gender-based discriminations, the museum in Angers hopes to complement such efforts, acting as a catalyst and a source of expertise.

“We’re seeing more and more exhibitions focused on women, but what is still lacking is a focus on women’s struggles for rights and exposure,” said Pellegrin. “We need a museum that shows women not just as victims, but as fighters.”

Highlighting the struggles of LGBT groups as well as racial, religious and other minorities will be equally important, said Lafourcade, stressing the need for an interdisciplinary approach to battles for rights and emancipation. She pointed to the Mémorial de la Shoah in Paris, France’s main Holocaust museum, whose broad range of activities and focus on other histories have bolstered its reputation as a hub for research and education.

The desire to be inclusive, and to tread carefully at a time of growing divisions between feminist movements, is reflected in the museum’s use of the plural form féminismes.

“Feminist movements have very different histories, focuses and sensibilities, and some have enjoyed very little exposure,” said Bard. “Our job is to respect, display and contextualise this diversity.”

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.cls-2{fill:#fff;stroke:#fff;stroke-miterlimit:10;stroke-width:.2px} Women's rights

French lawmakers approve bill enshrining abortion rights in the constitution

Making history again, Josephine Baker enters Panthéon of French heroes

French town feminises name for 2023 to highlight gender inequality

France24 - World

Is the environment a priority for EU cohesion policy?

Issued on: 06/03/2023 - 17:29

EU cohesion policy puts a lot of emphasis on economic development, but it also makes sure that environmental criteria are at the forefront of new economic projects. So how does it work? We tell you more in this edition of Fact or Fake. 

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.cls-2{fill:#fff;stroke:#fff;stroke-miterlimit:10;stroke-width:.2px} FACT OR FAKE

Does Italy benefit the most from EU cohesion?

Truth or Fake

No, this video doesn't show thousands of Syrian migrants trying to cross into the EU

FACT OR FAKE

Unpacking claims that European countries are not meeting their defence spending commitments

France24 - World

What next after UN nations clinch deal to protect high seas?

Issued on: 06/03/2023 - 16:34

Shirli SITBON

This week begins on something of a bright note for environmentalists. After more than a decade of talks, countries around the world have reached a deal on the preservation of the oceans. The agreement enshrines the idea that the so-called high seas belong to all of humanity and it includes plans to set up marine protected areas. But how will the deal be implemented in this huge area that represents more than 60 percent of the world's oceans? FRANCE 24's Science Editor Shirli Sitbon tells us more.

UN states secure 'historic' legally-binding deal to protect high seas

Fragile ice sheets could raise sea level by metres, study finds

Warm water is expanding cracks in Antarctica's 'Doomsday glacier'

Valeurs Actuelles

[Exclu VA +] De transgenre à lanceur d’alerte, le cri du cœur d’Oli London

“La culture woke est devenue incontrôlable et dangereuse”. Oli London a toujours critiqué les contradictions de la culture woke. L’influenceur britannique est connu pour avoir subi des dizaines d’opérations chirurgicales afin de ressembler à un coréen. A cette époque, il ne comprenait déjà pas que les militants woke l’accusent d’”appropriation culturelle”, alors qu’une femme pouvait se dire homme.

Mais depuis qu’il a annoncé sa détransition en octobre 2022, et donc, sa volonté de redevenir un homme britannique, conformément à son identité biologique, il est devenu un pourfendeur de ces militants trans. Et pour cause, les mêmes qui avaient applaudi son choix de devenir Coréen, puis femme, se sont empressés de le traiter de transphobe lorsqu’il a annoncé s’être trompé, et avoir commis “la plus grosse erreur de sa vie”.

Aujourd’hui Oli London regrette ce qu’il a infligé à son corps. Il portera ses cicatrices à vie.

Après un premier entretien paru sur notre site internet au mois de janvier, Oli London est venu à Paris pour accorder un entretien exclusif à VA +. Nous l’avons interrogé sur son parcours aux multiples rebondissements, ainsi que sur ses engagements actuels auprès des hommes politiques conservateurs pour protéger les enfants de la propagande woke et trans qu’ils subissent sur les réseaux sociaux ou à l’école.

Il nous raconte comment il en est arrivé à questionner son identité raciale et de genre, le harcèlement qu’il a subi, ainsi que l’influence des médias et des activistes dans sa transition, jusqu’à sa conversion au catholicisme.

Aujourd’hui, Oli London vit entre le Royaume-Uni et les Etats-Unis, où il se rend régulièrement pour alerter sur les dangers de l’idéologie transgenre et pour collaborer avec des hommes politiques américains conservateurs. Il s’apprête à publier un livre pour raconter son parcours et pour, il l’espère, épargner à d’autres ce qu’il s’est infligé.

L’entretien complet, d’une durée de 50 minutes est à retrouver sur notre offre Rejoindre.

Valeurs actuelles Hors Série : Ressusciter le patrimoine français

Valeurs actuelles Grands Débats : Wokisme, la nouvelle tyrannie

Valeurs actuelles Hors-série : Les moines

Valeurs Actuelles

[Exclu VA +] « Je suis soutenu par ma famille » – Pierre de Gaulle s’explique sur son voyage en Russie

« Pierre de Gaulle, vous êtes la personne qu’il faut pour faire mémoire du général de Gaulle », ces mots, prononcés par Darius Rochebin sur le plateau de LCI le 7 novembre 2021, le petit-fils du général ne risque pas de les entendre de sitôt.

Si Pierre de Gaulle n’a jamais caché ses positions pro-russes comme l’attestent son intervention sur LCI ou encore son interview au Figaro donnée peu après, l’invasion russe de l’Ukraine a quelque peu changé la donne.

Dorénavant, il est ouvertement qualifié de « gland » sur les plateaux de télévision, ne provoquant d’autres réactions que les rires. Il faut dire que le 24 février 2022 ne l’a pas fait changer d’avis au sujet de la Russie, bien au contraire.

En juin 2022, Pierre de Gaulle est invité à se rendre à l’ambassade de Russie à Paris pour participer aux célébrations de la fête nationale russe. Il propose alors d’écrire un discours où il ne cache pas son soutien à « l’opération spéciale », tout en attribuant la genèse du conflit à l’Ukraine et à l’OTAN.

« Chacun reconnaît aujourd’hui la responsabilité des États-Unis dans le conflit actuel, le rôle funeste de l’Otan qui s’élargit sans cesse et la politique inconsidérée du gouvernement ukrainien », a-t-il notamment déclaré lors de son allocution.

Si ce discours a eu peu d’impact en France, les autorités russes ont vu là l’opportunité d’obtenir le soutien précieux d’un « de Gaulle ». Invité par la ville de Volgograd pour le 80ème anniversaire de la bataille de Stalingrad, Pierre de Gaulle rencontrera alors plusieurs officiels russes dont le ministre des Affaires étrangères Sergueï Lavrov avec qui il parlera « de la paix ».

Quelques jours après son retour en Europe, Pierre de Gaulle a rencontré l’équipe de VA + en exclusivité pour revenir sur le but de son voyage en Russie, ses opinions controversées sur la guerre en Ukraine, et sur ses relations avec sa famille.

L’entretien complet, d’une durée totale de 26 minutes, est à retrouver sur notre offre Rejoindre.

Valeurs actuelles Hors Série : Ressusciter le patrimoine français

Valeurs actuelles Grands Débats : Wokisme, la nouvelle tyrannie

Valeurs actuelles Hors-série : Les moines

Valeurs Actuelles

[Stainville] Quand Rima Abdul Malak, Erik Orsenna inventent de faux monstres pour mieux taire les dangers qui nous guettent

[Stainville] Stop aux démolisseurs de notre patrimoine !

[Stainville] Macron, les éditocrates et ChatGPT

Retraites : le grand mensonge d’Emmanuel Macron

[Stainville] Sandrine Rousseau ou La Palisse faite femme

[Stainville] Silence, on tue gare du Nord (et ailleurs)

Chronique sans fin du djihad judiciaire

[Stainville] Les pantins et les pantines sont au pouvoir

[Stainville] Immigration : la grande capitulation de Darmanin face à Alger

2012-2022 : comment la France est devenue un pays du tiers-monde

France24 - World

Madhya Pradesh: the Heart of beautiful India

Presented by

Issued on: 31/01/2023 - 15:00

The green paths

From 20 to 22 September 2022, the IFTM trade show in Paris, connected thousands of tourism professionals across the world. Sheo Shekhar Shukla, director of Madhya Pradesh’s tourism board, talked about the significance of sustainable tourism

Madhya Pradesh is often referred to as the Heart of India. Located right in the middle of the country, the Indian region shows everything India has to offer through its abundant diversity. The IFTM trade show, which took place in Paris at the end of September, presented the perfect opportunity for travel enthusiasts to discover the region.

Sheo Shekhar Shukla, Managing Director of Madhya Pradesh’s tourism board, sat down to explain his approach to sustainable tourism.

“Post-covid the whole world has known a shift in their approach when it comes to tourism. And all those discerning travelers want to have different kinds of experiences: something offbeat, something new, something which has not been explored before.”

Through its UNESCO World Heritage Sites, Shukla wants to showcase the deep history Madhya Pradesh has to offer.

“UNESCO is very actively supporting us and three of our sites are already World Heritage Sites. Sanchi is a very famous buddhist spiritual destination, Bhimbetka is a place where prehistoric rock shelters are still preserved, and Khajuraho is home to thousand year old temples with magnificent architecture.”

All in all, Shukla believes that there’s only one way forward for the industry: “Travelers must take sustainable tourism as a paradigm in order to take tourism to the next level.”

In partnership with Madhya Pradesh’s tourism board.

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Exploring Malaysia’s natural and cultural diversity

Valeurs Actuelles

Audrey Hepburn, la femme absolue

Disparition : Philippe Tesson, la passion du journalisme d’opinion

“Astérix et Obélix, l’empire du Milieu” : Ringardix le Gaulois

Obsèques de Benoît XVI : le service minimum du pape François

Benoît XVI, le pape de la réconciliation

Benoît XVI, la passion de la Vérité

Les déraisons de l’amour

[Entretien] Pierre Manent : “Les Européens sont engagés dans une pénitence sans pardon ni rédemption”

“L’Europe ne sera vraiment elle-même que si elle se reconnaît chrétienne”

La confession inachevée de Gad Elmaleh

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Exploring Malaysia’s natural and cultural diversity

Presented by

Issued on: 13/10/2022 - 11:09Modified: 13/10/2022 - 11:33

The green paths

The IFTM trade show took place from 20 to 22 September 2022, in Paris, and gathered thousands of travel professionals from all over the world. In an interview, Libra Hanif, director of Tourism Malaysia discussed the importance of sustainable tourism in our fast-changing world

Also known as the Land of the Beautiful Islands, Malaysia’s landscape and cultural diversity is almost unmatched on the planet. Those qualities were all put on display at the Malaysian stand during the IFTM trade show.

Libra Hanif, director of Tourism Malaysia, explained the appeal of the country as well as the importance of promoting sustainable tourism today: “Sustainable travel is a major trend now, with the changes that are happening post-covid. People want to get close to nature, to get close to people. So Malaysia being a multicultural and diverse [country] with a lot of natural environments, we felt that it’s a good thing for us to promote Malaysia.”

Malaysia has also gained fame in recent years, through its numerous UNESCO World Heritage Sites, which include Kinabalu Park and the Archaeological Heritage of the Lenggong Valley.

Green mobility has also become an integral part of tourism in Malaysia, with an increasing number of people using bikes to discover the country: “If you are a little more adventurous, we have the mountain back trails where you can cut across gazetted trails to see the natural attractions and the wildlife that we have in Malaysia,'' says Hanif. “If you are not that adventurous, you’ll be looking for relaxing cycling. We also have countryside spots, where you can see all the scenery in a relaxing session.”

With more than 25,000 visitors at this IFTM trade show this year, Malaysia’s tourism board got to showcase the best the country and its people have to offer.

In partnership with Malaysia Tourism Promotion Board. For more information about Malaysia, click here.

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Madhya Pradesh: the Heart of beautiful India

Valeurs Actuelles

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Le 8 février 2023, Valeurs Actuelles a assisté à l’avant-première d’un documentaire sur l’euthanasie signé Ligne de Front, la société de production de Bernard de la Villardière.

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France24 - World

West Africa food insecurity demands climate-smart response amid multiple crises

Presented by

Issued on: 05/09/2022 - 11:22

World bank

As crises multiply and the devastating conflict in Ukraine drags on, its global effects are being felt hard in the Sahel and West Africa, a region with more than 38 million people facing acute food insecurity. The war’s impacts risk pushing an additional 7 to 10 million people in the region into food insecurity.

In the face of the crisis, the World Bank is deploying short- and long-term responses to boost food and nutrition security, reduce risks, and strengthen food systems.

These actions form part of the institution’s global response to the ongoing food security crisis, with up to $30 billion in existing and new projects in areas spanning agriculture, nutrition, social protection, water, and irrigation. This financing will include efforts to encourage food and fertilizer production, enhance food systems, facilitate greater trade, and support vulnerable households and producers.

Soaring prices

The shockwaves of the conflict are expected to have complex, long-lasting impacts for the world. Global prices are forecast to remain at historically high levels through the end of 2024, and the war is altering patterns of trade and production in ways that will aggravate food insecurity and inflation. These jolts come after two years of COVID-19 pandemic disruption, creating  a blow to an already fragile global food system grappling with climate extremes. 

« Today, with soaring inflation, unfortunately many people in Africa are struggling to have access to basics such as food products, » says Ousmane Diagana, World Bank Vice President for Western and Central Africa.

Markets in the Sahel and across West and Central Africa are experiencing stark price rises of oil, rice, wheat and other commodities on the international market, and poorer households spend disproportionately more on food than those better off. The price of wheat, a food staple for many households, stood 60% higher at the start of June 2022 compared to January 2021, according to World Bank data.

The price of fertilisers too, essential for productive agriculture, has surged since the war and now stands almost three times higher than a year ago. The knock-on effect is expected to reduce food production over the coming years as soaring prices force many farmers to use less fertiliser.

Tackling root causes

The World Bank is mobilising support for emergency responses in the Sahel and West Africa to help countries at risk of food insecurity respond faster. It is also working with its humanitarian partners to monitor regional food insecurity and draw up Food Security Preparedness Plans.

The challenge of boosting the region’s food and nutrition security is also demanding long-term responses. And, as many root causes—and consequences—of food insecurity defy national borders, regional approaches are being adopted to build food systems resilience across Western and Central African countries.

The $716 million Food System Resilience Program (FSRP) is one such approach. It aims to benefit more than  four million people in West Africa by increasing agricultural productivity through climate-smart agriculture, promoting intraregional value chains, and building regional capacity to manage agricultural risks.

The Great Green Wall

As food systems in the Sahel and West Africa face exceptional stress, there is also a growing demand for more climate-smart investments to support countries where communities face the compounded effects of climate change, conflict, and unprecedented environmental degradation.

The African-led Great Green Wall is a major regional initiative that promises such climate-smart solutions to transform both the region’s economies and ecosystems. By 2030, it seeks to restore some 100 million hectares of degraded land and generate 10 million jobs in rural areas, supporting people’s ability to respond and adapt to climate risks. The World Bank has committed to invest $5.6 billion between 2020 and 2025 in 11 countries taking part. Over 60 projects are focused on transforming livelihoods in the Great Green Wall through landscape restoration, improved food systems, and access to climate-resilient infrastructure.

Tangible results

“Before, I used chemical fertiliser every year and I could go through 20 or 30 bags of it,” says farmer Nama Boureima in Sapouy, Burkina Faso, one of hundreds benefiting from biodigesters installed in the country.

By adding a mix of cow manure and water to biodigesters, farmers can generate renewable biogas for cooking and organic fertiliser for their fields. This reduces CO2 emissions by capturing methane emitted by the manure, while lowering pressure on forest resources previously used for household fuel.

“Now I don't worry anymore about the fertiliser problem,” Boureima says.

His farm illustrates some of the sweeping changes in progress under the Great Green Wall. Some 270,000 hectares of land have been brought under sustainable management in Burkina Faso; more than 2,500 micro-projects have been financed; 1.5 million people have seen their monetary benefits from forest products increase; and 10 million tons of CO2 have been reduced or avoided.

About 12.5 million people benefited from the US$900 million Nigeria Erosion and Watershed Project (NEWMAP) that reinforced the country’s ability to fight erosion, natural hazards and disasters, while creating 20,000 direct and 32,000 indirect jobs through Sovereign Green Bonds — a first for Africa.

In Niger, additional yields of as much as 58% have been achieved by agro-sylvo-pastoral communities thanks to training on climate-smart strategies.

Green future

As global food security challenges mount, tapping the potential of these ambitious climate-smart investments is seen as essential for making the region’s economy more resilient, achieving inclusive growth, and combating food insecurity.

“When these elements are put together, not only does it transform the economy, but jobs are created too. That allows young Africans to stay in Africa and make a living from their work by being in Africa,” says the World Bank’s Diagana.

Learn more about World bank's projects and operations at www.worldbank.org/en/region/afr/western-and-central-africa

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Valeurs Actuelles

Ursula, Bill et Albert, petits arrangements entre amis ?

Outre-Rhin, on l’appelle la « princesse de glace » , tant elle use d’une froide distance pour balayer d’un revers de main toute critique. Protégée par son halo d’immunité, Ursula von der Leyen fait fi des faits de corruption qui pourraient lui être reprochés. Pis, qu’importent les soupçons de petits arrangements entre amis, les puissants se congratulent au plus haut niveau de la planète : en novembre 2021, Ursula von der Leyen a remis au patron de Pfizer, Albert Bourla, un prix récompensant ses talents d’homme d’affaires, lors d’une cérémonie à Washington organisée par l’Atlantic Council. En septembre dernier, elle s’est vue à son tour auréolée par Bill Gates du prix du Global Goalkeeper. Est-ce pour la remercier d’une nouvelle contribution de la Commission européenne de 300 millions d’euros annoncée en juin 2020 pour sa fondation Gavi, l’Alliance des vaccins ? Fondation à la tête de laquelle fut placé, en septembre 2020, l’ancien président de la Commission européenne José Manuel Barroso…

L’étau judiciaire se resserre sur la présidente de la Commission européenne.

Pourtant, Ursula von der Leyen ne pourra pas fuir indéfiniment ses responsabilités. L’étau judiciaire se resserre sur la présidente de la Commission européenne. En octobre dernier, le Parquet européen, instance créée en 2021 pour poursuivre les auteurs d’infractions portant atteinte au budget de l’Union (corruption, blanchiment), a annoncé diligenter une enquête pour faire toute la lumière sur les contrats de vaccins contre le Covid passés entre la Commission européenne, chargée de négocier pour le compte des États membres, et les laboratoires pharmaceutiques. Rappelons que l’instance est la seule ayant la compétence d’ôter au chef de l’exécutif européen son immunité…

Ursula von der Leyen, la “nettoyeuse”

De son côté, le New York Times a déposé une plainte fin janvier contre la Commission européenne, pour contraindre sa présidente à dévoiler la centaine de SMS qu’elle a reconnu, lors d’une interview dans leurs colonnes, avoir échangés avec le patron de Pfizer. Des messages envoyés à la veille de la signature d’un “mégacontrat”, le troisième passé auprès de Pfizer, de 35 milliards d’euros portant sur l’acquisition de 1,8 milliard de doses supplémentaires de vaccin contre le Covid. Il s’agit là du plus gros contrat que l’Union européenne ait jamais contracté de toute son histoire. Malgré la commande colossale, le prix de la dose a grimpé de 15,50 euros à 19,50 euros. Pas très brillant en matière de négociation commerciale…

Dans un rapport de la Cour des comptes européenne publié en septembre dernier pour évaluer l’efficacité de la politique vaccinale européenne, les auditeurs insistent d’ailleurs lourdement sur l’opacité qui entoure ledit mégacontrat. Ils affirment avoir demandé à la Commission de « fournir des informations sur les négociations préliminaires relatives au contrat, mais [leur] requête est restée sans suite » , précisant qu’il s’agit du « seul contrat pour lequel l’équipe conjointe de négociation n’a pas participé ».

Ursula von der Leyen s’est débarrassée de l’injonction de transparence.

A-t-il été négocié en direct, par textos, entre Ursula von der Leyen et Albert Bourla ? C’est en tout cas le doute que laissent planer les deux protagonistes en refusant de rendre public le contenu de leurs échanges, malgré les demandes répétées de la médiatrice européenne, l’ Irlandaise Emily O’Reilly. Après avoir invoqué le droit à la vie privée, Ursula von der Leyen s’est débarrassée de l’injonction de transparence, en expliquant avoir « supprimé » ces échanges… Reste que tout recel comme destruction de documents publics sont punis de trois ans d’emprisonnement et de 45 000 euros d’amende.

Ce n’est d’ailleurs pas la première fois qu’Ursula von der Leyen “nettoie” des messages qui pourraient lui porter préjudice. Lorsqu’elle était ministre de la Défense de l’Allemagne, elle avait également pris soin de nettoyer de fond en comble son téléphone alors qu’une commission d’enquête du Bundestag cherchait à faire la lumière sur de juteux contrats – 200 millions d’euros – passés entre son ministère et des cabinets de conseil. Un nettoyage réalisé pile au moment où elle raflait la place due à Manfred Weber (PPE), à la tête de la Commission européenne, poussée par Emmanuel Macron, faisant fiétonnamment de la règle du Spitzenkandidat.

En cas d’effets indésirables, les indemnités versées sont à la charge des États membres, autrement dit des contribuables.

Mais revenons sur ce rapport de la Cour des comptes européenne. Que nous apprend-il d’autre ? Qu’en cas d’effets indésirables, les indemnités versées sont à la charge des États membres, autrement dit des contribuables. Les pays de l’Union européenne, au vu de l’urgence de santé publique, ayant accepté de prendre sur eux le risque qui normalement incombe au fabricant. Pis, en cas de poursuites, ce sont ces mêmes États membres qui régleront les frais de justice des laboratoires. Sauf si ceux-ci avaient produit sciemment un vaccin « défectueux » .

On y découvre également les chiffres clés de ces contrats : en tout 11 contrats ont été passés avec huit laboratoires (dont trois pour Pfizer), pour 71 milliards d’euros et 4,6 milliards de doses. « Des chiffres que nous avons réclamés maintes fois sans parvenir à les obtenir alors même qu’il s’agit de marchés publics régis par des règles strictes de transparence ! », s’insurge l’eurodéputée EELV Michèle Rivasi, vice-présidente de la commission spéciale sur la pandémie de Covid-19 baptisée “Covi”, qui s’est vu présenter des contrats illisibles, aux trois quarts “caviardés”.

Bientôt plus de 100 euros la dose ?

On peut d’ores et déjà s’interroger sur le nombre de doses commandées. « Pourquoi la Commission a-t-elle prévu, si mes calculs sont bons, dix doses par citoyen européen, enfants de moins de 12 ans compris ? La quatrième dose étant déjà un fiasco dans tous les pays de l’Union ! », interroge l’eurodéputée ID Virginie Joron, également membre de la commission Covi.

Quant au prix, sachant que pour Pfizer la dose est passée de 15,50 euros à 19,50 euros, Reuters a dévoilé en janvier qu’une nouvelle négociation serait en cours entre la Commission et Pfizer, pour une dose grimpant cette fois-ci à plus de 100 euros ! Il semblerait que la Commission tenterait de renégocier le mégacontrat, en baissant le nombre de doses commandées en échange de la hausse du prix unitaire. Une négociation menée, une fois de plus, par de brillants intermédiaires…

Face à toutes ces questions, la commission Covi du Parlement européen a invité Ursula von der Leyen à s’expliquer sur son rôle dans la négociation du mégacontrat. Une invitation lancée après avoir essuyé deux refus d’Albert Bourla à comparaître publiquement devant cette Commission. Si Ursula von der Leyen cherchait à exciter les complotistes de tous poils, elle ne s’y prendrait pas autrement.

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France24 - World

‘Save You’: Online platform helps French expatriates who are victims of domestic violence

Issued on: 08/03/2023 - 21:23

To mark International Women's Day on May 8, FRANCE 24 looks at an online platform dedicated to helping expatriate French women who are victims of domestic violence. Seeking help can be more difficult when women are living abroad with their abusers and are cut off from a support system of friends and family. Launched in October, Save You has already helped more than 100 women break their silence to share their horrific stories.

"I didn't hit you hard enough last time. I feel like you're asking for more," shouts a large Turkish man, slamming the door on his way out. Nour* is overcome by anxiety. That week, two earthquakes hit Mersin in southern Turkey where she has been living, isolated from everyone for more than a year. A few days later, Nour herself was shaking. "I have to get out of the house tonight. He is armed, I feel like I’m going to die when he comes back," she whispers over the phone to Caroline B.

Caroline B., president of the Coeurs de Guerrières (Warrior’s Hearts) association, also runs the Save You online platform. Nour and other French expatriate women who are victims of domestic violence can seek comfort from her soothing voice over the phone for free, wherever they are in the world, 24/7. On the other end of the line, volunteers help them resolve some extremely complex situations, even helping them "avoid the worst" – as they did that evening with Nour.

Save You is the first of its kind. Dedicated to French expatriate women and their children, the platform offers women (and some men) who are victims of violence a place to tell their stories. Some 43 percent of the women who phone in suffer from psychological violence while 19 percent are victims of physical violence. Launched in October 2022, it was created by France’s Sorority Foundation, which also invented The Sorority app – an app that enables women to help each other by alerting other users using geolocation if someone nearby is in danger.

>> Read more: French app fighting violence against women brings a ‘revolution’ to Morocco

Trapped

On the day she called Caroline B. in tears, Alice* had been subject to both kinds of violence. A little over a year ago, Alice left France for Manchester with her English partner. Last September, she gave birth to a baby girl. Alice said his attitude completely changed a few months later: he tried to prevent her from caring for their daughter and began tearing the baby from her arms. The British man’s kicks were punctuated by threats and insults. Alice told FRANCE 24 over the phone what her partner had said: "Leave the baby here and go back to France, we don't need you anymore. Go, you witch."

Alice is trapped in this situation – she is unemployed, does not speak English well, is economically and legally dependent on her partner, and is living far from her family.

Nour found herself trapped in similar circumstances, as have the more than 120 other people who have reached out via Save You, says Caroline B. Some of the women she is in contact with have been held prisoner by their partners for 15 years. The situation becomes particularly challenging in cases where the woman broke off ties with her family when she left her country. Victims often sink into a deep depression after they witness the violent transformation of a man for whom they had left everything behind.

Triggering element

Alice says that her former partner’s "explosive" brutality came out of nowhere. During the last few weeks of her pregnancy, the father of her child had been extremely supportive. So how did he become so violent that the British police had to intervene? "I still don't understand," says the 40-year-old.

These sudden and brutal "metamorphoses" are often triggered by childbirth, explains Caroline B. In some cases, the father feels that the mother and child have become his property. It is as if he is thinking, "You can never leave because there is a child. And if you leave, I'll keep it," says Caroline B.

This is essentially what Alice’s partner yelled at her, insisting she had no rights in England. Unfortunately, his words were not far from the truth. If Alice does not succeed in obtaining a French passport for her baby, she will never be able to leave the UK legally with her child.          

Nour was also raising a child from a previous marriage during her long period of isolation in Turkey. Rescued by Turkish policemen alerted by Save You, the young woman managed to escape from her former companion, arriving at Adana airport from Mersin. She spent many long, difficult hours there, as the chaos caused by the earthquake had grounded all flights to Paris. With no money and after several layovers, Nour finally landed at Paris Charles de Gaulle airport. She had finally returned home from what was originally meant to be a weekend trip, but which had turned into 10 months of captivity. Exhausted, considerably thinner and destitute, Nour had lost everything. "He took away all my self-confidence," the young woman said, before bursting into tears.

Overwhelmed by the flood of calls for help, Caroline B. is overcome with indignation, as she feels that French authorities should tackle the problem head-on. Out of more than a million expatriate French women, how many are living in similar circumstances, she wonders. This type of gender-based violence is not included in any official statistics.

Constrained by local laws

Although the French foreign ministry has set up a dedicated unit, it suffers from a severe lack of personnel, says Amélia Lakrafi, the MP who represents French nationals living abroad. "To respond to a problem effectively, one needs to be aware of it," says Lakrafi. In France, she says, “the popular imagination tends to imagine French expatriates as being wealthy and living wonderful, happy lives".

The other challenge is trying to apply French policies in other countries. "Our national representatives are not allowed to do what they want. And we all remain extremely constrained by local laws," she says.

Lakrafi, who has been telling decision-makers for years that this type of gender-based violence needs to be addressed, was a fan of the online platform from the start. Save You is "the tool we have been waiting for", she says.

She says associations such as The Sorority Foundation have more latitude than a government administration, which is weighed down by its own procedures. However, she adds, “Save You will only gain traction if it works alongside French government institutions abroad, like the French foreign ministry and the interior ministry.”

This relationship seems to have already begun taking shape. "The French foreign ministry often allows us to move forward more quickly, we are lucky that they support us," says Priscillia Routier-Trillard, founder of The Sorority Foundation. Within a few months of its launch, government offices such as the French foreign ministry posted a link to Save You. This has greatly benefited women like Nour and Alice, who may not have otherwise been aware of the platform.

Knowing you are not alone

Alice still has many legal obstacles to overcome before she can live in peace. However, the support that she receives from Caroline B. and others at Save You helps her believe in a better tomorrow. Barriers that seemed insurmountable before now seem to be crumbling, and Alice was able to move to a new home – although she will not disclose its location due to fears that her ex-partner will come take her daughter away.

Since its launch, lawyers, doctors, social workers and other professionals have offered their services to Save You in various countries around the world. This growing network has helped ensure that more women are made aware of this platform. "Sometimes we simply serve as a link to a local solution, which the victim has been desperately seeking for months without success," Caroline B. explains.

Simply by lending a sympathetic ear, Caroline B. gave Alice a priceless gift. "She listened to me. It was like I could see a way out from the black hole I was in," says Alice.

Like Alice and Nour – and hundreds of thousands of French women every year – Routier-Trillard and Caroline B. were once victims of domestic violence. For a long time, they felt trapped in silent guilt.  

"What gets me through is providing the support I would have liked to have," Caroline B. says.

We are social beings, Routier-Trillard adds. "Nothing in the world is more powerful than knowing that you are not alone."

*Names have been changed

This article has been translated from the original in French.

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International Women's Day: Paying tribute to battles for gender equality around the world

The Debate

International Women's Day: Years of work undone by Covid-19 pandemic

VIOLENCE AGAINST WOMEN

Female genital mutilation: 'Women circumcise little girls for men'

BBC

Ghana photography: Capturing a new nation coming to life

A decades-old photograph from Ghana's Deo Gratias studio, now in its centenary year, demands attention.

It is not one of dozens snapped in a hurry to be swiped through and then forgotten.

The photographer and the subjects clearly spent time on the composition and production. That time needs to be repaid.

One day in the 1930s a local chief fisherman holding a ceremonial oar must, along with his wife, have stepped into JK Bruce-Vanderpuije's studio in Accra, the capital of what was then known as the Gold Coast.

Asking the couple to keep still and look straight ahead, he captured their regal look - dressed in fine cloth with a symbolic crown. The couple are frozen in time but the country was undergoing big changes around them.

Three decades later colonial Gold Coast, under British rule, would become Ghana through the pressure of an independence movement that served as an inspiration to other anti-colonial struggles on the continent.

What emerges from the 50,000 images that still exist in the Deo Gratias archive is a record of a transforming society.

Bruce-Vanderpuije was one of the few commercial photographers operating in Accra at that time, and weddings provided one of the biggest sources of income.

Many were dressed, like the couple above from the 1930s and the two below from the 1940s, in English top hat and tails and white bridal gown. They have the same serious stare as the chief fisherman, but the clothes seem worlds away.

By the 1970s, the wedding clothes were still formal but the suits became more relaxed and some took to wearing traditional Ghanaian kente cloth and felt able to smile in the photograph.

The studio, in the city's commercial Jamestown district, was a magnet for those who wanted a memento of their lives.

It was close to a lot of churches and people often came in wearing their Sunday best like the two below in the 1930s, hoping the camera would capture them looking their finest.

The vast archive of photographs is now in the hands of Bruce-Vanderpuije's grand-daughter, Kate Tamakloe.

The Deo Gratias studio, still in the same place where it was founded just over 100 years ago, has stacks of old pictures and glass plates in its darkrooms, she says.

"It's exciting to see them and see how Ghanaians lived and looked like then."

There are also envelopes full of old passport photos, dating from a time when going to a professional studio was the only way to get a picture for an official document.

Looking at the pictures now and meeting the gaze of the person in the photograph, there is a profound sense of staring into the past. But there are a lot of unanswered questions.

Ms Tamakloe is left with some dates of when the photographs were taken, but most of the subjects' names have been lost.

She is now trying to sort through them and gradually digitise the archive so that more people can see it.

"I really want to put them out there and watch people get excited to identify their relatives, so that people can tell the story of every photo," she says.

Baby pictures were also a mainstay for Bruce-Vanderpuije.

Around the time of Ghanaian independence, which fell on 6 March 1957, two proud parents brought their child to the studio to be photographed.

He is sitting on a cloth marking the birth of a new nation with a portrait of then-Prime Minister Kwame Nkrumah.

There are thousands of others like this of people who went on to become citizens of a new country.

As a man with a camera, Bruce-Vanderpuije was in demand by all sorts of groups, including those in the vanguard of the independence movement.

In 1948, he took the picture above of the leaders of the United Gold Coast Convention (UGCC), who posed for the photo along with their British lawyer Dingle Foot.

The men are considered to be the country's founders. Among them was Nkrumah (top row, second from right), who later broke away from the UGCC and led Ghana to independence.

JB Danquah (bottom row, second from right), established the party and is said to be the person who came up with the name Ghana. Edward Akufo-Addo (top row, first on the left), later went on to serve as president and was the father of the current president.

"At long last the battle has ended! And thus Ghana, your beloved country, is free for ever," Nkrumah told the crowds at independence just after midnight on 6 March 66 years ago.

Bruce-Vanderpuije got out of the studio and was there to capture the famous moment, but it is the host of other images of unknown people that are in a way more significant.

They provide a snapshot of the lives of less celebrated people.

What Ms Tamakloe wants to do now is "exhibit all these photos… and tell the Ghanaian story to the world".

If you think you recognise someone in the photographs or may know someone who had their picture taken in the studio contact deogratiasphotos@gmail.com or leave a message here.

All photos subject to copyright.

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Deo Gratias Studio

Valeurs Actuelles

Omniprésente sur l’Ukraine mais muette sur l’Arménie… les inconséquences d’Ursula von der Leyen

Outre ceux de Volodymyr Zelensky et de Vladimir Poutine, le visage d’Ursula von der Leyen est probablement le plus vu depuis le début de la guerre en Ukraine. La présidente de la Commission européenne use depuis le 24 février 2022 de toute son influence pour peser dans cette guerre. Des déclarations à n’en plus finir, une dizaine de volets de sanctions, des centaines de Tweets… : l’ancienne ministre allemande de la Défense est sur tous les fronts. Plus rien ne semble l’arrêter. En septembre dernier, contre toute attente, “VDL” demande que le président russe soit jugé par la justice internationale. « Il faut que Poutine perde cette guerre et réponde de ses actes, c’est important pour moi », déclare-t-elle à la chaîne de télévision du quotidien allemand Bild. Alors que les Européens répètent sans cesse que “l’Europe, c’est la paix”, de nombreux observateurs accusent la chef de l’exécutif d’être va-t-en-guerre. Et pour cause, les risques de condamnation par la Cour pénale internationale sont – très – minces. Ursula von der Leyen, bien consciente de la complexité d’une telle entreprise, jouerait- elle avec le feu ?

Ses inconséquences sont nombreuses depuis le début de la guerre. Dès la fin du mois de février 2022, elle s’illustre en affichant sa volonté de voir l’Ukraine rejoindre l’Union européenne : « Il y a un sentiment d’appartenance. Ils font partie de nous et nous voulons qu’ils nousrejoignent. » Une sortie peu appréciée par les pays des Balkans – non consultés -, qui attendent depuis longtemps d’entrer dans l’Union. Quelques mois plus tard, après plusieurs visites en Ukraine, von der Leyen affirme que « l’heure n’est pas à l’apaisement ». Des propos accueillis avec crainte par plusieurs États, qui redoutent une escalade du conflit. Plus récemment, la patronne du “Saint Empire européen” a annoncé un dixième volet de sanctions contre la Russie. Des mesures contestées par certains groupes politiques, notamment à droite. Selon plusieurs spécialistes, la Russie a engrangé depuis le début de la guerre plus de 150 milliards d’euros grâce aux ventes de pétrole, de gaz et de charbon. En plus d’être inefficaces, ces sanctions affaiblissent l’économie européenne.

​Von der Leyen joue avec le feu

Au-delà des mesures prises sans concertation, von der Leyen est souvent accusée de s’aligner sur l’administration Biden ou Scholz plutôt que sur les positions plus prudentes de ses alliés européens. Se pose ainsi la question de sa légitimité. « La Commission européenne est un organisme d’abord administratif. Je n’ai d’ailleurs toujours pas compris en vertu de quel article des traités européens Mme von der Leyen peut justifier sa compétence en matière d’achats d’armes et de politique étrangère », s’étonne l’ancien président de la République Nicolas Sarkozy dans un récent entretien au JDD.

À l’est de l’Europe, sa propension à s’aligner sur Berlin agace de plus en plus. « Ursula von der Leyen est-elle encore membre du gouvernement allemand ? », se demande le Premier ministre polonais, Mateusz Morawiecki, en octobre dernier. Elle attend souvent le feu vert de Berlin pour bouger. « Tant que l’Allemagne bloque, la Commission aussi », déclare Viktor Orbán, le Premier ministre hongrois, en fin d’année dernière.

À Bruxelles, un autre point de crispation commence à se faire sentir. Certains l’accusent de saisir le sujet ukrainien à bras-le-corps dans le seul but de gagner en popularité et de faire son retour sur la scène politique allemande. En témoigne son refus d’assister à la fête nationale ukrainienne en août 2021, à laquelle le président Volo-dymyr Zelensky l’avait personnellement invitée.

​Derrière l’Azerbaïjan, l’impérialisme d’Erdogan

Dans ce contexte compliqué, le déplacement de la présidente de la Commission européenne à Bakou, la capitale de l’Azerbaïdjan, le 18 juillet, pour annoncer un nouvel accord visant à doubler les importations de gaz azerbaïdjanais pour diversifier les sources d’approvisionnement de l’Union européenne, a fait grincer les dents de quelques-uns. Une affaire qui illustre le deux poids, deux mesures d’Ursula von der Leyen. Tandis que l’Ukraine est au centre de ses attentions, elle n’a que peu d’égards pour l’Arménie. Alors que les exactions commises dans le Haut-Karabagh sont avérées – comme celles des Russes en Ukraine -, elle qualifie le régime d’Aliev de « partenaire fiable ». Une sortie vécue comme une insulte par les Arméniens, qui déplorent l’intransigeance avec Moscou et la complaisance avec Bakou.

Derrière les volontés belliqueuses de l’Azerbaïdjan d’Aliev se cache en plus l’impérialisme de la Turquie d’Erdogan, qui souhaite restaurer l’Empire ottoman. (N’a-t-on pas lu un peu partout que Poutine voulait “ressusciter l’URSS” ?) En décembre 2020, Erdogan fait référence à Enver Pacha, architecte du génocide arménien, arrose le territoire de bombes au phosphore et envoie 3 000 djihadistes syriens, entraînés à l’extermination des minorités au Kurdistan. Dans le même temps, Aliev se félicite de « chasser les Arméniens comme des chiens » et exprime ses ambitions sur la région du Syunik (sud de l’Arménie), le lac Sevan (nord de l’Arménie) et même la capitale Erevan. La réponse d’Ursula von der Leyen ? Un accord créant une dépendance au gaz azerbaïdjanais et renforçant le régime dictatorial d’Aliev. A-t-elle demandé que celui-ci soit poursuivi par la justice internationale ? Non. A-t-elle lancé un volet de sanctions ? Non. Von der Leyen, reine des inconséquences et de l’incohérence.

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À l’issue de la soirée, retrouvez toute la rédaction autour d’un verre lors d’un long moment convivial.

🔴 13 avril 2023 : et si une nouvelle carrière débutait pour @GeoffroyLejeune ? 👀RDV pour le Grand Débat des Valeurs au Palais des Sports pour une soirée exceptionnelle avec la rédaction de VA !

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Islamisme : les nouveaux “porteurs de valises”

Un court extrait bien choisi vaut souvent bien mieux qu’une longue démonstration. Essayons avec le Licite et l’Illicite en islam, livre de chevet de tout frériste qui se respecte, écrit en 1960 par Youssef al-Qaradâwî, le théologien en chef du mouvement panislamiste qui rêve d’imposer sa culture au reste du monde : « Quand le mari voit chez sa femme des signes de fierté ou d’insubordination, il lui appartient d’essayer d’arranger la situation avec tous les moyens possibles en commençant par la bonne parole, le discours convaincant et les sages conseils. Si cette méthode ne donne aucun résultat, il doit la bouder au lit, dans le but de réveiller en elle l’instinct féminin et l’amener ainsi à lui obéir pour que leurs relations redeviennent sereines. Si cela s’avère inutile, il essaie de la corriger avec la main tout en évitant de la frapper durement et en épargnant son visage. »

D’aucuns admettront que la vision développée ici des relations femmes-hommes ne rentre guère en adéquation avec la logique néoféministe occidentale. Cela n’empêche pourtant pas les adeptes modernes d’Al-Qaradâwî d’être aujourd’hui portraitisés en nouveaux protecteurs des droits des femmes par les chantres du progressisme. Ainsi du Femyso, l’un des plus importants conglomérats d’organisations proches des Frères musulmans. L’ONG est décrite par Florence Bergeaud-Blackler, chercheuse au CNRS et auteur du remarqué le Frérisme et ses réseaux, l’enquête (Odile Jacob), comme le mouvement jeune de l’Union des organisations islamiques en Europe (UOIE), maison mère des associations fréristes en Occident.​

Longtemps perçu comme un marqueur de soumission, le voile est désormais brandi tel un symbole de l’émancipation de la femme en Europe.

C’est grâce au lobbying intensif entrepris par ses représentants auprès du Conseil de l’Europe que ce dernier avait lancé, en novembre 2021, une campagne massive invoquant « la liberté dans le hijab » et le « droit humain de porter le voile islamique ». Seule une vague d’indignation politique sans précédent à cette échelle avait forcé l’institution à rétropédaler à demi-mot, arguant ne pas avoir « validé les éléments visuels ». Pas une once d’excuse sur le fond de l’affaire, sur la promotion du voile au nom de “l’égalité”. Même chose l’année suivante, en novembre dernier, lorsque la Commission européenne met en valeur sur les réseaux sociaux une jeune femme voilée pour « parler de l’avenir des valeurs européennes », avant de discrètement retirer les publications en question quelques jours plus tard.​

La guerre du langage

Telle est la force du gigantesque tissu associatif mis en place par les stratèges des Frères musulmans au début du siècle : s’approprier les codes et le langage d’une époque – le droit à la différence, le multiculturalisme, l’“inclusivité”, la liberté de genre, le “wokisme” – pour mieux les contourner et, insidieusement, promouvoir une culture et un mode de vie radicalement opposés. « Les islamistes sont en train de gagner la bataille des mots », note le politologue Alexandre del Valle, qui alerte depuis de nombreuses années sur l’essor de ces réseaux parfaitement organisés.

La stratégie de la rhétorique d’inversion n’a rien de nouveau. Le président turc Recep Tayyip Erdogan, allié de choix des Frères musulmans dans leur croisade culturelle, en a fait son arme principale dans la guerre d’influence qu’il livre à l’Union européenne depuis deux décennies. Ou comment se présenter comme le dernier rempart laïc du monde musulman tout en levant progressivement l’interdiction du port du voile dans les écoles et la fonction publique.

Tout comme Erdogan et ses sbires du Millî Görüs – cette confédération musulmane turque qui ne cesse de s’étendre en Allemagne et en France -, les Frères musulmans sont prêts à tout pour s’immiscer toujours plus profondément au cœur d’instances européennes désireuses de s’acheter une image de bon élève de la cause progressiste. Quitte à dépenser des sommes astronomiques pour y parvenir.

Entre 2014 et 2020, la Commission européenne a ainsi versé 439 millions d’euros publics à des associations affiliées au programme “Droits, égalité et citoyenneté”. Pour la période 2021-2027, le budget devrait exploser : 1,5 milliard d’euros d’aides européennes sont prévus pour un programme aux conditions d’accès pour le moins nébuleuses. Si la Commission ne souhaite pas divulguer l’identité précise des organisations bénéficiaires de ce pactole, elle assure que chaque récipiendaire fait « l’objet d’un examen minutieux » pour s’assurer que son action est en accord avec les « valeurs européennes » et la Charte des droits fondamentaux de l’Union.

On doute que l’emploi du mot “minutieux” soit ici approprié. C’est simple : il se passe rarement plus d’un mois sans qu’une nouvelle enquête expose une autre faille dans le système de contrôle européen. Fin février, les limiers de Fdesouche révèlent que la Commission européenne finance l’association islamiste turque Yavuz Sultan Selim dans le cadre d’un projet de “lutte contre l’islamophobie”. L’ONG sert de branche “jeunesse” à la confrérie Ismailaga, proche du président Erdogan, qui a milité auprès de ce dernier pour que la Turquie sorte de la convention d’Istanbul. Des accords sur « la prévention et la lutte contre la violence à l’égard des femmes et la violence domestique » ratifiés en 2014 à l’initiative… du Conseil de l’Europe.

« L’Allemagne, la France, l’Angleterre, toute l’Europe sont ennemis de l’islam et du Prophète. »

En octobre 2020, quelques jours à peine après l’assassinat de Samuel Paty à Conflans-Sainte-Honorine, des messages de Yavuz Sultan Selim postés sur les réseaux sociaux laissaient transparaître sa haine pour un Occident jugé décadent : « L’Allemagne, la France, l’Angleterre, toute l’Europe sont ennemis de l’islam et du Prophète. » L’Allemagne ne s’est d’ailleurs pas trompée sur le réel visage de la confrérie : Ismailaga est inscrite sur la liste des groupes terroristes.

“L’examen minutieux” se montre tout aussi défaillant dans le cas de l’European Network Against Racism (Réseau européen contre le racisme), ou Enar. L’organisation fédère des dizaines d’associations prétendument “antiracistes”. Parmi elles, on retrouve plusieurs ONG dont les liens avec les Frères musulmans ne sont plus à prouver. Son ancien président, le Belge Michaël Privot, se définit lui-même comme un ancien cadre frériste.​

Sans grande surprise, l’Enar a notamment hébergé le Collectif contre l’islamophobie en France (CCIF) et la Coordination contre le racisme et l’islamophobie (CRI), deux associations dissoutes par le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin. Aujourd’hui reconstitué à Bruxelles, au plus près des institutions européennes, le CCIF a été fondé par Samy Debah, un proche du sulfureux prédicateur Tariq Ramadan, petit-fils de Hassan el-Banna, fondateur des Frères musulmans. Tout un (petit) monde.

Des accès privilégiés aux commissaires européens

Entre 2007 et 2020, l’Enar a reçu plus de 23 millions d’euros de subventions européennes, dont 800 000 euros ont atterri dans les caisses du CCIF. Parmi les autres bénéficiaires du réseau Enar, on retrouve, pêle-mêle, le collectif intersectionnel Lallab, qui promeut le voile et les réunions communautaires, Alliance citoyenne, l’organisation militante derrière l’autorisation du burkini dans les piscines municipales grenobloises, ou, sans surprise, le Femyso et ses connexions au plus haut sommet de l’État maastrichtien.​

Pour étendre son influence, l’Enar peut également compter sur sa présence au sein du “registre de transparence”, une base de données créée en 2011 par le Parlement et la Commission européenne qui répertorie tous les lobbyistes partenaires des institutions bruxelloises. Un statut qui permet de participer à des groupes d’études interparlementaires et, plus étonnant encore, de solliciter des rendez-vous avec des membres de la Commission européenne. En février 2020, des représentants de l’Enar ont ainsi pu échanger avec la commissaire européenne aux Affaires intérieures, Ylva Johansson, à propos du Pacte sur la migration et l’asile, présenté par la Commission en septembre 2020.

En décembre de cette même année, l’Enar a rencontré une autre commissaire européenne, Helena Dalli, chargée de l’Égalité, pour discuter de la dissolution… du CCIF. Une autre rencontre a lieu l’année suivante, en août 2021, cette fois pour parler de la création de séminaires sur “le racisme structurel dans le secteur privé”. Helena Dalli, engagée pour les “droits LGBT” et les questions d’inclusion (elle a rédigé un guide de la communication inclusive en 2021), va même jusqu’à poser tout sourire aux côtés de militants du Femyso. Terrible symbole qui provoque l’ire d’un gouvernement français particulièrement suspicieux quant aux réelles intentions de l’organisation de jeunesse. Des suspicions transmises à plusieurs reprises aux institutions européennes ces dernières années. Il a fallu attendre l’été 2022 et une lettre signée par Gérald Darmanin, Catherine Colonna, ministre des Affaires étrangères, et Laurence Boone, secrétaire d’État chargée de l’Europe, pour que la Commission européenne daigne répondre, assurant que le Femyso ne recevait plus de financements européens.

Quand l’Union européenne finance la politique nataliste de la Turquie

« Nous sommes face à une complaisance coupable et de plus en plus affirmée de la part de la Commission européenne », peste l’eurodéputé RN Jean-Paul Garraud.

« Nous sommes face à une complaisance coupable et de plus en plus affirmée de la part de la Commission européenne », peste l’eurodéputé du Rassemblement national Jean-Paul Garraud. Lui, comme le reste de son groupe Identité et Démocratie (ID), ne peut qu’assister, démuni, à la superpuissance décisionnelle d’une Commission libre de réel contre-pouvoir. L’ancien magistrat alerte pourtant sans relâche sur l’influence néfaste de ces lobbys intégristes.

Les réponses sont rarement à la hauteur de l’enjeu. Le groupe ID s’interroge sur les raisons qui poussent l’Union à investir près de 25 millions d’euros dans un vaste programme nataliste en Turquie ? L’Union européenne rétorque qu’il s’agit d’un « soutien à l’emploi des femmes grâce à la garde d’enfants à domicile » et d’une promotion de « l’égalité de participation à l’emploi des femmes dans la vie professionnelle ». Pourquoi la Turquie ? Aucune réponse concrète. Même mutisme quand Jean-Paul Garraud appelle à la création d’un poste de coordinateur européen pour lutter contre la haine des chrétiens, en appui à la communauté religieuse la plus persécutée à travers le monde. Il existe pourtant une coordinatrice pour “la lutte contre la haine contre les musulmans” .

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[La Lettre de M. de Rastignac] Mille e Tre

À l’heure où j’écris cette lettre, les rues de Paris sont encore vides. Un calme étrange règne sur la ville mais dans les ministères la fébrilité est palpable. Dans les conversations, chacun fait l’esprit fort mais dans le secret des esprits l’inquiétude ne laisse pas de répit. Sur scène, on vous dira que ce n’est qu’un mauvais moment à passer, une tempête de quelques jours, mais dans les coulisses reviennent les épisodes passés où les fils un à un se disloquent, où les carrières se brisent en un jour, où le pouvoir contraint de céder se dévitalise en quelques heures.

L’intention est de se montrer intraitable.

Nous n’en sommes pas là, rassurez-vous, mais tout le monde a compris que l’effort herculéen provoqué par cette réforme laissera derrière un gouvernement épuisé. Quand vous recevrez cette lettre, vous saurez si les longs cortèges ont fait vaciller M. de Marville mais pour le moment, sachez-le, l’intention est de se montrer intraitable. Le problème est que cette intransigeance risque de tomber en poussière au moment où la réforme sera votée.

Déjà, les anciens jacobins se pressent auprès du chef de l’État pour le supplier de se montrer doux, tendre et bienveillant. Les mots de sucre et de miel résonnent dans les hôtels du pouvoir comme on invoque une formule magique. On rêve déjà de grands discours pour la jeunesse, d’ode au Progrès, de concessions réconciliatrices. Mots nobles pour dire que le chef de l’État dès le printemps doit reconquérir le cœur des jacobins.

Le plus savoureux est que chez les ministres anciennement légitimistes, vous entendrez l’exact contraire. Cette fois, c’est la bonne, entendrez-vous, le chef de l’État a achevé sa mue : il est des nôtres. Ces promesses contraires, croyez-moi, cela fait six ans que je les entends. Si je tenais le registre des confidences sur la mue de M. de Marville en légitimiste, il me faudrait une dizaine de feuillets. Ce n’est plus un refrain mais une rengaine, mais quand vient la vérité des actes M. de Marville n’est pas plus légitimiste que je ne suis jacobin.

La vérité est que le chef de l’État a trouvé une forme d’équilibre dans cette perpétuelle oscillation entre les deux rives de la politique. Elle lui a été finalement fort précieuse puisqu’il a été réélu sans effort. Son tempérament beaucoup plus indécis, beaucoup plus hésitant que ne le disent ceux qui le rêvent en Jupiter s’accommode parfaitement de cette perpétuelle équivoque.

Un député me disait que le chef de l’État était avec les discours comme Don Juan avec les femmes.

Ne vous épuisez pas à chercher un système philosophique, une cohérence doctrinale : elles sont introuvables. Me reviennent les confidences d’un philosophe qui se trouvait à la table du chef de l’État tout heureux d’être en parfait accord avec lui. Las, quelques jours plus tard, dans une étrange lucarne, M. de Marville disait exactement le contraire. Si l’homme aime être peint de profil, le regard au loin ; s’il goûte aux références antiques et aux envolées lyriques, sa pratique du pouvoir est beaucoup plus prosaïque. Il s’agit de franchir les obstacles les uns après les autres en usant de toutes les ressources du charme et de l’éloquence. Une fois l’épreuve passée, les promesses sont oubliées car il est temps d’en proclamer d’autres.

Un député me disait que le chef de l’État était avec les discours comme Don Juan avec les femmes. Mille e tre, chante le séducteur de Mozart, vous en conviendrez, mille et tre cela fait beaucoup de discours. Le grand danger, à force, c’est que plus personne ne l’écoute. C’est une des perspectives qui peut s’ouvrir après cette bataille : celle d’une fin de règne noyée dans un océan de mots. Celle d’un pouvoir limité aux décisions symboliques, aux commémorations historiques, aux agitations diplomatiques. Il va donc falloir vous armer de patience, mon cousin, parce que les heures vont être longues…

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Assistants d’eurodéputés MoDem : François Bayrou est renvoyé en correctionnelle

François Bayrou semble décidément en mauvaise passe. Ce jeudi 9 mars, deux juges d’instruction ont ordonné le renvoi en correctionnelle du Haut-commissaire au plan, ainsi que de dix autres personnes, rapporte le Huffington Post. C’est dans l’affaire de l’emploi irrégulier d’assistants d’eurodéputés que ces derniers sont mis en cause.

Selon un rapport rendu en avril 2021 par les policiers de l’Office anticorruption (Oclciff), le parti centriste aurait en effet mis en place un système de détournement des fonds européens pour salarier ses employés. Les enquêteurs estiment que « pour faire vivre [leur] parti et assurer son fonctionnement à moindre coût, François Bayrou et Marielle de Sarnez épaulés par les cadres du parti, ont mis au service de l’UDF, puis du MoDem, des assistants parlementaires rémunérés par le Parlement européen », cite le média. Le parquet de Paris avait alors demandé le renvoi du parti et d’une douzaine de responsables devant le tribunal correctionnel pour « détournement de fonds publics ».

Un préjudice d’au moins un million d’euros

C’est chose faite, pour onze de ces anciens cadres centristes. Sylvie Goulard, qui avait démissionné du ministère des Armées en 2017 a, en revanche, été relaxée pour non-lieu. François Bayrou apparaît, lui, comme « le décideur et le responsable de la mise en place et du fonctionnement du système frauduleux », selon l’ordonnance rapportée par Les Échos. Avec un préjudice du Parlement européen estimé à 1,4 million d’euros, les juges ont indiqué que « les députés européens, auteurs principaux des détournements opérés ont été les vecteurs de ces détournements, par l’emploi fictif d’assistants parlementaires au profit exclusif du parti politique ».

Des révélations qui avaient fait scandale à l’époque, en 2017, alors que le MoDem était le principal allié du président Emmanuel Macron.

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France24 - World

Diacre fired as coach of France women's football team, five months before World Cup

Issued on: 09/03/2023 - 13:45Modified: 09/03/2023 - 13:46

NEWS WIRES

Corinne Diacre has been sacked as coach of the France women's team, the French Football Federation (FFF) announced on Thursday, after her position was weakened following a revolt by leading players.

The 48-year-old was under contract until 2024 but came under serious pressure after captain Wendie Renard announced last month she would no longer play for the team, with fellow stars Kadidiatou Diani and Marie-Antoinette Katoto following suit.

The announcement comes just over four months before the World Cup in Australia and New Zealand, where a France side ranked fifth in the world will hope to feature prominently.

The French federation -- itself in crisis following the recent resignation of its scandal-hit 81-year-old president Noel Le Graet -- said its own investigation had exposed "a major fracture with senior players" which had "reached a point of no-return that was damaging the team's interests".

"The FFF acknowledges the implication, and the seriousness with which Corinne Diacre and her staff have done their job, but it seems the problems are, in this context, irreversible," it added.

"In view of this, it has been decided to bring an end to Corinne Diacre's job at the head of the France women's team."

However, no new coach has been appointed, with France next due to play home friendly matches against Colombia and Olympic champions Canada in April.

Under Diacre, France lost to the United States in the quarter-finals as they hosted the 2019 World Cup.

Les Bleues then lost to Germany in the semi-finals of last year's European Championship in England.

Diacre had been hoping to stay in the position until after next year's Olympics in Paris.

(AFP)

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'Historic' equal pay deal for US men's and women's football teams

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UEFA postpones Women's football Euros to 2022, avoiding Olympic clash

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RN : Marine Le Pen se dit “fondamentalement opposée“ à la panthéonisation de Gisèle Halimi

Invitée sur France Inter ce jeudi 9 mars, la présidente du groupe Rassemblement national au palais Bourbon s’est prononcée contre la panthéonisation de l’avocate Gisèle Halimi. Emmanuel Macron tient pourtant à ce que cette femme politique franco-tunisienne et militante du féminisme rentre aux côtés de Voltaire, Marie Curie, ou encore Jean Jaurès pour reposer « avec leur long cortège d’ombres défigurées » dans ce temple mémoriel, comme le disait André Malraux.

« Elle a porté la cause de l’indépendance algérienne. Elle fut la procureure de ce que les autorités françaises de l’époque faisaient, de la manière dont elles le faisaient », a plaidé le président de la République, rappelant les divers combats de Gisèle Halimi mercredi 8 février alors qu’il annonçait sa volonté d’inscrire le droit à l’IVG dans la constitution. Une entrée au Panthéon qui n’est pas du tout au goût de Marine Le Pen, qui a déclaré que « Gisèle Halimi n’était pas seulement – car après tout c’était son droit – une opposante à la guerre en Algérie. Elle était un soutien des terroristes du FLN contre l’armée française. Et par conséquent, rien que cela doit lui interdire toute entrée au Panthéon ».

D’autres figures féminines à privilégier

Selon l’ancienne candidate à la présidentielle de 2022, « beaucoup d’autres figures » féminines auraient leur place au Panthéon, citant notamment la femme de lettres Olympe de Gouges. « Ce serait une bonne idée : elle a été une figure, mais en plus, elle a créé l’affiche politique : elle était la première à avoir affiché sur les murs de Paris sa déclaration des droits de la femme et de la citoyenne » a-t-elle indiqué au micro de France Inter.

En faisant référence au combat de Gisèle Halimi pour l’interruption volontaire de grossesse, Marine Le Pen a également été interrogée sur l’inscription de l’IVG dans la Constitution. « Ce n’est pas un sujet », a-t-elle estimé, rajoutant qu’« il n’y a pas de risque » que quiconque  remette « en cause cette liberté ».

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Ça chauffe entre Renaissance et Horizons

L’entente entre les macronistes et les philippistes se réduit comme peau de chagrin. Jeudi 2 mars, lors de la niche parlementaire du groupe Horizons, Renaissance et la gauche ont rejeté une proposition de loi instaurant une peine minimale d’un an d’emprisonnement pour les auteurs “de délits de violences, commis en récidive, contre les agents publics”. Le groupe d’Édouard Philippe, par l’intermédiaire de la vice-présidente de l’Assemblée nationale Naïma Moutchou, a dénoncé les « coups tordus » du parti présidentiel. « Quel gâchis », a tweeté le député Horizons de l’Indre François Jolivet, regrettant une alliance Renaissance-Nupes « au détriment du bon sens et de l’intérêt général ».

Ces passes d’armes parlementaires sont un épisode de plus illustrant les relations compliquées entre les deux partis. Depuis les dernières législatives, ils n’arrivent pas à s’entendre. « Renaissance croit toujours qu’ils ont une majorité absolue, déplore un cadre d’Horizons. Mais ils ont besoin de nous pour chacun de leurs textes. » Le groupe Horizons osera-t-il s’opposer à Renaissance dans les prochains mois ?

Cet article est un extrait des Coulisses politiques du N° 4502 de Valeurs actuelles

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Gisèle Halimi : polémique autour de l’hommage national présidé par Macron

À l’occasion de la journée internationale des droits des femmes ce mercredi 8 mars, Emmanuel Macron préside à partir de 14h un hommage national à l’avocate Gisèle Halimi au palais de justice de Paris. Toutefois, en pleine mobilisation contre la réforme des retraites, l’événement est vivement critiqué, voire boycotté par certaines personnalités, relaie franceinfo. L’Élysée avait déjà reporté à deux reprises l’hommage à la militante féministe, morte à 93 ans le 28 juillet 2020.

L’un des fils de Gisèle Halimi absent

L’un de ses fils, Serge Halimi, fait partie des personnes qui ne se rendront pas à l’hommage. « Le pays est mobilisé contre une réforme des retraites extrêmement injuste, dont les femmes qui occupent les métiers les plus difficiles seront les premières victimes. Ma mère aurait défendu leur cause et manifesté à leurs côtés », a-t-il expliqué, comme le rapporte franceinfo. Serge Halimi reproche également à l’Élysée de l’avoir prévenu de l’organisation de cet hommage seulement quelques jours avant. D’après franceinfo, il aurait reçu un SMS de la part d’un conseiller de l’Élysée le 1er mars, le prévenant de la tenue de l’événement. Et ce, alors que le gouvernement avait convenu de cette date avant l’annonce d’une journée de mobilisation contre la réforme des retraites ce mercredi.

Une « instrumentalisation politique » ?

L’association Choisir la cause des femmes – créée par Gisèle Halimi et Simone de Beauvoir en 1971 – ne devrait pas non plus s’y rendre. Sa présidente Violaine Lucas a indiqué à franceinfo que la réforme des retraites, « qui va pénaliser les femmes », ne pouvait pas être associée à l’hommage. Avant d’accuser : « Comment ont-ils pu s’imaginer qu’on allait participer à cette instrumentalisation politique ? »

La présidente de la Fondation des femmes, Anne-Cécile Mailfert, ne sera pas non plus présente ce mercredi, estimant que sa place est « dans la rue » aux côtés des Français opposés au texte du gouvernement. Malgré le climat de tension lié à la politique, l’Élysée refuse pourtant de mélanger la mobilisation à la journée internationale des droits des femmes, et assure que la date choisie « fait écho aux combats menés par Gisèle Halimi », a indiqué un conseiller de l’Élysée à franceinfo.

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[Sagazan] Soignants suspendus : une réintégration mais pas sans un « pardon »

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[Sagazan] Ursula Von der Leyen acculée et sommée de s’expliquer sur le “SMSGate”

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[De Sagazan] La vaccination contre le Covid des pilotes de ligne, un risque pour la sécurité aérienne ?

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Bras d’honneur d’Éric Dupond-Moretti : Yaël Braun-Pivet somme Élisabeth Borne de rappeler à l’ordre les ministres

Tensions dans la sphère politique. Mardi 7 mars à l’Assemblée nationale, le garde des Sceaux Éric Dupond-Moretti a fait plusieurs bras d’honneur en direction du président du groupe Les Républicains, Olivier Marleix. Un comportement fustigé par les oppositions, et qui a choqué jusqu’à la présidente de l’hémicycle, qui a écrit à Élisabeth Borne pour la sommer de recadrer ses ministres, indique BFMTV, jeudi 9 mars.

 

Pour Yaël Braun-Pivet, « un tel comportement de la part d’un membre du gouvernement n’est pas acceptable ». S’adressant directement à Élisabeth Borne, la présidente du palais Bourbon a demandé avec fermeté de bien vouloir rappeler ces exigences d’exemplarité « à l’ensemble des membres du gouvernement pour que de tels incidents ne se reproduisent plus ». Les bras d’honneur du garde des Sceaux ne sont pas les seuls gestes à avoir exaspéré la présidente de l’Assemblée nationale. En effet, elle déplore également qu’Éric Dupond-Moretti ait « levé les yeux au ciel » alors qu’il était rappelé à l’ordre par la vice-présidente Élodie Jacquier-Laforge. « Vous savez que j’exige des députés qu’ils soient eux-mêmes exemplaires à l’égard de l’institution et du gouvernement. J’attends en retour une même exemplarité de la part des ministres », a également indiqué Yaël Braun-Pivet à la Première ministre.

Discorde entre deux ministres

Élisabeth Borne n’a cependant pas attendu cette lettre pour réprimander le garde des Sceaux. Dès mardi soir, celle-ci a appelé Éric Dupond-Moretti pour lui dire qu’un tel « comportement » n’avait « pas sa place dans l’hémicycle ».

La relation entre les deux ministres semble être courroucée dernièrement. En effet, mercredi 8 mars, lors d’un Conseil des ministres, ils se sont écharpés pendant la présentation du « Plan égalité 2027 entre les femmes et les hommes », rapporte le Figaro. Un témoin de la scène affirme que « Dupond-Moretti a été rude comme il sait l’être, et Borne a été raide comme elle sait l’être ».

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Réforme des retraites : “La CGT a refusé l’invitation du Président“, selon Bruno Le Maire

Le dialogue semble définitivement rompu. En cette septième journée de mobilisation contre la réforme des retraites du gouvernement, le ministre de l’Économie et des Finances Bruno Le Maire était invité dans la Matinale de CNews. Interrogé sur le refus du président de la République de recevoir les syndicats, Bruno Le Maire a indiqué que le temps de la discussion était terminé.

En effet, l’exécutif ne semble pas avoir digéré les refus successifs des syndicats d’être reçus par Emmanuel Macron. « Le président de la République a proposé à tous les syndicats d’être reçus au printemps et à l’été dernier. Je rappelle que certains, comme la CGT, ont refusé », a souhaité préciser le ministre de l’Économie, avant d’ajouter, « à ce moment-là, c’était le temps des syndicats et de la discussion pour préparer le projet de loi de réforme des retraites. La CGT a refusé l’invitation du président de la République ».

Voici venu le temps du Parlement

Bruno Le Maire a justifié cette position du gouvernement en expliquant qu’il était dorénavant temps de laisser faire le Parlement. « C’est aux parlementaires, qui représentent le peuple français, de prendre des décisions sur cette réforme des retraites. S’il y a des débats à avoir, c’est au ministre du Travail, Olivier Dusspot, d’avoir ces discussions avec les représentants des syndicats », a-t-il ainsi expliqué au micro de CNews.

Un refus de dialoguer que les organisations syndicales ont dénoncé dans un communiqué relayé par le Figaro. Un texte, adressé à Emmanuel Macron, qui fustige son silence. « Vous et votre gouvernement restez silencieux devant l’expression de ce puissant mouvement social. Pour nos organisations, cette absence de réponse constitue un grave problème démocratique, il conduit immanquablement à une situation qui pourrait devenir explosive ». Malgré le refus du gouvernement de recevoir l’intersyndicale, Élisabeth Borne a indiqué mercredi dernier que la porte du ministre du Travail Olivier Dussopt, était « toujours ouverte ».

 

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Paris : Anne Hidalgo refuse toujours de communiquer ses notes de frais malgré les demandes du Conseil d’État

« Le silence ne trahit jamais personne », disait Antoine de Rivarol. C’est sous cet adage que la maire de Paris, Anne Hidalgo, a décidé de se placer face aux demandes répétées du Conseil d’État de lui transmettre ses notes de frais. En effet, selon des informations du Figaro, l’édile avait jusqu’au 8 mars pour communiquer ses notes de frais liées à ses fonctions de maire de Paris.

C’est le journaliste néerlandais indépendant Stefan de Vries qui avait réclamé à la municipalité que lui soient communiquées les notes de frais et de représentation d’Anne Hidalgo pour l’année 2017. Le 8 février dernier, le Conseil d’État avait donné raison au journaliste et demandait à l’édile de réexaminer la demande de Stefan de Vries, dans un délai d’un mois. De plus, la municipalité avait été condamnée à verser à ce dernier 3 000 euros, afin de rembourser les frais de procédure.

Cinq années de recours

Seulement voilà, le délai est passé : Stefan de Vries n’est toujours pas en possession des papiers réclamés. Ce silence de marbre de la maire de Paris lui a valu de recevoir une mise en demeure de la défense du journaliste. Le cabinet de la Ville de Paris assure pourtant « avoir pris contact » avec l’intéressé. « Nous avons bien l’intention de communiquer ces documents, la justice nous donnait un mois pour prendre contact avec Stefan de Vries, ce que nous avons fait », indique le cabinet, selon CNews.

 

Cela fait pourtant cinq ans que Stefan de Fries a engagé plusieurs procédures pour obtenir ces documents. Cinq années de recours qui se sont donc achevées ce 8 mars, donnant gain de cause au journaliste néerlandais. Si ces notes de frais pour l’année 2017 sont si importantes au regard de ce dernier, c’est qu’elles correspondent justement à l’année où la Ville de Paris a été désignée pour l’organisation des Jeux olympiques de 2024. Anne Hidalgo avait alors multiplié les déplacements à travers le monde pour soutenir la candidature de la Ville Lumière. « Je ne comprends pas pourquoi des fonctionnaires payés par le contribuable peuvent agir ainsi, et espérer se soustraire jusqu’au bout à leurs obligations de transparence », a ainsi indiqué au Figaro Stefan de Vries.

La mairie de Paris a envoyé un mail ce jeudi 9 mars à Stefan de Vries, à la suite de la révélation publique de cette affaire par le Figaro. Elle convie à un rendez-vous le journaliste dans deux semaines.

Suite à la publication de l'article de @PaulSugy ce matin, la mairie m'a envoyé un mail (le 1er en 5 ans !) en effet dans lequel elle me 'convie à un rendez-vous' dans 2 semaines en chair et en os. Ergo : le délai n'est pas respecté.

— Stefan de Vries (@stefandevries) March 9, 2023

 

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[Stainville] Lagasnerie, Rousseau, Boyard… le grand endoctrinement continue

Au micro de Léa Salamé sur France Inter, Geoffroy de Lagasnerie déplore qu’existe encore un ministère de la Famille plutôt qu’un ministère de l’amitié. Il va même encore plus loin et rêve de substituer aux allocations familiales existantes des allocations amicales. Les propos du jeune sociologue provoquent le rire du studio : c’est vrai qu’on n’avait rien entendu de plus stupide depuis le dernier passage de Sandrine Rousseau.

Leurs ricanements d’aujourd’hui sont la pensée dominante de demain.

Passons sur le fait qu’Emmanuel Macron a déjà largement donné satisfaction à notre sociologue de salon : le ministère de la Famille a été supprimé et malgré un gouvernement pléthorique de 41 membres, il n’y a trace d’un secrétariat d’État à la Famille… Reste qu’on aurait tort de penser que les seuls ricanements de Léa Salamé et de ses complices d’antenne du “sévice public” suffisent à discréditer la pensée adulescente de Geoffroy de Lagasnerie. Leurs ricanements d’aujourd’hui sont la pensée dominante de demain. D’autant plus sûrement que Geoffroy de Lagasnerie a son rond de serviette dans la matinale de France Inter.

Souvenez-vous. Il n’y pas encore si longtemps – nous sommes en 2018 – Daniel Schneidermann qui a réuni des représentants du milieu gay et lesbien pour évoquer la prochaine marche des fiertés, s’étonne qu’aucune femme ne soit présente sur le plateau de son émission Arrêt sur images. Arnaud Gauthier-Fawas, administrateur de l’Inter-LGBT, s’agace. « Je ne suis pas un homme, monsieur ». Et tandis que Daniel Schneidermann, déconcerté, affiche son scepticisme, Arnaud Gauthier-Fawas lui fait la leçon. « Il ne faut pas confondre identité de genre et expression de genre ». Plus tard, le même invité défendra le plus sérieusement du monde qu’il n’est pas un homme blanc. En cinq ans, il n’est plus un ado qui n’a pas adopté et intégré ce vocable – cis, bi, non-binaire et plus si affinités, racisé et non-racisé – et l’écriture inclusive, quoiqu’officiellement proscrite, n’en finit pas de s’imposer dans les universités, achevant la grande déconstruction programmée de nos identités au profit d’une pensée liquide.

« La dévastation de l’ancienne raison » est devenue « une commande sociale », assurait déjà Philippe Muray. Et le pire, décodait-il : « ce travail, qui aurait semé l’épouvante de l’humanité des temps héroïques, est accueilli désormais avec des cris de joie ».

On en viendrait presque, comme le personnage central de la Mise à Mort d’Aragon, s’écrier : « Quel désordre mon dieu, quel désordre ! Il n’y a pas que moi qui ai perdu mon image. Tout un siècle ne peut plus comparer son âme à ce qu’il voit, et nous nous comptons par millions qui sommes les enfants égarés de l’immense divorce. » Car le propre de ces inepties est de surgir dans des sociétés qui ont aboli les repères – la religion hier, la famille aujourd’hui. Tous les outils de la transmission ont été méthodiquement détruits : l’école, la langue que l’on ne cesse de martyriser, la morale, le nature enfin qui nous assignerait à résidence biologique. Il faut entendre Sandrine Rousseau s’époumoner à l’Assemblée nationale contre ceux qui voudraient que le gouvernement mène une politique nataliste. « Le ventre des femmes n’est pas la variable d’ajustement de notre système des retraites. » Qui alors ? Les hommes enceints ? Les immigrés ?

« La dévastation de l’ancienne raison » est devenue « une commande sociale », assurait déjà Philippe Muray. Et le pire, décodait-il : « Ce travail, qui aurait semé l’épouvante de l’humanité des temps héroïques, est accueilli désormais avec des cris de joie. » Au lieu d’être remis à sa place par un éditeur jaloux de sa réputation, Geoffroy de Lagasnerie est publié. Mieux, il est célébré par une petite intelligentsia, reçu à la radio, écouté comme Bourdieu en son temps. Sandrine Rousseau est députée, tout comme Louis Boyard. Cette génération qui assume de n’être les enfants de personne a pris le pouvoir sur une partie de la jeunesse. Le grand endoctrinement continue. À marche forcée. À grand renfort d’excommunication et de challenge sur Tik-Tok. « Le but de la gauche, c’est de produire des fractures. Je suis contre le paradigme du débat », assumait voilà trois ans Geoffroy de Lagasnerie, toujours sur France Inter. On est en droit de redouter les conséquences.

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Sables d’Olonne : l’Archange Saint-Michel devant le Conseil d’Etat

La statue de l’archange Saint-Michel, aux Sables-d’Olonne, échappera-t-elle au déboulonnage ? Ce jeudi 9 mars, le Conseil d’État doit se prononcer sur le pourvoi formé par la commune afin de sauver la sculpture. Installée en octobre 2018 sur le parvis de l’église Saint-Michel, elle est depuis dans le collimateur de l’association La Libre pensée, pour qui la présence d’un symbole religieux sur un emplacement public n’est pas acceptable. À deux reprises déjà, en première instance en décembre 2021 puis devant la cour administrative d’appel de Nantes en septembre 2022, la justice a donné raison aux militants laïcards. Devant le conseil d’État, la commune des Sables d’Olonne joue donc son va-tout.  

La commune des Sables d’Olonne demande désormais au Conseil d’Etat de casser cet arrêt au nom d’un vice de procédure. Maître François-Henri Briard, avocat au Conseil d’Etat et à la Cour de cassation défendra demain les intérêts de la commune des Sables d’Olonne et de la statue. Il explique que « les signes ou emblèmes revêtants des significations multiples, notamment religieuses, peuvent en France légalement trouver leur place dans l’espace public », citant par exemple le cas de certaines crèches de Noël. A cet égard, cette statue de Saint-Michel, « de dimension modeste, ne comporte aucun signe ou référence à caractère religieux ». 

« Un élément global du patrimoine français »

Il s’agira donc demain pour l’avocat de défendre la valeur culturelle, historique et patrimoniale de la statue : « Elle est installée dans le quartier Saint-Michel, fabriquée par une fonderie spécialisée dans les statues profanes, républicaines et militaires. » Au-delà de la commune vendéenne, la figure de Saint-Michel est « un élément global du patrimoine français », assure-t-il. Et de s’interroger : faudrait-il rebaptiser le Mont-Saint-Michel pour satisfaire la Libre pensée ? 

Autre preuve que la figure de Saint-Michel déborde de la stricte obédience chrétienne, l’archange est le saint-patron des parachutistes, « une figure patriotique chérie par les militaires qui assurent la sécurité des Français, et en particulier des parachutistes ». Maître Briard représentera donc également Monsieur Abdel Rahman, un ancien parachutiste de culte musulman, très attaché à la figure de l’Archange Saint-Michel et à sa présence dans l’espace public.  

« Tel est exactement le cas de Saint-Michel, intimement lié à l’histoire et à la culture de la France. »

Maître Briard appuiera son propos sur ceux d’Aristide Briand, chantre de la laïcité française et père fondateur de la loi de 1905, actant la séparation des Églises et de l’Etat. Aristide Briand, interrogé sur la possibilité d’ériger, en dehors de toute exposition, des statues d’hommes saints ayant une stature historique sur le domaine public, avait répondu à l’affirmative, quand bien même ils seraient représentés avec leurs attributs, une Bible à la main ou une croix autour du cou. Il émettait pour seule condition que la dimension religieuse ne prenne pas le pas de façon décisive sur l’hommage historique. « Tel est exactement le cas de Saint-Michel, intimement lié à l’histoire et à la culture de la France », soutient maître Briard.  

Interrogé sur l’issue la plus probable demain, maître Briard reste prudent. Il rappelle que le taux d’admission devant le Conseil d’Etat est d’environ 25 %. Cependant, la statue ne mesure que 1m90, ce qui joue, à ses yeux, plutôt en faveur de son maintien. L’avocat aime à rappeler les propos de Jean-Marc Sauvé, ancien vice-président du Conseil d’Etat, qui disait en 2016 lors d’une conférence : « Le législateur de 1905 n’a pas poursuivi de sa vindicte l’héritage culturel issu des religions chrétiennes. » Reste que le déboulonnage d’une statue de Saint-Jean-Paul II, à Ploërmel en 2018, n’est pas pour rassurer les défenseurs de Saint-Michel. 

Quoi qu’il en soit, maître Briard sera bien présent demain au Conseil d’Etat pour défendre les partisans de Saint-Michel : « Je me battrai pour que cette statue reste à sa place. » 

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Un pédocriminel afghan, expulsé du Royaume-Uni, tente de nouveau de franchir la Manche

Il se dit « déterminé » à rejoindre le Royaume-Uni. Plusieurs médias britanniques dont le Times et le Daily Mail se font l’écho de ce migrant afghan qui attendait dans un camp français pour embarquer à bord d’un navire en direction du Royaume-Uni. Ce dernier avait été expulsé en Afghanistan en 2019 après avoir purgé une peine de cinq ans pour avoir violé une fillette de 12 ans.

En 2014, Emal Kochai a été reconnu coupable du viol d’une jeune fille de 12 ans à Reading, dans le Berkshire, et condamné à neuf ans de prison. Il a été renvoyé en Afghanistan en 2019 après avoir purgé la moitié de sa peine.

Il affirme avoir « changé »

Or, selon le Times, le pédocriminel de 28 ans vit maintenant dans un camp de migrants situé à Grande-Synthe, près de Dunkerque. Lundi 6 mars, il a tenté de monter à bord d’un bateau afin de rejoindre le Royaume-Uni, une traversée écourtée par l’arrivée de la police. Emal Kochai a expliqué aux journalistes du Times qu’il souhaitait de nouveau rejoindre le Royaume-Uni, et de préciser qu’il avait « changé » depuis son incarcération. Il a également affirmé qu’il était « déterminé » à faire sa vie au Royaume-Uni.

Une source au sein du ministère de l’Intérieur britannique a expliqué au Times que le cas de Emal Kochai démontre l’urgence de mettre en place des solutions pratiques pour empêcher les criminels étrangers de rejoindre le Royaume-Uni.

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D’idiot utile à favori désigné, le nouveau statut piège du Rassemblement national

Deux jours de visite, syndicats et élections européennes : les enjeux de la tournée de Jordan Bardella au Salon de l’agriculture

Face aux propos de Rima Abdul-Malak, des personnalités prennent la défense de CNews

Menaces, motions et “bordélisation”: les débats sur la réforme des retraites s’ouvrent dans une ambiance éléctrique

Au Parti socialiste, l’emmerdant c’est la rose

Faure contre Mayer-Rossignol, le fiasco socialiste

Le RN de nouveau au complet à l’Assemblée ?

Sectarisme des syndicats et absence de culture de manif’ : le Rassemblement national face au défi de la rue

[Entretien] Patrick Stefanini : “Expulser un clandestin ou un délinquant étranger est devenu un parcours du combattant qu’il faut démanteler ”

Tractation, opposition et 49-3 : les enjeux d’une réforme des retraites explosive

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Bordeaux : Philippe Poutou a recruté sa compagne comme collaboratrice de son groupe d’opposition municipal

Il revendiquait pourtant l’exemplarité politique. Après ses coups d’éclat remarqués pendant la campagne présidentielle, l’ancien candidat Philippe Poutou est aujourd’hui conseiller municipal d’opposition à Bordeaux. Celui qui fustigeait le couple Fillon dans l’affaire des emplois fictifs n’a pourtant pas hésité à recruter sa compagne comme collaboratrice de groupe. Un recrutement, dans les faits, légal, mais qui ne manque pas d’interroger les conseillers municipaux de la ville de Bordeaux, comme le rapporte France 3 Régions, jeudi 9 mars.

Le député de la 1re circonscription de la Gironde, Thomas Cazenave, s’est grandement étonné de cette situation singulière. « Il existe des interdictions d’emplois des membres de sa famille pour les parlementaires ou les exécutifs nationaux et locaux » a-t-il expliqué, avant d’ajouter que « cette règle devrait aussi s’appliquer aux groupes d’élus ».

Tant que c’est légal…

Philippe Poutou, lui, assume totalement. « On a droit à deux mi-temps de collaborateurs de groupe. Et depuis quatre mois, on a renouvelé un des deux contrats, celui de ma compagne », indique le chef de file de Bordeaux en Luttes. Une situation qu’il estime être totalement « transparente » et légale, assurant même que « la mairie de Bordeaux et Bordeaux métropole ont validé, en toute connaissance de cause ». Le choix de sa compagne comme collaboratrice serait avant tout pour des raisons pratiques, assure-t-il, et ajoutant que ce poste « ingrat » n’est rémunéré qu’à « environ 1 000 euros net » en mi-temps.

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BBC

Pictures from above: What a bird's eye view of Africa reveals

For the past 40 years, Edward Burtynsky has photographed the impact of human industry on the planet and for his latest collection, African Studies, he travelled across the continent taking photos from above. He spoke to the BBC's Mary Harper.

In many ways it was China that got me interested in turning my attention to the African continent.

About 20 years ago, I photographed the extraordinary explosion of manufacturing in China, factories and all.

Carbon copies of these factories are now popping up across the continent and the resemblance to what I saw decades ago is uncanny.

As China moves towards becoming a service economy, it is relocating its mega-factory floors to countries like South Africa, embarking on huge infrastructure projects and extracting the continent's resources to fuel its growth.

Most of these photos were taken from the sky, from planes, helicopters and drones.

They reveal the design, structure and scale of the marks humans inscribe on the earth, the extraordinary vistas not visible from ground level.

Like the extractive industries, agriculture also throws up abstract images when seen from above.

I wonder if tea pickers and rose growers are aware of the extraordinary geometry and symmetry of the fields they work in.

Those who work on the land, whether fertile or parched, sometimes transform its beauty but do not destroy it.

In South Africa, farmers try to hold back desertification by ploughing great ruts in the earth which collect water when it rains, allowing plants and trees to grow in a hostile environment.

The land across Africa is replete with resources, some extracted with modern technology, others using techniques that are centuries old.

In Ethiopia, it was like stepping back in time as people harvested salt with pickaxes in temperatures of 50C.

Every day the salt is loaded onto camels, the ships of the desert.

We had to give up on our GPS instruments in Danakil. As it is about 125m below sea level the devices became confused, thinking we were operating under the ocean.

One of the highlights of my journey was a visit to the salt ponds of Senegal, West Africa's largest producers of salt.

Harvesters dig shallow depressions by hand which are then filled with salt water from nearby canals.

Once the water has evaporated, minerals, pigments and various algae combine with reflections of the sky to create a spectacle for the eye. The intricate, organic structures become almost hypnotic.

The stark result of corporate profiteering, poverty, ingenuity and ruthless piracy in the oil-rich Niger Delta easily ranks as one of the most profoundly disturbing, devastated landscapes ever created by humankind.

Coming to grips with the experience of that landscape was a major turning point in my understanding about the degree to which we as a species are capable of defiling our planet.

A striking difference between Chinese and African factories is that in Africa the essential workforce is from the local towns and villages while most often the floor bosses and site managers are Chinese.

With populations drifting to find work in the cities, China has embarked on a fever of construction often encroaching on precious rural land.

The Tsaus Mountains of the Sperrgebiet in Namibia are some of the most hauntingly beautiful land formations I have ever photographed.

Their topographic structures and richness of colour seemed to transcend the idea of landscape altogether and enter into a purely abstract realm.

Homo sapiens began migrating out of Africa some 200,000 years ago. Fast forward to the 21st Century and we have come full circle, returning to one of the last places on earth to be swept into the unrelenting machinations of the human industrial complex.

The African continent is a fragile, final frontier.

Copyright: Edward Burtynsky, courtesy of Flowers Gallery, London/Hong Kong and Metivier Gallery, Toronto

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Education nationale : les chiffres des atteintes à la laïcité seraient sous-évalués, selon un syndicat

La laïcité est menacée dans le milieu scolaire, d’autant plus que la gravité de la situation est sous-estimée. Ce sont les conclusions d’une enquête menée par le Syndicat national des personnels de direction de l’Éducation nationale (SNPDEN) et dont les résultats sont repris par Le Figaro ce mercredi 8 mars.

La première organisation syndicale chez les directeurs d’établissement du second degré (collèges, lycées) et leurs adjoints a interrogé ses adhérents sur les violations commises par les élèves sur le sujet de la laïcité à l’école.

Les résultats sont édifiants. En effet, depuis le début de l’année 2023, 42 % des sondés (72 % dans les lycées technologiques) ont constaté la présence de tenues qui peuvent être « utilisées dans le cadre d’une pratique religieuse », c’est-à-dire des qamis et des abayas. Fort heureusement, la ruralité est relativement épargnée par ce phénomène, alors que les banlieues des grandes métropoles sont fortement touchées.

Doute sur la fiabilité des statistiques de l’Education nationale

Fait plus inquiétant encore, selon l’enquête du SNPDEN, de nombreuses atteintes à la laïcité ne sont pas remontées aux rectorats par les chefs d’établissement. Ainsi, 42 % des incidents liés à des élèves portant des tenues religieuses ne sont pas communiqués aux services de l’Education nationale, 71 % pour les refus de participation aux cours d’EPS ou de natation.

Le Figaro note ainsi que ces résultats jettent un voile sur les chiffres des atteintes à la laïcité au sein du milieu scolaire, publiés chaque mois par le ministère de l’Education nationale. Le dernier bilan, publié début février, recensait 363 signalements en décembre et 280 en janvier sur l’ensemble du territoire.

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Nice : l’Université Côte d’Azur annule à la dernière minute une conférence avec Stanislas Rigault

Une fois n’est pas coutume. Alors qu’une conférence en présence de Stanislas Rigault, président de Génération Z devait avoir lieu ce jeudi 9 mars à l’université Côte d’Azur, celle-ci s’est vue purement et simplement annulée au dernier moment. C’est sous prétexte de « risque de troubles à l’ordre public » que le Président de l’université de droit a annoncé l’annulation de cette conférence consacrée aux « jeunes et l’engagement politique ».

L’association étudiante UNI 06 qui organisait cet évènement s’est indignée de cette censure dans un communiqué, indiquant que « l’Université Côte d’Azur se couche devant l’extrême gauche ». Pour le mouvement étudiant, « cette décision intervient dans un contexte où plusieurs mouvements d’extrême gauche ont menacé l’université et l’UNI et ont fait pression pour que le débat démocratique et le pluralisme n’aient pas lieu au sein de l’université ». 200 étudiants devaient assister à l’évènement, mais ces derniers ne pourront y assister, alors même que les organisateurs de la conférence n’ont été prévenus qu’à « quelques heures seulement » de sa tenue.

Petits compromis avec la liberté d’expression

Stanislas Rigault s’est exprimé sur l’annulation de ce débat dans Nice-Presse. Il se dit « particulièrement choqué par cette soumission à l’extrême gauche », alors même qu’Éric Zemmour a particulièrement été plébiscité à Nice, avec un score de 14 % à l’élection présidentielle de 2022. Le président de Génération Z a annoncé qu’ils allaient établir un référé liberté, afin de « rétablir un semblant d’équité […] face aux petits groupuscules d’extrême gauche ».

🔴 L’université Côte d’Azur décide d’annuler le débat prévu ce soir avec @stanislasrig de @Reconquete_off à la Fac de droit pour éviter des troubles. Il réagit en exclu dans Nice-Presse et annonce une action en justice 👇.@Univ_CotedAzur @P_Vardon @JeanMoucheboeuf @cgtcampus06 pic.twitter.com/bqncnwa34J

— Nice-Presse (@NicePresse) March 9, 2023

 

De son côté, l’association UNI 06 a demandé au Président de l’Université Côte d’Azur de revenir sur sa décision « au nom de la liberté d’expression, faute de quoi l’image de l’Université en sera cruellement entachée ».

 

Nice : les dernières actualités

Nice : blâmée au sujet de la venue d’un proche d’Eric Zemmour, l’université Côte d’Azur défend la liberté d’expression

Menaces, agressions physiques… : à Nice, une octogénaire harcelée par des dealers dont elle avait dénoncé les trafics

Nice : un chauffard s’enfuit après avoir mortellement percuté un piéton sur la promenade des Anglais

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Japanese Cooperation Ready to Ignite Africa’s Recovery

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Issued on: 29/06/2022 - 19:54

JICA

The fading of the Covid-19 emergency heralds a new dawn for free trade and economic integration in Africa. The key to success, says the Japan International Cooperation Agency (JICA), is that Africans chart their own path forward in partnership with the international community.

"Regional integration is key to the continent’s future resilience”, said Toshiyuki Nakamura, Senior Vice-President of JICA during a high-level symposium in Johannesburg on 21 June. Panellists from JICA, the African Union Development Agency (AUDA-NEPAD), the United Nations Development Programme (UNDP) and the African Development Bank (AfDB) debated how to reignite economic integration on the continent following the pandemic, which disrupted the developmental ambitions of African nations.

The event formed part of the lead-up to the 8th Tokyo International Conference on African Development (TICAD8) on 27 and 28 August. Established in 1993, TICAD is Japan’s flagship initiative to support Africa’s growth. Held in partnership with the African Union Commission, the United Nations, the UNDP and the World Bank, this open forum brings together African countries, international organizations, private companies and civil society for Africa’s development.

Japanese-led cooperation, outlined by JICA at the symposium, aspires to accelerate Africa’s recovery with infrastructure development and policy reforms to achieve the goals defined in Agenda 2063 of the African Union. In his keynote speech, H. E. Norio Maruyama, Ambassador of Japan to South Africa, emphasized the two pillars of Japanese investment in Africa: “Ownership and partnership.”

For Nakamura, the shift from aid to ownership and partnership has allowed the continent to become attractive for the markets, inviting private and public capital.

Africa - Budding Heavyweight of Free Trade

The symposium looked ahead to the implementation of the landmark African Continental Free Trade Area (AfCFTA), which entered into force in May 2019 and is expected to reshape international trade. The agreement covers nearly all African Union (AU) countries, connects 1.3 billion people, and has the potential to lift 30 million people out of extreme poverty, according to the World Bank.

“In the post-crisis world, Africa must have its place at the table”, said George Kararach, Lead Economist at the AfDB. Ayodele Odusola, Resident Representative of UNDP South Africa and Director of the UNDP’s Finance Sector Hub for Africa, concurred, saying it was time for Africa to rethink trade. “African countries do not consume what they produce, and they do not produce when it comes in. We need to really think this one around."

The AfCFTA will be the world’s largest free trade area in terms of number of countries. Its realization will include multi-million infrastructure projects and multilateral agreements.

Its success will depend on the resilience of institutions and policies, said Odusola. Nakamura echoed this point, noting that the road ahead would need to include “enhancing productivity and improving the business environment to invite investments.” The panel also emphasized the fundamental importance of investing in quality infrastructure, an area of active JICA support across the continent, under the flagship Program for Infrastructure Development in Africa (PIDA), and to strengthen start-ups and small businesses.

Streamlining Customs Procedures - A Key to African Prosperity

Central to facilitating trade are One Stop Border Posts (OSBPs), which reduce the time and cost of moving people and goods across borders by placing customs procedures under one roof. Nearly 120 such posts are in operation across Africa, with 14 receiving support from JICA.

At the symposium on June 21, AUDA-NEPAD launched the Third Edition of the OSBP Sourcebook. This operational guide for OSBPs jointly produced by JICA and AUDA-NEPAD has become an invaluable resource for the promotion of free trade in Africa.

Third Edition of the OSBP Sourcebook © JICA

“The third edition comes at a significant time for us”, said Dr. Towela Nyirenda Jere, Head of Economic Integration, AUDA-NEPAD, in announcing the Third Edition. “We have yet to take full advantage of the economies of scale that greater market integration can provide. Against this backdrop, OSBPs are central to enhancing interconnectivity and to deepening regional market integration.”

TICAD8 - An Integrated Approach to Resolving Africa’s Challenges

During TICAD8 in August, public and private stakeholders will address the unprecedented recession of Africa’s economy as a result of Covid-19 and global financial instability. A developing continent, Africa is particularly vulnerable to financial fluctuations in foreign markets, geopolitical and health crises.

TICAD has stressed the importance of African ownership in the development process since its inception and promoted concerted efforts to meet the objectives of Agenda 2063, the African Union’s blueprint “to achieve inclusive and sustainable socio-economic development”.

“When talking about economic integration we must also consider health, education, social networks and other factors. We need an integrated approach. This is the basic concept of TICAD”, explained Nakamura.

Through the years, JICA has contributed to the economy, society, peace and stability of the continent. Its offices in 31 African countries strive to diversify industries, create jobs and promote innovation and investments. Among its flagship achievements is the Corridor Development initiative, which has contributed to robust and inclusive economic growth in targeted regions in North, West and Southeast Africa by effectively combining infrastructural, institutional, industrial and social development under a long-term plan.

Across these activities, JICA’s approach has always centered on empowering African people to take charge of their own future. TICAD8 will provide possibilities not only to strengthen the international community’s partnership with Africa, but also Africa’s role and influence in the world.

“TICAD has really given us an opportunity”, said Odusola. “It is one of the few win-win partnerships on the continent.”

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Learn more about JICA’s projects and operations at www.jica.go.jp/TICAD/en/index.html

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Valeurs Actuelles

Grenoble : un parent d’élève armé d’un couteau sème la panique dans une école primaire

Il a semé la terreur auprès du corps enseignant et des parents et enfants présents. Mardi 7 mars, un père de famille est arrivé armé d’un couteau, devant l’école primaire Léon-Jouhaux à Grenoble où est scolarisé son enfant. Comme le relaie France Bleu Isère mercredi 8 mars, il n’a pas hésité à s’en prendre à un élève en le menaçant de mort : « Je vais te couper la tête. » Ces menaces ont été proférées à la suite d’une dispute entre cet élève et le fils de l’agresseur. 

Une mère de famille menacée et suivie 

Le différend est survenu lundi dans la cour de récréation, alors que les deux garçons de 8 ans jouaient au football. La situation a été rapidement réglée par les enseignants, mais a provoqué la colère du père de l’un des enfants. En plus de s’en être pris au petit garçon, l’homme a également menacé une mère de famille qui tentait de s’interposer. Il l’aurait même suivie en courant, a affirmé la femme à France Bleu Isère. Depuis, elle craint de sortir de chez elle puisque l’individu réside dans le même secteur, le quartier Teisseire. Contacté par France Bleu Isère, le père de l’enfant menacé avec un couteau a déploré le fait que son fils était traumatisé et ne voulait plus aller à l’école. 

Déjà à l’origine d’autres agressions 

Des plaintes ont été déposées contre cet homme qui a été placé en garde à vue. À l’issue de son interpellation, il a reçu une convocation devant le délégué du procureur de la République pour une alternative aux poursuites, indique France Bleu Isère. Cela n’empêche pas les parents d’élèves de craindre que les tensions ne s’enveniment puisque cet homme est déjà l’auteur de plusieurs agressions commises l’année dernière. Une pétition a été lancée par les parents. 

Grenoble : les dernières actualités

Grenoble : des bijoux de la princesse Mathilde Bonaparte dérobés au musée Hébert

Refus d’obtempérer à Grenoble : percuté par un individu à bord d’un scooter volé, un policier perd une phalange

Grenoble : un jeune de 17 ans tué par balles dans un salon de coiffure

Valeurs actuelles Hors Série : Ressusciter le patrimoine français

Valeurs actuelles Grands Débats : Wokisme, la nouvelle tyrannie

Valeurs actuelles Hors-série : Les moines

Valeurs Actuelles

“J’ai immédiatement pensé à Samuel Paty” : un professeur insulté et menacé par le père d’un élève qu’il avait puni

Une plainte déposée

Une crainte pour la sécurité

Bouches-du-Rhône : les dernières actualités

Manifestation à Marseille : une vingtaine de policiers agressés, une personne arrêtée

Marseille : quatre fusillades dont une mortelle en moins de dix jours

Déploiement de la CRS 8 à Marseille : l’habile coup de com’ de Gérald Darmanin

Valeurs actuelles Hors Série : Ressusciter le patrimoine français

Valeurs actuelles Grands Débats : Wokisme, la nouvelle tyrannie

Valeurs actuelles Hors-série : Les moines

Valeurs Actuelles

Vasectomie : la tendance de la stérilisation au masculin

Dans une vidéo publiée par Street Press en 2021, Christophe-Cécil, journaliste du site web âgé de 30 ans, explique les raisons pour lesquelles il a eu recours à une vasectomie. Faisant état de ce qu’il appelle un « pessimisme écologique », il ne se voit pas « avoir un enfant dans un monde qui peut être amené à disparaître ». S’il a choisi la stérilisation, c’est aussi pour éviter de « faire porter le poids de la contraception sur [sa] compagne ». Celui qui est désormais stérile n’oublie pas de faire un reproche à la société française, qui, selon lui, « ne voulait pas qu’[il] touche à [ses] testicules et [sa] virilité ».

Comme Christophe-Cécil, le nombre d’hommes qui franchissent le pas de la vasectomie ne cesse de croître. Alors qu’en 2010, un peu plus de 1900 hommes y avaient eu recours en France, d’après les chiffres de l’assurance maladie, ils étaient plus de 23 000 en 2021. Soit une multiplication par dix en une dizaine d’années seulement. Le reportage Vasectomie, ça va faire mâle, réalisé par Jean-François Marquet et diffusé sur France 3 le 12 janvier 2023, montre comment se déroule le processus. Après une consultation chez un urologue, le patient, qui doit être majeur, bénéficie d’un délai de réflexion de quatre mois, au terme duquel il pourra être opéré. Dans le centre présenté par le documentaire, au CHU de Nantes, les médecins généralistes pratiquent environ 60 vasectomies par an, une opération prise en charge par la sécurité sociale.

La stérilisation a « quelque chose d’effrayant » puisqu’elle « gèle la vie ».

Dans ce même reportage, Nicolas, 36 ans, parle de la vasectomie comme d’un « moyen de contraception sur la même ligne qu’un préservatif, un stérilet, une pilule ». Ce n’est pourtant pas une opération à prendre à la légère. Souvent comparée à la contraception féminine, la vasectomie est en fait irréversible. Comme l’explique Marie-Estelle Dupont, psychologue clinicienne, la stérilisation a « quelque chose d’effrayant » puisqu’elle « gèle la vie ». De fait, s’il est possible d’avoir recours à la vasovasostomie pour recouvrer la fertilité, l’intervention est néanmoins compliquée et son taux de réussite ne dépasse pas les 50%.

Face à la vasectomie et à ce qu’elle implique, se pose la question du regret. Ne pas souhaiter d’enfant à un instant T doit-il être un choix définitif ? Dans les témoignages des hommes qui ont fait le choix de la stérilisation, on observe quelques contradictions. Dans une vidéo de La Maison des Maternelles diffusée en novembre 2020, Xavier, qui a déjà 4 enfants avec sa compagne, explique avoir eu recours à la vasectomie car il ne souhaite pas de cinquième enfant. Il indique néanmoins avoir choisi de conserver ses gamètes : « psychologiquement, je suis rassuré […] en me disant que si un jour je veux ravoir des enfants ou si je dois refaire ma vie avec quelqu’un d’autre, au moins j’ai cette solution ». Thomas, jeune homme célibataire qui s’est confié au micro de France 3, assure de son côté se « [moquer] totalement que [ses] gênes se perpétuent ». avant de préciser qu’il veut congeler ses spermatozoïdes : « Avoir des enfants n’est pas une priorité, mais par contre ce n’est pas quelque chose que je rejette non plus. »

Brigitte Legrais-Lechat, conseillère conjugale et familiale au centre de planification du CHU de Nantes qui apparaît dans le documentaire de Jean-François Marquet, soutient l’idée de la vasectomie. Pourtant, ses propos inquiètent plus qu’ils ne rassurent. Selon elle, « même si le jeune garçon [qui a recours à la vasectomie, NDLR], si c’est son choix, même s’il regrette, ça lui appartient. S’il a un deuil à faire, c’est sa vie. Si à un moment donné il vient dire qu’il a réfléchi, qu’il ne veut pas d’enfant, que ça correspond à une démarche, que ça fait un moment qu’il y pense, je ne vois pas pourquoi on n’accèderait pas à sa demande. »

Des raisons idéologiques à la vasectomie

Si de nombreux hommes font le choix de la stérilisation, c’est aussi pour des raisons idéologiques. Vous connaissiez les Dinks (double income no kids, en français “deux revenus pas d’enfants”), qui considèrent les enfants comme des éléments gênants les empêchant de profiter de la vie ? Voici les Ginks (green inclinations no kids “penchant écolo pas d’enfants”), qui ne souhaitent pas avoir d’enfant pour pallier l’explosion démographique mondiale et ainsi faire face à la crise écologique. Dans une vidéo publiée par Konbini en 2019, Sereb expliquait à Hugo Clément avoir eu recours à la vasectomie par souci de préservation de la planète : « Avoir un enfant, c’est rajouter un consommateur et donc un impactant en plus. » Le militantisme se teinte également, parfois, de féminisme. Adrien, 36 ans, explique au Parisien, en mai 2022, s’être tourné vers la stérilisation : « J’ai décidé de faire une vasectomie en me rendant compte d’une injustice : la charge contraceptive est le plus souvent réservée aux femmes ». Il estime que les « hommes cisgenre » ne sont « pas du tout assez poussés vers la contraception ». Dans le documentaire Vasectomie, ça va faire mâle, Thomas revendique également la portée militante et politique de son choix : « Oui, c’est l’objectif en tout cas. »

Si en France, la vasectomie séduit de plus en plus d’hommes, à l’étranger, cette pratique est rentrée dans les habitudes, en particulier dans les pays anglo-saxons. Dans son livre Histoire intime et politique d’une contraception au masculin, publié en 2021, Elodie Serna indique qu’en Australie, 25 % des hommes de plus de 40 ans auraient recours à cette pratique. Un chiffre qui monte jusqu’à 44% en Nouvelle-Zélande. Des pays dans lesquels les cas de stérilisation masculine seraient supérieurs à la stérilisation des femmes. Surtout, celui qui fait le choix de la vasectomie est perçu comme un quasi-héros. En témoigne le cas de Roque Segade-Vietito, trentenaire britannique marié et père de deux enfants qui, un 14 février 2003, diffuse en direct son opération à la radio. Un acte qu’il qualifie comme « la chose la plus romantique qu’[il a] jamais faite ».

Valeurs actuelles Hors Série : Ressusciter le patrimoine français

Valeurs actuelles Grands Débats : Wokisme, la nouvelle tyrannie

Valeurs actuelles Hors-série : Les moines

Valeurs Actuelles

Poitiers : un réfugié érythréen écroué après avoir défenestré sa femme enceinte du 5e étage

En milieu de matinée, lundi 6 mars, des agents de la Direction centrale de la Sécurité publique (DDSP) de la Vienne se sont vus signaler la défenestration d’une habitante de Poitiers. D’après une source policière, cette femme de nationalité érythréenne, enceinte de cinq mois, a chuté depuis le balcon de son appartement situé au 5e étage, place Jean Le Bon. Inconsciente et grièvement blessée, elle n’a pas pu être ranimée par les secours.

Une dispute amoureuse

Son conjoint a reconnu l’avoir sciemment poussée du balcon de leur logement sur fond de jalousie, a-t-on appris. L’homme a assuré avoir découvert les infidélités de sa compagne. Sous le coup de la colère, il l’aurait alors soulevée pour la jeter de la fenêtre de l’appartement conjugal. La police a placé cet individu en garde à vue. Il a été identifié comme étant un réfugié érythréen, né en Ethiopie, en situation régulière sur le territoire français et inconnu des services de police.

Une enquête ouverte

Le parquet de Poitiers a ouvert une enquête confiée au Service de police judiciaire (SPJ) de la ville. L’autopsie de la victime n’a révélé aucune trace de lutte, ni de marque de strangulation, confirmant le lien entre le décès et la chute de la femme enceinte, qui se trouvait en situation régulière sur le sol français sous le statut de demandeur d’asile. Le conjoint a été déféré devant un magistrat instructeur ce jeudi 9 mars, avant d’être mis en examen et écroué.

Poitiers : les dernières actualités

Agri-bashing : dans la Vienne, les agriculteurs se rebiffent

Poitiers : controverse autour du financement public d’ateliers de désobéissance civile

[Vidéo] « Sales blanches » : des militantes de l’UNI agressées et menacées à l’université de Poitiers

Valeurs actuelles Hors Série : Ressusciter le patrimoine français

Valeurs actuelles Grands Débats : Wokisme, la nouvelle tyrannie

Valeurs actuelles Hors-série : Les moines

Valeurs Actuelles

Aveyron : une opération “péage gratuit” dégénère à Millau

Une trentaine de manifestants, selon des chiffres communiqués par la préfecture de l’Aveyron, se sont rassemblés dans la matinée du mercredi 8 mars au niveau du péage du viaduc de Millau. Ils entendaient mener une opération de « péage gratuit » pour protester contre la réforme des retraites du Gouvernement. Une manifestation qui a dégénéré en affrontements avec les forces de l’ordre, relate Le Midi libre.

Les manifestants, qui incluaient plusieurs membres de la Confédération paysanne, se sont réunis au niveau du péage de Saint-Germain. Ils ont alors ouvert les barrières pour permettre aux automobilistes de s’engager gratuitement sur l’A75.

Deux personnes interpellées

Dépêchés sur place, les gendarmes ont demandé aux manifestants de se disperser. Le ton est vite monté entre les forces de l’ordre et les protestataires à la suite de quoi certains d’entre eux se sont couchés à même le sol. S’en sont suivies alors plusieurs empoignades, certaines assez violentes.

Les gendarmes répriment une opération péage gratuit au viaduc de #Millau sur la A75. Plusieurs blessés à déplorer. Un paysan serait hospitalisé #greve8mars #ReformeDesRetraites #BlocageDeLaFrance pic.twitter.com/QZ4VqNZ4T4

— Thibault Penet (@THBLT_Penet) March 8, 2023

« Ils ont voulu nous évacuer par la force, explique Sébastien Persec, le porte-parole de la Confédération paysanne de l’Aveyron interrogé par franceinfo. On a alors opposé une résistance pacifique, mais ils ont surenchéri. On n’avait jamais vu ça auparavant. »

Selon nos confrères, deux manifestants ont été interpellés par la gendarmerie, avant d’être relâchés en fin de journée. Trois autres ont été blessés, dont Christian Roqueirol, éleveur local et figure des luttes du Larzac. La préfecture indique aussi dans un communiqué que deux militaires ont été légèrement blessés.

Millau : les dernières actualités

Dans l’Aveyron, un policier met fin à ses jours en sautant du Viaduc de Millau

Vaccination obligatoire et arrêts maladie : l’hôpital de Millau veut contrôler ses soignants

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Valeurs Actuelles

Seine-Saint-Denis : un homme tire au fusil à pompe sur le commissariat de Clichy-sous-Bois

C’est une scène qu’on aurait pu croire tirée d’un film de Ladj Ly qui s’est déroulée à proximité du commissariat de Clichy-sous-Bois. Lundi 6 mars, plusieurs coups de fusil à pompe ont été tirés en direction du commissariat de la ville de Seine-Saint-Denis. Un individu, soupçonné des faits, a été interpellé alors qu’il prenait la fuite, selon des informations du Figaro.

Hier, vers 17h45, une patrouille de la brigade anticriminalité (BAC) est alertée par des effectifs de la surveillance générale de la sûreté ferroviaire (SUGE), qu’un individu armé a été aperçu prenant à la fuite à proximité de l’arrêt de tramway. Ce dernier aurait tiré plusieurs coups de feu sur la façade du commissariat à l’aide d’un fusil à pompe, détruisant au passage une des caméras de surveillance, avant de prendre ses jambes à son cou.

Un suspect qui laisse traîner des indices

Les agents de la force publique, alors à bord d’une voiture banalisée, se dirigent vers la cité du Chêne Pointu, résidence privée tristement connue pour être “la copropriété la plus dégradée de France ”, ainsi que le décor du film Les Misérables de Ladj Ly. Épaulés par une autre équipe de la BAC, les policiers se rendent sur place, où ils découvrent l’arme du suspect, laissée à l’abandon dans un hall d’immeuble. L’individu, retranché quelques étages plus hauts, est interpellé, mais clame qu’il sort simplement de chez lui. Une explication qui ne convainc pas les officiers de la BAC. Et pour cause, puisqu’ils remarquent que le suspect est « perlé de sueur et très essoufflé ». Après quelques minutes de fouille, les forces de l’ordre retrouvent, deux étages plus hauts, plusieurs habits laissés à l’abandon soupçonnés d’appartenir à l’individu et correspondant au signalement effectué par les membres de la SUGE. Le suspect a été interpellé et placé en garde à vue. Ce jeune homme de 21 ans, sans emploi, n’a pas expliqué les raisons de son geste. Une enquête a été ouverte et confiée au commissariat de Clichy-sous-Bois. Fort heureusement, aucun blessé n’est à déplorer.

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Toulouse : plusieurs policiers blessés après un refus d’obtempérer

Les refus d’obtempérer se multiplient en France, avec des conséquences qui peuvent être parfois dramatiques. Nos confrères de La Depêche se font ainsi l’écho de cet incident survenu mercredi 8 mars qui a vu des policiers ouvrir le feu sur un automobiliste qui leur a foncé dessus par suite d’un refus d’obtempérer.

Les faits se sont déroulés dans l’après-midi du mercredi 8 mars dans le quartier des Izards à Toulouse. Les policiers interviennent sur les lieux d’une altercation qui oppose deux automobilistes. Les fonctionnaires procèdent alors au contrôle des deux véhicules quand l’un des conducteurs a subitement démarré, tentant au passage d’écraser les policiers qui auraient ouvert le feu à trois reprises selon des témoins présents sur place. Le chauffard a réussi à prendre la fuite.

Deux individus interpellés

Selon nos confrères, plusieurs policiers seraient légèrement blessés. Après l’incident, les forces de l’ordre ont bouclé le quartier. Selon une source policière interrogée par France 3, les deux hommes présents dans la voiture, ont été interpellés et placés en garde à vue.

Toulouse : les dernières actualités

Toulouse : face aux incivilités, des sociétés privées désormais autorisées à verbaliser

“Shoot Zemmour, bordélisons le pays” : un amphithéâtre de l’université de Toulouse-Jean-Jaurès dégradé

Toulouse : dix individus jugés pour avoir inondé la Haute-Garonne de drogues

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Valeurs Actuelles

Metz : une femme poignardée devant la cathédrale

Une femme de 46 ans a été poignardée ce mercredi matin à Metz. L’agression a eu lieu devant la cathédrale, sur la place d’Armes.

Ce mercredi 8 mars, une femme de 46 ans a été poignardée à trois reprises, ce matin à 8 heures devant la cathédrale de Metz, en Moselle, relate CNews. La victime, blessée au flanc gauche, a été prise en charge et envoyée à l’hôpital, où des examens de santé doivent être pratiqués pour rendre compte de son état de Santé.

Le suspect a été interpellé et placé en garde en vue. Il serait le conjoint ou l’ex-conjoint de la victime, rapporte FranceInfo. Le procureur de Metz, Yves Baroc, a précisé à France Bleu Lorraine Nord que l’arme utilisée est un couteau et qu’une enquête pour « tentative d’assassinat » est ouverte et confiée à la sûreté départementale.

Une tragédie survenue en cette journée des droits des femmes

Le maire de la ville, François Grosidier, a indiqué sur les réseaux être « de tout cœur auprès de la victime dont je souhaite ardemment le meilleur rétablissement », après avoir précisé connaître la famille de la victime. Celui-ci a ajouté qu’en cette journée de droits des femmes, « cette tragédie nous rappelle une fois de plus l’horrible réalité créée par ceux qui s’arrogent le droit de disposer de la vie et de la liberté des femmes ». Enfin, le maire de Metz a néanmoins insisté pour remercier les forces de l’ordre, ainsi que les pompiers pour « leur promptitude et leur efficacité ».

Metz : les dernières actualités

Le maire de Metz comparaît devant la justice pour « prise illégale d’intérêts »

A Metz, la statue du Général de Gaulle vandalisée avec de la peinture rouge

Metz : l’un des douze migrants évadés du centre de rétention interpellé au Luxembourg

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[Info VA] Toulon : un dealer clandestin sous OQTF blesse des policiers, est relâché, puis récidive

Un clandestin tunisien, sous le coup de trois obligations de quitter le territoire français (OQTF), a agressé et blessé un policier, en le mordant au sang à la main gauche, à proximité d’un point de deal dans la cité des Œillets, à Toulon, dans le Var, vers 23h ce lundi soir, selon nos informations.

A l’occasion d’un contrôle, au pied d’un HLM, d’un groupe de mineurs qui venaient de crier « Arah », un mot utilisé par les guetteurs pour sonner l’alerte, à la vue de la voiture de police, les agents ont repéré un individu suspect de « type nord-africain » sortant du hall de l’immeuble.

Ce dernier, déjà interpellé dans le même quartier la semaine passée pour offre et cession de stupéfiants, a pris la fuite en courant, bousculé un policier avant de mordre un de ses collègues à l’issue d’une course à travers la circulation, un stade, un chantier et une résidence.

Interpellé et placé en garde à vue, le dealer clandestin a été déféré pour comparution immédiate ce mardi matin. L’agent blessé a lui bénéficié de trois jours d’ITT. Sous le coup de deux OQTF, le Tunisien en situation irrégulière avait déjà agressé deux policiers ce jeudi 2 mars.

Ce jour-là, peu avant 23h, le clandestin s’attaquait et blessait deux policiers dans les étages d’un HLM de la même cité des Œillets, après leur avoir proposé de la résine de cannabis. Le premier était mordu au sang à la main droite (deux jours d’ITT) tandis que le second était frappé au visage (un jour d’ITT).

Interpellé dans ce haut lieu du trafic de stupéfiants toulonnais, l’homme tatoué de la tête aux pieds a prétendu en garde à vue être un mineur âgé de 16 ans, avant d’écoper d’une nouvelle OQTF et d’être remis en liberté en attendant sa convocation devant le tribunal en novembre.

Jugé en comparution immédiate ce mercredi 8 mars, il a écopé de 12 mois de prison, dont 6 avec sursis, avec maintien en détention, indique une source policière à Valeurs actuelles.

🔴 [Info @Valeurs] Un dealer a blessé un policier en le mordant au sang, cité des Œillets à Toulon (83) ce soir. Ce clandestin tunisien sous 3 OQTF avait déjà blessé 2 policiers jeudi dont 1 mordu au sang aussi. Interpellé, il avait été libéré en attendant d’être convoqué. 1/2

— Amaury Brelet (@AmauryBrelet) March 7, 2023

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Ursula von der Leyen, la madone des migrants

C’est une scène qu’on ne connaît que trop. Un éternel recommencement : un drame, une larme. Ursula von der Leyen joue merveilleusement la tragédienne. Le 26 février dernier, après que 59 migrants ont péri en Méditerranée, la présidente de la Commission européenne s’est fendue, comme à son habitude, d’un tweet lacrymal.

Après s’être dite « profondément attristée » — qui ne le serait pas ? —, la dame patronnesse de l’Europe a appelé les pays membres de l’Union « à redoubler d’efforts » pour qu’ils adoptent son Pacte sur la migration et l’asile. En d’autres termes, Ursula von der Leyen, plutôt que de vouloir décourager les candidats à l’exil, plutôt que de mener une guerre implacable aux passeurs, entend toujours mieux organiser les migrations, tel un voyagiste sourcilleux de la sécurité des clients qu’elle a sous sa responsabilité.

Et dire que quelques semaines plus tôt, certains — des ONG pour l’essentiel — s’alarmaient du changement de ton de Bruxelles. Ursula von der Leyen, il est vrai, vantait alors « une Europe forteresse » et parvenait à faire adopter dans la douleur une série de mesures aux vingt-sept pays membres de l’Union européenne pour tenter de « reprendre le contrôle des flux migratoires ». Le naufrage de cette embarcation a tôt fait de dévoiler la tartufferie de la patronne de la Commission européenne.

Convention de Genève versus code frontières Schengen​

Elle ne date pas d’aujourd’hui. Le 21 janvier 2022, quelques semaines avant l’invasion de l’Ukraine par la Russie et alors que le dirigeant biélorusse pousse des migrants vers la frontière de l’Union européenne, plusieurs pays organisent à Vilnius une conférence sur la protection des frontières.

Devant la clôture érigée par la Lituanie pour prévenir le franchissement de sa frontière, Gérald Darmanin confie aux journalistes du Monde : « Avant, ça se passait dans le Sud ; maintenant, c’est partout, en Lituanie, en Pologne, ou même en Hongrie, pour des raisons géopolitiques. » À raison, les pays de l’Est s’inquiètent de cette nouvelle menace, chiffres à l’appui : la ministre lituanienne de l’Intérieur, Agnė Bilotaitė, évoque 4 200 migrants arrivés via la Biélorussie en moins d’un an et « plus de 8 000 » refoulements depuis août 2021. Varsovie, de son côté, parle de 40 000 tentatives de franchissement.

Lors de ce sommet, seize ministres de l’Intérieur de l’Union européenne (la France n’en fait pas partie) signent un document final pour exiger une réaction rapide de la Commission européenne : « Un espace sans contrôles aux frontières intérieures ne peut fonctionner efficacement que si les frontières extérieures sont correctement protégées. Des efforts déterminés et des ressources supplémentaires sont nécessaires pour renforcer notre résilience face aux défis actuels, ou futurs. »

« Les refoulements sont clairement illégaux », tranche la commissaire aux affaires intérieures.

À l’époque, le directeur de l’agence de protection des frontières Frontex, le Français Fabrice Leggeri, presse lui aussi la Commission d’apporter une « clarification juridique » sur la manière de gérer cet afflux de clandestins, afin que les États membres sachent « ce qui est possible et ce qui ne l’est pas ». Le dilemme est simple : la convention de Genève oblige les États signataires à examiner individuellement les demandes d’asile, mais le code frontières Schengen contraint les États à prévenir le franchissement illégal des frontières de l’Union européenne. Entre les deux, il y a contradiction. Ylva Johansson, la commissaire aux Affaires intérieures, se montre inflexible : pour elle, les « refoulements sont clairement illégaux : les gens ont le droit de demander l’asile. » Juridiquement, en revanche, la question reste entière.

Quelques mois plus tard, le directeur de Frontex démissionne, justement. Fabrice Leggeri assure ne plus savoir quel est le mandat de l’agence qu’il dirige, alors que la Commission refuse d’éclairer les pays frontaliers sur la possibilité de protéger les frontières. Si les demandes d’asiles doivent être examinées quoi qu’il arrive, alors il n’y a plus de frontières européennes. Sinon, il faut accepter de bloquer l’entrée des clandestins.

Un an plus tard, aucune nouvelle réponse de la Commission européenne. Ursula von der Leyen a certes concédé que les Européens attendaient une « réponse ferme », mais les blocages restent les mêmes.

À la veille du sommet largement consacré à l’immigration qui se tenait à Bruxelles début février, huit États membres ont exigé une réforme radicale du système d’asile et des mesures plus strictes à l’égard de la « migration irrégulière ». Et pour cause, les passages irréguliers ont encore augmenté. Selon les dernières données de Frontex, environ 330 000 clandestins ont été détectés à la frontière extérieure de l’Union européenne en 2022. Soit une hausse de 64 % par rapport à l’année précédente. Du jamais-vu depuis 2015 et la décision unilatérale d’Angela Merkel d’accueillir un million de réfugiés syriens et afghans. Ursula von der Leyen, d’ailleurs, avait pris sa part. « J’ai eu la chance d’accueillir chez moi un réfugié syrien de 19 ans », a-t-elle confié le jour de son investiture.

Des caméras de préférence aux barbelés

Parmi les demandes de ces pays, en première ligne face à l’afflux sans fin de ces clandestins, la participation financière de l’Union européenne à la construction d’un rideau de fer. Refus catégorique d’Ursula von der Leyen : ce serait « contraire aux valeurs de l’Europe ». Alors que la Commission dispose d’un budget de 6 milliards d’euros pour sécuriser ses frontières extérieures.

Tout juste Bruxelles s’est-elle autorisée à financer l’achat de caméras. Comme devait le commenter cruellement Vincent Hervouët sur Europe 1 : « Ça fait cher la minute de vidéosurveillance. » D’autant que, comme le remarque l’éditorialiste avec son piquant habituel, cela revient « à braquer un projecteur à l’entrée du garage en laissant la porte ouverte et les clés sur le tableau de bord de la Ferrari ».

Étrange paradoxe donc : Ursula von der Leyen n’aura eu de cesse depuis un an de défendre les frontières de l’Ukraine, sans jamais apporter de réponse efficace sur la protection des frontières de l’Union.

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Valeurs Actuelles

Guerre en Ukraine : des frappes massives russes menées à travers tout le pays

L’Ukraine s’est réveillée sous les bombes ce jeudi 9 mars. L’armée russe a mené des frappes massives à travers tout le pays dans la nuit, ont annoncé les autorités locales comme le relaie Le Monde. Les régions de Kharkiv et d’Odessa ont notamment été touchées. Des médias locaux ont indiqué que les régions de Mykolaïv, Dnipro et Zaporijjia auraient aussi été prises pour cible. Kiev a été visée. Le maire de la capitale ukrainienne, Vitali Klitschko, a informé sur Telegram que plusieurs explosions ont retenti dans le sud et l’ouest de la ville et qu’au moins deux personnes y ont été blessées. Les secours sont actuellement sur place pour éteindre les incendies causés par les bombes. Vitali Klitschko a fait savoir que près de 15 % des habitants de Kiev étaient pour l’heure privés d’électricité.

La centrale nucléaire de Zaporijjia coupée du réseau électrique

Une frappe russe a aussi mené à une coupure de la centrale nucléaire de Zaporijjia – aux mains des Russes – du réseau électrique ukrainien. Dans un communiqué relayé par Le Monde, l’opérateur Energoatom dénonce des « attaques de roquettes » russes et informe que la centrale fonctionne grâce à des réserves de diesel pour une alimentation minimale. L’entreprise d’État a toutefois alerté d’un risque d’accident.

Des installations essentielles ciblées

Le gouverneur de la région de Kharkiv, Oleg Synegubov, a affirmé que « l’ennemi a mené environ 15 frappes » dans la ville et sa région. Les troupes russes ont à nouveau visé « des installations essentielles », mais « un immeuble résidentiel privé de la région de Kharkiv a été touché » également, selon le gouverneur. Le maire de Kharkiv, Igor Terekhov, a précisé qu’une « infrastructure énergétique » a été prise pour cible. De quoi causer d’éventuelles coupures de courant.

À Odessa, dans le sud, le gouverneur Maksym Marchneko a condamné une « frappe massive de missiles » : « Des missiles ont frappé l’infrastructure énergétique régionale et endommagé des bâtiments résidentiels. » Deux blessés seraient à déplorer. Selon un porte-parole de l’administration régionale, Sergiy Bratchuk, l’électricité avait été préalablement coupée à Odessa. Dans l’ouest de l’Ukraine, les habitants sont appelés à rester à l’abri. « L’ennemi frappe les infrastructures essentielles du pays », a encore prévenu le gouverneur de la région de Khmelnytskyi, Segiy Gamaliy.

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Le pape François renforce davantage le contrôle sur la messe en latin

Une restriction supplémentaire. Mardi 21 février, le pape François a publié un rescrit établissant le contrôle direct par le Saint-Siège de l’autorisation de célébrer la messe en latin, alors qu’elle ne dépendait jusque-là que des évêques, rapporte Le Figaro. Par un rescrit, c’est-à-dire une ordonnance de l’Eglise catholique signée par le Pape lui-même, il impose désormais à tous les prêtres ordonnés après le 16 juin 2021 de demander l’autorisation au Saint-Siège pour pouvoir célébrer la messe tridentine, l’ancien rituel de Saint Pie V, souvent dénommé « messe en latin », abandonné par l’Église catholique après le Concile Vatican II (1962-1965).

Les « tradis » dans le viseur du Pape

L’objectif de ce rescrit : contrôler encore davantage l’usage de l’ancienne forme de la messe, qui avait été libéralisé par un motu proprio du pape Benoit XVI en 2005. Déjà, le 16 juin 2021, un motu proprio « Traditionis custodes » de l’actuel souverain pontife, François, limitait fortement l’usage de l’ancien missel à l’approbation des évêques de chaque diocèse. Désormais, cette décision appartiendra à Rome, plus précisément au dicastère pour le Culte divin et la discipline des sacrements, le ministère du Vatican en charge des questions liturgiques.

Par conséquent, l’évêque qui aurait accordé, sous sa responsabilité, l’autorisation de célébrer, selon ce rituel ancien, à un prêtre ordonné après le 16 juin 2021, devra « obligatoirement » en référer à Rome, qui « évaluera, selon les cas » la confirmation ou non de cette autorisation. La création d’une paroisse dédiée l’usage de cette liturgie ancienne sera soumise à la même règle.

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Guerre en Ukraine : Wagner affirme avoir conquis “la partie orientale” de Bakhmout

Le groupe Wagner a annoncé ce mercredi 8 mars avoir pris le contrôle de “la partie orientale” de la ville de Bakhmout dans l'est de l’Ukraine. L’Otan estime que la ville pourrait entièrement tomber aux mains des troupes russes dans les prochains jours.

Le chef du groupe paramilitaire russe Wagner, Evgueni Prigojine, a affirmé mercredi 8 mars que ses troupes avaient pris « toute la partie orientale » de la ville de Bakhmout, au cœur d’intenses combats dans l’est de l’Ukraine, relate BFMTV le même jour.

« Les unités Wagner ont pris toute la partie orientale de Bakhmout, tout ce qui est à l’est de la rivière Bakhmoutka », a-t-il lancé, dans un message audio publié par le service de presse de groupe paramilitaire. Ces derniers jours, la pression s’est considérablement accrue sur les forces ukrainiennes défendant Bakhmout, confrontées à des avancées russes et la menace d’un encerclement.

L’Otan alerte sur la chute à venir de Bakhmout

La ville de Bakhmout est le théâtre d’intenses affrontements, opposant forces de défense ukrainiennes et troupes de Wagner, depuis plusieurs mois. Ce mercredi 8 mars, le secrétaire général de l’Otan, Jens Stoltenberg a alerté sur le fait que la ville de Bakhmout pourrait rapidement tomber. « Nous ne pouvons pas exclure que Bakhmout tombe finalement dans les prochains jours », a-t-il déclaré, en marge d’une réunion des ministres européens de la Défense à Stockholm. La prise de la ville par les troupes de Wagner laisserait « la voie libre » à l’armée russe dans le Donbass, selon le président ukrainien Volodymyr Zelensky.

Face aux difficultés rencontrées par les forces ukrainiennes, les ministres de la Défense de l’Union européenne ont annoncé la prochaine livraison de munitions à l’Ukraine, malgré des stocks de l’Otan sous pression. Ces munitions seront financées par le fonds de la Facilité européenne pour la paix (FEP).

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Trimestre anti-inflation : des associations de consommateurs dénoncent l’opération de Bruno Le Maire

Lundi 6 mars, le gouvernement dévoilait de nouvelles mesures pour protéger le pouvoir d’achat des Français, alors même que l’inflation les touche de plein fouet. Un trimestre anti-inflation « dispositif massif, efficace, protecteur » selon les propres mots du ministre de l’Économie et des Finances, Bruno Le Maire. Seulement, cette opération commerciale ne semble pas avoir convaincu les consommateurs. En effet, trois associations ont écrit une lettre ouverte à la Première ministre, Élisabeth Borne, afin de lui faire part des critiques concernant ce « trimestre anti-inflation », indique le Figaro.

Censée entrer en vigueur, du 15 mars pour se terminer au 15 juin, l’opération consiste à laisser la grande distribution décider librement d’un « prix le plus bas possible » sur une sélection de produits. Un manque de contrainte de la part de l’exécutif qui a fortement agacé les associations de consommations que sont l’UFC-Que-Choisir, Familles Rurales, ainsi que Consommation Logement Cadre de Vie (CLCV). Pour ces dernières, le gouvernement « se contente aujourd’hui de s’en remettre à la bonne volonté de la grande distribution pour qu’elle limite ses marges (ou prétende le faire à travers des opérations purement marketing) ».

Les marges minimales imposées aux distributeurs en ligne de mire

Afin d’améliorer les mesures de cette opération, les associations proposent au gouvernement de plutôt suspendre la disposition « SRP+10 ». Celle-ci oblige les supermarchés à vendre les produits alimentaires au moins 10% plus chers que les prix auxquels les enseignes les ont achetés. Cette disposition devait au départ protéger le revenu des agriculteurs, mais la suspension de cet « encadrement du seuil de revente » pourrait bien être très utile pour protéger le pouvoir d’achat des consommateurs.

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« La Syndicaliste » : Henri Proglio riposte

« En tant que Président d’honneur d’EDF dont le rôle est gravement mis en cause, je tiens à m’élever contre les propos malveillants et dénués de tout fondement, rapportés par certains médias », explique Henri Proglio. Il réagit après la sortie en salle, le 1er mars, du film La Syndicaliste, réalisé par Jean-Paul Salomé et Fadette Drouard, et des commentaires qui ont suivi. Ce film raconte l’histoire de Maureen Kearney, ancienne déléguée CFDT chez Areva, adaptée du livre du même nom, écrit par une journaliste de l’Obs, Caroline Michel-Aguirre.

Le 17 décembre 2012, Maureen Kearney, qui se trouvait également être secrétaire du comité du groupe européen, est agressée chez elle. Quelques semaines auparavant, elle aurait reçu des menaces parce qu’elle s’était élevée contre un transfert secret de technologie d’Areva par EDF au profit d’un opérateur Chinois pour la construction d’un réacteur nucléaire, et qui ce serait traduit par une saignée sociale en France. Autant dire que pour la lanceuse d’alerte, son agression était forcément liée à cette affaire.

Il n’y a jamais eu de secret à l’égard du gouvernement.

« La coopération nucléaire avec la Chine s’est toujours faite dans un cadre étatique, connu de tous. Il n’y a jamais eu de secret à l’égard du gouvernement et la communication sur ce dossier répondait à toutes les règles d’information des syndicats et des autorités concernées », répond Henri Proglio qui estime avoir « toujours défendu l’action des syndicats et de leurs représentants » ; pour l’ancien patron d’EDF, ils sont nécessaires au bon fonctionnement des entreprises et il reconnaît avoir toujours eu avec eux « un dialogue constructif. » Une enquête pour « violences avec arme, viol, actes de torture et de barbarie, séquestration et menace », a été ouverte et a été refermée dans la foulée, les gendarmes ayant relevé pas mal d’incohérences dans le récit ; parallèlement une autre enquête pour « dénonciation de crime ou délit imaginaire », a été ouverte contre Maureen Kearney ; en 2018, elle est relaxée.

Le livre fait aussi état d’une agression similaire, en 2006, contre l’épouse d’un ancien cadre de Véolia qui avait dénoncé une histoire de pot de vins. Or, Henri Proglio a présidé cette entreprise entre 2002 et 2012. Autant dire que beaucoup ont rapidement (trop peut-être) fait un lien – à charge – entre ces deux affaires et Henri Proglio.

D’où sa réaction véhémente : « je n’accepterai aucune insinuation d’une quelconque implication dans les agressions de deux personnes dont j’ignorais même l’existence, écrit-il. Chaque jour apportant son lot d’insultes et de calomnies, par égard pour mes proches, pour les milliers de collaborateurs avec qui j’ai eu l’honneur de travailler chez Veolia et chez EDF, j’ai décidé de me dresser contre les imputations mensongères et les accusations abjectes me concernant, en dépit du mépris qu’elles m’inspirent. » Il a chargé ses avocats, Maîtres Jean-Pierre Mignard et Pierre-Emmanuel Blard, de saisir la justice pour toute diffamation.

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Retraites : des grévistes coupent l’électricité de la permanence de Gérard Larcher

Si mardi devait être un « jour noir », il l’a également été dans une moindre mesure pour Gérard Larcher. Lors de la sixième journée de mobilisation contre la réforme des retraites, la permanence parlementaire du président LR du Sénat, Gérard Larcher, a été ciblée par une coupure de courant, indique Libération, selon une source de la CGT. Une « mise en sobriété énergétique » qui a eu lieu mardi après-midi à 15 heures alors que le Sénat examinait le texte sur la réforme des retraites. Le courant a été rétabli à 19 heures.

Plusieurs villes ciblées

Le ministre du Travail, Olivier Dussopt, avait été également victime d’une de ces « actions coups de poing », un peu plus tôt, dans sa ville d’Annonay, en Ardèche. Une action pleinement revendiquée par la GT Mines-Énergies, comme l’a indiqué son secrétaire général, ce mercredi dans une interview de France Bleu Drôme Ardèche : « Ce qu’il s’est passé hier à Annonay ou ailleurs, on le revendique, on l’assume et on en est responsable ».

Olivier Dussopt a régi ce matin sur France Inter à cette action qu’il juge inacceptable. « Si l’objectif est de m’atteindre, couper l’électricité de ma commune en Ardèche alors que je suis à Paris, je ne suis pas sûr que ce soit très efficace. En tout cas, c’est très injuste », a ainsi déclaré le ministre du Travail. Plusieurs autres villes ont été touchées par ces coupures de courant, notamment à Saint-Vallier, dans la Drôme. L’entreprise Enedis a annoncé avoir déposé plainte dès mardi contre les organisateurs de ces coupures ciblées.

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Le bras de fer entre Moscou et Washington menace d’embraser à nouveau la Géorgie

Ce mardi 7 mars, quelques heures après que le projet de loi intitulé “De la transparence de l’influence étrangère » a été adopté en première lecture par 76 députés contre 13, des milliers de manifestants se sont rassemblés devant le bâtiment du parlement géorgien, à Tbilissi.

Rapidement, des violences éclatent entre la foule et les forces de l’ordre. Cocktails Molotov, pétards et pierres contre canons à eau et gaz lacrymogène… De véritables scènes de guerre civile, principalement filmées depuis l’avenue centrale Rustaveli, sont relayées par les chaînes nationales Pirveli arkhi, Rustavi2 et Mtavari TV.

Après avoir franchi plusieurs lignes de policiers, les manifestants ont tenté un assaut dans le parlement, avant d’être dispersés. Selon le ministère géorgien de l’Intérieur, au moins 66 personnes ont été interpellées durant la journée, tandis qu’une cinquantaine de policiers et des « civils » ont été blessés.

L’opposition dénonce un outil d’intimidation dirigé contre les ONG et les médias occidentaux.

Cette crise inaugure un nouveau bras de fer entre l’opposition pro-européenne et le parti au pouvoir d’Irakli Garibachvili, le Rêve géorgien, accusé de complaisance envers Moscou. Le projet de loi sur les “agents de l’étranger”, soutenu par la majorité parlementaire, oblige les personnes et les organisations à s’enregistrer comme « agents d’influence étrangère » si leurs revenus proviennent à plus de 20 % de l’étranger. L’opposition dénonce un outil d’intimidation dirigé contre les ONG et les médias occidentaux.

Depuis New York, où elle était en déplacement, la présidente de la Géorgie, Salomé Zourabichvili, a tourné, le 7 mars au matin, une vidéo de soutien au manifestants : « J’en appelle à vous, à ceux qui se tiennent sur Rustaveli ce soir. Je suis à vos côtés parce que vous représentez une Géorgie libre. Une Géorgie qui voit son avenir en Europe. » Ancienne ministre du très atlantiste président Mikheil Saakachvili et partisane résolue de l’intégration de la Géorgie dans l’Otan et l’Union européenne, elle a aujourd’hui la ferme intention d’opposer son veto à ce projet de loi sur les “agents étrangers”, adoptée selon elle « sous la dictée de Moscou ».

La présidente de la Géorgie, Salomé Zourabichvili, a aujourd’hui la ferme intention d’opposer son veto à la loi sur les “agents étrangers”, adoptée selon elle « sous la dictée de Moscou ».

Car cette loi est perçue par l’opposition comme une tentative de Moscou de sceller, par l’intermédiaire d’oligarques influents comme Bidzina Ivanichvili, la rupture entre Tbilissi et l’Occident, déjà amorcée par le second mandat du premier ministre Irakli Garibachvili. Ce dernier est très critiqué par ses opposants pour sa mainmise sur la presse, son opposition à la tenue de la gay pride à Tbilissi et son refus d’adopter des sanctions contre Moscou depuis le début de la guerre en Ukraine.

De fait, Washington n’a pas tardé à réagir. Le mardi 7 mars, l’ambassade des Etats-Unis à Tbilissi a déclaré que l’adoption en première lecture du projet de loi sur les agents étrangers en Géorgie est un « jour noir pour la démocratie géorgienne », soulignant que ce projet de loi « nuirait aux relations de la Géorgie avec ses partenaires stratégiques ». Le porte-parole du département d’État américain, Ned Price, a admis que les responsables de la dispersion des manifestants pourraient faire l’objet de sanctions américaines.

Ce jeudi 9 mars, toutefois, le gouvernement fait marche arrière face au mécontentement populaire. « En tant que parti de gouvernement responsable envers chaque membre de la société, nous avons décidé de retirer de façon inconditionnelle ce projet de loi que nous soutenions », a déclaré le parti du Rêve géorgien au pouvoir, dans un communiqué publié sur son site. Mais c’est une victoire en demi-teinte pour les manifestants, puisqu’aucun motion de retrait définitif n’a pour l’heure été votée au Parlement.

Cette semaine aura marqué une profonde rupture entre le pouvoir et l’opposition. Pour les uns comme pour les autres, la partie est encore loin d’être jouée. Tiraillée entre Moscou et Washington, cette nation du Caucase se retrouve, de nouveau, devant un choix cornélien.

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Automobile : à Bruxelles, l’Allemagne se bat contre la fin du moteur thermique, pas la France

Joli pied de nez fait par quatre pays à la Commission européenne qui n’a eu d’autre solution que de reporter le vote qui devait entériner le moteur électrique en 2035. Mi-février, après le vote au Parlement européen qui avait acquis le principe d’abandonner le moteur thermique, l’Italie, la Pologne et la Bulgarie avaient fait part de leur réserve sur ce tournant stratégique et technologique. Mateo Salvini, ministre italien des Transports, avait alors réagi qualifiant le vote du Parlement européen « de folie, de bêtise absolue, de choix idéologique ou de mauvaise foi ». Il aurait pu aussi ajouter de saignée sociale : il y a un an, Luc Chatel, le patron de la Plateforme automobile estimait « à au moins 100 000 les pertes potentielles d’emplois dans la filière en France d’ici à 2035 ». Un chiffre explique tout : un moteur électrique compte 70 pièces assemblées par trois salariés alors que son homologue thermique en compte quatre fois plus et il faut au moins cinq personnes pour le monter.

Début mars, à Bruxelles, face à la fronde de ces trois pays, le Coreper (Comité des représentants permanents, composé d’ambassadeurs des pays membres, il prépare les travaux du Conseil) qui devait entériner le vote du Parlement avant un vote final à la Commission, a dû reporter, en urgence, sa réunion : la minorité de blocage était alors à portée de canon. Le coup de grâce est venu le 3 mars, quand l’Allemagne s’est également dressée contre le projet européen. Déjà, il y a un an, Christian Lindner et Volker Wissing, ministre des Finances et des Transports, étaient montés au créneau contre le projet européen du passage au tout électrique. Le 3 mars, Volker Wissing est revenu sur la position allemande expliquant que « la Commission européenne devait présenter une proposition sur la manière dont les carburants synthétiques pourraient être utilisés dans les moteurs à combustion après 2035. »

Des considérations techniques, géopolitiques, d’approvisionnement et énergétiques

Ce qui est particulièrement intéressant, c’est de remarquer que les pays qui se sont élevés contre Bruxelles sont ceux où l’industrie automobile est très puissante : l’Italie avec Fiat et Alfa Romeo (un amendement portant le nom d’amendement Ferrari avait été déposé il y a quelques mois pour demander à ce que les voitures produites à peu d’exemplaires ne soient pas obligées d’adopter cette technologie), la Pologne et la Bulgarie (deux pays qui ont bénéficié des délocalisations entreprises par les autres constructeurs européens) et surtout l’Allemagne avec Audi, Volkswagen, BMW, Mercedes, Opel, Porsche… Bizarrement, rien n’est venu de la France, qui compte pourtant deux leaders mondiaux, le groupe Renault et Stellantis dont le patron, Carlos Tavares, a toujours demandé à ce que le chemin pour atteindre la neutralité carbone voulue par Bruxelles soit laissé au libre du choix du constructeur et non aux politiques.

Fallait-il en fait attendre quelque chose de la France dont le président de la République, sitôt le vote au parlement européen connu, a tweeté : « Mettre fin à la vente de véhicules neufs à moteur thermique en 2035 : c’est l’un des engagements que j’ai pris, en cohérence avec nos objectifs climatiques. Cette bascule, le Parlement européen vient de l’approuver. Notre Europe ouvre la voie ! » Rappelons que, quelques mois plus, tôt, à l’issue d’une réunion organisée avec l’industrie automobile, il avait laissé la porte entrouverte à la motorisation hybride (qui comporte une part thermique) tandis que Bruno Le Maire déclarait : « Nous voulons laisser aux constructeurs la liberté de choix des technologies qui permettent d’arriver au zéro carbone plutôt que de leur imposer une date à partir de laquelle tous les véhicules sans exception seront électriques. Parce que je pense tout simplement que c’est une folie ! »

La folie, c’est d’avoir laissé une poignée d’eurodéputés, pieds et poings liés avec les Verts et les lobbies écologiques, décider d’un futur extrêmement complexe. Où se mêlent des considérations de marchés (les voitures électriques sont extrêmement chères et c’est une gageure de penser que les prix s’aligneront sur le thermique en 2035), d’approvisionnement (l’Europe dispose de 4 à 30 % de ses besoins pour fabriquer les batteries et n’a pas de lithium, élément pourtant indispensable), géopolitiques (passer au 100 % électrique revient à donner les clé du marché aux constructeurs chinois de batteries qui représentent une très grande partie de la valeur ajoutée du véhicule). Sans oublier des considérations énergétiques (l’histoire récente a montré que produire de l’électricité n’était pas si simple que cela). Finalement, l’ambiguïté et l’irrationalité de la voiture électrique se résume en une image : celle, lors d’un sommet officiel à Lyon en 2022, de générateurs fonctionnant au diesel utilisés pour recharger les voitures électriques des ministres des Affaires étrangères et de la Santé de l’Union européenne.

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[Edito] L’agriculture française à la croisée des chemins

L‘agriculture française n’a sans doute pas souvent été autant à la croisée des chemins, pour des raisons économiques, climatiques, écologiques… et même existentielles. Elle est aimée autant qu’elle est décriée, attaquée. Plus nous parlons de souveraineté alimentaire, plus nous consommons des produits importés. Plus nous parlons de plans de relance, plus la réglementation se complexifie et se durcit, et place l’agriculture française en distorsion de concurrence. Le malaise est profond et pourtant jamais nous n’avons eu autant besoin de notre agriculture.

​Pourquoi ces manifestations à répétition, ces mal-être, ces suicides ? Pourquoi cette grande inquiétude de ne pas assurer le renouvellement des générations ?

​C’est la conséquence d’une dérive progressive de la compétitivité et d’une non-reconnaissance de la réalité de l’agriculture française, de son intérêt et de sa fragilité dans un monde économique ouvert. Si la balance commerciale reste positive, c’est grâce aux vins et spiritueux, aux céréales et au sucre ; en 2021, sans les vins et spiritueux, nous avons un déficit de 6 milliards d’euros. De 2e exportateur mondial il y a vingt ans, la France est passée à la 6e place. Les distorsions de concurrence et les pertes de compétitivité font que nous importons 70 % de nos fruits et nous pouvons prendre pour exemple la filière cerises qui s’est vu retirer une à une les solutions de protection des plantes, alors que la pression parasitaire augmente avec le réchauffement climatique et alors que les substances en question sont encore autorisées dans bien d’autres pays. Ainsi les arboriculteurs se voient contraints d’arracher leurs arbres.

Pourquoi l’Europe permet-elle l’importation d’OGM dont elle interdit la production ?

​Nous pourrions prendre aussi le cas des légumes. Combien de temps aurons-nous encore des carottes, des petits pois, des haricots, des épinards produits en France… alors que les impasses techniques franco-françaises se multiplient au grand bénéfice de nos voisins ? Un autre exemple symptomatique mais dramatique concerne la filière de la pomme de terre.

​Dernièrement, le cas de la filière betterave est symptomatique de la mise en danger de la production française. L’interdiction des néonicotinoïdes est un choix européen, il n’y a pas de sujet là-dessus même si l’on peut se poser la question de savoir pourquoi l’Europe interdit des techniques à la production alors qu’elle autorise l’importation de tels produits en soutenant qu’il n’y a pas de risques pour la santé (deux OGM interdits à la production mais autorisés à l’importation, encore la semaine dernière) ou en certifiant qu’elle allait s’assurer que les produits importés en Europe ne sont pas obtenus avec des techniques interdites chez nous. Pour que ce soit un minimum respecté, il faudrait que l’Europe se donne les moyens de contrôler notamment dans les pays concernés mais bien sûr ce n’est pas le cas. L’incompréhension des agriculteurs est totale surtout quand les néonicotinoïdes, dérivés de la nicotine, insecticide naturel des plants de tabac, continuent à être utilisés librement, notamment pour les colliers de nos animaux domestiques.

​Le souhait des agriculteurs est que nous prenions conscience qu’après avoir désindustrialisé la France et fortement fragilisé ses capacités de production énergétique, ce qui a entraîné de sérieux problèmes lors de la crise du Covid et maintenant avec la crise énergétique, nous ne devons pas faire la même erreur stratégique avec l’agriculture.

*Olivier Dauger est délégué FNSEA.

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Montmartre, ses touristes et sa délinquance

Mi-août, à Montmartre. Sous la chaleur étouffante de Paris déambulent les touristes. Guide en main, sac sur le dos et casquette sur la tête, des milliers de visiteurs espagnols, américains, britanniques, allemands, hollandais, italiens, chinois ou japonais, profitent de leurs vacances estivales et inondent les rues du quartier emblématique de la capitale connu dans le monde entier pour son histoire et ses artistes. Et au beau milieu de la foule : des délinquants, vendeurs à la sauvette, petits trafiquants et voleurs à l’arraché, le plus souvent clandestins, eux aussi reconnaissables à leur attitude.

Au carrousel de Saint-Pierre, au pied de la butte, des invectives retentissent. « Pourquoi tu me regardes, huh ? », lance en anglais à une passante étrangère un homme d’origine africaine assis sur un banc. Après elle, déambulent deux jeunes roms, qui tentent de faire signer des pétitions bidon aux passants pour mieux les voler. « Comment allez-vous mes amis ? », demande l’homme assis sur le banc avant de toucher deux mots à l’un des roms.

La fameuse montée du square Louise-Michel de Montmartre demande des pauses. Les différents étages permettent aux touristes de souffler et de profiter de la vue sur Paris. Alors que les photos de groupe s’enchaînent, deux mineurs suivent un homme qui porte un sac sur l’épaule, ce dernier se retourne, les deux jeunes se retirent et feignent un brutal changement d’itinéraire. L’homme reprend son chemin et les deux adolescents, craignant d’avoir été grillés, décident de lui passer devant pour lever tout soupçon. Ils retenteront le coup sur un signe de tête, un peu plus loin, sans succès.

Après avoir passé la fontaine et déambulé dans un passage étroit, les touristes profitent une nouvelle fois du panorama exceptionnel, malgré l’odeur omniprésente d’urine et de cannabis aux alentours. Quelques marches plus tard, des taxis passant dans la rue du Cardinal Dubois déversent de nouveaux arrivants, sous les yeux d’un vendeur ambulant de barbe à papa, au milieu de la foule.

Un marché noir à ciel ouvert

En milieu d’après-midi, le vendeur se retire subitement quand une voiture de police se dirige vers lui. La verbalisation est délicate, il ne parle pas un mot de Français. Mis à part et fouillé, il est prié de quitter les lieux. Un étage plus haut, sur le parvis, des vendeurs de cadenas se succèdent. « Cinq euros ! Cinq euros ! », répètent-ils à haute voix. « Trois fois, des gens me demandent le prix ; trois fois, je leur dis cinq euros ; et trois fois, ils n’ont pas assez », se plaint l’un d’eux à un acolyte.

Quelques jours plus tôt, un autre vendeur illégal avait carrément installé un drapeau et un panneau qui indiquait : « Cadenas, Love Lock, 3 euros, carte Visa acceptée. » Et les touristes achètent. Sur les barrières qui entourent le parvis, des milliers de cadenas identiques et signés sont accrochés. Dans la chaleur de la journée, toutes les issues, surtout en haut des escaliers, sont aussi occupées par des vendeurs d’eau fraîche à 1,50 euro, qui dissimulent leurs cargaisons dans les buissons du square Nadar, un parc canin où ils font leur toilette à la fontaine et même parfois leurs besoins.

« Je vais lui demander une autre bouteille, celle-là est remplie de moitié ! » Après son achat, un Français regrette. « Il y en a plein, partout, c’est de la vente facile, se désole une coiffeuse ambulante sur la place du Tertre. Il y a aussi des voleurs. En haut du funiculaire, des Roumaines font signer des pétitions pour t’arnaquer. Et d’autres sont plus discrets. Ils agissent tous en bande. » Une résidente de Montmartre, attablée à un café de la rue des Abbesses, renchérit : « Ils sont surtout à Pigalle et Montmartre, ils s’attaquent à tout le monde, mais surtout aux touristes, il y a plein de voleurs et c’est bien connu. »

Je n’ai jamais vu autant de touristes et de voleurs

Plus tard, un visiteur français prévient une patrouille de police sur le parvis du Sacré-Cœur. « J’ai oublié mon téléphone dans le taxi. Le mec n’a pas voulu me le rendre, il a dédaigné me répondre au bout de la 50e fois. J’ai dû lui filer 20 euros pour qu’il me le redonne, s’emporte le touriste venu de Saint-Tropez auprès de Valeurs actuelles. On sait que ça craint partout par ici, même dans les taxis. » Une dame âgée est assise sur un banc du square d’Anvers. « J’ai autrefois habité Montmartre, ça a bien changé. Je n’ai jamais vu autant de touristes et de voleurs », confie-t-elle au milieu des oiseaux qui picorent.

Si les Français sont au courant des dangers qui sévissent autour de la Basilique, qu’en est-il des étrangers ? « Oui, on le sait, confie une vacancière britannique, j’étais déjà venue ici à 11 ans, pour un voyage de classe, et j’ai vu plein de gens se faire voler leurs portefeuilles ou d’autres choses de leurs poches. » Une touriste asiatique confirme : « Évidemment qu’on est au courant, et à juste titre. Je ne me sens pas tellement en sécurité ici. Je vois peu de policiers pour autant de pickpockets. »

Il y a bien ce père de famille indien, assis dans un restaurant de la rue du Chevalier de la Barre, qui relativise et trouve la présence des forces de l’ordre suffisante : « J’en avais déjà entendu parler, mais aujourd’hui je le vois. Je ne me sens pas pour autant en danger. » La touriste britannique, elle, loue les policiers : « Je les ai beaucoup vus, ils font des tours pour dissuader, ça fait se sentir en sécurité. » Un agent le reconnaît d’ailleurs : « Aucun des grands lieux touristiques à Paris n’est épargné. A Montmartre, les vendeurs à la sauvette sont dégagés ou se barrent en voyant la police, et puis ils reviennent. »

Un mécanisme bien huilé

C’est vers 15h, alors que l’affluence est à son paroxysme, qu’arrivent les vendeurs à la sauvette. Sur leurs tapis, régulièrement réapprovisionnés, toutes sortes de produits sont proposés : des chapeaux, des sacs, des bracelets, etc. Et si une patrouille de police passe, ils remballent tout en quatrième vitesse. Le vendeur de barbe à papa a par exemple changé de lieu de vente et opère désormais devant l’entrée du Sacré-Cœur, où la chaleur monte et le degré d’alcool aussi.

Plus loin, d’autres vendeurs d’origine indo-pakistanaise circulent sur les marches et proposent des bières. L’organisation est bien ficelée, chacun se relaie. Chaque spot est à sa place, et alors que le ciel s’obscurcit, des tensions éclatent entre deux vendeurs à la sauvette. Proche d’en venir aux mains, ils sont séparés in extremis par leurs complices : les dissensions éloignent les clients. Sous l’orage qui commence à gronder au loin, les milliers de visiteurs s’empressent de déserter les lieux.

Dans le square Louise-Michel, Deux passages exigus permettent de descendre au carrousel de Saint-Pierre. Des groupes d’environ cinq personnes d’origine africaine bloquent le chemin, en attrapant le bras des touristes avec insistance afin de leur faire des bracelets. « Hey ! Américain ? » ou bien « Bonjour mon ami, d’où viens-tu ? », les abordent-ils en anglais. Harcelés, des visiteurs doivent presque se débattre, d’autres préfèrent les ignorer, gardant prudemment les mains dans leurs poches. « On ne vous emmène pas en Afrique, hein ? », lance l’un d’eux à une personne âgée, qui refuse de donner son bras.

Les policiers sont là, mais souvent dépassés. Il en faut plus. 

« On ne se sent pas du tout en sécurité. Les touristes se font avoir, ils n’y connaissent rien, et les policiers ne peuvent rien faire », résume une commerçante de la rue Steinkerque. « C’est un peu chaud. On essaye d’avertir les touristes, mais ils peuvent laisser leur sac et en deux secondes, c’est fini, raconte son voisin. Les pickpockets sont au minimum deux ou trois, ils sont organisés. Les policiers sont là, mais souvent dépassés. Il en faut plus. » Les rues se vident sous la pluie. Les touristes et les voleurs plient bagages. « Je connais les visages de tous les voleurs, ils me disent même bonjour, dit une marchande. Quand ils se font arrêter, ils reviennent trois jours plus tard. » Le cycle infernal.

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Valeurs Actuelles

La lettre de M. de Rastignac : Ordre et désordre

J’arrive de Séville, mon cousin, où j’ai dû me rendre quelques jours pour régler une ou deux affaires urgentes. Je viens à peine de poser mes malles et je découvre le désordre qui règne dans la province du Poitou pour une simple réserve d’eau. L’esprit encore plein de la terre rouge, des murs blancs et jaunes, des allées d’orangers du paradis andalou, je retrouve malheureusement un pays où l’autorité se dis-loque de l’école communale jusqu’au sommet de l’État. Cette fois, ce sont des va-nu-pieds déguisés en défenseurs des petits oiseaux qui sèment la terreur. La cohorte vociférante qui a saccagé les rues de Nantes, le cœur de Paris et terrorise nos paysans a décidé d’attaquer la police sans autre but que la violence et l’insurrection. J’ai fait l’effort de lire les manifestes de ces enragés et, sachez-le, ils ne cachent rien de leurs ambitions destructrices. Ce sont des fanatiques qui s’exaltent dans la négation de nos valeurs communes et qui rejettent le passé comme s’il s’agissait du plus violent des poisons.

L’homme aime à dire que la politique n’est pour lui qu’un passage, que son ambition a été comblée quand il est devenu député mais, en vérité, cette ambition est dévorante, insatiable même.

Face à cette horde, croyez-moi, le pouvoir joue gros. Gauvain Desrosiers, notre ministre de toutes les polices, l’a bien compris. Depuis dimanche, il multiplie les mises en garde et assure que l’ordre sera rétabli le plus vite possible. Si Paris s’est vidé pour ces jours de la Toussaint, son ministère est une ruche où tout le monde s’agite pour contenir la tentative d’installation sauvage des fanatiques. M. Desrosiers, sachez-le, est une des personnalités les plus agiles de ce gouvernement. Sa voix discrète, son art de “sous-jouer” le texte, comme le disent les comédiens, ne doit tromper personne. L’homme aime à dire que la politique n’est pour lui qu’un passage, que son ambition a été comblée quand il est devenu député mais, en vérité, cette ambition est dévorante, insatiable même. Elle repose d’abord sur une exceptionnelle ardeur au travail. M. Desrosiers, en effet, peut vous donner rendez-vous à l’heure où les moines se lèvent dans la nuit pour l’office de l’aube. Il dort très peu, voyage beaucoup, ne compte ni son temps ni son énergie. Esprit clairvoyant, il n’aime rien tant qu’analyser la situation en décelant les plus petits interstices dans lesquels il pourrait s’engouffrer. En général, c’est savoureux et féroce. Le problème est qu’à force d’agilité, le ministre de toutes les polices a trop longtemps affirmé tout et son contraire. Le matin, il était l’intraitable héritier de Martial Kropoly, l’après-midi, il fustigeait ceux qui s’en prenaient trop vertement aux mahométans fanatiques. Capable de mentir avec un extraordinaire aplomb comme il le fit au lendemain des émeutes autour d’une partie de jeu de ballon, il a installé avec ceux qui devraient être ses soutiens naturels une forme de distance, comme s’il était encore contraint par tout ce qu’il y a de jacobin autour de M. de Marville.​

Pourtant, depuis le mois de juin et son maintien au gouvernement, Gauvain Desrosiers semble déterminé à ne plus céder sur l’ordre et la protection de nos frontières. Il a compris que plus encore que la prospérité, c’est la sécurité qui sera au cœur des prochaines élections. Il veut donc en deux ans faire la preuve de la restauration de l’autorité de l’État. C’est un pari périlleux mais, croyez-moi, il n’y en a pas d’autres à prendre. Les fanatiques du Poitou lui donnent une occasion en or de se montrer inflexible. S’il tient bon, il peut attendrir la défiance du parti des braves gens horripilés par un gouvernement par trop pusillanime. S’il compose, s’il cède à tous les anciens jacobins du gouvernement qui, déjà, lui demandent d’être plus conciliant, il dissipera les dernières illusions, mon cousin. En politique, il est des rendez-vous décisifs et celui-ci en est un…

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[Entretien] Alain de Benoist : les enjeux de la question identitaire

Valeurs actuelles. Floue, complexe, multifacettes mais essentielle, l’identité suscite plus que jamais passions et débats. Pour certains, il est nauséabond et haineux de l’invoquer, pour d’autres, elle doit être choisie et revendiquée. Quellejuste place lui donner ? Comment la définir à une époque où des identitarismes nouveaux surgissent ? Le philosophe et écrivain Alain de Benoist, fondateur des revues Nouvelle École et Krisis , nous offre de nombreux éléments de réponse dans un ouvrage approfondi, qui confronte universalisme, communautarismes et indigénisme. Une approche stimulant notre réflexion sur des sujets au cœur de notre actualité.

​Dans ce livre, vous vous penchez sur l’épineuse question de l’identité. Comment expliquez-vous son retour en force sur le devant de la scène ?

Alain de Benoist. Il s’agit moins d’un retour que d’un surgissement progressif, qui est lui-même l’aboutissement d’un long processus. Dans les sociétés traditionnelles, qui sont des sociétés d’ordres et de statuts, la question de l’identité ne se pose guère. Les choses changent avec l’avènement de la modernité. Au XVIIIe siècle, l’idéologie du progrès invite à se tourner vers l’avenir et à valoriser la nouveauté, supposée toujours meilleure. Les traditions héritées du passé sont dévaluées d’autant : le passé est, au sens propre, dépassé. L’anthropologie libérale, de son côté, conçoit l’homme comme un être qui cherche à maximiser en permanence son meilleur intérêt grâce à des choix rationnels qui ne doivent rien à ce qui est en amont de lui-même, son héritage et ses appartenances. La désagrégation des sociétés organiques affaiblit le lien social. La personne cède la place à l’individu. Les repères commencent à s’effacer, d’autant que l’accélération de la mobilité se traduit par l’exode rural et le déracinement. Le travail, qui contribuait puissamment à l’identité, évolue lui aussi : l’“emploi” remplace le métier et la précarité s’étend.

C’est la disparition généralisée des repères à un moment où toutes les institutions sont en crise.

À une date plus récente, l’immigration de masse entraîne un bouleversement des rapports de sociabilité qui aggrave encore le problème. Il en va de même de la vogue de toutes les formes d’hybridation, soutenue notamment par les délires de la théorie du genre, qui milite pour une société “fluide”, “inclusive” et “non binaire”. La différence la plus élémentaire au sein de l’humanité, la différence des sexes, est elle-même remise en cause. C’est la disparition généralisée des repères à un moment où toutes les institutions sont en crise qui finit par faire exploser l’éternelle question identitaire : qui suis-je ? qui sommes-nous ? On comprend par là que cette question ne se pose vraiment que lorsque l’identité devient incertaine, qu’elle est menacée ou qu’elle a carrément disparu.

Est-ce la raison pour laquelle « le problème de l’identité se pose désormais politiquement » ?

Oui, bien sûr, il se pose politiquement puisqu’il est devenu un élément clé du discours public. Mais il se pose aussi socialement, parce que nous sommes des animaux sociaux : toute identité est éminemment dialogique, ce qui signifie qu’on n’a guère d’identité quand on est seul. Le problème se pose enfin psychologiquement : les psychologues et les psychiatres sont désormais confrontés à une foule d’individus qui souffrent de troubles de l’identité.

Ceux qui parlent le plus de l’évidente nécessité de préserver leur identité ont généralement le plus grand mal à la définir ou à lui donner un contenu.

D’où la nécessité d’y voir plus clair, ce que j’ai essayé de faire dans mon livre. Je suis frappé de voir que ceux qui parlent le plus de l’évidente nécessité de préserver leur identité ont généralement le plus grand mal à la définir ou à lui donner un contenu. Ils expriment des idées contradictoires et donnent le plus souvent des réponses négatives : ils disent ce qu’ils ne sont pas ou ce qu’ils ne veulent pas être.

Pour mieux appréhender la question, il faut déjà faire quelques distinctions fondamentales. D’abord, entre l’identité personnelle et l’identité collective, cette dernière notion renvoyant à ce qu’on appelait naguère l’esprit des peuples (le Volksgeist, disent les Allemands). Il faut tenir compte aussi de la différence entre les identités héritées, généralement à la naissance, et les identités acquises. On a souvent tendance à penser que les secondes sont moins déterminantes que les premières, ce qui est une erreur : un converti qui donne sa vie pour sa foi ou pour ses convictions meurt pour une identité acquise.

Sans identité on n’est rien, on est dépossédé de soi-même.

Enfin, il y a la distinction qui s’impose entre la conception objective de l’identité et l’idée subjective que l’on s’en fait. C’est une distinction essentielle, car c’est subjectivement que nous déterminons ceux dont nous nous sentons le plus proches. Si vous êtes breton et français, est-ce que vous vous sentez d’abord breton ou l’inverse ? Si vous êtes une lesbienne de gauche, préférez-vous vivre avec un hétéro de gauche ou une lesbienne de droite ? Tout dépend de la facette de votre identité qui vous paraît la plus déterminante.

Vous dites dans votre introduction que l’identité est à la fois vitale et floue. D’où vient de paradoxe ?

Elle est vitale, car sans identité on n’est rien, on est dépossédé de soi-même. Mais l’identité est floue parce que ses composantes sont toujours multiples et que les avis divergent sur leur importance respective. C’est vrai sur le plan collectif : voyez la difficulté que l’on a à obtenir une réponse consensuelle à la question : qu’est-ce qui est français ?

Mais c’est vrai aussi sur le plan individuel. Notre identité a de multiples facettes. Nous avons une identité ethnique, une identité nationale, une identité linguistique, une identité culturelle, une identité générationnelle, une identité professionnelle, une identité sexuelle, une identité d’état civil, éventuellement une identité religieuse, politique ou philosophique. Toutes ces facettes ne s’harmonisent pas nécessairement entre elles et, surtout, nous ne leur accordons pas la même importance. L’erreur serait de croire que l’identité n’est pas vitale parce qu’elle est floue, ou qu’elle ne peut pas être floue si elle est vraiment vitale. Il faut en fait admettre l’un et l’autre.

Vous parlez souvent de l’« idéologie du Même ». Comment la définissez-vous et qu’a-t-elle engendré ?

Sous cette dénomination, j’englobe toutes les théories, doctrines ou philosophies qui tendent à déprécier les différences au profit d’un modèle unique. Lorsque Condorcet déclare, contre Montesquieu, qu’une bonne Constitution est nécessairement bonne de tout temps et en tous lieux, il énonce un principe relevant typiquement de l’idéologie du Même.

Il en va de même des philosophies historicistes, qui pensent que tous les peuples sont appelés au cours de leur histoire à passer par les mêmes stades. Ou bien encore de ces néo-féministes hallucinées qui croient que les hommes et les femmes ne seront véritablement égaux que lorsque rien ne les distinguera (et qu’il faut dès lors “déconstruire” la différence entre le masculin et le féminin). D’une façon générale, dès que l’on conçoit l’égalité comme synonyme de la “mêmeté”, dès que l’on pense que ce qui est commun à tous les hommes est beaucoup plus important que ce qui les distingue, on est dans l’idéologie du Même.

Nous n’appartenons à l’humanité que par la médiation d’une culture singulière.

Dans cette optique, nous appartenons d’abord à l’humanité, tandis que les appartenances culturelles et nationales sont secondaires (c’est l’argument préféré des “humanitaires” favorables à une immigration sans contrôle). Or, c’est l’inverse qui est vrai : nous n’appartenons à l’humanité que par la médiation d’une culture singulière. L’aboutissement de l’idéologie du Même, c’est l’homme unidimensionnel, sans mémoire ni projet, l’homme interchangeable dont l’identité compte pour rien.

Selon vous, « vouloir choisir ce que l’on est révèle un déficit d’identité ». Pourquoi ?

Il faut replacer cette phrase dans son contexte, en l’occurrence le commentaire d’une déclaration faite par Élisabeth Moreno, ministre déléguée à l’Égalité entre les femmes et les hommes dans le gouvernement Castex, selon laquelle « chacun est ce qu’il veut être ». Ce n’est tout simplement pas vrai. Une phrase comme “Je suis ce que j’ai décidé d’être” (une femme sans utérus, un homme pourvu d’un vagin, pourquoi pas un canari ?) révèle un désir d’identité impossible, donc un déficit d’identité.

On ne (se) construit qu’à partir d’un donné, c’est-à-dire d’un “déjà là”.

On peut y voir la conséquence de ce leitmotiv de la modernité qui prétend qu’il n’y a pas de donné, que tout est construit. Or, s’il est exact que toute identité contient une part de construction sociale, ce n’est jamais une construction à partir de rien. On ne (se) construit qu’à partir d’un donné, c’est-à-dire d’un “déjà là”. Il faut donc rejeter à la fois le déterminisme brutal qui nie le libre arbitre et l’idée que la société doit faire droit à n’importe quelle catégorie de désir.

Ce ne sont pas, d’après vous, les communautés qui menacent la République, mais le jacobinisme ambiant et la fragmentation individualiste. Qu’entendez-vous par là ?

Il y a aujourd’hui un véritable mythe du “communautarisme”, devenu un mot-valise employé à tout bout de champ. Ce “communautarisme” que l’on dénonce à juste titre et qui n’est en fait qu’un séparatisme néo-tribal, qu’une caricature de communauté. La distinction entre communauté et société a été théorisée en 1887 par Ferdinand Tönnies dans son célèbre livre Communauté et Société.

Le grand problème de la République est qu’elle ne veut concevoir la nation que comme une addition d’individus.

Tönnies montre que c’est à l’époque moderne que la société remplace progressivement les anciennes communautés. Il souligne la valeur du modèle communautaire, ce qui n’a rien à voir avec les tentatives auxquelles nous assistons aujourd’hui d’instaurer sur notre sol une contre-société. Certains “communautarismes” posent des problèmes que d’autres communautés ne posent pas. Le meilleur exemple qu’on peut en donner est celui de la communauté juive, qui s’est parfaitement intégrée sans pour autant s’assimiler, faute de quoi elle aurait peu à peu disparu.

Le grand problème de la République est qu’elle ne veut concevoir la nation que comme une addition d’individus. En centralisant le pouvoir à outrance, en s’efforçant de supprimer les corps intermédiaires et d’éradiquer les identités, les langues et les cultures régionales, en faisant fusionner les notions de citoyenneté et de nationalité, en combattant tout ce qui pouvait s’interposer entre l’individu et l’État, le jacobinisme a appauvri notre pays au lieu de renforcer son unité.

Ce n’est pas tant contre le “communautarisme” qu’il faut lutter que contre le séparatisme, qui rejette toute idée de loi commune. Dire que la République ne doit “reconnaître aucune communauté” est à peu près aussi convaincant que de décréter que “les races n’existent pas”, alors que les unes comme les autres sont plus visibles que jamais.

Est-ce la raison pour laquelle vous déplorez que les intellectuels qui dénoncent le racialisme “indigéniste” se bornent à lui opposer l’universalisme ?

L’universalisme est l’une des formes de l’idéologie du Même. Ceux qui dénoncent le racialisme “indigéniste”, avec ses délires sur les “racisés” et le “racisme systémique blanc”, ont bien entendu raison de le faire. Mais en se contentant de lui opposer un idéal universaliste, qui est aujourd’hui un peu partout en crise tant il apparaît désormais comme une sorte d’ethnocentrisme masqué, ils se condamnent à l’échec. L’appel aux “valeurs de la République” est pareillement inopérant.

L’identité nationale est non seulement possible, mais nécessaire et même indispensable.

Je le répète, c’est au séparatisme qu’il faut s’en prendre et non aux communautés en tant que telles. L’universalisme raisonne à partir d’une conception abstraite de l’homme, étrangère aux situations concrètes. Il serait plus intelligent de chercher à déterminer quelles formes de singularités peuvent être admises à la stricte condition de ne pas antagoniser la loi commune, qui doit rester la ligne rouge à ne pas franchir. C’est le vieux problème de la conciliation entre l’un et le multiple.

Mais que proposer face à l’universalisme ? Peut-il y avoir une identité nationale ?

Je serais tenté de parler de “pluriversalisme”, ce qui implique la reconnaissance de la diversité des peuples, des langues et des cultures. N’oublions pas qu’une identité niée est une identité appelée à se radicaliser sous des formes aussi convulsives qu’inacceptables. L’identité nationale est non seulement possible, mais nécessaire et même indispensable. Mais elle ne doit pas se bâtir sur les ruines des identités particulières. Elle sera d’autant plus forte qu’il y aura plus de citoyens désireux de continuer l’histoire de ce pays, une histoire qui constitue son identité et qui est tout autant un héritage qu’une mission future.

Nous et les autres, l’identité sans fantasmes, d’Alain de Benoist, Éditions du Rocher, 240 pages, 20 €.

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[Entretien] Examiner l’islam avec Rémi Brague

Valeurs actuelles. Ce n’est pas ça le vrai islam, entend-on souvent au lendemain d’attentats islamistes. Mais qu’est-ce que le véritable islam ? Quels liens a-t-il avec les deux autres religions du Livre ? Comment s’expriment les idées de force et de violence ? Quelle place y a la raison ? Pour répondre à toutes ces questions et à bien d’autres, le philosophe Rémi Brague vient de publier une étude très fouillée, Sur l’islam. Fort de l’enseignement « philosophie de langue arabe » pendant vingt ans à la Sorbonne et pendant dix ans à l’université Ludwig-Maximilian de Munich, l’intellectuel ausculte les textes, les hadith, les versets pour nous offrir une meilleure connaissance de cette religion qui échappe parfois à notre compréhension chrétienne.

En octobre dernier, le Dr Erika López Prater, professeur vacataire à l’université de Hamline dans le Minnesota, a perdu son poste pour avoir montré à ses étudiants une image médiévale du prophète Mohamed. Son enseignement a été qualifié « d’irrespectueux et islamophobe ». Cette affaire fait actuellement grand bruit et le directeur de l’Institut national d’histoire de l’art (INHA), a dénoncé une « méconnaissance profonde de l’histoire de la culture islamique ». Qu’en pensez-vous ?

Rémi Brague. Je suis abasourdi par la malhonnêteté de l’étudiante musulmane qui a dénoncé ce professeur, laquelle avait demandé à quiconque aurait pu éventuellement se sentir choqué de quitter la salle, par la lâcheté de l’administration de l’université (mais il est vrai que “coucher et se coucher” sont parfois les deux mamelles d’une carrière académique), enfin, par la stupidité de ceux qui ont protesté contre cette image d’origine intégralement islamique – une miniature persane – et d’ailleurs des plus célèbres. L’historien de l’art que vous citez a tout à fait raison.

Votre livre étudie avec acuité les multiples dimensions de l’islam. Qu’est-ce qui vous y a poussé ?

Merci pour le compliment, mérité ou non. J’ai passé vingt ans à enseigner la philosophie arabe. Celle-ci n’est pas uniquement le fait de musulmans, puisque Razi (Rhazès) était libre-penseur, Maïmonide, juif, et Ibn Adî, chrétien. Reste que les plus grands noms étaient ceux de musulmans, et que Maïmonide, que je viens de mentionner, était pour une grande partie le disciple d’al-Farabi, qui vivait en milieu islamique. Il était donc bon de se familiariser un peu avec l’islam. J’avais bien reçu quelques notions d’islamologie à Langues O’, mais il m’a fallu beaucoup travailler pour approfondir.

Critiquer les préjugés, qu’ils soient bienveillants ou malveillants.

Ce qui m’a poussé à écrire est tout simplement un désir qui est central chez les philosophes : introduire de la clarté, dissiper les confusions, distinguer ce qu’il ne faut pas confondre, critiquer les préjugés, qu’ils soient bienveillants ou malveillants.

L’islam est tout autant une culture qu’une confession.

Les multiples dimensions dont vous parlez commencent dès le mot même, j’essaie de le montrer : l’islam est tout autant une culture qu’une confession. La pire confusion, parfois sciemment entretenue, consiste à amalgamer les musulmans, êtres humains, qui méritent comme tels un infini respect, avec l’islam, qui est un ensemble de croyances et de pratiques dont on peut penser et dire ce que l’on veut, pourvu, bien entendu, que l’on fournisse des arguments.

Quelle principale erreur font les Occidentaux vis-à-vis de l’islam ?

Les Occidentaux sont encore trop chrétiens, même les bouffeurs de curé les plus enragés, en ce sens qu’ils voient l’islam à travers des catégories chrétiennes et reculent souvent devant l’effort qui consisterait à comprendre l’islam tel qu’il se comprend lui-même. Cela commence dès la notion de “religion”. Nous mettons là-dessus des actes de culte séparés de la vie courante : prières, jeûnes, pèlerinages, sacrements chrétiens. Nous avons un mal fou à comprendre que, pour un musulman pieux, des interdictions alimentaires (balance ton porc !) ou des injonctions concernant la vêture (le fameux “voile”) ou le système pileux (la barbe) puissent faire partie intégrante de la religion… D’où des illusions de certains de nos politiciens, qui voudraient dissocier ce qui correspond à leur représentation de ce qu’une religion doit être de ce qui, toujours selon eux, ne relèverait que du “culturel” ou du “politique”.

Comment expliquer la méconnaissance conjointe entre chrétiens et musulmans ?

Cette méconnaissance est réciproque, mais elle n’est pas symétrique. L’homme de la rue, des deux côtés, est mal au courant de la religion de l’autre, et souvent aussi, d’ailleurs, de sa propre religion. Bien des musulmans connaissent leur propre religion aussi mal que les chrétiens la leur, ce qui n’est pas peu dire !

Le chrétien sait qu’il ne connaît pas l’islam, qui est pour lui une énigme.

Cependant, il y a une différence : le chrétien sait qu’il ne connaît pas l’islam, qui est pour lui une énigme. Dans quelle case faut-il le classer ? Énigme inquiétante, mais aussi intéressante. Le musulman, lui, croit qu’il sait déjà ce qu’est le christianisme, puisqu’il en est question dans le Coran. Le christianisme est donc quelque chose de dépassé, une vieillerie de peu d’intérêt.

La conséquence de ceci est qu’il y a de grands islamologues juifs et chrétiens de toutes les dénominations, comme Ignác Goldziher, Christiaan Snouck Hurgronje ou Louis Massignon, ou plus près de nous Roger Arnaldez – pour ne pas avoir à choisir parmi les vivants. Il y a d’ailleurs aussi d’excellents spécialistes du judaïsme chez les chrétiens, et du christianisme chez les juifs.

Une bonne connaissance du christianisme est rare chez les érudits musulmans.

En revanche, une bonne connaissance du christianisme est rare chez les érudits musulmans. Quant aux musulmans de base, les praticiens chrétiens du dialogue interreligieux constatent souvent chez leurs interlocuteurs, même s’ils les écoutent poliment, un manque d’intérêt pour les dogmes et pratiques du christianisme.

En quoi, finalement, l’islam se distingue-t-il profondément des deux autres religions monothéistes ?

Il y a quantité de religions monothéistes, avant le judaïsme chez le pharaon Akhnaton, après l’islam comme le baha’isme. Il y a des monothéismes non religieux, mais philosophiques, comme celui d’Aristote : son dieu unique ne connaît pas un monde qu’il n’a d’ailleurs pas créé ; il ne peut donc écouter les prières et encore moins les exaucer. Dans une certaine mesure, on peut aussi considérer les néoplatoniciens comme des monothéistes.

Pour en rester aux prétendus “trois monothéismes”, je vois le trait distinctif le plus décisif dans la présence ou l’absence de la notion d’alliance. Elle est dans la Bible et dans les deux religions bibliques. L’islam n’est pas une religion biblique, puisqu’il considère que les deux Testaments qui la constituent (pour les chrétiens en tout cas) ont été falsifiés et ne correspondent plus à ce qui a été donné à Moïse et à ‘Issâ (le Jésus du Coran).

Le christianisme pousse l’idée d’alliance à un extrême que le judaïsme n’accepte pas.

Certains des personnages clés de la Bible figurent dans le Coran. En tout cas, les noms sont les mêmes. Certains détails des histoires qui sont racontées sur eux coïncident plus ou moins : plus dans le cas de Joseph, à la sourate XII, beaucoup moins dans celui de Jésus. Or, ce sont ces histoires qui donnent un contenu à tous ces noms. Même Allah, “le dieu” du Coran, ne coïncide pas totalement avec le YHWH de la Bible hébraïque, car il ne se comporte pas comme lui. Par exemple, il ne laisse pas Abraham marchander avec lui sur le nombre de justes dont la présence devait permettre de ne pas détruire Sodome (XI, 74-76), à la différence du marchand de tapis culotté que met en scène la Genèse (ch. 18).

Selon la Bible, Dieu ne se contente pas de parachuter des commandements dans l’histoire humaine, mais s’engage dans ladite histoire, marche avec Son peuple à qui il a dit « je serai celui que je serai » (Exode, 3, 14). Il a pour ainsi dire une aventure avec l’humanité – dans tous les sens, y compris amoureux, de l’expression. Le christianisme pousse l’idée d’alliance à un extrême que le judaïsme n’accepte pas : pour lui, l’alliance trouve son incandescence dans l’union de la nature humaine et de la nature divine dans la personne de Jésus-Christ.

Pourquoi n’est-il pas possible de former le souhait d’une réforme de l’islam, dans la compréhension occidentale du terme ? Est-ce naïf d’appeler de ses vœux un « islam des Lumières » ?

On peut certes y appeler, et ceux qui le font ne manquent pas, y compris parmi les gens de culture musulmane. La notion de réforme, ou en tout cas sa nécessité, est récusée par certains musulmans pour lesquels l’islam était déjà une réforme des religions qui lui préexistaient. Les chiites voient parfois leur religion comme étant une réforme de ce genre.

Les “Lumières” sont une de nos vaches sacrées. Nous désignons ainsi un mouvement situé à un moment précis de l’histoire intellectuelle de l’Europe occidentale. Le transposer dans l’histoire de l’islam n’a guère plus de sens que de parler d’un “Moyen Âge” islamique. On essaie parfois de chercher à ces Lumières des antécédents. Ainsi chez Averroès, qui a quand même écrit « il faut tuer les hérétiques », non pas dans un écrit juridique, ce qui ne surprendrait pas, mais dans sa défense de la philosophie contre les critiques d’al-Ghazali ( Incohérence de l’Incohérence, XVII, 17).

Cela dit, il faut distinguer l’islam comme système, qui est assez bétonné, et les musulmans de chair et d’os. Ceux-ci peuvent prendre des distances envers le système en question. Encore faut-il qu’ils évitent de confondre leurs propres compréhension et pratique de l’islam, ou plutôt ce qu’ils souhaiteraient que l’islam fût à l’avenir, avec ce qu’ils imaginent que l’islam aurait toujours été, dès l’origine coranique. D’où des interprétations modernisantes de certains versets.

Au sujet de l’intégrisme dans l’islam, vous dites que s’il « constitue une maladie, alors c’est une maladie infantile » . Pourquoi ?

Le terme de maladie est dû au regretté Abdelwahab Meddeb (mort en 2014). J’ai pris la précaution de dire « ce que nous appelons intégrisme », car ce terme, originellement forgé pour le catholicisme (au moment de l’affaire de la “Sapinière” de 1909 à 1921), convient mal à l’islam. Je voulais dire simplement que ceux que nous appelons ainsi, d’une dénomination qu’ils récusent, s’inspirent de pratiques qui datent des tout débuts de l’islam – en tout cas tels que les raconte la biographie officielle du Prophète, la sira. Ils s’en inspirent et les revendiquent d’ailleurs très explicitement. Ce qui n’est pas sans mettre dans l’embarras ceux des musulmans qui voudraient en finir avec ce qu’ils considèrent comme des dérives.

Dans le Coran, il n’y a pas l’idée de loi naturelle. Quelles en sont les conséquences ?

La conséquence principale est que le seul législateur vraiment légitime est Dieu. Et non pas celui qui parle par la voix de la conscience, mais celui qui a dicté ses volontés dans le Coran et qui a donné à l’humanité le « bel exemple » (Coran, XXXIII, 21) du Prophète. Face à ce Dieu, aucun pouvoir humain, que ce soit celui d’un parlement démocratiquement élu ou celui d’un dictateur sans scrupules, ne fait le poids.

Il est faux de prétendre, comme on le fait parfois, que l’islam serait irrationnel.

L’usage de la rationalité a pris d’autres voies qu’en Europe. Pourquoi ?

Si elle ne dit pas autre chose que la raison humaine, ne devient-elle pas redondante, et donc inutile ?

Il est faux de prétendre, comme on le fait parfois, que l’islam serait irrationnel. Au contraire, selon ses défenseurs, il est la seule religion vraiment rationnelle, puisqu’il ne connaît pas les affirmations inouïes, paradoxales du christianisme : un Dieu unique en trois personnes, la nécessité d’une rédemption, un Dieu qui aime ceux qui le rejettent, qui par amour s’abaisse jusqu’à devenir un homme, etc. Cet argument n’est pas sans force, mais il a l’inconvénient de susciter une question : la révélation islamique, si elle ne dit pas autre chose que la raison humaine, ne devient-elle pas redondante, et donc inutile ?

Quant à l’usage de la raison dans le domaine du savoir profane, les musulmans ont fait au moins aussi bien que les autres, et plus tôt qu’eux : en mathématiques (dont l’astronomie), en botanique, en médecine, en philosophie. J’ai un peu honte d’avoir à rappeler ce qui est manifeste et devrait aller de soi. De même, à l’inverse, les superstitions n’étaient ni plus ni moins répandues et virulentes en terre d’islam qu’en chrétienté. Al-Ghazali parle de carrés magiques censés faciliter le travail des parturientes.

Cependant, si l’usage de la raison est aussi répandu et fécond, il est intéressant de remarquer que l’islam présente un paradoxe : d’une part, il considère que la raison humaine est capable de reconnaître l’existence de Dieu, laquelle est d’ailleurs, selon l’islam, une aveuglante évidence. Mais d’autre part, la raison est déclarée impuissante là où il s’agit de savoir comment il convient de s’orienter dans la vie profane, de choisir le bien et de s’abstenir du mal. L’homme est incapable de distinguer ce qui est bien et ce qui est mal, ce pourquoi il lui faut une révélation qui ne dit rien sur la nature d’Allah, et n’indique que Sa volonté.

De Rémi Brague : Sur l’islam, Gallimard, 400 pages, 24 € ; le Règne de l’homme, Gallimard, coll. “Folio essais”, 528 pages, 10,20 €.

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Valeurs Actuelles

[Entretien] Olivier Babeau : « Occuper son loisir est un art très difficile »

Valeurs Actuelles. Le loisir est tout sauf un élément anecdotique de nos sociétés : il est à la fois leur plus grande faiblesse et la clé de leur progrès, avertit Olivier Babeau dans son nouvel ouvrage. Mais pour le professeur d’université, fondateur et président de l’Institut Sapiens (laboratoire d’idées dédié à la réflexion sur la place de l’être humain dans le monde technologique), ce temps libre représente actuellement une grande faiblesse alors que le divertissement, loisir passif et stérile, prend trop le pas sur les autres formes de loisir. Un peu dépassés par l’importance inédite du temps non travaillé qui nous était accordé, nous n’avons pas questionné son emploi et la façon dont il accentue les inégalités sociales. Alors que les nouvelles technologies renforcent cette emprise du divertissement sur nos temps de cerveau disponibles, cet ouvrage appelle à l’examen de conscience.

« On a volé notre temps » , avertissez-vous dès les premières pages de votre ouvrage. De quelle manière ?

Olivier Babeau. Je pars du constat que nous avons beaucoup de machines censées nous permettre d’économiser notre temps, tout est à portée de doigt. Par exemple, en deux clics nous pouvons commander un billet de train, là où auparavant il fallait se rendre au guichet et faire la queue.

Or, malgré cela, nous sommes nombreux à courir après le temps, à n’avoir jamais de moments pour faire ce que nous avons envie de faire : la pile de livres non lus s’élève sur la table de nuit, l’instrument de musique prend la poussière… Cela augmente notre culpabilité. Ce temps gagné sur le temps de travail grâce à son recul nous échappe comme du sable fin entre nos mains.

Dans mon ouvrage, je procède à une archéologie du temps libre. Je constate que nous terminons une époque commencée il y a dix mille ans, avec le néolithique, c’est-à-dire la sédentarisation. Celle-ci scellait la fin du nomadisme de groupes de chasseurs-cueilleurs qui avaient une logique économique très différente. Ces hommes du paléolithique travaillaient très peu : deux à quatre heures par jour. Ils menaient ainsi une vie de relative oisiveté qui ne correspond toutefois pas totalement au loisir actuel, où l’on s’extrait du collectif pour faire des choses seul, car la vie était collective. Puis, à partir du néolithique, on a fait une sorte de pacte faustien avec l’agriculture et l’élevage. On a cru acheter la tranquillité d’approvisionnement. Mais celle-ci a permis d’avoir beaucoup plus d’enfants, donc de bouches à nourrir. Et comme l’agriculture est très dépendante des aléas du climat, on n’est finalement jamais autant mort de faim qu’à partir de l’adoption de l’agriculture. Et on n’a jamais autant travaillé.

L’histoire de l’humanité depuis dix mille ans est celle d’une très lente reconquête de ce temps libre de l’âge d’or du paléolithique. Cela s’est accéléré au XIXe siècle, d’abord par une forme de retour en arrière avec l’industrie qui a fait exploser le nombre d’heures de travail, plus de 4 000 heures par an pour un ouvrier, puis avec le reflux tant attendu au XXe . On travaille de moins en moins : on faisait 1 950 heures par an dans les années cinquante contre 1 500-1 400 heures par an aujourd’hui dans une vie bien plus longue et avec une vie professionnelle plus courte. Comme l’a calculé François-Xavier Oliveau, en 1841 un homme travaillait 70 % de sa vie éveillée en moyenne. Aujourd’hui, pour une personne aux 35 heures et atteignant les 85 ans, cela représente seulement 12 % Très clairement, dans l’arbitrage travail/loisir, on choisit le loisir. C’est un phénomène nouveau : sous Sarkozy, un sondage montrait que 60 % des Français étaient prêts à travailler plus pour gagner plus. Cela s’est désormais inversé. Je ne déplore surtout pas le fait que le loisir a vaincu le travail, je m’interroge toutefois sur ce qu’est devenu ce temps en dehors du travail.

Comment expliquer cette inversion récente ? Plusieurs interprétations sont possibles. Je retiens entre autres le vide téléologique dans lequel nous nous trouvons. Il y a une absence de but, de sens. Il n’y a plus de grands récits de la religion ou de la patrie fondant l’accord implicite selon lequel on échange du travail contre des bienfaits. Durant les Trente Glorieuses, on acceptait de travailler beaucoup en échange d’améliorations saisissantes du niveau de vie.

Nous sommes aussi dans un moment paradoxal : nous ne sommes plus excités par la consommation, on n’est plus prêt à travailler pour elle, mais on n’est pas prêt non plus à y renoncer. On la considère comme un dû. Les gens ne voient pas pourquoi ils devraient travailler pour jouir des fruits d’une prospérité à laquelle ils ont toujours été habitués… Le loisir est devenu en quelque sorte une nouvelle religion. Un remplacement des fins dernières. Le sens de la vie ne se trouve plus dans l’espoir d’une vie après la mort ou dans une cause collective pour laquelle donner sa vie, mais dans l’exigence de “se faire plaisir”, dans cette espèce d’hédonisme individualiste qui passe par le temps de loisir. Il est devenu l’or de notre existence, mais aussi d’une partie de l’économie qui fonctionne pour la production de divertissements.

Comment décrire le loisir ? Il y a trois types de loisir : le loisir aristocratique, qui est le loisir pour les autres, celui qui se caractérise par l’agrégation sociale, le fait de s’inscrire dans un réseau. C’est le temps familial, amical ou social. Il y a ensuite le loisir pour soi, la skholè ou loisir studieux, tel le moine ou le philosophe qui se concentre sur son amélioration personnelle. Cela concerne donc tous les loisirs actifs. Le sport en fait partie. Ce sont les activités qui enrichissent d’une manière ou d’une autre. Enfin, il y a le temps pour rien, le temps hors de soi, de fuite de soi-même, le divertissement pascalien. Il n’est pas radicalement mauvais, la question est l’équilibre des trois. Or le divertissement a phagocyté une partie de notre temps libre…

« Le triomphe du temps libre va de pair avec une forme de désespérance existentielle », c’est un peu fort… Le temps libre seul ne donne pas de sens à l’existence. Le problème philosophique du sens de la vie se pose peut-être encore plus quand on a beaucoup de temps à soi que quand on en a très peu.

Le sociologue Georges Friedmann parlait du « travail en miettes » : la mécanisation et la parcellisation des tâches déshumanisaient le travail. À ce travail dépourvu de sens répond un loisir qui en est lui aussi privé. La succession des sollicitations en tout genre, notamment via les réseaux sociaux, produit aussi un loisir en miettes. C’est tout le message de mon livre : on ne questionne pas assez cet océan de loisirs qui nous est donné. C’est d’autant plus dommageable que les inégalités se produisent et se transmettent dans ces temps de loisir.

Vous expliquez, en effet, que l’usage de son temps libre devient « le principal levier de la lutte des places », pourquoi ? Durant l’Ancien Régime, les inégalités étaient établies par la naissance. Au XIXe s’ajoutent les effets de la transmission des moyens de production et du capital. Au XXIe siècle, les capacités cognitives sont devenues déterminantes dans la réussite. Notre économie est de plus en plus exigeante sur les niveaux de formation. Le niveau requis monte, et les conditions de la reproduction sociale se durcissent. Le XXe siècle était le siècle de l’ingénieur, le XXIe est celui d’une nouvelle forme d’honnête homme, très polyvalent, capable de mêler les savoirs. Or les élites ont toujours été attentives aux leviers de reproduction sociale. Elles consacrent une énergie immense à réunir les conditions favorisant la réussite de leur progéniture. Le bon usage des loisirs en fait partie. Ce n’est pas qu’une question d’argent : ceux qui réussissent le plus sont les enfants d’enseignants ! On peut penser que ces parents sont par profession attentifs à transmettre une forme de discipline du temps pour soi. Cette éthique de l’usage actif du temps libre est plus facilement cultivée dans certains milieux sociaux que dans d’autres.

Le loisir est quelque chose de très sérieux. L’erreur est de le considérer comme évident, facile.

Occuper son loisir est un art très difficile. Il ne faut pas oublier que les membres de l’aristocratie avaient une conception très contrainte de la façon de vivre leur oisiveté. Ils avaient peu de temps réellement libre, car il était entièrement consacré à cultiver leur appartenance sociale. Le temps libre pour soi demande aussi une discipline de soi, qu’avaient les moines et les philosophes, nécessitant une mise à distance du plaisir immédiat. Résister à soi-même est ardu, c’est tout un art qui est traditionnellement transmis dans certaines classes sociales. On y apprend à procrastiner le plaisir : par exemple, souffrir quelques années avant de savourer le plaisir de bien jouer du violon. On a alors accès à une qualité supérieure de plaisir parce qu’il a été épargné, capitalisé.

Quelle est la différence entre culture et divertissement ? Je fais très attention à ne pas faire de jugement de valeur, à ne pas opposer les anciens et les modernes, la musique classique et le rap. Il y a de la production culturelle de valeur à toutes les époques. Seulement peut-on dire qu’il est plus difficile de bien discerner, sur le moment, ce qui survivra à l’épreuve du temps. Ce qu’on appelle culture est ce qui s’oppose au divertissement qui, lui, ne laisse pas de trace. Il se consume, se consomme dans l’instant. C’était l’idée de Hannah Arendt : « Seul ce qui dure à travers les siècles peut finalement revendiquer d’être un objet culturel. »

Le problème est que notre obsession égalitariste nous conduit à une relativité délétère, interdisant de distinguer ce qui appartient proprement à la culture et ce qui ne lui appartient pas.

Si tout est culture, alors la culture n’est rien.

Quel effet ont les écrans ? Ils ont accéléré les choses. Le coût marginal d’accès au savoir, à tous les contenus du monde, est tombé à zéro, mais le savoir n’est pas pour autant mieux répandu en pratique. Les écrans ont aussi contribué à répandre des rumeurs ou des théories du complot. Un sondage récent a montré qu’un jeune sur six pense que la Terre est plate. Depuis que tout est disponible, la vérité ne s’est pas répandue car se sont aussi déversés toutes les erreurs et tous les mensonges. Le modèle économique des plates-formes est fondé sur la maximisation du temps passé. La fascination exercée par la succession stroboscopique des images est intentionnellement produite.

Justement, la société industrielle est devenue une société de la « captation de l’attention ». Quelles en sont les conséquences ? Le nouvel or de la société, à travers le loisir, est notre temps de cerveau disponible. Notre attention est la matière première des plates-formes. On a ainsi développé toutes les techniques de captation de l’attention en utilisant les connaissances les plus récentes dont on dispose sur le fonctionnement de notre cerveau. C’est très efficace : on est tous devenus un peu accros aux écrans. On déroule ainsi plus de 200 mètres de réseaux sociaux par jour en moyenne…

Finalement, faut-il rejeter la modernité, la technologie, et revenir aux humanités ? Il est possible de se débrancher plus souvent, de moins utiliser son smartphone, en se créant des limites de temps d’activité par jour sur les applications. Mais pour certains métiers, c’est professionnellement compliqué, tous ne peuvent pas se débrancher. D’ailleurs, il ne s’agit pas de rejeter la modernité mais d’en tirer parti au mieux. Ce qui implique de connaître son passé. L’essentiel est moins de se débrancher que d’acquérir une discipline de soi afin de maîtriser les technologies. Ces dernières ont précisément besoin des humanités, c’est-à-dire, dans l’esprit de Cicéron qui avait proposé le mot, de ces savoirs qui nous rendent proprement humains.

Quelle juste place donner aux loisirs ? Le loisir est quelque chose de très sérieux. L’erreur est de le considérer comme évident, facile. C’est un défi redoutable que de bien occuper son temps libre. Les Américains disent “work hard, play hard” . Il faut relever ce défi sérieusement pour en tirer le meilleur. Nous avons une qualité de vie extraordinaire et il faut en être conscient. Mais l’épanouissement personnel est peu corrélé à la quantité de “j’aime” recueillis sur les réseaux sociaux et de vidéos regardées. Dans un monde où mille séductions technologiques nous entraînent loin de nous-mêmes, il nous faut plus que jamais cultiver l’art difficile de la relation aux autres et à soi.

La Tyrannie du divertissement, d’Olivier Babeau, Buchet Chastel, 288 pages, 21, 50 €.

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France24 - World

Nigeria postpones elections to choose new governors after court ruling

Issued on: 09/03/2023 - 03:02

NEWS WIRES

Nigeria's electoral commission has postponed by a week Saturday's elections to choose new governors, saying it needed more time to reconfigure electronic machines that are at the centre of last month's disputed presidential vote.

The elections to pick governors in 28 of the country's 36 states will now be held on March 18. Governors are among the most influential politicians in Nigeria, Africa's biggest economy and largest oil producer.

Independent National Electoral Commission (INEC) said late on Wednesday it needed more time to reconfigure its Bimodal Voter Accreditation System (BVAS) that uses fingerprints and facial recognition to identify voters and transmit results from polling station.

The same BVAS machies were used during las month's presidential and parliamentary vote.

"This decision has not been taken lightly but it is necessary to ensure that there is adequate time to back up the data stored on the over 176,000 BVAS machines from the Presidential and National Assembly elections held on 25th February 2023 and then to reconfigure them for the Governorship and State Assembly elections," INEC said in a statement.

Observers from the European Union, the Commonwealth and other bodies reported a range of problems during last month's election, among them failures in systems designed to prevent vote manipulation, and criticised the INEC for poor planning and voting delays. But they did not allege fraud.

(REUTERS)

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Valeurs Actuelles

Terreur sur les prix alimentaires

Irraisonnables, exorbitantes, suicidaires… Voilà les qualificatifs des négociations commerciales qui s’achèvent cette semaine entre la grande distribution et les industriels. Voilà à quoi ressemblent les hausses des prix d’achat réclamées par ces derniers. Lesquelles, depuis un an et le déclenchement de la guerre en Ukraine, se sont accélérées. Et avec elles, la peur de l’inflation alimentaire.

Résumons : les grands groupes de distribution, E.Leclerc, Carrefour, Casino, Système U… ont débuté les négociations avec leurs fournisseurs le 1er décembre dernier. Ils avaient l’obligation de signer leurs contrats avant le 1er mars. Oubliées l’inflation de l’an dernier – 13 % sur les biens alimentaires à fin janvier – et les répercussions en cours d’année de la flambée des matières premières agricoles et industrielles, l’essentiel est de fixer les prix des contrats à venir pour un an, autant avec les multinationales comme Coca-Cola (Coca, Fanta, Sprite, Tropico…), Nestlé (Buitoni, Nescafé, Crunch, Lion, KitKat, Smarties, Contrex, Perrier… ), PepsiCo (Lay’s, 7 Up, Benenuts…), Mondelez (Côte d’Or, Milka, Cadbury, Lu, Oreo, Prince, Ritz…) ou Procter & Gamble (Pampers, Ariel, Gillette…), que les centaines de PME françaises.

« Avec Carrefour, c’est irrationnel et avec Super U, on peut discuter. »

Des négociations « les plus dures depuis vingt ans », juge un fabricant de produits laitiers. Avec E.Leclerc, « les plus difficiles, lâche un autre patron de PME. Avec Carrefour, c’est irrationnel et avec Super U, on peut discuter. » Le président de la Fédération française des industriels charcutiers traiteurs (FICT), Bernard Vallat, confirme : « Super U a été parmi les moins sévères, du moins jusqu’à maintenant. » Mais de dénoncer, globalement, une situation d’« oligopole, de six centrales d’achat face à 300 entreprises de charcuterie ».

Des entreprises obligées de « se mettre à nu » devant les distributeurs. « C’est pire que face à un cabinet d’audit, raconte notre source. Tu es convoqué par la direction des achats ; tu t’as sois et tu négocies le bout de gras, dossier par dossier, le beurre, la crème, le fromage… ça peut durer un jour comme ça peut prendre trois mois. »

Les industriels sous la menace d’un déréférencement

Et le président de la coopérative Système U, Dominique Schelcher, par ailleurs propriétaire-exploitant du Super U de Fessenheim, de renchérir : « Beaucoup gardent en tête l’image de réunions se déroulant dans des petits box où des dizaines d’industriels se succèdent à un rythme effréné chez les distributeurs. C’est faux. » Les négociations, secrètes, se tiennent, généralement au siège des distributeurs. Plus rarement, à l’étranger, à Bruxelles pour E. Leclerc, qui détient sa centrale Eurelec avec la coopérative allemande Rewe, ou à Madrid, pour Carrefour et sa centrale Eureca.

Selon nos informations, au 24 février, seulement un peu plus d’un industriel sur deux était parvenu à signer tous ses contrats avec les distributeurs. « Je peux vous dire que c’est du jamais-vu ; cela explique que certains produits sont déjà en rupture de stock dans les rayons », affirme une première source. « C’est tendu, très tendu. L’année 2022 a coûté cher à tout le monde avec des fournisseurs qui n’ont pas pu passer toutes les hausses souhaitées et qui veulent à présent se rattraper », poursuit une seconde.

Seul Casino temporise : « Nous avons conclu plus de 65 % des accords, un résultat très en avance aussi bien avec la centrale détenue avec Intermarché qu’avec les fournisseurs en direct. » Les autres, en particulier Carrefour, jouent la montre. Ils menacent les industriels de déréférencer leurs produits et les accusent de demander des hausses de prix « délirantes », selon les mots d’Alexandre Bompard, président de Carrefour.

Revue par rayons : l’industrie laitière et fromagère exigerait en moyenne 15 % de revalorisation des prix d’achat. « Le prix du lait a augmenté de 25 % l’an dernier et celui de l’emballage de 25 % ; nous demandons entre 10 et 15 % de hausse », nous confirme François-Xavier Huard, président de la Fédération nationale de l’industrie laitière. Les Charcutiers de leur côté revendiquent 20 %.

« On ne peut pas demander moins. En un an, le prix du porc a augmenté de 75 % ( + 20 % depuis le début de l’année) et le surcoût d’énergie représente jusqu’à 5 % du chiffre d’affaires », nous dit Bernard Vallat. Parmi les fruits et légumes, qui sont peu contractualisés, la filière tomate espère une majoration proche de 15 %. « Nos charges ont augmenté de 10 % pour la main-d’œuvre et de 25 % pour les emballages », justifie Pierre-Yves Jestin, le patron de Savéol. Et de rappeler que depuis la loi Egalim, les distributeurs ont l’obligation d’accepter la hausse des prix des matières premières agricoles (MPA) mais de ne pas répercuter l’inflation énergétique et les autres charges liées aux emballages ou à la logistique (MPI, matières premières industrielles). C’est là où ça bloque.

Des hausses de prix aux “justifications ésotériques”

Les multinationales, Unilever, Danone et Coca-Cola en particulier, réclameraient des hausses « aux justifications ésotériques », considère Dominique Schelcher. Chez PepsiCo, ce serait de 30 % ; chez une autre, de 25 %, sur les paquets de bonbons. « Les hausses demandées par les PME sont inférieures à celles des multinationales alors qu’à produit comparable, il y a les mêmes matières premières, les mêmes emballages, les mêmes fournisseurs », analyse le président de Système U. « On ne comprend pas les exigences de Danone. Ses eaux minérales n’ont pas subi de charges exceptionnelles en dehors de la hausse des emballages et de l’embouteillage », lâche un autre distributeur. Parfois, les hypers souhaitent des baisses de prix, là où ils n’ont jamais appliqué les hausses de l’an dernier.

Pour Jacques Creyssel, délégué général de la Fédération du commerce et de la distribution (FCD), les grands industriels comme Lactalis profitent de l’inflation galopante et ont une attitude « irresponsable ». « Ce qui est irresponsable, c’est de porter le discrédit sur une filière, alors même que la guerre en Ukraine a montré combien la Francedoit retrouver sa souveraineté alimentaire », répond François-Xavier Huard. Même analyse chez Savéol. « Nous sommes à un virage pour notre souveraineté alimentaire ; Leclerc, Carrefour, Auchan… achètent tous de la tomate marocaine car les coûts de production sont jusqu’à dix fois inférieurs ! », s’inquiète Pierre-Yves Jestin.

Et de rappeler que le coût de la main-d’œuvre représente 40 % du prix de production. Quant aux contrats énergétiques, les entreprises les ont signés à des prix extrêmement élevés pour se couvrir d’une nouvelle hausse. « Les épées de Damoclès sont toujours présentes même si les prix spot des matières premières ont rebaissé depuis l’an dernier », note François-Xavier Huard. D’autant que les entreprises du secteur laitier n’ont pas pleinement bénéficié des dispositifs d’aides à l’énergie. Beaucoup étaient exclues sur le critère des dépenses énergétiques qui devaient atteindre 3 % du chiffre d’affaires en 2021 (6 % en 2022) et/ou ne pouvaient pas prouver une baisse de leur résultat d’exploitation de 40 %, ce qui est énorme.

« Les clients ne pourront pas digérer toutes les hausses. »

Pire, les grands groupes internationaux formuleraient, en outre, des revendications liées à la transition écologique. Pour décarboner leur production et répondre aux exigences politiques, les industriels ont investi des montants stratosphériques qu’ils essaient de récupérer sur le dos des distributeurs.

« Je suis un homme de dialogue et d’équilibre, mais quand c’est trop, c’est trop ! », s’agace Dominique Schelcher, qui estime que « les clients ne pourront pas digérer toutes les hausses ». Et de constater que « les ménages ont d’abord acheté moins de produits non essentiels, comme le textile, puis moins de produits frais, et maintenant ils arbitrent les grandes marques au profit des marques distributeurs ». Avec en bout de course, un risque de déconsommation. Déjà, depuis un an, les ménages ont réduit leurs achats alimentaires de 9 % selon une enquête BPCE.

“Ne laissons pas crever nos entreprises”

Certains distributeurs font aussi valoir qu’ils ne changeraient pas leurs prix en anticipation de la loi Descrozaille. « Comme si un texte présenté le 15 janvier aurait pu s’appliquer au 1er mars », soupire un politique. Ce texte, porté par le député du Val-de-Marne Frédéric Descrozaille, également appelé Egalim 3, vise à limiter les ristournes (à 34 % pour tous les produits sans dérogation) et à “sanctuariser” jusqu’en 2026 le seuil de revente à perte à 10 %. Il a été adopté à l’unanimité par le Sénat le 15 février et sera étudié en commission mixte paritaire le 8 mars. Un projet de loi accusé de faire monter les prix et de s’en prendre frontalement aux distributeurs.

Carrefour a publié un chiffre d’affaires 2022 de 90,8 milliards d’euros, en progression de 16 %.

« Les attaques sont intolérables. J’ai reçu des menaces de la part des distributeurs. Jusqu’à me demander de mettre ma famille à l’abri », nous confie Frédéric Descrozaille, pour qui le modèle de la grande distribution reste globalement « très rentable ». Pour preuve, Carrefour a publié un chiffre d’affaires 2022 de 90,8 milliards d’euros, en progression de 16 % (8 % en comparable) et un bénéfice net de 1,2 milliard (+ 8 %). Les ventes du groupement Les Mousquetaires-Intermarché ont atteint 36 milliards d’euros (+ 2 %).

Dans les rayons, la bataille des marges fait rage. En haut du pavé, volaille et charcuterie permettent aux distributeurs de dégager la rentabilité la plus élevée ; quasiment 10 % pour la volaille et 6,9 % pour la charcuterie, selon les dernières données de FranceAgriMer. « Cela fait cinq ans que la grande distribution se gave sur le dos des charcutiers, leur marge a sensiblement augmenté (+ 1,45 euro), tandis que les abatteurs et les éleveurs ont gagné très modérément (+ 20 centimes) et les charcutiers ont perdu 19 centimes », affirme Bernard Vallat. À l’opposé, les rayons boulangerie (- 4,7 %) poissonnerie (- 3 %) et boucherie (- 0,4 %), ne sont plus rentables, les marges étant entièrement rognées par les frais de personnel. À mi-chemin, la rentabilité du rayon fruits et légumes atteint 4,5 % et celle des industries laitières seulement 1,4 %.

« Nos entreprises laitières ont été fragilisées par l’année 2022 : nos marges ont été mangées par la hausse de l’énergie, insiste François-Xavier Huard. Contrairement à l’industrie lourde, à Duralex qui peut décider d’interrompre sa chaîne de production, nous ne pouvons pas exiger des éleveurs que les vaches arrêtent de produire du lait. » Hors micro du Salon de l’agriculture, chez les charcutiers, même constat désabusé. « Ne laissons pas crever nos entreprises », souffle Bernard Vallat. Un tiers des entreprises du secteur ont déjà réduit leurs effectifs et plusieurs sont en procédure de sauvegarde ou de redressement judiciaire. Fleury Michon a annoncé le 20 février la fermeture de son usine de Plélan-le-Grand en Bretagne, faute de repreneur.

« S’il y a une inquiétude à avoir cette année, elle concerne un certain nombre d’industriels agroalimentaires », confirme le ministre de l’Agriculture, Marc Fesneau. Après l’aide apportée aux paysans, le gouvernement préparerait un plan de soutien à l’industrie agroalimentaire destiné aux entreprises qui, « après avoir puisé dans leur trésorerie en 2022, ne sont plus capables de le faire », souligne Marc Fesneau. De l’avis général, il y a urgence.

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Maurras au carmel

Décembre 1926 : la foudre tombe sur la droite française. Devant les cardinaux réunis en consistoire, Pie XI condamne le mouvement nationaliste et néoroyaliste Action française, interdisant notamment de lire le journal du même nom sous peine d’être privé des sacrements et des funérailles religieuses. Le vendredi 24 décembre 1926, en une de son quotidien, l’Action française répond par un non possumus marquant son refus de se soumettre. Ce drame n’a pas échappé au carmel de Lisieux dont la prieure, mère Agnès de Jésus, est une sœur aînée de sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus.

Les religieuses sont-elles d’Action française ? Non, bien sûr, mais elles perçoivent bien que ce conflit entre un mouvement qui réunit une majorité de catholiques et le pape va entraîner des effets néfastes pour les âmes. Au nom de l’obéissance, elles se placent derrière Pie XI. Mais une idée s’impose à l’une d’entre elles : offrir sa vie pour la conversion de Maurras. Quand elle décède, le retour à Dieu du maître de l’AF ne s’est pas réalisé. Sa sœur de sang, religieuse dans le même carmel, entreprend alors de s’adresser à Maurras lui-même pour le pousser à la conversion.

Sœur Madeleine de Saint-Joseph se montre respectueuse mais ne lâche jamais Maurras et l’invite à la conversion.

Et c’est ainsi que commence en 1936 une correspondance proprement incroyable entre une petite carmélite retirée du monde et un intellectuel influent et chef d’un mouvement politique condamné par Rome. Au fil de la correspondance, sœur Madeleine de Saint-Joseph se montre respectueuse mais ne lâche jamais Maurras, l’invitant à la conversion, répondant à ses arguments, le poussant à l’acte d’humilité nécessaire à la rencontre avec Dieu tout autant qu’à la soumission au souverain pontife. Étonné, ému même, le chef de l’AF entre dans cet échange, malgré les circonstances parfois contraires (en 1936-1937, il est en prison), se laisse bousculer mais tient ferme ses positions. Non pas tant sur le plan personnel – sa position intérieure n’a rien à voir avec l’athéisme que ses adversaires lui prêtent – qu’en tant que responsable d’un mouvement dont il considère la condamnation injuste.

De son côté, mère Agnès suit avec attention cet échange et tient au courant Pie XI. Ce qui conduit Maurras, en 1937, à écrire au souverain pontife et à ainsi poser les premiers pas d’une reprise de contact qui conduira à la levée de la condamnation en 1939. Entre-temps, le comité directeur de l’Action française aura adressé une lettre au nouveau pape, Pie XII, regrettant publiquement le ton des polémiques passées et celles des opinions professées qui seraient « contraires aux enseignements de l’Église ».

Le “Conseil d’État tenu par des anges”

Et Maurras ? Le 13 juillet 1937, il s’est rendu en pèlerin au carmel de Lisieux. Est-il devenu catholique ? Non, mais il reste sous l’influence de celles qu’il appelle le « Conseil d’État tenu par des Anges » (mère Agnès, sa sœur également carmélite sous le nom de sœur Geneviève de la Sainte-Face et sœur Madeleine de Saint-Joseph).

Et c’est au seuil de la mort, en 1952, qu’il se confessera, recevra l’absolution puis l’extrême-onction avant de mourir le chapelet en main. Un aboutissement rendu possible par une correspondance aujourd’hui publique, dévoilant à la fois les secrets d’une âme et les péripéties de l’Histoire.

“Un chemin de conversion, correspondance choisie entre Charles Maurras et deux carmélites de Lisieux, 1936-1952”, rassemblée par Xavier Michaux, préface de Jean Sévillia, Pierre Téqui Éditeur, 472 pages, 28 €.

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Valeurs Actuelles

La France est devenue illisible en Afrique

La France n’a plus de pré carré en Afrique, elle a des devoirs, des intérêts, des amitiés, a déclaré Emmanuel Macron avant de s’envoler pour son périple africain du 1er au 4 mars. Un 18e déplacement centré sur Libreville au Gabon, Luanda en Angola, Brazzaville au Congo, Kinshasa en République démocratique du Congo (RDC). Excepté l’ex-pré carré portugais, où le président João Lourenço travaille de concert avec le groupe TotalEnergies et pèse dans la diplomatie régionale, sa cible est cette fois le dernier îlot majoritairement francophone, chrétien (à dominante catholique) et encore francophile du continent.

Depuis longtemps, la Chine est le premier investisseur étranger dans cette zone regorgeant de richesses naturelles.

Cette Afrique centrale n’échappe cependant pas aux forces qui fragilisent nos positions partout ailleurs. Depuis longtemps, la Chine est le premier investisseur étranger dans cette zone regorgeant de richesses naturelles. Le Gabon vient d’intégrer le Commonwealth. On évoque l’arrivée de la milice russe Wagner pour épauler la RDC face à ses défis sécuritaires ; une rumeur infondée pour l’instant.

« Il était grand temps de prêter attention à ce pôle toujours ami », murmure-t-on sur les bords de Seine, où l’on fait le grief à l’Élysée d’avoir jugé plus urgent, durant ces dernières années, de visiter les grandes capitales sous influence anglo-saxonne, pour un bénéfice aléatoire, car la guerre et la récession les rattrapent aussi. Cette nouvelle tournée africaine d’Emmanuel Macron est censée illustrer « l’autre voie » qu’il avait esquissée dès 2017 dans son discours de Ouagadougou (qui vient de mettre fin aux accords militaires bilatéraux), le nécessaire « renouvellement stratégique » pour rester « arrimé à ce grand foyer de la croissance mondiale » : place aux « partenariats de qualité, réciproques et responsables ».

Exit l’offre de sécurité, vive le “soft power”. À Libreville, au sommet sur la préservation de la forêt, Emmanuel Macron a œuvré à réconcilier la protection des poumons de la planète et le développement économique, ce qui avantagerait les entreprises européennes par rapport aux prédateurs chinois. À Luanda, il a aidé l’économie à restaurer sa souveraineté alimentaire mise à mal par la pandémie sanitaire et la guerre d’Ukraine. À Brazzaville, il a rendu hommage à de Gaulle et félicité nos entreprises qui réhabilitent le pays. Et à Kinshasa, il a assisté au forum économique euro-africain ; la France veut s’extraire de son tête-à-tête avec le continent pour ne plus être piégée, plaide l’Élysée.

Sur place, les Africains de la rue ont plutôt retenu que le président français était venu soutenir de fidèles alliés. Chacun sait qu’Ali Bongo, 64 ans, président du Gabon depuis 2009, sollicitera un nouveau mandat en août. Qu’en décembre, se tiendront des élections générales en RDC, où la partie sera difficile pour Félix Tshisekedi, 59 ans, à la tête du pays depuis 2019 ; tant pis si Emmanuel Macron a discrètement rencontré son plus sérieux compétiteur.

Le sortant a échoué à pacifier l’est du pays ensanglanté par les guérillas depuis des décennies. Le M23, l’un des plus connus de la centaine de groupes armés (dont une franchise de Dae’ch) qui ravagent l’Ituri, le Nord-Kivu et le Sud-Kivu, a repris l’offensive en novembre dernier. Goma, la métropole régionale, est menacée.

Les experts craignent un embrasement généralisé et des massacres ethniques à grande échelle.

Premier véritable “Congolais” accédant à la présidence, Tshisekedi n’était pas lié par le sang, comme ses prédécesseurs, aux Tutsis du Rwanda, d’où son président, Paul Kagame, arme et manipule les rébellions de l’Est. En retour, elles exploitent pour son compte l’or et les terres rares (le coltan notamment) du sous-sol, dont les cours flambent. Les rivalités et la cruauté de leurs “colonnes infernales” sont la cause de centaines de milliers de morts dans cette zone où la démographie explose ; des exactions documentées par l’Onu et les ONG, commises dans l’indifférence d’un Occident fasciné par Kagame.

Au vu du calendrier politique, les experts craignent un embrasement généralisé et des massacres ethniques à grande échelle ; un nouveau Rwanda… Emmanuel Macron, qui a tenté avec ses homologues de relancer la médiation régionale au point mort, a annoncé le lancement d’un pont aérien humanitaire vers Goma.

« Allez à Kigali chez ton ami, sinon les Congolais t’attendront avec des lances » : sur les murs de l’ambassade de France ou sur les réseaux sociaux, des slogans invitaient le président français à passer son chemin. En 2021, c’est lui qui a officialisé la fin de la brouille entre la France et le pays des mille collines, qui durait depuis le génocide de 1994. En Afrique, Paris est devenu illisible.

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Valeurs actuelles Grands Débats : Wokisme, la nouvelle tyrannie

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Valeurs Actuelles

JO 2024 : la climatisation dans les chambres du village olympique fait débat, Hidalgo fermement opposée

Pas de clim pour les Jeux olympiques ? Jeudi 2 mars, le comité d’organisation des Jeux olympiques de Paris 2024 a proposé de permettre aux athlètes de climatiser leur chambre, rapporte Le Parisien. Les athlètes doivent prendre leurs quartiers dans l’Est parisien, au sein d’un village olympique qui s’étend sur les communes de Saint-Ouen, Saint-Denis et L’Île-Saint-Denis. « Malgré la présence de la Seine, c’est un quartier qui reste très minéralisé et le village ne sera donc pas d’une fraîcheur exceptionnelle pour les athlètes, surtout en cas de canicule en plein mois d’août », tient à rappeler Cécile Gintrac, géographe et membre du comité de vigilance JO 2024, qui explique que la végétalisation du quartier, promise en héritage des Jeux, « ne sera pas optimale en 2024 ».

Aussi, le comité d’organisation de l’événement sportif propose-t-il que les athlètes puissent installer, à leurs frais, une climatisation, les Jeux ayant lieu en plein mois d’août.

Pour Anne Hidalgo, c’est non

Mais cette proposition a suscité un refus catégorique de la part d’Anne Hidalgo, maire socialiste de Paris et présidente de la Solideo (Société de livraison des ouvrages olympiques). L’édile parisien a expliqué que pareille autorisation irait en contradiction avec sa volonté d’avoir des infrastructures olympiques « écologiques ». « Je souhaite que les Jeux de Paris soient exemplaires sur le plan environnemental », insiste-t-elle, rappelant que « l’impact carbone sera réduit de 45 % pour le village des athlètes, pendant la phase de construction et sur l’ensemble de son cycle de vie, par rapport à un projet classique, permettant d’atteindre les objectifs des accords de Paris avec dix ans d’avance. Les bâtiments ont par ailleurs été conçus pour faire face au climat de 2050 », poursuit-elle. « Je ne reviendrai pas sur ces ambitions et, en tant que présidente de la Solideo, je peux vous garantir que nous ne changerons pas de trajectoire et qu’il n’y aura pas de modifications du programme de construction du village concernant la climatisation », conclut-elle.

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BBC

BMW invests in Oxford plant as it plans more electric Minis

Carmaker BMW is preparing to invest up to £600m in its Mini plant at Cowley, near Oxford, the BBC understands.

The money is expected to be used to prepare the plant for a future building electric models.

The government has offered support worth £75m to BMW.

The first generation of electric Minis was launched at the Cowley plant in 2019. The original model was based on an existing design, converted to run with an electric motor and batteries.

But last year, the company announced production of most of its electric cars would move to China, to be built by a joint venture between BMW and Great Wall Motor.

One electric model, the Countryman, would built at Leipzig, in Germany.

At the time, BMW suggested that building both conventionally fuelled and electric cars in the same factory was inefficient.

It also insisted Oxford would remain the "home of the Mini" and no jobs would be lost.

However, with the sale of new non-hybrid petrol and diesel powered cars due to end in 2030, the factory will ultimately have to build electric cars again, if it is to continue operating.

All Minis will be electric by 2030.

In a statement, BMW said it had a "continuous and productive dialogue with UK Government", but it declined to comment on any future production plans.

An announcement from BMW would a positive move at a time when analysts have been questioning the future prospects of the British car industry - with the sector undergoing profound change globally.

In 2022, UK production fell to its lowest level since 1956, according to figures from the Society of Motor Manufacturers and Traders.

Honda's factory in Swindon closed in 2021, while Ford shut its engine plant in Bridgend the year before.

In January, Britishvolt, which had been planning to build a "gigafactory" battery plant near Blyth, collapsed into administration.

The company has been bought by an Australian firm, Recharge Industries - but its priority is no longer expected to be batteries for electric cars.

Some new investment is planned, however.

Ford is investing £380m in its Halewood plant, preparing it to build motors for electric vehicles. Stellantis is preparing its Ellesmere Port factory in Cheshire to build electric vans - a project backed by £100m of public money.

A similar level of government funding is also going towards the construction of a gigafactory next door to Nissan's plant in Sunderland - where the electric Leaf is built.

But last month a senior executive at Nissan warned that ongoing government support and a reduction in manufacturing costs would be needed to justify building other electric models in this country.

Chief operating officer Ashwani Gupta told the BBC "the economics have to work".

The government is known to be keen for the UK to secure a stake in the emerging electric car industry, as conventionally powered models are phased out.

The £75m that is being offered to BMW comes from the government's Automotive Transformation Fund.

The government is also understood to be in talks with Jaguar Land Rover's parent company Tata over a package of funding for a possible gigafactory here.

However, Spain is also believed to be in the running for that investment.

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France24 - World

Will UK, EU deepen ties after Northern Ireland breakthrough?

Issued on: 08/03/2023 - 13:11

Tom WHEELDON

After years of vexed negotiations, few predicted a new Brexit deal on Northern Ireland. But not only did the February 27 agreement offer a genuine resolution of the thorny border problem – it also marked a big change in the ambience surrounding UK-EU relations. Some analysts say the war in Ukraine is a major factor in Brussels softening its stance, given the UK’s importance to European security, but they underscore that Britain will still be unable to enjoy the full benefits of EU membership outside the club.

Amid the smiles and fanfare at the Windsor Guildhall as the Northern Irish border deal was unveiled, EU Commission President Ursula Von der Leyen referred to PM Rishi Sunak as “dear Rishi”. Selling the deal in Northern Ireland, Sunak indicated a change in thinking from a glowing endorsement of a hard Brexit, instead hailing the British province’s place in the European single market as an “unbelievably special position”.

Sunak’s language mirrors a shift in British public attitudes towards Brexit over the past year and a half, with support for UK membership in the EU climbing to around 57 percent, according to a What UK Thinks polling aggregate.

The British economy is in a poor state post-Brexit. Both the IMF and OECD expect it to contract in 2023, as the G7’s worst-performing economy. Brexit is far from the only cause of this economic weakness; the UK has suffered from poor productivity growth since the 2008 financial crash for a complex array of reasons. Nevertheless, economists say Brexit is undermining the UK’s economic growth, with the Treasury’s non-partisan forecaster, the Office for Budgetary Responsibility, expecting Brexit to leave the economy four percent smaller than it would have been if the UK had stayed in the EU.

>> Sunak’s ‘seismic’ deal resolves N. Ireland border problem – but DUP support remains elusive

There is a feeling “among a small but substantial minority of those who voted ‘Leave’ that it’s messed up the economy”, noted Tim Bale, a professor of politics at Queen Mary, University of London.

As far as the political class goes, “even a fair number of Brexit-supporting Tories would like to see things put on a more amicable and hopefully more profitable footing”, Bale added. “Continued hostility, now we’ve left, benefits very few politicians, outside of the Brexit ultras on the Conservative backbenches.”

‘More pragmatism, less ideology’

Brussels bore this context in mind when reaching out ahead of signing the Windsor Framework, sensing this was the right moment to improve relations with the UK.

“It’s the EU that moved the most; they’ve accepted the UK’s concerns about trade flows between Great Britain and Northern Ireland, and they did so for political reasons, at a time when you can see the under-performance of the British economy is only going to get worse,” explained Jacob Kirkegaard, a senior fellow at the German Marshall Fund’s Brussels office.

“They gave Sunak a pretty good deal, and they didn’t have to do that. They could have played hardball.”

The changing of the guard at Downing Street made a colossal difference to what was possible – with the EU regarding Sunak very differently from the way it viewed a blustering Boris Johnson. Combined with the shift in British public opinion, the return of emollient, technocratic diplomacy in London laid the groundwork for deeper UK-EU ties.

The Windsor Framework “may open a new chapter in EU-UK relations, based more on pragmatism and less on Brexit ideology”, said Nicoletta Pirozzi, head of the European Union programme at the Italian Institute of International Affairs in Rome.

Ukraine ‘shifted the EU’s trajectory’

Even before Sunak’s Northern Ireland deal, the Conservative government showed a little more movement than pundits expected. Sunak’s predecessor Liz Truss had a similarly belligerent diplomatic style to Johnson’s – refusing to say whether France was friend or foe, for example. Yet Truss signed up to French President Emmanuel Macron’s grand idea of a European Political Community, bringing together EU members and non-members alike to discuss Europe’s common priorities.

When Truss surprised observers by attending the European Political Community’s inaugural meeting in October, Europe’s united stance behind Ukraine was at the top of the agenda. Indeed, the Russo-Ukrainian War has made Britain a relevant geopolitical actor again after the turmoil of Brexit. Europe’s biggest defence spender and a global leader in intelligence, the UK is the second-largest weapons donor to Ukraine behind the US. London has developed a special relationship with Kyiv – as demonstrated by the talks on Ukraine manufacturing its own arms thanks to a licensing deal with British companies.

Defence and security issues are much more salient than they were during the first stage of Brexit wrangling from 2016-2019. Back then, it was common to hear pro-Brexit pundits in the UK talking up the chances of Eastern European countries like Poland helping Britain get a special trade deal, seeing as the UK was the main proponent of their accession to the EU and has long shared their hawkish stance towards Russia. But this was wishful thinking, as the EU 27 maintained a united front behind the European Commission’s chief negotiator Michel Barnier, who was keen to make sure that Britain did not enjoy the benefits that come with being part of the club after summarily rejecting membership.

Yet now the war in Ukraine is likely to soften Brussels’ stance towards the UK even further – and Eastern European countries will cheer this process on, Kirkegaard predicted. “The EU is certain to accept Ukraine as a member state within the next 10 years – and that means the EU will almost certainly have a difficult border with a nuclear-armed adversary in the shape of Russia. The UK is a major military power, a nuclear power – and that really matters,” he said.

“Before the war, it didn’t matter very much, to be frank, but the war has really shifted the trajectory of the EU,” Kirkegaard continued. “Military and security issues are a much bigger deal – making the UK a lot more important to the bloc – and nowhere will this be felt more keenly than Poland, the Baltic states and Finland.

“I’m not so sure that even the French hard line on Brexit would have been sustained if the war had broken out in 2017 or 2018,” Kirkegaard added.

‘Full benefits for full members’

If both sides proceed with building closer economic relations, the most likely options are either the Norway model or the Switzerland model.

The Norwegian approach is membership in the single market without EU membership, which involves a lot of rule-taking without any real say in rule-making. This would be anathema to the anti-EU hardliners on the Tory backbenches, who heaped opprobrium on fellow Conservative MP Tobias Ellwood when he endorsed re-joining the single market last year, even if they are largely acquiescent about Sunak’s Northern Ireland deal. The Labour Party also rules out the Norway option.

By contrast, the Swiss option could give Britain the single market access its services-reliant economy needs without it having to adopt every single EU rule. Switzerland negotiates regulatory alignment with the single market on a sector-by-sector basis through an array of bilateral deals, many of which require renegotiation as the EU changes its rules.

Downing Street denied The Sunday Times’s report in November that it is looking at the Swiss model, amid backlash from the backbenches. Labour leader Keir Starmer said the same month he is not considering the Swiss option.

Enjoying a whopping poll lead, Labour are the overwhelming favourites to win the next general elections, due before the end of 2024 – although historically polls at this stage in the electoral cycle have tended to exaggerate Labour’s chances of taking power.

Starmer’s party wants to keep Brexit off the agenda and focus on the UK’s cost-of-living crisis and flagging public services, since Leave-voting Labour supporters switched to the Tories en masse to give Johnson his landslide in 2019. Hence Labour’s oft-repeated, opaque mantra about “making Brexit work”.

“Labour’s policy is basically to find ways of reducing trade friction without getting too close to the single market,” said John Curtice, a professor of politics at the University of Strathclyde. This position has fuelled speculation that Labour wants to “cherry-pick” EU rules to follow for market access à la Switzerland, Curtice observed.

But regardless of who wins the 2024 elections, there will be limits to the EU’s new conciliatory approach. Despite its importance as a defence and security heavyweight while war rages in Europe, the EU will not accept the UK trying to undercut the single market, noted Juha Jokela, director of the European Union research programme at the Finnish Institute of International Affairs in Helsinki.

The prospects for a better economic deal depend on how much the UK diverges from the EU regulation, Jokela said. If the UK seeks a “competitive advantage by lowering standards in areas such as workers’ rights and environmental protection”, for instance, the two sides’ relations could worsen again.

There will be a “limit” to the EU’s ties with Britain as long as it remains outside the bloc, Jokela concluded. “Even if the UK is a former member state, the EU is likely to continue to highlight that the full benefits of European integration belong to full members of the Union; while they enjoy all the rights of membership, they also have to fulfil the obligations of membership.”

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Will a deal with the UK allow Kyiv to make Western weapons in Ukraine?

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Guy Savoy perd sa troisième étoile : Guide Michelin, la course au buzz ?

« Ce sont deux restaurants exceptionnels, donc vous vous doutez bien que ce sont des décisions qui sont mûrement réfléchies, étayées par de nombreuses visites de nos inspectrices et inspecteurs tout au long de l’année », a justifié lundi à l’AFP Gwendal Poullenec, le patron du Guide Michelin. Les chefs le savaient-ils ? Serait-ce une histoire de buzz pour essayer d’intéresser une clientèle qui n’achète plus le guide rouge ?

Pourtant, Guy Savoy fut élu meilleur chef du monde pour la sixième fois encore en novembre dernier, et ces trois étoiles qui lui furent décernées par le même guide depuis 2002 étaient totalement justifiées. Christopher Coutanceau, quant à lui, avait obtenu sa troisième étoile juste avant le Covid. L’un a de la bouteille et le second est jeune, et précisons que tous les deux sont dans leur cuisine du matin au soir, ce qui n’est pas toujours le cas.

“Guy Savoy est un maître, il retrouvera son étoile”

Le guide rouge, qui aimerait continuer à faire chaque année la pluie et le beau temps dans le milieu de la gastronomie, n’avait pas annoncé de perte de la troisième étoile depuis 2020 (sauf pour les fermetures). Cependant, on peut s’interroger sur la stratégie développée par Gwendal Poullenec et ses équipes qui, à quelques jours du verdict, ont laissé fuiter ces informations bien avant l’heure attendue. Et se demander pour quelles raisons un chef comme Guy Savoy, au summum de son talent, reconnu dans le monde entier, qui dans son hôtel de la Monnaie, fait le plein de réservations, soit ainsi mis en cause ?

Il est à souligner que malgré la déception, la réaction de Guy Savoy et celle de Christopher Coutanceau sont extrêmement dignes, à la hauteur de leur talent, et ce n’est pas donné à tout le monde. Les connaissant bien tous les deux, je suis certaine qu’ils ne vont pas se laisser abattre. Au contraire, ils vont rapidement rebondir, encouragés par les nombreux messages de sympathie et d’incompréhension d’une clientèle très fidèle.

C’est d’ailleurs ce qu’a déclaré sur RTL une amie du chef, Roselyne Bachelot : « Guy Savoy est un maître, il retrouvera son étoile, ça va lui mettre un peu l’épée dans les reins, c’est excellent car il s’est peut-être habitué à sa gloire – et je dis cela très gentiment car je le connais. » Moins nuancé, Marc Veyrat, rétrogradé lui aussi en 2019, s’est indigné auprès de nos confrères du Dauphiné libéré : « C’est complètement stupéfiant. C’est n’importe quoi. Guy Savoy, c’est mon ami, c’est un très grand, il ne mérite pas ça. »

Malgré la déception, la réaction de Guy Savoy et celle de Christopher Coutanceau sont extrêmement dignes, à la hauteur de leur talent.

Au-delà de ces décisions qui paraîtront injustes, disons-le tout net aux habitués des tables étoilées : faites votre opinion vous-même. N’oubliez jamais que, contrairement aux critères du Michelin qui codifie tout, l’assiette reste une histoire d’émotions, de perception, de sensation personnelles, un instant subjectif et singulier. Que la générosité ne s’achète pas avec des notes, que l’émotion va bien au-delà des étoiles.

Il est loin le temps des récompenses discrètes décernées dans les cuisines de chaque chef par le guide. Aujourd’hui, il a changé, il s’expatrie, et les réceptions opulentes de remise des prix sont sponsorisées par les régions, les villes et les marques de luxe.

Revient une fois de plus la question cruciale : est-ce que les guides gastronomiques font encore la loi à l’heure d’Internet et des réseaux sociaux ? En tout cas, ce que l’on peut dire, c’est que le Michelin, réputé et envié dans le monde entier, ne fait plus recette. Seule l’image compte. Et cette annonce en est la preuve, reprise par tous les médias comme une actualité chaude dans un climat relativement dépressif, en France et dans le monde.

Valeurs actuelles Hors Série : Ressusciter le patrimoine français

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Guy Môquet, l’idéal type d’une légende

Le nom (de Guy Môquet) est un couperet qui tombe sur chacun de nous, une balle qui perce chacune de nos poitrines. Il répond d’un seul : présent ! Et comme sans réfléchir, droit, plus grand que jamais, notre Guy s’avance d’un pas rapide et assuré, dix-sept ans, plein d’insouciance et de vie ! À peine éveillé aux premiers rêves de l’amour, il est parti, notre Guy, comme serait parti un peu de nous… Extraites du livre le Crime contre l’esprit, édité clandestinement par le Parti communiste français en 1942, ces quelques lignes, magnifiques, écrites par Louis Aragon ont contribué à façonner la statue de Guy Môquet en héros de la Résistance… S’il n’est pas question, ici, de dénier son statut de martyr ni son courage à celui qui fut la plus jeune victime des 27 otages exécutés, le 22 octobre 1941, par les Allemands à Châteaubriant (Loire-Atlantique), en représailles à l’exécution d’un officier des troupes d’occupation, Guy Môquet ne fut pourtant pas le résistant qu’on a voulu bâtir.

« La confusion entretenue entre “clandestins” et “résistants” ne doit pas induire en erreur : si tous les résistants ont été clandestins dans leur action, tous les clandestins n’ont pas été résistants », expliquent les professeurs d’histoire Jean-Marc Berlière et Franck Liaigre dans leur ouvrage l’Affaire Guy Môquet, enquête sur une mystification officielle (Larousse, 2009). Selon eux, politiques et médias, saluant tous la portée “résistantialiste” de ce destin tragique, se sont « clairement trompés de modèle ». Quant aux historiens, « la plupart ont choisi de se taire ».

​“Une réalité occultée” du PCF, aux antipodes de l’image de “résistant”

​À l’instar du PCF clandestin durant la période du pacte germano-soviétique (23 août 1939-22 juin 1941), Môquet n’a nullement résisté à l’occupant allemand. Fils d’un député PCF emprisonné à la suite de la dissolution du Parti, membre des Jeunesses communistes (JC) depuis son plus jeune âge, l’adolescent n’a jamais distribué ou collé sur les murs autre chose que des tracts et affichettes édités par le PCF appelant à la « paix » (alors que les Allemands occupent la France), à la lutte contre « la guerre impérialiste » (de De Gaulle et l’Angleterre), et à la glorification de l’URSS de Staline (alors alliée d’Hitler)…

​L’étude des archives révèle selon les auteurs « une réalité occultée » du PCF, aux antipodes de l’image de “résistant” dont il s’est paré : « Haine de nombreux militants pour la République, internationalisme, anglophobie […] , espoir d’une défaite française, d’une intervention de l’URSS pour la victoire du socialisme et de la révolution. » En témoignent, notamment, la plupart des libelles passés entre les mains du jeune militant et de ses “camarades”. Ainsi du document titré « Nous avions raison » , qu’il distribue peu avant son arrestation gare de l’Est, le 13 octobre 1940 : « Il y a un an, la Jeunesse communiste, guidée par le grand parti communiste et son chef Maurice Thorez, approuvait le pacte germano-soviétique facteur de paix, et se dressait contre cette guerre odieuse. »

​Une fois arrêté, sur dénonciation, Môquet sera du reste si peu considéré comme “résistant” qu’il sera… acquitté le 23 janvier 1941 par la 15e chambre correctionnelle de Paris, laquelle ordonne même sa libération « immédiate ». Malgré cela, victime des lois drastiques de l’Occupation et afin de vérifier son degré d’appartenance aux JC (que naturellement, il nie), il sera envoyé au camp de Choiseul, à Châteaubriant – où il sera désigné comme otage, puis fusillé.

​À la suite des pressions du PCF, il deviendra interné résistant

​Cela fait-il de lui un « authentique résistant » ? Non, a encore répondu après-guerre, en 1955, la Commission nationale des déportés et internés résistants, sollicitée par son père survivant afin de lui accorder le statut posthume d’interné résistant. À l’issue de ses trois réunions consacrées au cas Guy Môquet (11 février, 15 septembre, 4 novembre), la Commission, unanime, estimera que celui-ci, à l’instar des 26 autres fusillés de Châteaubriant, ne peut y prétendre, devant se “contenter” de la qualité d’interné politique (carte n° 1301.08900).

​Ce n’est qu’un an après, en 1956, et sous la pression du PCF, encore très puissant, que le ministre (socialiste) des Anciens Combattants et Victimes de guerre, François Tanguy-Prigent, acceptera « exceptionnellement » de casser le jugement et de lui octroyer le statut si convoité d’interné résistant (n° 1201.18926). Devant le risque de voir d’autres familles de fusillés réclamer à leur tour le même statut, la décision ne sera officialisée qu’en 1962 – six ans plus tard…

« Je laisserai mon souvenir dans l’histoire, car je suis le plus jeune des condamnés », avait confié Guy Môquet, le jour de sa mort, à l’abbé Moyon, chargé de l’assister. Sa jeunesse, donc, mais aussi sa dernière lettre, poignante, adressée à sa famille, que Nicolas Sarkozy fera lire dans toutes les écoles ( « Ma petite maman chérie, mon tout petit frère adoré, mon petit papa aimé, je vais mourir… » ) : plus que sa “résistance” contre l’occupant, inexistante, c’est cela, d’abord, et l’émotion qui se dégage de ce parcours foudroyé, qui lui permit d’atteindre au rang de symbole.

​Texte d’Aragon, stèles, plaques de rue et même station de métro après-guerre… le PCF en a fait un monument.

Rien cependant n’aurait été possible sans la propagande orchestrée, en France, par le Parti communiste. Après avoir récupéré les lettres et planches de bois sur lesquelles étaient inscrits les derniers mots des fusillés de Châteaubriant, Jacques Duclos, à la tête du PCF alors clandestin, les expédie à l’avocat communiste Joë Nordmann avec cette recommandation : « Fais de cela un monument. » Texte d’Aragon, stèles, plaques de rue et même station de métro après-guerre… : cela le deviendra ! Moins, d’ailleurs, par la volonté du Parti de rendre hommage à la “résistance” de Guy Môquet qu’à celle de tisser sa propre légende d’un mouvement engagé, dès l’origine, dans la lutte contre l’occupant.

​Démonstration qui se fera via le livre les Fils de la nuit (Grasset, 1975), de l’ancien résistant communiste Albert Ouzou-lias : « Certains ont l’audace de prétendre que les communistes ont commencé la résistance en juin 1941 !, s’offusque-t-il. Dire ou écrire ces infamies […] , c’est cracher sur la tombe de Guy Môquet, 17 ans, lycéen, héros national, arrêté gare de l’Est. » Que répondre à cela ?

​Guy Môquet, écrira l’historien Jean-Pierre Azéma, « représente un idéal type de la mémoire communiste et de son usage stratégique » . Grâce à cette icône, poursuit-il, « les communistes étaient donc les meilleurs patriotes et l’internement précoce de certains d’entre eux suggérait que la résistance communiste datait du début de l’Occupation, ce qui gommait l’image déplorable des errements d’avant l’été 1941. »

Valeurs actuelles Hors Série : Ressusciter le patrimoine français

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Valeurs actuelles Hors-série : Les moines

BBC

What you need to know on Eurovision UK entry in 90 seconds

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Mae Muller has been revealed as the UK's entrant for the Eurovision Song Contest.

The announcement was made on BBC Radio 2's Breakfast Show by Zoe Ball and Rylan Clark.

The BBC's Eurovision reporter Daniel Rosney, like Eurovision fans all over the country, was listening in to the announcement.

Click to hear the announcement and this year's song entry.

Read more: Mae Muller announced as UK act for Eurovision 2023

Video by Alex Stanger

Valeurs Actuelles

Rennes : la ville interdit un concert du rappeur Freeze Corleone après une alerte du Crif

Pas de concert pour Freeze Corleone. Mardi 28 février, la municipalité de Rennes (Ille-et-Vilaine) a fait interdire un concert du rappeur Freeze Corleone, rapporte Le Parisien. C’est par un arrêté municipal que la commune a décidé d’interdire au rappeur francilien de se produire sur scène le 18 mars prochain à l’occasion du Boomin Fest, aux côtés de cinq autres artistes programmés au Liberté. C’est la section locale du Crif (Conseil représentatif des institutions juives de France) qui a « récemment » interpellé le préfet d’Ille-et-Vilaine sur « la haine raciale véhiculée par les propos indiqués et en sollicitant l’interdiction du spectacle ».

« Rien à foutre de la Shoah »

En effet, le rappeur Freeze Corleone, originaire de Seine-Saint-Denis, et de son vrai nom Issa Lorenzo Diakhaté, s’est fait remarquer par des propos antisémites dans ses textes (« J’arrive déterminé comme Adolf dans les années 1930 », « comme des banquiers suisses, tout pour la famille pour que mes enfants vivent comme des rentiers juifs »), voire carrément négationnistes (« Tous les jours RAF [rien à foutre] de la Shoah »), propos relevés par la section rennaise du Crif et par la Licra (Ligue internationale contre le racisme et l’antisémitisme).

Par conséquent, la mairie de Rennes a publié un arrêté municipal afin d’interdire purement et simplement au rappeur de se produire sur scène, invoquant « de véritables provocations et incitations à la haine, voire à la violence, propos illégaux remettant en cause les valeurs républicaines et la cohésion nationale ».

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Valeurs actuelles Hors Série : Ressusciter le patrimoine français

Valeurs actuelles Grands Débats : Wokisme, la nouvelle tyrannie

Valeurs actuelles Hors-série : Les moines

BBC

Native UK plants in catastrophic decline, major report finds

Parts of Britain's landscape today would be unrecognisable to someone who grew up just 70 years ago, a major survey of plant life suggests.

Non-native species have thrived while some native plants have been hit by modern agriculture and climate change.

In a 20-year study, botanists counted more non-native than native species in the wild.

Thousands of volunteers counted millions of flora to produce a Plant Atlas covering the UK and Ireland.

Britain is now one of the most nature-depleted countries in the world. That decline in biodiversity is also the subject of a new BBC documentary, Wild Isles, presented by Sir David Attenborough. One in every five plant species in the UK is listed as threatened.

The Plant Atlas 2020 is the third produced by the Botanical Society of Britain and Ireland (BSBI). The findings are "catastrophic" for native species, explains Kevin Walker, head of science at the BSBI.

"The loss of grasslands, heathlands and other habitats would be really shocking for someone brought up in the 1950s," he suggests.

The survey also shows evidence for the first time of how climate change is affecting plant life, Dr Walker said.

Thousands of volunteers recorded 3,445 plant species, of which 1,692 were native to Britain.

But 1,753 were non-native flora that compete with native species and can become invasive. They usually escape from gardens or are thrown away for taking up too much space, but thrive in the wild. They includes the American Skunk cabbage and Japanese Rose.

The areas where half the recorded species naturally thrive has declined since the 1950s, the survey found. Heather, Alpine Lady-fern, and Devil's-bit Scabious have decreasing ranges.

But some species, including the Bee Orchid, Early Meadow-grass and Mossy Stonecrop, have expanded their ranges.

Warmer temperatures further north means that some plants have been able to move into new areas where they can grow, but flora that live on top of mountains are dramatically declining as less snow falls.

The decline in plant life is largely driven by increased use of land for intensive agriculture as well as pesticides in farming.

These have removed land that flora grow on or altered the nutrient balance in soils.

Insect, animal and human life depend on plants as pollinators must feed on flora and in turn help to produce food crops.

The survey also found 10 new plants never before recorded, such as the Saltmarsh Sedge, an arctic plant found in Scottish saltmarshes.

And some species were found to be more abundant than thought. That includes the shrub the Alpine Bearberry which was found in several new places after intensive recording in remote parts of northern Scotland.

The most significant decline in flora was found in England followed by Scotland. Wales had the smallest reduction in species.

The survey's authors say that plants can be protected with stronger laws to safeguard natural sites and extension of plants' natural habitats with sustainable land management.

They also call for "plant blindness" to be addressed, suggesting that people be taught how to appreciate and understand the importance of flora.

How the survey was conducted:

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Watch: Key moments from David Attenborough's new BBC series, Wild Isles

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BBC

Emotional injured US Marine describes Afghanistan withdrawal 'catastrophe'

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Tyler Vargas-Andrews cried as he recounted his experience of the withdrawal of troops from Afghanistan in 2021.

The former US Marine, 25, was one of several US military personnel tasked with protecting Kabul's airport on 26 August, when two suicide bombers attacked crowds of Afghans trying to flee the Taliban during the US evacuation.

Thirteen US soldiers died in the bombing, along with 170 Afghan civilians.

He was speaking during the first of a series of Republican-led hearings examining the Biden administration's handling of the pull-out.

Read more on this story.

L'Humanité

En direct. Retraites : la lettre des syndicats à Macron, mobilisation étudiante et vote de la retraite à 64 ans au Sénat

L'essentiel

8 heures 39 min
L'Humanité

Russie. À Volgograd, le patriotisme l’emporte sur le pacifisme

Reportage

L’ancienne Stalingrad a vu sa notoriété et le prix payé dans la grande guerre patriotique récupérés par Vladimir Poutine pour expliquer son invasion militaire, il y a un an. Les habitants y adhèrent sans être dupes.

Vadim Kamenka

Volgograd (Russie), envoyé spécial.

Le dégel a débuté dans la ville de la Volga. Quelques traces de neige demeurent le long des berges du fleuve. Avec des températures positives qui atteignent les 10 °C, le million d’habitants de Volgograd déplore des rues saturées d’eau et de boue. Sur le kourgane Mamaïev, la statue de la Mère Patrie haute de 85 mètres continue de protéger la ville. Elle rappelle surtout le lourd tribut payé par les habitants et les soldats au cours de la bataille de Stalingrad, la plus sanglante de l’histoire militaire. Au total, plus d’un million de personnes ont trouvé la mort en l’espace de six mois (23 août 1942-2 février 1943). À l’occasion du 80e anniversaire de la victoire, le 2 février, le président russe a maintenu son discours contre les autorités ukrainiennes pour légitimer l’invasion de l’Ukraine comme une opération de « dénazi­fication », un an plus tôt. « Nous voyons que l’idéologie du nazisme, dans sa forme moderne, crée à nouveau des menaces directes pour la sécurité de notre pays », a déclaré Vladimir Poutine, et de commenter : « C’est incroyable mais c’est un fait, des chars allemands nous menacent à nouveau. »

Forcément, ce narratif officiel résonne chez un certain nombre des habitants. « Plus de 40 000 personnes sont mortes en l’espace de quelques heures sous les bombardements allemands. Elles ont littéralement brûlé. Forcément, cela nous marque, à l’image de notre ville qui a été complètement détruite. Ils ne se rendent pas compte du signal que les Occidentaux nous envoient ? » interroge Volodia, la cinquantaine, qui travaille dans une banque.

À côté de la maison Pavlov et devant le musée-panorama de la bataille de Stalingrad, trois bustes – de Joseph Staline, Gueorgui Joukov et Alexandre Vassilievski – ont été installés et inaugurés, en février, par Vladimir Poutine. À quelques mètres de là se trouve le Mémorial des victimes de la ­répression politique…Un mélange historique particulier. « Nous ne voulons pas retourner à l’époque de l’Union soviétique. On connaît les drames. Il s’agit de mettre en avant les défenseurs de la nation », estime une habitante qui profite des températures printanières pour se promener.

L’histoire est au cœur de cette guerre. Pour de nombreux historiens russes, l’Ukraine en a modifié l’enseignement lors de l’arrivée au pouvoir de Viktor Iouchtchenko, en 2004. « L’Holodomor (la famine qui a sévi en Ukraine et dans d’autres régions soviétiques en 1933 – NDLR) est devenu leur principal sujet de recherche. Tout devait amener à la culpabilité de l’État russe et d’un génocide », juge le professeur d’histoire, qui se rend dans les « nouveaux territoires » pour échanger sur cette thématique et l’enseignement dispensé jusqu’alors. Une analyse partagée par Arkadiy Korolev, professeur d’archéologie à l’Académie nationale des sciences sociales de Samara, qui dénonce « la transformation de criminels de guerre ukrainiens, ­reconnus comme tels par le Memorial de la Shoah, en héros nationaux. Une partie de ma famille les a combattus. Je ne peux accepter une telle réécriture ».

« Pourquoi interdire la culture de l’autre ? »

La Russie ne fait plus partie désormais du processus de Bologne, un espace européen commun de l’enseignement supérieur qu’elle avait rejoint en 2003. Cela permet-il d’envahir un pays ou de bombarder des innocents ? « Il s’agit d’une opération spéciale, pas d’une guerre. Nous évitons les civils », se défend un militaire en route pour Rostov, puis le Donbass. Pour Svetlana, qui a repris son métier d’infirmière à Volgograd, aucun doute, c’est bien « une guerre totalement absurde qui se déroule là-bas ». Encore marquée, elle raconte avoir eu la plus grande peur de sa vie « car (s)on fils, ingénieur dans l’armée, aurait pu être mobilisé. Une de (s)es tantes habitait dans la ­région de Lougansk. Elle a tenu depuis 2014. Mais l’année écoulée a eu raison de sa détermination. Elle n’a plus de contact avec son fils, parti vivre à Kiev puis en Allemagne. Pourquoi rompre des liens aussi forts ou interdire la culture de l’autre ? »

Dans la rue Gagarine, sur le toit du planétarium trône la sculpture Mir (« paix »), la dernière œuvre de l’artiste Vera Moukhina. « C’est un beau symbole », juge Evgueni Chamanaev, député communiste de la ville, qui déplore « un trop grand alignement de (son) parti sur les positions de Vladimir Poutine, lequel récupère les symboles soviétiques qui l’intéressent. Il n’a rien d’un communiste. En attendant, notre parti s’isole au niveau international » des autres partis communistes. Les habitants de Volgograd attendent les beaux jours et surtout la fin des combats.

UkraineGuerre en UkraineZaporijjiaVolodymyr Zelensky
France24 - Monde

Madhya Pradesh : le cœur de la belle Inde

Proposé par

Publié le : 31/01/2023 - 16:04Modifié le : 31/01/2023 - 16:09

The green paths

Du 20 au 22 septembre 2022, le salon IFTM à Paris, a mis en relation des milliers de professionnels du tourisme à travers le monde. Lors de cet évènement, Sheo Shekhar Shukla, directeur de l'office du tourisme du Madhya Pradesh, a parlé de l'importance du tourisme durable.

Madhya Pradesh est souvent surnommé le cœur de l'Inde. Située en plein milieu du pays, cette région est une synthèse de tout ce que l'Inde a à offrir grâce à son abondante diversité. Le salon IFTM Top Resa, qui s'est déroulé à Paris à la fin du mois de septembre, était l'occasion idéale pour les amateurs de voyages de découvrir la région.

Sheo Shekhar Shukla, directeur général de l'office du tourisme du Madhya Pradesh, a expliqué son approche du tourisme durable lors du salon.

"Après la crise, le monde entier a connu un changement d'approche en matière de tourisme. Et tous ces voyageurs avisés veulent vivre des expériences différentes : quelque chose de décalé, de nouveau, qui n'a pas été exploré auparavant".

Avec trois sites classés au patrimoine mondial de l'UNESCO, la région du Madhya Pradesh tient à préserver sa grande richesse historique : "L'UNESCO nous soutient très activement et trois de nos sites sont déjà classés au patrimoine mondial”, explique Sheo Shekhar Shukla.

“Sanchi est une destination spirituelle bouddhiste très célèbre, Bhimbetka est un lieu où des abris sous roche préhistorique sont encore préservés, et Khajuraho abrite des temples millénaires à l'architecture magnifique".

En somme, Shukla estime qu'il n'y a qu'une seule voie à suivre pour le secteur : "Les voyageurs doivent considérer le tourisme durable comme un paradigme afin de faire passer le tourisme au niveau supérieur".

En partenariat avec l'Office de tourisme du Madhya Pradesh.

Le résumé de la semaineFrance 24 vous propose de revenir sur les actualités qui ont marqué la semaine

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BBC

Budburst happens up to 7.5 days earlier in areas that are brighter at night due to light pollution

One summer night in 2014, a group of biologists and ecologists staked out several streetlamp-lit suburban areas just outside Wallingford in the UK. While their nighttime presence may have prompted some concern of potential thievery among the locals, they were actually there to observe nocturnal moths going about their nightly pollinating routine. 

The scientists were studying how the streetlights affected the moths' behaviour. Their theory was that the artificial light at night would disrupt the moths' flight patterns enough that it would impede how much, or how well, they could pollinate.

Sure enough, of the hundreds of moths they observed, over 70% were drawn upwards towards the lights and away from the flowering plants, resulting in a noticeable reduction in plant pollination as well as the number of pollen types that were transported by the moths. This proved true across several different nocturnal moth species and over 28 varieties of plants, meaning the ripple effect could have wide-reaching consequences.

This is just one narrow view into how light pollution is disrupting the natural world. Moths aren't the only pollinators impacted by dazzling city lights. Bees are also feeling the effects, along with all the plants they pollinate. As artificial lights disrupt how nocturnal pollinators interact with plants, their pollen output can be affected, which may, in turn, impact how well bees and other diurnal pollinators can fertilise them during the daytime. 

Light pollution already encompasses about a quarter of the planet and continues to worsen, increasing by about 6% every year with growing urbanisation. Global light pollution has increased by at least 49% over 25 years.

While its impacts are still being studied and vary widely across species, scientists do know light pollution is affecting how plants grow and reproduce. It disrupts their seasonal rhythms, their ability to sense and react to natural light, and their fragile relationship with pollinators. The more strained that relationship becomes, the more our food supply may be put in jeopardy. And just one broken link could create unfathomable physiological consequences up and down the food chain.

How plants sense the world

A primary reason light pollution, or artificial light at night, impacts most living things on this planet is that they have a circadian rhythm. This rhythm is the natural sleep-wake cycle that repeats every 24 hours and is governed by when it's light or dark. Most creatures, whether nocturnal or diurnal, carry out their living processes by this cycle, so when it is disrupted by, say, a perceived shorter nighttime, it can put undue stress on how internal systems function. And the longer that disruption goes on, the more potential there is for detrimental impacts. 

Light pollution is negatively impacting many different species, including bumblebees (Credit: Getty Images)

From the microplastics sprayed on farmland to the noxious odours released by sewage plants and the noise harming marine life, pollutants are seeping into every aspect of our existence. Sensory Overload explores the impact of pollution on all our senses and the long-term harm it is inflicting on humans and the natural world. Read some of the other stories from the series here:

Circadian clock disruptions can also affect regulating chemicals in humans, plants and animals, most notably melatonin, a molecule that is produced in response to darkness and helps regulate the circadian rhythm. "[It's] supposed to be elevated overnight, but light pollution suppresses melatonin, which, over time, can cause a whole sweep of negative health effects," says Valentina Alaasam, a researcher at the University of Nevada in the US. For humans, health impacts include an increased risk of sleep disorders, diabetes, depression, heart conditions, and breast cancer.

The effects aren't all that dissimilar to jet lag. Say you're flying from London to New York. Since you're traveling to a place five hours behind your home base, you're effectively gaining five hours of either day or night (depending on when you're travelling), which throws your circadian rhythm off kilter. The resulting jet lag can leave you feeling foggy, sleep-deprived, and generally under the weather for several days. That's just the result of one circadian rhythm disruption. Now imagine you're a tree on the side of a city street constantly being exposed to artificial lights from street lamps, cars, and buildings. If your internal system always thinks it's daytime, it can turn your life upside down.

"Plants are like animals in that they need a sleep cycle to process stuff, and what they do is they put attention on different activities at different times of the day. So they need to know the time of day," says Joanne Chory, professor at the Salk Institute for Biological Studies in San Diego, California.

Plants have photoreceptors, 13 that we know of, that they use to determine things like day length. This helps them know when to bloom and, for deciduous trees, when to drop leaves – arguably two of the most important events in a tree's calendar. Five of the photoreceptors absorb near-infrared light from the Moon and starlight, and eight absorb a type of UV light. By artificially extending the length of the day, light pollution can trigger these photoreceptors to the point where a plant's flowering pattern changes.

"Plants will get stressed out under [artificial] light. They can photosynthesise more, and because they are there's more stress," says Brett Seymoure, an ecologist and assistant professor of biological sciences at the University of Texas at El Paso. "It's just like a bodybuilder who's just always working out." When a plant photosynthesises, they're taking in energy, and if they're doing that all the time, it can be overwhelming and create a reactive type of oxygen that kills the plant.

Couple that with warmer winters and longer summers due to climate change, and you end up with trees growing well out of their natural rhythm, which can ultimately weaken them.

Seasonal changes

Blooming or budbursts typically happen in the spring with the arrival of warmer temperatures coinciding with longer days and more UV rays. However, Seymour says light pollution is scrambling those cues for plants. "The seasonal changes of plants have been affected by artificial light at night," says Seymoure. "They do budbursts sooner or they hold onto their leaves longer, and that's because the photoperiod, which is the ratio of daytime to nighttime, is being masked by artificial light at night."

Even ambient light that radiates miles out from a city can disrupt the circadian rhythms of plants and animals (Credit: Fabrice-Coffrini / Getty Images)

One study that analysed 13 years of budburst data from deciduous trees in the UK found that budburst happened up to 7.5 days earlier in areas that were brighter at night due to light pollution. Budburst can also change when trees drop their leaves in the autumn because, again, artificial light interferes with the perceived photoperiod of shortening days as winter approaches. 

Normally, as days grow shorter, deciduous trees stop the production of chlorophyll, the primary pigment used in photosynthesis, and pull nutrients out of their leaves, which is why they change colour and eventually fall to the ground. "But since they're just constantly bombarded by street lights, they don't get that photoperiod, so they're going to hold on to their leaves a lot longer, and they could lose all those leaves that have this chlorophyll which is actually very energetically costly," says Seymoure.

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Light pollution disrupts pollinators' circadian rhythms as well as their general life patterns, which ultimately impedes plant reproduction. Several studies, the UK moth study included, have found that nocturnal pollination is diminished under artificial lights. A 2017 study found that nocturnal plant-pollinator interactions were 62% lower in brightly lit areas than in non-illuminated ones. When those interactions shrink, plants aren't as stimulated to produce pollen, which leaves less pollen for diurnal pollinators like bees.

The seasonal changes of plants have been affected by artificial light at night – Brett Seymoure

Just like jet lag affects humans, light pollution can also stress pollinators' bodies by reducing their sleep and recovery time, ultimately making it harder for them to pollinate and reproduce.

Light pollution even impacts migration by attracting insects (and other flying animal species) away from their natural, intended path and into dangerous and often deadly scenarios. "[It] has been shown to disorient [bird] migration routes and change where species breed or overwinter," says Alaasam. These migratory changes can potentially impact plants that are pollinated by birds or plants that get their seeds dispersed by birds.

There are simple steps we can all take to reduce light pollution, and many of the positive effects are instantaneous.

In terms of insects, Seymoure calls this attraction to light the "trap effect" which is "where the insects come to the lights but they never pollinate because they're just too busy flying around in the light," says Seymoure. Other pollinators, such as certain species of beetles, are photophobic, and simply avoid vegetation under artificial light; this is the "repel effect". Around one-third of bugs that are attracted to artificial light at night don't survive past the morning, according to a review of 229 studies Seymoure co-authored, either due to predation, exhaustion, or hunger.

'Insect apocalypse'

Pollinator populations are steadily declining, and ecologists like Seymoure fear it's the result of a confluence of stressors, including light pollution, chemical pollution, climate change, and habitat loss. Insects are an essential keystone to life on this planet, and as we lose them, the species domino effect becomes clearer. For example, if honeybees native to the US die out, all the species of plants they pollinate could follow, with no other intervention – that's 80% of flowering plants. The US Department of Agriculture estimates those plants account for 25% of the food Americans eat today.

"Around 200 million years ago, flowering plants and insects started to co-evolve with each other. If you start to alter either the behaviour of the insect or the behavioural physiology of the plant, you're going to affect both of them," says Seymoure. "[With light pollution] you have this new weird situation that's going to have consequences for everything on this planet because pretty much everything depends on insects and flowering plants – 80% of our crop species are pollinated by insects."

By artificially extending the length of the day, light pollution can cause changes in a a plant's flowering pattern (Credit: Frank-Bienewald / Getty Images)

Plants and pollinators rely on temperature and light changes to know how, and when, to carry out their life processes. As the planet warms and light pollution grows, these processes will be thrown more and more off-balance, and it's unclear if the affected species will adapt fast enough to survive.

"Light pollution and climate change are making these cues [light and temperature] less reliable and causing some ecological chaos," says Alaasam.

Despite all of this, there are pollinators that aren't as negatively affected by light pollution. In fact, some have evolved to use it to their advantage. One study that looked at "city moths" from 10 different populations found that they'd adapted not to fly to artificial light at night. "Moths that had been exposed to artificial light over the last 20 to 50 years no longer had the genes that allowed them to fly to the light," says Seymoure. 

Pollinating bats also seem to have found a positive loophole. Not only do artificial lights illuminate the bugs they like to eat, but a 2022 study found they also increased pollination due to more fruit and seeds on the artificially illuminated trees (a potential result of excessive blooming). That may only be a temporary boon, however. As Seymoure fears, too much artificial light exposure could be overtaxing trees, weakening them over time. 

Many other insect species have never been attracted to light, so they aren't directly affected by light pollution. However, that doesn't mean they aren't indirectly impacted in other ways. For example, bees aren't attracted to light, but they're negatively affected by light pollution because the plants they pollinate aren't as stimulated to produce pollen by nocturnal pollinators who are driven away by artificial lights.

It might seem like these small changes won't have sweeping effects, but all these changes can also save money through lower energy costs too. This might help convince your office manager, landlord or city council to cut back on light pollution, says Alaasam.

These changes are starting to happen more and more in small, eco-conscious pockets of the world. The more communities start reaping the benefits, then perhaps others will follow suit, drawn like, forgive the expression, a moth to a flame. 

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France24 - Monde

La Lettonie solidaire avec l'Ukraine et bastion des opposants à Vladimir Poutine

Publié le : 09/03/2023 - 13:40

Marie PANNETRAT Laura CAMBAUD

Depuis le début de la guerre à grande échelle en Ukraine, Riga, est devenue un bastion des opposants à Vladimir Poutine. La capitale de la Lettonie est devenue un refuge pour nombre de journalistes et d'intellectuels russes, ainsi que pour des réfugiés ukrainiens. Enfin, les Lettons, fiers de leur indépendance acquise en 1991, ne veulent surtout pas revenir en arrière, lorsque leur pays était une république soviétique. Un Focus signé Laura Cambaud et Marie Pannetrat.

Valeurs Actuelles

[Entretien] Michel-Edouard Leclerc : “L’inflation va augmenter jusqu’en juillet”

Valeurs Actuelles. Avez-vous été pris de court par l’inflation des produits alimentaires ? Michel-Edouard Leclerc. Dès l’an dernier, les décideurs économiques ont sous-estimé l’impact inflationniste pendant et après la crise sanitaire et la guerre en Ukraine. Pour maintenir leurs comptes d’exploitation, les industriels ont essayé de nous “refiler” leurs factures de coûts mal maîtrisés, que ce soit pour l’énergie ou les transports, qui additionnent deux sources inflationnistes (énergie et disponibilité des containers).

Dans l’appréciation de l’inflation, je regrette que la France ait pris six mois de retard par rapport aux États-Unis. Dès 2021, Joe Biden, qui n’était pas majoritaire au Congrès, a obtenu une mission d’information et d’enquête pour aider les entreprises américaines à mieux négocier leurs containers et les transports. C’est à la suite de cela que les trois ou quatre grands transporteurs mondiaux ont privilégié les lignes Asie vers Los Angeles ou Seattle, et si CMA-CGM a réalisé plus de 18 milliards de profits, ce n’est pas par hasard. À la fin de 2021, j’ai alerté les pouvoirs publics sur les tensions dans le transport et l’énergie. J’ai été qualifié d’“agité du marché”.

Que reprochez-vous donc à l’État ? Nous avons négocié à l’aveugle car aucun industriel n’a été transparent malgré les obligations prévues par la loi Egalim. Je le dis et je le redis : le gouvernement a été complice de multiples hausses qui n’ont pas été suffisamment justifiées. Nous en voulons à l’État de ne pas nous avoir accompagnés dans les négociations car il avait parfaitement les moyens d’investiguer. Je pense qu’il y a eu énormément de hausses spéculatives et d’anticipation. Ce n’est pas uniquement une question gouvernementale, j’ai essayé d’alerter La France insoumise, le Rassemblement national, Les Républicains afin qu’ils lancent des missions d’information qui auraient dû nourrir le dialogue entre distributeurs et industriels pour avoir plus de visibilité, notamment en matière d’inflation spéculative.

Alexandre Bompard, le patron de Carrefour, juge « délirantes » les hausses de prix demandées par les industriels. Vous aussi ? Nous avons reçu beaucoup de demandes de hausses “délirantes”. Des industriels demandent + 50 % pour certains produits sucrés. Toutes les hausses sont à deux chiffres. Pondérées en volume, elles devraient ressortir à + 12 % et s’échelonneront entre 17 et 39 %, particulièrement élevée pour la nourriture pour animaux.

Que penser de ceux qui redoutent un mois de mars “rouge” ? Ce mois ne sera pas le plus impacté, contrairement à ce qu’Olivier Dauvers anticipait, en janvier, lorsqu’il parlait d’un potentiel “mars rouge”. Mais il faisait sans doute allusion davantage aux tarifs qu’aux prix publics.

Les nouveaux tarifs qui ont été négociés seront édités et applicables au début du mois de mars. Les hausses tarifaires moyennes devraient être de 10 à 12 %, avec des écarts-types importants, notamment pour les produits sucrés ou de boulangerie. Mais elles ne se traduiront pas dans l’immédiat par des augmentations de prix pour le consommateur, nous allons les différer. Les distributeurs qui auront toujours des stocks à cette date du 1er mars vont les écouler aux anciens prix, mais il en sera autrement lorsqu’il s’agira de les renouveler en mai, juin et juillet. L’inflation va alors augmenter chaque mois jusqu’en juillet.

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Opex 360

La British Army pourrait donner 14 chars Challenger 2 de plus à l’armée ukrainienne [MàJ]

par Laurent Lagneau · 6 mars 2023

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Jusqu’en janvier, l’Ukraine n’avait reçu que des chars de conception soviétique [T-72 et M55, dérivé du T-55], cédés par quelques pays de l’Otan qui en disposaient encore dans leur inventaire. Puis, l’annonce du président français, Emmanuel Macron, de livrer des AMX-10RC à l’armée ukrainienne fit bouger les lignes puisque, dans la foulée, Londres fit part de son intention de céder 14 chars Challenger 2 à Kiev.

Évidemment, cette ponction allait se traduire par une perte capacitaire pour la British Army, même si celle-ci ne devait conserver que 148 chars pour les porter au standard « Challenger 3 » sur les 225 qu’elle possédait jusqu’alors.

« L’armée ukrainienne a besoin de plus d’armes et d’équipements si elle veut maintenir son élan [contre les forces russes]. L’Ukraine a besoin de nos chars et de nos canons maintenant. Je sais qu’elle en fera bon usage. Et il ne peut y avoir de meilleure cause. Mais il est aussi vital de restaurer notre capacité de combat » et l’aide fournie à Kiev « offre également l’opportunité d’accélérer sa modernisation et sa transformation », avait commenté le général Patrick Sanders, le chef d’état-major de la British Army.

Cela étant, cette aide militaire a fait l’objet de débats, outre-Manche, sur les conséquences qu’elle pouvait avoir sur les capacités de la British Army, certains parlementaires ayant avancé qu’elle priverait celle-ci de 25 à 30% de ses « actifs opérationnels ». Si une ponction de 14 Challenger2 devait representer un tiers des chars opérationnels, alors cela voulait dire que seulement 42 exemplaires étaient alors considérés en état de marche… Soit moins de 20% de l’inventaire.

Cependant, l’état-major de la défense britannique, le général Robert McGowan, a réfuté ces chiffres, lors d’une audition parlementaire, le 23 février dernier. Mais il s’est gardé d’apporter des précisions, notamment au sujet de la disponibilité des Challenger 2. En tout cas, la British Army a été en mesure d’engager 30 chars dans l’exercice de l’Otan « Winter Camp », en Estonie, au cours de cet hiver.

Quoi qu’il en soit, il est possible que 14 autres Challenger 2 soient prochainement livrés à l’armée ukrainienne. C’est en effet ce qu’a affirmé Vadym Prystayk, l’ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire d’Ukraine en Grande-Bretagne, dans un entretien donné à Radio Liberty.

« En ce qui concerne les chars [Challenger 2], on nous en avait promis 14. Mais à la suite de la visite du président Zelensky [à Londres], il a été convenu que ce nombre serait doublé », a en effet déclaré le diplomate ukrainien.

Si le gouvernement britannique n’a pas fait d’annonce à ce sujet [pour le moment, du moins], il n’a pas non plus infirmé les propos de M. Prystayk.

A priori, et selon les déductions de Forbes, les Challengers 2 seront affectés aux compagnies de chars relevant des 25e et 80e brigades d’assaut aérien de l’armée ukrainienne, celles-ci étant actuellement dotés de T-80BV de conception russe.

MàJ : Le ministère britannique de la Défense [MoD] a démenti toute intention de livrer à Kiev des Challenger 2 supplémentaires. Du moins pour le moment… Car il s’est dit ouvert à une telle éventualité… Mais que cela dépendrait de l’actualisation de la revue stratégique de sécurité et de défense de 2021.

Photo : British Army

La British Army pourrait donner 14 chars Challenger 2 de plus à l’armée ukrainienne [MàJ]

par Laurent Lagneau · 6 mars 2023

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Jusqu’en janvier, l’Ukraine n’avait reçu que des chars de conception soviétique [T-72 et M55, dérivé du T-55], cédés par quelques pays de l’Otan qui en disposaient encore dans leur inventaire. Puis, l’annonce du président français, Emmanuel Macron, de livrer des AMX-10RC à l’armée ukrainienne fit bouger les lignes puisque, dans la foulée, Londres fit part de son intention de céder 14 chars Challenger 2 à Kiev.

Évidemment, cette ponction allait se traduire par une perte capacitaire pour la British Army, même si celle-ci ne devait conserver que 148 chars pour les porter au standard « Challenger 3 » sur les 225 qu’elle possédait jusqu’alors.

« L’armée ukrainienne a besoin de plus d’armes et d’équipements si elle veut maintenir son élan [contre les forces russes]. L’Ukraine a besoin de nos chars et de nos canons maintenant. Je sais qu’elle en fera bon usage. Et il ne peut y avoir de meilleure cause. Mais il est aussi vital de restaurer notre capacité de combat » et l’aide fournie à Kiev « offre également l’opportunité d’accélérer sa modernisation et sa transformation », avait commenté le général Patrick Sanders, le chef d’état-major de la British Army.

Cela étant, cette aide militaire a fait l’objet de débats, outre-Manche, sur les conséquences qu’elle pouvait avoir sur les capacités de la British Army, certains parlementaires ayant avancé qu’elle priverait celle-ci de 25 à 30% de ses « actifs opérationnels ». Si une ponction de 14 Challenger2 devait representer un tiers des chars opérationnels, alors cela voulait dire que seulement 42 exemplaires étaient alors considérés en état de marche… Soit moins de 20% de l’inventaire.

Cependant, l’état-major de la défense britannique, le général Robert McGowan, a réfuté ces chiffres, lors d’une audition parlementaire, le 23 février dernier. Mais il s’est gardé d’apporter des précisions, notamment au sujet de la disponibilité des Challenger 2. En tout cas, la British Army a été en mesure d’engager 30 chars dans l’exercice de l’Otan « Winter Camp », en Estonie, au cours de cet hiver.

Quoi qu’il en soit, il est possible que 14 autres Challenger 2 soient prochainement livrés à l’armée ukrainienne. C’est en effet ce qu’a affirmé Vadym Prystayk, l’ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire d’Ukraine en Grande-Bretagne, dans un entretien donné à Radio Liberty.

« En ce qui concerne les chars [Challenger 2], on nous en avait promis 14. Mais à la suite de la visite du président Zelensky [à Londres], il a été convenu que ce nombre serait doublé », a en effet déclaré le diplomate ukrainien.

Si le gouvernement britannique n’a pas fait d’annonce à ce sujet [pour le moment, du moins], il n’a pas non plus infirmé les propos de M. Prystayk.

A priori, et selon les déductions de Forbes, les Challengers 2 seront affectés aux compagnies de chars relevant des 25e et 80e brigades d’assaut aérien de l’armée ukrainienne, celles-ci étant actuellement dotés de T-80BV de conception russe.

MàJ : Le ministère britannique de la Défense [MoD] a démenti toute intention de livrer à Kiev des Challenger 2 supplémentaires. Du moins pour le moment… Car il s’est dit ouvert à une telle éventualité… Mais que cela dépendrait de l’actualisation de la revue stratégique de sécurité et de défense de 2021.

Photo : British Army

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Jusqu’en janvier, l’Ukraine n’avait reçu que des chars de conception soviétique [T-72 et M55, dérivé du T-55], cédés par quelques pays de l’Otan qui en disposaient encore dans leur inventaire. Puis, l’annonce du président français, Emmanuel Macron, de livrer des AMX-10RC à l’armée ukrainienne fit bouger les lignes puisque, dans la foulée, Londres fit part de son intention de céder 14 chars Challenger 2 à Kiev.

Évidemment, cette ponction allait se traduire par une perte capacitaire pour la British Army, même si celle-ci ne devait conserver que 148 chars pour les porter au standard « Challenger 3 » sur les 225 qu’elle possédait jusqu’alors.

« L’armée ukrainienne a besoin de plus d’armes et d’équipements si elle veut maintenir son élan [contre les forces russes]. L’Ukraine a besoin de nos chars et de nos canons maintenant. Je sais qu’elle en fera bon usage. Et il ne peut y avoir de meilleure cause. Mais il est aussi vital de restaurer notre capacité de combat » et l’aide fournie à Kiev « offre également l’opportunité d’accélérer sa modernisation et sa transformation », avait commenté le général Patrick Sanders, le chef d’état-major de la British Army.

Cela étant, cette aide militaire a fait l’objet de débats, outre-Manche, sur les conséquences qu’elle pouvait avoir sur les capacités de la British Army, certains parlementaires ayant avancé qu’elle priverait celle-ci de 25 à 30% de ses « actifs opérationnels ». Si une ponction de 14 Challenger2 devait representer un tiers des chars opérationnels, alors cela voulait dire que seulement 42 exemplaires étaient alors considérés en état de marche… Soit moins de 20% de l’inventaire.

Cependant, l’état-major de la défense britannique, le général Robert McGowan, a réfuté ces chiffres, lors d’une audition parlementaire, le 23 février dernier. Mais il s’est gardé d’apporter des précisions, notamment au sujet de la disponibilité des Challenger 2. En tout cas, la British Army a été en mesure d’engager 30 chars dans l’exercice de l’Otan « Winter Camp », en Estonie, au cours de cet hiver.

Quoi qu’il en soit, il est possible que 14 autres Challenger 2 soient prochainement livrés à l’armée ukrainienne. C’est en effet ce qu’a affirmé Vadym Prystayk, l’ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire d’Ukraine en Grande-Bretagne, dans un entretien donné à Radio Liberty.

« En ce qui concerne les chars [Challenger 2], on nous en avait promis 14. Mais à la suite de la visite du président Zelensky [à Londres], il a été convenu que ce nombre serait doublé », a en effet déclaré le diplomate ukrainien.

Si le gouvernement britannique n’a pas fait d’annonce à ce sujet [pour le moment, du moins], il n’a pas non plus infirmé les propos de M. Prystayk.

A priori, et selon les déductions de Forbes, les Challengers 2 seront affectés aux compagnies de chars relevant des 25e et 80e brigades d’assaut aérien de l’armée ukrainienne, celles-ci étant actuellement dotés de T-80BV de conception russe.

MàJ : Le ministère britannique de la Défense [MoD] a démenti toute intention de livrer à Kiev des Challenger 2 supplémentaires. Du moins pour le moment… Car il s’est dit ouvert à une telle éventualité… Mais que cela dépendrait de l’actualisation de la revue stratégique de sécurité et de défense de 2021.

Photo : British Army

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Jusqu’en janvier, l’Ukraine n’avait reçu que des chars de conception soviétique [T-72 et M55, dérivé du T-55], cédés par quelques pays de l’Otan qui en disposaient encore dans leur inventaire. Puis, l’annonce du président français, Emmanuel Macron, de livrer des AMX-10RC à l’armée ukrainienne fit bouger les lignes puisque, dans la foulée, Londres fit part de son intention de céder 14 chars Challenger 2 à Kiev.

Évidemment, cette ponction allait se traduire par une perte capacitaire pour la British Army, même si celle-ci ne devait conserver que 148 chars pour les porter au standard « Challenger 3 » sur les 225 qu’elle possédait jusqu’alors.

« L’armée ukrainienne a besoin de plus d’armes et d’équipements si elle veut maintenir son élan [contre les forces russes]. L’Ukraine a besoin de nos chars et de nos canons maintenant. Je sais qu’elle en fera bon usage. Et il ne peut y avoir de meilleure cause. Mais il est aussi vital de restaurer notre capacité de combat » et l’aide fournie à Kiev « offre également l’opportunité d’accélérer sa modernisation et sa transformation », avait commenté le général Patrick Sanders, le chef d’état-major de la British Army.

Cela étant, cette aide militaire a fait l’objet de débats, outre-Manche, sur les conséquences qu’elle pouvait avoir sur les capacités de la British Army, certains parlementaires ayant avancé qu’elle priverait celle-ci de 25 à 30% de ses « actifs opérationnels ». Si une ponction de 14 Challenger2 devait representer un tiers des chars opérationnels, alors cela voulait dire que seulement 42 exemplaires étaient alors considérés en état de marche… Soit moins de 20% de l’inventaire.

Cependant, l’état-major de la défense britannique, le général Robert McGowan, a réfuté ces chiffres, lors d’une audition parlementaire, le 23 février dernier. Mais il s’est gardé d’apporter des précisions, notamment au sujet de la disponibilité des Challenger 2. En tout cas, la British Army a été en mesure d’engager 30 chars dans l’exercice de l’Otan « Winter Camp », en Estonie, au cours de cet hiver.

Quoi qu’il en soit, il est possible que 14 autres Challenger 2 soient prochainement livrés à l’armée ukrainienne. C’est en effet ce qu’a affirmé Vadym Prystayk, l’ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire d’Ukraine en Grande-Bretagne, dans un entretien donné à Radio Liberty.

« En ce qui concerne les chars [Challenger 2], on nous en avait promis 14. Mais à la suite de la visite du président Zelensky [à Londres], il a été convenu que ce nombre serait doublé », a en effet déclaré le diplomate ukrainien.

Si le gouvernement britannique n’a pas fait d’annonce à ce sujet [pour le moment, du moins], il n’a pas non plus infirmé les propos de M. Prystayk.

A priori, et selon les déductions de Forbes, les Challengers 2 seront affectés aux compagnies de chars relevant des 25e et 80e brigades d’assaut aérien de l’armée ukrainienne, celles-ci étant actuellement dotés de T-80BV de conception russe.

MàJ : Le ministère britannique de la Défense [MoD] a démenti toute intention de livrer à Kiev des Challenger 2 supplémentaires. Du moins pour le moment… Car il s’est dit ouvert à une telle éventualité… Mais que cela dépendrait de l’actualisation de la revue stratégique de sécurité et de défense de 2021.

Photo : British Army

BBC

The lines from the song are an ode to all that is earthy and rustic, like the sharp bite of a green chilli that gives you a high

"Not salsa, not flamenco, my brother. Do you know naatu?," asks a handsome, bearded Indian of a befuddled-looking Englishman. Without waiting for a response, and accompanied by his friend, he breaks into a song and dance that is one of the most high-octane, foot-stomping numbers to grace a cinema screen.

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Using only their wide smiles and elastic suspenders as props, Alluri Sitarama Raju (Ram Charan Teja) and Komaram Bheem (NT Rama Rao Jr) kick up a mini dust storm with their energetic and perfectly synchronised steps, their elegant European suits in sharp contrast to their vigorous moves. The villainous Englishman – we know him only as Jake – calls their performance "disgusting" and "filthy" before joining in a dancing competition, only to drop to the ground with exhaustion. Raju and Bheem, meanwhile, dance on and on, in triumph. The song is the very catchy Naatu Naatu – the viral sensation from 2022 Telugu blockbuster RRR – short for Rise Roar Revolt.

"Naatu" in this song simply refers to something uber-local or desi, as opposed to the foreign, non-Indian salsa and flamenco. The lines from the song are an ode to all that is earthy and rustic, like the sharp bite of a green chilli that gives you a high, or the throbbing beat of a drum that makes your heart beat faster.

And the song is a metaphor for the film itself: the two naatu freedom fighters taking on the might of the British Empire (represented here by a nasty official called Governor Scott Buxton and his equally nasty wife Catherine, along with a bunch of junior officers who frequently slap and punch the locals), bringing it to its knees. It is a song about redemption, about David dancing the giant Goliath straight out of the arena.

Given its historically resonant and emotional storyline, RRR's resounding success in India is hardly surprising. However, its popularity with global audiences – winning a place on several "best films of 2022" lists – is unprecedented. It has become the highest grossing Indian film ever in Japan, since its release in late October. The New Yorker, in an interview with the film's director SS Rajamouli – who won best director at the New York Film Critics Circle Awards in January – described it as "[a] joyously over-the-top action-fantasy," while Rolling Stone declared it the "best – and most revolutionary – blockbuster of 2022".

The film owes its success, in no small part, to its musical centrepiece, which Variety called "a movie-music adrenaline blast". Naatu Naatu made Indian cinema history by winning the Golden Globe for best original song in January, defeating major contenders like Rihanna, Taylor Swift and Lady Gaga. With an Oscar nomination for best original song, and a slated performance at the Academy Awards ceremony this Sunday, interest in the song is at an all-time high.

Social media phenomenon

While viewers in India have been humming the words and dancing to the tune, do they think this is unique or extraordinary? Perhaps not. Anand Krishnamoorthi, a sound designer working on south Indian films, while calling this song "trippy and enjoyable," tells BBC Culture; "As Indian moviegoers, we have definitely heard better, whereas for an audience not so familiar with our kind of films, it may be fresh." But there is no doubt about its impact. As Reem Khokhar, an Indian writer who set herself a dance challenge for an entire year, tells BBC Culture; "There was a raw, frenetic energy that just exploded on-screen, I haven't enjoyed watching a song so much in a long time."

Krishnamoorthi is, however, delighted that an Indian song has been nominated for best song at the Oscars. This has only happened once before, when composer AR Rahman won for Jai Ho from Slumdog Millionaire (2009). But that film was not strictly Indian, having been directed by Danny Boyle, along with a mostly British crew.

Everything else the audiences have seen elsewhere, so it makes sense that such a song would transcend linguistic barriers – Anand Krishnamoorthi

Krishnamoorthi explains that the term Bollywood itself suggests that there is nothing exceptional about Indian cinema, that it is just a cheap copy of Hollywood. "It is true that while our industry is varied and nuanced, many aspects of our filmmaking are still derivative. But the one area where we are original and have something unique to offer to the world is our music and dance. Everything else the audiences have seen elsewhere, so it makes sense that such a song would transcend linguistic barriers," he says.

Just like RRR as a whole, the Naatu Naatu sequence is larger than life, filmed in front of Ukrainian President Volodymyr Zelensky's grand official residence in Kyiv in 2021. With its effervescent beats and infectious energy, it's a strong favourite for the best original song Academy award. The "hook step" became an overnight TikTok phenomenon, with people trying to recreate a tiny part of the 4.5min dance sequence on social media, aided by detailed tutorials such as this one by the choreographer Prem Rakshith. This has helped propel not just the song but the film itself into the consciousness of US audiences.

In RRR, two naatu freedom fighters take on the might of the British Empire (Credit: TCD / Prod.DB / Alamy)

Having discovered this song on Instagram (which in turn prompted her to try the dance and then watch the film at the cinema), Khokhar explains how important it is today for songs to have that memorable 15-20 second sequence that makes songs go viral on the platform – in this case the Naatu Naatu chorus. Indeed, there are videos of the audience in Los Angeles' Chinese Theatre getting up and dancing to the song during a screening in January as part of Beyond Fest.

A 'paradigm shift'

RRR's storyline is fairly linear and simple, even simplistic; heroes and villains are all painted in broad brush strokes. The anti-colonial message is strong and the story of the grassroots revolution exhilarating. But the film is not without its detractors, who have pointed out several critical flaws. This includes the use of religious iconography to drive the Hindutva agenda – potentially stoking the flames of nationalistic pride in a country already weighed down by its right-wing politics – and the appropriation of tribal culture. Of more concern is the casteism that runs throughout, with Bheem – who comes from a lower caste – bowing to the supposedly superior intellect of upper-caste Ram. As this detailed critique in Vox points out, "while it might be an exciting romp, the film doesn't offer any reprieve from the upper-caste vision that brought us here."

The success of this film reinforces the growing trend of movies from other parts of the country [than Mumbai] slowly making their mark on not just Hindi-speaking North Indian audiences, but also globally

The film may show Indians vanquishing their British oppressors, but Krishnamoorthi feels that there is an uncomfortable racial element, even in the context of Western audiences' enthusiasm. "Indian films are still viewed outside as animals in a zoo, they are interesting only because of their exoticism and not relatability. So, when they [Western audiences] go to watch one, there is already that expectation of an exotic spectacle, and this film dished it out in dollops."

The heroes and villains in RRR are all painted in broad brush strokes (Credit: Netflix)

That being said, the attention and acclaim being showered on RRR is heartening for one reason. Up until now, Bollywood – the Hindi film industry based in Mumbai – has been, for the rest of the world, a byword for the entirety of Indian cinema. The success of this film from the South Indian – specifically Telugu – film industry, reinforces the growing trend of movies from other parts of the country slowly making their mark on not just Hindi-speaking North Indian audiences, but also globally. AR Rahman's congratulatory tweet about a "paradigm shift" after the song's Golden Globes win was a nod to this change. And Naatu Naatu has a good chance of a win at the Oscars too, because this gives the Academy an opportunity to show its new-found love for representation and diversity.

And there is no denying that this song-and-dance sequence absolutely brims with joy and life. As Jenny, the sole English character sympathetic to the Indian cause in the film, tells Bheem in one scene, "It was overwhelming. The beat pulsating through your body, the flying feet, the flashing eyes!"

RRR is available to stream on Netflix now.

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Rheinmetall veut produire en Ukraine jusqu’à 400 chars KF-51 « Panther » par an… avant la fin de la guerre

par Laurent Lagneau · 4 mars 2023

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En février, et alors que le chancelier allemand, Olaf Scholz, venait d’autoriser le transfert de chars Leopard 2 et Leopard 1 en Ukraine après des semaines d’atermoiements, Armin Papperger, le président du directoire de Rheinmetall affirma que l’armée ukrainienne était intéressée par le « nouveau » char KF-51 « Panther », dévoilé lors de la dernière édition du salon EuroSatory, ainsi que par le véhicule de combat d’infanterie [VCI] KF-41 « Lynx ».

S’agissant plus précisément du KF-51 « Panther », qui, par la force des choses, est encore loin d’être pleinement opérationnel, M. Papperger avait dit être en mesure d’en livrer à Kiev dans les « quinze à dix-huit mois ». Et d’ajouter que Rheinmetall pourrait le produire en Ukraine… mais seulement après la fin de la guerre et sous réserve d’obtenir l’autorisation du gouvernement allemand.

Si certains y ont vu un « coup » tenté par M. Papperger pour viser indirectement Krauss-Maffei Wegmann [à un moment où il se dit que la Bundeswehr pourrait commander des Leopard 2A7+ supplémentaire], cette offre semble être des plus sérieuses… puisque, moins d’un mois plus tard, le Pdg de Rheinmetall est revenu à la charge, en proposant même d’accélérer ce dossier.

D’abord, s’exprimant dans les pages du Rheinische Post, M. Papperger a estimé que l’armée ukrainienne a besoin de « 600 à 800 » chars pour l’emporter face à son adversaire russe. Or, a-t-il ajouté, « même si l’Allemagne renonçait à ses 300 Leopard 2, ce serait encore insuffisant ». Même en comptant les 250 chars dont dispose Rheinmetall.

« Nous travaillons à plein régime. Nous avons déjà rendu opérationnels plus de 40 véhicules de combat d’infanterie Marder, et d’ici la fin de l’année, il y en aura environ 100. Environ 30 chars sont prêts, sur 50 Leopard 2A4. Sur environ 100 anciens Leopard 1, nous pouvons en rendre 88 à nouveau utilisables », a rappelé Armin Papperger.

Mais pour donner à l’armée ukranienne les moyens de l’emporter, celui-ci a donc défendu l’idée d’installer une usine en Ukraine, avec une capacité de production de 400 KF-51 « Panther » par an. Ce qui, selon lui, nécessiterait un investissement de 200 millions d’euros. « Les pourparlers avec le gouvernement ukrainien sont prometteurs », a-t-il assuré. Une décision pourrait être prise « dans les deux prochains mois », a-t-il dit.

Quant à la protection de cette usine contre les raids russes, M. Papperger a estimé que ce n’était pas un problème, celle-ci pouvant être assurée « sans problème par des systèmes de défense aérienne ».

« Les Alliés occidentaux envoient suffisamment d’armes pour que l’Ukraine puisse se défendre, mais les Ukrainiens n’ont pas assez d’équipements aujourd’hui pour reprendre complètement leur territoire », a par ailleurs insisté le Pdg de Rheinmetall.

Pour rappel, le KF-51 est encore à l’état de prototype. Reposant sur une châssis modifié de Leopard 2A4 et affichant une masse d’une cinquantaine de tonnes, il est doté d’un canon de 130 mm L/51 [de quoi encore compliquer davantage la logistique ukrainienne…], d’un chargeur totalement automatisé, d’une architecture numérisée ou encore du capteur optique panoramique SEOSS. Il peut être associé à des munitions rôdeuses [de type HERO 120] et aux robots terrestres de la gamme MISSION MASTER, commercialisée par le groupe allemand.

Vu comme étant une tentative de « torpiller » le programme franco-allemand de Système principal de combat terrestre [MGCS, char du futur], le KF-51 a été très sévèrement critiqué par Ralf Ketzel, le Pdg de Krauss-Maffei Wegmann [et administrateur de Nexter]. C’est « essentiellement un concept de char conventionnel construit autour d’un canon de 130 mm, avec une coque de Leopard 2. Il n’a rien de nouveau. […] C’est davantage un projet PowerPoint 3D », avait-il déclaré au quotidien Münchner Merkur, en décembre.

Rheinmetall veut produire en Ukraine jusqu’à 400 chars KF-51 « Panther » par an… avant la fin de la guerre

par Laurent Lagneau · 4 mars 2023

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En février, et alors que le chancelier allemand, Olaf Scholz, venait d’autoriser le transfert de chars Leopard 2 et Leopard 1 en Ukraine après des semaines d’atermoiements, Armin Papperger, le président du directoire de Rheinmetall affirma que l’armée ukrainienne était intéressée par le « nouveau » char KF-51 « Panther », dévoilé lors de la dernière édition du salon EuroSatory, ainsi que par le véhicule de combat d’infanterie [VCI] KF-41 « Lynx ».

S’agissant plus précisément du KF-51 « Panther », qui, par la force des choses, est encore loin d’être pleinement opérationnel, M. Papperger avait dit être en mesure d’en livrer à Kiev dans les « quinze à dix-huit mois ». Et d’ajouter que Rheinmetall pourrait le produire en Ukraine… mais seulement après la fin de la guerre et sous réserve d’obtenir l’autorisation du gouvernement allemand.

Si certains y ont vu un « coup » tenté par M. Papperger pour viser indirectement Krauss-Maffei Wegmann [à un moment où il se dit que la Bundeswehr pourrait commander des Leopard 2A7+ supplémentaire], cette offre semble être des plus sérieuses… puisque, moins d’un mois plus tard, le Pdg de Rheinmetall est revenu à la charge, en proposant même d’accélérer ce dossier.

D’abord, s’exprimant dans les pages du Rheinische Post, M. Papperger a estimé que l’armée ukrainienne a besoin de « 600 à 800 » chars pour l’emporter face à son adversaire russe. Or, a-t-il ajouté, « même si l’Allemagne renonçait à ses 300 Leopard 2, ce serait encore insuffisant ». Même en comptant les 250 chars dont dispose Rheinmetall.

« Nous travaillons à plein régime. Nous avons déjà rendu opérationnels plus de 40 véhicules de combat d’infanterie Marder, et d’ici la fin de l’année, il y en aura environ 100. Environ 30 chars sont prêts, sur 50 Leopard 2A4. Sur environ 100 anciens Leopard 1, nous pouvons en rendre 88 à nouveau utilisables », a rappelé Armin Papperger.

Mais pour donner à l’armée ukranienne les moyens de l’emporter, celui-ci a donc défendu l’idée d’installer une usine en Ukraine, avec une capacité de production de 400 KF-51 « Panther » par an. Ce qui, selon lui, nécessiterait un investissement de 200 millions d’euros. « Les pourparlers avec le gouvernement ukrainien sont prometteurs », a-t-il assuré. Une décision pourrait être prise « dans les deux prochains mois », a-t-il dit.

Quant à la protection de cette usine contre les raids russes, M. Papperger a estimé que ce n’était pas un problème, celle-ci pouvant être assurée « sans problème par des systèmes de défense aérienne ».

« Les Alliés occidentaux envoient suffisamment d’armes pour que l’Ukraine puisse se défendre, mais les Ukrainiens n’ont pas assez d’équipements aujourd’hui pour reprendre complètement leur territoire », a par ailleurs insisté le Pdg de Rheinmetall.

Pour rappel, le KF-51 est encore à l’état de prototype. Reposant sur une châssis modifié de Leopard 2A4 et affichant une masse d’une cinquantaine de tonnes, il est doté d’un canon de 130 mm L/51 [de quoi encore compliquer davantage la logistique ukrainienne…], d’un chargeur totalement automatisé, d’une architecture numérisée ou encore du capteur optique panoramique SEOSS. Il peut être associé à des munitions rôdeuses [de type HERO 120] et aux robots terrestres de la gamme MISSION MASTER, commercialisée par le groupe allemand.

Vu comme étant une tentative de « torpiller » le programme franco-allemand de Système principal de combat terrestre [MGCS, char du futur], le KF-51 a été très sévèrement critiqué par Ralf Ketzel, le Pdg de Krauss-Maffei Wegmann [et administrateur de Nexter]. C’est « essentiellement un concept de char conventionnel construit autour d’un canon de 130 mm, avec une coque de Leopard 2. Il n’a rien de nouveau. […] C’est davantage un projet PowerPoint 3D », avait-il déclaré au quotidien Münchner Merkur, en décembre.

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En février, et alors que le chancelier allemand, Olaf Scholz, venait d’autoriser le transfert de chars Leopard 2 et Leopard 1 en Ukraine après des semaines d’atermoiements, Armin Papperger, le président du directoire de Rheinmetall affirma que l’armée ukrainienne était intéressée par le « nouveau » char KF-51 « Panther », dévoilé lors de la dernière édition du salon EuroSatory, ainsi que par le véhicule de combat d’infanterie [VCI] KF-41 « Lynx ».

S’agissant plus précisément du KF-51 « Panther », qui, par la force des choses, est encore loin d’être pleinement opérationnel, M. Papperger avait dit être en mesure d’en livrer à Kiev dans les « quinze à dix-huit mois ». Et d’ajouter que Rheinmetall pourrait le produire en Ukraine… mais seulement après la fin de la guerre et sous réserve d’obtenir l’autorisation du gouvernement allemand.

Si certains y ont vu un « coup » tenté par M. Papperger pour viser indirectement Krauss-Maffei Wegmann [à un moment où il se dit que la Bundeswehr pourrait commander des Leopard 2A7+ supplémentaire], cette offre semble être des plus sérieuses… puisque, moins d’un mois plus tard, le Pdg de Rheinmetall est revenu à la charge, en proposant même d’accélérer ce dossier.

D’abord, s’exprimant dans les pages du Rheinische Post, M. Papperger a estimé que l’armée ukrainienne a besoin de « 600 à 800 » chars pour l’emporter face à son adversaire russe. Or, a-t-il ajouté, « même si l’Allemagne renonçait à ses 300 Leopard 2, ce serait encore insuffisant ». Même en comptant les 250 chars dont dispose Rheinmetall.

« Nous travaillons à plein régime. Nous avons déjà rendu opérationnels plus de 40 véhicules de combat d’infanterie Marder, et d’ici la fin de l’année, il y en aura environ 100. Environ 30 chars sont prêts, sur 50 Leopard 2A4. Sur environ 100 anciens Leopard 1, nous pouvons en rendre 88 à nouveau utilisables », a rappelé Armin Papperger.

Mais pour donner à l’armée ukranienne les moyens de l’emporter, celui-ci a donc défendu l’idée d’installer une usine en Ukraine, avec une capacité de production de 400 KF-51 « Panther » par an. Ce qui, selon lui, nécessiterait un investissement de 200 millions d’euros. « Les pourparlers avec le gouvernement ukrainien sont prometteurs », a-t-il assuré. Une décision pourrait être prise « dans les deux prochains mois », a-t-il dit.

Quant à la protection de cette usine contre les raids russes, M. Papperger a estimé que ce n’était pas un problème, celle-ci pouvant être assurée « sans problème par des systèmes de défense aérienne ».

« Les Alliés occidentaux envoient suffisamment d’armes pour que l’Ukraine puisse se défendre, mais les Ukrainiens n’ont pas assez d’équipements aujourd’hui pour reprendre complètement leur territoire », a par ailleurs insisté le Pdg de Rheinmetall.

Pour rappel, le KF-51 est encore à l’état de prototype. Reposant sur une châssis modifié de Leopard 2A4 et affichant une masse d’une cinquantaine de tonnes, il est doté d’un canon de 130 mm L/51 [de quoi encore compliquer davantage la logistique ukrainienne…], d’un chargeur totalement automatisé, d’une architecture numérisée ou encore du capteur optique panoramique SEOSS. Il peut être associé à des munitions rôdeuses [de type HERO 120] et aux robots terrestres de la gamme MISSION MASTER, commercialisée par le groupe allemand.

Vu comme étant une tentative de « torpiller » le programme franco-allemand de Système principal de combat terrestre [MGCS, char du futur], le KF-51 a été très sévèrement critiqué par Ralf Ketzel, le Pdg de Krauss-Maffei Wegmann [et administrateur de Nexter]. C’est « essentiellement un concept de char conventionnel construit autour d’un canon de 130 mm, avec une coque de Leopard 2. Il n’a rien de nouveau. […] C’est davantage un projet PowerPoint 3D », avait-il déclaré au quotidien Münchner Merkur, en décembre.

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En février, et alors que le chancelier allemand, Olaf Scholz, venait d’autoriser le transfert de chars Leopard 2 et Leopard 1 en Ukraine après des semaines d’atermoiements, Armin Papperger, le président du directoire de Rheinmetall affirma que l’armée ukrainienne était intéressée par le « nouveau » char KF-51 « Panther », dévoilé lors de la dernière édition du salon EuroSatory, ainsi que par le véhicule de combat d’infanterie [VCI] KF-41 « Lynx ».

S’agissant plus précisément du KF-51 « Panther », qui, par la force des choses, est encore loin d’être pleinement opérationnel, M. Papperger avait dit être en mesure d’en livrer à Kiev dans les « quinze à dix-huit mois ». Et d’ajouter que Rheinmetall pourrait le produire en Ukraine… mais seulement après la fin de la guerre et sous réserve d’obtenir l’autorisation du gouvernement allemand.

Si certains y ont vu un « coup » tenté par M. Papperger pour viser indirectement Krauss-Maffei Wegmann [à un moment où il se dit que la Bundeswehr pourrait commander des Leopard 2A7+ supplémentaire], cette offre semble être des plus sérieuses… puisque, moins d’un mois plus tard, le Pdg de Rheinmetall est revenu à la charge, en proposant même d’accélérer ce dossier.

D’abord, s’exprimant dans les pages du Rheinische Post, M. Papperger a estimé que l’armée ukrainienne a besoin de « 600 à 800 » chars pour l’emporter face à son adversaire russe. Or, a-t-il ajouté, « même si l’Allemagne renonçait à ses 300 Leopard 2, ce serait encore insuffisant ». Même en comptant les 250 chars dont dispose Rheinmetall.

les pages du Rheinische Post

« Nous travaillons à plein régime. Nous avons déjà rendu opérationnels plus de 40 véhicules de combat d’infanterie Marder, et d’ici la fin de l’année, il y en aura environ 100. Environ 30 chars sont prêts, sur 50 Leopard 2A4. Sur environ 100 anciens Leopard 1, nous pouvons en rendre 88 à nouveau utilisables », a rappelé Armin Papperger.

Mais pour donner à l’armée ukranienne les moyens de l’emporter, celui-ci a donc défendu l’idée d’installer une usine en Ukraine, avec une capacité de production de 400 KF-51 « Panther » par an. Ce qui, selon lui, nécessiterait un investissement de 200 millions d’euros. « Les pourparlers avec le gouvernement ukrainien sont prometteurs », a-t-il assuré. Une décision pourrait être prise « dans les deux prochains mois », a-t-il dit.

Quant à la protection de cette usine contre les raids russes, M. Papperger a estimé que ce n’était pas un problème, celle-ci pouvant être assurée « sans problème par des systèmes de défense aérienne ».

« Les Alliés occidentaux envoient suffisamment d’armes pour que l’Ukraine puisse se défendre, mais les Ukrainiens n’ont pas assez d’équipements aujourd’hui pour reprendre complètement leur territoire », a par ailleurs insisté le Pdg de Rheinmetall.

Pour rappel, le KF-51 est encore à l’état de prototype. Reposant sur une châssis modifié de Leopard 2A4 et affichant une masse d’une cinquantaine de tonnes, il est doté d’un canon de 130 mm L/51 [de quoi encore compliquer davantage la logistique ukrainienne…], d’un chargeur totalement automatisé, d’une architecture numérisée ou encore du capteur optique panoramique SEOSS. Il peut être associé à des munitions rôdeuses [de type HERO 120] et aux robots terrestres de la gamme MISSION MASTER, commercialisée par le groupe allemand.

Vu comme étant une tentative de « torpiller » le programme franco-allemand de Système principal de combat terrestre [MGCS, char du futur], le KF-51 a été très sévèrement critiqué par Ralf Ketzel, le Pdg de Krauss-Maffei Wegmann [et administrateur de Nexter]. C’est « essentiellement un concept de char conventionnel construit autour d’un canon de 130 mm, avec une coque de Leopard 2. Il n’a rien de nouveau. […] C’est davantage un projet PowerPoint 3D », avait-il déclaré au quotidien Münchner Merkur, en décembre.

Valeurs Actuelles

Pape François : un anniversaire sous le signe de la confusion

Les mots changent, mais la réalité décrite est la même. Si l’on en croit le journal la Croix, peu suspect d’hostilité envers le pape, François exercerait « une gouvernance de fer ». D’autres, moins indulgents, n’hésitent pas à parler de “pape dictateur” – titre d’un livre de l’historien anglais Henry Sire. Si le vocabulaire diffère selon la “sensibilité ecclésiale”, tout le monde s’accorde à décrire un pape autoritaire et colérique, gouvernant seul, en court-circuitant les canaux ordinaires de la curie romaine – un pape capable, au lendemain de l’invasion de l’Ukraine, de se rendre de façon impromptue à l’ambassade de Russie sans même informer ses services diplomatiques ; de même que le service de communication du Vatican n’est souvent informé, au mieux, de ses décisions que quelques minutes avant qu’elles ne soient rendues publiques, ou que le préfet de la Congrégation pour la cause des saints peut apprendre que le pape a décidé de créer un nouveau docteur de l’Église en écoutant la radio… Certes, François a mené à bien la refonte du gouvernement de l’Église, avec la promulgation, le 19 mars 2022, d’une nouvelle constitution de la curie romaine. Mais l’efficacité de cette réforme est d’autant plus incertaine que François lui-même ne cesse de contourner les institutions qu’il a réformées…

Bien qu’il vienne de réorganiser la curie, François la court-circuite systématiquement et gouverne sans la consulter.

« On ne comprend pas très bien comment les décisions sont prises », soupire un employé de la curie. Il pourrait ajouter : ni pourquoi, tant elles apparaissent souvent erratiques et contradictoires. Créant ainsi, non seulement au sein de la curie, mais aussi des épiscopaux nationaux, un climat de grogne d’autant plus fort que ce pontificat est le plus centralisateur que l’Église ait connu depuis des décennies. Au sein de l’Église de France, certains ont de plus en plus de mal à cacher leur désarroi devant une politique jugée illisible et marquant une « dérive autoritaire ».​

Dernier symptôme de cette dérive : la publication, le 21 février dernier, d’un rescrit que le préfet du dicastère pour le culte divin, le cardinal Arthur Roche, a fait valider par le pape, prévoyant qu’un évêque ne peut plus accorder la possibilité de célébrer la messe sous la forme traditionnelle (le missel en latin antérieur à la réforme de Vatican II) dans une paroisse, ou l’autorisation pour un jeune prêtre de la célébrer, sans le feu vert de Rome. Un tour de vis que bien des évêques, quelle que soit leur opinion sur les “tradis”, ont vu comme une atteinte à leur autonomie. Atteinte d’autant plus paradoxale que le grand dossier du pontificat est désormais de progresser vers davantage de synodalité et de collégialité, en donnant plus d’autonomie aux Églises locales… Un objectif en totale contradiction avec la pratique de gouvernement de François.

« Est-ce qu’il n’y a pas d’autres urgences dans l’Église que d’empêcher les traditionalistes de prier comme ils l’entendent ? » La fidèle qui prononce cette phrase n’est pas une adepte des messes en latin ; mais, comme beaucoup, elle est profondément troublée par l’acharnement de François à leur égard, alors que le pontificat de Benoît XVI avait mis fin à des décennies de guerre liturgique. Par son motu proprio du 16 juillet 2021, Traditionis custodes, qui limite drastiquement la célébration de l’ancien rite, François a mis à bas l’édifice de réconciliation de son prédécesseur, le secrétaire particulier de celui-ci, Mgr Georg Gänswein, ayant révélé après la mort de Benoît XVI que cette décision de François lui avait « brisé le cœur » .

François ne s’était guère caché de viser l’éradication, à terme, du rite traditionnel. Le cardinal Roche l’a réaffirmé de manière très claire à plusieurs reprises, décrivant la cohabitation de deux rites comme une absurdité et allant jusqu’à affirmer que le pape Paul VI, en proclamant le nouveau rite, avait « abrogé » l’ancien, contredisant ainsi Benoît XVI qui écrivait, le 7 juillet 2007 : « Je voudrais attirer l’attention sur le fait que ce Missel n’a jamais été juridiquement abrogé, et que par conséquent, en principe, il est toujours resté autorisé. »

Souffler le chaud et le froid

La confusion sur ce sujet est d’autant plus grande que François ne cesse de souffler le chaud et le froid : un jour assurant que la Fraternité Saint-Pierre, qui célèbre exclusivement selon l’ancien rite, n’est pas concernée par Traditionis custodes ; un autre jour reconnaissant la validité des sacrements dispensés par les traditionalistes de la Fraternité sacerdotale Saint-Pie-X, qui ne sont pourtant pas en pleine communion avec Rome ; puis suspendant, au printemps dernier, les ordinations du diocèse de Fréjus Toulon, sans motiver cette décision sans précédent, mais à laquelle la bienveillance de Mgr Rey envers les traditionalistes n’est sans doute pas étrangère.

Ces dernières semaines, il se murmurait à Rome que le cardinal Roche avait dans ses cartons de nouvelles mesures, plus radicales encore, contre les traditionalistes. Ce texte, dont on attendait la publication pour le 3 avril, lundi de la semaine sainte et date anniversaire de la publication de la nouvelle liturgie par Paul VI, devait interdire la célébration des sacrements (baptême, mariage, confirmation et ordination) selon l’ancien rite. Cet interdit drastique a-t-il été retoqué par le pape, au profit du rescrit du 21 février ? Ou bien celui-ci n’aura-t-il été qu’une sorte de “préparation d’artillerie” à cette nouvelle offensive ? La question divise les milieux ecclésiaux, où l’on comprend de plus en plus mal, notamment parmi les évêques français, cet acharnement contre un milieu traditionaliste numériquement peu important et qui non seulement ne pose guère de problèmes, mais contribue notablement au dynamisme et au rajeunissement du catholicisme français.​

Si, au sein de l’épiscopat français, les critiques contre la politique du pape ne se font entendre qu’en privé, certains cardinaux n’hésitent plus à prendre la parole publiquement, en ne mâchant pas leurs mots. Depuis quelques années, Mgr Joseph Zen, ancien archevêque de Hong Kong en butte aux persécutions du régime communiste, tire à boulets rouges sur l’accord diplomatique passé entre le Vatican et le gouvernement chinois, qu’il considère comme un abandon en rase campagne des catholiques de son pays, sacrifiés sur l’autel d’un illusoire succès diplomatique.

Un processus synodal percuté par les dérives de l’Église d’Allemagne

En réaction aux récentes mesures du pape François contre la messe traditionnelle, le cardinal Müller n’hésite pas à parler d’une politique d’ « intolérance brutale ».

Depuis quelques mois, c’est au tour du cardinal Müller de donner de la voix. L’ancien préfet de la Congrégation pour la doctrine de la foi a ainsi émis, à l’automne dernier, des critiques très violentes contre le processus du “synode sur la synodalité”, chantier prévu pour s’achever en octobre 2024 et destiné à décentraliser l’institution, qu’il a décrit comme « une manière de saper l’Église catholique ». Dans un livre paru fin février en Italie, le cardinal Müller, très critique sur plusieurs aspects du pontificat, évoque un risque de « protestantisation » de l’Église. Enfin, dans un entretien en réaction aux récentes mesures contre la messe traditionnelle, le cardinal n’hésite pas à parler d’une politique d’ « intolérance brutale ».

Décédé le 10 janvier dernier, le cardinal George Pell, ancien “ministre de l’économie” du Vatican, tenu en haute estime par le pape François qui l’a qualifié de « génie » , n’en avait pas moins écrit juste avant sa mort un article extrêmement sévère sur le processus synodal, qualifiant le texte préparatoire de « l’un des documents les plus incohérents jamais diff u s é s par Rome » et de « cauchemar toxique ».

Ces critiques sur le chantier synodal sont évidemment renforcées par le synode en cours de l’Église d’Allemagne, dont les débats s’éloignent de nombre de positions traditionnelles de l’Église, sacrifiées à un alignement sur les évolutions sociétales : mariage des prêtres, ordination des femmes, mais également révision des positions catholiques sur l’homosexualité ou sur l’avortement, tout en proposant de transformer l’Église d’Allemagne en une démocratie participative… Autant de propositions qui ont valu un sévère recadrage du pape François : « Il y a une très bonne Église protestante en Allemagne. Nous n’avons pas besoin d’une deuxième. » Les critiques n’ont dès lors pas manqué de souligner l’“illisibilité” d’une politique pontificale qui encourage d’une main une plus grande autonomie des Églises locales, et de l’autre condamne la mise en œuvre concrète de ce principe…

Autre source de tensions : la doctrine familiale et la défense de la vie. On sait que les relations de François ne sont pas au beau fixe avec l’Église des États-Unis, trop conservatrice à son goût – celle-ci lui reprochant en retour de ne pas la soutenir dans sa lutte contre l’avortement. Beaucoup s’inquiètent d’ailleurs de l’introduction d’un certain relativisme moral dans le discours de l’Église et ont analysé le renouvellement complet de l’Institut Jean-Paul-II pour la famille, bastion de la théologie morale classique, comme une tentative de saper l’enseignement moral de Paul VI, Jean-Paul II et Benoît XVI au profit d’une nouvelle approche, qualifiée par une revue jésuite proche du pape de « théologie dialoguale », où la doctrine de l’Église serait invitée à s’adapter aux « nouvelles réalités » de la famille et de la sexualité.

Un discours très centré sur les problèmes politiques et sociaux

« La dimension christocentrique de l’enseignement est affaiblie, le Christ est écarté du centre. »

L’insistance de François à prôner l’ouverture des sociétés occidentales aux migrations de masse comme à taxer les inquiétudes qu’elles suscitent de racisme et de xénophobie a évidemment suscité un malaise grandissant dans les rangs catholiques. Mais ce malaise n’est sans doute qu’une facette d’un problème plus large ; révélée par le vaticaniste Sandro Magister, une note anonyme, mais dont l’auteur serait un cardinal, circule actuellement au sein du Sacré Collège et s’alarme : « La dimension christocentrique de l’enseignement est affaiblie, le Christ est écarté du centre. »

De fait, beaucoup s’inquiètent que, dans le discours du pape, la proclamation de la foi paraisse souvent très secondaire par rapport à des problèmes purement horizontaux : migrations, écologie, économie ou santé. À ceux-là, la crise du Covid apparaît comme une gigantesque occasion manquée : alors que l’Église aurait pu saisir l’occasion de rappeler aux hommes leur destinée spirituelle, elle s’est trop souvent cantonnée à une lecture hygiéniste de la crise, rappelant à temps et contretemps la nécessité de la “distanciation sociale” et de la vaccination, définie par le pape comme « un acte d’amour »

Plus embarrassant, le pape est souvent critiqué pour sa gestion à géométrie variable des abus sexuels : implacable dans ses discours, peu suivis d’effets, et beaucoup moins lorsque la personne mise en cause fait partie de ses proches. On se souvient du scandale qui avait éclaté en 2018, lorsqu’il était apparu que l’un de ses proches conseillers, le cardinal américain McCarrick, était l’auteur d’agressions sexuelles pour lesquelles il avait été sanctionné par Benoît XVI.

Parmi les cardinaux, beaucoup se projettent déjà dans l’après​

Mosaïste réputé et proche du pape, le jésuite Marko Rupnik n’a longtemps pas été inquiété bien qu’il soit accusé d’avoir agressé sexuellement des religieuses.

Dans la foulée, un site américain avait écrit, citant une source vaticane, que la réticence du pape à sanctionner divers prédateurs avait été la cause de la détérioration de ses relations avec le cardinal Müller. L’accusation a rebondi fin 2022 quand il a été révélé qu’un jésuite et célèbre mosaïste, le père Rupnik, ami du pape François, était accusé d’agressions sexuelles sur des religieuses : motif pour lequel il avait été excommunié en mai 2020 – excommunication levée le même mois. Or la seule autorité légitime pour lever ainsi une excommunication est celle du pape…

Autant d’éléments qui font souvent parler, à propos du Vatican, de “fin de règne”. Les problèmes de santé de François, qui se déplace de plus en plus difficilement, le décès de Benoît XVI, qui ouvre la voie à une possible renonciation de François sans que l’Église ait à affronter la situation délicate de la cohabitation de deux papes émérites, le fait que le pape ait récemment révélé avoir signé une lettre de démission en blanc pour le jour où il ne sera it plus en mesure de gouverner, tout cela alimente les conjectures. Rien n’indique pourtant que François ait l’intention de lâcher la barre de l’Église, du moins avant la fin de ce processus synodal qui lui tient tant à cœur.

Ce qui n’empêche pas les cardinaux, de plus en plus, de se projeter dans l’après, comme en témoigne une récente interview du père Nicola Bux. Ce théologien respecté, qui fut longtemps expert auprès de la curie et qui n’a rien d’un extrémiste, y décrit un collège des cardinaux en pleine « tourmente » et va jusqu’à affirmer : « Une bonne moitié sont convaincus qu’on ne peut pas continuer dans cette voie et qu’il faut remettre l’Église en ordre si on veut qu’elle reste catholique… » On a connu des anniversaires plus sereins.

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Un rapport parlementaire prône des mesures pour anticiper l’échec éventuel des programmes d’armement européens

par Laurent Lagneau · 4 mars 2023

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En matière d’armement, les coopérations lancées par la France et l’Allemagne depuis 2017 ne connaissent pas les mêmes fortunes… Le Maritime Airborne Warfare System [MAWS] a pris un sérieux coup dans l’aile avec la décision allemande de se procurer des avions de patrouille maritime P-8A Poseidon américains… tandis que le standard Mk3 de l’hélicoptère de combat Tigre ne concernera que la France et l’Espagne [si jamais il doit aller jusqu’au bout…].

Et si le Système de combat aérien du futur [SCAF] a connu une évolution favorable, avec le lancement de la phase 1B après des mois de désaccords entre les industriels impliqués, le Système de principal de combat terrestre [MGCS] n’est toujours pas sorti de l’ornière, les allemands Rheinmetall et Krauss-Maffei Wegman [associé au français Nexter au sein de KNDS] étant à couteux tirés. Évidemment, et au-delà des considérations politiques [en particulier pour ce qui concerne l’Allemagne], ces tensions, alimentées par les questions de propriété intellectuelle et de partage industriel, ne font que faire prendre que du retard à ces programmes d’armement…

En novembre, alors que le lancement de la phase 1B du SCAF n’était toujours pas acquise, le rôle de maître d’oeuvre de Dassault Aviation étant contestée par Airbus au sujet de l’avion de combat de nouvelle génération [NGF], le sénateur Dominique de Legge avait profité du débat sur la Loi de finances 2023 pour déposer un amendement afin de financer, à hauteur de 10 millions d’euros, une étude de faisabilité d’un « plan B national » afin « d’anticiper une éventuelle impasse des négocations », mais sans pour autant remettre en cause le « plan A » dans l’immédiat. En clair, l’idée du parlementaire était de faire en sorte de ne pas se retrouver le bec dans l’eau…  »

« Chaque jour de retard supplémentaire dans les négociations est un jour perdu pour la préparation des armées françaises à la guerre aérienne du futur », avait plaidé M. de Legge.

L’initiative de ce dernier a sans doute été vue d’un bon oeil… par l’État-major des Armées [EMA]. C’est, du moins, ce que suggère le rapport sur le bilan de la Loi de Programmation Militaire [LPM] 2019-2025 établi par les députés Laurent Jacobelli [RN] et Yannick Chenevard [Renaissance] et dont le contenu vient d’être rendu public [après avoir été longuement évoqué en commission, à la mi-février, nldr].

Ayant des sensibilités politiques opposées [notamment pour ce qui a trait aux affaires européennes], les deux rapporteurs sont cependant tombés d’accord « pour mettre en exergue qu’une coopération réussie doit nécessairement reposer sur une répartition industrielle fondée sur le principe du meilleur athlète ».

Aussi, ont-il écrit dans leur rapport, « au regard des retards pris par certains programmes européens, il semblerait utile d’introduire dans la prochaine Loi de programmation militaire des jalons décisionnels pour faire le point sur les avancées du programme et pour décider si ces coopérations doivent être poursuivies ou non, ainsi que l’a suggéré le général Vincent Pons de l’État-major des Armées ».

Que l’on appelle cela « Plan B » ou « Jalon décisionnel », l’idée est la même : il s’agit d’éviter aux forces françaises de tomber dans une impasse… voire d’arrêter les frais d’une coopération qui n’irait pas dans le bon sens.

« Cela semble d’autant nécessaire que les besoins opérationnels sous-jacents à ces coopérations sont majeurs pour nos armées : il faudra en tout état de cause un successeur au char Leclerc et au Rafale, que cela se fasse dans un cadre européen ou national », ont insisté MM. Chenevard et Jacobelli.

« Le char du futur et l’avion de combat du futur rencontrent de graves difficultés, je propose de mettre en place des jalons décisionnels permettant de régulièrement faire le point sur les programmes européens et de décider si oui ou non il faut les poursuivre. La coopération européenne ne doit pas se faire au détriment de nos armées et de notre souveraineté », a, de son côté, résumé le député du RN.

Par ailleurs, les deux députés se sont fait aussi l’écho des « inquiétudes » des représentants de la Base industrielle et technologie de défense française [BITD] au sujet du contrôle des exportations des équipements produits dans le cadre d’une coopération européenne, l’Allemagne ayant sur ce point, – du moins officiellement – une politique très restrictive.

« Il est essentiel que la France maintienne un contrôle souverain sur le cadre juridique de ses exportations d’armement, y compris pour des équipements développés dans le cadre de coopérations européennes », ont en effet estimé les rapporteurs.

Ceux-ci ont aussi plaidé pour que les mécanismes européens de financement soient « centrés sur les seuls besoins capacitaires des armées européennes et non sur une logique de politique concurrentielle », comme cela a « certainement » été le cas par la mise à l’écard de MBDA par la Commission européenne pour le projet d’intercepteur endo-atmosphérique de missiles hypersonique [EU HYDEF], lequel a été confié à l’espagnol SENER Aeroespacial, dont l’expérience en la matière reste encore à démontrer.

« Enfin, le mécanisme d’acquisition conjointe EDIRPA [instrument visant à renforcer l’industrie européenne de la défense via des acquisitions conjointes, ndlr] doit être au service de l’acquisition de capacités de l’Union européenne et non de pays tiers, comme semble le réclamer, à tort, certains pays », ont conclu les deux députés.

Un rapport parlementaire prône des mesures pour anticiper l’échec éventuel des programmes d’armement européens

par Laurent Lagneau · 4 mars 2023

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En matière d’armement, les coopérations lancées par la France et l’Allemagne depuis 2017 ne connaissent pas les mêmes fortunes… Le Maritime Airborne Warfare System [MAWS] a pris un sérieux coup dans l’aile avec la décision allemande de se procurer des avions de patrouille maritime P-8A Poseidon américains… tandis que le standard Mk3 de l’hélicoptère de combat Tigre ne concernera que la France et l’Espagne [si jamais il doit aller jusqu’au bout…].

Et si le Système de combat aérien du futur [SCAF] a connu une évolution favorable, avec le lancement de la phase 1B après des mois de désaccords entre les industriels impliqués, le Système de principal de combat terrestre [MGCS] n’est toujours pas sorti de l’ornière, les allemands Rheinmetall et Krauss-Maffei Wegman [associé au français Nexter au sein de KNDS] étant à couteux tirés. Évidemment, et au-delà des considérations politiques [en particulier pour ce qui concerne l’Allemagne], ces tensions, alimentées par les questions de propriété intellectuelle et de partage industriel, ne font que faire prendre que du retard à ces programmes d’armement…

En novembre, alors que le lancement de la phase 1B du SCAF n’était toujours pas acquise, le rôle de maître d’oeuvre de Dassault Aviation étant contestée par Airbus au sujet de l’avion de combat de nouvelle génération [NGF], le sénateur Dominique de Legge avait profité du débat sur la Loi de finances 2023 pour déposer un amendement afin de financer, à hauteur de 10 millions d’euros, une étude de faisabilité d’un « plan B national » afin « d’anticiper une éventuelle impasse des négocations », mais sans pour autant remettre en cause le « plan A » dans l’immédiat. En clair, l’idée du parlementaire était de faire en sorte de ne pas se retrouver le bec dans l’eau…  »

« Chaque jour de retard supplémentaire dans les négociations est un jour perdu pour la préparation des armées françaises à la guerre aérienne du futur », avait plaidé M. de Legge.

L’initiative de ce dernier a sans doute été vue d’un bon oeil… par l’État-major des Armées [EMA]. C’est, du moins, ce que suggère le rapport sur le bilan de la Loi de Programmation Militaire [LPM] 2019-2025 établi par les députés Laurent Jacobelli [RN] et Yannick Chenevard [Renaissance] et dont le contenu vient d’être rendu public [après avoir été longuement évoqué en commission, à la mi-février, nldr].

Ayant des sensibilités politiques opposées [notamment pour ce qui a trait aux affaires européennes], les deux rapporteurs sont cependant tombés d’accord « pour mettre en exergue qu’une coopération réussie doit nécessairement reposer sur une répartition industrielle fondée sur le principe du meilleur athlète ».

Aussi, ont-il écrit dans leur rapport, « au regard des retards pris par certains programmes européens, il semblerait utile d’introduire dans la prochaine Loi de programmation militaire des jalons décisionnels pour faire le point sur les avancées du programme et pour décider si ces coopérations doivent être poursuivies ou non, ainsi que l’a suggéré le général Vincent Pons de l’État-major des Armées ».

Que l’on appelle cela « Plan B » ou « Jalon décisionnel », l’idée est la même : il s’agit d’éviter aux forces françaises de tomber dans une impasse… voire d’arrêter les frais d’une coopération qui n’irait pas dans le bon sens.

« Cela semble d’autant nécessaire que les besoins opérationnels sous-jacents à ces coopérations sont majeurs pour nos armées : il faudra en tout état de cause un successeur au char Leclerc et au Rafale, que cela se fasse dans un cadre européen ou national », ont insisté MM. Chenevard et Jacobelli.

« Le char du futur et l’avion de combat du futur rencontrent de graves difficultés, je propose de mettre en place des jalons décisionnels permettant de régulièrement faire le point sur les programmes européens et de décider si oui ou non il faut les poursuivre. La coopération européenne ne doit pas se faire au détriment de nos armées et de notre souveraineté », a, de son côté, résumé le député du RN.

Par ailleurs, les deux députés se sont fait aussi l’écho des « inquiétudes » des représentants de la Base industrielle et technologie de défense française [BITD] au sujet du contrôle des exportations des équipements produits dans le cadre d’une coopération européenne, l’Allemagne ayant sur ce point, – du moins officiellement – une politique très restrictive.

« Il est essentiel que la France maintienne un contrôle souverain sur le cadre juridique de ses exportations d’armement, y compris pour des équipements développés dans le cadre de coopérations européennes », ont en effet estimé les rapporteurs.

Ceux-ci ont aussi plaidé pour que les mécanismes européens de financement soient « centrés sur les seuls besoins capacitaires des armées européennes et non sur une logique de politique concurrentielle », comme cela a « certainement » été le cas par la mise à l’écard de MBDA par la Commission européenne pour le projet d’intercepteur endo-atmosphérique de missiles hypersonique [EU HYDEF], lequel a été confié à l’espagnol SENER Aeroespacial, dont l’expérience en la matière reste encore à démontrer.

« Enfin, le mécanisme d’acquisition conjointe EDIRPA [instrument visant à renforcer l’industrie européenne de la défense via des acquisitions conjointes, ndlr] doit être au service de l’acquisition de capacités de l’Union européenne et non de pays tiers, comme semble le réclamer, à tort, certains pays », ont conclu les deux députés.

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En matière d’armement, les coopérations lancées par la France et l’Allemagne depuis 2017 ne connaissent pas les mêmes fortunes… Le Maritime Airborne Warfare System [MAWS] a pris un sérieux coup dans l’aile avec la décision allemande de se procurer des avions de patrouille maritime P-8A Poseidon américains… tandis que le standard Mk3 de l’hélicoptère de combat Tigre ne concernera que la France et l’Espagne [si jamais il doit aller jusqu’au bout…].

Et si le Système de combat aérien du futur [SCAF] a connu une évolution favorable, avec le lancement de la phase 1B après des mois de désaccords entre les industriels impliqués, le Système de principal de combat terrestre [MGCS] n’est toujours pas sorti de l’ornière, les allemands Rheinmetall et Krauss-Maffei Wegman [associé au français Nexter au sein de KNDS] étant à couteux tirés. Évidemment, et au-delà des considérations politiques [en particulier pour ce qui concerne l’Allemagne], ces tensions, alimentées par les questions de propriété intellectuelle et de partage industriel, ne font que faire prendre que du retard à ces programmes d’armement…

En novembre, alors que le lancement de la phase 1B du SCAF n’était toujours pas acquise, le rôle de maître d’oeuvre de Dassault Aviation étant contestée par Airbus au sujet de l’avion de combat de nouvelle génération [NGF], le sénateur Dominique de Legge avait profité du débat sur la Loi de finances 2023 pour déposer un amendement afin de financer, à hauteur de 10 millions d’euros, une étude de faisabilité d’un « plan B national » afin « d’anticiper une éventuelle impasse des négocations », mais sans pour autant remettre en cause le « plan A » dans l’immédiat. En clair, l’idée du parlementaire était de faire en sorte de ne pas se retrouver le bec dans l’eau…  »

« Chaque jour de retard supplémentaire dans les négociations est un jour perdu pour la préparation des armées françaises à la guerre aérienne du futur », avait plaidé M. de Legge.

L’initiative de ce dernier a sans doute été vue d’un bon oeil… par l’État-major des Armées [EMA]. C’est, du moins, ce que suggère le rapport sur le bilan de la Loi de Programmation Militaire [LPM] 2019-2025 établi par les députés Laurent Jacobelli [RN] et Yannick Chenevard [Renaissance] et dont le contenu vient d’être rendu public [après avoir été longuement évoqué en commission, à la mi-février, nldr].

Ayant des sensibilités politiques opposées [notamment pour ce qui a trait aux affaires européennes], les deux rapporteurs sont cependant tombés d’accord « pour mettre en exergue qu’une coopération réussie doit nécessairement reposer sur une répartition industrielle fondée sur le principe du meilleur athlète ».

Aussi, ont-il écrit dans leur rapport, « au regard des retards pris par certains programmes européens, il semblerait utile d’introduire dans la prochaine Loi de programmation militaire des jalons décisionnels pour faire le point sur les avancées du programme et pour décider si ces coopérations doivent être poursuivies ou non, ainsi que l’a suggéré le général Vincent Pons de l’État-major des Armées ».

Que l’on appelle cela « Plan B » ou « Jalon décisionnel », l’idée est la même : il s’agit d’éviter aux forces françaises de tomber dans une impasse… voire d’arrêter les frais d’une coopération qui n’irait pas dans le bon sens.

« Cela semble d’autant nécessaire que les besoins opérationnels sous-jacents à ces coopérations sont majeurs pour nos armées : il faudra en tout état de cause un successeur au char Leclerc et au Rafale, que cela se fasse dans un cadre européen ou national », ont insisté MM. Chenevard et Jacobelli.

« Le char du futur et l’avion de combat du futur rencontrent de graves difficultés, je propose de mettre en place des jalons décisionnels permettant de régulièrement faire le point sur les programmes européens et de décider si oui ou non il faut les poursuivre. La coopération européenne ne doit pas se faire au détriment de nos armées et de notre souveraineté », a, de son côté, résumé le député du RN.

Par ailleurs, les deux députés se sont fait aussi l’écho des « inquiétudes » des représentants de la Base industrielle et technologie de défense française [BITD] au sujet du contrôle des exportations des équipements produits dans le cadre d’une coopération européenne, l’Allemagne ayant sur ce point, – du moins officiellement – une politique très restrictive.

« Il est essentiel que la France maintienne un contrôle souverain sur le cadre juridique de ses exportations d’armement, y compris pour des équipements développés dans le cadre de coopérations européennes », ont en effet estimé les rapporteurs.

Ceux-ci ont aussi plaidé pour que les mécanismes européens de financement soient « centrés sur les seuls besoins capacitaires des armées européennes et non sur une logique de politique concurrentielle », comme cela a « certainement » été le cas par la mise à l’écard de MBDA par la Commission européenne pour le projet d’intercepteur endo-atmosphérique de missiles hypersonique [EU HYDEF], lequel a été confié à l’espagnol SENER Aeroespacial, dont l’expérience en la matière reste encore à démontrer.

« Enfin, le mécanisme d’acquisition conjointe EDIRPA [instrument visant à renforcer l’industrie européenne de la défense via des acquisitions conjointes, ndlr] doit être au service de l’acquisition de capacités de l’Union européenne et non de pays tiers, comme semble le réclamer, à tort, certains pays », ont conclu les deux députés.

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En matière d’armement, les coopérations lancées par la France et l’Allemagne depuis 2017 ne connaissent pas les mêmes fortunes… Le Maritime Airborne Warfare System [MAWS] a pris un sérieux coup dans l’aile avec la décision allemande de se procurer des avions de patrouille maritime P-8A Poseidon américains… tandis que le standard Mk3 de l’hélicoptère de combat Tigre ne concernera que la France et l’Espagne [si jamais il doit aller jusqu’au bout…].

Et si le Système de combat aérien du futur [SCAF] a connu une évolution favorable, avec le lancement de la phase 1B après des mois de désaccords entre les industriels impliqués, le Système de principal de combat terrestre [MGCS] n’est toujours pas sorti de l’ornière, les allemands Rheinmetall et Krauss-Maffei Wegman [associé au français Nexter au sein de KNDS] étant à couteux tirés. Évidemment, et au-delà des considérations politiques [en particulier pour ce qui concerne l’Allemagne], ces tensions, alimentées par les questions de propriété intellectuelle et de partage industriel, ne font que faire prendre que du retard à ces programmes d’armement…

En novembre, alors que le lancement de la phase 1B du SCAF n’était toujours pas acquise, le rôle de maître d’oeuvre de Dassault Aviation étant contestée par Airbus au sujet de l’avion de combat de nouvelle génération [NGF], le sénateur Dominique de Legge avait profité du débat sur la Loi de finances 2023 pour déposer un amendement afin de financer, à hauteur de 10 millions d’euros, une étude de faisabilité d’un « plan B national » afin « d’anticiper une éventuelle impasse des négocations », mais sans pour autant remettre en cause le « plan A » dans l’immédiat. En clair, l’idée du parlementaire était de faire en sorte de ne pas se retrouver le bec dans l’eau…  »

« Chaque jour de retard supplémentaire dans les négociations est un jour perdu pour la préparation des armées françaises à la guerre aérienne du futur », avait plaidé M. de Legge.

L’initiative de ce dernier a sans doute été vue d’un bon oeil… par l’État-major des Armées [EMA]. C’est, du moins, ce que suggère le rapport sur le bilan de la Loi de Programmation Militaire [LPM] 2019-2025 établi par les députés Laurent Jacobelli [RN] et Yannick Chenevard [Renaissance] et dont le contenu vient d’être rendu public [après avoir été longuement évoqué en commission, à la mi-février, nldr].

Ayant des sensibilités politiques opposées [notamment pour ce qui a trait aux affaires européennes], les deux rapporteurs sont cependant tombés d’accord « pour mettre en exergue qu’une coopération réussie doit nécessairement reposer sur une répartition industrielle fondée sur le principe du meilleur athlète ».

Aussi, ont-il écrit dans leur rapport, « au regard des retards pris par certains programmes européens, il semblerait utile d’introduire dans la prochaine Loi de programmation militaire des jalons décisionnels pour faire le point sur les avancées du programme et pour décider si ces coopérations doivent être poursuivies ou non, ainsi que l’a suggéré le général Vincent Pons de l’État-major des Armées ».

Que l’on appelle cela « Plan B » ou « Jalon décisionnel », l’idée est la même : il s’agit d’éviter aux forces françaises de tomber dans une impasse… voire d’arrêter les frais d’une coopération qui n’irait pas dans le bon sens.

« Cela semble d’autant nécessaire que les besoins opérationnels sous-jacents à ces coopérations sont majeurs pour nos armées : il faudra en tout état de cause un successeur au char Leclerc et au Rafale, que cela se fasse dans un cadre européen ou national », ont insisté MM. Chenevard et Jacobelli.

« Le char du futur et l’avion de combat du futur rencontrent de graves difficultés, je propose de mettre en place des jalons décisionnels permettant de régulièrement faire le point sur les programmes européens et de décider si oui ou non il faut les poursuivre. La coopération européenne ne doit pas se faire au détriment de nos armées et de notre souveraineté », a, de son côté, résumé le député du RN.

Par ailleurs, les deux députés se sont fait aussi l’écho des « inquiétudes » des représentants de la Base industrielle et technologie de défense française [BITD] au sujet du contrôle des exportations des équipements produits dans le cadre d’une coopération européenne, l’Allemagne ayant sur ce point, – du moins officiellement – une politique très restrictive.

« Il est essentiel que la France maintienne un contrôle souverain sur le cadre juridique de ses exportations d’armement, y compris pour des équipements développés dans le cadre de coopérations européennes », ont en effet estimé les rapporteurs.

Ceux-ci ont aussi plaidé pour que les mécanismes européens de financement soient « centrés sur les seuls besoins capacitaires des armées européennes et non sur une logique de politique concurrentielle », comme cela a « certainement » été le cas par la mise à l’écard de MBDA par la Commission européenne pour le projet d’intercepteur endo-atmosphérique de missiles hypersonique [EU HYDEF], lequel a été confié à l’espagnol SENER Aeroespacial, dont l’expérience en la matière reste encore à démontrer.

« Enfin, le mécanisme d’acquisition conjointe EDIRPA [instrument visant à renforcer l’industrie européenne de la défense via des acquisitions conjointes, ndlr] doit être au service de l’acquisition de capacités de l’Union européenne et non de pays tiers, comme semble le réclamer, à tort, certains pays », ont conclu les deux députés.

BBC

The mushrooms you can wear and build with

There's no doubt mushrooms are having a moment.

From the popular Netflix documentary Fantastic Fungi, to the surge of medical trials exploring the use of a compound found in hallucinogenic species as a treatment for depression, a mushroom boom is alive and kicking.

But there's one part of fungi that businesses are now especially tapping into, and that's mycelium, the root structure of a mushroom.

London-based biomanufacturing company Biohm grows mycelium on a large scale by feeding it the likes of food waste and sawdust to create construction industry products such as insulation panels. These can then be used as an alternative to the prevalent plastic ones.

"We are focused on solving global challenges, and one of the largest in terms of impact on the planet and ecosystem is the construction industry," explains Oksana Bondar, director of design at Biohm.

"We looked deeper into waste streams, and types of materials, and the fabric of buildings, and one of the largest commodities is insulation. The idea was to tackle one of the challenges with a natural solution."

Once the mycelium has grown over a number of weeks, Biohm harvests and dries it, and then compresses it into brick-like panels.

"What's beautiful about this product is that the panels can be remanufactured, it can be broken down into feed stock, it's safe to be composted, it's pH neutral and 100% natural. It can fertilise soil," says Ms Bondar.

A spokeswoman for Biohm said the company was "currently negotiating... with major multinationals" to take its products to global markets. "Expect to see their mycelium thermal insulation being installed in homes, offices, and public spaces in the UK and Europe within the next couple of years."

In San Francisco, a company called MycoWorks is growing mycelium to produce a leather substitute called "Reishi". Using this material it is now making everything from hats to wallets, handbags and bowls.

"Mycelium-grown Reishi is an incredible material, and the first of its kind [leather replacement] that doesn't use plastic as a core ingredient," says Sophia Wang, MycoWorks co-founder.

"It is grown using three organic materials - water, sawdust and mycelium, which keeps carbon emissions low."

She adds that the luxury goods sector is currently showing the most interest in the company's work. MycoWorks has already helped Hermes produce a handbag partly made from its mycelium, and it has formed a collaboration with hat-maker Nick Fouquet.

MycoWorks is also working with General Motors to explore the use of mycelium in car interiors.

Ms Wang says the firm "coaxes" mycelium to grow into a large brick. The top layer of this, which is said to look like a sheet of animal leather, is then peeled off and can be tanned or coloured in the same way as leather.

Ms Wang says the cost of Reishi is currently comparable to luxury leather. However, she hopes that as the firm introduces production on a much larger scale, the price will fall.

To achieve this growth the company has raised $125m (£104m) to fund the building of a new facility that will allow it to ramp up output from thousands of sheets a year to millions. This is due to open in South Carolina later this year.

While it's difficult to source figures for the financial value of the mycelium sector, its rapid growth is undoubtedly increasing that of the wider global mushroom market. This is due to reach $90.4bn by 2028, up from $63bn in 2022, according to research company Imarc Group.

"I think the reason for the expanded interest in mycelium for materials science applications is just increased awareness," says Dr Mitchell Jones, a researcher at the Vienna University of Technology, and an expert on mycelium.

"When I started my PhD on the topic about seven years ago nobody knew about it. There was almost no documented research on mycelium-based materials and just two companies in the US doing stuff with it.

"These days the topic is much more popular. Companies are popping up everywhere including the US, UK, Italy, the Netherlands, Indonesia, South Korea, Estonia and Australia. The more media attention the topic gets the more people want to get into it commercially and found start-ups. The allure is the 'weirdness' of the concept, for want of a better term."

New Tech Economy is a series exploring how technological innovation is set to shape the new emerging economic landscape.

For Dr Jones, mycelium's strong sustainable kudos makes it an attractive material. For starters, it is usually made using agricultural or forestry by-products, or food waste that would otherwise have been incinerated or gone into landfill.

He adds that unlike most manufacturing processes - which may use a lot of energy and require machinery - fungi, a biological organism, basically does the hard work for you, simply by growing.

But are there any downsides to the use of mycelium? Dr Jones cautions that it has to be effectively sealed with water repellent, "because if you don't it is like a sponge compared to other materials, it is susceptible to sucking up large quantities of water".

And he adds that we don't yet know how long it will last for. "As it hasn't yet been produced on a commercial scale we don't have accurate life assessment data."

An increasing number of food start-ups are also using mycelium as a high-protein alternative to meat, or even a replacement for wheat flour.

Berlin-based Bosque Foods has raised $3m to develop mycelium-based substitutes for chicken, pork and bacon.

Isabella Iglesias-Musachio, its co-founder and chief executive, says they grow their mycelium "in a matter of days" in fermentation vessels that allow for indoor, urban farming.

"From our perspective this is advantageous because we are able to scale up our production in a much more cost-effective way, which means we can reach price parity with animal meat sooner," she says.

Bosque's mycelium is said to have a mild flavour, with a hint of "umami" or savoury notes. To this it adds a range of spices.

While Bosque's products have yet to go on sale, mycelium-based burgers are already available to buy in the US, and the European Union gave clearance for one type of mycelium earlier this year.

The situation in the UK has been complicated by Brexit, but the UK's Food Standards Agency has maintained EU authorisation rules for so-called "novel foods". These are food substances that were not consumed "significantly" prior to 1997.

Ms Iglesias-Musachio is adamant that mycelium is the future of vegan food. "Some of the issues with plant-based alternatives is that soy and pea protein isolates can have a very strong flavour which on its own many people find off-putting.

"Our mycelium can act as a blank canvas for us to create delicious flavour profiles that people crave."

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France24 - World

Tunisia's Saied to dissolve municipal councils ahead of local elections

Issued on: 09/03/2023 - 11:52

NEWS WIRES

Tunisian President Kais Saied said late on Wednesday he will dissolve municipal councils months before they were due to be elected, further dismantling the systems of government developed after the 2011 revolution that brought democracy. 

"We will discuss a decree to dissolve municipalities and replace them by special councils," he said in a video of a cabinet meeting that was posted online.

The new councils will also be elected, but under new rules that he will write, he said. He has previously called the existing councils "states within a state" and said they were "not neutral".

In the 2018 local elections, a third of municipal councils came under the control of Ennahda, an Islamist party that has been the most vocal critic of Saied.

Elected municipal councils were introduced after the 2014 constitution called for decentralisation - a constitution that Saied has replaced with one he wrote himself and passed last year in a referendum with low turnout.

"Unfortunately the head of state is not convinced by decentralisation," said Adnen Bouassida, the head of the National Federation of Municipalities, on Mosaique FM radio.

Saied has concentrated nearly all powers in the presidency since he suddenly shut down the elected parliament in July 2021 and moved to rule by decree, moves that opposition parties have called an undemocratic coup.

The president has rejected that accusation, saying his moves were legal and necessary to save Tunisia from years of chaos at the hands of a corrupt, self-serving political elite.

Last month authorities detained leading critics and opposition figures, including prominent Ennahda members, whom Saied labelled criminals, traitors and terrorists in the first significant crackdown on dissent against his rule.

The elected municipal councils had struggled to make much impact in many areas of Tunisia, functioning with small budgets.

Most political parties boycotted elections in December and January for a new, mostly powerless, parliament, meaning the local councils were the last effective branch of government where they retained a presence.

(Reuters) 

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World Bank halts future Tunisia engagement after president's anti-migrant remarks

‘Down with the police state,’ chant thousands of protesters in Tunisia

Sub-Saharan migrants in Tunisia living in 'climate of fear' after surge in racist attacks

France24 - World

'The oceans play a massive role' in the planet's climate control, 'biodiversity & oxygen production'

Issued on: 08/03/2023 - 04:55Modified: 08/03/2023 - 05:00

For the first time, United Nations members have agreed on a unified treaty to protect biodiversity in the high seas - representing a turning point for vast stretches of the planet where conservation has previously been hampered by a confusing patchwork of laws. An updated framework to protect marine life in the regions outside national boundary waters, known as the high seas, had been in discussions for more than 20 years, but previous efforts to reach an agreement had repeatedly stalled. Ocean ecosystems create half the oxygen humans breathe and limit global warming by absorbing much of the carbon dioxide emitted by human activities. But only about one percent of the high seas are currently protected. For more on this historic accord, FRANCE 24 is joined by Gianni Valenti, President and Founder of Gaia First.

France24 - Monde

Le Liban n’a jamais autant eu besoin de sa diaspora

Publié le : 01/03/2023 - 16:23

Sophie GUIGNON

Dans un pays qui s’enfonce dans la crise, les Libanais sont de plus en plus nombreux à dépendre de l’argent envoyé par leurs proches depuis l'étranger pour survivre. Les fonds envoyés par la diaspora libanaise, l’une des plus importantes au monde, expliquent en partie pourquoi le Liban n’a pas encore sombré dans le chaos ou la révolte sociale, alors que le pays souffre d’une des pires crises financières du monde moderne, selon la Banque Mondiale. Un reportage de Chloé Domat et Sophie Guignon.

Bâtie sur plus d’un siècle, la diaspora libanaise compte environ 14 millions de Libanais qui vivent sur les cinq continents, contre quatre millions à l’intérieur des frontières du Liban. Ces expatriés ont toujours envoyé de l’argent à leurs familles pour boucler les fins de mois, mais depuis la crise, ces transferts sont les seules sources de revenus pour de nombreux foyers.

Le résumé de la semaineFrance 24 vous propose de revenir sur les actualités qui ont marqué la semaine

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.cls-6{fill:#fff;stroke:#fff;stroke-miterlimit:10;stroke-width:.2px} EXPRESS ORIENT

Manger à sa faim, un luxe au Liban : la malnutrition en conséquence de la crise économique

Crise sanitaire

Trente ans après la dernière épidémie, le retour du choléra inquiète au Liban

EXPRESS ORIENT

Crise politique et financière au Liban : des milliers d'habitants poussés à l'exil

BBC

SANS TITRE

FT: Man Utd 4-1 Real Betis

Manchester United

Manchester United goalscorer Marcus Rashford speaking to BT Sport: "It is always important to win the next fixture after a loss it is the only way to bounce back and continue to the momentum we had before the game.

"We always try to start quick and a goal always helps that and I think thye defended the box well in the first half but in the second half it opened up more as to be expected with the game at 1-1.

"We started well in both halves, and yeah it is important to try and score the goals and that is the difference."

On Wout Weghorst's first goal for Manchester United: "As a forward he gets joys from scoring goals and he works hard and does all the other stuff but he wants to score goals."

On if it is the best response to the Liverpool loss: "It is a step back in the right direction we have to build on it now again but we can't put too much emphasis on Sunday because it is gone and we can't change it so we have to keep moving forward."

FT: Man Utd 4-1 Real Betis

Leon Osman

Former Everton midfielder on BBC Radio 5 Live

They deserved this victory Manchester United. It was a great reaction to the weekend's embarrassment at Anfield and you couldn't ask for much more from them.

They will be delighted to take a 4-1 scoreline to Spain for the second leg.

#bbcfootball, text 81111 (UK only – texts will be charged at your standard message rate), or text your comments via WhatsApp on 03301231826

PJ: Good bounce back victory tonight! Some brilliant goals as well while playing some good football!

A.J. Vergette: Three goal cushion and a busy schedule ahead - I'd absolutely consider starting Pellistri in the coming games. What a cameo!

Eteyen: What I enjoyed most was the joy on Wout's face after scoring that goal. That looks like what I imagine scoring for a club you love must feel like, and I'm here for it.

FT: Man Utd 3-1 Real Betis

Rene Meulensteen

Former Manchester United coach on BBC Radio 5 live

Very good second-half. That is how you want Manchester United to play, there was a lot of threat and they nullified everything Real Betis had.

4-1 is a really great result. It doesn't take a lot away from last Sunday's defeat but there is no better medicine than to win in the way they did tonight.

It's full-time in the other matches too so Juventus finish with a 1-0 win over SC Freiburg, while Sevilla see off Fenerbahce 2-0.

Shakhtar Donetsk and Feyenoord drew 1-1.

Earlier, Arsenal drew 2-2 at Sporting Lisbon, while West Ham were comfortable 2-0 winners at AEK Larnaca in the Europa Conference League.

FT: Man Utd 4-1 Real Betis

A big celebration from Wout Weghorst.

Man Utd 4-1 Real Betis

A deserved win for Manchester United who were excellent in the second half.

They have a comfortable three-goal lead to take with them to Spain for the second leg. One big foot in the quarter-finals.

Man Utd 4-1 Real Betis

Leon Osman

Former Everton midfielder on BBC Radio 5 Live

When they are positive like that Manchester United are so hard to stop. Casemiro plays an eye of the needle pass to Bruno Fernandes who in turns finds Facundo Pellistri and his shot has to be saved by Claudio Bravo.

Man Utd 4-1 Real Betis

This would have capped things off.

Facundo Pellistri is played in but he's denied at the near post by Claudio Bravo, who has made some good saves tonight for Betis.

Man Utd 4-1 Real Betis

Simon Stone

BBC Sport at Old Trafford

There has been a bit of an issue in the away section, where police have gone in to try and quell a disturbance.

There were objects being thrown from both sets of fans and a few made an escape and a few were taken away.

It has not completely calmed down yet.

#bbcfootball, text 81111 (UK only – texts will be charged at your standard message rate), or text your comments via WhatsApp on 03301231826

So United are thrashing the team who on Saturday drew with the team that thrashed the team that thrashed United on Sunday. Funny old game.

Man Utd 4-1 Real Betis

Lisandro Martinez gets to the near post to flick on Bruno Fernandes' delivery but it's over the bar. Decent effort.

Man Utd 4-1 Real Betis

Bruno Fernandes slips it through to Jadon Sancho. United win a corner as the fourth official shows another four minutes added on.

Man Utd 4-1 Real Betis

Ooh, not too far away. Casemiro tries to place it into the corner from outside the box but it trickles wide.

Man Utd 4-1 Real Betis

Simon Stone

BBC Sport at Old Trafford

There have been questions raised over why Facundo Pellistri has struggled to make an impact this season.

This is only his fifth appearance, all as a substitute, even though he played in all three Uruguay games at the World Cup.

That was superb from the 21-year-old, who could have played an easy pass back to the halfway line rather than embark on an arcing run that brought Manchester United their fourth goal.

Man Utd 4-1 Real Betis

Facundo Pellistri slips as he tries to slide in for a cross in the box and he catches Luiz Felipe. Looks a painful one but he's OK to carry on.

Man Utd 4-1 Real Betis

Leon Osman

Former Everton midfielder on BBC Radio 5 Live

You don't see a fourth goal celebrated like that very often but you can just see what it means for Wout Weghorst.

Facundo Pellistri does well to get to the byline, Scott McTominay forces a save with his first touch and it falls perfectly for Wout Weghorst to tap in.

Man Utd 4-1 Real Betis

United have completely turned it around in the second half. The scoreline doesn't flatter them. They have created so many chances. Real Betis need to shut up shop and not concede any more.

Wout Weghorst (82 mins)

He's scored!!!

You can see how much this means to Wout Weghorst. He'd done everything but score before now.

It's both substitutes who are involved as well. Brilliant stuff from Facundo Pellistri as his burst of pace opens it up on the right. He pulls it back for Scott McTominay, he's blocked from close range and Weghorst puts in the rebound.

Man Utd 3-1 Real Betis

Resting legs perhaps.

Scott McTominay is on for United, replacing Fred in midfield, while goalscorer Antony comes off for Facundo Pellistri.

Valeurs Actuelles

Dissuasion nucléaire : pour l’amiral Jean Dufourcq, “il est urgent de créer un cadre géopolitique européen pour réguler les crises”

Docteur en sciences politiques, académicien de marine, l’amiral Jean Dufourcq a servi au Centre d'analyse et de prévision du ministère des Affaires étrangères, à la Représentation permanente de la France pour l'Union européenne à Bruxelles et au Collège de défense de l'OTAN à Rome. Pour Valeurs Actuelles, il analyse les propositions faites par Emmanuel Macron aux Européens sur un partage de notre dissuasion nucléaire et la sécurité européenne à la conférence de Munich.

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BBC

Men and women are raised and grow up in the same society with the same norms. And as a result of that, we’re all internalising the same gendered norms and beliefs – Francesca Manzi

Adela was 23 years old when she started working for a global consumer-goods company in London. Her team was predominantly female, including her bosses. During her first week on the job, one of the few men she worked with strolled over and dropped a book on her desk. “He told me it would serve as my manual for working here,” she says.

The book was The Devil Wears Prada, the 2003 novel by Lauren Weisberger, about a young woman who endures behaviour that borders on psychological and emotional abuse at the hands of her fashion-magazine editor boss, who’s also a woman. 

“It was kind of hilarious at the time, but with hindsight it was really sad,” says Adela. “Because the book actually did mirror my future relationship with many of my female bosses at that workplace.” 

Adela, who is withholding her surname for career considerations, recalls that the work environment at the company was “toxic”, built on a culture of “secrecy”. Her female bosses, she says, were “image obsessed”, and unwilling to embrace fresh ideas or perspectives. She says that created an atmosphere of fear, where juniors felt uncomfortable speaking out, and everyone seemed defensive. After six months, she quit and made a resolution for the rest of her career: never work in a team of only women again – and be very careful choosing to work for another woman at all.

Adela’s experience of conflict might be more dramatic than that of other women who have worked under a female boss, but it’s certainly not atypical.

In discussions about what helps women succeed in the workplace, experts often talk about the importance of female role models. And while there’s plenty of data showing that female mentorship can be advantageous for women, there’s just as much anecdotal evidence indicating that having a female boss hinders a woman’s chances to be happy, successful and supported at work. And it’s the latter narrative that has prevailed in the popular imagination.

There’s no comprehensive proof senior women are less helpful – or more harmful – to junior women, compared with senior men to junior men. Yet plenty of women, like Adela, have experienced other women making their lives hard at work, even driving them to quit.

Yet it may not be that women are infighting more – instead, for a number of reasons, conflicts among female employees and their women bosses often draw most of the workplace attention. In the 1970s, academics even coined a term for the phenomenon: the ‘queen bee syndrome’ – the idea that high-ranking female employees jostling for a rare seat at the table creates a hostile work environment for female subordinates.

But the thinking behind that theory has increasingly fallen out of favour, as experts have established that the high-profiling of these woman-to-woman conflicts is about more than just individual women being mean, territorial or ‘catty’, as they’re sometimes described. Instead, they’re manifestations of gendered norms that still shape the workplace today – and may hold back other women from reaching their full professional potential.

Woman-to-woman conflict in the workplace is often more about gendered norms than just individual women being mean (Credit: Getty Images)

Assertive and competitive leaders

There are many long-held gendered stereotypes in society. Academics say that, predominantly, men are expected to be assertive, competitive and ambitious; while women should be nurturing, caring and compassionate. Consistently reinforced throughout broader society, these stereotypes play out in management styles, too.

To succeed in the workplace, experts say that these deep-seated biases mean both genders feel that success is tied to ‘male’ qualities. And despite progress around gender roles, men and women largely buy into the myth that men should be dominant and women submissive, and that men should lead while women follow.

“There’s a basic assumption that women might endorse or believe in gender stereotypes less than men … this assumption is simply not correct,” explains Francesca Manzi, assistant professor of management at the London School of Economics. “But men and women are raised and grow up in the same society with the same norms. And as a result of that, we’re all internalising the same gendered norms and beliefs.”

For women in the workplace, data shows how entrenched these stereotypes remain. According to Gallup, since 1982, women in the US have consistently been more likely than men to say they prefer a male boss.

Through her research, Manzi – who specialises in the study of covert manifestations of gender bias – shows that it’s not necessarily the case that women have a stronger aversion to working for a female boss, per se. Rather, it’s simply a societal norm for a man to be in a more senior position than a woman; a woman at the top may seem at odds with society’s perception of what constitutes a typical leader.

Yet data shows this bias against women leaders isn’t rooted in fact. Much research has concluded that women can actually be better managers, especially during times of crisis.

“And yet, when people ask if they want a female manager, they say no,” says Kelly Ceynowa, an organisational psychologist, coach and consultant based in New York City. Ceyonwa says that in even in an organisation which aspires to be a meritocracy – a structure in which the best people get promoted regardless of their gender, race or any other characteristic trait – the bias still exists. The gendered norms that have dominated for so long, she says, “the meritocracy is based on male standards of successful management” itself.

A ‘double bind’

Manzi says that because of these perceptions, when some women reach positions of power, they take on more male-ascribed traits. These women might also have previously developed what’s generally considered to be a more ‘masculine’ persona to gain seniority.

“Women are being taught and rewarded for being more masculine,” says Manzi. “If you want to make it and be seen as brilliant, you want to identify with the group that tends to be seen as having those characteristics. And those people still tend to be men.” 

As a result, women “might also tend to dissociate more from women as a means of distinguishing themselves as a leader”, adds Manzi. “They don’t want to be seen as having the character traits that are typically associated with women, and aren’t associated with being a strong and capable leader. And that can cause these perceived conflicts,” she adds.

Because of these male traits that drive leadership perceptions, says Ceynowa, it’s ‘more acceptable’ for men to be in workplace conflict. However, when women stand their ground and are seen as aggressive, it can be particularly jarring, noteworthy and memorable, since they are not ‘supposed’ to be in conflict, based on their expected gender roles.

“The conflicts are the same. What is different is that men are operating in structures that were designed with them in mind. I think the perception that women-women workplace conflict is unique is that we see it more because it stands out, not because it is unique,” she says. Men are in continuous conflict at work, but we are comfortable with how they handle it.”

This puts women in a “double bind”, says Michael Smets, professor of management at Saïd Business School at the University of Oxford. “If they are nurturing and kind, they are easily considered ‘too female’, [but] if they display competence and assertiveness, they are easily branded ‘too male’, and often inauthentic.”

And without other female leaders in the workplace displaying alternate leadership styles, “women may be forced to experiment to find their personal leadership style, or replicate the behaviours of male role models”, says Smets. “In both cases, conflict is likely to flare up, and be articulated in ways peers or reports may not expect, and the surprise may lead them to experience the conflict as particularly intense.”

Experts agree that more women at the top would help shift long-held, collective biases of what characteristics make a good leader (Credit: Getty Images)

In a 2012 paper, academics Leah Sheppard and Karl Aquino wrote about a study they conducted in which participants read a scenario describing a conflict between two managers. They found that participants perceived the conflict to be more problematic if both managers were women than if one manager or both managers were men.

“These findings suggest that participants – whether women or men – are predisposed by gender stereotypes to believe that workplace conflict between women is more serious than conflict involving men, and that women involved in conflict with each other are more likely to have poor working relationships, lose commitment to their jobs, and quit their organisations,” concluded Sheppard and Aquino.

They added that such perceptions may actually result in self-fulfilling prophecies among women, who, having anticipated long-term difficulties in the aftermath of a conflict, are less likely to seek out a positive resolution.   

The ‘queen bee’ myth

One reason why gendered stereotypes of what makes a good leader persist is that there are still so few women in positions of power. More women at the top, agree experts, would help shift long-held, collective biases of what characteristics make a good leader. 

One crude but telling measure: in the UK’s FTSE 100 index of top publicly traded companies, male CEOs outnumber their female counterparts by a ratio of about 10 to one. In US’s Fortune 500, the ratio is even worse.

It’s this scarcity of opportunity that bred the ‘queen bee syndrome’ theory – a term that some scholars say might itself be exacerbating the gender bias that makes women’s conflict so infamous. “Calling women ‘queen bees’ is its own form of devaluation, with its impact on the denigration and marginalisation of women in leadership,” write Isabel Fernandez-Mateo, a professor at London Business School, and Sarah Kaplan, a professor at the University of Toronto.

Manzi agrees. She says using terms like ‘queen bee’ might even set up women to internalise those labels and exacerbate the situation by creating conflicts and rifts that weren’t there in the first place.   

For progress, experts agree that the underlying stereotype of a good leader needs to change, so that women don’t have to feel like they need to adapt to a characteristically male leadership style to climb and be respected.

If they are nurturing and kind, they are easily considered ‘too female’, [but] if they display competence and assertiveness, they are easily branded ‘too male’, and often inauthentic – Michael Smets

“The onus should not be on women to fix themselves. It’s the system that needs fixing,” says Manzi. To do that, she says, “we need to create workplaces where women leaders are seen as less of an anomaly, and in which different types of leadership are embraced more widely”. 

Having more role models – both female and male – with a diverse array of character traits that aren’t necessarily traditionally gendered, will certainly help. “Role models are an important part of the development of social identities,” writes Ruth Seay, at University of Exeter Business School, and Val Singh, of Cranfield School of Management, UK.

Having more women as visible role models might also diminish some of the competition, especially if opportunities and chances for women to reach the top no longer appear as scarce: there will no longer be a sense of all women in an organisation or team having to compete for the single seat at the top.

But by their very nature, the stereotypes driving workplace conflict among women are deep-rooted and therefore difficult to shift. Management conflict like Adela experienced will always exist, of course, whether men or women are in charge. Yet the biases around leadership do not have to endure alongside them.

Experts agree that employees and managers – as well as researchers and commentators – can make strides towards correcting the workplace myth that all female bosses are difficult to work for. A first step is to understand that perceptions of these conflicts might also be based on ingrained biases that need to be shaken off for progress. 

Workers themselves can also play their part. Manzi says that every employee can check themselves. They can ask themselves whether they’re judging the quality of someone in power based on traits and characteristics that might have little or nothing to do with their actual ability to lead well. 

“We also need to be more tolerant of different personality styles in leadership,” says Manzi. “There’s no one type of personality that makes a good leader.”

France24 - Monde

Salim Kechiouche de retour dans "Braqueurs" saison 2

Publié le : 09/03/2023 - 16:06

Nina MASSON Suivre Magali FAURE Natacha MILLERET Clémence DELFAURE

Dans sa jeunesse, il se voyait boxeur. C’est finalement sur les plateaux de cinéma qu’il a exercé son amour du ring. Révélé par Abdellatif Kechiche dans "Mektoub my Love, Canto Uno", il revient en braqueur sur Netflix pour une seconde saison nerveuse, plongée dans l’univers corrompu du narcotrafic. Salim Kechiouche est l’invité de Nina Masson dans ce nouveau numéro de "À l'Affiche". À cette occasion, l’acteur nous en dit plus sur la sortie du prochain Kechiche, "Mektoub my Love, Canto Due" et nous parle de son premier long-métrage  "Les Enfants du Paradis", un film très personnel en forme d’hommage à l’un de ses amis disparus dans un accident de la route.

L'Humanité

La vie après l'occupation à Hostomel, ville-héros d’Ukraine

Reportage

Dans la région de Kiev, les villes occupées plusieurs semaines par l’agresseur russe restent marquées par les violences commises en mars 2022. Alors que la reconstruction a déjà commencé, ceux qui n’ont pas réussi à partir vivent avec de douloureux souvenirs. Reportage.

Emmanuelle Chaze

Hostomel (Ukraine), correspondance particulière.

Il est des noms qui resteront gravés dans les esprits bien après la fin de la guerre. Comme Oradour-sur-Glane, Srebrenica ou encore la Ghouta orientale, et tant d’autres lieux de massacres qui ont ému, outré et choqué, Boutcha entrait dans la mémoire collective en avril 2022, alors que le monde découvrait avec horreur la rue Jablonska jonchée de cadavres, les voitures de civils carbonisées et la destruction de plus de 3000 maisons de cette ville de banlieue autrefois paisible. Les villes toutes proches d’Hostomel, d’Irpin et de Borodyanka ont subi le même sort.

Pour ceux qui restent, même si l’heure est à la reconstruction, rien n’est oublié des heures terribles des trente-cinq jours de l’occupation russe du début de la guerre dans la région de Kiev. Si beaucoup d’habitants ne souhaitent plus évoquer cette période, et ne veulent plus que leur ville soit associée à tant d’atrocités, d’autres en revanche ne veulent pas que leur expérience tombe dans l’oubli, et se racontent.

Des familles captives

C’est le cas de Vira Zelenska et de Viktoriia Nazarova, deux mères de famille d’Hostomel qui ont survécu à l’occupation et à la captivité avec une centaine d’autres civils, dont 30 enfants, enfermés dans le gymnase souterrain de l’école municipale. Celle-ci avait été utilisée comme base par une soixantaine de soldats russes qui faisaient régner la terreur sur Hostomel.

En face de l’école, jusqu’à la fin de l’occupation un jardin a servi de fosse commune pour les cadavres de civils. Dont le corps du maire de la ville, Youri Prylykpo, assassiné le 7 mars 2022, alors qu’il distribuait de la nourriture et des médicaments à la population.

Au plus fort des bombardements, le souterrain servait d’abri aux habitants. C’est ainsi que Vira et Viktoriia, avec leurs enfants et leurs maris, se sont retrouvées captives. Viktoriia habite tout près, et Vira est l’une des cuisinières de l’école.

L'Humatinale

Du lundi au vendredi, l’actu essentielle décryptée par la rédaction de l’Humanité.

Elle raconte : « Systématiquement, (les soldats russes) ont saccagé l’école, brisé les portes, abîmé le matériel. En ce qui nous concerne, les hommes ont été déshabillés, les soldats cherchaient s’ils avaient des tatouages ukrainiens. Ils ont été humiliés. On a été autorisés à préparer la nourriture sous la menace d’une arme automatique, les enfants étaient aussi poussés à droite, à gauche avec des armes. On était même braqués lorsqu’on allait aux toilettes ! »

Viktoriia précise : « La façon dont nous étions traitées dépendait des rotations de soldats. Tous n’étaient pas aussi violents, mais nous avions toujours peur. Le pire a été un régiment de Bouriates. Ils voulaient toujours des femmes, de l’alcool, des cigarettes. Heureusement pour nous, leur chef s’est interposé pour empêcher les viols. » Vira Zelenska a même été inquiétée lorsque les soldats se sont aperçu qu’elle portait le même nom de famille que le président Volodymyr Zelensky.

Pendant plusieurs semaines, des familles survivent dans des conditions difficiles : il fait – 19 °C dehors, et le gymnase affiche un taux d’humidité élevé. Les murs suintent. Les toilettes ne fonctionnent plus, tout le monde est malade, des cas de dysenterie apparaissent. Viktoriia se souvient : « Notre maire, Youri Prylypko, nous a apporté beaucoup de choses, deux fois, de la nourriture et de l’eau. Et un jour, ils (les soldats) l’ont emmené alors qu’il venait nous distribuer des vivres, et ils l’ont abattu. »

Les enfants ont repris les cours

Au même moment, l’occupant russe saccage des maisons, se sert des matelas et couvertures des civils pour tenter de camoufler ses chars. Mais, fin mars, c’est la débandade : aussi vite qu’ils sont apparus, les soldats russes se retirent d’Hostomel, comme l’explique Vira : « En quinze minutes, ils étaient partis, sans même compter leurs hommes. Ils en avaient même oublié, qui étaient partis voler de l’alcool au supermarché et qui ont été bien surpris de ne trouver aucun de leurs camarades en revenant ici ! » Lors de la libération, Vira et Viktoriia découvrent l’étendue de la violence qui a eu lieu à Hostomel, à Irpin et Boutcha.

Depuis la libération d’Hostomel, le 2 avril 2022, l’école a été réparée. Les enfants de Vira et de Viktoriia ont repris les cours. Mais à chaque alerte aérienne, au moment de se réfugier au sous-sol, ils ont peur de retourner dans ce gymnase où ils ont vécu des heures si sombres.

Après la libération, Hostomel a obtenu, comme Kharkiv, Kherson ou Marioupol, le titre de ville-héros d’Ukraine, pour la résistance affichée par ses habitants à l’occupant. À ce jour, plus de 71 500 crimes de guerre ont été recensés par le procureur général d’Ukraine.

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Guerre en UkraineUkraine
BBC

One man, two cups: Is President Xi’s double tea a power move?

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If you happened to be watching the annual meeting of the National People's Congress (NPC) in China, something odd may have stood out to you - if you are especially eagle-eyed. China's President Xi Jinping had something others didn't: two cups of tea instead of one.

The meeting itself, known as the Two Sessions is almost a spectacle. The NPC is the country's equivalent of a parliament that is, in theory, the most powerful state organ.

In reality, it acts as a rubber-stamp body for the ruling Chinese Communist Party, passing key laws on decisions that have already been made.

The BBC's Asia Pacific editor Celia Hatton breaks down President Xi's double-beverage choice, and explains why it might be a subtle display of power.

Video journalist: Mattea Bubalo

BBC

Bangladesh v England: Tigers secure comfortable six-wicket win in first T20

Last updated on 9 hours ago9 hours ago.From the section Cricket

Bangladesh beat world champions England comfortably by six wickets in the first T20 international in Chattogram.

Opener Najmul Hossain Shanto struck an impressive 51 from 30 balls as the Tigers reached their target of 157 with two overs to spare.

Shanto added 65 for the third wicket with debutant Towhid Hridoy, who made 24, as the hosts adapted better to a slow, sluggish pitch.

The second of three T20s takes place on Sunday in Mirpur.

It is Bangladesh's first win over England in a T20, though it is only the second time the teams have met in the format.

England were on course for a huge total as captain Jos Buttler and Phil Salt raced to 80 after 10 overs, but Bangladesh's seamers fought back at the end, conceding just 21 runs from the final four overs to restrict England to 156-6.

Buttler made a dynamic 67 from 42 balls after being dropped by Shakib Al Hasan on 19, but when he and Ben Duckett fell in consecutive balls, England struggled to make the most of their aggressive start.

Seamer Hasan Mahmud led the attack with 2-26 from his four overs, including the key scalp of Buttler.

In reply, Bangladesh also made the most of the six-over powerplay to attack England's seamers, reaching 54-2.

England's seamers struggled to adapt to the slow pitch and Shanto capitalised, striking four consecutive boundaries from Mark Wood's first over.

Captain Shakib then calmly used his experience to steer his side to victory and finish unbeaten on 34.

The opening 10 overs of England's innings were typical of the white-ball side's approach: capitalise on the powerplay, take the attacking option first, and put the bowlers under pressure.

Buttler and Salt were cruising and the tourists looked set for a competitive score of more than 170, with Bangladesh's body language showing signs of despondency after Shakib dropped a simple chance and the England captain sought to make the most of it.

But their seamers held their nerve and mixed up their pace brilliantly at the end to deceive England, who lost four wickets for 11 runs in 20 balls.

England struggled to adapt against the slower bowling, continuing with their trademark aggression and paying for it. Buttler, Dawid Malan and Sam Curran were all caught on the boundary as the pressure built.

Bangladesh's chase then followed a similar trend as set batters Shanto and Hridoy fell in quick succession. But England's bowlers were unable to adapt quickly enough as the batters looked more comfortable against the pace-heavy attack.

Their side looked bowler-heavy with five seamers and two spinners, which proved ineffective as Bangladesh paced the chase perfectly.

Bangladesh captain Shakib Al Hasan: "The way we approached the game was fantastic. We were under the pump when bowling but didn't panic, and stuck to our plans. Apart from my dropped catch we did really well in the field.

"Hopefully we can build on this win in the next few games against England."

England captain Jos Buttler: "I thought they finished their innings well with the ball. We were probably 20 short from where we wanted to be. We didn't quite make enough runs and couldn't save that in the field.

"The pitch played as expected with low bounce but was consistent. The extra runs would have made it easier. Bangladesh took the game on and that put us under pressure."

Valeurs Actuelles

[Tribune] Joseph Ratzinger, un pape trop réformiste ?

Charlie Hebdo vient de faire d’une pierre deux coups. Il vient de caricaturer le guide suprême iranien, l’ayatollah Ali Khamenei, en plein ébat sexuel avec Joseph Ratzinger. Le journal a réussi à mettre en colère les mollahs iraniens et à humilier une dernière fois le théologien raffiné. L’Iran a réagi en attaquant l’Occident et la France en particulier, en arrêtant deux Français pour actes d’espionnage qui viennent s’ajouter à d’autres arrêtés depuis quelques années. Si les raisons de la détestation des mollahs iraniens sont bien évidentes tellement ce régime est abject, celles envers le théologien sont plus sournoises.

Ratzinger était haï depuis longtemps, bien avant d’être nommé pape. Cela ne le gênait pas, car il savait que celui qu’il aimait et servait, Jésus-Christ, avait prévenu que « Tout le monde vous haïra à cause de moi » (Matthieu 10, 22). Être haï de tous est une expression hyperbolique destinée à montrer l’universalité de cette inimitié naturelle du cœur de l’homme contre le nom de Christ. Le théologien Ratzinger le savait et l’a assumé, car il n’avait pas honte de l’évangile qu’il a servi depuis son adolescence.

Paradoxalement, c’était en revenant en arrière que l’église allait aller de l’avant, allait faire son aggiornamento.

En 1969, alors qu’il enseignait la théologie à l’université de Tübingen, huit ans avant qu’il ne soit l’archevêque de Munich et Freising, ce professeur de théologie a publié un commentaire spectaculaire du Credo (La foi chrétienne hier et aujourd’hui, Editions du Cerf, 1969, réédité en 2020) en réaction à la montée de l’athéisme en Europe. Dans ce livre qui révèle l’érudition académique de Joseph Ratzinger, il insiste sur les fondements bibliques de l’église, l’amour de Dieu, la manifestation de Dieu sous la forme humaine de Christ et — comme Saint-Paul l’appelle — la folie de la croix. Le Credo écrit par les Pères de l’Église doit redevenir le fondement de l’Église romaine, de manière à la moderniser, car le message du Christ est révolutionnaire. Paradoxalement, c’était en revenant en arrière que l’église allait aller de l’avant, allait faire son aggiornamento.

L’un des plus grands théologiens contemporains était donc un conservateur des valeurs qui ont fondé l’Europe — les valeurs bibliques que l’on retrouve sur les frontons des mairies en France : liberté, égalité, fraternité. Il refusa de rejoindre la Waffen-SS, qui était contraire à ces valeurs. L’hommage d’Emmanuel Macron rappelle que ce théologien a « œuvré inlassablement pour un monde plus fraternel ».  Cet homme du peuple, né dans une famille modeste, était haï par ceux qui prétendent parler au nom des petits, alors qu’il était profondément humble.

Bien que réformateur, il fût détesté par la gauche. Comme son illustre compatriote Martin Luther, il voulait que les catholiques romains abandonnent leurs « bondieuseries » et se concentrent sur l’essence du christianisme, l’amour de Dieu qui se révèle. Ratzinger écrit que dans l’épisode du buisson ardent, lorsque Moïse demande à Dieu son nom, Dieu répond par « Je suis ce que je suis ». Cette expression, qu’il écrit être « une fin de non-recevoir », révèle que Dieu ne veut pas être nommé parce qu’il est celui qui est là, présent, disponible, parce qu’il aime.

D’ailleurs, la première encyclique de Ratzinger en tant que pape était intitulée « Dieu est amour ». Le théologien affirme dans son commentaire sur le Credo — en cela il est protestant — que « l’essence du culte chrétien ne consiste pas dans l’offrande des choses ni dans une destruction quelconque, comme il est répété sans cesse dans les théories du sacrifice de la messe depuis le 16e siècle ». Pour lui, le culte chrétien consiste dans l’amour absolu de Celui qui est lui-même amour. C’est pourquoi il n’accepte pas que le christianisme se réduise à l’amour fraternel, bien qu’il le considère comme fondamental.

C’est pourquoi Ratzinger a combattu le christianisme de gauche qui fait de Marx le philosophe de la théologie de la libération, une doctrine qui a notamment façonné l’église latino-américaine et donc aussi le pape François. Ce christianisme sociétal, en prônant l’amour fraternel sans la puissance de la croix de Christ, accepte la primauté de la politique et de l’économie comme véritables puissances de salut. Oubliant que l’objectif de Christ n’est pas la justice sociale (« vous aurez toujours des pauvres avec vous » Évangile selon Saint-Jean 12,8), mais le salut éternel, cette prééminence n’a plus besoin de Christ-Dieu, comme le dit le Credo, mais le réduit à exemple à suivre. De là découlent toutes les critiques que Ratzinger a dû endurer alors qu’il prônait l’amour de Dieu qui conduit alors à l’humilité et l’amour de l’autre.

Grâce à son amour pour la Bible et les Pères de l’Église, il n’a jamais dissocié de la raison la foi si bien exprimée dans le credo, au point d’écrire le livre susmentionné. Cela l’amène à reprocher à la religion moderne de mener à une autre dérive : la recherche du surnaturel, la quête d’un mysticisme, qui réintroduisent les anciennes superstitions, en marge des églises chrétiennes traditionnelles. Les sectes qui fleurissent dans le christianisme, et ailleurs, sont en fait un grand bond en arrière par rapport à la modernité apportée par Jésus-Christ, qui a appelé au culte en esprit et en vérité — sans rites. Cependant, il n’a pas réussi à réformer l’église, à la faire retourner aux sources bibliques, probablement parce qu’il était qualifié de conservateur, une tare pour le monde post-moderne. Il n’était probablement pas si loin de l’autre réformateur allemand, qui lui a réussi.

Demeure l’énigme de sa démission en tant que pape. Pourquoi a-t-il été le premier depuis 1415 à démissionner ? Était-ce parce qu’il n’a pas pu donner suite à la cohérence de son discours de Ratisbonne de 2006 ? Il osa citer un empereur byzantin : « Montre-moi donc ce que Mahomet a apporté de nouveau, et tu y trouveras seulement des choses mauvaises et inhumaines, comme son mandat de diffuser par l’épée la foi qu’il prêchait ». Ce discours politiquement incorrect a soulevé non seulement le monde islamique, mais aussi les catholiques romains de gauche qui dans leur christianisme social ne perçoivent même plus la différence entre Mahomet et Christ.

Était-ce parce qu’il était découragé par sa découverte des coulisses du Vatican en tant que pape, bien qu’il fût à Rome depuis 1981 ? Était-ce parce qu’il était trop « protestant » ? Son secrétaire personnel, l’archevêque Georg Gänswein, le bel homme qui inspire la créatrice de mode Donatella Versace, le sait probablement puisqu’il fut le prélat plus proche de Ratzinger pendant une vingtaine d’années. Mais il va probablement brûler tous les documents personnels de Joseph Ratzinger, comme celui-ci le lui a demandé. Les journaux italiens semblent laisser entendre que le pape François n’apprécie pas l’annonce publique de la dernière volonté de Ratzinger. Y aurait-il quelque chose à cacher ?

Samuel Furfari est pasteur protestant (et expert en géopolitique de l’énergie).

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Valeurs Actuelles

[D’Orcival] Kaïs Saïed : le président qui refuse les migrants

Deux avions ont décollé le samedi 4 mars après avoir embarqué l’un 133 passagers, tous maliens, pour Bamako, l’autre 145 Ivoiriens en route pour Abidjan. Le premier de ces avions avait été affrété par les autorités du Mali, le deuxième par celles de Côte d’Ivoire. Un autre l’avait été trois jours plus tôt. Et d’où décollaient-ils ? Ni de Paris ni de Marseille, ça ne se fait plus pour un tel nombre de passagers, mais de Tunis.

Pourquoi ces vols étaient-ils pleins ? Parce que les passagers eux-mêmes avaient demandé à retourner chez eux… D’autres Africains, bien plus nombreux, se groupaient autour d’autocars qui partaient vers le Sud tunisien. Ils fuyaient, disaient-ils, « un climat lourd de menaces ». Émanant de qui ? Du président de la République tunisienne, Kaïs Saïed, qui vient d’appeler à des « mesures urgentes » pour mettre fin à l’afflux massif de migrants irréguliers dans son pays.

Quand il est devenu président le 23 octobre 2019, il n’était pas un leader politique de profession, mais un juriste de droit public, constitutionnaliste de surcroît. Sa priorité a d’ailleurs été de réformer la Constitution tunisienne, dans un sens présidentiel, afin de lutter contre la corruption. Tâche accomplie cet été avec le soutien de son opinion publique.

Les pouvoirs étendus dont il est désormais investi donnent à ses paroles un retentissement particulier. Devant son Conseil de sécurité nationale, il a dénoncé « l’entreprise criminelle qui n’a d’autre but que de transformer la démographie de la Tunisie pour en faire un pays africain et modifier son caractère arabo-musulman ». Il en tire la conclusion qu’il faut agir « à tous les niveaux, diplomatique, sécuritaire et militaire », et mettre strictement en application la loi sur le statut des étrangers.

Voilà qui est franchement inhabituel dans la bouche d’un dirigeant d’Afrique du Nord, qui plus est tunisien, ce pays étant réputé pour sa modération… Saïed va être condamné par la quasi-totalité des médias occidentaux, qui reprennent les déclarations des associations et ONG internationales contre « les violations des droits de l’homme dont sont victimes les migrants originaires d’Afrique subsaharienne ».

La plus “préoccupée” de cette situation est “l’honorable commissaire” Maya Sahli-Fadel, qui n’est pas tunisienne mais algérienne, et bien vue au sommet du pouvoir dans son pays. Avocate de formation, devenue enseignante à l’université de droit d’Alger, elle a siégé de 2008 à 2014 au Groupe de travail d’experts sur les personnes d’ascendance africaine de l’Onu. Depuis deux ans, elle est vice-présidente de la Commission africaine des droits de l’homme et des peuples, une branche de l’Union africaine, et “’rapporteure’ spéciale sur les réfugiés, les demandeurs d’asile, les déplacés internes et les migrants en Afrique”. Bref, tous les titres pour accuser son ancien collègue tunisien, le professeur de droit devenu chef de l’État… Ses propos, dit-elle, sont « contraires à la Charte africaine des droits de l’homme et des peuples » qui prohibe la discrimination « basée sur la race »…

Aucun pays ne peut accueillir des centaines de milliers de clandestins.

Les journaux francophones de Tunis ne la suivent pas. Le quotidien la Presse de Tunisie, du 4 mars, titre sur une nouvelle petite phrase du président : « Il est inacceptable d’inviter des personnes étrangères à manifester en Tunisie. » Dans l’Univers News, quotidien du Net, daté du 23 février, son directeur de la rédaction, Mustapha Machat, écrit dans son éditorial : « Il n’existe aucun pays au monde qui puisse accueillir des centaines de milliers de migrants clandestins, dans des conditions louches et sur une période courte… » Dix jours plus tôt, le même notait : « La Tunisie ne comptait pas plus de 120 000 résidents étrangers en janvier 2011 […] . Un peu plus de dix ans après, le nombre a gonflé d’une manière inquiétante, et on parle aujourd’hui de plus de 1,2 million de Subsahariens. » La Tunisie compte 12 millions d’habitants. Il aura fallu 10 % de population étrangère pour provoquer le soulèvement du pays. À méditer.

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BBC

Sassi architecture is subdivided from the top of the limestone rock to the bottom, along terraces connected by stairs

I was having coffee with Antonio Nicoletti in the Piazza Vittorio Veneto in the southern Italian city of Matera, when he recalled how the piazza was abuzz with anticipation in 1991. "When I was much younger than now, this whole area was just a regular paved road, with cars, parking and a few flower beds. One day, when I was 17, one of the flower beds started to collapse," he said.

Nicoletti, now a civil engineer, urban planner and director of the Basilicata Tourism Board, recounted how workers were brought in to see what was happening underground. He and his friends would hang around, fascinated by the goings on. "There was a man wearing scuba gear and carrying an inflatable dinghy who went underground to explore. Just like in a movie," he recalled.

It turned out that the flower bed had been built on top of a giant cistern adjacent to the ancient Sassi, the old cave district of Matera. Inhabited since approximately 850 CE, the Sassidistrictwas famously declared a "vergogna nazionale" (a national embarrassment) by the Italian government in the early 1950s, when it was discovered that residents were living in squalor, without proper access to clean water, electricity or sewage. The Sassi was evacuated, and the 20,000 residents relocated to newly built apartment buildings in the modern suburbs.

The Sassi district was famously declared a national embarrassment by the Italian government (Credit: Salvatore Tammaro photography/Getty Images)

The rediscovery of the cistern was a shock to many, both in and outside Italy. However, for many Materani – those who had grown up in the Sassi and their descendants – it only reinforced what they already knew: Matera was not a backward place. Before its tragic fall from grace due to poverty, overcrowding and widespread illness, Matera had been a successful, advanced community with an impressive subterranean system of rainwater collection and canalisation.

From the 9th Century, the Sassi was home to a tightly knit community of landowners, artisans and merchants – and, later, peasants and shepherds – who had adapted to life in the largely barren, rocky surroundings. Their stone homes were conducive to cool winters and hot, desert-like summers, and the caves they dug out of the soft limestone behind their homes were ideal for storing food as they kept a constant temperature.

The inhabitants also created a simple but ingenious reservoir system carved out of the stone that collected and filtered rainwater. "For a city, access to watercourses is very important," said Sabrina Centonze, an architect specialising in low-impact housing. "In their absence, Matera exploited spring water and rainwater, collecting them in various types of cisterns that were suited to different purposes."

Waste, wastewater and manure were recycled. The largely self-sufficient community grew its own produce in gardens created on the roof of the dwelling below or in the countryside surrounding the old stone city.

Sassi residents built stone homes that were conducive to the region's cool winters and hot summers (Credit: Bobbushphoto/Getty Images)

And according to Rita Orlando, an architect who works as cultural manager for the Matera Basilicata 2019 Foundation, residents were mostly vegetarian. "This is a peculiarity of farming culture. Meat was quite expensive, and the majority of people couldn't afford it except on special occasions. Legumes were a significant source of protein," she said.

Residents maintained a community-oriented, circular approach to life. Materials and objects were repaired, reused and repurposed many times, said Orlando, and there was a strong sense of community based on mutual support. A good example of how the people worked together was a ritual that took place each August: "The Sassi inhabitants cooked crapiata, a mix of legumes collected from all the families in the neighbourhood," she said. "It was a way not to throw away the unused legumes which were not sufficient for a family, but by pulling everyone's small quantities together, they could all share in the benefits."

For these reasons, the old stone settlement is often cited by contemporary urban planning experts as a prime example of a sustainable, "smart city". And why, in 1993, Unesco included the Sassi of Matera as a World Heritage site, calling it "the most outstanding, intact example of a troglodyte settlement in the Mediterranean region, perfectly adapted to its terrain and ecosystem".

The discovery under the flowerbed in Piazza Vittorio Veneto, which proved to be the subterranean Palombaro Lungo, was just another example of that sophistication. Likened to a "cathedral of water", the 16th-Century cistern, which measures 16m in depth and 50m in length, had the capacity to hold up to five million litres of fresh spring drinking water from the clay hills just west of the city.

The old stone settlement is often cited as a prime example of a sustainable "smart city" (Credit: Elizabeth Warkentin)

The morning after meeting Nicoletti, I toured the Sassi with historian and guide Francesco Foschino, who is also the publisher of Mathera, a history magazine about the city and province of Matera. We stood on a narrow cobblestone street in Sasso Caveoso, one of the three stone neighbourhoods of the old town, leaning on a ledge looking out over the city.

Today, much of the Sassi area has been converted into luxury boutique cave hotels, trendy restaurants, art galleries, a contemporary sculpture museum and artist studios. Yet, the physical appearance of the Sassi district has changed little since before it was evacuated.

To the north and east, across the Gravina gorge, the desolate, pockmarked Murgia plateau stretched out before us. To the west, interconnected honeycombs of sandstone-hued stone dwellings, Byzantine rupestrian churches, and caves four or five levels deep formed the upper part of the old city. A labyrinth of stairways and narrow streets connected the different levels.

"Sassi architecture is subdivided from the top of the limestone rock to the bottom, along terraces connected by stairs," Sabrina Centonze, an architect specialising in low-impact housing, later told me. "Here, the roof of one cave is the floor of the cave above. It's called 'architecture by subtraction', as the construction proceeds by subtracting material from the earth."

The Palombaro Lungo is a manmade 16th-Century cistern that can hold up to five million litres of drinking water (Credit: Elizabeth Warkentin)

After marvelling at the ingenious architecture, Foschino and I headed to the cavernous Palombaro Lungo. To get a sense of its vast proportions, we clambered up and down steel staircases and along footbridges, admiring the 16m-high stone walls above us and the illuminated tourmaline-green water below.

We also stopped at Fontana Fernandea, a public fountain at one end of Piazza Veneto. Dating to the Middle Ages, the fountain is simple, with little adornment. Like the Palombaro, its true purpose was to provide citizens with fresh spring water for drinking.

Perhaps the most awe-inspiring water-collection systems were the private ones found in almost every home in the Sassi. Each of these homes had gutters carved out of limestone, small clay canals or pipes laid outside to funnel water into the home. Inside, meanwhile, they'd dug water collection cisterns and water filtering tanks of different sizes. Rainwater was filtered for hygienic reasons but was not meant for drinking.

Foschino told me that he's irritated by the perception of Matera as an inferior society. When he thinks of the international headlines of the 1950s that screamed, "In Matera, people are still living in caves", he becomes especially annoyed. "It's this word 'still'," he said, "as if they were living like cavemen of the Neolithic age."

Sassi homes were cleverly designed with small clay canals or pipes to funnel water inside (Credit: Elizabeth Warkentin)

What's more, this view is only part of the picture.

When the word 'cave' is used in Matera, locals always mean man-made caves, not natural caves. This is the source of a lot of misunderstandings

"Sasso means 'stone' in Italian," said Foschino. "But in Matera, sasso means a district with buildings and caves." When the word 'cave' is used in Matera, locals always mean man-made caves, not natural caves. "This is the source of a lot of misunderstandings."

Foschino stressed that caves were never intended for human habitation; they were excavated from behind stone buildings to store food and produce olive oil, wine and cheese.

Matera's downward trajectory began when the capital of Basilicata was moved from Matera to Potenza in 1806. Then, as a result of the Industrial Revolution, the caves behind peoples' homes, once a source of wealth, became useless. With Italy's unification in 1861, the agricultural fields previously owned by the Catholic Church were confiscated, forcing the tenant farmers to move to the Sassi district of Matera. With the caves no longer needed for food storage or production, and the farmers needing shelter, the Materani rented their caves to these newly homeless families.

Inhabited since the 9th Century, the Sassi district was finally evacuated in the 1950s (Credit: Michele D'Amico supersky77/Getty Images)

The city soon became overpopulated. "To create more space in the caves to house more tenants, they dug deeper into the rock, breaking into the filtering cisterns," said Nicoletti. Inevitably, this impacted the purity of the rainwater. Hygiene declined, leading to illness and death.

"There was a high rate of infant mortality," said Nicoletti, "but this was happening all over southern Italy. My father, who lived in the Sassi until he was 20, lost three brothers who died when they were under three years old."

Despite widespread deprivation in southern Italy in the 1950s, Matera became the global showcase for the Italian government and the US Marshall Plan, whose leaders wanted to illustrate how a community "still living in caves" could be rescued from destitution by depositing it into suburban modernity.

Yet if Matera is a showcase for anything, it is as a model of ingenuity and resilience. Its era of abject hardship "was only a parenthesis" in Matera's long and storied existence, said Nicoletti.

"This is not a land of poverty," he continued. "We have more than 150 rock churches with stunning frescoes. We were European Capital of Culture in 2019. We have great art installations. And we developed a unique way of living sustainably."

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BBC

WhatsApp: Rather be blocked in UK than weaken security

WhatsApp says it would rather be blocked in the UK than undermine its encrypted-messaging system, if required to do so under the Online Safety Bill.

Its head, Will Cathcart, said it would refuse to comply if asked to weaken the privacy of encrypted messages.

The app Signal previously said it could stop providing services in the UK if the bill required it to scan messages.

The government said it is possible to have both privacy and child safety.

WhatsApp is the most popular messaging platform in the UK, used by more than seven in 10 adults who are online, according to communication regulator Ofcom.

Child-abuse material

End-to-end encryption scrambles messages so even the company running the service cannot view the contents.

But critics of the Online Safety Bill say it grants Ofcom the power to require private encrypted-messaging apps and other services to adopt "accredited technology" to identify and remove child-abuse material.

Undermining the privacy of WhatsApp messages in the UK would do so for all users, Mr Cathcart said.

"Our users all around the world want security - 98% of our users are outside the UK, they do not want us to lower the security of the product," he said. And the app would rather accept being blocked in the UK.

"We've recently been blocked in Iran, for example. We've never seen a liberal democracy do that," he added.

'Push back'

Signal president Meredith Whittaker previously told BBC News it "would absolutely, 100% walk" and stop providing services in the UK if required by the bill to weaken the privacy of its encrypted messaging system.

She later tweeted she was "looking forward to working with @wcathcart and others to push back".

A day later, Mr Cathcart replied: "And very important we work together (and honoured to get to do so) to push back."

We feel the same. And very important we work together (and honored to get to do so) to push back.https://t.co/PhP8Iz2GxW

Asked if he would go as far as Signal, Mr Cathcart said: "We won't lower the security of WhatsApp. We have never done that - and we have accepted being blocked in other parts of the world." And he feared the UK would set an example other nations might follow.

"When a liberal democracy says, 'Is it OK to scan everyone's private communication for illegal content?' that emboldens countries around the world that have very different definitions of illegal content to propose the same thing," Mr Cathcart said.

'Breeding ground'

The government, and prominent child-protection charities, have long argued encryption hinders efforts to combat the growing problem of online child abuse.

"It is important that technology companies make every effort to ensure that their platforms do not become a breeding ground for paedophiles," the Home Office said.

The National Society for the Prevention of Cruelty to Children (NSPCC) says research shows grooming and child-abuse-image crimes recorded in the UK have increased dramatically.

The charity's Richard Collard said the Online Safety Bill "will rightly make it a legal requirement for platforms to identify and disrupt child sexual abuse taking place on their sites and services and companies could be preparing by developing technological solutions that protect the safety and privacy of all users, not least that of child abuse victims".

"Experts have demonstrated that it's possible to tackle child-abuse material and grooming in end-to-end encrypted environments," he added.

The government said: "The Online Safety Bill does not represent a ban on end-to-end encryption.

"It is not a choice between privacy or child safety - we can and we must have both."

But critics say the only way to check the contents of encrypted messages for child-sexual-abuse material would be to have services scan them on a device such as a phone before they are encrypted and sent. And this client-side scanning undermines the privacy encryption provides.

Lawyer Graham Smith tweeted: "You could argue that you don't break a fence by digging round the end of it - literally true but where does it get you if the objecti[ve] is to trespass on private property? And once the hole has been dug, you might as well not have the fence."

'Mass-surveillance tool'

And Mr Cathcart asked: "If companies installed software on to people's phones and computers to scan the content of their communications against a list of illegal content, what happens when other countries show up and give a different list of illegal content?"

Dr Monica Horten, of digital-rights campaigners the Open Rights Group, said: "With over 40 million users of encrypted chat services in the UK, this turns it into a mass-surveillance tool, with potentially damaging consequences for privacy and free-expression rights."

The Information Commissioner's Office, which says it is working closely with Ofcom, told BBC News any interventions that could weaken encryption must be "necessary and proportionate".

"Where less intrusive measures are available, they should be used," it said. And it supported "technological solutions that facilitate the detection of illegal content without undermining privacy protections for everyone".

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Sam BALL

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